Jupiter, c'est le CDC (Centre De Contrôle),
la tour de contrôle où on centralise la gestion de Tous les moyens, qu'ils soient lanceur et
surtout sol (télémesure, radars, stations aval, météo, énergie,
optique/vidéo, etc... Les bâtiment du CSG ont des noms de planètes et autres
astres, et le CDC est en bâtiment Jupiter.
Jupiter 1 construit en 1968 est le CDC qui a connu les fusées sonde,
Diamant, Europa, Ariane 1, 2, 3 et une partie des Ariane 4. Il est situé à 15
km des ELA à l' entrée du centre technique du CSG. Pour le premier
lancement de fusées Véronique en avril 1968, c'est le bâtiment "Météo", en
bordure de la RN1 qui abrite le CDC.
Jupiter en 1970
Centre nerveux de la mission, la salle Jupiter
est une véritable tour de contrôle située au 3eme étage d'un des principaux
bâtiments du Centre Spatial Guyanais. A l'heure du lancement, l'ensemble de
l'autorité opérationnelle, technique et institutionnelle y est rassemblée.
Face à un mur chargé d'écrans et de voyants, elle comporte cinq rangées de
pupitres qui accueillent, trois heures avant le tir, les personnages clés
concernés par le lancement.
La salle Jupiter pour Europa 2
avec ses 3 écrans TV, 2 tables traçantes pour reconstituer la trajectoire et ses
2 panneaux montrant les informations sur la progression de la préparation et du
vol. Le chef de mission CM est installé dans la salle près du DDO et assisté par
des experts et collaborateurs. il communique avec le DDO et l'officier des
opérations ELE.
La salle Jupiter, du temps de Diamant B,
dans les années 1970, avant les premiers vols
Ariane. On y trouve une dizaine d'ingénieurs et responsables, avec en première
ligne, le CM (chef de mission), le DDO (directeur des opérations) et son
adjoint, l'adjoint localisation, l'adjoint transmission, l'adjoint télémesure et
le directeur du CSG.
Jupiter du temps de L01
La salle Jupiter, ce sont une quarantaine
d'ingénieurs, contrôleurs et responsables alignés sur 4 rangés de 10 postes
pupitres constellés de voyants lumineux. Chaque pupitre a sa propre barrette
de décompte du compte à rebours. En 4e ligne, enfermés dans des cages de
verres se trouvent les responsables des stations Aval. En 3e ligne, les
hiérarques du lancement: directeur du CSG et directeur technique. Seconde
ligne, les "actifs" du lancement avec au pupitre central, le DDO, son
adjoint; à sa droite, les responsables opérationnels des moyens de mesure
(radars, télémesure, ciné-télescopes, caméras), les responsables logistiques
énergie externe et interne. A sa gauche, le CM (chef de mission, en liaison
directe avec le COEL dans le CDL. En première ligne, les servants des
panneaux qui synthétisent les informations parvenant à la salle. Un panneau
de bord indique, secteur par secteur, l'état des différentes fonctions,
comme le lanceur, les moyens de mesure du CSG avec ses 5 radars, 5 stations
de réception, 2 ciné-télescopes et les caméras proches du lanceur qui le
filme pendant son envol, le réseau de communication, le réseau EDF et de
"secours" ainsi que la sauvegarde et la météo. Le nom de chaque fonctions
figure sur des larges plaques de verre rectangulaires, dont la couleur,
est soit vert soit rouge indiquant
l'état des systèmes.
Il n'y a pas une entité qui prend la décision de lancer. Par
contre une entité peut prendre la décision de ne pas lancer si son rouge
n'est pas impassable. Il y a aussi un tableau qui sert uniquement en phase de
vol, montrant les événements du vol, décollage, fin de propulsion du premier
étage, séparation 1-2, allumage second étage, largage coiffe, fin de
propulsion second étage, séparation 2-3, allumage 3e étage, fin de
propulsion 3e étage, séparation du satellite.
Le tableau des phases de vol en salle
Jupiter, normalement qui passe en vert séquentiellement à chaque
événement
Jupiter lors du vol L6
:Marius Lefèvre, directeur du CSG à l'époque, au centre en chemise rayé bleu
Jupiter 1 pour L6 en 1982: premier rang,,
seconde place, Payet, CM et Beguin, à coté, DDO.
Dans la salle des opérations du centre de
lancement, sur les différents CDL, à bonne distance, mais relié en permanence au DDO, le COEL, chef
des opérations de l'ensemble de lancement, est responsable du lanceur et de
toute la préparation du tir. Le DDO est également en contact continu avec les
9 spécialistes qui auront à donner leur feu vert avant HO et qui contrôlent
respectivement la télémesure, la transmission, la localisation, la
synchronisation, l'optique, la météo, le contact avec les stations aval, la
logistique et la sauvegarde. En cas de problème, le DDO peut se retourner vers
les personnes situées derrière lui et qui constituent l'autorité technique:
sont notamment présents le directeur général du CSG, le directeur des
lanceurs du CNES, le président ou le directeur général d'Arianespace, de
l'Agence spatiale européenne et les représentants des principaux industriels
qui travaillent sur le lanceur et les délégués des sociétés auxquelles
appartiennent les satellites.
