V12
La seconde Ariane 3 décolle
de l' ELA 1 le 8 février à 23 h 22 TU. 20 minutes plus tard, le satellite
était sur orbite à 197,9 km de périgée et 36042 km d' apogée, inclinée à
7,1°.
CM et COEL dans le CDL 1
Le 9 février, la station de
Dhirab captait les signaux de télémesure du satellite Arabsat 1A.
le 17, il était mis à poste en orbite Go par 19°E.
Arabsat est un satellite de
télécommunication de la ligue arabe Arabsat qui regroupe 22 pays. Construit
sous la maîtrise d' oeuvre de l' Aerospatiale pour 134 millions de $ avec Ford
Aerospace, il pèse 1215 kg au lancement (592 en orbite). 25 répéteurs en
bandes c permettent de relayer 800 communications téléphoniques ou 7
programmes TV. Un répéteurs en bande S permet la diffusion d' un programme de
TV communautaire.
V13
V13 subit un premier report
de tir du 23 avril au 7 mai suite à un contrôle de recette réalisé sur des
composant électroniques des étages et de la case à
équipement.
C' est avec quelques semaines
de retard que la 3eme Ariane 3 prend la route de l' espace le 8 mai à 6 h 15 TU
après un décompte assez mouvementé. La séquence synchronisée à été
interrompue à plusieurs reprises à cause d' un défaut de synchronisation de la
distribution du temps entre le CSG et l' ELA 1, puis à 2 minutes du tir,
par un défaut de pression dans le réservoir H2 du H10, ce qui a entraîné une
vérification de l' étanchéité du clapet de ce même étage.
la mise en orbite des
satellites Télecom 1B et Gstar de Spacenet s' est faite sans problème (200,9/
36100 km, 7,01°).
Le contrôle de Télécom 1B
est pris par le centre de Toulouse et son calage en orbite GO par 5° O
intervient le 28 mai. Ce Gstar 1 est le premier d' une série de trois construit
par RCA destiné aux télécommunication en bande Ku (16 canaux) sur les USA.
Après
récupération, les PAP du vol 13 sont stockées sur le site de l'ancien pad de tir
Diamant.
Le prochain lancement d'
Ariane sera le dernier de la version Ariane 1 le 2 juillet pour mettre en orbite
la sonde Giotto à destination de la comète de Halley.
Juin, lors de l' AG de
Arianespace, Frederick D'Allest annonce un carnet de commande de 6,4 milliards
de F avec 23 satellites à lancer avec 6 lancements consécutifs depuis
L6. Arianespace a réalisé en 1984
un CA de 725 millions FF. "Ariane est aujourd'hui le moyen le plus précis,
le plus économique, le plus simple, le plus souple d'emploi sur le marché des
lanceurs commerciaux". AE va commander 19 lanceurs pour satisfaire les
lancements. La production est passer de 4 à 7 lanceurs par an. Le calendrier
prévoit encore 4 tirs cette année, dont la sonde Giotto, Space net F3-ECS 3,
Spot 1 et G Star 2-Brasilsat S2. Pour 1986, le planning prévoit 8 tirs, dont le
premier depuis l'ELA 2 avec une Ariane 3 ou 4 et le premier vol d'Ariane 4.
V14
Comme prévu Ariane 1 V14
est lancé le 2 juillet de l' ELA 1 à 11 h 23 mn 13 s TU. un seul arrêt de
chronologie est à noter à HO-6mn durant 10 minutes (changement d' un module de
sauvegarde sur le champ de tir).
La sonde Giotto se sépare
du troisième étage à H+14 mn. Mise en rotation à raison de 10 t/mn, la sonde
est provisoirement placée sur une orbite GTO à 199,2/ 35966 km, 7° d'
inclinaison.
Ce tir constitué une
seconde première avec la tentative du récupération du premier étage L140
sans succès puisqu'il s'est abîmé en mer à seulement 7,5 km de la barge de
récupération, le système de parachute n' ayant pas fonctionné. C'est en 1981 que
l'ESA a approuvé le projet de récupérer en mer le premier étage d'Ariane 1, le
L140 en milieu d'année 1982 lors du vol 5 ou 6. Une commande est passée pour un
un inter étage 1-2 équipé avec un système de parachute placé par Fokker
Aerospace au Pays Bas. Fokker est le contractant principal des inter-étages
Ariane. Les parachutes principaux sont fabriqués par Irwin en Angleterre, les
extracteurs et la boite de commande par Autoflug, en Allemagne. L'inter-étage
est livré par Fokker mi 1982, un équipement qui alourdissait le lanceur de 850
kg. le test était prévu pour L7. L'échec du vol L05 en septembre 1982 et la
perte de la charge utile impacte le programme. Le vol L7 emporte un Intelsat,
trop lourd pour y incorporer le système de parachute. La récupération est
repoussée au vol 11, mi 1984. Il va ensuite se décaler jusqu'au vol 14. Le 2
juillet, une barge de récupération part de Hambourg, Allemagne pour le milieu de
l'Atlantique. A 350 km de sa position, Ariane 1 décolle de Guyane et 149
secondes après, l'étage L140 se sépare du lanceur et entame sa retombée.
