Afin de simuler les conditions réelle de vol dans l' environnement spatial,
les ingénieurs ont conçu à Houston le SES, Space Environment Simulation, 2
chambres à vide, une petite de 10 m sur 13 et une grande de 19 m de diamètre et 35 m de hauteur capable d' abriter
un vaisseau spatial en entier. Construites dès 1962, elle devient
opérationnelle fin 1965. La chambre B, la plus petite teste les scaphandres
Gemini. 3 vaisseaux Apollo seront testés dans la chambre A, le SC 008, un
block 1 habité, le 2TV 1, un Block 2 et le LTA 8, premier modèle LM de vol tout équipé. En
août 1966, une revue technique se déroule sur les tests thermique du CSM 008
dans la chambre à vide. Le chef des astronautes Deke Slayton propose
d'ajouter aux futurs équipages test d'astronautes un médecin afin de définir
les exigences médicales
et "d'assurer une connaissance adéquate des membres de l'équipage et des
objectifs de test pour la formation et la mission en temps réel".
Joe Kerwin était le seul membre du corps d'astronautes à
avoir une formation médicale à ce moment. Il est choisi comme membre de
l'équipage pour le prochain test de longue durée.
Terminée début 1966,
la chambre A sert du 1er au 9 août pour tester le CSM 008 pendant
192 heures, dont 92 non habité. Le CSM est un Block 1 de première
génération destiné à manoeuvrer en orbite terrestre. Ce CSM avait déjà
été testé chez North American NAA à Downey Californie mais la petite taille de
la chambre à vide du constructeur ne permettait pas des tests avec une
alimentation autonome.
Du 3 au 9
août, un équipage des trois hommes séjourna dans le CM installé dans la
chambre A du SES. Cet équipage recruté parmi les ingénieurs de la division
de soutien des équipage comprenait Donald R. Garrett Neil R. Anderson et
Joel M. Rosenweig (avec en réserve Joseph A. Gagliano, William M. Anderson et
Michael K. Lake.
Lors de la simulation habitée, la
température de la chambre fut fortement diminuée de façon à évaluer les
performances du système de contrôle environnemental ECS (Environmental
Control System) et électrique EPS (Electrical Power System) aux
températures extrêmes de l'espace. La rotation du plancher permettait de
simuler les orientations du soleil sur le vaisseau. On contrôla également les performances
des différentes baies ainsi que des composants du Service Module, tels que
les piles à combustibles, réservoirs d'O2 et d'H2, ou encore le système de
propulsion RCS (Reaction Control System).
Pendant le test, on simula également une
dépressurisation de la cabine ainsi qu'une défaillance des piles à
combustibles. Les ingénieurs étaient en communication constante avec
l'équipage par l'intermédiaire du réseau de communication établi entre le
vaisseau et la salle de contrôle, et grâce aux diverses caméras installées
dans le CM et dans la chambre A du SES. Un officier médical surveillait
également l'état de l'équipage.
Le test fut un succès. Aucun accident
n'intervint dans son déroulement et l'équipage sortit du module six jours
après le début en riant et en plaisantant avec le personnel de soutien. Les
trois hommes subirent un examen médical rapide et profitèrent de leur
première douche depuis 6 jours.
Les ingénieurs Joel Rosenweig,
Neil Anderson et Donald Garrett à leur sortie du CSM008 le 9 août. Un
certificat leur est délivré après 8 jours de test.
Ce test permit de vérifier la structure et
les performances du vaisseau Apollo en vue de son premier vol en 1967.
Le deuxième
test habité du CSM-008 eut lieu à l' automne 1966. Il fut presque identique
au premier test du vaisseau avec 163 heures de simulation. L'équipage
comprenait deux astronautes, Kerwin et Givens, ainsi que le Major Joe
Gagliano, de l'U.S. Air Force, qui avait été détaché spécialement au MSC
Flight Crew Support Division. Ce second test habité révéla de nombreuses défaillances
techniques ainsi que des erreurs dans les procédures, devant être corrigées
avant le premier vol spatial habité Apollo 1.
