2014
Le Parisien:
Fusée Ariane: les satellites électriques bousculent les projets de
l'Europe
11 février 2014
L'arrivée des satellites à propulsion électrique bouscule les projets de
l'Europe pour sa fusée Ariane, leader mondial, et pourrait repousser à
2025 l'avènement d'un nouveau lanceur Ariane 6, au vu des positions des
principaux acteurs. Le succès de l'Américain Space X, qui pratique des
prix nettement inférieurs à ceux d'Ariane, augmente déjà la pression
concurrentielle sur l'opérateur européen Arianespace, numéro un mondial
des lancements commerciaux. Mais l'attrait qu'exercent sur les clients
les satellites à propulsion électrique pourrait aussi amener à modifier
la configuration du lanceur européen. Boeing a été le premier à
proposer, en 2012, des satellites à propulsion tout électrique. Basée
sur l'éjection de gaz xénon avec l'énergie électrique fournie par des
panneaux solaires, elle ne servait jusque là qu'à corriger l'orbite
pendant les quinze ans de vie du satellite et venait en appoint du
moteur chimique, qui nécessite beaucoup de carburant. Les satellites
tout électriques sont donc moins lourds, la masse d'un satellite de
communication de six tonnes peut ainsi être réduite de moitié. Pour
répondre aux changements du marché, les 20 pays membres de l'Agence
spatiale européenne (ESA) étaient convenus fin 2012 de développer pour
2018 une nouvelle version de l'actuel lanceur Ariane 5, Ariane 5 ME
(pour midlife evolution), en augmentant sa capacité d'emport à plus de
11 tonnes. Simultanément, à la demande de la France, ils prévoyaient à
l'horizon 2020 une fusée Ariane 6 moins chère, d'une capacité d'emport
de 6 tonnes et qui ne serait plus contrainte de faire des lancements
doubles. La nécessité de trouver à chaque fois deux satellites à
emporter peut en effet entraîner d'importants retards de lancement. Mais
la position française a évolué et risque de se heurter à celle de ses
partenaires lors de la prochaine réunion ministérielle de l'ESA en
décembre. "Une offre ultra-compétitive" Comme l'expose mardi le rapport
annuel de la Cour des comptes, Paris propose de renoncer à Ariane 5 ME
pour limiter les coûts de développement. L'option alternative serait de
"poursuivre les deux programmes, selon un calendrier à préciser, cette
option (...) risquant de reporter Ariane 6 à un échéance plus lointaine
- vers 2025".Ariane 5 ME a clairement la préférence de Berlin, principal
partenaire de la France dans l'ESA. "La position allemande est que nous
devrions continuer avec Ariane 5 ME pour arriver le plus vite possible
sur le marché et réfléchir à ce que sera le futur lanceur", a déclaré à
l'AFP le directeur général de l'Agence spatiale allemande (DLR),
Johann-Dietrich Wörner. "Il ne sera pas possible de financer les deux
programmes à 100% en même temps. Nous devons encore décider si nous nous
lançons dans Ariane 6", a-t-il ajouté. Pour lui, la nécessité de lancer
les satellites par deux est certes une contrainte, mais présente
l'avantage évident de réduire les coûts fixes. Arianespace juge Ariane 5
ME particulièrement adaptée à l'arrivée des satellites électriques, dont
Space X doit lancer les premiers exemplaires à la fin de cette année.
Après avoir réalisé une étude de marché auprès de 18 opérateurs et de
constructeurs de satellites, "nous avons la conviction qu'avec l'arrivée
de la propulsion électrique, il va y avoir beaucoup de satellites petits
et moyens, et non plus une domination de gros satellites, comme observé
ces dernières années", a déclaré à l'AFP son PDG Stéphane Israël."Dans
cette configuration, Ariane 5 ME, qui pourra emporter plus de 11 tonnes
nettes, est vraiment intéressant pour Arianespace. Vous pouvez même
mettre trois satellites dans ME, un gros et deux petits", souligne-t-il.
Mais dans ce scénario, Ariane 6 aussi "aurait la puissance nécessaire
pour en embarquer deux, proposant ainsi une offre ultra-compétitive",
ajoute-t-il. Reste apparemment à décider du rôle d'Ariane 6. Elle aurait
moins de gros satellites à lancer et devrait continuer à trouver des
paires de petits. Et la Cour des comptes relève que dans sa définition
actuelle, elle serait surdimensionnée pour des satellites
institutionnels de taille intermédiaire, dont le lancement continuerait
à être assuré par Soyouz. |
Mars, le "design" d'Ariane 6 semble évoluer en fonction du poids respectif de
chacun des acteurs. 50/25/15 % pour la France, l'Allemagne et l'Italie. La part
modeste, d'une Italie désargentée s’avère un peu juste, pour soutenir la
solution PPH. De l'autre, l'Allemagne propose une AR6 cryogénique reléguant le
solide aux boosters d'appoint.
Et affirme chercher un "accord franco-allemand ". La proposition semble
intéresser le ministre de la recherche français G Fioraso, qui évoquait
récemment le sort d'Air Liquide à Sassenage.
