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CHRONOLOGIE ARIANE

ANNEXE 8

A l'issue du dernier vol Ariane 4, en février 2003, sur 158 lancements Ariane depuis décembre 1979, on compte 10 échecs, soit une rentabilité de 93,67%.

Toutes les versions d' Ariane comptent au moins un échec. 
Ariane 1 compte 2 échecs sur 11 lancements soit 72,73% de réussite. 
Ariane 2 compte 1 échecs sur 6 lancements, soit 83,34 % de réussite. 
Ariane 3 compte 1 échecs sur 11 lancements, soit 90,91% de réussite. 
La version Ariane 4 dénombre 3 échecs sur 116 lancements, soit 97,41 % de rentabilité.
Ariane 5 enfin compte 3 échecs sur 106 lancements au 31 décembre2019, soit 97,17% de réussite. Les vols 502 et VA241 ne sont pas considérés comme des échecs.

ARIANE 1

L02 : C'est lors du deuxième tir, le 23 mai 1980, que Ariane a subit son premier échec, à la suite d'une anomalie de fonctionnement de l'un des quatre moteurs Viking du premier étage. Le lanceur, dévié de sa trajectoire, avait dû être détruit. Cet échec eut lieu pendant la période de "qualification". Il devait mettre deux satellites allemands en orbite, l'un scientifique, Fire Wheel, l'autre pour les radio-amateurs, Oscar-9. Le rapport d'enquête conclura à des instabilités de combustion dans le moteur viking du premier étage qui ont détruits l'injecteur. Un remède est apporté en modifiant l'injecteur pour garantir un meilleur fonctionnement du moteur. Ariane reprend ses vols en juin 1981.

V5 : Le second échec, le 10 septembre 82, est plus dur. C'est le 5e tir et surtout le premier commercial du lanceur européen. Un grippage des engrenages de la turbopompe du moteur du troisième étage précipite alors dans l'Atlantique le lanceur et ses passagers, un satellite européen de communications maritimes, Marecs, d'Inmarsat, et un satellite scientifique italien, Sirio-2. L'échec est du à une détérioration des engrenages de la turbopompe du moteur HM7 consécutif à une lubrification insuffisante des engrenages. Un programme correctif est engagé et Ariane reprend ses vols en juin 1983.
Le coût estimé de l' échec de L5 est de 450 millions de F annonce le ministre de la recherche et de l' industrie. A cela s' jouteront 100 millions pour le retard. L' échec du L02 en mai 1980 avait coûté 240 millions de F et entraîné un an de retard. L' ensemble de ces défaillances a fait perdre 800 millions de F et 17 mois de retard par rapport aux prévisions initiales.

ARIANE 3

V15 : Le troisième échec, le 12 septembre 85, est provoqué par le non-allumage du troisième étage, H8 consécutif à un défaut d'étanchéité d'une vanne. L'échec, sous le regard du Président François Mitterrand venu spécialement à Kourou pour le lancement, fait carrément douter du lanceur européen. Deux satellites de télécommunications sont perdus, Spacenet-3 (Etats-Unis) et ECS-3 (européen). Les tirs sont arrêtés pendant cinq mois. La commission d' enquête conclut que le mauvais allumage du moteur HM7B est la conséquence d' un défaut d' étanchéité de la vanne d' injection LH2 dans le moteur, l' allumeur n' y est pour rien.

ARIANE 2

V18 : La perte, le 31 mai 86, du satellite Intelsat-IV-F-14, passager de la 18ème fusée, a des conséquences encore plus lourdes : les Ariane restent clouées au sol pendant seize mois, le temps que les ingénieurs mettent à découvrir et à analyser les causes de l'échec - l'allumeur du troisième étage n'a pas fonctionné suffisamment longtemps - et à y remédier.

Au lendemain de l'échec V18, lors de la conférence de presse de Frédéric d'Allest le 7 juillet dément formellement l'hypothèse du sabotage: "Il n'y a pas de raisons de penser qu'il y a eu sabotage ou malveillance". M Giraud ministre de la défense confirme le démenti, et M d'Allest rajoute "on ne peut pas totalement exclure un sabotage, et bien sur, nous avons fait des contrôles appropriés. Nous n'avons pas terminé l'examen de ce problèmes". 

Depuis 1979, chaque tir d'Ariane avait provoqué une enquête discrète des services spéciaux, ces derniers ne semblent pas avoir accordé grand crédit à l'hypothèse d'une obscure machination. La protection du CSG sera renforcé en 1987 suite à la guérilla au Surinan en 1986. 