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APOLLO
CM 2TV 1 |
Les tests sur le
CSM Block
2 devait commencer en février 1967 avec le 2TV-1
(Block II Thermal Vacuum no. 1). Le Block 2 est la version lunaire du CSM
Apollo. En 1961 quand on ne savait pas trop comment aller sur la lune, on
développa un vaisseau Apollo de base avec trois hommes à bord, le
commandant, le senior pilote et le pilote. A partir de 1963, après avoir
décider de la méthode LOR pour atteindre la lune, le Block 2 est mis en
chantier.
Le test du 2TV 1 devait être suivi en mars par un test avec le module
lunaire Lunar Module Test Article LTA 8.
Après
l' incendie d' Apollo 1 en janvier 1967, la NASA décide d' alimenter ses
vaisseaux spatiaux non plus avec de l' oxygène pur mais avec un mélange de
60% d' oxygène et 40% d' azote pour les périodes d' attente sur le pad.
Autre décision, la mise en place d'une nouvelle écoutille à ouverture plus rapide et l' abandon des vols à bord
du Block 1.
A
Houston de nombreux changements sont réalisés à partir de juin 1967 sous la
direction du docteur astronaute Joe Kerwin. A la fin de l' année, Apollo 7 sera le premier vol habité Apollo
avec le CSM 101 presque identique au 2 TV-1. Les tests sur ce CM devront impérativement
être terminé un mois avant le départ d' Apollo 7 et devront
être un succès.
La
livraison du 2 TV 1 était prévu le 14 octobre 1967, mais en août Noth American
Aviation annonce 6 semaines de retard à cause des modifications à réaliser
(changement du câblage).
Le
11 mars 1968, le 2TV 1 est terminé. Il est envoyé au centre des vols
habités de Hosuton le 9 avril et
installé dans la chambre A du SES. Son
programme de test passera avant celui du LM LTA 8.
L'
équipage assigné au 2 TV 1 est nommé dans l'été 1967. Joe Kerwin le
commande accompagné de Vance Brand, pilote et Joe
Engle comme LMP (tous deux astronautes depuis avril 1966). Leur patch de
mission qu' il ont eux même confectionné ressemble au logo
"meatball" de la NASA avec en vedette le "roadrunner", un
oiseau texan popularisé par le dessin animé au coté de Willy le coyote.
Kerwin, Brand et Engle
Les
objectifs sont de tester la structure interne et externe du vaisseau largement
modifié depuis l' accident. Sont testé également les piles à combustible
destinées à fournir l' électricité de bord et de l' eau potable, ainsi que
le système de contrôle environnemental avec les premières 45
heures sous une température de 55°C, 15 heures à -100°C et
le reste à température ambiante.
Brand Kerwin et Engle
Brand Engle et Kerwin
Kerwin
Kerwin et Brand
Le
16 juin, l' équipage vêtu de leur nouveau scaphandre, modifié après Apollo
1, le AL 6 pénètre dans la chambre A et dans le CM 2TV 1 pour une simulation
réelle d' un véritable vol en, gravité terrestre.
Les 177 heures de simulation permettent de réaliser un véritable vol vers la
lune en "bras de chemise", leur vaisseau simulant une lente
rotation façon "barbecue" afin que toute ses faces soit chauffé
par le soleil pareillement. Le 19 juin, un problème de pression dans la
chambre menace de faire avorter la simulation, mais tout rentre dans l' ordre
et le 24 juin l' équipage sort du SES.
Au
bilan de ce test une fuite dans le système de collecte des urines qui
normalement est jeté à l' extérieur du vaisseau, une autre fuite dans une
canalisation et la défaillance mineure d' un écouteur. A bord d' Apollo, les
trois hommes ont lu, joué aux cartes et tenu un journal de bord.
Le
2 juillet, l' équipage remet son rapport aux astronautes d' Apollo, le
vaisseau est prêt pour le vol orbital, malgré quelques gênes mineures dans
l' habitacle.
Le
9 août un second test permet au major Turnage R. Lindsey, USAF, Lloyd Reeder,
USAF et Alfred H. Davidson, USAF de réaliser une simulation de 2 jours afin
de vérifier les procédures et les systèmes du CSM avant un test habité de
plus longue durée. Bien que la simulation se passait dans la chambre à vide
A du SES, elle se déroulait à température et à pression ambiante.