Avec l'arrivée d'Ariane 3 en 1984, la salle
est modernisée; les écrans de télévision sont remplacés par des vidéoprojecteur
diffusant sur 3 écran géant.
A l'arrière de la salle, derrière une vitre,
52 fauteuils en gradins peuvent accueillir VIP et invités pour le lancement
Le dernier vol fait depuis
Jupiter 1 était V81 le 6 décembre 1995.
JUPITER 2
La construction du centre Jupiter 2 commence à
l'automne 1994. Il fait partie de la modernisation du CSG, le programme CSG 2000
entrepris depuis 1991 visant à accueillir Ariane 5
Depuis, Jupiter 2 a repris le flambeau, dès
V82 le 1er janvier 1996. Jupiter 2 est un CDC moderne, pensé dans le projet
Ariane 5. Il couvre 2600 m2.
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Chaque poste en
Jupiter est ainsi doublé afin de faire face à un problème humain. La
disposition des postes répond à une organisation opérationnelle très
précise. Le Centre de Contrôle Jupiter est en fait composé de trois
salles, physiquement séparées par une vitre :
La première salle, devant le mur d'images
dite "Autorité Opérationnelle", réunit les équipes
opérationnelles, en charge du pilotage des opérations et placées sous
la responsabilité du Directeur des Opérations DDO du CNES/CSG, les
équipes satellites et le Chef de Mission Arianespace.
Le premier rang réunit les responsables
- télémesure RTM (Coordonne l’ensemble des moyens de télémesure,
antennes et stations de poursuite aval, assure le Contrôle Visuel
Immédiat CVI, le Contrôle Visuel Sauvegarde et Le Contrôle Visuel
Différé à H+6 heures). Les données du vol sont transmises au Centre de
Traitement de la Télémesure de Toulouse pour exploitation.,
- localisation RLOC (Coordonne les activités radars et la fourniture de
deux trajectoires indépendante pour la sauvegarde),
- télécommunications RTEL (coordonne l’ensemble des moyens télécoms
au profit de la Base et des équipes satellite et assure les moyens de
communication entre les stations aval et le CSG et fournit les lignes
spécialisées reliant le satellite à son banc de contrôle)
- optroniques ROMS (coordonne les activités de l’ensemble des moyens
optiques et vidéo, fournit les images du lanceur au décollage et jusqu’à
perte de visibilité et les images de synthèse).
Au second rang, sur le côté gauche, nous avons
- les adjoints logistique ALOG (responsable de la fourniture en énergie
des différents moyens et de la climatisation des locaux impliqués dans
la chronologie. Responsable des moyens de manutentions et de
transports.,
- adjoint mesures AME (Coordonne les activités du système mesures
(télémesure, localisation, trajectographie, télécommunications et
optronique). Il s’appuie sur les responsables opérationnels pour
assurer sa mission.
- adjoint qualité AQB (Trace les non conformités et
dysfonctionnements et suscite leur traitement par une analyse de risque.
Centralise les fiches d’incidents au profit des autorités techniques et
opérationnelles).
Au milieu du second rang, un homme qui assume la conduite des évènements le
DDO, autrement dit, le directeur des opérations, DDO membre du CSG. L'assistent
dans cette fonction un DDO adjoint (à sa gauche) et deux autres personnes capitales qui font
partie d'Arianespace dans la salle Jupiter, le CM, chef de mission, et son
adjoint pour la
responsabilité des satellites. Le côté droit rassemble les clients
satellite.
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La seconde salle est
"l'autorité technique".
Elle vient en support de l'Autorité Opérationnelle et joue le rôle de conseil
en cas de crise technique. Tous les pupitres situés à gauche et au centre du
3ème rang restent à l'écoute des différentes informations ou conférences
liées à la chronologie sans intervenir. Sur l'extrême côté gauche, isolé
se trouvent au 3eme rang le chef de projet production Ariane CPAP et la Sous
Direction Sol de la Direction des Lanceurs (DLA/SDS) Autorité de conception
des installations de lancements et au 4eme rang le Bureau de Coordination
des Opérations (BCO), les responsables du temps Responsables Synchro et
Gestion de Configuration Centre de Contrôle (RSY/GCC).
