ELD, Ensemble de Lancement
Diamant à Kourou Guyane
La base algérienne
d'Hammaguir ne
pouvant plus être utilisée après le 1er juillet 1967, selon les accords
d'Evian de 1964, le CNES. doit rechercher une base de lancement pour
satellites utilisable au début 1967 au plus tard.
Le site idéal serait un site de lancement en zone équatoriale, qui permettrait
d'effectuer toutes les missions spatiales dans les meilleures conditions.
Pour sélectionner le site équatorial, c'est la division Equipement Sol de la
Direction Scientifique et Technique du CNES, qui mène l'enquête et qui
effectue une étude comparative de 14 sites équatoriaux.
En février 1964, la division Equipement Sol
remet ses conclusions. Le rapport a tenu compte de plusieurs critères:
- Possibilité de lancements polaires et équatoriaux.
- Proximité de l'équateur.
- Dimensions suffisantes pour assurer la sécurité des lancements.
- Existence d'un port en eaux profondes doté de moyens de manutentions
suffisants.
- Existence d'un aérodrome capable d'accueillir un long courrier (piste de
3000m).
- Distance aussi réduite que possible entre la base de lancement et l'Europe.
- Stabilité politique
Dans ses conclusions, le rapport de la Direction scientifique et technique du
C.N.E.S. établit un classement par points en fonction des critères de
sélection retenus. Cinq sites peuvent être envisagés, mais la Guyane arrive
largement en tête. Parallèlement, toujours en février 1964, un rapport
comparatif entre le Roussillon et la Guyane concernant l'implantation d'une base
de lancements spatiaux conclut à la supériorité du site Guyanais, malgré une
estimation de coûts d'investissement et de fonctionnement bien plus importants.
La Guyane est située entre 2° et 6° de
latitude Nord. Son territoire (90 000 km2) n'est peuplé que de 45 000 habitants
(en 1964). Sa côte orientée Nord-Est/Sud-Ouest permet une grande ouverture
d'axes de lancement au-dessus de l'océan Atlantique. De plus, elle est hors des
zones à risque de cyclones, de secousses sismiques et de raz-de-marée.
Enfin, elle possède une infrastructure relativement simple à adapter aux
besoins du futur Centre Spatial (routes, aérodrome, ports,
télécommunications, etc ..)
Construction des installations Diamant en 1968
Vue générale des installations
Diamant
L' ensemble de lancement
Diamant du CSG est implanté au Nord à 4 km de l' ensemble des fusées
sondes et à 17 km de Kourou sur la route nationale 1 (qui va jusqu' à St Laurent de Maroni). On tourne à droite et l' ensemble est à 1200 m. Il est
doté d' une disposition originale puisque l' aire de
lancement est dans le prolongement du hall d' assemblage. La tour de montage est
relié au hall d' assemblage par un sas mobile à travers lequel passent les
divers étages avant assemblage final du lanceur. Cette disposition permet une
protection constante contre les intempéries, de faciliter le montage et les
manutentions, de simplifier et d' améliorer les opérations de contrôle car
les mêmes équipements seront utilisés pendant la phase de préparation dans
la tour , puis la phase opérationnelle, et enfin d' améliorer le rendement des
équipes de spécialistes. "Le responsable du Diamant B avait donné comme
impératif catégorique : la longueur
maximale des câbles de contrôlescommandes du lanceur depuis le banc de contrôle
du hall jusqu’aux prises ombilicales ne doit pas dépasser 100 mètres.
Ceci m’a conduit,
en tenant compte de critères de sécurité à fixer la distance de 26,50 m entre
l’axe du DIAMANT
sur table et le mur du hall
d’assemblage" dira Michel Bouriaud,
concepteur des EL au CSG. La présence d’un sas mobile situéentre
le pignon du hall et la tour, permet de réaliser un ensemble protégé des
intempéries et entièrement climatisé.
Ce sas mobile n’est retiré que pour l’éection du premier éage et, comme la tour,
avant le lancement.
Les ouvrages et équipements de l’Ensemble de
Lancement comprennent la zone d’assemblage et de support et l'aire de lancement.
