LES
FUSEES SONDES DE SUD AVIATION
Le
centre de tirs d'Hammaguir en Algérie reste en activité jusqu'en juillet 1967.
Entre 1964 et 1966, on compte pas moins de 80 tirs de fusées sondes. 1968 verra
le début des lancements depuis la Guyane, à Kourou au CSG.
Entre temps, les essais technologiques de la famille des fusées à poudre de
Sud Aviation (la famille 1) s'effectuent sur les nouvelles bases militaires du
CEL (dans les Landes) et du CERRES (sur l'île du Levant).
La
conception des fusées de la famille 1 repose essentiellement sur la combinaison
de trois propulseurs à poudre (Vega, Venus et Stronboli) dont la fabrication en
série accroît la sûreté de fonctionnement. De plus l'assemblage de ces
propulseurs avec des éléments interchangeables (sous systèmes communs)
assurent une grande souplesse d'adaptation.
Le
CNES entreprend l'étude de systèmes adaptables comme les cases à équipement,
le système de récupération et les coiffes éjectables. C'est au cours de
cette seconde étapes qu'est étudié le caisson de récupération en mer qu'il
a fallu concevoir après l'abandon d'Hammaguir au profit de la Guyane.
Le
système sol est complètement réétudier afin de pouvoir lancer depuis des
rampes F1 sur des bases sommairement aménagées.
Des
campagnes sont menées en Argentine, en Norvège, en terre d'Adélie et aux
îles Kerguelen. La coopération s'intensifie avec l'Inde, le Pakistan, l'URSS
et l'Europe avec l'ESRO.
Les
5 fusées de la série des "constellations" sont destinées à des
études géophysiques.
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En 1958, le
Comité d'Actions Scientifiques de la Défense Nationale (CASD), avec
comme maître d'oeuvre le Centre National d'étude des
télécommunications (CNET), commande à Sud Aviation l'étude de
fusées-sondes à poudre dont le stockage et l'utilisation sont
simplifiés.
Bélier est une fusée mono-étage de
5,9 m de haut pour 30 cm de diamètre propulsé par un bloc Jericho, chargé de 208 kg de propergol.
Elle peut envoyer une charge de 30 Kg à 85 Km d'altitude.
Cette fusée de 313 kg est stabilisée par
rotation grâce à de petits propulseurs placés en extrémité
d'empennage.
Son premier vol date de mai 1961
depuis le centre des Landes. d'autres seront lancés d'Italie et de Guyane.
D' autres versions sont
aussi développées, la Belier 3, plus courte avec ses 3,91 m de long, ses 352
kg et sa charge de 30 kg transportable à 130 km. Elle vole pour la première
fois en mai 1968.
Listing
des lancements |
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Pour répondre
au besoin toujours plus important des scientifiques français qui désirent faire des expériences d'astronomie, la société Sud-Aviation
élabore dans le milieu des années soixante une deuxième série de
fusées à poudre, destinées à emporter des charges utiles plus lourde
et d'un diamètre plus important (560 mm contre 305 mm).
Dauphin est une fusée mono-étage non
guidée, utilisant un propulseur Stromboli de 560 mm de diamètre.
D'une masse de 1169 Kg, d'une hauteur d'environ 6,21 mètres Dauphin
permet d'envoyer une charge utile de 250 Kg à 100 Km d'altitude (ou 130
kg à 150 km).
La coiffe doit être équipée d'une
protection thermique contre l'échauffement aérodynamique en raison des
vitesses atteintes.
Le premier vol a lieu en mars 1967 depuis
Hammaguir.
Les second, troisième et quatrième tir depuis le CEL sont des succès
comme le cinquième depuis le CSG. Le dernier tir a lieu le 8 février 1979. |
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La Centaure
est bi-étage. Haute de 6,02 m pour un diamètre de 0,36 m, elle pèse au
lancement 490 kg. Elle permet de transporter 490 kg à 130 km
d'altitude. Son premier vol date de 1961.
