HISTOIRE DES LANCEURS US L' histoire des lanceurs américain remonte au milieu des années 1950. Depuis le 1er avril 1950, les spécialistes allemands récupérés à la fin de la seconde guerre et envoyés aux Etats Unis sont affectés à Huntsville dans l' Alabama où à coté de l' arsenal Redstone s' implante le ABMA Army Ballistic Missile Agency. Von Braun est nommé chef de la section des projectiles guidés avec comme charge de réaliser un missile Redstone de 300 km de portée. Ce Redstone n' est qu' une V2 améliorée dont le premier tir couronné de succès a lieu le 20 août 1953. Le mois suivant Von Braun propose d' ajouter trois étages à poudre sur son missile et de lancer un satellite autour de la terre. En 1954, le 25 juillet, il
propose son projet de satellite Orbiter lors d' une réunion à Washington mais
sans succès. Von Braun se voit confier la mise au point d' un autre missile le
Jupiter dont la portée sera de 2400 km. 1956, le général Medaris du ABMA de
Huntsville propose de préparer en parallèle un missile Redstone en secours du
Vanguard, mais l' idée est rejetée par le Pentagone. L' équipe de Von Braun
passe outre et prépare en secret une fusée Jupiter C, non pas le missile en
cours d' étude mais un Redstone doté d' étages supérieurs. Cette Jupiter C
est lancé avec un dernier étage inerte le 20 septembre pour étudier la haute
atmosphère. Sans les soupçons du DoD, la fusée aurait permis de lancer le
premier satellite artificiel de la terre un an avant les soviétiques. 1957, le 4 octobre à la stupéfaction du
monde, l' URSS lance le premier satellite artificiel de la terre Spoutnik 1. L'équipe de Von Braun vient à la rescousse au lendemain de cet échec et promet de lancer un satellite américain sous 90
jours. Le 24 janvier 1958, le lanceur Jupiter C arrive au cap Canaveral. Ce dernier développé dans un coin a
déjà réalisé fin 1957 9 vols
et 21 en version Jupiter A. Associé à ses trois étages supérieurs à poudre
Sergent, le Redstone devient le Juno 1. Le 31 janvier après un report de à
cause du temps, la Jupiter C décolle à 2 h 48 locale et met en orbite le premier satellite
américain Explorer 1. La Navy, l'arsenal Redstone et l' USAF ayant essayé chacun de leur coté de développer des missiles et lanceurs de satellite sans gros succès, il fallait la création d' une entité nationale en octobre 1960 pour résoudre la crise, c' est la NASA National Aeronautic & Space Administration. DE GRANDES FAMILLES DE MISSILES Le missile Atlas construit par Convair (General Dynamics) pour l' USAF a réalisé un premier vol depuis le Cap en juillet 1957 et d' autres versions plus puissantes sont en développement. C' est lui qui des le début des années 60 propulse la frêle cabine habité Mercury dans l' espace et permet à John Glenn d' être le premier américain en orbite. Avec un étage développé par l' USAF Agena, l' Atlas lance quelques sondes spatiale vers la lune, mais il faudra attendre le milieu de la décennie pour qu' un étage cryogénique lui soit associé pour lancer les sondes Surveyor vers la lune et d' autres sondes à travers le système solaire. L'Atlas Centaur, un des fer de lance des lanceurs US ne cessera d'évoluer pour arriver aux dernières versions encore en service l'Atlas 2 et 3 et l'Atlas 5. Le missile balistique de moyenne portée IRBM
Thor construit par Douglas (aujourd'hui Boeing après le rachat de Mc Donnel Douglas)
devenu priorité national en 1955 a lui aussi réalisé son premier vol depuis
le Cap en janvier 1957. Il va lentement évolué pour devenir au fil des temps, le Thor Able,
Thor Agena et
le Thor Delta à partir de 1970 pour aboutir à l' actuelle versions,
la Delta 3. Du début des années 1960 au début des années 1980, tous ces types de lanceurs sont utilisés pour mettre en orbite toutes sortes de satellites scientifiques et commerciaux. La NASA et les militaires utilise trois familles de lanceurs les Scout, Atlas et Delta et Titan. La première décennie voit explosée le nombre de lancements (951 tous lanceurs confondus), c'est l'age d'or de la conquête spatiale. Dès 1969, le nombre de lancement commence à baisser jusqu'en 1975 pour ensuite légèrement remonter. On compte 324 lancements dans la décennie 1970, soit deux tiers de moins.
