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CHRONOLOGIE
SPACE SHUTTLE

1957-1963: LE DYNA SOAR

Lorsque le 4 octobre 1957, l' union soviétique lance le premier satellite artificiel de la terre Spoutnik 1 et récidive trois plus tard avec un engin de 500 kg, l' Amérique ne peut plus reculer, elle doit s' engager à fond dans cette nouvelle conquête de l' espace. Cet électrochoc "Spoutnik" va mobiliser l' Amérique et son peuple comme lors de l' attaque de Pearl Harbour en 1941.

La seule réponse possible est de lancer un vaisseau spatial habité avant les Russes. En octobre 1957, la NACA réunit ses ingénieurs au centre Ames pour faire le point sur le projet HYWARDS.
Le HYWARDS était une sorte d' avion spatial destiné à étudier le concept de l' avion spatial, le vol en hypersonique et les problèmes de rentrée atmosphérique. C' était le digne successeur du X 15.  Le HYWARDS succédait au BOMI, un planeur placé au sommet d' une fusée à deux étages et au Brass Bell et autre ROBO de l' USAF.

L' USAF voudrait bien gérer l' envoi de l' homme dans l' espace. Déjà, le projet Vanguard a été laissé à la Navy et le premier satellite artificiel au ABMA de Huntsville. Dans ses carton, le projet MISS, Man in Space Soonest, un homme dans l' espace le plus vite possible!.
Suite à son appel d' offre, l' USAF reçoit les propositions de 11 firmes aéronautiques dont 7 avec un véhicule purement balistique (450 à 1600 kg) et 4 avec un véhicule style planeur spatial (5 à 8 tonnes).
Le choix est vite fait. De part les délais (2 ans) et la technologie (le seul lanceur disponible est l' Atlas capable de satelliser 1000 kg), le véhicule balistique s' impose.  

Le projet MISS ne verra jamais le jour, l' USAF vient de manquer le coche. Afin de rendre cette course à l' espace plus civile et scientifique que militaire, le Pt Eisenhower va s' appuyer sur les études de la NACA et transformant celle ci en agence de l' espace la NASA (le 1er octobre 1958), il lui donne carte blanche pour l' envoi d' un homme dans l' espace. Le programme Mercury est né (17 décembre 1958).

Comme la NASA s' engageait sur un programme de 10 ans avec des véhicules balistiques (Mercury, Gemini et Apollo), l' USAF décide de poursuivre seule ses études d' avion spatial. Dés le 10 octobre 1957, elle rassemble tout ses projet (HYMARDS, Brass Bell et ROBO) sous un seul le System 464L ou plus communément le DYNA SOAR, c' est à dire DYNAmic SOARing, le vol plané dynamique. Le développement du Dyna Soar se ferait en trois étapes, DS 1 à 3, afin de limiter les coûts et les risques. Le DS 1 sera un véhicule de recherche appliqué capable de voler à 100 km d' altitude et à 19 700 km/ h dès 1966. Le DS 2 verra le jour en 1969, ce sera un avion spatial suborbital stratégique capable de voler à 52 km d' altitude et à 19 700 km/ h. Enfin le DS 3 verra un véhicule opérationnel en 1974 pour des missions de bombardement, de reconnaissance et d' inspection de satellite.

Un premier tri industriel est fait sur les 111 firmes aéronautiques. Fin janvier 1968, l' USAF n' en garde que 13. Une analyse faite entre mars et avril 1958 sur les 9 dossiers finalement déposés désigne Martin/Bell et Boeing le 16 juin.
Boeing remporte le contrat en proposant un véhicule plus proche des idées de l' USAF et de la NACA. En fait, Boeing adapte son projet pour correspondre aux désirs du NACA. L' annonce officielle a lieu le 9 novembre 1959.  

Le DS 1 sera lancer par une fusée déjà en service ou en étude dans le cadre du programme balistique ou spatial. Boeing propose l' Atlas Centaur et Martin/Bell son propre lanceur le Titan 1. le 9 novembre, c' est le Titan qui prend le marché.

La première étape DS 1 a un peu évolué depuis le début. Le véhicule de 3 à 4 tonnes serait placé en condition de vol suborbital de type Titan 1 modifié. Près de 38 vols seraient réalisés d' avril 1962 à à 1965.
La seconde étape DS 2 reprendrait le même véhicule avec un lanceur plus puissant et une capacité mono orbitale à partir de août 1965.
La troisième étape DS 3 serait le véhicule opérationnel.
Le coût global des étapes DS 1 et 2 serait de 624 millions $ sur une période allant de 1960 à 1966.    

Mi novembre, des études supplémentaires sont demandées par l' USAF entre les concept Lifting body et planeur orbital. Une phase dite "alpha" qui en fait n' a rien apporté de plus dans la définition du programme. Le 1er avril 1960, le calendrier publié ne diffère pas beaucoup de celui de 1959. Le DS I admettait quatre objectifs:
_ l' exploration des conditions aérothermdynamiques maximales de l' enveloppe de vol;
_ l' investigation des conditions de rentrée;
_ la démonstration de la capacité d' atterrissage conventionnel;
_ la détermination des contraintes physiologiques subies par le pilote tout au long du profit de mission;
Le DS I restait suborbital avec une phase d' exploration basses vitesses à partir de juillet 1963 (largage d' un B 52 C) et une phase de tirs balistiques avec un Titan 1 dès novembre 1963 (5 vols automatiques depuis Cap Canaveral) et novembre 1964 (11 vols pilotés avec atterrissages sur trois sites différents: Iles Bahamas, îles Leeward et Brésil).
Le DS II A verrait un lancement avec un autre Titan plus puissant, qui propulserait l' avion jusqu' à 26 850 km/ h et 97 km d' altitude. Après un bond balistique jusqu' à 146 km, le véhicule rentrerait dans l' atmosphère et atterrirait à Edwards après un vol de 107 minutes.
Il y aurait un DS II B avec une capacité opérationnelle limitée et le DS III complètement opérationnel.
Au lendemain de la phase alpha, le programme peut s' engager. En avril 1960, Boeing est confirmé comme maître d' oeuvre du Dyna Soar avec Martin pour le lanceur.

