1986
En début d'année, des contrats préliminaires
sont passés
avec différentes firmes européennes. En Belgique, Bell Téléphone étudie les télécommunications
bord-sol, ETCA l'alimentation de bord, Elenco les piles à combustible. Un
contrat est attribué aussi à l'Institut Von Karman pour les essais en
soufflerie. Aéritalia en Italie commence à travailler sur le contrôle
thermique, Fokker aux Pays-Bas sur le bras télémanipulateur, ORS en Autriche
sur les supports-vie. En Allemagne, Damier s'attaque aux piles a combustible et
aux systèmes de support-vie, MAN aux composites à moyenne température et
MBB-ERNO à la propulsion. En Suisse, des essais en soufflerie sont conduits à
Emmen. Outre l'Aérospatiale et Dassault-Breguet, les principaux contractants
français seront Matra pour la gestion des données, Alcatel et Thomson pour les
télécommunications, la SEP pour les protections thermiques chaudes.
Janvier, l' Allemagne n' est
toujours pas décidé qu' en à sa participation au programme Hermès. L' agence
spatiale Allemande DFVLR n' a pas de poids politique et les décisions sont à
prendre avec les 6 ministères concernés qui ont tous un avis très différent
du sujet. Les affaires étrangères préconisent 10% de participation, les
finances rien du tout, l' Allemagne étant engagé sur le module Colombus avec
l' Italie. La recherches elle a un faible pour le projet HOTOL, un avion spatial
aérobie décollant et atterrissant horizontalement.
Mars, l' Italie dont l'
intention de participation au programme Hermès était de 15% au début de 1985
ne sait toujours pas quel sera sa participation définitive. L' Italie
participe déjà à la station Colombus à hauteur de 25% et sur Ariane 5 à 15%.
Mars, la France dépose son
projet d' avion spatial au conseil européen en vue de son
"européanisation" lors de la réunion du 25 juin prochain. Si le
projet devient programme ESA il pourrait commencer en septembre prochain avec
les adhésions définitives des états membres jusqu' en avril
1987.
Mai, l' ESA démarre la
phase préliminaire B2. Le coût du programme est alors estimé 1,5 milliards $ plus le coût du lanceur Ariane 5 associé (1,9
milliard $). De son
coté l' Allemagne sort le projet Sanger, un transporteur aérobie à l' image du HOTOL et le NASP américain.
Les 25 et 27 juin, le conseil de l'Agence spatiale
européenne vote une résolution qui autorise l'ouverture d'un
programme préparatoire jusqu'à la mi-juin 1987. Ce programme s'élève à 390
millions de francs. L' enveloppe financière s' élève à 48 millions de MUC.
Les études de définition s' achèveront en octobre 1990 avec la revue de
définition système qui sera suivie des essais et qualifications au sol de mi
1990 à mi 1993. La phase d' essais en vol débutant par une série de 6 vols
subsoniques de navettes avec équipage, répartis sur 6 à 9 mois en 1994, avant
de procéder aux deux vols de qualification en 1995. Viendront ensuite les vols
opérationnels pour desservir dès 1998 la station orbitale Colombus attachée
à la station US. La déserte de la station autonome Colombus se fera à partir
de 2004. deux navettes seront construites pour réaliser 2 vols par an jusqu' en
2004 puis 3/ 4 vols par an par la suite.
Le coût d' Hermès est estimé par le CNES à 2120 MUC (prix 1984) soit 15
milliards F, hors frais de gestion et non compris la réalisation éventuelle du
modèle réduit Maia (1 milliard F). Chaque Orbiter coûtera 790 MUC, le segment
sol 318, le programme technologique 85 et le coût d' opérations pour les deux
vols de qualification (125 MUC).
Le 17 octobre, l' Allemagne s' engage au programme Hermès avec une participation de 30%. D' autre part, la
France annonce qu' elle financera 45% des études préparatoires déjà engagés.
75 % des études préparatoires sont déjà ainsi couvertes.
Les 22-23 octobre, l' ESA
décide d' entreprendre un programme préparatoire visant à poursuivre les
études de définition de la navette Hermès et du segment sol associé. Les
états membres ont jusqu' au 26 novembre pour affirmer et définir leur
participation au programme.
1987
Février, le CNES approuve
les premiers contrats industriels pour la maîtrise d' oeuvre d' Hermès. L' ESA
examine les quelques 250 offres industrielles qui lui sont parvenues en vue d'
attribuer prochainement les contrats d' études des différents sous systèmes
de la navette et des moyens sol. D' autre part une quinzaine de soufflerie
seront créer, modifier et remise en état pour les essais à basse et grande
vitesse de l' avion.
Une société regroupant les 5 firmes aérospatiale allemande serait en
création pour gérer la construction d' Hermès et dénommé Hermès
GmbH.
25 février, le CNES
présente à ses partenaires européen une nouvelle configuration du système
Ariane 5 Hermès. La mission d' Hermès a légèrement évoluée depuis quelques
mois étant seulement limité à la visite de la station autonome MTFF (Man
Tended Free Flyer) et non à la plateforme polaire. La charge utile s' en
retrouve réduite passant de 4500 à 3000 kg et installé dans une soute fermée
et pressurisée. De plus l' équipage est limité à trois astronautes au
lieu de 4 à 6. la nouveauté depuis l' accident de la navette US Challenger,
les trois astronautes seront installés dans une cabine éjectable. Toutes ces
modifications aboutissent à une masse de 21 tonnes au lieu de 25. Le premier
vol est désormais repoussé à 1997 au lieu de 1995, avec d' abord en 1996 un
vol en automatique remplaçant le démonstrateur MIAI abandonné
désormais.
