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CHRONOLOGIE ARIANE

LE SATELLITE SYMPHONIE

C'est en fin de décade 1960-1970 qu'apparaissent les premiers programmes nationaux de satellites de télécommunication avec Westar (stabilisé par rotation) aux USA, Anik (stabilisé par rotation) au Canada, Molnya (orbite elliptique) en Russie.

Septembre 1965, le CNES et le CNET établissent un premier projet de système régional de télécommunications par satellite à défilement SAFRAN qui doit être mis en orbite par le lanceur Europa ELDO A. Ce projet est réactualisé en juin 1965 compte tenu des nouvelles possibilités offertes par Europa 2. Rebaptisé SAROS Satellite d' Application de Radiocommunication en Orbite géostationnaire, il servira pour les liaisons entre la France et les départements d' outre mer.

Dans le même temps, en RFA né le projet Olympia destiné à retransmettre des images de TV à l' occasion des jeux olympique de Munich en 1972. En France, un projet de synthèse SAROS 2 sort des cartons à l' initiative du CNET et de l' ORTF. Il a pour but un satellite de radiodiffusion et télédiffusion faibles et grands débits.

Le 3 novembre 1966, le programme est proposé à la RFA  dans le cadre du traité de coopération entre les deux pays (janvier 1963) Les deux états s' engagent donc à réaliser un satellite expérimental de télécommunication destiné à distribuer des programmes radio et TV, Symphonie (Athos est d' abord proposé par les Français qui est refusé par le ministre de l' époque Schumann, puis Symphonie sera proposé par les français et accepté par les Allemands quelques semaines plus tard).

Le 6 juin 1967, un accord est signé stipulant le caractère expérimental du satellite afin de ménager la susceptibilité d' Intelsat, l' organisation mondiale "chapotée" par les USA.

Symphonie est le premier projet technologique franco-allemand qui va permettre le rapprochement entre les équipes des deux pays qui s' installe en 1970 au Centre de Brétigny. De part ses ambitions techniques, ils se classe au niveau des programmes américains de l' époque. Une équipe de direction dirigé par 6 membres prend le programme en charge qui devra aboutir à un lancement par Europa du CSG.

En avril 1973, la suspension du programme Europa remet en cause Symphonie. Des études sont réalisé pour adapter le satellite avec un nouveau lanceur et des contacts avec la NASA sont pris. Un accord de 1968 précisait que les américains pouvaient lancer des satellites expérimentaux mais que des systèmes opérationnel ne devaient en aucun cas faire concurrence avec Intelsat dans le présent ou l' avenir.

Les négociations avec la NASA aboutissent en juin 1974 pour un lancement avec un Delta. La clause de non concurrence envers Intelsat est largement mis en avant en cette période pour que l' Europe réalise le lanceur Ariane, garant de son indépendance. 

Un prototype et satellites de conception entièrement nouvelle sont construit par le consortium franco-allemand CIFAS regroupant Aerospatiale, SAt, Thompson, AEG Telefunken, MBB et Siemens. Le projet prévoit deux satellites en orbite GO stabilisées selon trois axes avec contrôle par roue à inertie. C' est le premier de ce type lancé au monde.

Le premier Symphonie est lancé le 12 Décembre 1974 par la fusée américaine THOR DELTA 2914 depuis le centre spatial de Cap Canaveral en Floride. Prévu pour fonctionner jusqu'en 1980, il dérive sur l'orbite 'cimetière' depuis Août 1984. Le second est lancé le 27 Août 1975. Prévu pour fonctionner jusqu'en 1981, il dérivera sur l'orbite 'cimetière' depuis Décembre 1984.

 

Un Groupe de projet intégré du Consortium Industriel Franco Allemand pour Symphonie (GPI CIFAS) est chargé de la conduite des opérations. Les industriels membres initiaux du consortium ont évolué en cours de déroulement de programme:

_ Nord Aviation aux Mureaux, fusionne avec Sud Aviation et la SEREB pour donner à la SNI Aérospatiale en 1970 (fusion avec Matra pour donner Aérospatiale-Matra en 1999, fusion avec DASA pour donner EADS / Astrium Space filiale d'EADS en 2000)

_ Sud Aviation à Cannes, fusion avec Nord Aviation et la SEREB pour donner SNI Aérospatiale en 1970 (absorbé par Alcatel Espace pour donner Alcatel Space Industries filiale d'Alcatel et Thalès en 1998)

_ Thomson à Meudon/Vélizy, fusion avec CSF pour devenir Thomson-CSF en 1971 (devenu Alcatel Espace en 1983 et Alcatel Space Industries filiale d'Alcatel et Thalès depuis 1998)

_ CSF à Gennevilliers, fusion avec Thomson pour devenir Thomson-CSF en 1970 (devenu Alcatel Espace en 1983 et Alcatel Space Industries filiale d'Alcatel et Thalès depuis 1998)

_ SAT à Paris (abandon du spatial)

_ Siemens à Munich (abandon du spatial en 1978)

_ AEG à Hambourg, fusion avec Telefunken en 1972 (absorbé par DASA)

_ Telefunken à Baknang fusion avec AEG en 1972 (devient Bosch Telekom en 1990, absorbé par EADS/Astrium en 2001) et Telefunken à Ulm fusion avec Thomson-CSF en 1996 (appelé Thalès depuis 2001)

_ Messerschmidt-Bölkow à Ottobrunn devenu Messerschmidt-Bölkow-Blohm en 1969 (DASA en 1985 et fusion avec Aérospatiale-Matra pour donner EADS / Astrium Space filiale d'EADS en 2000)

_ Junkers à Munich absorbée par MBB en 1969

Les clients sont l' administration française avec l' agence spatiale CNES et la Direction des Télécommunications DGT devenue France Télécom et privatisée en 1996, et allemande (DFVLR et GFW) déléguant la direction de programme à un Secrétaire Général exécutif du programme Symphonie assisté d'un Groupe de projet client franco allemand.

