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CHRONOLOGIE ARIANE

1985

V12

     

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La seconde Ariane 3 décolle de l' ELA 1 le 8 février à 23 h 22 TU. 20 minutes plus tard, le satellite était sur orbite à 197,9 km de périgée et 36042 km d' apogée, inclinée à 7,1°.

   

CM et COEL dans le CDL 1

Le 9 février, la station de Dhirab captait les signaux de télémesure du satellite Arabsat 1A. 
le 17, il était mis à poste en orbite Go par 19°E.

Arabsat est un satellite de télécommunication de la ligue arabe Arabsat qui regroupe 22 pays. Construit sous la maîtrise d' oeuvre de l' Aerospatiale pour 134 millions de $ avec Ford Aerospace, il pèse 1215 kg au lancement (592 en orbite). 25 répéteurs en bandes c permettent de relayer 800 communications téléphoniques ou 7 programmes TV. Un répéteurs en bande S permet la diffusion d' un programme de TV communautaire.     

V13

V13 subit un premier report de tir du 23 avril au 7 mai suite à un contrôle de recette réalisé sur des composant électroniques des étages et de la case à équipement.   

C' est avec quelques semaines de retard que la 3eme Ariane 3 prend la route de l' espace le 8 mai à 6 h 15 TU après un décompte assez mouvementé. La séquence synchronisée à été interrompue à plusieurs reprises à cause d' un défaut de synchronisation de la distribution  du temps entre le CSG et l' ELA 1, puis à 2 minutes du tir, par un défaut de pression dans le réservoir H2 du H10, ce qui a entraîné une vérification de l' étanchéité du clapet de ce même étage.

la mise en orbite des satellites Télecom 1B et Gstar de Spacenet s' est faite sans problème (200,9/ 36100 km, 7,01°).

Le contrôle de Télécom 1B est pris par le centre de Toulouse et son calage en orbite GO par 5° O  intervient le 28 mai. Ce Gstar 1 est le premier d' une série de trois construit par RCA destiné aux télécommunication en bande Ku (16 canaux) sur les USA.

Après récupération, les PAP du vol 13 sont stockées sur le site de l'ancien pad de tir Diamant.

Le prochain lancement d' Ariane sera le dernier de la version Ariane 1 le 2 juillet pour mettre en orbite la sonde Giotto à destination de la comète de Halley. 

Juin, lors de l' AG de Arianespace, Frederick D'Allest annonce un carnet de commande de 6,4 milliards de F avec 23 satellites à lancer avec 6 lancements consécutifs depuis L6. Arianespace a réalisé en 1984 un CA de 725 millions FF. "Ariane est aujourd'hui le moyen le plus précis, le plus économique, le plus simple, le plus souple d'emploi sur le marché des lanceurs commerciaux". AE va commander 19 lanceurs pour satisfaire les lancements. La production est passer de 4 à 7 lanceurs par an. Le calendrier prévoit encore 4 tirs cette année, dont la sonde Giotto, Space net F3-ECS 3, Spot 1 et G Star 2-Brasilsat S2. Pour 1986, le planning prévoit 8 tirs, dont le premier depuis l'ELA 2 avec une Ariane 3 ou 4 et le premier vol d'Ariane 4.

V14

Comme prévu Ariane 1 V14 est lancé le 2 juillet de l' ELA 1 à 11 h 23 mn 13 s TU. un seul arrêt de chronologie est à noter à HO-6mn durant 10 minutes (changement d' un module de sauvegarde sur le champ de tir).

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La sonde Giotto se sépare du troisième étage à H+14 mn. Mise en rotation à raison de 10 t/mn, la sonde est provisoirement placée sur une orbite GTO à 199,2/ 35966 km, 7° d' inclinaison.