Le chef du DLR (centre allemand de
l'aéronautique et de l'espace) propose de repenser Ariane 6 comme remplacement
de Soyouz et non plus de Ariane 5, avec une performance de 3,5 tonnes en GTO.
Avec la crise en Crimée, la dépendance vis à vis de la Russie nous place en
effet dans une position un peu inconfortable. D'ailleurs 3,5 tonnes en GTO
semble être la performance de Falcon 9. L'Allemagne serait d'autant plus prête à
augmenter sa participation à un tel projet.
Avril, centre d'essais des missiles de St Médard
en Jalles en Aquitaine réalise la mise à feu du POD X, une réplique au 2/9 d'un
des 2 boosters d'Ariane 6. Ce démonstrateur mesure 6 mètres de haut pour 75
centimètres de diamètre. Il est la reproduction exacte de l'un des
deux boosters d'Ariane 6 telle qu'elle est envisagé. Sa masse est de
8 tonnes. Celle du propergol, le carburant solide fabriqué en Gironde nécessaire
à l'envol, de 3 tonnes. C'est la société Herakles, dont le siège est en Gironde,
et son partenaire italien Avio, qui sont les instigateurs dans ce projet financé
par l'ESA et le CNES (10 millions d'euros). Le centre militaire de St Médrad en
Jalles a "prêté" un de ses 5 bancs d'essais pour le tir qui n'a duré que 27
secondes. Le boosters était équipé pour l'occasion de capteurs, caméras,
simulateurs numériques et autres appareils de calcul de très haute précision, y
compris à l'intérieur de la partie du moteur où se trouve le carburant. Le site
de la DGA réalise par an quelque 150 essais de propulsion. Elle emploie 250
personnes en Gironde. Herakles environ 2 200.
Le 16 juin Airbus
et
Safran remettent à l'Agence
spatiale européenne une contre proposition d'architecture pour Ariane 6. Dans
cette nouvelle configuration, dite PHH, l'architecture de l'Ariane 5 est reprise
mais avec les deux premiers étages de taille réduite. Deux configurations sont
proposées dont la plus puissante permet de placer
8,5 tonnes sur une
orbite de transfert géostationnaire contre 6,5 tonnes
pour l'architecture PPH. Cette dernière version permet des lancements doubles de
satellites de télécommunications de taille intermédiaire. L'objectif officiel
des industriels est de pouvoir continuer à répondre aux besoins des opérateurs
commerciaux grâce à un lanceur évolutif et de conserver ainsi des parts de
marché cruciales pour le coût de production du lanceur. Sur le plan industriel,
cette nouvelle configuration permet de conserver les implantations industrielles
et les compétences dans le domaine des moteurs cryotechniques de grande
puissance, le moteur Vulcain. Elle est plus satisfaisante pour les partenaires
industriels allemands peu impliqués dans la propulsion à propergol solide qui
dominait dans la configuration PPH.
Par contre les réductions sur le coût de fabrication attendues sont plus faibles
dans la mesure ou l'étage cryotechnique Vulcain est conservé et deux
configurations sont prévues pour l'étage supérieur. Le coût de la configuration
lourde est évaluée par l'industriel à 100 millions € alors que l'objectif fixé
pour la refonte Ariane 6 était d'abaisser le coût de lancement à 70 millions €.
Le premier client d'Ariane 6 est confirmé. C'est
oneWeb, une entreprise qui permet l'accès à internet partout dans le monde. 3
tirs sur Ariane 6 sont prévus et 26 avec le Soyouz (647 satellites de 100 kg).
Juillet, dans la configuration PHH, proposée par les industriels
Airbus et Safran, l'étage EPC
H140 propulsé par un moteur Vulcain 2 voit
son diamètre ramené à 4,5 m. Il est flanqué des deux
propulseurs à propergol solide P145 prévus dans la version PPH. L'étage
supérieur est comme dans le cas d'Ariane 5 soit un EPS (Ariane 6.2) soit l'étage
Vinci en cours de développement (Ariane 6.1). Ariane 6 devrait à terme remplacer
le lanceur Soyouz. Ariane 6 devrait utiliser les installations de l'ELA 3.
La Tribune, 7 juillet 2014
Privatisation
d’Ariane 6 : comment Airbus et Safran négocient le "casse du siècle"
Les deux industriels demandent aux Etats de prendre à leur compte
tous les risques majeurs liés à l’exploitation du futur lanceur,
notamment ceux générés par un éventuel échec de lancement. Airbus et
Safran prennent en outre un chèque de plus de 2 milliards d’euros des
Etats pour développer les deux versions du lanceur Ariane 6.
Après le coup de force d'Airbus et de Safran du 17 juin pour
privatiser Ariane 6 (création de la société commune rassemblant
leurs activités lanceurs civils puis à terme Arianespace, voire
l'activité lanceur du CNES) sans aucun débat national ni d'ailleurs
européen, les deux industriels tentent maintenant le "casse du
siècle". Ils ont effectivement monté tout un plan ambitieux pour
exploiter les lanceurs Ariane 5 ME et/puis Ariane 6 en voulant tous
les pouvoirs... sans en assumer les risques. Aux Etats donc, tous
les risques majeurs liés à l'exploitation (échecs de lancement,
changement des législations), aux industriels un chèque en blanc
pour gérer la filière lanceur à leurs mains.
