L'ESPACE BRESILIEN

22 août 2003, le troisième exemplaire du lanceur Brésilien à poudre VLS explose sur son pad de tir d'Alcantara pendant les préparatifs de son lancement qui devait intervenir le 25 août. Bilan plus de 15 morts et autant de blessés. D'après le ministre de la défense, le désastre est du par un problème dans l'allumage d'un des 4 moteurs du corps principal de la fusée. Un accident similaire avait eu lieu en 1965 lors de la préparation d'un missile Titan  à Little Rock, on comptait 53 morts.

Vue du site de lancement par le satellite Ikonos avant et après l'explosion.

Le VLS est une fusée à propergol solide dérivée des fusées sondes Sonda 3 et 4 de 50 tonnes construite par CTA- Centro Tecnico Aerospacial et IAE Instituto de Aeronautica e Espaco mesurant de 19 mètres de haut. Le premier étage est en fait 4 boosters qui entoure le second étage.

Les lancements oint lieu depuis le centre d'Alcantara situé au dessus de l'équateur  à Maranhao state Brazil (2°17' S, 44°23' O). Le Alcântara Launch Center (CLA) a été conçu dans les années 1980 permet grâce à sa position sur l'équateur d'augmenter la charge satellisable par rapport aux autres bases dans le monde. L'avenir du centre pourrait être une ouverture vers des utilisateurs étrangers.

alcantara pad.jpg (66347 octets)


Une première tentative de vol avait eu lieu en novembre 1997, mais la fusée fut détruite après 65 s de vol, la trajectoire ayant déviée suite au non allumage d'un booster du premier étage. En décembre 199, un second tir échoue après la destruction du lanceur au bout de 3 mn de vol (défaillance du troisième étage). Le coût de ce troisième échec est estimé à 6,5 millions de dollars.

Selon les plans de l'agence spatiale brésilienne, le VLS doit être capable de lancer des charges de 100 à 380 kg sur des orbites basses à 2000 et 1200 km d'altitude ou 78 à 275 en orbites polaires.

Le développement du Veiculo Lancador de Satelites démarre dans les années 1980 avec des essais de prototype au 1/3. L'embargo US obliga les brésiliens à développer un système de guidage entièrement basé sur des composants du commerce. En 1995, quand l'embargo est levé, le Brésil rejoint le Missile Technology Control Regime, organisme international contre la prolifération des armes balistiques et renonce à développer des missiles balistiques dépassant 300 km de portée avec 500 kg de charge utile. Des pièces de fusées peuvent quand même être importer. par contre, le pays ne peu plus en exporter vers des pays non membres du MTCR.

 

Le VLS mesure 19 m de haut pour une masse de 19 tonnes.

Le premier étage, un étage de fusée sonde Sonda 3 allongé, mesure 7,5 m de long pour 1 m de diamètre. Il contient 28 tonnes de poudre. Son moteur S43 développe 25 tonnes de poussé au décollage. 4 de ce type constituent le premier étage fonctionnant 62 s.

 

Le second étage mesure 8 m de long pour une masse de 8 tonnes dont 7 de poudre. Son moteur S43 TM développe 32 tonnes de poussé dans le vide durant 60 s.

Le troisième étage mesure 5 m de long pour une masse de 5 dont 4 de poudre. Son moteur S40 TM développe 20 tonnes de poussée durant  55 s.

Le quatrième étage mesure lui 1,6 m de long pour une masse de 100 kg dont 800 de poudre. Son moteur S44 développe 3 tonnes de poussé durant 68 s.

Le bi-étage supérieur a été essayé sous la forme de la fusée expérimentale dénommée VS-40.

La coiffe abritant les charges utiles mesure 3,2 m de long pour 1,2 m de diamètre et 109 kg.

 

       

Nr TypeNr  Serial   Vehicle    Date            LS         Payload
--------------------------------------------------------------------------
 6    1    V01      VLS-1      02.11.97  *  F  Al         SCD 2A
 8    2    V02      VLS-1      11.12.99  *  F  Al         SACI 2
(9)  (3)   V03      VLS-1      22.08.03  *  F% Al         SATEC / UNOSAT 1

 

LE BRESIL ET L'ESPACE

Le Brésil est le seul pays d'Amérique latine a avoir un programme spatial indépendant aussi bien dans le domaine des satellites que des lanceurs. Le premier satellite brésilien a été lancé en 1985, Brazilsat. depuis 10 ont succédé. Mais aucun satellite n'a été lancé par une fusée brésilienne. 

Les activités spatiale débutent au début des années 1960 avec la création du space research national commission composé du laboratoire de physique spatiale de Sao José Dos Campos et du centre de fusée sonde à 20 km au Sud de Natal. Après l'envoi de fusées sonde, la Brésil se tourne vers les lanceurs de satellites avec le programme VLS, malheureusement marqué par des échecs. Depuis 1990, le Brésil a investit 240 millions de dollars dans le domaine spatial, dont 37% aux satellites, soit 62 millions de dollars par an. Le Brésil est aussi l'un des seuls pays émergeants à construire aussi des satellites scientifiques.

