SEMIORKA, LE LANCEUR DE SOYOUZ
Mis en service en novembre 1966 pour lancer le nouveau vaisseau Soyouz sous le nom de Cosmos 133, le lance Soyouz sert pour la mise au point du Soyouz jusqu'en août 1968 (7 tests) et lance les vaisseaux Soyouz 1 à 18 (mai 1975). Lors du second vol d'essai le 14 décembre 1966 avec Cosmos 136, le lanceur explose sur le pad de tir suite à un incendie. La tour d'éjection fonctionne bien et le vaisseau inhabité est récupéré. Longtemps les lanceurs soviétiques de la série A a été mystérieux pour les occidentaux. De nombreuses spéculations ont couru avant que ne soit révélé le "lance Vostok" en 1967 pour le salon du Bourget à Paris. Pour le lance Soyouz il faudra attendre octobre 1968 pour voir une première photo du lanceur sur son pad et ainsi en conclure que c'était un lanceur Vostok de base avec un nouveau troisième étage. L'étage de base du R7 (7eme fusée ou Semiorka) est resté inchangé depuis 1955. Il brûle un mélange de kérosène et d'oxygène liquide. Le concepteur Korolev qui ne disposait pas à l'époque de la technologie nécessaire à la réalisation de moteurs très puissant contourna cette difficulté en assemblant des moteurs en faisceaux à l'image de ce que feront les américains sur le booster Saturn 1. Le premier et second étage sont ainsi accolés et non superposés et allumés ensemble au décollage. Les moteurs qui équipent ces deux
étages sont des RD 107 et 108 conçue entre 1954 et 57. Le premier étage
en fait les quatre blocs cylindro-coniques sont équipés des RD 107. Ce moteur
possède quatre chambres de combustion plus deux autres alimentant les
moteurs dits "verniers" destinés à l'orientation du lanceur. Sa
poussée est de 102 tonnes dans le vide, 25 tonnes par tuyère pour une
masse de 1155 kg (IPS de 314 s, pression de 60 bar).
Le troisième étage est le block I, le même que celui du lance Voskhod. Pesant 25 000 kg, il mesure 8,34 m de haut. Il est équipé d'un moteur RD 0110 de 30 000 kg de poussée brûlant un mélange kérosène LOX durant 247 secondes. Une coiffe de 11,3 m de long (avec le système d'éjection SAS) pour un diamètre de 3 m abrite le vaisseau Soyouz ou Progress. Avec les Soyouz T, TM et TMA, le système SAS fait passer la hauteur de la coiffe à près de 13 m. La coiffe de la version Progress mesure elle 12 m comme le le Soyouz mais n'a pas les 4 panneaux stabilisateur. A partir de 1986, une nouvelle coiffe a mis en place sans le système SAS mesurant 10 m de haut. L'entrée des cosmonautes dans le vaisseau se fait par la coiffe. Une porte carré aménagée donne accès à l'écoutille du module orbital entre deux panneaux stabilisateurs.
Le Sémiorka mesure 49,4 m de haut (52 m pour la version Soyouz T, TM et TMA) pour une masse au lancement de 310 tonnes environ et une poussée au sol de 410 tonnes.
La version de base dénommée
11A511 est plus légère de 150 kg que la version Voskhod 11 A57 dont
elle dérive. La charge utile passe à 6450 kg à 200 km d'altitude
(plus 550 kg). Le premier lancement a lieu le 28 novembre 1966 pour
placer Cosmos 133 sur orbite. Ce Cosmos est le premier Soyouz. Le
lanceur prend alors pour les occidentaux le nom de "lance
Soyouz" afin de le distinguer du "lance Vostok". Une seconde version est mise en service en 1975 avec le vol commun Apollo Soyouz. Elle est testée auparavant pour Cosmos 638 en avril 1973 et Soyouz 16 en décembre 1974. Les travaux démarrent en 1969. Destiné à remplacer les Voskhod 11A57, les 11A511 et 11A511M, il subit quelques améliorations au niveau des moteurs, l'utilisation de kérosène plus léger qui permettent de passer à une charge satellisable de 6220 kg à 450 km. Le premier lancement du Soyouz U a lieu le 18 mai 1973 (Cosmos 559). Il a lancé les Soyouz 16 et 19 destinés au vol commun ASTP, les Soyouz 20 à 34, les Progress 1 à 19 et les Soyouz T 1 à 12.
En septembre 1983, c'est pendant le compte à
rebours alors que les cosmonautes Titov et Strekalov sont à bord que le feu se
déclare à la base du lanceur. La tour d'éjection est actionnée et le vaisseau Soyouz T10
est éjecté du braisier et de l'explosion qui suit. La cabine retombe à 4 km du pad
après 5 mn de vol. En 1975, le ministère chargé de la construction mécanique demande une version du Soyouz U utilisant du kérosène synthétique pour le premier étage permettant de gagner 800 kg de charge (7050 kg à 200 km). Il lance les Progress 20 à 41, les Progress M 1 à 18, les Soyouz T 13 à 15, les Soyouz TM 1 à 22. Il est retiré du service en 1996 suite à la fermeture de l'usine de production de cycline à Oufa (Bachkirie). Le Soyouz U continue seul à lancer les Soyouz ce qui force les constructeurs est réduire la masse du vaisseau principal afin d'y loger trois cosmonautes. La dernière version FG est utilisée depuis mai 2001 pour les Progress (M1-6) et Soyouz TMA. Elle bénéficie de moteurs améliorés, d'une avionique modernisée, et plus d'équipement d'origine russe. Les nouveaux moteurs RD 108A et 107A à injecteurs modifiés permettent déplacer 7420 kg à 193 km. La puissance au décollage est de 422 tonnes pour une masse de 305 tonnes.
LES GOUTS ET LES COULEURS Le lance Soyouz est en général de couleur grise, voire gris-vert selon l'éclairage et les conditions de prises de vues avec une bande rouge-orangé à la base du troisième étage et des boosters. On a souvent raconter que le système soviétique n'avait pas la même référence de luminosité par leur appareils photo et que cela influait sur la "véritable" couleur des lanceurs.
Voici 3 photos du même lanceur pris en 1975, probablement le lanceur de secours pour la mission commune Apollo Soyouz. Pas une n'a la même couleur aussi bien pour le lanceur que le décor. A noter que j'ai volontairement éclairci la seconde photo car elle était très foncée. Au décollage, il est gris et blanc, le blanc étant en fait les nappes de condensation de l'air autour des réservoirs d'oxygène liquide très froid. De mémoire, il n'y a eu qu'une seule exception, le lanceur du Soyouz 19 ASTP, entièrement blanc avec la petite collerette orange-rouge à la base du troisième étage. Comme ce vol utilisait la version U du lance Soyouz, il est probable que les responsables aient eu l'idée de le peindre en blanc pour marquer la différence avec la précédente versions qui avait connu une défaillance en vol le vol d'avant (Soyouz 18 en avril 1975). |