GEMINI IX-A
Le patch de GT9 a été
dessiné par les astronautes et leur femmes lors d'un dîner. Il illustre deux moments forts de la mission: le rendez-vous entre Gémini
et une cible Agena et la sortie dans le vide spatial de l'astronaute Cernan pendant plus de 2
heures. Après l'échec du lancement de l'Agena, le badge n'a pas pu être
redessiné.
A noter que le cordon ombilical qui relie l'astronaute à son vaisseau Gemini forme le chiffre 9. Le nom des astronautes n'apparait pas sur le patch des tenues de vol. |
Le premier objectif de GT9 9 est la réalisation d' un rendez vous et arrimage dans l' espace avec une sortie extra-véhiculaire EVA, la seconde du programme puisque celle de Scott a été annulé sur GT8. Les objectifs seconds comprennent la réalisation de 7 expériences et le contrôle de la rentrée dans l'atmosphère. Ce vol s'inscrit dans la série des 5 derniers vols du programme à savoir l'étude du déplacement de l'homme dans l'espace et la technique du rendez vous en orbite. Eugene Cernan doit rester 2 h 25 dans l'espace pour travailler et tester le ELSS et l'AMU, une sorte de fauteuil spatial autonome. Cinq rendez vous sont prévus avec l'Agena, le premier 4 heures après le lancement à la troisième orbite, comme lorsque le Lm décollera de la lune pour rejoindre le CSM Apollo, le second juste après. La sortie de Cernan doit se terminer alors que l'Agena se sera éloigné de Gemini, l'astronaute devant aller le rejoindre. Le 3eme rendez vous permettra de tester le moteur de l'Agena. Le 4eme amarrage sera réalisé sans l'aide du radar de bord, seulement avec le calculateur. Le dernier rendez vous simulera une panne du moteur principal du LEM en utilisant le moteur secondaire de l'Agena. La mission malheureusement commence sur une note particulièrement triste. Slayton avait assigné à cette mission Elliott See et Charles Bassett avec Stafford et Cerna en doublure. Malheureusement Elliott See et Charles Bassett se tue dans un accident d'avion quatre mois avant le vol, le 28 février 1966 au cours d'un vol en T 38. Leur avion se crashe sur les bâtiments de l'usine de Mc Donnel où leur cabine était en construction tuant en plus 14 personnes. Lorsque la cabine GT9 sort d'usine le 2 mars, elle est conduite par le drapeau étoilé tenu par la moitie des ouvriers de l'usine. Les deux astronautes sont enterrés à Arlington à Washington le lendemain. Tom Stafford, devenu un vrai spécialiste des rendez-vous, grâce aux vols couplés de GT 6 et 7 et Eugene Cernan assurent alors le remplacement pour piloter GT 9A. L'équipage de réserve devient Lowell et Aldrin, doublure sur GT10. Le 17 mai 1966 une Atlas Agena D (287eme du nom, 22eme de la série D) décolle du LC 14 de Cap Canaveral porteuse de la cible GATV 9 (5004). Malheureusement, 10 secondes avant de larguer ses deux moteurs latéraux, une des tuyère part en buté obligeant le lanceur à s'écarter de sa trajectoire et à retomber dans l'Atlantique. Attendre une autre cible retarderait le vol de deux mois. Heureusement, cette fois, la NASA a un remplaçant immédiat : l'ATDA (Augmented Target Docking Adapter) que la l'agence a fait réaliser après la perte de la cible 5002 pour GT 8. Arrivée au Cap en février, il faudra deux semaines pour assembler une nouvelle Atlas sur le LC14, un lancement est espéré le 31 mai. Un nouveau programme de vol est dicté. Au cas où l'ATDA échouerait, la NASA enverra GT9 à la rencontre de l'Agena 8 de GT8. Dans l'espace depuis quelques mois, elle n'a plus de batteries pour alimenter ses systèmes radar, GT9 sy amarrera en visuel. Même si le rendez vous ne peut avoir lieu, GT9 réalisera quand même le reste de son programme. La nouvelle cible est mise sur orbite à 289 km le 1er juin depuis le LC14 par une Atlas D TLV 5304 (celle prévu pour la 5001). L' ATDA (1088 kg) n'est pas un étage propulsé comme les autres cibles Agena du programme Gemini mais un adaptateur pour amarrer la cabine Gemini. L'ATDA mesure 3,45 m et possède une pièce d'emboîtement Gemini, un répondeur et de petits moteurs de manoeuvre en orbite. Mais au sol, les données reçues indiquent un problème, la coiffe ne se serait pas séparer de l'étage. Après un report de trois jours à cause d' un problème de computeurs sur le système de guidage, Gemini 9 (3750 kg) est lancé le 3 juin à 8 h 39 mn 33 s locale du LC 19 alors que l'Agena ATDA passe au dessus du cap. La mise en orbite est "nominale " à 156-225 km. Après une poursuite de 120 000 kilomètres, les astronautes aperçoivent ses signaux lumineux à quatre kilomètres. Stafford s'exclame : "Nous sommes juste en face de la Lune. L'expérience sera intéressante". Arrivé près de la cible navigant sur une orbite à 311 km, l'équipage ne peut réaliser le rendez vous avec l'ATDA, sa coiffe étant resté accroché à la cible, partiellement détachée. Stafford déclare : "On dirait les mâchoires d'un alligator ! " A partir du sol, les experts s'efforcèrent de télécommander l'ouverture de l'enveloppe, mais sans succès. L'amarrage est à nouveau compromis. Des manoeuvres complexes d'approche sont quand même réalisées avec la cible, en la poursuivant sans