D'autres versions existent, comme le Centaure 2A fabriquée sous licence par l'Inde et le Pakistan, la Centaure
2B et 2C fabriquées par Sud Aviation pour l'ESRO et la Centaure 3 plus courte aussi avec ses 5,9 m de long,
sa masse de 536kg
et sa charge de 60 kg à 180 km. |
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Dragon est bi-étage. haute de 7,1 m pour un
diamètre de 0,36 m, elle pèse 1160 kg
au lancement. la charge utile est de 60 kg475 km d'altitude. Elle vole
pour la première fois en 1962.
Le Dragon 2B (3,9 m de long, 1200 kg capable de
transporter 90 kg à 300 km) qui vole pour la première fois en mars 1968 pour
le CNES et la
version Dragon 3 (6,99 m de long, 1244 kg, 60 kg de charge à 560 km) à partir
de juin. |
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Eridan est bi-étage. Haute de 8,35 m pour un diamètre de 0,56 m, elle pèse
1992 kg au lancement. la charge utile est de 130 kg 425 km.
1er vol en septembre 1968.
Un version "améliorée"
permet de lancer 250 kg à 220 km d'altitude. |
Les objectifs initiaux
définis par le comité des recherches spatiales en 1959 sont très ambitieux:
Pas moins de 50 lancements en 1962 et 100 en 1963. Afin de pouvoir assurer cette
cadence, le général Aubinière, premier directeur général du CNES fraîchement crée (1961) fait appel à des personnes issues de l'aéronautique
et des jeunes ingénieurs et techniciens motivés par cette nouvelle mission. La
division fusées sondes FU est dirigée par Bernard Golonka, ancien du centre
d'essai en vol. Cette FU est organisée en quatre divisions: véhicules,
équipements, intégration des charges utiles et opérations. Hammaguir est la
base de départ de ces fusées sondes étudié en France à Brétigny au CEV et
à l'ONERA.
Après des débuts
hésitant, la division FU s'organise sous l'égide du CNES et ses équipes. Ses
effectifs passent de 26 à 75 personnes en 1966. 80 lancements sont réalisés
entre 1964 et1966.
A partir de 1970,
l'activité des fusées sondes commence à baisser. La baisse progressive du
plan de charge, l'augmentation importante des coûts de lancements, la baisse
relative des budget de la division et la priorité donnée aux satellites et aux
lanceurs spatiaux conduisent à une remise en cause progressive des missions sur
fusées sondes. En 1974, la politique spatiale française est réorientée
(Ariane) et l'activité fusées sondes arrêtée. Près de 300 lancements ont
été réalisé en 12 ans.
Les dernières expériences
lancés (4 Eridan avec l'expérience ARAKS coopération avec l'URSS) marquent la
fin de l"épopée fusées sondes au CNES, qui s'arrête en juin 1975 après
l'échec d'une Veronique FAUST (expérience astronomique chargée d'étudier l'
UV stéllaire).
CAMPAGNES
DES TERRES AUSTRALES 1966-1975
Au voisinage des pôles, là où se
produisent les aurores polaires, la haute atmosphère est le siége de
phénomènes magnétiques et électriques particulier. Pour aller les
étudier sur place, le CNES organisa de 1964 à 1965 des tirs en Islande,
puis en Norvège (1966-68 et1969), dans l'Antartique en terre d'Adélie
(1966-67) et aux îles Kerguelen en 1968 et en 1974-75.
Ces campagnes étaient de véritables
expéditions et nécessitaient l'envoie de matériels colossal à des
milliers de kilomètres de la France. Arrivée sur place il fallait les
faire fonctionner dans des conditions climatiques extrêmes. Un champ de
tir mobile a été construit ainsi que des abris en toiles ou métalliques
pour abriter les techniciens et protéger les installations de contrôle,
les ateliers de montage, les stations de réception, la production
d'électricité...
Les hommes qui ont fait les missions en
terre d'Adélie avaient d'abord fait les missions
"préliminaires" à Andoya en Norvège en mai juin 1966. Après
les essais techniques sur le même type de fusées sonde (Dragon), les
"volontaires" étaient sélectionnés à l'issue d'un
questionnaire simpliste. Des 50 du début, il n'en restaient que 26.