La zone d'assemblage et de support comprend :
_ Le hall d’assemblage, climatisé, directement relié par un couloir au bâtiment
de bureaux ; il
dispose d’un pont roulant. Le mur pignon et la porte côétable de lancement sont
renforcé et capables de supporter, en
cas d’explosion du lanceur, une poussée totale
de 2000 kN. Le banc de contrôle du lanceur, situé dans une aile du hall,
regroupe tous les équipements de contrôle commande et de mesures ; il utilise un
ordinateur T 1500 de Télémécanique, modèle souvent utilisé
dans l’industrie.
_ Le bâtiment de bureaux qui regroupe également
labos, magasin et salle de repos.
_ Le bâtiment des fluides ,
contenant les compresseurs d’air propre, des bouteilles haute pression d’azote
et de frén, ainsi que
tous les équipements de détente et distribution.
_ Le bâtiment énergie et servitudes comportant le poste
électrique et un local de stockage pour les conteneurs et autres matériels de
transport.
L'aire de lancement
comprend la table de lancement sur laquelle
repose le lanceur, équipée d' un double déflecteur de 27 m. L'étage L17 est posé
dessus par l'intermédiaire d'une couronne de maintien et de largage, équipée
d'une sangle à boulons explosifs. "Une maquette
de la table avec la couronne fut réalisée pour déterminer exactement les
positions des interfaces électriques et fluides."
Le mat ombilical de section
carré est haut de
27 mètres. il permet les liaisons ombilicales avec le lanceur garce à des prises qui
retombent au décollage dans des filets de protection et matelas.
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La tour portique de montage, construite
par Bordeaux Sud est situé
à 18 m seulement du hall d' assemblage et la protection contre une explosion de
la fusée sur son pad est prévue. La
charpente métallique est
revêtue d’un bardage composite en fibre de verre
laqué. Mobile, et supportée par des boggies posés sur rails, la translation est
réalisée par les moteurs hydrauliques HP des boggies ; la tour est retirée avant
le lancement. Cette tour climatisée est
équipée d’un pont roulant de 20 t, de trois
plateformes mobiles, d’un ascenseur, de
groupes hydrauliques et de climatisation, de réeaux d’air respirable et
d’incendie, et d’équipements de tééommunication et de
surveillance. Pour tenir compte d’une
possible évolution du lanceur, elle permet de recevoir un lanceur
de 2 m de diamètre et dispose d’une
réserve de près de 2 m en hauteur.
La climatisation des divers bâtiments est
obligatoire, car l' atmosphère en Guyane est particulièrement humide. Elle
est munie de plateformes de travail pour le montage du lanceur. Après
assemblage, elle recule de 50 m.
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Le sas mobile
accolé d' une part au hall d' assemblage et à la tour de montage
(hauteur 6,5
m, largeur 7,5 et longueur 18 m) permet le passage du L17 et son
redressement dans la tour de montage. Il est retiré par déplacement latéral
sur un chemin de roulement à 50 mètres.
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Le local pyrotechnique ,
situé à l’arrièe du chemin de roulement
de la tour, permet de stocker puis contrôler les petits matériels
pyrotechniques avant leur installation sur le lanceur.
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Le centre de lancement est
situé à 120 m du lanceur. Il abrite les personnels strictement
nécessaire pour la conduite des opérations de lancement, définies par le
programme et la chronologie. Ces personnels comprennent les équipes du
lanceur, celles du CSG en charge des moyens sol et de la sauvegarde et,
parfois un responsable du satellite.