Situé sur le littoral, entre les embouchures des fleuves Kourou et Sinnamary, le CSG occupe une surface au sol de 900 km2. La SOP 3 quant à elle, s'étend au-delà, englobant les abords du site, et voit son altitude monter jusqu'au niveau 195, soit 6 500 mètres. Comme l'explique le général de division aérienne Émile Sabathe, commandant supérieur des forces armées en Guyane : " La probabilité d'une menace par la voie des airs est minime. En revanche, la menace d'espionnage industriel est très réaliste ". Importante responsabilité pour l'armée de l'air que cette mission de surveillance et de défense du CSG, véritable port spatial de l'Europe. 
En 1987 un radar de surveillance aérienne Centaure est installé dans l'enceinte du CSG, et le CCM est créé en 1989. Depuis 1992, ses nouvelles installations se situent sur l'ensemble stockage propulseur, à environ 2 km du pas de tir de la fusée Ariane. Comprenant 27 personnels, quatre radars, ainsi que cinq consoles, les moyens du CCM sont conséquents. Son dispositif de défense aérienne repose sur trois composantes : les deux hélicoptères Fennec de l'EHOM 68 armés en permanence, une défense antiaérienne de cinq canons de 20 mm et six postes de missiles sol-air Mistral mis en œuvre par le 3e REI (régiment étranger d'infanterie) de Kourou.
Ce dispositif se trouve en alerte maximale lors des périodes de plus grande vulnérabilité du lanceur Ariane (transferts, répétitions de chronologie, lancements). Si une importante menace venait à se concrétiser, des moyens de renfort, acheminés depuis la métropole, seraient à même d'intervenir sur place dans les 48 heures. Il s'agit, selon les circonstances, de Mirage F1 ou 2 000 avec leur ravitailleur, de C 130 Hercules ou C 160 Transall, de missiles sol-air Crotale, voire d'un avion de détection et de contrôle aéroporté E3F-SDCA. D'ailleurs le site air de Rochambeau a été récemment agrandi afin de recevoir de tels renforts.

Pour le moment les seules interceptions réalisées ont été des aéronefs ignorant l'interdiction de survol ou de pilotes se déroutant pour des raisons météorologiques. " En cas de menace vraiment sérieuse, et étant donné l'intérêt que représente le CSG tant au niveau national qu'européen, le cadre de notre mission nous autorise à aller jusqu'au bout " précise le colonel Charles Beaudru, commandant des forces aériennes en Guyane. En d'autres termes, les mesures de défense aérienne du CSG peuvent aller jusqu'à un tir de semonce, voire la destruction en vol de l'intrus.
Le capitaine Rochecouste résume ainsi l'emploi des moyens de défense antiaériens : " Lorsque nous détectons un appareil dans la zone interdite, nous pouvons le considérer de différentes manières : ami, douteux, suspect ou hostile. Ensuite, en fonction du risque qu'il représente, la haute autorité de défense aérienne va décider d'engager ou non les moyens de défense. Enfin, c'est la CETac qui choisira tactiquement d'utiliser les moyens aériens ou sol-air. Pour ces derniers, c'est un officier de liaison du 3e REI qui, placé sous le commandement du chef de la CETac, donnera l'ordre aux pièces d'ouvrir le feu ".
Mais cette mission de défense aérienne rapprochée du CSG s'intègre dans une mission plus générale de surveillance de l'espace aérien guyanais. Kourou étant situé au centre de la bande côtière, les radars du CCM sont en mesure de détecter et de classifier toutes les pénétrations aériennes en provenance du Surinam, du Brésil et des approches maritimes. De fait, les moyens du CCM, associés à ceux de l'EHOM 68, constituent un dispositif permanent et cohérent, illustrant bien l'importance du fait aérien en Guyane. CSG Kourou zone interdite Stéphane Arnaud.

L'HYPOTHESE DU SABOTAGE

L'hypothèse de sabotage du lanceur Ariane ne date pas du vol 18. Pour L02, lorsque chacun se lance sur une explication sur l'explosion du lanceur après son décollage, on évoque un problème de plateforme de tir, la présence d'un corps étranger dans le moteur, mais l'explication réelle de la défaillance n'est jamais véritablement donnée. Après plusieurs mois d'analyses et de nombreux essais supplémentaires, la SEP met 37 moteurs au banc, entre juin et octobre, les spécialistes n'ont toujours pas trouvé, officiellement, d'explication satisfaisante. Mieux: le CNES renonce à la communication publique des résultats de son enquête, annoncée pour la fin de l'année 1980. Il se contente d'un communiqué optimiste, publié conjointement avec l'Agence spatiale européenne, annonçant la reprise des tirs de qualification d'Ariane pour les mois de juin et d'octobre 1981. 

