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CHRONOLOGIE ARIANE

Les passagers du vol VA262 d'Ariane 6


Initialement, le vol inaugural devait servir à déployer 30 satellites de la constellation Oneweb, dont la mission est de fournir un accès internet à un prix abordable partout dans le monde. Mais, en mars 2020, 0neWeb a dû se placer sous la protection du chapitre 2 de la loi américaine sur les faillites. Après avoir évalué plusieurs options alternatives, l'ESA a choisi de poursuivre en priorité ses objectifs de qualification du lanceur lors du premier tir. D'où la décision d'envoyer dans l'espace un "ballast" d'environ 1800 kilos afin de simuler la masse d'un stack Galileo [G1G). Ce dernier, qui associe deux satellites et un dispenseur fera l'objet d'une des premières missions de la phase d'exploitation d'Ariane 6. Le ballast permettra notamment de valider, dans la deuxième partie du vol dite «phase de démonstration", après séparation des CubeSats, le comportement de l'étage supérieur ULPM durant les phases balistiques ainsi que le ré-allumage du moteur Vinci dans des conditions proches de la réalité.
Indépendamment de la phase de démonstration, le vol comprendra une séquence «commerciale» avec des passagers séparés sur une orbite LEO à 60° d'inclinaison.
Pour son premier vol, Ariane 6 sera en configuration deux propulseurs avec un carénage court. L'ESA utilisera un porte-charge utile capable d'héberger des expériences totalisant 80 kg et de larguer des charges utiles d'une masse totale de 800 kg. Cet Avis d'Opportunité est ouvert en priorité, mais non exclusivement, à toute mission candidate européenne commerciale et institutionnelle. Les candidatures des États membres de l'ESA participant au programme Ariane 6 seront prioritaires : Autriche, Belgique, République tchèque, France, Allemagne, Irlande, Italie, Pays-Bas, Norvège, Roumanie, Espagne, Suède et Suisse.
Dans cette perspective, l’ESA a émis, en novembre 2021, une demande de propositions de charges utiles. Les candidats ont été sélectionnés sur la base d'une contrainte globale - ne pas ajouter plus de 400 kilos au poids du ballast- mais aussi en fonction de critères individuels - les projets devaient être crédibles sur le plan scientifique mais aussi quant a leur état d'avancement. A l`issue du processus d'instruction, en février 2022, l'ESA, ArianeGroup et Arianespace ont retenu des CubeSats (3CAT4, Espagne, ISTSAT, Portugal et CRBBeta Slovanie et EIRSat à confirmer), 4 expériences, PariSat, Pélerin, SIDLOC et IPSat-Eye2Sky, (de 150 grammes à 15 kg) fixés sur la plateforme au dessus du ballast qui ne seront pas séparées du lanceur, 4 "déployers" de CubeSats, RAMI construit par UARX Space (Espagne), ExoPOD de ExoLaunch (Allemagne), 2 "déployers" et leur CubeSat, Curium One et OOV Cube (Allemagne)  et 2 capsules de rentrée atmosphérique (Bikini et SpaceCase), ces dernières étant séparées après avoir placé l'étage supérieur (ULPM) sur une trajectoire de rentrée, avec un 3eme allumage de son moteur VINCI. Au total, il y aura environ 200 kilos de charges utile sur la plateforme, auxquels s'ajouteront des éléments d'adaptation mécanique. harnais et autres composants électriques. La principale source d’information seront les trés nombreuses mesures issues de l'instrumentation du lanceur ainsi que des six caméras embarquées. Cependant, plusieurs petits satellites ou expériences apporteront leur contribution via des images captées lors du vol ou bien âpres la séparation – il y aura alors la possibilité de voir le lanceur filmé à distance. Par ailleurs, la gestion d'un grand nombre de satellites embarqués préfigure le lancement de satellites auxiliaires en piggy-back, qui est une option proposée par Ariane 6 avec MLS (Multi-Launch Service) pour plusieurs petits satellite jusqu'à 300 kg et avec ASPRÀ (Adapter for SmallSats Piggy-back Ride on Ariane) pour des satellites masses jusqu'à 1 tonne.

Fin 2022, les 2 capsules de rentrée sont confirmées, de même que les 4 expériences (PariSat, Pélerin, SIDLOC et IPSat-Eye2Sky) et les "déployers"  EXOPOD, Curium One, OOV Cube et RAMI. Ce dernier lancera Robusta 3A et 2 cubesats Binary.