Partie en décembre 1966, la traversé dura une semaine de Hobart (sud de
l'Australie) en terre d'Adélie. A cause du froid, des couvertures
chauffantes avaient été prévu pour protéger les fusées sondes
embarquées à l'avant du bateau. Comme le commandant de bord craignait un
problème électrique avec ses housses, l'équipe de scientifiques du
faire des tournées de garde extincteur au poing pendant la durée du
trajet.
Le confort de l'époque laissait à désiré: pas d'eau chaude pour se
laver, seulement de la glace fondue. Un adoucisseur d'eau de mer a aussi
été installé.
A l'arrivée les 600 tonnes de matériels (fusées, cloisons des
baraquements, sables pour le béton) ont été déchargé par les hommes
durant trois semaines de labeur.
La première aurore boréale se faisait attendre. tout était prêt, le
matériel et les hommes. 40 jours se passent sans qu'aucune aurore ne se
montre. des cierges sont brûlés mais en vain... quand un soir, l'alerte
est donnée. Elle était là. Aussitôt quatre fusées Dragon sont
lancées. Nous étions les 26, 28 et 29 janvier 1967.
De janvier à avril 1968, le CNES avait
organisé aux îles Kerguelen, un archipel au sud de l'océan Indien, une
campagne de lancement de fusées sondes et de ballons ainsi que des
mesures au sol afin d'étudier l'environnement magnétique de la terre. Le
départ a lieu d'Orly, direction Port Aux Galet, île de la Réunion. par
bateau, les 14 membres de l'équipe d'éclaireur embarquent pour un voyage
de 7 jours.
Après avoir installé le matériel sur place, la première Dragon (D251)
part sous une pluie battante le 15 mars avec succès. La seconde (D252)
part le 27 mars et une troisième (D253) le 1 avril. Parallèlement 8 lâchers de ballons sont réalisés.
Le 10 mai après trois mois de lourd travail, c'est le retour.
En 1974-75, la France et l'Union
Soviétique organisaient en commun la campagne ARAKS pour étudier
l'environnement magnétique de la terre. Des fusées sondes devaient
injecté des électrons dans l'atmosphère au dessus de kerguelen. Pris
dans le champ magnétique terrestre, ils retombaient à l'autre
extrémités des lignes de forces dans la région de Arkhangelsk, au Nord
de la Sibérie créant des aurores artificielles.
Le débarquement à Kerguellen des 200 tonnes de matériels dure trois
jours. Le bateau ne pouvant s'approcher du port, le déchargement est
réalisé par des grues sur un chaland puis chargé dans des camions sur le
port. De la zone de stockage, le matériel est amené à la base de
lancement distante de 5 km. Le vent (280 jours par an et soufflant à 130
km-h ) est l'ennemi principal. la vie sur place était très bien
organisé avec une excellente restauration et des loisirs pour tous
(cinéma, foyer, jeux). Les tirs avaient lieu en matinée vers 10 heures.
Deux fusées Eridan sont lancés avec succès les 25 janvier et 15
février 1975.
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Janvier 1967.
Une nouvelle journée commence à Dumont-Durville, le village français le
plus éloigné de la métropole. Le jour n'a pas chassé la nuit puisque
nous sommes au beau milieu de la campagne d'été et qu'à cette époque,
sous 67° de latitude sud, la nuit ne vient pas encore. A quelques kilomètres
au sud de l'île des Pétrels, sur laquelle est installée la base, le
continent antarctique apparaît comme un phénoménal éblouissement.
Seules, ses hautes falaises de glace qui tombent à pic dans la mer se
voient distinctement. A l'est, de gigantesques icebergs, détachés du
glacier de I'Astrolabe s'éloignent imperceptiblement vers le nord au
milieu des éléments du pack faiblement bercés par la houle.
Il règne à la base une grande activité.
Il fait très beau, comme c'est parfois le cas pendant la campagne d'été.
