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CHRONOLOGIE ARIANE

1982

Après le succès du L04, l' ESA peut commencer les tirs dits de promotion L5 à L10 avec des charges de l' ESA notamment. Dès L11, C' est la société Arianespace spécialement crée qui assurera la commercialisation du lanceur.

L5

Février, le tir L5 initialement prévu le 23 avril avec Marecs B et Sirio est repoussé de deux mois suite aux modifications à réaliser sur le satellite Marec. Les satellites ECS d' Eutelsat doivent aussi être modifiés comme les Marec et eux aussi seront lancés par Ariane. Conséquence aucun satellite n' est donc disponible pour un lancement. Le satellite compagnon Sirio 2 ne peut être lancé seul, il faut donc attendre. L5 utilisera pour la première fois le SYLDA système de lancement double une structure en Carbonne en forme d' oeuf permettant de loger deux satellites sous la coiffe et de les séparer un par un.

Le SYLDA en intégration au SIL des Mureaux pour le vol L5

Mi mars, l' ESA annonce un report de 2 à 3 mois du vol L5 suite aux modifications du satellite Marecs B. En effet le premier Marecs lancé par Ariane l' an dernier a eu quelques problèmes après sa mise en orbite, son système de télémesure-télécommande étant affecté par des décharges électrostatiques du au soleil dont l' activité solaire à augmenter depuis le début de l' année. Des mesures correctives ont été prises sur Marecs A mais il s' avère nécessaire de modifier Marecs B avant son lancement.

Le 28 avril, l' ESA annonce que les modifications des satellites par British Aerospace seront plus longue que prévues. Le lancement est repoussé à septembre.

Le 20 mai, l' ESA annonce le tir L5 pour le 10 septembre, la campagne de lancement débutant le 2 août. L5 et L6 seront les deux seuls tirs de l' année. Le tir L6 est prévu pour février 1983 avec ECS 1 suivit de trois lancement de satellites pour Intelsat L8, L9 et L10 s' ils sont prêt et L11 en fin d' année pour ECS 2.
19 lanceurs Ariane sont en fabrication pour 16 clients qui ont réservés ferme leur place. 36 charges seront lancés d' ici fin 1986. Les Ariane sont fabriquées au rythme de 4 à 5 fusées par an, la production devant augmenté à 8 d' ici 1985. Les deux lanceurs L6 et L7 seront recettés au SIL au Mureaux dans les jours prochains.  

Juillet, l' ESA publie son nouveau calendrier. 6 tirs sont programmés en 1983, L7 à V 12, 4 tirs en 1984, V 13 à 16, 9 tirs en 1985 V 17 à 25 et 10 tirs en 1986 V 26 à 35.

La charge utile du vol L5 en PF8 de l'ELA: Sirio 2 est dans le Sylda et Marecs au dessus

   

Le 10 septembre, tout est prêt à Kourou. Il est 23 h 12 locale lorsque L5 s' élève dans le ciel noir de Guyane. Les tirs de nuit au alentour de minuit sont nécessaire pour que les manoeuvres de correction et de placement du satellite soit plus précises. En effet lors de l' injection en orbite de transfert GTO le soleil est de l' autre coté de la terre presque à l' opposé. Lorsque le moteur d' apogée est allumé 12 heures après pour circulariser l' orbite, le soleil a tourné et se retrouve de l' autre coté ce qui accroît la précision de pointage, économise du carburant et donc rallonge la durée de vie du satellite.
Le vol des deux premiers étages sont nominaux. Le troisième étage s' allume sans problème et au bout de 4 mn la trajectoire baisse, apparemment le moteur s' est arrêté, l' étage est en train de retomber. La charge utile Marec B et Sirio B chute sur un point localisé par 16° O et 1° S à 500 km au Nord de l' île de l' ascension. Comme il sera impossible d' aller récupérer quoique ce soit là-bas, ce sont les données de télémesure qui diront peut être se qui s' est passé.

1982 L5 Marecs.jpg (147456 octets)

Le 10, les bandes enregistrées arrivent à Kourou. 562 secondes après son allumage, le moteur HM du H8 s' est arrêté. A Kourou, une centaine de personnes réparties en sept groupes de travail s'attaquent aux données pour dégager les explications. Très vite il apparaît que la cause finale de l'arrêt du moteur est la rupture des engrenages qui lient l'arbre qui porte les roues de turbine et la pompe hydrogène d'une part et l'arbre qui porte la pompe oxygène d'autre part. L'arbre de turbine tourne à 62 000 tours par minute, plus de 1 000 tours par seconde, et l'arbre oxygène tourne à 13500 tours par minute. La turbine entraîne le tout bien entendu. Si les engrenages sont détruits, la pompe à oxygène s'arrête, le générateur de gaz cesse de fonctionner. Il ne reste plus qu'une poussée résiduelle liée à la pression des réservoirs qui continue à chasser les ergols dans la chambre de combustion. L' étage est à ce moment à 190 km d' altitude et à une vitesse de 7000 m/s, il en manque 3500.

