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AU DEBUT ...

La station orbitale n' est pas né avec le début de l' exploration spatiale. Déjà presque 100 ans avant la première mise en orbite d' une station dans l' espace Saliout 1, l' écrivain Edward E Halle publiait "The brick moon" en 1870. Dans ce livre il imaginait un satellite artificiel de 60 m de diamètre placé sur orbite polaire à 7500 km d' altitude. En suivant le méridien de Greenwich, il permettait aux navigateurs sur mer de connaître leur chemin par la mesure de l' angle entre le satellite et l' horizon.

Au début du 20 eme siècle, le russe Constantin Tsiolkovsky proposait différentes idées originales de stations explorant l' atmosphère. Quelques unes de ces idées envisageaient de grandes constructions en métal capable de produire de la nourriture par un système écologique clos, de réaliser des expériences scientifiques et accueillir un équipage d' hommes et de femmes.

En 1923, l' allemand Herman Oberth suggère de créer une station orbitale permanente autour de la terre. Ces idées sont aussi reprises par le baron Guido Von Pirquet et l' autrichien Herman Noordung quelques années plus tard.

Pendant la seconde guerre mondiale, différentes études sont proposées utilisant les fusées comme véhicules de propulsion pour les "satellites" qui seront lancés pendant l' année géophysique de 1957-58. Dans ces projets, après les satellites, les Soviétiques et les Américains lanceront des hommes dans l' espace.

Le docteur Verner Von Braun qui a travaillé sur le V2 allemand est "récupéré" par les Américains à la fin de la guerre pour travailler sur le programme de fusées Américain. Adapter les fusées militaires au programme spatial était la méthode la plus simple et rapide pour atteindre l' espace. 

En 1946, une étude de Douglas Aircraft Cie propose un satellite scientifique destiné à étudier les rayons cosmiques, la gravitation, la géophysique, le magnétisme, l' astronomie et la météorologie. Deux ans plus tard, un article du "British Interplanetary Society" fait état de plateformes orbitales pour les observations astronomiques et la recherche en microgravité. Le vide spatial procurant des conditions idéales pour le matériel et les hommes d' équipage renouvelable tous les trois mois. 

En 1950, une réunion de spécialiste (Verner Von Braun, l' astronome Fred Whipple, le physicien Joseph Kaplan, le médecin Heinz Haber et des artistes) permet de développer des concepts permettant de justifier notamment la place de l' homme dans l' espace en ces temps de conflits terrestre (Corée et seconde guerre mondiale).
Différents articles de presse, livres sont publiés dans les années 50 sur l' exploration de l' espace, l' homme sur la lune et les stations orbitales.

En 1958, les Américains crée la NASA, National Aeronautic & Space Administration qui succède à la NACA plus particulièrement associé aux avions. La même année, un technicien de Convair propose une station orbitale développé à partir du missile Atlas. Ce "Outpost" permettait à quatre hommes de travailler dans l' espace et de revenir sur terre grâce à une cabine de type Mercury.

En juin 1959, Von Braun propose son projet Horizon une station militaire permanente sur la lune, laisant entrevoir l' utilité de l' observation, la reconnaissance à partir de l' orbite terrestre pour les militaires.
Avec le développement du lanceur Juno (qui deviendra Saturn pour Apollo), Von Braun appelle à utiliser les étages supérieurs du lanceur pour la création de grandes stations orbitales.  
Les buts à long terme de l' homme dans l' espace sont discutés en 1959 par la NASA après le programme Mercury et son astronaute occupant. Les discutions tournent autour de stations multi-équipage, de stations à équipage permanent, de bases lunaires et de vols vers la lune et enfin d' exploration vers les autres planètes.
A partir de ces discutions des études sont mis en route pour proposer une cabine de type Mercury mais avec deux hommes à bord pour des missions de deux semaines. Dans son budget de 1960, la NASA demande 2 millions $ pour ce projet.

Dans l' été 1960, le projet a évolué, la cabine étant maintenant prévu pour accueillir trois hommes et voler autour de la lune. Le 5 juillet, le comité des sciences déclare que l' homme sur la lune avant la fin de la décennie devra être une priorité pour la NASA qu' elle devra soumettre à l' approbation du congrès. Le 25 juillet le nom d' Apollo est adopté pour ce nouveau programme. Apollo sera le fer de lance de la NASA, il permettra outre le débarquement de l' homme sur la lune, la mise en place de station orbitale autour de la terre et pourquoi pas au delà la planète Mars. 
A cette époque, le laboratoire spatial appelé Apollo A envisage un adaptateur de 3,9 m de diamètre et 2,4 m de haut intercales entre la base du module d' équipement Apollo (qui deviendra le module de service) et le sommet de l' étage du lanceur Saturn.   

1961

Janvier, Mc Donnel Douglas propose à la NASA l' utilisation d' une cabine Mercury équipé d' un module cylindrique à l' arrière et habité par un homme évoluant "en bars de chemise" à l' intérieur. Un Atlas Agena assurerait la mise en orbite à 240 km d' altitude pour une mission de 14 jours. C' est le second projet de station orbitale depuis le lancement du spoutnik en 1957 après celui de General Dynamic Convair un lanceur Atlas transformé en station orbitale capable d' accueillir quatre hommes.

