L'AFFAIRE OTRAG

Au début des années 70, après le désastre européen Europa, Lutz Kaiser, un ancien étudiant d'Eugen Sanger, projète avec l'aide de la DFVLR, l'équivalent du CNES français, la construction de lanceurs spatiaux modulaires à faible coût. Il crée avec 145 millions de DM la société OTRAG, (Orbital Transport und Racketen-Aktiengesllschaft) dont le siège est basé à Stuttgard en Allemagne, en s'assurant le concours de Kurt Debus qui avait été directeur du Centre de Peenemunde puis directeur du Kennedy Space Center. Près de 40 personnes participent au projet.
La fusée de l'Otrag est une fusée à un seul étage. Elle garde la même longueur tout au long de son vol. A la base on trouve les moteurs, les réservoirs et la coiffe. Pour les matériaux, l'OTRAG utilise ceux présent dans l'industrie. Elle s'adresse aux sociétés électroniques, électromécanique, aérospatiales, aux fabricants d'aluminium et de matières plastiques. 

La gamme des fusées OTRAG est conçue à partir d'un module de base standard constitué par un couple de tubes cylindriques de 30 cm de diamètre et 3 m de long renfermant l'un le combustible (kérosène), l'autre le comburant (acide nitrique). Chacun d'eux comporte à la base, un moteur développant 30 kN, alimenté par pressurisation grâce à une réserve d'air comprimé sous 40 bars. Le modèle de base, dit zéro est constitué de 4 réservoirs, assemblé en carré. La poussée des moteurs ne peut prendre que trois valeurs : arrêt, demi-régime et plein régime. Cependant, il est possible de commander individuellement chaque moteur du faisceau et partant de permettre l'exécution d'un programme de vol. 

Les modules de la fusée sont groupés en faisceaux concentriques qui se détachent durant le vol dont les dimensions varient fonction de la charge utile. Les premiers essais prévoient le vol d'un d'une fusée à deux modules, soit 8 réservoirs. Le véhicule le plus important de la série doit comprendre 600 moteurs avec chacun un réservoir de propergol de 40 m de long. 

En décembre 1975, l'OTRAG choisit comme base de lancement le Zaire. Un contrat est signé le 26 mars 1976  avec les autorités zaïroises pour établir un centre de lancement dans le nord du Shaba, sur 100000 Km2 de terre en Afrique. Les responsables de l'OTRAG choisissent un site de lancement sur un haut plateau surplombant la rivière Luva, un affluent du Congo, à 1300 m d'altitude. Une piste d'atterrissage de 1200 x 40 m y est construite pour les deux Argosie et le Boeing 707 utilisé pour les transports.

Le premier ti a lieu le 17 mai 1977. La fusée avec ses deux modules grimpe à 20 km d'altitude.

Le 20 mai 1978, un autre tir permet de gagner 30 km d'altitude.

Mais le 5 juin 1978, une fusée à 4 modules de 12 m à quatre modules s'écrase au sol.

En avril 1979, suite aux pressions politiques exercées par l'URSS, le gouvernement zaïrois met fin au contrat passé avec l'OTRAG. La société installe alors son centre de lancement en Libye, à 600 km au sud de Tripoli. 

Un tir est réalisé le 1 mars 1981, la fusée culmine à 300 km d'altitude. 

mais le programme inquiéta cette fois les USA qui finalement obligèrent l'OTRAG à quitter le pays. Un dernier lancement eut lieu depuis le polygone de tir à Kiruna (Suéde) en 1983. L'OTRAG arrêta ses activités en 1987.