Un chèque de 2,6
milliards pour Ariane 6
Au passage, ils veulent un chèque de l'Agence spatiale européenne
(ESA) d'environ 2,3 milliards d'euros pour développer entre
2015-2025 les deux versions d'Ariane 6 en devenant l'autorité de
design des futurs lanceurs européens. Exit donc le CNES et l'ESA
dans le développement des lanceurs européens... Une somme à laquelle
les industriels ont rajouté au moins 300 millions d'euros pour les
infrastructures au sol, dont 150 millions pour le bâtiment lanceur
d'assemblage final (BLAF). Bref une facture à 2,6 milliards d'euros
pour l'ESA. Et pourquoi faire ? Pour développer deux mini-Ariane
5... Sans compter que le montant de 1 milliard d'euros environ pour
terminer le développement d'Ariane 5 ME.
Nul doute que les ministres européens des pays membres de l'ESA
en charge de l'Espace, qui se réunissent mardi 8 juillet à Genève
pour préparer la prochaine ministérielle prévue en décembre à
Luxembourg, vont
poser un certain nombre de questions sur cette proposition des
industriels très avantageuse pour leurs marges. D'autant que
Airbus Group et Safran demandent un chèque de 2,6 milliards dès le
démarrage du programme Ariane 6.
Un partenariat à risques public/privé
Ce n'est ni plus, ni moins, ce que Safran et Airbus ont proposé
sans complexe le 18 juin dernier dans un document d'une cinquantaine
de pages à l'ESA, selon nos informations. Une nouvelle organisation
de la filière via un "partenariat à risques public/privé"...
qui semble très déséquilibré aux dépens de la puissance publique.
Car les revendications des deux industriels ne s'arrêtent pas à
cette nouvelle organisation.
Ils souhaitent que les Etats remettent la main à la poche pour
des développements complémentaires (moyens de production,
exploitation et coûts de transition) au cas où l'évolution du marché
l'exige. En outre, les Etats prendraient à leur charge le maintien
en condition opérationnelle du Centre spatial guyanais (CSG).
Quatre lancements institutionnels par an
A partir de 2016, ils demandent également à l'ESA de garantir
quatre lancements institutionnels par an pour tenir les prix de
lancements avancés : 85 millions d'euros pour Ariane 6.1 (une
demie-Ariane 5 ECA actuelle) et 69 millions pour Ariane 6.2 (une
demi-Ariane 5ES actuelle). Loin des 60 millions de dollars que
demande actuellement SpaceX pour un lancement Falcon 9. Pour tenir
ces prix, qui s'éloignent aussi des 70 millions prévus initialement
par l'ESA, les deux partenaires demandent à l'Agence européenne de
lui garantir un tiers de ses lancements annuels. Du jamais vu. Car
Arianespace n'a jamais bénéficié de ce traitement de faveur.
Les prix proposés par les deux industriels seraient garantis à
partir d'une cadence de production de douze lanceurs par an (4
Ariane 6.2 et 8 Ariane 6.1) et de 28 moteurs à poudre (2x12 Ariane 6
; 1x4 Vega) lorsque le nouveau lanceur sera en régime de croisière
et par l'achat d'un lot de 30 lanceurs, après un lot initial de 15
lanceurs.
Faut-il donner toutes les clés d'Ariane 6 à
Airbus et Safran ?
L'Agence spatiale européenne (ESA) a depuis le 18 juin une
proposition d'un nouveau lanceur d'Airbus et de Safran. Une
proposition qui mérite un débat.
L'Agence spatiale européenne (ESA) est dans une situation très,
très inconfortable. Choisir quel sera le futur lanceur européen
entre sa proposition qu'elle affine en coopération avec le CNES
depuis 18 mois environ et
celle qui a fait irruption le 18 juin dernier émanant des deux
industriels majeurs de la filière lanceur, Airbus Space Systems
et Safran.Le comité d'évaluation des offres (TEB, Tender
Evaluation Board) de l'ESA devait rendre son avis le 5 juillet
et pourrait la présenter le 8 juillet à Genève lors de la
réunion informelle des ministres des pays membres de l'ESA en
charge de l'Espace en vue de préparer la prochaine ministérielle
prévue en décembre à Luxembourg. La proposition d'Airbus Group
et de Safran interpelle à plus d'un titre, même si les acteurs
sont tous d'accord pour optimiser l'organisation. Ce travail est
d'ailleurs actuellement en cours. "Mais ce ne doit pas être
fait n'importe comment", estime-t-on dans le milieu
spatial.
1/ Doit-on faire confiance aux industriels ?
Depuis le triste jour de l'échec du vol 517, Arianespace a
enfilé 60 lancements d'Ariane 5 réussis au plus grand bonheur
des clients et de la filière industrielle européenne. Pourquoi
aujourd'hui donner un chèque en blanc aux deux industriels,
Airbus Group et Safran, désignés comme responsables de l'échec
de 517. Car selon nos informations, la commission d'enquête a
établi que cet échec était principalement imputable aux deux
industriels Airbus et Safran qui ont sous-estimé l'impact
d'anomalies constatées lors d'essais au sol. D'où ensuite la
mise en place d'une organisation plus rigoureuse impliquant tous
les acteurs. Cet échec a coûté des centaines de millions d'euros
à l'Europe et la France et a même failli entraîner la
disparition de toute la filière...