Ce bâtiment climatisé fonctionne en circuit fermé, protégeant toutes les
persones des émanations provenant de l'extérieur. De forme rectangulaire
du type blockhaus, il est conçu pour assurer une haute protection du
personnel ; il est protégé contre une explosion
du lanceur ainsi qu’à la retombée de la baie
de propulsion et du moteur du premier étage, à la vitesse limite (7
tonnes par mètres carré). Construit en béton armé, il comporte une porte
blindée, une dalle de toiture de forte épaisseur recouverte de 1,20 m de
sable, et des talus sur les côtés. A
l’intérieur, se trouve le PC de
lancement avec les pupitres de contrôles commandes du
lanceur, et ceux des moyens sol et de la sauvegarde ; il dispose
également de locaux techniques et de quelques bureaux. le tout sur 3
niveaux. |
Deux avitailleurs- remorques,
l’un pour l’UDMH et l’autre pour le peroxyde
d’azote, ont été étudiés et construits pour les
besoins de deux programmes : Diamant B, pour le premier étage et Europa II, pour
le deuxième et le troisième étage. Il
s’agit de matériels de haute technologie,
qualifiés au LRBA de Vernon pour ces ergols toxiques et corrosifs. Chaque
avitailleur dispose de deux cuves (6000 et 3000
litres), d’un groupe de pompage, d’un groupe
de rérigéation, d’un neutraliseur de vapeurs
toxiques, de deux compteurs de débit
et d’un ensemble d’éuipements de contrôe-commande.
Lors des opérations de préparation et de remplissage, les opérateurs portent des
tenues de protection étanches, alimentées en air frais et munies de matériels de
communication. En dehors des opérations de remplissage des étages, les
avitailleurs sont garés dans la zone de
stockage des ergols
toxiques, située à distance de sécurité de la zone d’assemblage Europa II.
Principaux industriels de cette réalisation sont pour
l'infrastructure et bâtiments : Dumez, la tour, mât ombilical, table, sas,
charpente métallique du hall et ponts roulants : Bordeaux-Sud, les réseaux et
équipements électriques : Clemessy et les avitailleurs : Comsip. Les travaux
démarrés dans l'été 1967 sont terminés et opérationel pour janvier 1970
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1/ Le centre de lancement,
le blockhaus climatisé et équipé de portes blindées. Il est situé à 120 m
de la table de tir et peut résister aux impacts d' une surpression accidentelle
de 0,7 bar.
2/ Les bureaux et la salle
de repos.
3/ Le bâtiment de
servitudes pour la transformation et la distribution d' énergie, le stockage
de matériels, chariots et bâtis spéciaux.
4/ Le hall d' assemblage,
entièrement climatisé et doté d' un pont roulant de 30 tonnes, d' ateliers de
mécanique et d' électricité.
5/ Le mur pare souffle muni
d' une porte blindée. Il est capable de résister à une pression de 5 tonnes
par m2. haut de 10 m, il est épais de 50 cm.
6/ Les équipements
analogiques tel que le contrôle électronique.
7/ Le groupe fluide servant
à l' alimentation en gaz azote, fréon et air comprimé.
8/ Le sas mobile haut de 6,5
m, large de 7,5 et long de 18. Il est retiré après l' érection du premier
étage.
9/ Le chemin de roulement
du sas.
10/ La table de lancement
avec double déflecteur de 27 m.
11/ Le lanceur Diamant.
12/ Le mat ombilical haut de
27 m.
13/ La tour de montage
mobile climatisée (305 tonnes) haute de 34,2 m et large de 10,3. Elle est
équipé d' une grue sur pont roulant culminant à 30,5 m. Elle se déplace à
la vitesse de 5 m par minute.
14/ Le chemin de roulement
(8,9 m d' entre axe).
15/ Le local pyrotechnique.
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En 1976, les
installations Diamant sont mis en sommeil comme le CSG. En 1978, l' ELA 1 prend
le relais des lancements avec le lanceur Ariane et les pad Diamant sont
définitivement abandonnés. La légion étrangère y installera ses quartiers
dans certains bâtiments de même que la brigade de gendarmerie mobile puis au milieu des années 1990, le site devient la
Station de Transit des Déchets (STD), centre de regroupement et de
conditionnement des déchets industriels spéciaux DIS et banals DIB avant
l'envoi en Métropole pour l'élimination et la valorisation. Depuis
quelques années, le CSG dispose de moyens spécifiques pour gérer les déchets
industriels produits par les entreprises de la CISG (la Communauté Industrielle
et Spatiale de Guyane produit environ 360 Tonnes de déchets par an). Des anciens locaux désaffectés sont utilisés
pour un pré-tri.