Depuis février 1994, le spatial est sous l'autorité du Brazilian Space Agency (AEB). Elle coordonne l'ensemble des activités de l'espace anciennement assumé par le National System for the Development of Space Activities - SINDAE.

Le National Institute for Space Research (INPE), sous l'autorité du ministère de la science et la technologie est en charge des projets de développement de satellites.

L' Institute of Aeronautics and Space (IAE), sosu l'autorité du ministère de l'aéronautique est responsable du développement des lanceurs de satellites et fusées sondes. Il est aussi responsable du centre d'Alcandara.

Le plan spatial PNAE a été approuvé en 1996. Couvrant 10 ans, il prévoit 8 engagements principaux:
_ Applications spatiale;
_ Satelllites;
_ Lanceurs de satellites et fusées sondes;
_ Infrastructures;
_ Sciences spatiales;
_ R&D;
_ Développement et entraînement des ressources humaines;
_ Assistance à l'industrie spatiale nationale;

 
LES SATELLITES DE TELECOMMUNICATION

 Le Brésil possède des satellites civils de télécommunication, sur orbite géostationnaire, gérés par la société publique EMBRATEL (ce programme ne fait pas partie du budget cité plus haut, il ne dépend pas de l'AEB). Le petit Brazilsat A1 fut lancé en 85, suivi du A2 en 86. Ces deux satellites de 654 kg (plus 464 kg d'ergols solides qui circularisent l'orbite), étaient des Hughes HS 376 de conception américaine et construits pour l'essentiel au Canada par SPAR (d'autres HS 376 ont servi pour le Canada, les USA, l'Indonésie...). Spar fut préféré à Aérospatiale comme fournisseur car il offrait de partager la technologie avec le Brésil. Stabilisés par rotation, ils possédaient des moteurs de maintien à poste à hydrazine disposant de 136 kg d'ergols. Leur durée de vie atteint 8-10 ans. A la fin de leur durée de vie, ils furent remplacés par les Brazilsat B1, B2 et B3. Ces HS 376W plus évolués étaient construits par EMBRATEL sous licence. Tous les tirs eurent lieu depuis Kourou, les Brasilsat 1 par des Ariane 2 et les Brasilsat 2 par des Arianes 44LP. Le premier satellite de la troisième génération sera lancé en 2002. En 2003 la filiale brésilienne d'Hispasat aura la satellite Amazonas.

Nom Date du tir Type, transpondeurs Position (longitude)
Brazilsat A1 08/12/85 HS 376 : 24 bande C (télévision...), 990 Watts.
654 kg, plus 464 d'ergols solides pour la circularisation.
65° Ouest
Brazilsat A2 28/03/86 105° Ouest
Brazilsat B1 10/08/94 HS 376W :
28 bande C, 1 bande X (militaire)
70° Ouest
Brazilsat B2 28/03/95 65°Ouest (remplace A1)
Brazilsat B3 04/02/98 84°Ouest
Brazilsat B4 17/08/2000 105°Ouest (remplace A2)
Brazilsat C1 2002

Le programme spatial brésilien est surtout tourné vers les satellites : la fabrication de fusées ne représente que 19% du budget de l'AEB (par sa filiale IAE). Le programme de fusées brésilien s'échelonne en quatre étape : la première consistait à faire voler de petites fusées-sondes sans guidage (Sonda I, II, III); la seconde à mettre au point la Sonda IV pilotée, la troisième à lancer des satellites avec le VLS, la quatrième sera, avec le VLS-2, d'employer des moteurs principaux à ergols liquides. Avant la troisième étape s'était glissé, dans les années 80, un autre objectif : la fabrication de missiles. En 20 ans, le développement des fusées brésiliennes a absorbé 250 à 300 millions de dollars américains.

LES FUSEES-SONDES

Dès les années 1960, la mission de l'INPE est de fabriquer des fusées-sondes pour acquérir des connaissances dans le domaine astronautique. Ces fusées-sondes servent à étudier l'atmosphère supérieure ou les vents solaires, à créer des pluies artificielles par "arrosage" à la neige carbonique des nuages, à essaimer dans l'air de la poussière pouvant être suivit au radar pour mesurer le vent en altitude, à mener de courtes expériences en apesanteur, etc... Elles sont réalisées, pour l'essentiel, par Avibras (banqueroute en 1990 en raison de l'impayé laissé par l'Irak) et Orbita, sociétés privées. Elle présentent une montée progressive de leur taille, leur puissance et leur complexité technique. Les dernières valide les éléments prévus pour le VLS : Sonda-4 essaie en vol les moteurs d'un mètres de diamètre, VS-40 essaie l'étage supérieur à structure bobinée S-44.