Le 25 mai, le président Américain John F Kennedy promet la lune avant la fin de cette décénie. Après le récent vol du soviétique Gagarine quelques semaines plus tôt et l' échec cuisant le la baie des cochons, le jeune président veut notifier l' Amérique sur un nouveau défi. Le but est la lune et Apollo permettra de le réaliser.

Octobre, en utilisant le matériel Apollo en développement, le centre de Langley propose "Apollo X" X pour Experimental comme les avions de la série X, un CSM avec une structure sphérique et un tunnel de liaison pouvant servir de laboratoire avec gravité artificielle.

28 novembre, un contrat de développement est passé avec North American pour la réalisation des modules de commandes et de service du vaisseau Apollo. Dans le même temps, il devient évident de maîtriser la technique du rendez vous spatial aussi pour aller sur la lune que pour les futurs programmes habités. 

Le 7 décembre, la NASA annonce le développement d' un vaisseau Mercury biplace dont l' objectif sera la réalisation de rendez vous dans l' espace avec des cibles lancées par des fusées Agena. Un programme qui sera rebaptisé Gemini le 3 janvier 1962.

Le programme Apollo va nécessiter la réalisation et la modernisation d' importantes infrastructures au sol comme le centre Marshall à Huntsville pour développer les lanceurs, la base de lancement en Floride et le centre d' entrainement Manned Spacecaft Center à Houston. Quand à savoir comment les Américains vont atteindre la lune, c' est une autre paire de manche. Trois techniques sont envisagées: le vol direct nécessitant un lourd lanceur au départ, le rendez vous en orbite terrestre EOR nécessitant deux lanceurs moyen et le rendez vous en orbite lunaire LOR apparemment beaucoup plus économique ne nécessitant qu' un seul lanceur moyen mais des manoeuvres risquée loin de la terre. Finalement c' est le LOR qui sera choisit le 11 juillet 1962. La société Grumman sera contracté pour la réalisation de l' engin qui permettra de faire alunir deux hommes sur le sol lunaire le Lunar Excursion Module, le LM.  

1962

Apollo devient donc un programme national avec un seul but, la lune avant 1970. Tout le budget de l' agence va passer dans Apollo et rien n' est prévu ni autorisé pour les années futures.

Le 20 août, le DoD, département de la défense annonce qu' il va développé le lanceur Titan 3, basé sur le Titan 2 et doté de propulseur à poudre totalisant 110 000 tonnes de poussée. Ce lanceur sera opérationnel en 1965 pour lancer l' avion spatial Dyna Soar. La firme Martin Marrietta assurera la fabrication du lanceur pour une somme comprise entre 500 millions et 1 milliards de $.

Fin de l' année, le centre des vols habité MSC étudie la possibilité de modifier le vaisseau Apollo CSM pour des missions en orbite terrestre d' une durée de 100 jours.

1963

Un rapport sur les futurs vols habités indique le besoin d' avoir une station orbitale pour 1970 afin d' assurer le soutien au lancement, la réparation de vaisseaux et un laboratoire scientifique. Cette station sera lancé en deux parties utilisant le lanceur Saturn C5 et assemblée en orbite. Six personnes en seront les locataires amené par un CSM Apollo modifié.

Mars, un rapport du comité des sciences et de l' espace indique que le but premier après la lune sera la station orbitale . La NASA et le DoD étant prête à discuter ensemble sur l' utilisation de l' espace pour des observations. Le MSC de Houston propose l' étude d' une station orbitale en utilisant le matériel Apollo. Elle pourra accueillir 18 hommes. Le 28, le DoD lance les première études de sa propre station spatiale le MORL le Manned Earth Orbiting Laboratory.

1er juin, le MSC propose à Lockheed Aircraft et Douglas Aircraft deux études sur des stations orbitales pouvant accueillir 24 hommes.  
24 juin, le centre de Langley Virginie, le LaRC sélectionne Boeing et Douglas pour le développement du MORL, la station orbitale du DoD. Elle abritera un équipage de quatre hommes changé fréquemment. 

16 juillet, chez Boeing à Seattle, 5 hommes commencent une simulation de 30 jours équipés d' un système de survie dans une des chambres à vide de la firme. Mais le test est arrêté 5 jours plus tard suite à un problème dans un réservoir. Ce test a permis d' évaluer les premiers équipement de survie autonome pour les vols de longue durée, comprenant un contrôle environnemental, un collecteur de déchet, des techniques pour l' hygiène et la nourriture et de confort. 
30 juillet, North American est contacté par le centre de Houston pour d' éventuelles modifications du vaisseau Apollo CSM pouvant évoluer 100 jours en orbite avec un équipage de deux à trois hommes et gravitant sur une orbite entre 160 et 460 km, le tout lancé par un Saturn 1B.