Plus récemment, la direction générale de l'armement (DGA) a
pointé la responsabilité des industriels, notamment d'Airbus
Space Systems dans l'échec de l'essai du missile balistique M51
en mai 2013. Une commission d'enquête de la DGA a "mis en
évidence des lacunes dans les plans qualité des industriels",
a expliqué début mai le délégué général pour l'armement, Laurent
Collet-Billon. La DGA a donc demandé "aux services concernés
d'Airbus Defence & Space des efforts accrus tant en matière
d'ingénierie qu'en maîtrise de la qualité et de leurs
sous-traitants. Ces faiblesses, que nos propres services
« qualité » ont constatées, doivent impérativement être
corrigées".
Peut-on donc faire vraiment confiance aux industriels et s'en
remettre totalement à eux, qui veulent prendre seuls les
commandes de la filière Ariane en éjectant l'Etat mais sans pour
autant en assumer toutes les conséquences en cas d'échec d'un
lancement ? Et à quel titre une entité responsable de la
conception et de la production des lanceurs devrait-elle faire
assumer au secteur public les conséquences d'un échec, et donc
de ses propres défaillances ? Pourtant, les industriels avaient
promis de "prendre plus de risques", comme l'avait
déclaré le 18 juin dernier François Auque dans le magazine
"l'Usine Nouvelle".
2/ Les industriels, qui veulent le pouvoir, sont-ils les
plus vertueux ?
"Il faut savoir que les coûts d'Airbus Space Systems ont
augmenté quand celui des sous-contractants et d'Arianespace ont
diminué. C'est le moins bon élève qui mange les bons élèves",
regrette un bon connaisseur des questions spatiales. Réalisé par
deux cabinets indépendants, l'audit exigé en 2011 par les Etats
membres de l'ESA sur la filière spatiale avait effectivement
conclu à l'époque que les sous-contractants avaient réalisé des
baisses significatives quand le maître d'oeuvre Airbus avait
répercuté une hausse. Sa réduction de coûts est d'autant plus
facile aujourd'hui...
Car Airbus a lancé fin 2013 une sévère restructuration de son
activité spatiale, lanceur compris. Car au-delà de cette
exigence de Tom Enders propre au groupe Airbus, il a été
également demandé cette année à Arianespace de réduire ses coûts
de 12,5 % et aux industriels spécialisés dans les
infrastructures sol de 10 %. Airbus devra réduire ses coûts
de... 4,7 % seulement en raison de la réduction de 10 % obtenue
entre le lot de lanceurs Ariane dit PA et celui appelé PB+. La
réduction des coûts est de toute façon un combat permanent
depuis des années pour toute la filière. Pourquoi devrait-elle
justifier aujourd'hui un changement profond d'organisation au
profit des deux industriels, qui ne sont pas toujours les plus
irréprochables ?
3/ Ariane 6, une facture trop salée ?
2,6 milliards d'euros pour développer les deux versions
d'Ariane 6 et les infrastructures sol. C'est beaucoup, beaucoup
trop, estiment certains observateurs. Surtout pour faire deux
mini-Ariane 5. "Les configurations d'Ariane 6 proposées par
Airbus et Safran ne constituent en aucun cas une rupture par
rapport aux configurations actuelles d'Ariane 5 ECA et d'Ariane
5 ES, explique-t-on à La Tribune. Les améliorations
proposées dans le cadre d'Ariane 6 pourraient tout à fait être
implantées dans le cadre d'un plan d'amélioration d'Ariane 5 et
donc un coût largement moins élevé".
Le patron du spatial chez Safran, Jean-Lin Fournereaux,
explique aussi dans Air&Cosmos que leur proposition pourrait
faire économiser 1 milliard d'euros à la filière. Mais il oublie
de préciser que la version Ariane 6.1 n'existe que si Ariane 5
ME est confirmée et qu'il reste au moins 1 milliard d'euros de
développement pour cette dernière. Sans compter les aléas de
développement. Ce qui devrait vraisemblablement provoquer des
retards dans le calendrier très, très ambitieux des deux
industriels (1er vol d'Ariane 5 ME en 2017 ; 1er vol d'Ariane
6.1 fin 2019, puis Ariane 6.2 en 2020). Dans la proposition
défendue jusqu'ici par l'ESA et le CNES, le projet Ariane 5 ME,
qui n'était pas prioritaire par rapport à celui d'Ariane 6,
devait être désorbité.
Enfin, l'ESA et les états membres ont spécifié une Ariane 6
pour 70 millions d'euros pour 6.5 tonnes de performance à une
cadence de 9 lancements par an. Les deux industriels proposent
deux versions : Ariane 6.1 à 85 millions d'euros pour 8 tonnes
et Ariane 6.2 à 69 millions pour 4 tonnes. "Les objectifs ne
sont pas atteints, assure-t-on à La Tribune. Il faut
donc un plan de soutien à rajouter face au dumping de SpaceX".