Le
4 septembre, un troisième test de 5 jours permet de
mettre à l'épreuve la structure interne et externe du vaisseau, la nouvelle
trappe d'accès, ainsi que le système Environmental Control System face à
des températures extrêmes dans le vide spatial. Le test incluait aussi une
simulation de sortie extra-véhiculaire (EVA), pendant laquelle l'équipage
devait dépressurisé la cabine et ouvrir la trappe pendant 4 heures. Une fois
ces 4 heures écoulées, l'équipage devait tester la procédure de re pressurisation
d'urgence. Le système de purification d'eau potable fut
aussi testé lors de ce "vol".
Le CSM 2TV-1 avait subit de nombreux
changements depuis la phase de test de juin, avec Kerwin, Brand et Engle. En
effet, la trappe avait été modifié, ainsi que le bouclier thermique. De
plus, le CM avait été équipé avec une sonde d'amarrage.
En
octobre, le vol Apollo 7 est un succès confirmant le bien être des
simulations.
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APOLLO LTA 8 |
Les test sur le module
lunaire LTA 8 devait commencer en mars 1967, mais l' accident d' Apollo 1
retarde les essais.
Le contrat pour la construction du LM est passé le 14 janvier 1963 avec
Grumman Aircraft Engineering Corporation à Bethpage, Long Island (NY). En
plus des 15 véhicules de vol, Grumman a construit plusieurs véhicules de test
et maquettes. 10 Lunar Test Article ont été construits pour des tests de structure et
des tests
dynamique.
Le LTA 7 était pour
des tests d' environnement associé à un CSM dans le SES tandis que les LTA 8
et 9 ont été prévu comme modèle pour les entraînements en vol. Quand les
Lunar Landing Research Vehicles (LLRVs) et autres Lunar Landing Training
Vehicles (LLTV) construits par Bell sont mis en service, les tests avec les
LTA 8 et 9 sont annulés par Grumman. Le LTA 8 devient modèle pour les tests
d' environnement, le CSM faisant ses tests de son coté. L'objectif
principal des tests sous vide thermique du LTA-8 était de garantir que le LM
maintiendrait un environnement approprié pour l'équipage et l'équipement
dans le vide et les températures extrêmes de l'espace, comme ce serait le
cas lors d'un vol orbital terrestre. Grumman Aircraft Engineering
Corporation à Bethpage, New York débute la construction du LTA 8 le 5
septembre 1965. Le vaisseau est aussi proche que possible en configuration
du LM-3, le véhicule prévu pour le premier vol spatial avec équipage (Mc Divitt et Schweickart
en orbite terrestre). Lors des tests, la chambre a
maintenu un vide simulant une altitude d'environ 150 miles et des
températures aussi basses que -300° F. Des bandes chauffantes fixées à la
surface du LTA ont fourni une chaleur simulant celle du soleil.
Sont prévu pour ses simulations, la partie descente vers la lune,
alunissage, habillage des astronautes, et les sortie sur la lune.
En 1967, Grumman
construit une maquette M-6 afin de tester les matériaux qui seront employé
dans le module. Les modifications seront incorporées sur le LTA 8.
Le LTA 8 en mars 1967
chez Grumman
Le LTA 8 arrive en deux partie au MSC de Houston le 24 septembre 1967. Remonté, le LM
est installé dans la chambre B du SES.
C' est en début d' année 1968 que l' équipage du LTA 8 est nommé avec James
Irwin et John Bull astronaute depuis avril 1966 (Glenon Kingsley et Joseph
Gagliano en réserve) . Comme pour le 2TV 1 il est
testé le système de contrôle environnemental du module rempli d' oxygène
pur à 100% avec les nouveaux scaphandres lunaire A6L. Au début des tests,
John Bull développe un problème médical au niveau des sinus, il doit quitte l'
équipage et la NASA peu après (le 16 juillet 1968). Il est remplacé par Gerry Gibbons de chez Grumman.
Les pilotes Glennon M. Kingsley (Grumman) et le pilote
du MSC Joseph A. Gagliano servent de soutien.
John Bull
Irwin et Bull testent les scaphandres
A6L
Les tests du LTA 8
dureront deux semaines, 4 tests sous vide thermique avec équipage, divisées en deux parties de deux périodes habitées.