La cause "officielle" de l'accident pourrait être l'étroitesse des centaines de trous percés dans la chambre de combustion, et qui permettent d'y injecter le peroxyde d'azote et l'UDMH (diméthyl-hydrazine dissymétrique). Cette version, consacrée par la presse, acquiert une authenticité que n'autorise, pourtant, aucune déclaration solennelle du CNES. D'autant que, si la SEP a, effectivement, augmenté le diamètre des trous de ces injecteurs, rien n'indique formellement que ce soit pour compenser un défaut de conception. A quoi, donc, est due l'explosion du vol L 02, le 23 mai 1980?
Selon la revue française l'Express, il existe un rapport classé secret-défense, rédigé, en 1982, par Jean Gruau, qui émet, en conclusion, l'hypothèse d'un sabotage. Ce texte, à diffusion restreinte, a été adressé au chef d'état-major particulier du président. de la République, au directeur du Secrétariat général de la défense nationale pour le Premier ministre, au ministre de la Défense, à celui de la Recherche et au directeur de la DST. Après avoir passé en revue les différentes défaillances technologiques possibles, le rapport évoque l'introduction d'un corps étranger dans la chambre de combustion, qui aurait provoqué sa destruction. Ce rapport s'appuie sur une enquête menée par la DST, avec l'aide de quelques officiers du Sdece. L'acte de sabotage y est précisément décrit. Une minuscule capsule d'explosif, d'un poids de 2,4 grammes, aurait été introduite dans la chambre de combustion. L'opération est possible sur le moteur déjà monté, après le dévissage d'un capteur placé sur le dessus de la. chambre. La capsule est recouverte d'une pellicule qui est dissoute en quelques secondes par l'ergol, particulièrement corrosif. Des mini-explosifs ainsi conditionnés sont utilisés par les Américains pour effectuer des expériences de simulation de résonance dans les chambres de combustion de leurs fusées. Quelques secondes après le départ de la fusée, l'explosion de cette charge déplace le point de combustion de l'ergol sur la paroi de la chambre de combustion, provoquant sa destruction. L'introduction de cette capsule est attribuée à un acte malveillant commis par l'un des employés de la SEP de Vernon (Eure). Pendant plusieurs mois, trois " compagnons " de cette société sont sous la surveillance de la DST et d'agents détachés du Sdece. Comportement professionnel, vie privée, mouvements bancaires, relations ont été soigneusement épluchés. C'est ainsi que, au cours de leurs investigations, les services spéciaux purent déterminer que l'un des suspects avait été en contact avec un journaliste américain - correspondant d'une revue californienne spécialisée - qui avait quitté {e territoire français quelque temps auparavant, pour ne plus y revenir. Ce technicien devait démissionner de la SEP, peu après la rédaction de ce rapport, et ouvrir, dans la région, un café-restaurant. Il n'a jamais été inquiété, même si la DST continue, aujourd'hui (1990) encore, d'enquêter sur ses nouvelles activités.

Selon la revue, Jean Gruau ne nie pas avoir rédigé un tel rapport, mais il affirme qu'il ne s'agit là que d'un scénario qu'il a " inventé ", étant " grand amateur de romans policiers ". Si l'on émet des doutes sur ce penchant à rédiger un " scénario imaginaire ", deux ans après la catastrophe, et destiné, qui plus est, aux plus hauts dirigeants de l'Etat, Jean Gruau reconnaît que l'hypothèse du sabotage d'Ariane a bien été envisagée, mais que c'est celle du défaut de conception qui a, finalement, été retenue. Si l'on s'étonne que des poursuites judiciaires n'aient pas été engagées contre le technicien soupçonné, après l'enquête accablante effectuée par la DST, Jean Gruau répond: " Ce n'était pas nécessaire; inutile, même, puisque la thèse du sabotage avait été définitivement abandonnée." Enterrée serait un mot plus approprié. 

Le rapport de Jean Gruau ne va pourtant pas rester sans effets. Il préconise un renforcement des mesures de sécurité et .de contrôle de la qualité, dans les entreprises qui fabriquent Ariane. C'est depuis cette époque que l'on multiplie les repères qui permettent de déterminer si l'on a touché à une pièce après son installation, et que l'on systématise les fiches d'incidents. L'un des contrôleurs avait signalé une intervention inexpliquée sur le capteur par lequel aurait été introduite la capsule. Il avait remarqué que le repère, un trait de peinture, avait été endommagé. A l'époque, cet incident n'avait pas été répertorié. 

Les trois échecs suivants de la fusée Ariane V5,15 et 18 concerneront le troisième étage et son moteur cryogénique, de conception différente de celle des moteurs Viking, qui équipent les deux premiers étages. Le moteur cryogénique HM 7 est le premier moteur de ce type construit à l'extérieur des Etats Unis. Il a donc excité la convoitise de plusieurs services de renseignement étrangers. Ainsi de ce " réseau " francosoviéto-roumain démantelé en 1987, à Rouen, par la DST et dont les membres ont bénéficié, depuis, d'un non-lieu. Plus inquiétantes sont les confidences faites par le célèbre espion soviétique du nom de code " Farewell " à la DST. Il révèle, dans deux de ses rapports, que des plans du moteur HM 7 ont été livrés à ses services. De nombreux épisodes de la guerre de l'ombre, beaucoup plus discrets, comme le démantèlement d'un réseau à l'usine d'Aérospatiale aux Mureaux (Yvelines) ou l'arrestation d'un ingénieur détaché de Thomson, convaincu d'espionnage, prouvent, si besoin était, que la fusée européenne est une cible permanente des services de renseignement étrangers.