Malheureusement, le système de parachute ne fonctionne pas et l'étage s'écrase
en mer. Pour la petite histoire, les différents échecs de lanceurs en 1985 et
1986 annuleront d'autres essais de récupération de l'étage. La fiabilité des
lanceurs deviendra plus importante que la réduction de couts pour le marché. Une
seconde tentative était prévu avec Ariane 4 pour son premier vol en 1988.
ESA bulletin 29
|
Le 3 juillet, la sonde
Giotto est
mis sur une trajectoire cométaire par l' allumage à 7 h 23 TU de son moteur de
périgée MAge 1S commandé par le centre de Darmstad en RFA.
Le 6, l' antenne de liaison
est déployée, commence alors une longue période de voyage qui aboutira au
survol de la comète de Halley le 13 mars 1986. Le rendez vous est pris pour 00
h 00 TU.
Arianespace a encore 3 tirs
à faire avant la Noel, V15 en septembre avec ECS 3 et Spacenat 3, V16 avec Spot
en novembre (dernier tir d' Ariane 1 et premier tir en orbite polaire) et V17
avec Brasilsat et GStar 2.
Le premier tir de l'ELA 2 V17 prévu en août a été reporté car les
premières Ariane 2 et 3 n'étaient pas compatible avec les nouvelles
installations. L'ELA 2 sera recetté en septembre et L'ELA 1 alors mis en sommeil. L'ELA 2 réalisera tous les tirs de 1986 (7 prévus) dont celui d'
Ariane 4 prévu en juin 1986.
1er août, recette de l'ELA
2 à Kourou en Guyane réalisé depuis 1980 pour lancer les Ariane 2 et 3 et la
prochaine Ariane 4. De conception différente de l'ELA 1 (réalisé en
1970), il permettra d' effectuer deux lancements à un mois d'intervalle soit
10 lancements par an. L'ELA 1 devenant un pad de secours. L'inauguration
"officielle" sera faite le 18 octobre avec le "transfert" d'
Ariane 3 V17 en zone de lancement. L'ELA 2 aura coûté un milliards de F.
V15
12 septembre, la cinquième Ariane 3 est
prête à lancer le satellite américain Spacenet F3 et le satellite européen
ECS 3.
Le président Mitterrand en route pour le Pacifique a fait escale à Cayenne
pour assister au lancement. Sont également présents le ministre de la
Recherche et de la Technologie, M. Hubert Curien, le ministre de la Défense et
le ministre des Affaires étrangères. Le directeur de l'Agence spatiale
européenne, M. Reimar Lùst, et M. Frédéric d'Allest, président
d'Arianespace et directeur du CNES, sont aussi à Kourou avec le président et
les ministres dans la salle de contrôle du bâtiment Jupiter du centre
technique. Egalement présents, les représentants d' Eutelsat et de la
SNIAS Aerospatiale. C'est la première fois qu'un président assiste au
lancement d'Ariane.
Le compte à rebours est parfait.
A 23 h 26 mn GMT, Ariane décolle, chassant la nuit autour de l' ELA 1 à
l'allumage de ses propulseurs d'appoint.
H0 + 7,4 s, les boosters PAP s' allument, Ariane accélèrent.
H0 + 40,2 s, largage des PAP.
H0 + 4 mn 34 s, après le largage des deux premiers étage, le troisième
s' allume, la pression dans la chambre monte lentement vers 3 bars. Le climat
dans la salle Jupiter devient morose, le silence s' installe, les données de la
télémesure annoncent une baisse de pression dans la chambre de combustion du
moteur HM7. La vitesse de rotation de la turbopompe est faible. Le moteur s'est
mal allumé. Sur les écrans, le H10 continue à monter sur la vitesse acquise
jusque vers 200 km. Dans la salle de contrôle du bâtiment les écrans de
télévision montrent des visages consternés. Pour les spectateurs dans la
salle tout semble normal, mais pour les techniciens qui ont les données en
direct, il y a bien un problème.
H0 + 6 mn 25 s, la mission est en échec.
H0 + 6 mn 45 s, la trajectoire commence à dévier.
A H0 ± 7 mn 50 s, l'altitude descend en dessous de 213 kilomètres.