_ MT - Maquette mécanique Satellite mécanique conçu et testé en France par Aérospatiale à Cannes en 1970.

_ MT - Maquette thermique Satellite thermique conçu et testé en France par Aérospatiale à Cannes en 1971.

_ MI - Modèle d'identification Charge utile assemblée par Siemens à Munich. Satellite électrique assemblé en France par le GPI CIFAS aux Mureaux en 1971.

_ MP - Modèle prototype Charge utile assemblée par Thomson-CSF à Courbevoie. Satellite assemblé en Allemagne par le GPI CIFAS à Ottobrünn et testé en France à Intespace / Toulouse en 1972. Rendu apte au vol en 1972, n'a jamais été lancé. A terminé sa vie au Deutsch Museum.

_ MV1 - Modèle de vol Symphonie A Charge utile assemblée par Siemens à Munich. Satellite assemblé en France par le GPI CIFAS aux Mureaux et testé à Intespace / Toulouse en 1973 et 1974. Lancé le 12 Décembre 1974 par la fusée américaine THOR DELTA 2914 depuis le centre spatial de Cap Canaveral en Floride. Prévu pour fonctionner jusqu'en 1980, dérive sur l'orbite 'cimetière' depuis Août 1984.

_ MV2 - Modèle de vol Symphonie B Charge utile assemblée par Thomson-CSF à Vélizy. Satellite assemblé en Allemagne par le GPI CIFAS à Ottobrünn et testé à IABG / Ottobrünn en 1974 et 1975. Lancé le 27 Août 1975 par la fusée américaine THOR DELTA 2914 depuis le centre spatial de Cap Canaveral en Floride. Prévu pour fonctionner jusqu'en 1981, dérive sur l'orbite 'cimetière' depuis Décembre 1984.

Symphonie est le premier satellite mondial civil de télécommunication stabilisé 3 axes au lieu de l'être par rotation. Symphonie est le premier satellite utilisant un moteur d'apogée bi-liquides à multi-poussées au lieu d'un moteur à poudre à poussée unique.

 

Le segment spatial est constitué de 2 satellites géostationnaires stabilisés 3 axes permettant d'établir des télécommunications simultanées entre plusieurs stations terriennes dans les bandes de fréquences 6 et 4 GHz. Le contrôle et la mise à poste des satellites sont effectués en bande VHF à partir de stations dédiées et du réseau du CNES pour la France et du DLR et la NASA pour l'Allemagne. A poste les satellites sont contrôlés par les stations terriennes en bande C (en France pour Symphonie A et en Allemagne pour Symphonie B).

Chaque satellite est équipé de 2 répéteurs de 45 MHz de largeur de bande à double changement de fréquence avec des ATOP de 13 W de puissance non redondants. Les antennes permettent de couvrir 2 larges zones en forme de haricot, l'ouest eurafricain et l'est nord- et sud-américain.

C'est la première plate-forme de la famille Spacebus d'Alcatel avec une masse au lancement de 400 Kg. Le pilotage 3 axes est effectué par mini-propulseurs à gaz "froid" (azote) et à gaz "chaud" bi-liquides à hydrazine (MMH) et par asservissement d'une roue inertielle à partir de capteurs terrestres infra-rouge. Le moteur d'apogée est un moteur bi-liquides à hydrazine autorisant le ré-allumage du moteur. Le générateur solaire est composé de 3 ailes fixes délivrant 300 W en début de vie.

Les satellites sont compatibles d'un seul type de lanceur, la fusée Europa en cours de développement qui suite à de nombreux problèmes de mise au point est abandonnée sans solution européenne de rechange. La solution américaine conduit à une interdiction à utiliser commercialement les satellites sur le plan international. Le programme Symphonie devient expérimental et la France et l'Europe se voient interdire l'accès commercial à l'espace pour un certain nombre d'année.

Le premier satellite en orbite a été l'objet de parasitage par effet électrostatique. Ceci a permis de mettre en évidence les précautions draconiennes qu' il est indispensable d'appliquer sur tous les satellites.

 

Le système Symphonie a malheureusement été obligé de limiter ses ambitions opérationnelles à des liaisons France DOM. Symphonie a aussi réalisé des liaisons expérimentales entre l' Amérique et la Chine par déplacement des satellites sur leur orbite. Un grand programme avec les organismes internationaux humanitaires UNESCO, ONU a pu être mené pendant des années.

Le système a permis d' aider l' Inde, la Chine, l' Egypte, l' Iran, l' Argentine et la Cote d' Ivoire dans les communications. Il préparera les futurs programmes de satellites français et allemand. Sur le plan national, l'exploitant France Télécom accédera commercialement aux télécommunications spatiales avec 5 ans de retard avec la mise en place de la première génération de satellite Telecom.

 

D'après "Les 30 ans du CNES" la Documentation Française
Merci à Philippe GSELL de son aide