Que s'est-il passé sur V18 ? Les ingénieurs de la SEP se mettent au travail et multiplient les essais du moteur cryogénique qui, fonctionnant avec de l'oxygène et de l'hydrogène, non corrosifs, peut passer entièrement au banc d'essai. La SEP teste ainsi huit moteurs complets en 68 essais, dont plus d'une cinquantaine en simulation d'altitude. Le jeu, un peu serré, des roulements des turbopompes est modifié, ainsi que l'allumeur - une charge de poudre qui fuse dans la chambre de combustion pour enflammer oxygène et hydrogène sous pression. Parallèlement, une enquête est ordonnée pour débusquer un éventuel sabotage de la fusée. Elle est motivée par plusieurs scénarios possibles de malveillance, principalement sur Le site de Kourou. Les enquêteurs s'aperçoivent avec stupéfaction qu'ils sont incapables de déterminer exactement combien de personnes ont pu approcher le troisième étage et son moteur. Quant à la gamme de sabotages possibles, elle va des quelques gouttes de colle judicieusement placées au film gras déposé sur le divergent... 

La commission d'enquête du CNES oeuvre discrètement, mais efficacement, puisqu'une bonne partie du budget du " programme de consolidation " est consacrée à la sécurité. Elle concerne un renforcement non seulement des mesures de pénétration et de circulation sur le centre spatial, mais surtout des moyens de contrôle du personnel et de la qualité du travail effectué. Un service spécial est créé par Jean Gruau, baptisé VTL (vulnérabilité technologique lanceur). Il est confié à un officier détaché de la DGSE, le capitaine de Roubin. Une équipe de spécialistes de la sécurité est engagée pour effectuer des contrôles sur les techniciens préposés au montage de la fusée. Les ouvriers, qui supportent mal ces inspections, les baptisent "les Coplan ", par allusion au célèbre agent secret imaginé par Paul Kenny. Un important réseau de télésurveillance est installé autour de la fusée, afin d'enregistrer sur magnétoscope toutes les allées et venues. Des systèmes de piégeage sont également mis en oeuvre, afin de repérer toute tentative de sabotage avant le lancement. Cette soudaine et importante campagne sécuritaire s'étend aux ateliers de fabrication d'Ariane. Des systèmes informatiques de contrôle du déplacement du personnel sont mis en place, avec la création de cartes d'identité électroniques qui enregistrent sur ordinateur les entrées et les sorties. Plus discrètement, la DST effectue des sondages sur les activités du personnel. Les employés qui travaillent sur Ariane appartiennent, en effet, à des entreprises privées et ne sont pas astreints aux mesures de contrôle des agents de l'Etat travaillant dans des secteurs sensibles. Les syndicats étant extrêmement vigilants à cet égard, les contrôles se font donc quasi clandestinement. Toutes ces mesures ont été prises à la suite des soupçons de sabotage qui pèsent sur l'échec de mai 1986, mais également sur celui du 13 septembre 1985. Toutefois, faute de preuves - le troisième étage ayant disparu - et surtout de moyens de repérer d'éventuels suspects, c'est encore l'hypothèse technologique qui a été officiellement retenue, alors que, officieusement, on " mettait le paquet" sur la sécurité.

Lors du tir V36 en 1990, "Nous somme passés à deux doigts de la catastrophe ", diront les spécialistes. Ce vol V 36 réunissait, en effet, toutes les conditions pour que le résultat soit encore plus dramatique: la fusée aurait dû exploser à proximité du sol et détruire les installations du pas de tir ELA 2 de Kourou. Cette catastrophe a été évitée grâce à un concours de circonstances absolument incroyable. Quelques semaines avant le tir, un contretemps dans le calendrier a amené les responsables d'Arianespace à échanger le premier étage de la fusée. Il était, en effet, prévu que les deux gros satellites japonais, BS 2X et Super-bird ", partent un mois plus tôt, sur le vol V 35, et que le satellite d'observation Spot 2 prenne le vol 36. Les satellites nippons n'étant pas prêts, les deux tirs ont été intervertis. Spot 2 a été lancé, avec succès, au mois de février, avec une nouvelle fusée, tandis que le premier étage, qui lui était initialement destiné, était équipé de quatre propulseurs d'appoint, afin d'emporter les deux satellites japonais, beaucoup plus lourds. Sans ces quatre boosters supplémentaires, Ariane, avec son moteur défaillant, aurait probablement basculé sur la tour de lancement et détruit, en explosant, l'ensemble du pas de tir. 
Un scénario qui, malgré la présence des quatre propulseurs, a quand même failli se réaliser. Deux incidents se sont, en effet, produits, presque simultanément, sur deux moteurs différents du premier étage, situés du côté de la tour de lancement. A 2,4 secondes de la mise à feu, un " léger incendie " apparaît sur le propulseur d'appoint liquide (Pal) n° 3, qui semble, pourtant, continuer à fonctionner normalement, bien que l'incendie ait ensuite détruit les systèmes de télémesure. Trois secondes plus tard, c'est le moteur principal D, sur le premier étage de la fusée, qui perd la moitié de sa puissance. On découvrira, plus tard, que c'est à cause du fameux chiffon qui obturait la conduite d'alimentation en eau de la turbine D. La fusée, déséquilibrée par ce manque de pression, part en biais et passe à 2 mètres du haut de la tour ombilicale -dont elle brûle la partie supérieure - au lieu de 7 mètres. Le chiffon, qui bouchait la vanne d'eau, aurait dû provoquer l'arrêt complet du moteur D, faute d'alimentation en vapeur, qui conditionne l'arrivée des ergols. Les experts ont mis plusieurs semaines à comprendre pourquoi le moteur avait gardé, malgré tout, 50 % de sa puissance: le collecteur général a refoulé dans le moteur D une partie de la production de vapeur des trois autres moteurs, lui permettant, ainsi, de continuer à fonctionner à l'économie. Si cela ne s'était pas produit, Ariane serait, selon toute probabilité, partie beaucoup plus en biais. On est réellement passé à un cheveu de la catastrophe.