Il faut en profiter, le programme cette année est très chargé -travaux
d'agrandissement de la base: autrefois constituée de deux petites
baraques, D.Durville est maintenant une base moderne parfaitement équipée
tant sur le plan urbain que sur le plan scientifique. Depuis l'année géophysique
internationale, qui vit le début des grands travaux. en 1956, la
gestation n'a pas cessé. Actuellement l'ensemble comprend:
_ Deux bâtiments scientifiques abritant des laboratoires spacieux et
confortables: mobilier ultra-moderne, éclairage au néon, téléphonie,
chauffage par bouche d'air chaud, larges fenêtres à double paroi de
verre avec vue imprenable sur un paysage sans cesse renouvelé par le déplacement
des icebergs.
_ Un bâtiment " vie commune ", comprenant une grande salle à
manger, salon, douches, sanitaires, labo photo, cuisine d'où part une télébenne
qui sert à déverser les ordures dans la mer.
_ Deux bâtiments-dortoirs, l'un comprenant les chambres des hivernants,
l'autre celles des "touristes ", ceux qui ne font qué la
campagne d'été.
_ Une nouvelle centrale électrique équipée de trois groupes pouvant
fournir 300 kW.
Le rendement énergétique est maximum
puisque des calories, récupérées à partir des gaz d'échappement des
diesels, sont utilisées dans l'appareil à distillation de l'eau de mer.
Cette installation, en voie d'achèvement, va parfaire le confort de la
base et parer à ce qui était un des fléaux de l'île le manque d'eau.
Il semble paradoxal de distiller de l'eau de mer en Antarctique alors que
l'on dispose de la plus grande réserve mondiale de glace. En fait, fondre
de la glace nécessite beaucoup de manutention, très pénible pendant
l'hiver, et absorbe beaucoup de calories. De plus, les quelques névés
qui subsistent sur l'île des Pétrels pendant l'été sont souillés par
des excréments de manchots, et trouver une parcelle de neige
<propre" est une véritable aubaine.
Un " Ploumour - Bodou" austral
Les Américains ont les mêmes soucis dans
leurs gigantesques bases antarctiques. A Mac Murdo, qui abrite en été
plus de 1 000 personnes, l'eau de mer est distillée à partir de l'énergie
atomique. En voie d'achèvement également, les nouvelles installations météorologiques
: abri de lancement pour protéger du vent les opérations de lâchers de
ballons-sondes, et le radar, également protégé par un radôme de forme
polyédrique, donnant à ce coin de la base un petit aspect "
Pleumeur-Bodou ". Enfin, situé à l'écart de la station, au sud-est
de l'île, la grande nouveauté de l'année qui marque une date dans la
recherche scientifique polaire, et fait de Dumont-Durville la première
station de recherche spatiale de l'Antarctique. Il s'agit du hall de
montage des fusées et ses 30 mètres de voie ferrée qui joint celui-ci
à la plate-forme de lancement. La première fusée est déjà installée
sur sa rampe et sa silhouette, qui se détache sur le continent
antarctique, est un symbole de la nouvelle étape scientifique que vit la
base antarctique française.
Cette année l'équipe de la campagne d'été
comprend un observateur américain : John Katsufrakis, professeur à
l'université de Stanford, venu en Terre Adélie au titre du traité de
l'Antarctique. "Johnny ", comme tout le monde l'appelle ici, est
le plus enthousiaste de tous en ce qui concerne les tirs de fusées. Il
est sidéré devant ce qu'il appelle "la prouesse de la France":
avoir pu mener à bien une campagne de tir en Antarctique alors que le démarrage
de l'opération n'a débuté à Paris qu'un an auparavant. Chose
impossible, affirme-t-il, pour les Américains à cause de la lenteur et
de l'inertie de l'administration. Il est vrai que l'entreprise est de
taille. Vu la distance, les moyens d'accès et surtout les conditions
climatiques, ce projet a dû paraître une gageure. Mais son intérêt réside
dans la position privilégiée qu'occupe la base D.-Durville pour
l'observation de certains phénomènes géographiques. Du point de vue du
champ magnétique terrestre, par exemple, qui conditionne en grande partie
les phénomènes de la haute atmosphère, Dumont-Durville est particulièrement
bien situé. Le champ géomagnétique est, en première approximation,
celui d'un aimant. droit placé au centre du globe et dont l'axe formerait
avec l'axe géographique un angle voisin de 110. Les pôles de cet aimant
correspondent aux pôles magnétiques. Cependant, des phénomènes locaux
ou extérieurs déforment les lignes de force du champ et en modifiant
l'agencement, peuvent amener le pôle magnétique à proximité du pôle géographique.
