LE LANCEUR, DIAMANT B/BP4
Une version Diamant B succède à Diamant A avec un nouveau premier étage plus long "Améthyste" remplaçant "Emeraude", utilisant des ergols plus énergétiques et un nouveau troisième étage à poudre P0,68. Diamant B mesure ainsi 23,5 m de hauteur pour une masse de 24,6 tonnes au lancement. Diamant B n° 2 en décembre 1970 Le premier étage "Améthyste" mesure 14,2 m de hauteur et pèse 20 tonnes remplit de carburant, 17 tonnes d' UDMH et de N2O4 dans un réservoir à fond commun. Son moteur LRBA Valois, succésseur amélioré du Vexin développe une poussée de 31,5 tonnes pendant 116 secondes. Le Valois a 410 gicleurs de N2O4 et autant d'UDMH convergents deux à deux (672 gicleurs d'acide nitrique et autant d'essence de térébenthine sur Diamant A) et 41 gicleurs d'UDMH destinés au refroidissement, giclant dans l'axe (52 gicleurs d'essence de térébenthine sur Diamant A). Un générateur à gaz utilisant les mêmes ergols assure la pressurisation des réservoirs (25 bars) pour chasser les ergols dans la chambre de combustion qui fonctionne sous 19 bars. Le second étage identique au diamant A, le "Topaze" P2.2 est relié au premier par une jupe tronconique de 1,2 m. L' étage mesure 5,5 m de hauteur pour 80 cm de diamètre. Son moteur de 1500 kg de poussé brûle pendant 44 secondes. Le troisième étage P0,68 mesure 1, 66 m de haut et pèse 780 kg. Son moteur de 5 tonnes de poussé fonctionne pendant 46 secondes. La coiffe cylindro-conique mesure 2,8 m de hauteur pour 85 cm de diamètre. Réalisé en stratifié nid d' abeille, elle s' ouvre en deux demi coque. Diamant B permet de placer 190 kg à 200 km, inclinée à 5°, 25 kg à 1000 km et 130 kg en orbite basse polaire. Le lanceur réalise 6 lancements du 10 mars 1970 au mars 1973. Six fusées Diamant B ont été commandées à
l'origine : deux pour le CNES et quatre pour l'ELDO (en version mono-étage) qui
auraient dû servir à la mise au point du PAS (Perigee-Apogee System) destiné
à la fusée Europa 2. Finalement, l'ELDO renonce à ce moyen d'essai et les
cinq exemplaires qui furent construits revinrent tous au CNES. Après le
lancement d'une capsule scientifique allemande Wika (Wissenschaftlich Kapsel) en
mars 1970, Diamant B lance successivement le satellite technologique Peole et
le satellite astronomique D-2A Tournesol. Les deux derniers tirs en décembre
1971 et mai 1973 (D-2A polaire et D-5A/B) sont des échecs.
DIAMANT BP4 Le Diamant BP4 est le dernier dérivé de la série. Son développement commence en janvier 1972. Il reprend le premier étage du B avec un nouveau second étage et un troisième étage à poudre logé dans la coiffe. Le BP 4 n' a réalisé que 3 vols du 6 février (Starlette) à septembre 1975 (D2 B). A la fin de l'année 1971, le ministre du
Développement industriel et Scientifique français, François-Xavier Ortoli,
annonce le lancement d'un nouveau programme destiné à augmenter les performances
de Diamant-B. Mis en chantier en janvier 1972, Diamant-BP4 doit être
opérationnel pour les satellites nationaux prévus en 1974 et 1975. Entre temps,
le projet de réalisation d'un lanceur Diamant B/C, en coopération avec
l'Allemagne et l'Inde, a été abandonné. Le gouvernement attribue la maîtrise d'œuvre du lanceur au CNES qui, à son tour, confie les principales fabrications à trois industriels français et à une firme britannique : la Société nationale industrielle aérospatiale (SNIAS), la Société européenne de propulsion (SEP), Matra et British Hovercraft Corporation, filiale de Westland Aircraft, responsable du lanceur Black-Arrow. Diamant BP 4 mesure 22,68 m de hauteur pour 1,4 m de diamètre avec une masse au lancement de 20306 kg. Le premier étage construit sous la maîtrise de l' Aérospatiale (ex SEREB) avec la SEP pour le moteur mesure 13,26 m de hauteur et pèse 2020 kg à vide avec 18,1 tonnes d' UDMH et de N2O4. Son moteur Valois développe une poussée de 31,5 tonnes pendant 116 secondes.