L'identité de celui qui a placé le chiffon dans la conduite d'eau - un tuyau métallique de 12 mètres de longueur et de 4 centimètres de diamètre - n'a toujours pas été établie. Contrairement à tout ce qui a été publié jusqu'à présent, sans démenti d'Arianespace. Voire sur son initiative. Mais l'enquête n'est pas terminée. Plusieurs personnes sont, actuellement, sous surveillance, dans les deux usines où a été montée la ligne d'eau. L'élément supérieur vient de l'usine d'Aérospatiale des Mureaux; le segment inférieur provient de la SEP de Vernon. Les calculs des experts ont prouvé que le chiffon était placé, au moment du décollage, tout en haut du tuyau, à proximité du réservoir d'eau (sur le réservoir UD25). S'il avait été plus bas, l'incident serait survenu plus tôt et les systèmes de contrôle auraient stoppé automatiquement le lancement dans les trois secondes. 

Il est vrai que la fusée Ariane, depuis ses débuts chaotiques jusqu'à ses succès actuels a attiré la curiosité de pas mal de services étrangers… 
Et le contre-espionnage français en particulier a monté une garde sévère autour des différents pôles où l'on concevait et construisait Ariane. Ce qui a permis de déjouer plusieurs tentatives d'espionnage et de vols de technologie… 
Et sans doute vous souvenez-vous d'une affaire qui a éclaté de façon très spectaculaire en 1987… 
La DST annonçait triomphalement qu'elle venait de découvrir dans la région rouennaise un réseau d'espions à la solde de Moscou. Les " espions d'Ariane ", comme on les a tout de suite appelés, s'intéressaient aux secrets du moteur du troisième étage de la fusée… Un moteur cryogénique, un bijou de technologie mis au point dans les laboratoires de la Société européenne de propulsion à Vernon… L'affaire a fait grand bruit. Des diplomates soviétiques, accusés d'avoir mis en place ce réseau, ont été priés de regagner leur pays. Et Moscou, irrité, a répliqué en expulsant le même nombre de diplomates français en poste en URSS… Il faut aussi ajouter que cette affaire a été rendue publique peu de temps avant une importante visite du Premier ministre Jacques Chirac à Moscou. 

L'Express n°2026 du 4 mai 1990, France Inter "RV avec Monsieur X du 24 février 2001, Les textes ci dessus n'engagent que leur auteur et non le webmaster de ce site.

Valery Konorev agent traitant des " espions d'Ariane ". Comment s'étonner de cet intérêt pour les activités spatiales: ce domaine où se rencontrent la plupart des technologies de pointe est le premier visé par les grands services de renseignements. Jean Sollier, président de la Société européenne de propulsion SEP, s'en est même réjoui sur les ondes de France-Inter: " Avec notre technique de pointe, nous faisons des envieux. " Il est vrai que son usine de Vernon, où 1600 personnes travaillent à la fabrication des moteurs d'Ariane, était la principale cible du réseau dirigé par Konorev. Et les affaires d'espionnage ne se comptent plus. Le GIIU, le service de renseignements militaires soviétique, qui a la réputation d'être beaucoup plus puissant que le célèbre KGB, en a quelques-unes à son actif. Entre autres l'acquisition des plans des satellites américains de navigation Navstar, dont le réseau Glonass est la copie conforme, au point d'utiliser les mêmes fréquences radio. Dans le courant des années 60, le GRU a également disposé des services d'une très célèbre taupe, ~ Serge Fabiew, à la SEREB (Société d'études et de réalisation d'engins balistiques), cet ancêtre de l'Aérospatiale où furent élaborés les missiles de la force de frappe. Le même individu avait également sévi à l'ELDO, l'organisation qui présida à la naissance des premiers lanceurs spatiaux européens.

Dans l'affaire Ariane, le grade élevé de M. Konorev et ses fonctions militaires rendaient pratiquement certaine son appartenance au GRU. Et il n'est d'ailleurs pas étonnant de trouver ce service dans l'ombre d'Ariane plutôt que la " ligne X ", section du KGB chargée de l'espionnage technologique. La raison en est simple: tous les agents du GRU, à la différence de ceux du KGB, s'intéressent au renseignement industrieL Un livre blanc publié par la CIA américaine en 1985 confirme l'efficacité de cette " pluridisciplinarité " puisque 40% des affaires dont ils se sont occupés auraient été couronnées de succès, contre 30% pour celles traitées par le KGB. Selon le même rapport, 6,5% des programmes spatiaux soviétiques sans qu'il soit possible de savoir comment ce chiffre a été établi auraient profité du travail des services secrets de l'Est; c'est peu si on pense au profit qu'ont pu retirer les Soviétiques des mêmes informateurs dans le domaine de l'informatique.