La première phase simulera les conditions orbitales "froide" loin du
soleil près de la terre et la seconde les conditions "chaude" comme
un vol réel vers la lune.
Le 27 mai 1968, Irwin
et Gibbons pénètrent dans la chambre B du SES et dans le LTA 8 rempli d'
oxygène à 100%. Après la mise en route des système du module, ils
réalisent 12 heures de simulation testant les nouveaux scaphandres AL 7 qui
seront utilisés pour la véritable marche lunaire. Les
tests se déroulent si bien que les ingénieurs annulent une période de
rotation prévue de 11 jours dans la chambre et procédent directement
aux tests en condition "chaud". Il a lieu
le 29 mai et permet de simuler l' allumage des moteurs de de l'
étage de monté et de descente du LM comme pour la mission Apollo 9. Pour
donner à Irwin et Gibbons le temps de se reposer, c'est l'équipage de
réserve qui réalise la 3e série de test le 31 mai durant 10 heures. A la sortie du test,
les techniciens constatent qu' une épingle de charnière de l' écoutille s'
était cassé. Profitant de l' occasion, les ingénieurs travaillèrent toute la
nuit afin de créer un outil spécial, un tournevis pour que les astronautes
puissent réparer le module équipé de leur scaphandre. Le 1 juin Irwin et
Gibbons enlevèrent les vielles épingles et refermèrent l' écoutille pour leur 4 eme test.
les membres de l'équipage active les systèmes et les
ordinateurs du LTA, et simule des manœuvres de rendez-vous et d'amarrage
ainsi que des allumages de moteurs.
Irwin dans le LTA 8
Les astronautes Bull et Irwin entrent
dans la chambre B durant un tests. Les membres d'équipage de tests Kingsley
et Gagliano en préparation pour un test en chambre à vide thermique.
Irwin et Gibbons dans
le simulateur au MSC
Irwin et Gagliano le 8
mars 1968
Les tests du LTA 8 ont
duré 16145 heures dont 45 habitées, soit une semaine au lieu des deux prévues. Seul les tests avec le PLSS, le système
de survie sur la lune ne seront pas réalisé suite à des problème de
communication. Ils seront reporté avec Thomas Mattingly et Russel Schweickart le 24. Les essais avec le LTA
sont néanmoins terminés avant ceux du CM dans la chambre voisine.
Pour leurs réalisations, les quatre membres d'équipage ont
reçu le premier prix Silver Snoopy, décerné par les astronautes pour leurs
performances exceptionnelles et pour avoir assuré la sécurité des vols et le
succès de la mission. Ces tests ont donné confiance aux astronautes et aux
gestionnaires dans le matériel lunaire et ont constitué des étapes cruciales
vers un alunissage réussi avant la fin de la décennie.
Des retards dans le
programme font reportés les missions à 1969, Apollo 9 ne vole qu' en mars
avec le LM 3 en orbite terrestre.
En 1970, l' étage de
descente du LTA 8 associé à l' étage de monté du LM 2 reste exposé
quelques mois à Osaka au japon. De retour au MSC, le LTA 8 complet est mis en
exposition sur le centre où il se trouve toujours.
APOLLO
2TV-2
En 1971, le
CSM 098 est équipé comme un Block 2 des missions J avec la mise en place du
module SIM sur le module de service, pour les tests dit 2TV-2. 5 tests
non-habité sont conduits entre le sans équipage. le 10 février et le 22 mars
dans la grande chambre à vide A du centre Johnson. 4 autres baies SIM sont
ensuite reconvertie pour les opérations Skylab. Les tests en chambre à vide
et thermique ont montré 5 anomalies qui ont pu être rapidement corrigés sans
trop retarder le programme.
La NASA fait
don du CSM 098 au musée de l'air et de l'espace de Washington, le NASM en
décembre 1975. En 1977 il est déplacé du KSC et envoyé à Moscou et exposé
avec un Soyouz sur le pavillon Cosmos dans le parc VDNKh. Lorsque le
pavillon est déménagé de toutes ses maquettes d'avions et vaisseaux
spatiaux, le CSM rejoint le musée de l’aviation et de
cosmonautique « Energia » près de Moscou, à l'usine NPO. Le musée est rénové
en 2006.
Le CSM 098 avec la
maquette du Soyouz en 2008
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