Quand les études sur les sorties dans
l'espace EVA, ExtraVehicular Activity débutent en 1962, aucune n'est
prévu dans le programme Apollo lunaire. Avec le choix du LOR, ces EVA seront
peut être de mise dans le cas où le module lunaire ne pourrait s'amarrer au
module de commande au retour de la lune. Pour le long terme, la NASA ne prévoit
des EVA que sur les futures stations orbitales. Janvier 1964, la NASA planifie
des EVA dans le programme Gemini. David Clark Cie est sélectionné pour
développer les tenues spatiale que revêtiront les astronautes. AiResearch
développe le système de contrôle environnemental ECS etHarold Johnson le
"pistolet" spatial HHMU qu'utiliseront les astronautes pour se
déplacer dans l'espace.
Le premier pas dans l'espace sera simple.
L'astronaute ouvrira l'écoutille, se lèvera passant sa tête et ses épaules
dehors pour exposer divers échantillons au vide. Après quelques minutes,
l'écoutille sera refermée. En juillet 1964, la NASA annonce que GT4 volera
avec Mc Divittt et White pour une mission de 7 jours pour tester les piles à
combustible. White réalisera cette IVA, Intra Vehicular Activity. En novembre,
les deux hommes sont à l'entrainement dans la chambre à vide de Mc Donnell pour
tester les procédures et notamment s'assurer que l'écoutille pourra être
refermée, ce qui s'avère difficile. Un autre tests est réalisé en mars 1965
avec une écoutille modifiée. Le 18 mars, le soviétique Alexis Leonov réalise
une EVA de 10 minutes depuis son vaisseau Voskhod 2. Aussitôt la NASA change
son fusil d'épaule. Mai, White et Mc Divitt simule une EVA en chambre à vide.
Au vue des résultat, une sortie est inclut dans la mission GT4 le 21 mai. White
sera vêtu du scaphandre G4C construits
par David Clark Co, capable de résister à des pressions correspondant à une
altitude de 80 km et une température de -150°C. La visière du casque a été
renforcé pour éviter les mêmes problèmes qu'à Grisson. L'astronaute s'éloignera de 7 m 50 de la cabine,
une opération qui prendra 22 minutes entre le moment où la porte sera ouverte
et réintégrera son siège. White "naviguera" 10 minutes dans le
vide.
Le lanceur Titan 2 arrive au Cap pour être
installé sur le LC19 dès le début du mois d'avril 1965, la cabine arrivant le
5. Elle est installé le 14 sur le lanceur et commence 6 semaines de tests.
Après dépouillement des résultats du vol GT3, la NASA a décidé de
récupérer la cabine GT4 dans l'Atlantique au lieu du Pacifique. L'azimut de
lancement sera décalé à 72° au lieu de 90°. De plus, le contrôle de la
mission sera désormais réalisé depuis le Mission Control du centre des vols
habités de Houston. L'objectif de la mission est de démontrer la capacité du vaisseau sur des vols de longue durée dans l'espace, avec 4
jours dans l'espace, évaluer les effets des vols longue durée sur l'équipage. Pour
finir, les astronautes devront réaliser 11 expériences et tenter un rendez vous avec
le second étage du Titan 2.
L' équipage de la mission est sélectionné le 27
juillet 1964 avec aux commande James Mc Divitt et Edwards White, deux nouveaux, Frank Borman et James Lowell
étant en réserve.
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Le 3 juin, l'équipage est réveillé à 4 h
10 du matin. Après le traditionnel petit déjeuner, suit l'habillage sur le
LC16 et l'arrivée sur le pad à 7 h 07. Un petit problème empêche l'érecteur
de s'abaisser, mais il est réglé rapidement. Le lancement a lieu à 10 h 15 mn 59 s
retransmit en direct en Europe par le satellite Early Bird en orbite
géostationnaire. Dès la tour dépassé, c'est le centre de contrôle des vols
habités de Houston, le MCC qui prend le relais du Cap.
La mise sur orbite est parfaite à
160-280 km. Gemini se sépare de son second étage à 3 m-s. Mc Divitt manoeuvre
pour "tourner" de 180° afin de se retrouver face à face à 1200 m de
distance. L'étage est animé de mouvement de 30° par seconde consécutif aux
charges pyrotechniques qui ont servit à la séparation. De plus, la tuyère
continue de "cracher" du propergol. Pour la première fois, les
astronautes voient leur étage porteur en orbite. La sortie a été prévu en
début de vol afin d'économiser du carburant et profiter de l'excellent état
de santé de White. Malheureusement, la poursuite de l'étage est un fiasco. La distance entre les deux engins ne cesse d'augmenter
alors que les réserves en carburant baissent. Dans l'espace, la perception
visuelle n'est pas la même que sur terre, alors que Mc Divitt croit être à
seulement 8 km de la cible, les relevés du sol indiquent que l'étage vogue
à 30 km ! La dynamique des manoeuvres vers un
autre objet en orbite s'avère bien différente de ce qu'avaient prévu les
ingénieurs. Les astronautes découvrent ainsi que pour
rattraper un objet situé devant, il faut diminuer l'altitude de l'orbite
puis remonter après l'avoir dépassé, plutôt que d'accélérer, car en
accélérant, le vaisseau se place sur une orbite plus élevée et par
conséquent plus lente.
Abandonnant leur cible, l'équipage se
prépare pour la sortie prévu au milieu de la seconde orbite. White sangle sur sa poitrine un dispositif d'oxygène de secours. Il abaisse la visière teintée d'or sur son casque pour se protéger du soleil.