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Ce tir constitué une seconde première avec la tentative du récupération du premier étage L140 sans succès puisqu'il s'est abîmé en mer à seulement 7,5 km de la barge de récupération, le système de parachute n' ayant pas fonctionné. C'est en 1981 que l'ESA a approuvé le projet de récupérer en mer le premier étage d'Ariane 1, le L140 en milieu d'année 1982 lors du vol 5 ou 6. Une commande est passée pour un un inter étage 1-2 équipé avec un système de parachute placé par Fokker Aerospace au Pays Bas. Fokker est le contractant principal des inter-étages Ariane. Les parachutes principaux sont fabriqués par Irwin en Angleterre, les extracteurs et la boite de commande par Autoflug, en Allemagne. L'inter-étage est livré par Fokker mi 1982, un équipement qui alourdissait le lanceur de 850 kg. le test était prévu pour L7. L'échec du vol L05 en septembre 1982 et la perte de la charge utile impacte le programme. Le vol L7 emporte un Intelsat, trop lourd pour y incorporer le système de parachute. La récupération est repoussée au vol 11, mi 1984. Il va ensuite se décaler jusqu'au vol 14. Le 2 juillet, une barge de récupération part de Hambourg, Allemagne pour le milieu de l'Atlantique. A 350 km de sa position, Ariane 1 décolle de Guyane et 149 secondes après, l'étage L140 se sépare du lanceur et entame sa retombée. Malheureusement, le système de parachute ne fonctionne pas et l'étage s'écrase en mer. Pour la petite histoire, les différents échecs de lanceurs en 1985 et 1986 annuleront d'autres essais de récupération de l'étage. La fiabilité des lanceurs deviendra plus importante que la réduction de couts pour le marché. Une seconde tentative était prévu avec Ariane 4 pour son premier vol en 1988. ESA bulletin 29 

 

Le 3 juillet, la sonde Giotto est mis sur une trajectoire cométaire par l' allumage à 7 h 23 TU de son moteur de périgée MAge 1S commandé par le centre de Darmstad en RFA.

Le 6, l' antenne de liaison est déployée, commence alors une longue période de voyage qui aboutira au survol de la comète de Halley le 13 mars 1986. Le rendez vous est pris pour 00 h 00 TU.   

Arianespace a encore 3 tirs à faire avant la Noel, V15 en septembre avec ECS 3 et Spacenat 3, V16 avec Spot en novembre (dernier tir d' Ariane 1 et premier tir en orbite polaire) et V17 avec Brasilsat et GStar 2. 
Le premier tir de l'ELA 2 V17 prévu en août a été reporté car les premières Ariane 2 et 3 n'étaient pas compatible avec les nouvelles installations. L'ELA 2 sera recetté en septembre et L'ELA 1 alors mis en sommeil. L'ELA 2 réalisera tous les tirs de 1986 (7 prévus) dont celui d' Ariane 4 prévu en juin 1986.

1er août, recette de l'ELA 2 à Kourou en Guyane réalisé depuis 1980 pour lancer les Ariane 2 et 3 et la prochaine Ariane 4.  De conception différente de l'ELA 1 (réalisé en 1970), il permettra d' effectuer deux lancements à un mois d'intervalle soit 10 lancements par an. L'ELA 1 devenant un pad de secours. L'inauguration "officielle" sera faite le 18 octobre avec le "transfert" d' Ariane 3 V17 en zone de lancement. L'ELA 2 aura coûté un milliards de F. 

V15

12 septembre, la cinquième Ariane 3 est prête à lancer le satellite américain Spacenet F3 et le satellite européen ECS 3. 
Le président Mitterrand en route pour le Pacifique a fait escale à Cayenne pour assister au lancement. Sont également présents le ministre de la Recherche et de la Technologie, M. Hubert Curien, le ministre de la Défense et le ministre des Affaires étrangères. Le directeur de l'Agence spatiale européenne, M. Reimar Lùst, et M. Frédéric d'Allest, président d'Arianespace et directeur du CNES, sont aussi à Kourou avec le président et les ministres dans la salle de contrôle du bâtiment Jupiter du centre technique. Egalement présents, les représentants d' Eutelsat et de la SNIAS Aerospatiale.  C'est la première fois qu'un président assiste au lancement d'Ariane.
Le compte à rebours est parfait. 
A 23 h 26 mn GMT, Ariane décolle, chassant la nuit autour de l' ELA 1 à l'allumage de ses propulseurs d'appoint. 
H0 + 7,4 s, les boosters PAP s' allument, Ariane accélèrent. 
H0 + 40,2 s, largage des PAP.
H0 +  4 mn 34 s, après le largage des deux premiers étage, le troisième s' allume, la pression dans la chambre monte lentement vers 3 bars. Le climat dans la salle Jupiter devient morose, le silence s' installe, les données de la télémesure annoncent une baisse de pression dans la chambre de combustion du moteur HM7. La vitesse de rotation de la turbopompe est faible. Le moteur s'est mal allumé. Sur les écrans, le H10 continue à monter sur la vitesse acquise jusque vers 200 km. Dans la salle de contrôle du bâtiment les écrans de télévision montrent des visages consternés. Pour les spectateurs dans la salle tout semble normal, mais pour les techniciens qui ont les données en direct, il y a bien un problème.
H0 + 6 mn 25 s, la mission est en échec.
H0 + 6 mn 45 s, la trajectoire commence à dévier.
A H0 ± 7 mn 50 s, l'altitude descend en dessous de 213 kilomètres.
à H0 + 9 mn, elle n'est plus que de 185 kilomètres et l'ordre de destruction est envoyé à H0 + 9 mn 58 s. Les satellites ECS 3 et Spacenet 3 sont perdus.