Au centre, sur la 3eme rangé se trouve l'Autorité technique CNES et les
chefs de service (QF, ST, OP, ME, TI) et le sous directeur des opérations
SDO. Derrière, le responsable ESA, Sous-Directeur Protection et Sauvegarde
(SDP) et le directeur du CNES-CSG qui est responsable de l'application des règles de
Sauvegarde Vol vis-à-vis des pays survolés.
A droite, au 3eme rang, le haut fonctionnaire de sécurité et défense du
CNES et l'Agence spatiale européenne, au titre de la Direction de Programme
Ariane et en tant que co-propriétaire des installations sol, les clients
satellites et Direction Commerciale et Communication Arianespace. Derrière,
se trouve la cellule de vol DLA (Direction des lanceurs) et Arianespace
chargé de prendre la décision
technique de lancement transmise au Directeur des Opérations par
l'intermédiaire du Chef de Mission en cas de crise. |
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En situation
nominale, selon le terme consacré, c'est à dire lorsque la chronologie
se déroule conformément aux procédures, sans incident notable sur la
configuration et avec une météo favorable, les opérations de la Base de
Lancement sont pilotées par l'équipe opérationnelle autour du Directeur
Des Opérations (DDO). Ce dernier, assisté des adjoints Mesure,
Logistique et Qualité et des responsables opérationnels attachés à ces
adjoints, déroule les procédures et effectue le pilotage de la base de
lancement et de la mission sauvegarde. Pour ce faire, il s'appuie
également sur deux autres adjoints qui ne se trouvent pas en salle
Jupiter en chronologie de lancement : l'adjoint Météo et l'adjoint
Sauvegarde Vol. De son côté, le Chef de Mission (CM) fournit au DDO
l'état des systèmes lanceur, ensemble de lancement et satellites qui lui
est délivré d'une part par le Chef des Opérations Ensemble de Lancement
(COEL) situé au Centre de Lancement, et d'autre part par les Directeurs
de Missions Satellites (DMS). L'utilisation d'un système d'interphonie
opérationnelle permet au DDO une coordination complète des opérations
avec ses adjoints, le chef de mission et le COEL.
Dès lors que se produit un événement qui
peut impacter le déroulement de la chronologie (panne d'un système
opérationnel, météo défavorable, accident, retard opérationnel
avéré, problème satellite…), l'Autorité Opérationnelle fait alors
appel à l'Autorité technique et/ou à l'Autorité de Décision (Cellule
de vol et Directeur du CNES/CSG) selon le cas, pour statuer ensemble sur
la marche à suivre. Au final, après analyse de la situation et
déploiement du plan d'actions adéquat, la décision s'organise en deux
temps :
Autorisation de lancement.
Le Directeur du CNES/CSG, s'appuie sur l'autorité technique, le Directeur
des Secours et les équipes opérationnelles, pour autoriser le lancement.
Pour cela, l'ensemble des moyens techniques doit être prêt pour que la
sauvegarde (sécurité des personnes et des biens) puisse assurer sa
mission. Celle-ci tient également compte de certains critères météo
incontournables (vent à la plage et en altitude, risque de foudroiement).
..
Décision de Lancement.
La Cellule de Vol décide que tous les critères techniques du lanceur et
des satellites, et que les conditions de la météo vis à vis du lanceur
sont réunis pour décider le lancement, une fois l’autorisation de
lancement accordée. Le DDO intègre autorisation et décision de
lancement afin de poursuivre ou interrompre la chronologie.
Une première partie des équipes arrive en
salle Jupiter à H0 - 10 heures," indique Pierre Ribardière.
"La mise en configuration des moyens de la base s'effectue dès H0 -
6 h et c'est véritablement à partir de - 4 h 30 que démarrent les
premières opérations coordonnées à partir de Jupiter"
précise-t-il. Chaque responsable opérationnel déroule alors sa
procédure de vol, vérifiant que tous les moyens sont disponibles,
surveillant les étapes clés de mise en oeuvre de ces moyens,
transmettant les comptes rendus des différentes étapes au DDO.
Coordonnant l'ensemble des activités opérationnelles, celui-ci reçoit
également, par le truchement du chef de mission, les comptes rendus du
COEL, situé au Centre de Lancement et ceux des équipes satellites.
Toutes ces informations collectées en temps réel, au fur et à mesure du
déroulement des opérations, permettent au DDO d'avoir une vue à la fois
globale et synthétique, de l'état des moyens (Base, lanceur et
satellites) concourrant au lancement. Les responsables opérationnels sont
en interface avec leurs équipes sur le terrain et font remonter
l'information au DDO.