Au-dessus du Pacifique, White ouvre non sans mal son écoutille
et se met debout dans la cabine. Il installe
sur le bord de la paroi du vaisseau une
caméra Maurer 16 mm pour filmer la sortie. Il souffle un peu. Il assemble son "pistolet spatial"
ZIP, puis s'élance dans le vide simplement relié à la vie
par un cordon ombilical de 8 m de long. Tel un satellite humain, l'astronaute
essaie de s'orienter et de se déplacer autour de la
cabine, dans un environnement où seules les lois du mouvement commandent, toute
action appelant une réaction opposée et immédiate. McDivitt lui a du mal à
maîtriser le mouvement de la cabine.
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Le ZIP se compose d'un réservoir d'oxygène ayant la forme
d'un cartable, long de 32 x 15 x 5 cm que White porte sur sa poitrine, un
tube longeant le bras droit de l'astronaute et une gâchette qu'il tient
dans la main et grâce à laquelle des bouffées gazeuses peuvent être
éjectées par trois micro-tuyères.
Accroché au pistolet un appareil photo Contarex 35 mm. |
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Séquence images par images de la
sortie de White prise par la caméra derrière le siége de l'astronaute
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Alors que White
s'approche de la cabine, Mc Divitt le photographie avec un Hasselblat 70
mn. 16 photos de la sortie de White ont été prises par Mc Divitt avec
son Haselblad dans la magasin 16. La photo à gauche est la première
prise par Mc Divitt, celle du milieu est la première donné par le
service de presse de la NASA pour diffusion mondiale, en fait la 3e
prises par Mc Divitt. La photo de droite est la 5e prise par Mc Divitt.
L'astronaute avait baptisé son vaisseau "American Eagle"
mais James Webb avait interdit les noms de baptême pour les vols
Gemini. A la place, il fut décidé de mettre le drapeau US sur les
tenues spatiale. Avec la bannière étoilée sur l'épaule, ces photos
sont devenues l'icône de l'Amérique dans l'espace. |
Se rapprochant de la cabine, il est
photographié par mc Divitt à travers le hublot de l'écoutille. Ayant
remarqué que de la suie recouvrait une partie de sa surface, White en
récupère un échantillon pour analyse. Le temps s'écoule rapidement et Grissom, au
MCC intime plusieurs fois à White de rentrer dans la cabine. Mais il se
plait tellement à
l'extérieur qu'il fait momentanément la sourde oreille ! Grissom transmet à McDivitt :
"Le directeur de vol ordonne à White de rentrer ! "
Enfin, il se
décide à prendre le chemin du retour mais, en revenant
vers l'écoutille, il se rend compte que manoeuvrer le long d'un vaisseau
spatial est plus facile à dire qu'à faire. Faute de prises pour les mains
ou pour les pieds, l'astronaute trouve le retour lent et difficile. Il lui faut
plusieurs minutes laborieuses pour réussir à pénétrer dans la cabine.
McDivitt l'aide alors à descendre et à reprendre place sur son siège. Il
largue alors les protections thermiques de ses gants et sa visière solaire et
récupère
la caméra. Pendant toute l'opération, la combinaison s'est avérée particulièrement
confortable, jusqu'au moment où il faut refermer la trappe extérieure...
Pendant 5 minutes, White lutte pour la refermer. La climatisation de son
scaphandre ne peut bientôt plus suivre les efforts de l'astronaute et de la buée
apparaît sur son casque. De la sueur coule dans ses yeux, jusqu'à
ce que la cabine soit re pressurisée et qu'il puisse retirer son casque.
Au vu des difficultés pour fermer l'écoutille, il est décidé
d'annuler la seconde ouverture de celle çi, les astronautes devant gardé tout
leur matériel de sortie avec eux jusqu'au retour "en souvenir". L'écoutille de la cabine est resté ouverte 36 mn, White évoluant dans le
vide durant 21 mn.
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GT 4 est la première mission
contrôlée entièrement depuis le MCC de Houston avec des équipes de FD
oeuvrant en 3/8. Kraft, Kranz et Hodge sont les FD des trois équipes. Sur
la photo, Patricia McDivitt et Patricia White parlent à leur mari en
orbite. Les enfants de Pat White, Bonnie et Edwards sont également
présents. |
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White s'est apparemment beaucoup plus amuser que le cosmonaute russe Leonov. Avec ce vol, les américains sont finalement au niveau des russes,
en ce qui concerne la durée des vols.
Le retour qui devait être calculé avec
précision sera manuel suite à la panne de la calculatrice. Les deux moteurs de
décélération sont allumé à la 62eme révolution à 157 km d'altitude suivit
des rétro-fusées alors que la cabine survole le Mexique. C'est le 7 juin
que la cabine amerrit dans l' Atlantique
après un vol de 97 h 56 mn et 2 s. La cabine touche l' océan à 12 h 12 mn 12
s EST, à 90 km du USS Wasp (27° 44 mn N et 74° 11 mn O). L' équipage est
récupéré à 13 h 09, la
cabine à 14 h 28.
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Sur le pont du USS Swap, les
astronautes parlent par radio au Pt Johnson.
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Salon du Bourget, à Paris,
l'équipage rencontre le premier cosmonaute Youri gagarine.
Après cette sortie dans l'espace, plusieurs experts du programme Gemini
estiment que certaines erreurs de jugement ont été commises à bord du
vaisseau spatial. Lorsqu'ils ont eu du mal à ouvrir l'écoutille, White et
McDivitt auraient dû se douter qu'il serait difficile de la refermer. Tout
homme prudent aurait alors renoncé à ses ébats dans l'espace plutôt que de
risquer de ne pouvoir rentrer sur terre sain et sauf. Ces experts estimaient
également que White était resté trop longtemps à l'extérieur et ils
critiquèrent la mauvaise volonté évidente avec laquelle il avait regagné le
vaisseau. Cependant, les responsables de la NASA se refusèrent à porté le
moindre jugement sur le comportement des pilotes.
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