à H0 + 9 mn, elle n'est plus que de 185 kilomètres et l'ordre de destruction
est envoyé à H0 + 9 mn 58 s. Les satellites ECS 3 et Spacenet 3 sont perdus.
Concorde atterrit en
Guyane le 13 septembre 1985 avec à son bord le président François
Mitterrand et 6 ministres. Ce n'est pas la première fois que l'avion
supersonique atterrit à Cayenne. Concorde 001 était venu pour ses vols
de démonstration dans le cadre de la tournée en Amérique du Sud le
17
septembre 1971.
En novembre 1969, Valéry Giscard
d'Estaing, alors ministre des finances est le premier passager admis sur
le vol d'un prototype Concorde piloté par André Turcat. En mai 1971,
Georges Pompidou embarque pour un voyage officiel aux Açores. Pour les
besoins du président, la cabine est alors transformée en bureau et
comporte même des chambres à coucher. Durant ce vol, le président
Pompidou donne une interview en direct au micro de l’ORTF, dans laquelle
il dit : « Je suis frappé par la stabilité de l’appareil à plus de deux
mille kilomètres à l’heure. Je ne m’en apercevrais même pas, tant le vol
est calme, doux et silencieux, si je ne voyais pas les côtes de France
au loin, qui défilent devant nous à une vitesse extraordinaire. À tout
le personnel de l’Aérospatiale, des ingénieurs aux techniciens et à
tous les travailleurs, je voudrais dire, pour la joie qu’ils me donnent
aujourd’hui, de tout cœur merci ».
Celui-ci était aménagé en bureau et
chambres à coucher dans la cabine avant, la
cabine arrière étant réservée aux invités. Une photocopieuse et un fax
étaient installés en cabine arrière, un système de cryptographie des
communications dites « sensibles » était installé avec un téléphone
vers le bureau du président. Un pilote spécialiste radio était embarqué
pour s’occuper des communications présidentielles. Un deuxième avion
faisait partie du dispositif aérien et se tenait même toujours prêt à
décoller en cas de défaillance éventuelle du premier. La flotte de
Concorde d’Air France ne comportant que sept avions, c’est dire l’impact
que cette « location » opérait sur la compagnie.
François Mitterrand incarna l’image du
président volant en Concorde. En décembre 1984, il mobilisa sept
appareils dont deux Concorde, pour aller au Zaïre et au Burundi. La même
configuration fut mise en place lors du déplacement en Arménie.
Le 13 septembre 1985,
Concorde va pour la première fois en
Polynésie française et au Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP),
basé à Mururoa. À son bord : François Mitterrand et six ministres. Au
départ de Paris, ils sont contraints de changer d’appareil suite à une
panne survenue sur le premier (Il s’agissait d’une interférence entre le
circuit de freinage et l’émetteur radio utilisé pour transmettre à
l’Élysée. Le problème fut résolu par le
remplacement d’un transistor dans l’émetteur). Ils embarquent alors dans
le Concorde F- BTSD, non équipé de l’aménagement présidentiel. Avant de
se rendre à Mururoa, le président fait escale à Kourou en Guyane pour
assister à un lancement de la fusée Ariane (qui échoue, la fusée est
alors détruite). L’avion présidentiel connait à nouveau une avarie :
après deux demi-tours au sol pour des problèmes de train avant, François
Mitterrand doit changer d’appareil. Il poursuit son voyage avec un
nouveau changement de Concorde, retrouvant le F- BVFB présidentiel,
réparé et convoyé spécialement pour lui à Cayenne. Il se pose à Mururoa
le vendredi 13 septembre à 1 heure du matin, heure locale. La piste
étant trop courte pour décoller à pleine charge, il repart à vide vers
Hao, le jour même. Le président de la République et sa délégation
rejoignent ensuite Hao en Caravelle du COTAM avant de réembarquer dans
le supersonique.
|
Le président Mitterrand dans la
salle Jupiter entouré du président d'Arianespace D'Allest et du ministre de la
recherche Curien. Le président avait prévu
de rentrer juste après le lancement, il avait déjà visiter le CDL 2 d'Ariane 4
avant le lancement. A l'annonce de l'échec par d'Allest, François Mitterrand
quitte la salle et rejoint sa voiture sans un mot. Il revient un quart plus tard
dans la salle et assure vouloir parler aux techniciens. On le conduit au CDL1 où
la déception se lit sur tous les visages des 120 techniciens et ingénieurs.
Durant quelques minutes, il rassurera ces hommes en serrant quelques mains et
affirmera "toute sa confiance aux équipes. Je tiens à vous le dire, l'histoire
s'est faîte comme çà. déja, certains de vos camarades planchent sur ce qui c'est
passé, qui cherche le pourquoi". L' échec de V15 en présence du Pt Mitterrand marque l' Europe industrielle, mais elle ne remet pas en cause la
fiabilité du lanceur qui a déjà réussit 13 lancements. C'est ce que le président
dira à la télévision française le 15 septembre dans un discours de 1mn30.