Le 13 septembre, à la SEP, responsable de la propulsion du troisième étage, treize groupes de travail sont créés dont les objectifs vont de la recherche brute de l'explication de L'accident L5 jusqu'à l'examen de l'ensemble des points qui peuvent rester critiques sur tous les systèmes propulsifs des trois étages des prochains vols. De leur côté, l'Agence spatiale européenne et le CNES créent une commission d'enquête composée d'experts européens.

Le 15 octobre, la Commission remet ses conclusions. L'hypothèse la plus probable expliquant L5 est une " détérioration des engrenages de la turbopompe due à une combinaison des facteurs suivants une lubrification insuffisante des engrenages lors des essais au sol du moteur avant son montage sur L5 une marge de sécurité de fonctionnement trop faible de ces engrenages due à une combinaison défavorable des différentes tolérances qui, prises individuellement, sont toutes dans les limites prévues par le dossier de fabrication. " Pour sa part, la SEP met en évidence deux causes possibles jugées de probabilité égale une défaillance des engrenages pour des raisons identiques à celles dégagées par la commission européenne et une mauvaise lubrification des engrenages en vol. Les essais exécutés dans le programme qui suit cet échec L5 montrent que l'hypothèse de la mauvaise lubrification est la plus probable. La lubrification est assurée par un liquide, le tributyl phosphate porté sous forme de gouttelettes fines par un courant d'hydrogène gazeux. La pulvérisation du tributyl est assurée par un système unique appelé lubrificateur; le débit de brouillard ainsi généré est ensuite divisé en deux débits en principe égaux qui sont injectés sur Les pignons à l'endroit où ceux-ci s'engrènent. Les essais post L5 ont montré que dans certains cas le débit peut ne pas se séparer en deux parties égales, un jeu de pignons étant alors très peu lubrifié par rapport à l'autre, ce qui conduit à sa rupture. Un nouveau lubrificateur pour le moteur amélioré HM7B de la version Ariane 3 était déjà en cours de mise au point lorsque survient l'échec L5.
Lors du dernier trimestre de 1982 cette mise au point est accélérée et donne lieu à de nombreux essais.
Pour régler le problème de la division en deux débits égaux du brouillard de lubrifiant, il est introduit un essai de recette systématique de la tuyauterie en Y qui permet la séparation du débit. Les essais du système de lubrification se poursuivent jusqu' en 1983. Il est également décidé d'augmenter le jeu des engrenages pour le prochain vol sans attendre le premier vol Ariane 3 comme cela était prévu. Enfin le procédé de fabrication des engrenages est revu.

22 octobre, le CNES et l' ESA annonce que le lancement L6 est désormais repoussé à avril 1983 suite aux modifications à apporter à la turbopompe du moteur HM7. La charge de ce vol sera le satellite ECS 1 d' Eutelsat et du petit satellite radio amateur AMSAT Oscar 10, les vols L6 et L7 ayant été inversée.
Les conclusions du rapport nécessite un démontage de tous les moteurs HM7 des lanceurs en cours afin de modifier les engrenages des turbopompes, ce qui explique le report de 6 mois. L' ESA et le CNES pense rattraper le retard d' ici à début de 1984 en réalisant pour 1983 5 tirs même pendant l' été, période traditionnelle de congés. 

Novembre, le coût estimé de l' échec de L5 est de 450 millions de F annonce le ministre de la recherche et de l' industrie. A cela s' jouteront 100 millions pour le retard. L' échec du L02 en mai 1980 avait coûté 240 millions de F et entraîné un an de retard. L' ensemble de ces défaillances a fait perdre 800 millions de F et 17 mois de retard par rapport aux prévisions initiales.

La firme Fokker (Pays Bas) a livré au CNES le système de récupération par parachute du premier étage L140 d' Ariane qui doit être tester lors du vol L6 (au lieu de L7). La firme est responsable de ce système destiner à ralentir la chute en mer de l' étage (18 m de long et 16 tonnes) ainsi qu' assurer sa flottaison jusqu' à l' arrivée du navire de récupération. Le système se compose essentiellement de 4 parachutes principaux fabriqués par Irwin (GB) et de petits extracteurs fournies par Autoflug (Allemagne). L' ensemble pèse 800 kg et est installé dans la jupe inter-étage. Après extinction de l' étage, il est séparé du lanceur à une altitude de 40 km. Il tombe alors à une vitesse de 140 m-s jusqu' à 6 km d' altitude où s' ouvrent les parachutes extracteurs pour stabiliser l' étage, un parachute intermédiaire et les 4 grands à 100 m (diamètre 20 m) permettant un impact en mer à 12,5 m-s. La récupération de l' étage doit permettre d' économiser environ 10% du coût du lanceur en réutilisant des éléments comme les moteurs et les réservoirs. Fokker pourrait aussi équiper les cônes avant des propulseurs liquides d' Ariane 4 d' un tel système si cela s' avère rentable.

 

Date

Vol

Lanceur

Satellites

Commentaires

09/09/82

L 05*

AR 1

MARECS B & SIRIO

Echec