4/ Un postulat de départ discutable
La décision de réorganiser la filière spatiale repose sur un
postulat de départ très discutable. Avec l'arrivée de SpaceX,
tous les acteurs ont mélangé coût de production et dumping,
selon leurs intérêts. Le rapport de la NASA est pourtant clair :
le coût moyen de fabrication et de lancement d'un Falcon 9 est
de l'ordre de 140 millions de dollars sur la période 2012-2020.
Loin donc des prix pratiqués par SpaceX sur le marché commercial
(60 millions de dollars).
La secrétaire d'Etat chargée de l'Espace, l'a d'ailleurs bien
compris et l'a expliqué la semaine dernière dans une interview
accordée au magazine "Objectif News" : "on a vu surgir
SpaceX massivement soutenu par les fonds publics américains. Je
peux même parler de dumping car la Nasa achète 130 millions de
dollars en domestique, c'est-à-dire en interne, des lancements
qu'elle vend 60 millions de dollars à l'export. Cela s'appelle
du dumping, une politique de soutien très forte". Sauf
qu'elle donne les clés de la filière lanceur aux industriels
sans contreparties réelles, si ce n'est que... Airbus et Safran
s'engagent à livrer des lanceurs qualifiés à l'heure, aux prix
fixés.
Ce n'est donc pas réellement un problème de coûts de
production de la filière européenne même si cela ne doit pas
l'empêcher de poursuivre ses efforts d'optimisation. Justifier
le coup de force, puis la tentative de "casse du siècle" des
industriels pour des problèmes de compétitivité est quelque peu
de très mauvaise foi, pour ne pas dire plus...
|
10 septembre, Eutelsat se porte candidat au premier vol d'Ariane
6.
Selon un article de "l'usine nouvelle" Ariane
5Me serait abandonné au profit d'Ariane 6 exclusivement. Ariane 6 serait
proposée en versions 2,3 ou 4 boosters P120 avec une capacité de 4500 à 11000
kg en GTO. La version dite 6-2 pourra placer sur l’orbite géostationnaire des
satellites institutionnels de l’ordre de 4,5 tonnes. La version Ariane 6-4 sera
taillée pour répondre aux besoins des opérateurs commerciaux (télévision,
téléphonie par satellite...) et pourra envoyer des satellites de 7 à 8 tonnes
(avec 3 boosters) et jusqu’à 11 tonnes (avec 4 boosters) grâce à la technique du
lancement double.
La Tribune, 17 septembre 2014,
L'intention de l'Etat d'abandonner complètement une
filière stratégique au secteur privé crée un très fort malaise dans
l'ensemble de la filière lanceurs.
A la veille de décisions importantes,
le coup de force de juin d'Airbus Group et de Safran, qui ont
lancé une OPA sur toute la filière lanceurs (Arianespace et CNES),
ne passe toujours pas. Y compris au sein même de leurs propres
équipes, qui s'interrogent. L'été a d'ailleurs été propice à de
nombreuses correspondances et de lettres ouvertes entre les salariés
des sociétés concernées (Airbus, Safran, Arianespace, CNES...) et
les responsables politiques. Des lettres qui montrent le malaise
général d'une filière qui ne comprend pas pourquoi l'Etat, sans
aucun débat national public, laisse "toutes
les clés de cette filière à Airbus Space Systems et Safran... sans
aucun contre-pouvoir", selon les salariés.
Lettres à François Hollande
Au cœur de l'été, les administrateurs représentant
du personnel du conseil d'administration du CNES s'indignent
"des menaces qui pèsent sur la capacité de la puissance publique à
contrôler efficacement les programmes spatiaux". Dans une
lettre datée du 19 août au président de la République, François
Hollande, avec copie notamment au Premier ministre, Manuel Valls,
les six administrateurs dénoncent "l'objectif de l'industrie est
clairement d'affaiblir le CNES, qui défend les intérêts de la
puissance publique, seul contrepoids à l'industrie en situation de
monopole et dont le
seul objectif est de remplir ses objectifs financiers de rentabilité
maximale". Et de préciser que "le but de l'industrie
est bel et bien de réduire le CNES à une simple agence de quelques
centaines de personnes passant des contrats à l'industrie sans
réelle capacité de maîtrise des risques et des coûts".
Dans une lettre ouverte datée du 1er septembre et
destinée à François Hollande, la CGT Métallurgie, regroupant toutes
les entités du spatial (CNES, Snecma, Airbus Defence & Space,
Safran, Herakles et Thales) dénonce "un magnifique cadeau... au
privé" après "un demi-siècle d'investissement public".
Et de rappeler que la filière spatiale repose sur le principe du
retour géographique industriel en proportion du financement apporté
par chaque pays membre. "Comment le
nouveau consortium réussira-t-il à concilier ce qui est un des
fondements de l'Europe spatiale et une organisation prétendument
plus efficace dans laquelle ne subsistera qu'une poignée
d'industriels ? Qu'en pensent d'ailleurs les autres grands pays
contributeurs de l'ESA (l'Allemagne, l'Italie, le Royaume Uni) ?"