9 octobre, Douglas Aircraft propose le "Flying carpet" un système d' évacuation en urgence de la station en forme de soucoupe capable de ramener sur terre un équipage en détresse.
18 octobre, la NASA sélectionne 14 nouveau astronautes, portant le nombre d' homme en activité à 30. ce sont Edwin E. Aldrin, Jr., William A. Anders, Charles A Bassett II, Michael Collins, Donn F. Eisele, Theodore C. Freeman, et David R. Scott de l' Air Force; Alan L. Bean, Eugene A. Cernan, Roger B. Chaffee, et Richard F. Gordon, Jr., de la Navy; Clifton C. Williams, Jr., des United States Marine Corps; et R. Walter Cunningham et Russell L. Sckweickart, les seuls civils.

En novembre, un rapport indique le danger à exposer les hommes comme le matériel à des vols dans l' espace supérieur à une année. La modification du matériel Apolo existant étant souhaitable plutôt que le développement d' un autre matériel suite aux précédentes études de North American.

Le 10 décembre, le DoD annule son programme d' avion spatial le X 20 Dyna Soar et transfère tous ces efforts sur le MOL. Le Dyna Soar est né en 1957 en prolongement du programme X 15, dont le premier vol a eu lieu en juin 1959. En 1960, les militaires US imagine le X 20 lancé par un Titan 3, un Titan 2 avec un étage supérieur. le X 20 est un avion orbital le précurseur du Space Shuttle.
Au même moment, Mc Mamara, le secrétaire d' étét à la défense propose le MOL (mole), Manned Orbiting Laboratory une station orbitale pouvant accueillir 4 à 6 hommes pendant un an. Attaché au sommet d' un lanceur Titan 3, le MOL est un laboratoire de 12,4 m de long pour 3,4 m de diamètre. Au dessus deux astronautes prennent place dans une cabine Gemini (Blue Gemini). Le tout mesure 16,4 m de long pour 10 tonnes (dont 2200 kg pour la cabine). En orbite, la cabine reste attachée au MOL, les deux hommes passant dans le laboratoire par une écoutille à l' arrière du vaisseau aménagée dans le bouclier thermique. Le MOL devrait permettre de voir évoluer les deux astronautes en bars de chemise pendant 30 jours avec possibilités de sorties dans l' espace EVA. A la fin de la mission, le retour se fait avec la cabine Gemini laissant le laboratoire seul à l' abandon sans espoir de réutilisation.
Le but premier de ce programme est l' observation depuis l' orbite terrestre pour les militaires, l' équipage étant des astronautes typique DoD.

A la même époque, Von Braun suggère une série de mission pour "augmenter" le système de base Apollo et l' exploration lunaire. Ces missions rempliraient le trou entre les alunissage et la base permanente sur la lune.  

   

1964

Janvier, les études de définition sont suivies par la phase 2 avec deux contrats un pour le CSM supportant ses missions et l'  autre pour l' étude de différents concepts de modules laboratoires. 

Février, Lockkeed California remet une étude de station orbitale en rotation commandée par le centre de Houston avec un projet visant à mettre en orbite un équipage de 24 hommes en 1968. Le coût est estimé à 2 milliard $ sur 5 ans. Le lanceur Saturn 5 lancera la station qui sera opérationnelle entre 1 et 5 ans pour des séjours de 90 jours.

Mars, Edward Grey de l' office des vols habités demande au LaRC de préparer l' étude du MORL, le Manned Orbital Research  Laboratory. Il demande aussi au MSC de faire les mêmes études pour leur Apollo X, le ORL.

5 juin, trois firmes Douglas Aircraft Company, General Electric Company, et Martin Company reçoivent du DoD l' autorisation de commencer l' étude du MOL qui volera en 1967-68.

Juillet une étude de Douglas à la NASA recommande une station en rotation capable d' embarque 6 hommes pendant un an et ceux sur 5 ans. Ce sera un vaisseau Gemini ou Apollo qui assurera la liaison terre-station.  

14 août, le MSC propose le vaisseau Apollo X pour les missions en orbite terrestre de longue durée. La cabine avec un LM modifié sera capable d' emporter 2 astronautes pour des séjours de 14 à 45 jours. Le lancement serait assurer par un Saturn 1B sur une orbite à 370 km. Le CSM pourrait s' accoupler à des modules d' habitation pour des séjours plus long jusqu' à 120 jours configuration B avec trois astronautes et 45 jours d' occupation du laboratoire configuration C avec trois astronautes, 45 jours d' occupation et un double module laboratoire et la configuration D avec trois astronautes, 120 jours d' occupation.
Apollo X ne sera pas un concurrent du MOL de l' USAF mais ses objectifs seront plus scientifique que militaire.

Décembre, un sénateur demande au président Johnson que les fonds destinés au MOL soient réaffectés au programme Apollo X, les deux n' étant pas viable économiquement.
Le centre de Langley accorde des crédits à Boeing pour l' étude d' un télescope orbital pour des études du ciel et du soleil. Il pourrait être associé à la station MOL.