2023, les capsules de rentrée sont toujours au programme du premier vol ainsi que les 4 expériences YPSat, SIDLOC, PariSat et Peregrinus. Les "déployers" Curium One et OOV cube lanceront leur CubeSats respectif et ExoPod, ses 4 CcubeSsats (3CAt-4, ISTSat 1, CURIE et GRBBeta). Le "déployer" RAMI lancera lui Robusta 3A et Binary 1 et 2. En novembre, RIDE!6U remplace les CubeSat Binary de SpaceDrone.

       

Janvier 2024, arrivée et intégration de l'adaptateur CU (Launh Vehicle Adapter) et du ballast dans le hall d'encapsulation du BAF

Mars 2024,l'ESA finalise la première charge utile pour Ariane 6. Le manifeste a peu évolué depuis février 2022, avec un départ et un retour (capsule Bikini), ainsi que des ajouts mineurs. La charge utile du premier vol Ariane 6 comprend donc la mise en orbite à 600 km d'altitude de 2 capsules de rentrée atmosphériques Bikini et SpaceCase, 5 expériences fixes, Parisat, Pereginus, LIFI, SIDLOC et YPSat et 9 CubeSat , 2 autonomes et 7 lancés depuis 2 "déployers", avec des missions très variées provenant de 9 pays et de dizaines d'organisations, des entreprises commerciales, des agences spatiales et des universités.

Nom Organisation Mission
SpaceCase SC-X01 ArianeGroup Capsule de rentrée 
Bikini Capsule The Exploration Company Capsule de rentrée 
PariSat Garef Aerospatial Expérience 
Peregrinus Sint-Pieterscollege  Expérience
LIFI OLEDCOMM  Expérience 
SIDLOC Libre Space  Expérience 
YPSat ESA Expérience
OOV-Cube RapidCube  Cubesat & deployer 
Curium One Planetary Transportation Systems Cubesat 12U & deployer 
RAMI UARX Space  Deployer 12U 
ExoPod NOVA ExoLaunch  Deployer 16U 
ISTSAT ESA Education Office/University of Lisbon Cubesat 1U 
3Cat-4 ESA Education Office/Universitat Politècnica de Catalunya  Cubesat 1U 
GRBBEta Spacemanic  Cubesat 2U 
ROBUSTA-3 CSUM Cubesat 3U 
CURIE NASA Cubesat 2x3U 
REPLICATOR RIDE!space / Orbital Matter  Cubesat 3U 
Ride!6U RIDE!space Cubesat 6U 

28 mai, le CubeSat RIDE6U est enlevé de la liste des charges utiles, il est remplacé par un objet inerte de même taille et masse. Qu'il s'agisse d'acteurs établis comme la NASA ou d'étudiants concevant leur tout premier satellite, ces missions mesureront les rayons gamma auto-réparatrices, suivront la faune, testeront les cellules solaires , confirmeront la théorie du rayonnement du corps noir et bien plus encore, des satellites pour mesurer la météo sur Terre ou dans le système solaire et étudier le soleil. Il y a un satellite d'agriculture intelligente, un démonstrateur de balise radio, des expériences qui resteront attachées à « l'adaptateur » de charge utile de l'étage supérieur et même 2 capsules destinées à rentrer dans l'atmosphère terrestre pour tester de nouveaux matériaux, Bikini et SpaceCase.

Quatre "déployers", dont les multi-CubeSat RAMI et EXOpod, lâcheront les satellites depuis l'étage supérieur d'Ariane 6. Les "déployers" Cubesat sont comme des mini-lanceurs à part entière, orchestrant une série d'éjections à ressort pour tirer un ou plusieurs satellites miniatures depuis le lanceur Ariane au bon moment, à la bonne vitesse et dans la bonne direction pour les mettre en route. Comme les CubeSats ne disposent pas de leur propre propulsion, ils resteront sur la même orbite sur laquelle Ariane 6 les a lancés.

Les deux capsules de rentrée, Bikini et SpaceCAse et les 9 CubeSats appelés à voler librement sont placés dans un ordre de lancement parfaitement synchronisé pour être mis en route après avoir quitté le lanceur à 600 km au-dessus de la Terre.

YPSat restera attachée à l' étage supérieur d'Ariane 6 pour enregistrer l'intégralité de la mission, du lancement à la fin. YPSat, prendra lui-même des photos et des vidéos d'Ariane 6 une fois qu'elle volera librement.  4 autres expériences (LiFi, SIDLOC, PariSat et Peregrinus) resteront fixes, effectuant leur travail pendant toute la durée du vol du lanceur et revenant toutes ensemble à l'unisson, tels des parachutistes se tenant fermement pour leur descente sur Terre.