Manuel Valls interpelé
Dans un courrier daté du 21 juillet et adressé au
Premier ministre, Manuel Valls, ancien maire d'Evry, les
administrateurs salariés d'Arianespace, basé à Evry-Courcouronnes,
rappellent que ce qui a fait "la force de notre filière résulte
justement dans l'équilibre entre les fonctions de l'Agence spatiale
européenne (ESA), du Centre national d'études spatiales (CNES), de
l'industrie européenne et d'Arianespace dans un sytème qui,
quoiqu'on en dise, a fait ses preuves en s'adaptant aux marchés
institutionnel et commercial depuis 40 ans". C'est ce modèle
qui a permis au lanceur Ariane 5 d'atteindre "son niveau de
fiabilité et de robustesse".
"Mettre fin à un modèle équilibré pour aller
vers un modèle où une seule entité détient toute l'activité sans
contre-pouvoir et sans assumer tous les risques financiers de ses
choix et de ses décisions ne nous parait guère acceptable",
regrettent les administrateurs salariés d'Arianespace. "Dans ce
schéma, comment comprendre que l'Etat puisse envisager de vendre les
parts qu'il détient dans Arianespace, perdant par là-même tout
contrôle sur les décisions à venir?", s'interrogent-ils.
Des prix de lancement qui font débat
Dans une analyse titrée "Ariane 6, une
convergence technico-économique difficile à construire", le
syndicat CFE-CGC d'Herakles s'interroge sur la pertinence du nouveau
schéma proposé par les industriels : "D'un point de vue
technique, quel que soit le scénario, les deux configurations Ariane
62 et Ariane 64 présentent au moins deux difficultés importantes à
surmonter : le nouveau mode d'accrochage des boosters sur le corps
central pour assurer une poussée par le bas (sur A5 et A5ME la
poussée est reprise par le haut du corps central) et le pas de tir
A5 actuel est-il compatible avec les 4 boosters d'A64 ? (problèmes
d'acoustique lié à l'allumage de 2 boosters dans le même carneau)".
Surtout, la CFE-CGC s'interroge sur la différence
de prix proposés par les deux industriels. "D'un point de vue
économique, les coûts de lancement cible annoncés dans la presse
sont-ils compatibles de ces configurations, surtout lorsqu'on
les compare à A5ME ?
Comment peut-on passer de 200 millions d'euros (Ariane 5ME, ndlr)
à 90 millions d'euros (Ariane 6.4 en doublant le nombre de moteurs à
propergol solide et tout en conservant les mêmes moteurs centraux ?"
Un écart inexpliqué
La Tribune a interrogé un spécialiste sur un tel
écart de prix entre les deux lanceurs. Voici sa réponse :
"la différence de coût entre Ariane 5ME et Ariane 64 interpelle en
effet. La valeur fournie pour Ariane 5ME est un peu exagérée par la
CGC : on est plus proche de 160 millions d'euros soit un écart de 70
millions d'euros entre les deux versions. Le lanceur Ariane
64 reprend l'étage supérieur d'Ariane 5ME et les propulseurs à
poudre de Vega, et son corps central est une version réduite du
corps central actuel d'Ariane 5ME. La configuration ne peut donc à
elle seule expliquer un tel écart".
Que faut-il en penser ? Soit jusqu'ici Airbus a eu
une très belle rentabilité grâce aux investissements des Etats, soit
le coût de lancement d'Ariane 64 n'est pas crédible
et l'exploitation de ce lanceur nécessitera un soutien financier
additionnel de la part des Etats. Dans les deux cas, il semble que
Airbus et Safran jouent au poker menteur avec les Etats membres de
l'ESA.
Un nouveau statut social à négocier
Enfin, Airbus et Safran invitent les salariés qui
vont rejoindre la future entreprise commune à négocier un nouveau
statut social. Entre-temps, un gel sera proposé afin que pendant une
période de 24 mois, les accords d'entreprise ou de groupe restent
applicables aux salariés transférés au sein de la nouvelle
entreprise commune (joint-venture). Cette incertitude rajoute au
malaise général. Car comme l'explique le syndicat CFTC Astrium, la
création d'une joint-venture (JV) est "une méthode
d'émiettement juridique en vue d'un rabotage social : les personnes
en JV sortent du périmètre et du statut social du Groupe Airbus,
statut protégé par la capacité de mobilisation des salariés d'Airbus
Commercial Aircraft".
Une nouvelle réunion du comité central
d'entreprise (CCE) doit se tenir ce mercredi après la première du 10
juillet. La dernière réunion du CCE est prévue en principe le 17
octobre au cours de laquelle un avis sera rendu sur la création de
la JV.
"Nous construisons un Airbus commercial du
lancement spatial"
Le directeur de la stratégie d'Airbus Group,
Marwan Lahoud, a appelé les responsables institutionnels européens à
"prendre les bonnes décisions" concernant l'avenir du
lanceur Ariane, qui conditionneront les 40 prochaines années du
lancement spatial. "J'espère que ça incitera les institutionnels
européens à privilégier Ariane et à prendre les bonnes décisions
s'agissant de l'avenir d'Ariane", a-t-il déclaré sur la radio
BFM Business.