 De 68 à 73 (date du premier choc pétrolier), on assiste au "miracle brésilien", le pays ayant 11 à 12 % de croissance, ce qui semble favorable au développement technique. Mais depuis 64, cet état était une dictature militaire, que les "escadrons de la mort" rendaient tristement célèbre. USA et France décrètent un embargo sur le matériel ayant trait aux fusées, craignant de voir une dictature de plus posséder des armes balistiques et en exporter. Le pays se tourne vers d'autres fournisseurs, surtout Taïwan et l'Allemagne Fédérale.

Depuis les années 80, le Brésil fabrique lui-même tous les éléments de ces fusées, en particulier le perchlorate d'ammonium, base du carburant, dont la fabrication est très complexe et qui venait avant des USA. Les fusées-sondes brésiliennes ont fait leur preuve, effectuant de très nombreux tirs. Elles sont proposées commercialement et lancent des charges pour d'autres pays ou des sociétés. En 1994, la NASA a acheté une trentaine de tirs pour des recherches sur la ionosphère.
En mars 99, douze expériences en microgravité de différents pays (USA surtout) ont volé dans une VS-30. Un fusée-sonde VS-43, employant le puissant moteur du VLS, est prévue. Le 21 Août 2000 a été tirée pour la première fois une VS-30/Orion germano-brésilienne, lançant 160 kg à 315 km, avec un S-30 en premier étage, coiffé d'un Orion allemand.

Nom

Premier étage

Deuxième étage

Apogée
(km)
Charge
(kg)
Diamètre
en cm
Remarques
  Masse* Poussée**   Masse* Poussée**
Sonda-1 ? 55 ? - - - 60-75 4 ? 1964.
Sonda-2 s-20 343 (242) 32 - - - 100 20 30  
Sonda-3 S-30 1212 (864) 95 S-20 343 (242) 32 600 50 55.6/30 1976
VS-30 - - - 150 300 55.6  
Sonda-4 S-40 5579 (4271) 234 S-30 1212 (864) 95 700
1000
500
300
100/55.6 Valide le moteur S-40.
Base du SS-600. 1984
VS-40 S-44 1020 (810) 33 650 500 100 Valide le S-44 du VLS. 1989.

* Masse en kg, et, entre parenthèses, celle du carburant

** en Kilonewtons (9.8 kN = 1 tonne-poids)

 

LES MISSILES DES ANNEES 80

Dans les années 80, le régime militaire lance des programmes de missiles balistiques, en raison notamment de la "guerre froide" qui l'oppose à l'Argentine. Ces missiles sont désignés par leur portée en km. Une famille à ergols liquides (sans doute UDMH/IRFNA) fut développée avec l'aide chinoise. On y trouve le SS-300 (Avibras), qui porte 300 km, en compétition avec le MB/EE-350 d'orbita-Embraer, un engin à poudre. Le missile SS-600 d'Orbita-Embraer (pour 600 km de portée avec 500 kg) était dérivé de la Sonda-4, mais avec biren des perfectionnement au niveau du guidage. Quant au EB-150, il tirait 500 kg à 150 km. Le SS-1000 d'Avibras était un lointain projet, dont la design n'a apparemment jamais été terminé. Tous ces missiles devaient semble-t-il posséder une bonne précision et être aptes à tirer des charges nucléaires. Après avoir fait percevoir le Brésil comme une menace considérable, tant par la possession de ce genre d'armes que par les exportations (la Lybie était intéressée par le SS-600, l'Irak était prêt à financer en partie le programme brésilien en échange de la technologie et Hugo de Oliveira Piva y travailla avec une équipe de 23 brésiliens), ces programmes militaires ont été abandonnés avec la fin du régime militaire et l'entente avec l'Argentine. Néanmoins, ils ont renforcé l'embargo sur tous les produits servant aux fusées. Les USA firent tout pour ralentir les projet de fusées brésiliennes dans les années 80, y voyant une possible menace.

 De nos jours, si le Brésil a renoncé à ses projets de missiles balistiques, il est capable d'en fabriquer.

LE PROJET VLM

Ce lanceur, prévu à l'origine pour 2002, est destiné aux microsatellites d'une masse voisine de 100kg sur une orbite à 200km et 5°. Propulsé par les même moteurs à poudre que le VLS,  il se compose de 4 étages, S43, S40 TM, S44 et S33, un nouvel étage de 1,1 m de long et pesant 370 kg fabriqué en graphite époxy. D'une masse de 16 tonnes au lancement, le lanceur est guidé au niveau du premier étage par un système à biergol liquide suivant une trajectoire balistique avant la combustion du 4e étage, comme le VLS-1. La coiffe est la même que celle du VLS 1.

 

D'après des textes de Cyril Meynier.