Ces déformations se produisent moins dans l'hémiosphère sud que dans
l'hémisphère nord.
Cela signifie, en particulier, que
l'Antarctique se prêtera mieux que l'Arctique à la séparation, dans
l'analyse des observations, des effets liés à la latitude géographique
de ceux qui dépendent de la latitude magnétique.
Des mesures dans l'ionosphère
Les observations au sol poursuivies à
Dumont-Durville depuis le début dé l'AGI en 1956 ont permis de mettre en
évidence les anomalies du comportement de la haute atmosphère centrée
sur le midi magnétique, moment où le Soleil passe dans le plan de la
ligne de force idéale issue de la station. Ces anomalies se traduisent
par:
_ un renforcement de l'absorption ionosphérique, c'est-à-dire absorption
des ondes électromagnétiques venant de l'espace extraterrestre par des
couches ionisées situées entre 80 et 120 km d'altitude;
_ une disparition des échos radio-électriques sur les couches les plus
hautes de cette ionosphère.
On peut imaginer pour ces phénomènes
diverses explications, mais il est difficile de se faire une idée précise
sans procéder à des observations et à des mesures sur les lieux mêmes
de l'ionosphère.
On suppose par exemple que les anomalies
observées pourraient être liées à des arrivées de particules de
grande énergie provenant du Soleil (à la suite d'une éruption chromosphérique)
ou accélérées dans les régions lointaines de l'environnement
terrestre. Celles de plus grande énergie, c'est-à-dire possédant la
plus grande vitesse, traverseraient les lignes du champ sans avoir le
temps d'être déviées par celui-ci. Celles de plus . faible énergie, au
contraire, ne pouvant traverser ce champ, seraient précipitées le long
de ces lignes de force et aboutiraient dans l'entonnoir magnétique des pôles.
Le but de la campagne de tir est donc de mesurer la densité du flux de
ces particules (électrons et protons), la répartition de leur énergie
ainsi que leur direction d'arrivée.
Le nez: 1,00 m, 93 kg
Les appareils de mesure scientifique sont
logés dans la pointe de la fusée. Ils permettent de réaliser trois expériences
dont la mise on oeuvre a été faite sous la responsabilité de M. JJ.
Berthelier, ingénieur des fabrications d'armement, détaché au C.N.E.T,
C.R.l.
_ Mesure de la densité électronique, c'est-à-dire du nombre de
particules par cm3. On utilise pour cela une sonde dont la mise au point
est due au professeur Seyers de l'Université de Birmingham. Elle est
constituée de deux plaques parallèles qui forment un condensateur dont
le gaz ambiant est Je di-électrique. Quand ce gaz est ionisé, les
particules qu'il contient affectent son pouvoir inducteur spécifique,
donc la capacité du condensateur. De la mesure de celle-ci on déduit la
densité électronique.
_ Mesure de la température électronique, c'est-à-dire, d'après la théorie
cinétique des gaz, de la vitesse moyenne des particules de chaque espèce.
Cette mesure donne des indications sur la nature et l'intensité du mécanisme
d'ionisation. Elle est mesurée au moyen de deux sondes mises au point également
par le professeur Seyers.
_ Etude du spectre d'énergie des électrons et des protons et de leur
direction d'arrivée. La pointe contient à cet effet des détecteurs de
particules.
On obtient ainsi des renseignements sur le
nombre et l'intensité des particules incidentes. D'autre part, les 6 détecteurs,
trois pour les protons, trois pour les électrons, sont directionnels:
deux regardent vers l'avant, deux vers l'arrière, tandis que deux autres
balaient l'horizon grâce à la rotation de la fusée autour de son axe.
Cela indique donc la répartition du flux de ces particules on fonction de
leur direction. Les sondes de densité et de température ainsi que les
quatre détecteurs verticaux sont placés à l'extrémité de bras dépliables
pour éviter d'une part l'influence parasite de la gaine ionique qui se
forme sur la fusée et, d'autre part, que les détecteurs verticaux ne
puissent voir le corps de la fusée. L'arrière de la pointe contient le
boîtier de mise on oeuvre, les commuta- tours et les émetteurs-radio. Le
tout pèse 93 kg, mesure 1,66 m et a été conçu par la firme des engins
Matra.