L'arrivée du Shuttle en 1981 doit permettre l'arrêt des chaînes de production de ces lanceurs dits "classique" et de soulager l'industrie des constructeurs avec un engin mi fusée, mi avion capable de transporter quelques 25 tonnes en orbite basse et 10 tonnes en GTO et qui doit à terme remplacer tous les lanceurs du marché. 1981, la NASA lance 11 ELV, un Scout, 5 Delta, 4 Atlas Centaur et une Atlas F avec succès. Les ELV continue de servir de "secours" à la navette durant les premières années de développement et de transition. 1982, la NASA lance 9 ELV 7 Delta et 2 Atlas Centaur avec succès. 1983, ce sont 11 ELV que lance la NASA 8 Delta, une Atlas E, une Atlas Centaur et une Scout. En mai, le président Reagan autorise la commercialisation des lanceurs gouvernementaux par l' industrie privée. 1984, la NASA lance 7 ELV 4 Delta, Une Scout, une Atlas Centaur et une Atlas E avec un seul échec (Atlas Centaur). Avec la loi sur l' utilisation privé des lanceurs gouvernementaux, la NASA et TCI Transpace Carriers Inc signent un accord de commercialisation du Delta et négocie un accord similaire avec General Dynamics pour l' Atlas Centaur. Dans le même temps, une dizaine de compagnie se montre intéressée pour la commercialisation du Scout. En août, le président Reagan encourage les opérations commerciales avec les ELV en minimisant leur contrôle. 1985, les ELV continuent leur lancement pendant la phase de transition avec le Shuttle. Cinq lancements sont réalisés dans l' année, 2 Scout et 3 Atlas centaur. 1986, 28 janvier la navette Challenger explose
en plein vol tuant les 7 astronautes de l' équipage. Les chaînes de montage étant presque toutes arrêtées, il reste
à ce moment à Mc Donnel Douglas
4 lanceurs Delta, un sur le pad 17B (delta 3920 n°180 avec la charge SDI), une 3914, une
3920, une 3910 et une 3920, la 183 eme Delta. Martin Marietta possède de son coté encore 6 Titan 34D, dont une est sur le pad de tir LC40 de Cap canaveral. De plus l' USAF a passé un contrat pour la fourniture de 10 Titan 34D7, plus puissante à partir de 1988. L' Air Force décide de retirer 16 charges utiles du Shuttle pour les lancer avec des lanceurs classiques dont 4 satellites Milstar. De nouveaux lanceurs vont être développés commandés. Un plan de "récupération" de 2,5 milliards $ sur 5 ans prévoit en effet de stocker les satellites et étages supérieurs destiné à être lancés sur le Shuttle et de modifier les autres satellites pour les rendre compatible avec les lanceurs classiques. A la commande de 10 Titan 34D7 1,7 milliards $), l' USAF rajoute 13 autres lanceurs renommés Titan 4 (3 tirs en 1989 puis 5 par an). Le coût de développement des Titan 4 est estimé à 500 millions $. D' autre part, Martin Marietta convertira 13 missiles Titan 2 sur les 56 récemment mis hors service. Pour General Dynamics, le lancement de l' Atlas Centaur 66 est repoussé à l' automne, le temps d' y voir plus clair. Il reste au constructeur 3 Atlas Centaur à lancer (AC 66 à 68). 28 juin 1986, l' USAF lance un appel d' offre pour le développement du MLV Medium Launch Vehicle dans la phase 1 s' étendant sur 6 mois. Le 8 août, elle passe 4 contrats avec Martin Marietta pour le Titan 3, General Dynamics pour l' Atlas K, Mc Donnel douglas pour le Delta 3920 Improved et Hughes associé à Boeing pour le JARVIS, un lanceur utilisant les éléments du Shuttle et de l' ancienne fusée lunaire Saturn 5. Le MLV permettra de placer 1000 à 4500 kg en GTO. Fin 1986, les américains renouent avec le succès, le 5 septembre, le Delta 3920 et sa charge SDI décolle de Cap Canaveral suivit le 5 décembre de l' Atlas Centaur 66 porteuse du satellite FLTSATCOM 7. La NASA réalise ainsi 5 lancements de ELV un Scout, un Atlas Centaur, un Atlas E et 2 Delta. Le 21 janvier 1987, l' USAF choisit Mc Donnel Douglas et le Delta 2 pour le MLV. Le contrat de 316 millions $ porte sur 7 lanceurs qui seront lancé d' ici 1990. Le contrat initial porte sur 20 MLV à raison de 4 tirs par an sur la période 1989-91 plus 16 autres en options. Le MLV lancera en priorité les Navstar du DoD et des satellites commerciaux à partir de 1988. Les nouvelles Delta 2 sont des dérivés des 3920. Du fait de la pénurie de moteur RS27 pour le premier étage, MDD fabrique une version intermédiaire la Delta 4925 équipé du moteur MB3 moins puissant (78 tonnes) mais flanqué de 9 boosters Castor 4A plus