La charge utile VA262 prête à être mise en coiffe, début juin 2024

1-ExpoPod NOVA, ExoLancement (Allemagne), un déployer 16U destiné à éjecter 4 CubeSat: 3Sat4, ISTSAT, CURIE
et GRBBeta:

       

3Cat4, Bureau d'Éducation de l'ESA/Université Polytechnique de Catalogne (Espagne).

3Cat 4 est un CubeSat 1U de 1,5 kg développé à l'Université Polytechnique de Catalogne (UPC) pour réaliser plusieurs expériences technologiques.  Il démontrera l'adéquation de ce type de plates-formes pour effectuer l'observation de la Terre avec des instruments passifs. En complément de ses capacités de télédétection, ce nano-satellite embarquera également un radiomètre passif en bande L mis en œuvre avec un SDR (Software-Defined Radio) commercial. Parallèlement à ces deux charges utiles, le ³Cat-4 intègre également un détecteur AIS (Automatic Identification System) lui permettant de suivre les navires dans leurs routes intercontinentales. Cat 4 a été sélectionné par l'ESA "Fly Your Satellite!" Programme en 2017 pour être déployé en orbite depuis l'ISS en 2018 ou 2019. Finalement, il a été affecté au vol inaugural d'Ariane-62

ISTSAT, Bureau d'éducation de l'ESA/Université de Lisbonne (Portugal).

ISTSAT 1 , initialement connu sous le nom d' ISTnanosat 1, est un 1U-CubeSat de 1 kg conçu par l'Instituto Superior Técnico (IST), au Portugal. ISTSAT-1 sera utilisé pour réaliser une étude de faisabilité sur l'utilisation de nanosatellites pour recevoir les signaux du système ADS-B utilisé dans la surveillance des aéronefs dans des zones non couvertes par des stations terrestres, comme les routes océaniques ou les zones isolées. ISTSAT 1 a été sélectionné par le programme « Fly Your Satellite ! » de l'ESA. Programme en 2017 pour être déployé en orbite depuis l'ISS en 2018 ou 2019. Finalement, il a été affecté au vol inaugural d'Ariane 62.

 

CURIE, NASA (USA).

CURIE CubeSat Radio Interferometry Experiment mission de radioastronomie), développée par l'Université de Californie à Berkeley, se compose de deux CubeSats 3U de 5,2 kg identiques pour utiliser l'interférométrie radio afin d'étudier les émissions de sursauts radio provenant d'événements éruptifs solaires tels que les éruptions cutanées et les éjections de masse coronale (CME) dans l'héliosphère intérieure. Les satellites seront lancés ensemble sur un seul lanceur sous la forme d'un Cubesat 6U, puis séparés en deux Cubesats 3U une fois en orbite.

GRBBeta, Spacemanic (Slovénie).

GRBbeta, 1kg, est une mission nanosatellite de type CubeSat 1U visant à démontrer la technologie et l'électronique des détecteurs pour la future mission « Cubesats Applied for MEasuring and LOcalising Transients » (CAMELOT), qui est une constellation prévue de nanosatellites offrant une couverture de tout le ciel avec une sensibilité et une précision de localisation élevées. suite à des détections de transitoires de rayons gamma. Le premier a été lancé en mars 2021 par un Soyouz depuis Baikonour.

2 Bikini, La Société d'Exploration, (France & Allemagne).

La capsule de rentrée atmosphérique Bikini 35 kg, conçue à partir d'un matériau composite à base de liège et de résine, déjà testé avec succès sur Mars, ce qui permettra de réduire d'un facteur de 4 les couts du kilogramme lancé dans l'espace. Pensé comme un consommable, à l’instar des pneus d’une voiture, ce bouclier en liège est facilement remplaçable et peu couteux à produire. Encore plus à Mérignac, à proximité du liège landais. Le chêne-liège, arbre indigène de la région est matière première d’une industrie historique de la région.

3-OOV-Cube, Université de Berlin & rapidCube (Allemagne), CubeSat de 17 kg, mesurant 25cm sur 25, avec son déployer. OOV-Cube vise à intégrer le suivi de la faune à la technologie avancée de l’Internet des objets.  Sa mission est la validation d'application de "smart farming", validation de protocole IOT, acquisition d'images lors du déploiement

4-ENDIRECT (LiFi), OLEDCOMM (France), expérience, 500 g.
Validation de transmission de données wireless, sans fils par faisceau lumineux. 
 
5-SIDLOC, Libre Space Fondation (Gréce), expérience, 150 g. 
Validation en vol une balise RF.
 