Fin 1960, l' USAF décide de réunir les phases DS I et DS II A afin de gagner du temps et utiliser un lanceur plus puissant que le Titan 1. Le Titan 2 est proposé. Equipé d' un premier étage plus puissant (195 tonnes de poussée au lieu de 59), il utilise à l' instar de la version Titan 1 des ergols stockables facilitant une mise en oeuvre rapide. De plus le calendrier de développement du Titan 2 coincide avec celui du DS I, premier vol en mars 1962. Le 12 janvier 1961, l' USAF officialise ses changements.    

Avril 1961, le programme est revue à la baisse avec le début de la phase automatique reporté d' un an à août 1964. Le vol de Gagarine le 12 avril à bord du Vostock 1 oblige l' USAF à abandonner la phase des vols suborbital. Le lanceur Titan 2 n' étant plus d' actualité car pas assez puissant pour une mise en orbite, Boeing apporte son Saturn C 1. 
En fait le fait de vouloir développer le Dyna Soar le plus rapidement possible en oubliant les aspects pour lequel il avait été conçu, allait condamner l' avion spatial. Des remaniements dans l' organisation interne du ministère des armées amenèrent beaucoup de confusion dans le programme: quel était donc le but réel du Dyna Soar ?

Ce projet de réorientation du Dyna Soar, le "streamline" ne pouvait être mis en route sans le choix d' un lanceur. Trois étaient en lice, le Phoenix A 338 (premier étage solide de 340 tonnes de poussée et un second équipé d' un moteur J 2 de 91 tonnes de poussée), le Soltan une sorte de Titan 2 avec des boosters sur les cotés et enfin le Saturn C 1 plus fiable.
L' USAF s' oriente alors vers un lanceur standard pour son propre compte. A partir du Soltan, elle définit la famille Titan 3 avec une première version la Titan 3A, un titan 2 doté d' un étage d' insertion capable de placer 3200 kg en orbite basse. Le Titan 3 C serait développé pour le Dyna Soar DS I dans le cadre du "Streamline". Le 13 octobre 1961, le Titan 3 C devient le lanceur du DS I (9525 kg en orbite basse).   

1962, nouvelle orientation du programme. Fini le but premier du Dyna Soar, vive le planeur orbital. Le 23 février, le nouveau plan est accepté et le 19 juin, Dyna Soar devient le X 20.

Trop coûteux avec près d' un milliard $,  le X 20 était voué à l' abandon. Outre le fait que le programme national était sur la bonne voie avec l' envoi de Glenn en orbite en février à bord d' une cabine balistique, le défi se situait ailleurs vers la lune. Pour l' USAF, il fallait quitter les lieux la tête haute. Dans le même temps, les équipes de Boeing avaient réalisé une maquette à l' échelle du DS I qui fut inspecté par l' USAF et la NASA en septembre 1961.

 Les caractéristiques du DS I était les suivantes. Un planeur à aile delta (flèche de 72°) avec ailettes en bout, envergure de 6,17 m pour 10 ,77 m de long en tout et 4912 kg à vide (5166 en charge). La partie arrière abritait la jupe tronconique adaptatrice du lanceur ainsi qu' une fusée de 18 tonnes destiné à séparer le véhicule du lanceur en as d' urgence et lors des essais en vol à partir du B 52. Une soute au milieu du fuselage permettait l' emport de charges de 450 kg. L' ensemble de la cellules serait recouvert d' une protection thermique en alliage de colombium capable de résister à des températures de 1500 à 2370 °C.

Des pilotes sont sélectionnés dès 1959 pour le programme. James Wood, Russel Rogers et Henry Gordon tout trois major et le capitaine William Knight sont désignés par l' USAF tandis que la NASA prêtait trois de ces pilotes Neil Armstrong, Milton Thompson et Wiliam Dana. L' existence de cette équipe n' est rendue publique que le 20 septembre 1962 avec seulement 6 noms (Armstrong était parti vers Gemini et Apollo remplacé par Albert Crews).   

Fin 1962, le programme Dyna Soar prend encore du retard. Devant le succès des vols Mercury et le développement de la cabine Gemini comme tremplin pour Apollo et la lune (rendez vous en orbite, vol de longue durée, sortie dans l' espace), l' USAF commence à s' interroger sur les capacité de la cabine Gemini. Elle commande en janvier 1963 une étude entre Gemini et le X 20. 

De cette étude, les nouveaux dirigeants de l' Air force sortent une station orbitale à partir d' une cabine Gemini et lancé par un titan 3, le MOL Manned Orbiting Lab.

Le 10 décembre 1963, le Dyna Soar est définitivement abandonné. 410 millions $ ont été dépensés et 373 de plus aurait conduit au premier vol en 1966.

Ironie du sort, le MOL sera abandonné lui aussi en juin 1969 par l' administration Johnson après 1,2 milliard $ dépensé.

 

D' après le livre 'L' avion spatial américain" de Yves Candal.