puissant dont les performances sont comparables au 3920. Deux Delta 4925 sont lancés en août 1989 et juin 90 (187 me et 196 eme exemplaire) avec succès. L'année 1987 confirmera la reprise avec le lancement de 26 octobre d'un Titan 34D porteur du satellite KH11 depuis Vandenberg puis d' un mois plus tard le 29 novembre d' un autre 34D depuis Cap Canaveral. la NASA réalisera cette année là, 4 lancements, 2 Delta, une Scout et un Atlas Centaur (AC67) qui échouera. Cet échec (explosion du lanceur au bout de 51 secondes de vol), le 5 eme depuis 1986 est le 7 eme d' une Atlas Centaur. La perte du satellites de télécommunications de l' USAF Fleetsatcom 6 est un préjudice important pour le DoD. Les Fleetsatcom remplacent depuis 1985 les Leasat en attendant les Milstar et DC3 et les futurs Navstar GPS. Il ne reste au Cap qu' un seul exemplaire, l' AC68 avec un Fleetsatcom dans sa coiffe. 1988, après la pénurie de lanceur et la décision de retirer les charges utiles commerciales du Shuttle, la production de lanceurs américains est relancée (la fameuse étude Mixed Fleet de janvier 1987). Sous l' impulsion de l' USAF, et grâce aux ressources dégagées par ses contrats, le développement est relancé ce qui permet aux grands constructeurs de proposer des versions commerciales de leurs lanceurs (Titan commercial, Delta 2, Atlas 2). Mc Donnel Douglas grâce à un contrat passé avec l' UASF pour lancer 20 satellites NAVSTAR lance le programme Delta 2. La Delta 2 est proposé en deux versions de bases, la 6920 avec des réservoirs allongés de 4 m et une coiffe agrandie (3,1 m) et 9 boosters Castors 4A. La 7920 est équipé d' une tuyère avec divergent allongé et de boosters à enveloppe graphite epoxy GEM. 1989, le 14 février, MDD lance la première Delta 12 6925 avec dans sa coiffe Navstar 2-1 de l' USAF et le 24 mars, lance la dernière Delta 3920. C 'est le 184 eme tir d' une Delta depuis 1960. Le 27 août, MDD réalise le premier commercial d' un Delta depuis la remise en service des lanceurs US. Un 4925 met en orbite le satellite Britannique de TV directe Marco Polo 1 (BSB-1). Les autres constructeurs sont un peu à la traîne avec une Atlas prévu en mars 1990 (Eutelsat 2) et un Titan 3 commercial en octobre. Martin Marietta devient le second constructeurs US à lancer des satellites commerciaux avec le lancement de la première Titan 3 Commercial le 31 décembre après 9 reports en un mois pour mettre en orbite Skynet 4A. C' est le 153 eme lancement de la série Titant 3C depuis 1965. 1990 Mc Donnel Douglas réalise le premier tir commercial civil d' un Delta 2 le 13 avril en lançant la 8 eme Delta 6925 porteuse du satellite indonésien Palapa B2R (récupéré en 1984 par le Shuttle). 1991, le 7 décembre, la première Atlas 2 de General dynamics rentre en scène en plaçant le satellite Eutelsat 2 sur orbite GO après 5 mois de retard. C 'est le 74 eme tir d' une Atlas centaur et le 3eme depuis la remise en service des lanceurs US (2 Atlas 1 en juillet 1990 et avril 1991). 1992, le 11 mars, Hughes Aircraft achète les activités missiles de General Dynamics pour 450 millions de dollars . Le 23 novembre, Martin Marietta achète la division Aerospace de General Electric (sauf les moteurs d'avions) pour 3 milliards de dollars 1994, 30 août annonce de la fusion entre Lockheed et Martin Marietta pour former Lockheed Martin avec 170 000 salariés. General Dynamics est racheté par Martin Marietta, qui lui s' associera à Lockheed. Au milieu des années 1990, l' USAF lance le programme EELV Evolved Expenable Launch Vehicle, les principaux constructeurs américains placent leur différents projets en conccurence. Lockheed et Mc Donnel Douglas sont sélectionné fin 1996 dans l' attente du choix définitif prévu en 1998. La famille EELV comportera trois lanceurs au premier étage commun. Un second étage cryogénique sera ajouté au lanceur "intermédiaire" tandis que la version "lourde" ou "heavy" sera équipé de deux boosters d' appoint dérivé du premier étage. 1996, 1er août Boeing annonce le rachat des activités Espace et défense de Rockwell. Le 15 décembre, annonce de la fusion entre Boeing et McDonnell-Douglas (USA), Boeing devient le premier constructeur aéronautique mondial. 1997, Lockheed Martin achète Northrop Grumman. 1998, le premier vol du Delta 3 de Boeing est
un échec en août, le lanceur explose après avoir dévié de sa trajectoire.