On pourrait en déduire que nous aurions peu à apprendre à l'industrie spatiale communiste, ou bien que les technologies occidentales sont trop difficiles pour elle. Tel n'est pas exactement le cas. Ariane a fait l'objet d'indiscrétions assidues de la part des Soviétiques. Un dirigeant d'Arianespace, la société qui commercialise la fusée, le sait bien, puisqu'il dit: "Des alertes, on en a tous les six mois, ONERA eu tout le long du programme. " Dans le livre " Le KGB en France " (1986), Thieny Wolton apprend qu'un réseau a été débusqué à l'usine de l'Aérospatiale aux Mureaux, ou sont assemblés les étages des fusées. En 1975, Sergueiv Agagfonov, diplomate expulsé en 1976, tentait de soustraire à un exposant de la SEP, au Salon du Bourget, des renseignements sur certains matériels, dont les réservoirs de carburants d'Ariane. En 1983, P. Bourdioul, ingénieur de Thomson détaché auprès de l'Aérospatiale, est arrêté pour espionnage. Et Manfred Rotsch, prétendu super-espion du KGB, est débusqué chez le constructeur aéronautique allemand MBB en 1984, où il se serait beaucoup intéressé aussi aux chambres de combustion des moteurs d'Ariane.

C'est le moteur cryogénique du 3eme étage qui intéresse les Soviétiques dans Ariane, une réalisation très délicate. Ces moteurs constituent des prouesses technologiques, parce qu'ils comportent des solutions que les Soviétiques aimeraient bien connaître. L'hydrogène liquide est un combustible difficile à maîtriser; ses molécules, les plus petites qui soient en chimie, font qu'il peut se glisser partout, au point que les fuites sont inévitables, même avec des conduits et des joints qui semblent présenter un état de surface parfait. C'est pourquoi, astuce, on utilise un jet d'hélium plutôt qu'une paroi métallique pour séparer hydrogène et oxygène liquides là où ils risqueraient de se rencontrer. La densité très basse de l'hydrogène liquide impose également à la turbopompe qui le fait circuler, des réservoirs vers la chambre de combustion du moteur, de tourner à 60000 tours par minute. Mais avec quel lubrifiant? La graisse ferait s'enflammer l'oxygène liquide et la moindre particule pourrait rendre le mélange explosif. Plus d'un espion échangerait ses micros contre les cotes, les matériaux et, surtout, les procédés de fabrication des cages de roulements à billes en matériaux composites - faits de téflon, de graphite et de fibre de verre - qui ne nécessitent pas de lubrifiant. Ces dernières permettent également de fabriquer des pièces parfaitement silencieuses pour les moteurs des sous-marins stratégiques. Mais ces affaires de lubrifiants n'ont rien de recettes de cuisine: elles n'ont pas été mises au point en respectant un plan fixé à l'avance, mais relèvent plutôt du savoir-faire des ingénieurs et d'essais incessants. Autant dire que les solutions retenues sont propres à Ariane, voire à un certain exemplaire de l'un de ses moteurs. Aucun de ses moteurs n'est d'ailleurs rigoureusement identique aux autres, même en ce qui concerne les procédés de fabrication. Autre cauchemar d'ingénieur résolu ou non dans Ariane: dans un même élément du moteur circulent des fluides à - 250 "C et d'autres à plus de 700 "C; une véritable torture pour des matériaux qui ont perdu toute élasticité au contact de l'hydrogène et de l'oxygène liquides, qui se contractent sous l'effet des basses températures et se dilatent au passage des fluides sous pression! Il aura fallu trois ans à MBB pour concevoir, grâce aux ordinateurs, des canaux de refroidissement pour le col de la tuyère des moteurs qui supportent le passage de gaz d'échappement à 700 "C. Ce refroidissement est assuré par une circulation d'hydrogène liquide dans le col lui-même. Avant qu'on ait trouvé la bonne forme pour ces canaux de quelques millimètres de large, les cols de tuyère s'obstinaient à se craqueler au bout de 20 minutes de fonctionnement. Les codes de calcul et les modèles informatiques qui ont permis de déduire la géométrie de ces canaux à partir de l'analyse des phénomènes physiques qui intervenaient dans la tuyère, seraient peut-être plus intéressants à connaître parce que plus facilement applicables à d'autres lanceurs.