Le vecteur choisi pour porter cette charge
utile est une fusée Dragon fabriquée par la Société Sud-Aviation.
C'est une fusée biétages dont la propulsion est assurée par des blocs
de poudre mis on place avant le transport. Ce type de fusée se prête
mieux que les fusées à liquides à une utilisation sur champ de tir
improvisé. C'est ainsi que le CNES. on a déjà tiré plusieurs on
Irlande et on Norvège. Le deuxième étage du Dragon et sa charge utile
atteignent une altitude voisine de 350 km, altitude très élevée nécessaire
pour les études entreprises.
Jeudi 26 janvier. Le beau temps persiste,
tout Je monde à la base se demande si. le jour <j > tant attendu
est arrivé. Depuis une semaine tout est paré. Débarqué à D.-Durville
le 13 décembre 1966, un personnel limité comprenant les équipes du
C.N.E.S. du G.B.I., de la firme Engins Matra et de Sud-Aviation, a déchargé
et mis on oeuvre en moins d'un mois un matériel important: station de
télémesure,
de visualisation, rampe de lancement, etc., en tout 80 tonnes occupant 300
m3. Les membres des Expéditions polaires françaises qui assurent un
soutien logistique important, ont déjà entrepris, pendant l'hiver, la
construction d'un hall de montage et d'une aire goudronnée pour le
lancement. Deux fois auparavant le compte à rebours a été annulé. La
veille, on était parvenu à H-b minutes. Mais les conditions de tir sont
très sévères, d'autant plus qu'il faut bénéficier à la fois de
bonnes conditions géophysiques laissant prévoir une arrivée de
particules, et d'une météo favorable avec un vent inférieur à12 m/s;
cette dernière condition étant extrêmement précaire dans la région la
plus ventée de la planète.
Des manchots et un Dragon
Le centre de données de Meudon, qui doit
rendre compte par radio des observations optiques du Soleil et électromagnétiques
sur 10 cm de longueur d'onde n'annonce rien de particulier. Comme chaque
matin les responsables font la navette entre les laboratoires de l'ionosphère
et du magnétisme, quêtant le moindre signe d'activité. Enfin, vers 8 h
30 la décision est prise. La météo est toujours favorable et une faible
activité se manifeste tout de même. Le compte à rebours commence à 8 h
45. Dans son shelter de commande, M. Lefèvre, ingénieur du CNES. et
responsable général de la campagne de tir, vérifie que tout est paré,
et\que les conditions restent satisfaisantes jusqu'au dernier moment, Il
est on communication interphonique d'une part avec Lavagne, chef de l'équipe
Sud-Aviation - qui, de son shelter de mise, à feu, placé à 40 m de la
fusée et protégé par des sacs de cailloux, déclenche le tir - d'autre
part avec M. J. Serthelier, déjà cité, et B. Morlaix, chef scientifique
de la station, qui vérifient à chaque instant le niveau d'activité.
Tous les hommes sont dehors, à la limite
du périmètre de sécurité, 400 m environ. Appareil photo ou caméra à
la main~ on cherche <le> cadrage avec manchots en premier plan et
continent antarctique comme toile de fond.
Les haut-parleurs diffusent sur l'île le
compte à rebours H-4, 3, 2, 1. Dans un bruit assourdissant la première
fusée antarctique s'élève dans le ciel avec une vitesse foudroyante. Dès
sa sortie de rampe à t + 0,4 s. intervient la mise à feu des impulseurs
de rotation qui seront éjectés 1 sec. plus tard. A t + 16 s., fin de
combustion du premier étage. L'altitude atteinte est déjà de 30 km
environ. On distingue encore à l'oeil nu la séparation des deux étages.
Seul le deuxième assure maintenant la propulsion de la fusée jusqu'à t
+ 37 s. où sa combustion cesse. A t + 54, la coiffe qui recouvre la
pointe est éjectée. Les bras soutenant sondes et détecteurs se déplient.