Le 16 octobre, le pentagone lance
officiellement le programme de la nouvelle génération de lanceurs consommables
qui doit succéder aux Titan 2, Delta 2, Atlas 2 et Titan 4. Il confie au deux
seul grands industriels restants Lockheed Martin et Boeing
(qui a racheté Mc Donnel Douglas entre temps) le développement du EELV Evolved Expendable Vehicle.
Le contrat devait à l'origine, être attribué à un seul constructeur. D'un montant initial de 2 milliards $,
il devait permettre le développement d'une panoplie de lanceurs, petits, moyen
et lourd, permettant de réduire le coût de lancement de 25% par rapport aux
prix actuel pour la période 2000-2020. Finalement après deux années d'
étude, l'USAF sélectionne les deux constructeurs. 1999, Lockheed lance 5 Atlas 2 et Boeing 11 Delta (dont la seconde Delta 3 qui ne parvient à se mettre sur orbite). En 2000, l'Atlas 3 réalise son premier vol. Le lanceur sert de "démonstrateur" pour l'Atlas 5. Parallèlement, 7 vols d'Atlas 2 sont réalisés. De son coté, Boeing lance avec succès une Delta 3. En 2001 et 2002, 7 d'Atlas 2 sont lancés et une Atlas 3. En août, l'Atlas 5 réalise son premier vol avec succès. La Delta 4 suit en novembre. HERITAGE Une des premières grandes pages de l'histoire des lanceurs spatiaux américains s'est terminer le 31 août 2004 avec le lancement du dernier Atlas 2AS AC 167. La famille Atlas vient de tirer sa révérence suivit de celle des Titan en 2005. Les lanceurs Delta ne sont pas comptabilisé comme faisant partie de cet "héritage" car il ont rapidement évolué à partir du missile de base Thor construit par Douglas. Atlas fut le premier ICBM développé par les américains. Les dernières versions Atlas 3 et 5 utilise un unique moteur, le RD 180 fabriqué par les russe, un des plus gros moteur à kérosène et LOX du monde. L'Atlas d'aujourd'hui n'a plus que le nom se référent à son ancienne famille. Seule l'Atlas 3 qui doit voler une dernière fois en 2005 garde un premier étage pressurisé. L'AC-164, lancé en décembre 2003 était le dernier Atlas "héritage" des 284 lancés de Vandenberg AFB/Point Arguello depuis 1959. Les dernières Atlas ont été lancés de Cape Canaveral. Mais l'Atlas va encore tirer son épingle du jeu avec les versions Atlas 5 que Lockheed Martin fabrique maintenant dans le cadre du programme Evolved Expendable Launch Vehicle (EELV). Après les deux derniers lancement de titan 4B en avril 2005 de Cap Canaveral et en octobre de Vandenberg, ce sont au total 368 lanceurs Titan qui ont été lancés depuis 1959. Titan terminera l'histoire des premiers ICBM spatiaux. L'arrêt des lanceurs Atlas Centaur et Titan sonne aussi l'arrêt des activités au Cap Canaveral des ensembles de lancement SLC 36 A et B et 40 et à Vandenberg des SLC 3E et 4E. Il ne reste que les lanceurs Atlas 5 et les Delta 2 et 4. 2005, Boeing Cie et Lockeed Martin Corp crée une "joint Venture" qu'ils nomment "ULA, pour United Launch Alliance qui combinera les opérations de lancements pour le gouvernement US avec les Atlas 5 et Delta 4. ULA siége à Denver dans le Colorado. ULA réalise son premier lancement le 14 décembre 2006 (Delta 2 depuis le SLC 2W). 2006, un opérateur privé se glisse dans la course aux lancements commerciaux. La société Space X d'Elon Munsk propose et lance un petit lanceur à ergols liquide, le Falcon 1 et propose pour 2010 une version "Heavy" le Falcon 9 avec pas moins de 9 moteurs pour le décollage. Le pad de tir SLC 40 de Cap Canaveral, ex Titan est modifié en consquence. 2007, le Delta 2 réalise son 75e tir consécutif. juillet 2010, Space X lance depuis le SLC 40 de Canaveral le Falcon 9. Septembre 2011, ULA lance la dernière Delta 2 du SLC 17. Désormais, les tirs restants seront lancés de Vandenberg. 2015, le Delta 2 réalise son 98eme tir
consécutif. Il reste 2 lancements à réaliser en 2017 et 2018. Ce sera le 342eme
tir depuis le 13 mai 1960 ou un Delta a mis en orbite le satellite ECHO 1.
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