L'étage à poudre P4 ou Rita 1 d'un diamètre de 1500 mm. Développé par la SEP, il marque une évolution dans la propulsion solide militaire française par rapport au blocs de 650 mm (P0,6) et 800 mm (P2,2) utilisé sur les engins expérimentaux de la série des "pierres précieuses". Le P4 fonctionne avec une pression foyer de 70 bars pendant une minute avec des propergols beaucoup plus chauds et très agressifs (Isolane 28/7). Sa carcasse est bobinées en fibre de verre époxy. Le pilotage est assuré par 4 injecteurs de fréon dans la tuyère, elle même réalisée en graphite pyrolitique pour le col et du carbone Phenolic renforcé pour le reste. Le Rita 2, chargé de 6 tonnes de propergols succédera au Rita 1 mais comme second étage des missiles MSBS. Le 3e étage est dans la coiffe du lanceur. Le P0.68, à poudre est haut de 1,66 m pour 80 cm de diamètre. Pesant 780 kg, il est équipé d' un moteur de 50 kg de poussé qui fonctionne pendant 46 secondes. Cet étage est en plus équipé d' une centrale de calcul à l' avant de sa structure dans une jupe. C' est une couronne suspendue de 16,5 kg qui assure le guidage de l' étage.
Essai de séparation de la jupe inter étage 1/2 en 1974 Le plan de vol du BP4 présente une phase propulsée de 1 mn 56 s grâce au premier étage. Ce dernier était mis en rotation dès le décollage pour ensuite basculer en tangage dans le bon plan orbital. La rotation se faisait par des gouvernes aérodynamiques assistées par des petites fusées en bout d'empennages qui se détachaient toutes seules quand elles étaient vides. Le schéma de peinture du L17 permettait de suivre le bon déroulement de cette phase. Puis intervient l' allumage du second étage à T + 1 mn 59 s. A l' arrêt de ce dernier à T + 2 mn 54 s intervient une phase balistique avec largage de la coiffe, basculement du lanceur, séparation 2/3 et mis en rotation (spin). La durée de cette phase dépend du satellite embarqué. La seconde phase propulsée démarre avec l' allumage du P 0.68 pendant 46 secondes. Le satellite est ensuite éjecté sur son orbite.
Elle s' ouvre en deux demi-coques grâce à l'action de verrous pyrotechniques et de ressorts. Les coques pivotent autour de leurs 2 points d'articulation de 47° puis 2 autres ressorts les éloignent du lanceur. Au sol, 2 portes rabattables sur l'un des demi-coiffes assurent l'accès au satellite et au 3e étage. La ventilation est assurée par de l'air ou de l'azote. La coiffe du Black Arrow a du être modifié pour Diamant, offrant un volume utile de 1,5 m3 (0,7 pour Diamant B). L'étage P 0.68 repose sur une virole tronconique de 500 mm de hauteur. Coiffe du premier lanceur Black Arrow, récupéré après éjection, exposée au Museum of Applied Arts & Sciences d'Australie. Elle mesure 2,7 m de haut pour 1,4 m de diamètre. Le gain de performance du BP4 est assez important par rapport au Diamant B et double presque celle du Diamant A. Il est du essentiellement par un nouveau second étage et un devis de masse amélioré sur la case à équipement. Le Diamant BP 4 peut placer en orbite une charge de 220 kg à 200 km et 40 kg à 1000 km (inclinaison de 5°). Alors que la
commercialisation du lanceur est envisagée depuis 1970 et que se préparent les
tirs de Diamant-B P4, le Conseil restreint sur l'espace du 19 octobre 1974
décide de ne pas les poursuivre au-delà des lancements déjà programmés.
Plaquette du CNES sur Diamant BP4 édité dans les années 1970-80
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