14 septembre, une réunion préliminaire de la
commission d'enquête créée par Arianespace a lieu à Vernon.
Dès le 17 et le 18, il apparaît que la température du circuit d'hydrogène
liquide de la chambre de combustion du moteur HM7 est anormalement froide avant
l'allumage. Les mesures prises pendant le vol du deuxième étage montrent que
la vanne d'injection a fuit de manière transitoire. A la fin du vol du
deuxième étage, elle était à nouveau étanche. Cette vanne est ouverte avant
l'allumage du moteur du troisième étage pour mettre en froid les circuits
d'alimentation de la chambre. Sans cette mise en froid, l'ébullition de
l'hydrogène bloquerait l'écoulement et il n'y aurait pas assez d'hydrogène
pour assurer un allumage correct de la chambre quand l'allumeur à poudre est
mis à feu.
Cet allumeur à poudre est nécessaire, l'hydrogène et l'oxygène ne
s'enflammant pas spontanément au contact l'un de l'autre. Là, le phénomène
inverse s'est produit. La mise en froid par la fuite et par la séquence normale
a été trop forte. Le débit d'hydrogène à l'allumage était trop élevé et
l'allumage ne s'est pas produit ou, plutôt, il s'est produit avec retard,
entraînant une explosion dans la chambre sans conséquences mécaniques. Mais
cette explosion a désamorcé la pompe hydrogène et empêché l'allumage du
générateur de gaz chargé d'entraîner la turbine et les pompes. Le moteur a
alors continué à fonctionner sous la seule pression des réservoirs.
Que s'est-il passé alors que la vanne incriminée est présente lors des essais
de recette du moteur au sol et qu'elle est testée individuellement auparavant
dans de l'azote liquide pour vérifier son étanchéité à froid ?
Les calculs
montrent que lorsque la vanne est en cours de refroidissement, les pièces qui
la composent ayant des températures très différentes, l'étanchéité peut
être marginale. Une modification appliquée depuis le vol L8 pour améliorer l'étanchéité
en régime stabilisé à froid, a vraisemblablement détérioré l'étanchéité
pendant la phase de refroidissement.
D'ailleurs, l'exploitation fine des vols V12 et V14 montre qu'un phénomène
analogue à celui de V15 a failli se produire. Arabsat, Brasilsat et Giotto
l'ont échappé belle. La vanne d'injection d'hydrogène ainsi que la vanne
d'injection d'oxygène de configurations identiques sont donc modifiées et un
essai nouveau de recette avec les ergols réels est introduit dans le cycle de
production de la vanne.
La commission d' enquête présidée par JJ
Dordain de l' ONERA remet son rapport et conclut le 1er octobre que le mauvais
allumage du moteur HM7B est la conséquence d' un défaut d' étanchéité de la
vanne d' injection LH2 dans le moteur, l' allumeur n' y est pour rien. Le prochain lancement V16 prévu au départ le
15 novembre est repoussé à décembre.
17 octobre, Arianespace annonce le report du
vol V16 à janvier 1986. Selon les recommandations du rapport d'enquête de V15,
il faudra démonter les vannes des lanceurs 16 et 17 et requalifier les
nouvelles définies.
30 octobre, Arianespace annonce le vol V16 pour le 11 janvier prochain. Il y
aura 8 lancements en 1986 V16 à 23 depuis l'ELA 1 (un tir tous les deux mois)
et l'ELA 2 (un tir tous les cinq mois). Le premier tir de l'ELA 2 est prévu en
février 1986 V17 avec deux mois de retard.
Pour la première fois quatre satellites (Spot 1, Viking, SBTS 2 et GStar 2) et
deux lanceurs (V16 et 17) sont en préparation à Kourou.
Arianespace a en commande pour 8,2 milliards
de CA se qui représente 34 satellites à lancer, dont 15 hors Europe. 22 restent
à lancer dont 7 pour des clients US, Australiens, Brésiliens et Arabes.
Date
|
Vol
|
Lanceur
|
Satellites
|
Commentaires |
08/02/85
|
V 12
|
AR 3
L14
|
ARABSAT
1A & BRASILSAT S1
|
|
|
07/05/85
|
V 13
|
AR 3
L15
|
GSTAR I
& TELECOM 1B
|
|
|
02/07/85
|
V 14
|
AR 1
L10
|
GIOTTO
|
Tentative
de récupération L140 |
|
12/09/85
|
V 15*
|
AR 3
L16
|
SPACENET
F3 & ECS 3
|
ECHEC
(3 eme étage) |
|