La fusée a alors atteint l'altitude propice pour les mesures. Dans les
shelter télémesure et visualisation on reçoit les premières
informations concernant les données techniques de la fusée et les données
-scientifiques concernant les mesures. Au bout de cinq minutes la fusée
a, atteint le sommet de sa trajectoire et commence sa descente jusqu'à sa
rentrée dans leso couches denses de l'atmosphère où la pointe se désintégrera.
Le programme initial prévoyait trois tirs
le même jour avant, pendant et après
le midi magnétique, et un quatrième tir un autre jour. Mais vers il h
l'activité diminue et à midi. le compte à rebours du deuxième tir est
annulé.
Encore deux jours d'attente, pendant
lesquels l'activité est inexistante et la météo favorable. Lefèvre et
Berthelier sont inquiets: il faut que les trois dernières fusées soient
lancées d'ici la fin du mois car M. Berteau revient le 12 février et il
faut que tout soit prêt à être rembarqué pour cette date.
A 9 heures du soir, branle-bas pour un phénomène
providentiel
Le samedi soir 28, à 21 h, débute un phénomène
providentiel. L'activité, inexistante quelques heures auparavant, s'accroît brusquement et atteint une grande intensité. On est on présence
d'un P.C.A. (polar cut absorption), phénomène très rare surtout on période
de soleil calme. Le tir est aussitôt décidé, Il faut rassembler toute
l'équipe disséminée sur l'île: les uns sont déjà couchés, d'autres
prennent leur douche, d'autres assistent à la séance de cinéma du
samedi soir. Cependant, une heure après la décision, à 22 h 05 locale,
la deuxième fusée s'élève dans le crépuscule. Les conditions restant
les mêmes, les deux dernières fusées sont tirées le lendemain, l'une
à 1 h 21' 25" TU, 11 h 21' 25" locale, l'autre à 3 h 9'
7" TU, 13 h 9' 7" locale.
Les résultats globaux seront révélés à
Paris lors du dépouillement des enregistrements magnétiques codés, mais
on sait déjà sur place que cette campagne de tir a été une réussite
exceptionnelle. Amener tout le matériel et le mettre on oeuvre avec une
équipe réduite, sous un climat très pénible, résoudre les problèmes
techniques spéciaux pour éviter que les fusées ne subissent de grands
écarts de température qui leur sont préjudiciables, avoir trois fusées
prêtes à être tirées à 1 h 30 d'intervalle, rembarquer le tout deux
mois exactement après l'arrivée malgré plusieurs jours d'attente; il
fallait le faire! Les T.A.A.F. seront encore à l'honneur l'année
prochaine. Une campagne de tir est prévue à Kerguelen et apportera des
informations complémentaires intéressant la zone sub-antarctique.
Souhaitons au G.B.l. et au C.N.E.S. de continuer avec le même succès. La
France manque de chercheurs mais elle a en ce moment des
<trouveurs>.
G DASSONVILLE juin 1967 |
CAMPAGNES
D'AMERIQUE 1962-1979
Les premières fusées sondes lancés
hors de France l'ont été de l'Argentine en novembre 1962. Dans le
cadre d'une campagne internationale de tirs simultanés, 11 sites sont
mis à contribution pour mesurer les vents de la haute atmosphère entre
100 et 200 km d'altitude.
En 1966, l'éclipse de soleil a aussi
donné l'occasion d'une campagne de tir. Ce jour là, le 12 novembre,
l'éclipse traversa une étroite zone de l'Amérique du Sud, passant sur
l'Argentine. Afin d'étudier le rayonnement UV de la couronne une
opération est montée par le CNES et le CNIE Argentin ainsi que
l'ONERA. Deux fusées sondes Titus sont lancés à 9 h 42 mn afin
d'observer en altitude l'éclipse. Pour remplir cette mission, une base
de lancement a du être construite de toute pièce dans la pampa, dans
la province du Chaco à 50 km de Resistencia au Nord du pays. La
construction durera plusieurs mois.
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Bilan et carte des sites de lancements des
fusées sondes françaises (JJ Serra)
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