Avec Ariane 3,
le lanceur se retrouve apparié de 2 propulseurs à poudre PAP pour assister le
décollage et ainsi augmenter la charge utile à mettre en orbite. Ces PAP
retombaient dans la savane après 28 secondes de fonctionnement. ils étaient
rapatriés au CSG, examinés puis stockés sur le pad Diamant. ici ceux de V15 en
1985.
Pour les 25 ans de Diamant B,
photo de famille au pied du pad.
Le site Diamant
en 2000. On aperçoit au fond la zone où sont stockés les carcasses des PAP
d'Ariane 4
Le pad de tir
Diamant en 2003 et aujourd'hui... en 2020
Février 2020, Eiffage Démolition
commence la démolition du portique d'assemblage. Ce bâtiment métallique de 35 m de hauteur sera abattu
selon la méthode d’abattage à l’explosif par basculement.
En pratique, des charges creuses seront utilisées dans l’optique de l’abattage
sous-traité à Melchiorre. Une fois au sol, le hall sera découpé par les équipes
d’Eiffage Démolition à la pelle hydraulique. Une machine de 50 t au bras de 25
m, accompagnée d’une pelle de 25 t en appui, et équipée de cisailles à ferraille
en mesure de couper des H de 350. «
Eiffage Démolition aura un mois de préparation pour vider le
hall de son process en partie basse. Une semaine sera ensuite nécessaire à la
mise en place des charges creuses avant de procéder à l’abattage. Le débitage
des quelque 400 t de ferrailles incombera, là encore, à Eiffage
». Le chantier se poursuivra sur une période de quatre mois. En plus du hall
d’assemblage, les équipes de travaux d’Eiffage Démolition auront à réaliser la
déconstruction de petits bâtiments annexes. En mars, la crise sanitaire et le
confinement en Guyane arrête le chantier qui ne reprend qu'en septembre. Le
portique est entièrement dépouillé avant de tomber définitivement le 6
novembre. Les grosses poutres sont ensuite
coupés à la cisaille ainsi que celle du sas mobile. Le bunker, en forme de
trapèze restera pour le moment en état mais ne servira pas pour les nouveaux
projets du CNES. Le site Diamant, une fois détruit servira pour
le projet Callisto et Themis en
réhabilitant le hall d'assemblage en relatif bon état. Ce bâtiment servira pour
abriter le ahll destiné au projet Callisto. Callisto est un démonstrateur de lanceur réutilisable dans
lequel sont impliquées les agences spatiales de trois pays : la France,
l’Allemagne et le Japon. Son acronyme signifie Cooperative Action Leading to
Launcher Innovation in Stage Toss-back Operations, soit Action concertée menant
à l’innovation du lanceur pour des opérations de retour. L’objectif est de
valider un certain nombre de choix techniques dans le cadre d’un vol d’essai
consistant à propulser un véhicule spatial de 15 mètres de haut à près de 50
kilomètres d’altitude. Celui-ci doit montrer sa capacité à réaliser toutes les
manœuvres de mise en orbite d’un satellite, puis de revenir sans mal sur Terre
sur son pas de tir ou d’une aire d’atterrissage. Et d’être réutilisable 5 fois.
Themis, beaucoup plus tard sera un autre démonstrateur
technologique, un projet du CNES et la DLR avec ArianeGroup, une plateforme
destinée à préparer les « lanceurs du futur », c’est-à-dire les
prochaines fusées civiles européennes. Le but de Themis est de démontrer la
faisabilité d’un premier étage réutilisable. L’engin ne partira pas d’une
feuille blanche : les technologies développées pour Callisto lui profiteront.
Côté motorisation, il profitera de Prometheus, le moteur réutilisable à « très
bas coût » qui équipera les futurs lanceurs européens vers 2030 — y
compris Ariane 6, dont la carrière opérationnelle débutera mi-2020 avec un
moteur Vulcain. Themis sera un engin de grande taille : il est annoncé comme dix
fois plus gros que Callisto et les premiers vols de test sont évoqués pour 2025.
Themis n’a toutefois pas vocation à devenir un lanceur opérationnel : il s’agit
plutôt d’accumuler de l’expérience et des données utiles pour préparer l’avenir
d’Ariane. En clair, le savoir-faire obtenu grâce à Themis devrait servir à
Ariane 6… ou à son successeur. |