Ce nouveau programme sera présenté en juin aux européen.
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Le nouvel
Hermès: La soute est désormais pressurisée et la cabine d' équipage
réduite (de 13 à 4 m3) pour seulement trois astronautes et qui pourra
être éjecté en cours de vol. Ces modifications n' affectent pas l'
aspect externe de l' avion hormis une langueur réduite, une structure
allégée et une réduction des surfaces aérodynamiques. L'
aménagement interne est considérablement changé avec une cabine plus
petite et une soute fermée qui à l' avantage de renforcer la rigidité
de la cellule tout en conservant les panneaux radiateur et la bras
télémanipulateur. La soute à le même volume qu' avant (30 m3) mais
se partage entre le compartiment charge utile (18 m3) et un habitat
réservé à l' équipage (8 m3) lesquels sont relié au sas pressurisé
(4 m3) permettant la passage dans le MTTF sans EVA. Hermes n' aura plus
la possibilité de ramener des satellites.
La charge utile nette sera de 2100 kg plus les ergols.
La masse de l' avion est ramenée de 15300 à 13900 kg avec la cabine
éjectable, et de 20600 à 18000 kg avec les ergols (1500 kg) de la
marge de masse (2600 kg). Au lancement Hermès pèsera 21000 kg avec l'
équipage compatible avec la nouvelle définition d' Ariane 5 2 P230/
H155. |
Hermès amarrée
à la station MTTF
19 mars, la Grande Bretagne
décide de s' associer au programme préparatoire d' Hermès avec 2 millions de
livres soit 6% du coût total.
Avril, la NASA accepte la
station européenne MTTF comme élément de la Space Station. Les négociations interrompues depuis 6 mois se sont à nouveau réouverte suite au retrait du DoD
US dans l' utilisation de la dite station orbitale à des fins militaires. Le
MTTF sera un module de type Spacelab associé à un module de ressources et un
générateur solaire pour des expériences en microgravité. Cette mini station
s' ajoute au module Colombus (attaché à la station pour des expériences
science de la vie) et la plateforme polaire pour l' observation de la terre.
Hermès sera chargé de desservir la station MTTF.
19 mai, le dossier de
programme sur Hermès du CNES est remis à l' ESA. La phase de développement
devant démarrer le 1 avril 1988 pour un coût total de 4534 millions d' Ecus
(31 milliards F) jusqu' en 1998 soit le double des prévisions initiales. Le
premier vol est prévu en fin 1997 en automatique et habité puis avec une
déserte de la station MTTF Pallas en 1999.
Hermès mesure
14,7 m de long pour 10 m d' envergure et 3,2 m de hauteur.
Juin, la cabine d' Hermès
sera éjectable jusqu' à Mach 7 et 55 km d' altitude afin d' assurer la
sécurité de l' équipage sur le pad, pendant les deux premières minutes
de l' ascension du lanceur et le retour sur terre. La cabine en entier (2500 kg)
sera éjectée sur des plans inclinés par un propulseur à poudre de 350 à 500
kg et délivrant une poussée de 25 tonnes pendant 4 secondes avec une
accélération très élevée mais supportable pour l' équipage. Le propulseur
est piloté en cas d' éjection sur le pad de tir et la cabine aussi mais
seulement pendant la phase propulsée 120 secondes et 55 km d' altitude. A l'
éjection, des petites fusées orientent la cabine et des volets aérodynamique
la freinent tandis qu' un parachute la stabilisent avant le déploiement des
principaux (400 m2) et l' impact. L' arrivée de la cabine sera amortie par
des ressorts, boudins gonflable ou des rétrofusées à définir. En
cas d' éjection en mer, la cabine pourra ainsi rester flottante sur l' eau
pendant 6 heures avant l' arrivée des secours. Après 6 ou 7 minutes de vol,
Hermès peut rejoindre seule un aéroport de secours et se poser comme un
planeur.
La protection
thermique d' Hermès sera à 60% composite réfractaires carbone ou céramique.
Pour protéger la navette jusqu' à des températures de 1800° C, l' Aérospatiale
propose ses composites carbone-carbone et la SEP ses composites
céramiques à matrice carbure de silicium Cerasep SiC-SiC. L' intrados est
pavé de tuiles en SiC (photo du bas) et les pièces travaillante sont en C-C ou
SiC-SiC.
Le bras
télémanipulateur d' Hermes HERA Hermès Robot Arm aura les même fonctionnalité
que celui du Shuttle mais sera assez différent en taille et
masse. Il est étudié depuis janvier 1986 par Fokker avec le NLR et Matra Spar
et FDO. Avec 7 degrés de liberté, il sera commandé depuis les mini manches du
poste de pilotage. d' une masse de 200 kg pour 8, 5 m de long, il sera stocké
à l' extérieur de la navette en position replié.
9-10 novembre, le conseil
ministériel des 13 pays membres de l' ESA adopte les deux résolutions pour le
plan spatial à long terme 1988-2000 et sur la négociation de la Space Station
US. L' ESA a ainsi donné son accord de principe pour le démarrage des
programme Ariane 5, Colombus et Hermès le 1er janvier 1988.
Pour Hermès, la réalisation se déroulera en deux temps. Le premier dès 1988
pour couvrir le "développement initial" afin de valider les
technologies mise en oeuvre. Le coût total sur la période 1988-2000 est estimé à
3,36 milliards $ pour Ariane 5 et ses trois premiers vols de qualification et
4,25 milliards $ pour Hermès et ses deux premiers vols de qualification en
1998.
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Hermès en
préparation et en orbite (ci dessus)
Hermès au sommet d' Ariane 5 (ci contre) |
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