Concorde atterrit en Guyane le 13 septembre 1985 avec à son bord le président François Mitterrand et 6 ministres. Ce n'est pas la première fois que l'avion supersonique atterrit à Cayenne. Concorde 001 était venu pour ses vols de démonstration dans le cadre de la tournée en Amérique du Sud le 17 septembre 1971.

En novembre 1969, Valéry Giscard d'Estaing, alors ministre des finances est le premier passager admis sur le vol d'un prototype Concorde piloté par André Turcat. En mai 1971, Georges Pompidou embarque pour un voyage officiel aux Açores. Pour les besoins du président, la cabine est alors transformée en bureau et comporte même des chambres à coucher. Durant ce vol, le président Pompidou donne une interview en direct au micro de l’ORTF, dans laquelle il dit : « Je suis frappé par la stabilité de l’appareil à plus de deux mille kilomètres à l’heure. Je ne m’en apercevrais même pas, tant le vol est calme, doux et silencieux, si je ne voyais pas les côtes de France au loin, qui défilent devant nous à une vitesse extraordinaire. À tout le personnel de  l’Aérospatiale, des ingénieurs aux techniciens et à tous les travailleurs, je voudrais dire, pour la joie qu’ils me donnent aujourd’hui, de tout cœur merci ».

Celui-ci était aménagé en bureau et chambres à coucher dans la cabine avant, la cabine arrière étant réservée aux invités. Une  photocopieuse et un fax étaient installés en cabine arrière, un système de cryptographie des communications dites  « sensibles » était installé avec un téléphone vers le bureau  du président. Un pilote spécialiste radio était embarqué pour s’occuper des communications présidentielles. Un deuxième avion faisait partie du dispositif aérien et se tenait même toujours prêt à décoller en cas de défaillance éventuelle du premier. La flotte de Concorde d’Air France ne comportant que sept avions, c’est dire l’impact que cette « location » opérait sur la compagnie.

François Mitterrand incarna l’image du président volant en Concorde. En décembre 1984, il mobilisa sept appareils dont deux Concorde, pour aller au Zaïre et au Burundi. La même configuration fut mise en place lors du déplacement en Arménie.

Le 13 septembre 1985, Concorde va pour la première fois en Polynésie française et au Centre d’Expérimentation du  Pacifique (CEP), basé à Mururoa. À son bord : François  Mitterrand et six ministres. Au départ de Paris, ils sont  contraints de changer d’appareil suite à une panne survenue sur le premier (Il s’agissait d’une interférence entre le circuit de freinage et l’émetteur radio utilisé pour transmettre à l’Élysée. Le problème fut résolu par le
remplacement d’un transistor dans l’émetteur). Ils embarquent alors dans le Concorde F- BTSD, non équipé de l’aménagement présidentiel. Avant de se rendre à  Mururoa, le président fait escale à Kourou en Guyane pour  assister à un lancement de la fusée Ariane (qui échoue, la  fusée est alors détruite). L’avion présidentiel connait à nouveau une avarie : après deux demi-tours au sol pour des problèmes de train avant, François Mitterrand doit changer d’appareil. Il poursuit son voyage avec un nouveau changement de Concorde, retrouvant le F- BVFB présidentiel, réparé et convoyé spécialement pour lui à Cayenne. Il se pose à Mururoa le vendredi 13 septembre à 1 heure du matin, heure locale. La piste étant trop courte pour décoller à pleine charge, il repart à vide vers Hao, le jour même. Le président de la République et sa délégation rejoignent ensuite Hao en Caravelle du COTAM avant de réembarquer dans le supersonique.

 

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Le président Mitterrand dans la salle Jupiter entouré du président d'Arianespace D'Allest et du ministre de la recherche Curien. Le président avait prévu de rentrer juste après le lancement, il avait déjà visiter le CDL 2 d'Ariane 4 avant le lancement. A l'annonce de l'échec par d'Allest, François Mitterrand quitte la salle et rejoint sa voiture sans un mot. Il revient un quart plus tard dans la salle et assure vouloir parler aux techniciens. On le conduit au CDL1 où la déception se lit sur tous les visages des 120 techniciens et ingénieurs. Durant quelques minutes, il rassurera ces hommes en serrant quelques mains et affirmera "toute sa confiance aux équipes. Je tiens à vous le dire, l'histoire s'est faîte comme çà. déja, certains de vos camarades planchent sur ce qui c'est passé, qui cherche le pourquoi". L' échec de V15 en présence du Pt Mitterrand marque  l' Europe industrielle, mais elle ne remet pas en cause la fiabilité du lanceur qui a déjà réussit 13 lancements. C'est ce que le président dira à la télévision française le 15 septembre dans un discours de 1mn30.