6-PariSat, Garet Aerospatiale (France), expérience, 5 kg. 
Etude du rayonnement thermique de différents matériaux, aluminium, CFRP, titane.
 
7-Pellegrinus, Collège de St pierre (Belgique), expérience, 500 g, 
Mesure du champ magnétique et de l'intensité du rayonnement hard X et soft Gamma. 
 
8-RAMI, Espace UARX (Espagne), un déployer 12U destiné à éjecter 2 CubeSat REPLICATORE
et ROBUSTA3:
Le déployer RAMI, gros comme une petite valise est conçue pour transporter 4 CubeSats dans l'espace.
Fabriqué en matériaux durables et légers, d'une masse de 13 kg, il peut transporter jusqu'à 12 unités de Cubesat 
et 24 kg. Le déployer comprend un dispositif non magnétique qui ouvre ses portes via un signal du lanceur Ariane 6, 
libérant les CubeSats avec un mécanisme à ressort poussoir. 
RAMI porte également les empreintes de mains de 50 élèves de maternelle et de 5 enseignants de Nigran, 
reflétant l'engagement d'UARX Space envers les futurs scientifiques et ingénieurs. 
De plus, RAMI porte le nom du fils des fondateurs de l'UARX
REPLICATORE, Orbital Matter, (Allemagne).
Ce CubeSat de 3U, 10x10x30 cm, doit démontrer une nouvelle technologie d'impression 3D en orbite, ouvrant potentiellement la porte à de nouvelles structures spatiales qui n'auraient pas été possibles autrement.
réalisé avec moins de ressources. Le Cubesat imprimera un objet de 50 cm, faisceau long, en matériaux polymère sur mesure. 
ROBUSTA-3, Centre spatial universitaire de Montpellier CSUM (France).

Robusta 3A Méditerranée est un Cubesat de 3U, 5 kg, le seul représentant universitaire français. Il a été co-financé par la Fondation Van Allen et le CNES et a impliqué quelque 300 étudiants. Le projet s’est étalé sur toute une décennie. Essentiellement destiné à améliorer la précision des prévisions météorologiques autour du bassin méditerranéen et en particulier les épisodes cévenols, Robusta 3A Méditerranée pourra ainsi, dès cet été, relayer les données récoltées par des bateaux scanners, notamment au départ du port de Sète. Après cette mission de démonstration, une couverture permanente pourra être envisagée, avec de nouveaux satellites déployés sur orbite et davantage de bateaux équipés.

9-SpaceCase SC-X01, ArianeGroup-Isacc (France), une capsule de rentrée de 45 kg avec son système de largage EOS, fabriqué par Mécano ID. La capsule validera les performances des matériaux de protection thermique et transmettra ses données.

10-CuriumOne, 27 kg avec son déployer et son CubeSat 12U, PTS Space, Système de transport planétaire
 Validation fonctionnelle en vol d'équipements et sous-systèmes en vue d'une utilisation sur un étage additionnel du lanceur (Kixk Stage) et acquisition d'images par 6 caméras cinématiques et traitement pour une restitution VR en temps réel.

11-YPsat, ESA, expérience, 11 kg, 
imagerie (phots et vidéos et validation en vol d'un magnétomètre et d'un équipement de communication UHF
 
 

Young Professionals Satellite, est un projet entièrement géré par les jeunes professionnels de l'ESA pour leur donner une première expérience directe de la conception, de la construction et des tests pour l'espace, conçu comme le premier d'une longue série de projets de ce type. L'objectif d'YPSat est simple : capturer toutes les phases clés du vol inaugural d'Ariane 6. Durant les 3 heures de la mission, il acquerra des images et des vidéos de la séparation de la coiffe d'Ariane 6, du déploiement de ses CubeSats et des vues en orbite de la Terre et de l'espace. De plus, il mesurera le champ magnétique terrestre le long de la trajectoire de lancement à l'aide d'un capteur quantique innovant, tandis qu'une antenne embarquée permettra aux passionnés de radioamateur d'entrer en contact avec YPSat. La charge utile s’activera plus tôt dans le vol que le vaisseau spatial traditionnel volant avec elle. Un système personnalisé entièrement conçu par de jeunes professionnels appelé « Système de réveil » activera la charge utile plus tôt en détectant le décollage. Le CubeSat de 20x20x50 cm renverra toutes ses données photos et vidéos  vers les stations au sol au dessus de l'Europe avant d'enter en phase de pasivation (mode contrôlé avec mise hors tension et sécurisation des systèmes) avant une rentrée contrôlée dans l'atmosphère terrestre avec l'étage supérieur.