répit. Mais rapidement, la cible est perdu. Cet échec démontre clairement la nécessité d'avoir un système de radar pour les rendez-vous spatiaux. Les manoeuvres entraînent une énorme consommation de carburant et épuisent les astronautes. La sortie dans l'espace de Cernan est repoussée de 24 heures, elle prévoit que l'astronaute se déplace jusqu'à la cible Agena pour retirer une expérience scientifique puis aller jusqu'à l'arrière du vaisseau pour adosser un fauteuil "volant" AMU (Astronaut Maneuvering Unit) et s'éloignant librement de 45 m sans être relier par un cordon ombilical. C'est la première grande sortie depuis Gemini 4. Après les 20 minutes de "vol libre" de White, la NASA avait planifiée des EVA dès GT8. Mais les problèmes rencontrés durant cette mission ont fait annulé la sortie de Scott. Cernan est équipé d'une tenue renforcée capable de résister aux gaz des jets du fauteuil (700°C) le long de ses jambes. Sa visière est en polycarbonate plus résistant que le Plexiglas. Juste avant que Gemini entre dans le jour orbital, Cernan émerge de la cabine 42 h 22 mn après le lancement. Il a avec lui un système de survie placé sur sa poitrine relié à un ombilical de 7,6 m. Première opération, debout sur son siège, il récupère l'expérience S12 (étude d'impact des micrométéorite), déploie des barres de maintien sur l'adaptateur et installe la caméra. Cernan est content de voir la terre malgré son ombilical qui s'enroule autour de lui. L'astronaute n'est pas équipé de pistolet HHMU et doit à la force de ses mains regagner l'arrière du vaisseau pour récupérer le fauteuil. Il éprouve des difficultés lors de ses évolutions, gêné par sa combinaison et son cordon ombilical. Il déclare devoir passer la moitié de son temps à maintenir sa position. N'ayant pas de prise, il met une heure pour arriver derrière le vaisseau. Au passage, il casse accidentellement une antenne d'une expérience scientifique et déchire les couches supérieures de sa combinaison. Cela provoque des points chauds dans son dos, la lumière du Soleil frappant ces déchirures. Ses efforts physiques finissent par saturer son système de survie placé sur sa poitrine, embuant son casque et l'aveuglant. Il réussit néanmoins à s'approcher du AMU au toucher. Après un instant de repos, il entreprend d'enfiler l'AMU par-dessus sa combinaison. Mais il ne s'agit pas seulement de passer de simples sangles, il faut aussi effectuer des branchements électriques et chacun de ses mouvements prend plus de temps que prévu. Très vite, il sollicite à l'excès son système d'alimentation en oxygène et de régulation de l'humidité. Il transpire et la buée s'accumule à l'intérieur de la visière de son scaphandre. Ses pulsations cardiaques atteignirent bientôt 180 battements à la minute. Stafford appela le contrôle de mission : "Nous avons des problèmes. Gene est dans la buée jusqu'au cou." Stafford demande alors à Cernan de rentrer, sans tester le AMU. Tout en s'excusant, Cernan effectue prudemment son retour, une main après
l'autre, dérapant, avançant péniblement. Une fois réinstallé dans la
capsule, il faut un certain temps avant que les battements de son coeur ne
reviennent à la normale. La sortie a
durée 2 h 07 mn. Cette seconde sortie dans l'espace pour les
Américains montra aux responsables du vol qu'il faudrait déployer encore
beaucoup d'efforts au sol avant que l'homme soit capable de travailler et de se
déplacer dans l'espace. Le médecin-chef, "Chuck" Berry, résume la
perplexité générale : Aidé par son ordinateur de bord, GT 9 amerrit le 6 juin par 27° 52 mn N et 75° 0,4 mn O à 38 km du point prévu réalisant le meilleur amerrissage de tout le programme en touchant l'océan à moins de 2,5 kilomètres de l'objectif fixé. L' équipage reste 52 mn dans leur cabine en attendant la récupération par le USS Wasp. Comme pour GT6, les astronautes restent dans leur cabine jusqu'à son hissage sur le porte-avion. Une nouvelle méthode de simulation est mis en oeuvre au sol. Pour simuler les EVA, les astronautes s'entraînaient dans un avion de la NASA le "Vomit jet", un KC 135 qui réalise des paraboles dans le ciel pour 20 secondes d'apesanteur. Désormais, une piscine permettra de simuler plus précisément cet état de non gravité. Dans un bassin seront immergés les vaisseaux Gemini et Agena et l'astronaute pourra comme lors de sa véritable mission apprendre les gestes et mieux travailler sa sortie. Une fois sur Terre, Cernan se plongera en piscine afin de simuler sa propre sortie. L'analyse des photos prises en orbite ont élucidé la cause de la non ouverture de la coiffe de la cible ATDA. La coiffe a été fabriqué par Douglas Aircraft, l'étage par Lockheed et les techniciens du Cap ont été entrainé pour l'installer. L'ATDA a été amené d'un seul tenant par Mc Donnell et leurs techniciens ont installé la coiffe eux même. Utilisant leur propre procédure, ils ont mis les lanières de façon incorrecte et l'ont attaché sur place alors qu'ils ne devait pas le faire. Le superviseur de Lockheed a été appelé ailleurs et ses instructions verbales pour terminer le travail n'ont pas été bien comprises. |