Ces secrets de fabrication ne peuvent évidemment être utilisés tels quels par les Soviétiques. Si l'on prend l'exemple du fameux allumeur qui fut responsable de l'accident de juin 1986, celui-là même qui déclenche la réaction de combustion entre l'hydrogène et l'oxygène (il faut rappeler qu'il est très étroitement spécifique du type de fusée Ariane et de chaque fusée individuelle de ce type). Sa conception dépend étroitement de la répartition des pressions, du régime des vibrations et des proportions des deux gaz dans la chambre de combustion. Or, l'une des principales difficultés auxquelles se heurtent les responsables de la remise sur pied d'Ariane, c'est que la moindre modification des plans, le moindre boulon déplacé, change les caractéristiques des vibrations auxquelles sont soumises les pièces voisines. Les vieux lanceurs américains sont, paraît-il, truffés de vieux boîtiers inutiles que personne n'ose retirer, de peur devoir l'engin cesser de fonctionner sans eux. Des informations extrêmement précises sur les effets de telles modifications et sur la manière de changer un élément sans bouleverser son environnement, seraient intéressantes pour les ingénieurs soviétiques. Mais elles ne constitueraient qu'un exemple impossible à appliquer sur leur propre matériel. Lors de l'enquête sur l'accident survenu pendant le quinzième vol d'Ariane, en 1985, il apparut que les fabricants d'une valve d'hydrogène liquide ne savaient pas eux-mêmes comment le matériau dont elle était faite se comporterait... il est exact que les plans cotés des divers équipements d'Ariane font l'objet de brevets civils sans classification " secret-défense", et comme le souligne Me Walter, un avocat des prévenus, leur transmission relèverait plus de la contre-façon que de l'espionnage. On ne réussirait pourtant pas, en s'y conformant exactement, à construire un lanceur en état de marche. Mais les Soviétiques ne dédaignent pas pour autant ce type de plans: les satellites Glonass reprennent ceux des Navstar américains; de même, la navette spatiale soviétique observée par les satellites espions de l'US. Air Force ressemble fortement à celle de la NASA. Ainsi que l'a souligné en 1984 un ancien directeur adjoint des renseignements militaires américains la DIA: " La navette spatiale était entièrement dans le domaine public. N'importe qui peut acheter les plans. Personne n'a toutefois retrouvé la demande des Russes. " La NASA n'est pas en reste puisqu'elle a effectué des essais en soufflerie sur une maquette du petit planeur aérospatial soviétique photographié à l'occasion de vol de test, en 1983. Juste pour voir si elle pouvait en tirer quelques idées. Enfin, plus récemment, un espion est-allemand, Wolfgang Knautzch, a été arrêté en Grande-Bretagne alors qu'il cherchait a constituer un réseau dirigé vers les secrets de l'avion spatial Hotol, qui n'a pas d'équivalent connu en URSS.

Après plus de 20 ans d'efforts et avec 15 ans de retard sur les Etats-Unis, les travaux soviétiques sur la propulsion cryogénique aboutissent actuellement à des fusées presque opérationnelles, mais ces travaux se sont engagés jusqu'ici dans une direction différente de celle de l'Europe. " Je suis étonné qu'ils aient fait cela " commente un analyste du groupe britannique de consultants Commercial Space Technologies à propos, bien sûr, de l'affaire d'espionnage d'Ariane. Selon ce spécialiste, tous les moteurs des fusées soviétiques utilisent une technologie dite "en cycle fermé". Dans ce système, une partie du combustible et du carburant embarqués est prélevée pour alimenter un petit moteur secondaire, ce dernier servant à faire tourner les turbopompes. Mais ces prélèvements sont ensuite recyclés dans la chambre de combustion, et participent à la propulsion du lanceur proprement dit. Tandis qu'Ariane fonctionne en "cycle ouvert" et laisse ces prélèvements se perdre par un tuyau d'échappement latéral. Le rendement est donc inférieur, mais il est compensé par une pression plus forte dans la chambre de combustion, ce qui rend également sa conception plus complexe.

Les recherches soviétiques sur la propulsion cryogénique n'ont donc pas un besoin crucial des agents de M. Konorev, du moins pas autant que d'autres domaines pour lesquels les Soviétiques sont beaucoup moins avancés: l'informatique ou l'électronique par exemple. Neuf des grands bureaux d'étude qui sont, en URSS, l'équivalent des constructeurs industriels occidentaux, seraient affectés à ces recherches. Quant aux zones de stockage attribuées à ces nouveaux lanceurs sur le cosmodrome de Baïkonour, elles seraient plus grandes que celles dont disposaient les fusées Saturn aux beaux jours des vols vers la Lune. Ils pourraient même utiliser un nouveau type de carburant, un mélange d'hydrogène liquide et d'hydrogène solide, plus dense de 15% que celui que consomme Ariane, et donc propre à en augmenter considérablement la puissance. Pourquoi le GRU a-t-il cherché à pénétrer le site de Vernon? Son unique agent à la SEP, le dessinateur intérimaire Jean-Michel Hauri, "dessinait des tuyauteries" sur les bancs d'essai du moteur HM 7, dont on estime qu'il n'y a rien de vraiment secret à apprendre. Les cotes des moteurs qui y sont testés? Elles sont dans le domaine public. Les plans des bancs eux-mêmes? Sans doute inutilisables avec un autre moteur que le HM7, et d'ailleurs à la portée des Soviétiques. Des renseignements sur leur disponibilité, à partir de laquelle on peut évaluer le retard du prochain tir d'Ariane? Ni Arianespace, ni la SEP ne considèrent ces données comme secrètes. Dans ces conditions, Hauri, en mission depuis seulement deux mois à la SEP, n'était peut-être chargé que de faire des "amis", plus au fait des véritables secrets. Qui sait ce que le réseau de M. Kororev aurait donné dans quelques années? La SEP est aussi chargée des propulseurs à poudre des missiles ballistiques français - or, les performances des SS X-24 et SS-25 soviétiques dénotent dans ce domaine un certain retard, sans parler de l'intérêt stratégique des renseignements à ce sujet. Mais ces secrets là ne sont pas à Vernon, mais à Bordeaux. Vernon est toutefois moins pauvre en secrets militaires qu'on ne le dit, avec notamment le LBRA, un centre de recherches militaire en balistique, ou des sociétés comme la S2M, filiale de la SEP, dont les paliers magnétiques, sortes des roulement à billes sans frottements, ne seraient pas dépourvus d'intérêt pour les sous-marins. Mais rien ne permet de penser que Hauri ait forcé de serrures. Il reste une dernière possibilité: les agents de renseignement en poste à l'étranger, comme M. Kororev, doivent animer en permanence un ou plusieurs réseaux, bons ou mauvais, pour montrer a leurs supérieurs qu'ils méritent leur confiance.