14 septembre, une réunion préliminaire de la commission d'enquête créée par Arianespace a lieu à Vernon.
Dès le 17 et le 18, il apparaît que la température du circuit d'hydrogène liquide de la chambre de combustion du moteur HM7 est anormalement froide avant l'allumage. Les mesures prises pendant le vol du deuxième étage montrent que la vanne d'injection a fuit de manière transitoire. A la fin du vol du deuxième étage, elle était à nouveau étanche. Cette vanne est ouverte avant l'allumage du moteur du troisième étage pour mettre en froid les circuits d'alimentation de la chambre. Sans cette mise en froid, l'ébullition de l'hydrogène bloquerait l'écoulement et il n'y aurait pas assez d'hydrogène pour assurer un allumage correct de la chambre quand l'allumeur à poudre est mis à feu.
Cet allumeur à poudre est nécessaire, l'hydrogène et l'oxygène ne s'enflammant pas spontanément au contact l'un de l'autre. Là, le phénomène inverse s'est produit. La mise en froid par la fuite et par la séquence normale a été trop forte. Le débit d'hydrogène à l'allumage était trop élevé et l'allumage ne s'est pas produit ou, plutôt, il s'est produit avec retard, entraînant une explosion dans la chambre sans conséquences mécaniques. Mais cette explosion a désamorcé la pompe hydrogène et empêché l'allumage du générateur de gaz chargé d'entraîner la turbine et les pompes. Le moteur a alors continué à fonctionner sous la seule pression des réservoirs.
Que s'est-il passé alors que la vanne incriminée est présente lors des essais de recette du moteur au sol et qu'elle est testée individuellement auparavant dans de l'azote liquide pour vérifier son étanchéité à froid ? 
Les calculs montrent que lorsque la vanne est en cours de refroidissement, les pièces qui la composent ayant des températures très différentes, l'étanchéité peut être marginale. Une modification appliquée depuis le vol L8 pour améliorer l'étanchéité en régime stabilisé à froid, a vraisemblablement détérioré l'étanchéité pendant la phase de refroidissement.
D'ailleurs, l'exploitation fine des vols V12 et V14 montre qu'un phénomène analogue à celui de V15 a failli se produire. Arabsat, Brasilsat et Giotto l'ont échappé belle. La vanne d'injection d'hydrogène ainsi que la vanne d'injection d'oxygène de configurations identiques sont donc modifiées et un essai nouveau de recette avec les ergols réels est introduit dans le cycle de production de la vanne.

La commission d' enquête présidée par JJ Dordain de l' ONERA remet son rapport et conclut le 1er octobre que le mauvais allumage du moteur HM7B est la conséquence d' un défaut d' étanchéité de la vanne d' injection LH2 dans le moteur, l' allumeur n' y est pour rien. Le prochain lancement V16 prévu au départ le 15 novembre est repoussé à décembre.

17 octobre, Arianespace annonce le report du vol V16 à janvier 1986. Selon les recommandations du rapport d'enquête de V15, il faudra démonter les vannes des lanceurs 16 et 17 et requalifier les nouvelles définies.
30 octobre, Arianespace annonce le vol V16 pour le 11 janvier prochain. Il y aura 8 lancements en 1986 V16 à 23 depuis l'ELA 1 (un tir tous les deux mois) et l'ELA 2 (un tir tous les cinq mois). Le premier tir de l'ELA 2 est prévu en février 1986 V17 avec deux mois de retard.
Pour la première fois quatre satellites (Spot 1, Viking, SBTS 2 et GStar 2) et deux lanceurs (V16 et 17) sont en préparation à Kourou.

Arianespace a en commande pour 8,2 milliards de CA se qui représente 34 satellites à lancer, dont 15 hors Europe. 22 restent à lancer dont 7 pour des clients US, Australiens, Brésiliens et Arabes.

Date

Vol

Lanceur

Satellites

Commentaires

08/02/85

V 12

AR 3
L14

ARABSAT 1A & BRASILSAT S1

 

07/05/85

V 13

AR 3
L15

GSTAR I & TELECOM 1B

 

02/07/85

V 14

AR 1
L10

GIOTTO

 Tentative de récupération L140

12/09/85

V 15*

AR 3
L16

SPACENET F3 & ECS 3

 ECHEC (3 eme étage)