"Nous sommes à un tournant institutionnel,
nous sommes à un tournant industriel",
a-t-il poursuivi. "Est-ce que l'Europe maintient une capacité
autonome d'accès à l'espace ou non ? C'est tout le débat Ariane
5-Ariane 6". Selon lui, "nous sommes (également) a un
tournant industriel. Nous sommes en train de construire l'Airbus, au
sens Airbus commercial, l'équivalent de l'Airbus commercial, du
lancement spatial". "C'est un changement de business model
qu'on est en train de pousser. Ce que SpaceX a démontré, c'est que
il y avait un business case du lancement spatial, (que) ce n'était
pas seulement une activité subventionnée qui ne pouvait vivre que de
l'argent étatique", a poursuivi Marwan Lahoud.
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23 septembre, les ministres de l'espace
réunis en Suisse pour un point d'étape sur Ariane 6 se sont retrouvés sur un
point: l'ESA, les principales agences nationales -
Cnes et DLR notamment pour la France et l’Allemagne - et le tandem Airbus/Safran
pour la partie industrielle, ont réalisé un travail exceptionnel en deux mois et
demi. Les budgets ne permettent pas de faire Ariane 5ME et Ariane 6 dans le même
laps de temps. L’Allemagne hésite entre une solution stable et à peu près
maîtrisée (Ariane 5 ME) et le saut dans l’inconnu (Ariane 6) avec des plannings
à défier toute concurrence.
13 novembre, rencontre informelle des
ministres à Cologne en vue de la préparation de la réunion ESA du 2 décembre. La
France et l'Allemagne ont rapproché leur point de vue sur Ariane 6.
27 novembre,
l'Allemagne affiche enfin son soutien a Ariane 6 (60 Millions
d'euros par ans), soit 22% du projet.
2 décembre,
les ministres se sont mis d'accord pour le
développement/financement de la nouvelle fusée européenne Ariane 6, en fait une
Ariane 5 Evolution capable de placer 10,5 tonnes en GTO en 2 versions 62 et 64.
le coût du programme est estimé à 3,8 milliards d'euros, incluant l'évolution du
lanceur Vega en parallèle. La France et l'Allemagne assurent à elles deux la
moitié du financement du programme lanceurs européen, la France ayant la part la
plus importante.
Le "corridor financier" pour le
programme lanceurs est estimé globalement à 800 millions d'euros par an pendant
10 ans. Cela inclut notamment la création d'un nouveau pas de tir au Centre
spatial guyanais de Kourou. Le PDG d'Arianespace Stéphane Israël a évoqué un
prix "autour de 120 millions de dollars" (environ 90 millions d'euros) pour un
lancement double (deux satellites à la fois), aux conditions actuelles du
marché.
Les ministres se retrouvent en 2016, pour faire le point et se
prononcer sur les engagements relatifs à la phase d'exploitation. Le premier tir
est espéré en
2020. Ariane 6 sera aussi le temps du sang et des larmes pour la filière
lanceur, qui va être très durement restructurée par les industriels, qui ont
pris le pouvoir. Pour les syndicats du secteur spatial,"Dans l'exposé du
projet, il est clairement affiché l'ambition de réduire de 40 % les coûts",
Le CNES l'avait lui annoncé très tôt, en janvier 2013 : faire reculer les coûts
opérationnels de 40 % par rapport à Ariane 5. Pour Airbus Group (Airbus et
Safran), il faut aller encore plus loin, "se détacher des méthodes actuelles
de travail car c'est une condition préalable pour la future compétitivité de
l'activité spatiale européenne". Et de préciser que "nous devons
également transformer la manière d'opérer des agences spatiales et leur façon
d'interagir avec l'industrie". Cette restructuration a notamment pour but
de contrer Falcon 9 de SpaceX, soulignent tous les responsables
politiques, étatiques et industriels de la filière. La décision de réorganiser
la filière spatiale repose pourtant sur ce postulat de départ très discutable.
Avec l'arrivée de SpaceX, tous les acteurs ont sciemment mélangé coût de
production et dumping, selon leurs intérêts. Le rapport de la NASA est pourtant
clair : le coût moyen de fabrication et de lancement d'un Falcon 9 est de
l'ordre de 140 millions de dollars sur la période 2012-2020. Loin donc des prix
pratiqués par SpaceX sur le marché commercial (60 millions de dollars). Ce n'est
donc pas réellement un problème de coûts de production de la filière européenne
même si cela ne doit pas l'empêcher de poursuivre ses efforts d'optimisation.
Déjà au CSG, le tension monte: "Les salariés n'acceptent plus la manière
dont la direction traite les problèmes réels auxquels les salariés sont
confrontés", notamment une "adéquation charge de travail/effectif dans
un contexte de cadence en augmentation constante", a expliqué la CGC
Arianespace. Pour la ministre de la recherche "l'enjeu c'est la sauvegarde
de la filière lanceur et des compétences associées, dans l'industrie et la
recherche. Mais le marché nous oblige à évoluer. Comme dans tout changement, des
craintes peuvent s'exprimer. Les salariés ont besoin d'être rassurés".