D'après Science & Vie 836 mai 1987

 

 

 

ARIANE 4

V36 : Au cours du 36ème vol, le 23 février 1990, le lanceur Ariane 4 explose en vol au large des côtes guyanaises, entraînant la perte de deux satellites japonais, Superbird-B et BS-2X. Cet accident est dû à la présence d'un chiffon oublié dans une canalisation de l'un des quatre moteurs Viking du premier étage et à une fuite de carburant sur un propulseur d'appoint.

La présence de ce chiffon "oublié" relance les hypothèse de sabotage sur le lanceur européen. Le rapport d'enquête qui ne remet pas en cause le programme préconise 44 recommandations pour éliminer tout risque qu'un corps étranger ne se glisse dans Ariane. Il n'y a pas eu de "sabotage" mais négligence déclare le Cnes. Reste à émettre des hypothèse sur la manipulation qui a conduit ce chiffon à se retrouver là. 

V63 : Le 63ème , le 24 janvier 1994, survîent à la suite de la mise à froid tardive d'un roulement de la turbopompe et de l'arrêt du moteur du troisième étage du lanceur. Cet échec, qui interrompt une série de 26 lancements sans-faute, cause la perte des satellites Turksat-1A et Eutelsat-II-F5.

V70 : Le 1er décembre 1994, une mauvaise alimentation du générateur à gaz, n'entraîne la turbo-pompe du 3ème étage qu'à 70% de sa puissance nominale et le lanceur n'arrive pas à mettre en orbite le satellite PANAMSAT-3. La version H10-3 du 3ème étage, dont c'est le premier , n'est pas en cause. La Commission d'Enquête sur ce deuxième échec en une année, conclut à une "pollution" d'origine incertaine, et propose la mise en place d'un petit filtre dans le circuit LOX et des procédures de vérification accrues. Les travaux mis en oeuvre durent jusqu'à la fin février, 2 semaines de plus que prévu à cause de la complexité des montages / démontages et les essais de qualification

ARIANE 5

V88: Le 4 juin 1996, le premier vol du nouveau lanceur finit par une explosion 40 secondes après son décollage. L' enquête conclura a une mauvaise interprétation des données de vol par le systèmes de référence inertielle (SRI) qui pilote le lanceur. Le système ayant braqué les tuyère du lanceur en butée et provoqué son basculement et sa destruction. Les quatre satellites Cluster sont perdus en vol. Rapport d'enquête CNES ESA.

V142: Le 12 juillet 2001, pour le 10eme lancement d' Ariane 5, un défaut sur l' étage supérieur EPS empêche la satellisation des satellites Artemis & BSAT-2b. L' enquête révèlera une instabilité de combustion sur l' étage.

V157: le 11 décembre 2002, pour le premier lancement d'Ariane "10 tonnes" la version équipée de l'étage supérieur cryogénique ECA, un défaut du système de refroidissement du moteur Vulcain 2 provoque la retombée du lanceur 3 mn après le décollage. Les satellites Stentor du CNES et Eutelsat sont perdus. L'enquête mettra en cause le système de refroidissement dans la tuyère du moteur principal. Le lanceur est interdit de vol pendant 6 mois, les versions de base dite "générique" prendront la relève en février 2003. 

VA241: le 25 janvier 2018 pour le lancement de 2 satcoms SES 14 et Al Yah 3. Le décollage a lieu sans problème mais le lanceur part dans une mauvaise direction, avec un azimut de 111° au lieu de 92° et avec une mauvaise inclinaison. La mise en orbite a lieu mais pas à la bonne latitude et le bon plan orbital. Les opérateurs manoeuvrent durant plusieurs jours pour que les 2 satcoms regagnent de l'altitude et se placent en orbite GEO. Le rapport d'enquête conclue à une mauvaise spécification d'un des paramètres de vol.