Tout ceci se poursuit jusqu'à H0 - 22
minutes, étape clé de la chronologie où l'on s'assure que tous les
voyants sont "au vert", en faisant un état des moyens de la
base, du lanceur et des charges utiles. A H0 - 20 minutes, le service
météo effectue un compte-rendu sur l'état de la météo, tenant compte
des critères particuliers de vitesse et direction des vents, risques de
foudre… liés aux contraintes sauvegarde. Comme l'explique Emmanuel
Sanchez, Directeur des Opérations au CNES/CSG, "la séquence finale
lanceur qui dépend de la configuration de remplissage en oxygène liquide
de l'Etage Principal Cryotechnique peut débuter dès H0 - 16 minutes.
Le DDO permettra l'entrée en séquence
finale lanceur si tous les comptes rendus d'état sont verts (d'où les
rendezvous précédents à - 22 min et - 20 min). Dans le cas contraire il
arrêtera le temps décompte. Une fois la séquence finale lanceur
démarrée, et jusqu'à H0 - 4 min 10, le DDO peut encore interrompre
manuellement la chronologie si un système passait au rouge". A
partir de H0 - 4 min 10, c'est la "synthèse automatique". Les
ordinateurs prennent le relais du DDO pour stopper le décompte si un cas
de panne se produit. A partir de - 7 secondes, il n'est plus possible
d'arrêter la chronologie, c'est le lanceur qui pilote...
En chronologie positive, c'est à dire
après H-0, contrairement à la cronologie négative de H-10 heures à
H-0, les 8 premières minutes représentent ce que l'on appelle la
"Mission Sauvegarde Vol". Les ingénieurs sauvegarde suivent le
lanceur, grâce notamment aux données de trajectoire issues des radars et
de la télémesure. Si le lanceur s'écarte de sa trajectoire ou se
retrouve dans l'incapacité de rejoindre son orbite, c'est à dire qu'il
pourrait présenter un risque pour les populations, le responsable
sauvegarde prend la décision de le neutraliser par télécommande.
"Le reste de la chronologie positive est dédié au suivi du vol, à
la séparation des satellites, jusqu'à la fin de mission située après
la passivation de l'étage supérieur du lanceur" explique Philippe
Rolland, Chef de Mission Arianespace "le diagnostic de satellisation
est alors fourni aux Clients pour leur confirmer que les paramètres ont
été atteints conformément aux prévisions." Si la chronologie
négative est la partie la plus longue des opérations déroulées en
salle Jupiter, l'attention ne se relâche pas pour autant au H0. Le
suspens continue de croître jusqu'à l'annonce de l'injection sur orbite
des passagers d'Ariane.A ce moment là, bien sûr, l'ambiance change
radicalement dans le centre de contrôle : sourires, congratulations,
poignées de main et distribution de cigares… viennent marquer la fin de
longues heures de concentration et le début, pour certains, d'une soirée
festive pour une mission réussie.
Rouges
et Verts
En chronologie, chaque opérateur informe la hiérarchie opérationnelle
de l'état de préparation ou de disponibilité du moyen ou système dont
il a la charge. C'est ce que l'on appelle le "compte rendu
d'état" (CRE). Ce compte rendu peut alors prendre deux valeurs : -
Un compte rendu Vert signifie que l'état du moyen concerné lui permet
d'exécuter sa mission conformément à la chronologie en cours. - Un
compte rendu Rouge peut informer que le moyen n'est pas encore activé, ou
que la liaison de support du compte rendu est interrompue, ou encore que
l'état de préparation de ce moyen n'est pas conforme. Une anomalie
provoque la tenue d'une commission technique de traitement des incidents (CTTI),
présidée par le Sous-directeur des opérations, qui rend compte au
Directeur du CNES/CSG. Il arrive également, selon les circonstances et le
moyen ou système concerné, que l'on décide de faire une impasse sur un
compte rendu. (Cf. encadré incidents et impasses). |
La salle de conférence ou VIP, située au premier étage derrière la salle de
contrôle, permet d'accueillir 232 invités au moment des lancements. Equipés
d'écouteurs, avec une traduction en plusieurs langues, les invités peuvent
suivre les commentaires techniques ainsi que la vidéotransmission sur le mur
d'images de 3,2 mètres sur 4,2 mètres. Ils peuvent ainsi suivre la chronologie
en direct, observer le Centre de Contrôle et se rendre sur les terrasses
panoramiques extérieures pour assister au décollage.
Au deuxième étage, le Centre de Presse Ecrite est équipé de 31 postes de
travail dans 3 espaces munis de moniteurs et d'horloges opérationnelles.
Le troisième étage se divise en cabines destinées à la Presse
Audiovisuelle, les commentateurs techniques de la vidéotransmission et les
interprètes. On y trouve également le Centre d'Animation et d'Information
(C.A.I.) qui gère tout le système sono et vidéo du bâtiment.
La fin d'Ariane 5 en 2023 ne
sonne pas pour autant la fin de la salle Jupiter puisque son successeur Ariane 6
prend la relève en 2024.
Tableau des "vert" mis à jour et modernisé pour Ariane 6
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