- Coiffe
: protège le ou les satellites à bord
- 3e étage
: étage supérieur à propulsion cryotechnique (30t d'hydrogène et
d'oxygène liquide)
Moteur Vinci : 180 kN de poussée
- 2e étage
: étage principal à propulsion cryotechnique (140t d'hydrogène et
d'oxygène liquide)
Moteur Vulcain 2+ : 1 350 kN de poussée
- 1er étage
: étage P120 à propulsion solide (120t de propergol par booster)
Version A62 : 2 boosters
Version A64 : 4 boosters
Jusqu'à 3 500 kN de poussée
- Masse
au décollage
Version A62 : 500t
Version A64 : 800t
- Performances en orbite de transfert
géostationnaire
(GTO)
Version A62 : satellites jusqu'à 5t
Version A64 : satellites jusqu'à 10,5t
- Orbites visées
Jusqu'à 36 000 km d'altitude grâce à l'orbite de transfert
géostationnaire (GTO)
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Le P120 pourrait voler dès 2018 sur VEGA C (Evolution du
lanceur VEGA). Coté zone de lancement, une nouvelle ELA 4 semblable à celle du
Vega avec avec un portique mobile pour
l'assemblage final, mat ombilical fixe et 2 carneau pour l'évacuation des gaz.
Un ensemble de lancement 3 fois moins étendu que l'ELA 3.
18 décembre,
le
CNES, l'Agence spatiale européenne et Airbus Safran Launchers ont trouvé un
accord pour la conception et la réalisation du futur pas de tir d'Ariane 6, l'ELA
4. L'ESA a confié cette opération au CNES, maître d'oeuvre du segment sol Ariane
6. ASL, de son côté, intervient en qualité de maître d'oeuvre du lanceur Ariane
6. Ce projet sera piloté au CNES par la sous-direction développement sol (SDS)
de la direction des lanceurs (DLA). Une revue de
conception se tiendra dans le courant du premier trimestre 2015 pour préciser la
localisation du nouvel Ensemble de Lancement et définir les infrastructures qui
lui seront nécessaires. Le pad serait comparable au pad ELA 2 d'Ariane 4.
Le budget global de ce projet s'élève à 600 millions d'euros.
2015
Mars, selon le PDG d'ASL, il manquerait 800 millions d'euros pour boucler le
développement d'Ariane 6. L'ESA a donné 2,54 milliards aux industriels alors que
3,41 étaient envisagés. Ce cout a été communiqua par à l'ESA par ASL en octobre
dernier afin de préparer la conférence du luxembourg
Août, l'ESA signe avec le CNES le contrat de
développement pour Ariane 6 et du nouvel ensemble de lancement d’Ariane 6, 150
hectares sur un socle granitique, le
tout pour 2 milliard d'euros, dont 600 millions pour le pad de tir. Baptisé ELA
4, il est construit par le CNES en Guyane et permettra d’adapter les moyens du
Centre Spatial Guyanais à Ariane 6. Les travaux ont débuté depuis le mois de
juin et dureront un an pour le terrassement avec Eiffage et avec une soixantaine de personnes
pour un montant de 14 millions d'euros. Eiffage propose
un traitement des sols en place à base de ciment ou
de liant hydraulique. Cette technique présente de nombreux avantages puisqu’elle
utilise au maximum les sols déjà présents sur le site et donc, limite le besoin
en sable de carrière. Elle réduit aussi les moyens de transport et elle améliore
le bilan carbone du chantier tout en préservant les ressources naturelles et en
limitant fortement l’impact sur l’environnement du CSG. Enfin, elle réduit les
coûts globaux. Par ailleurs, les déchets issus du débroussaillage seront
valorisés à travers l’usine de biomasse de Kourou. Le CNES, l’ESA et Airbus Safran Launchers
(ASL) ont également signé le contrat de développement du lanceur Ariane 6 pour
un montant de près de 2,4 milliards d’euros.
Le site ELA 4 sur la savane Carouabo à 3,5 km de l'ELA
3, le long de la route de l'espace.
Ariane 6, c'est pour le
moment un premier étage H140, un second H30 et 2 ou 4 boosters P120 pour une
capacité de 10,5 tonnes en GTO (version 64). Les boosters seront attachés
sur la jupe inter-réservoir LOX/LH2 puisqu'il n'y aura pas de fond commun
contrairement à Ariane 5. Cela permet de gagner en termes de masse structurelle
sur toute la hauteur du réservoir LH2 qu'il fallait renforcer en cas de
poussée "par l'arrière". Et à l'arrière, il y aura un jeu de 3 bielles comme sur
A5 entre le bati moteur du corps central et la jupe arrière de chaque booster.
Le réservoir LOX est placé en haut des lanceurs cryo pour rehausser le centre de
gravité de l'engin (au dessus du centre de poussé) et faciliter le guidage.
Baisser le réservoir LOX c'est rendre le lanceur instable
La version 64 a ses boosters en "X wing" et non plus
en "croix". L'étage H140 a 5,4 m de diamètre
Ariane 6 de l'ESA
Ariane 6 du CNES
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