DEVELOPPEMENT DE L'ATV
2007
Après le succès des essais thermique de
l'ATV à l'ESTEC en décembre 2006, l'année 2007 sera l'année de l'ATV Jules
Verne. Fin janvier se tiendra la prochaine revue entre les partenaires
internationaux de l'ISS : la date de lancement d'ATV y sera consolidée.
Arianespace prévoit en effet un lancement A5GS courant mai pour procéder à
une dernière caractérisation du rallumage EPS, avant la mission ATV. Ce sera
un lancement double avec deux satellites de classe moyenne, ce qui permettra de
garder un peu de performance pour procéder à un rallumage EPS, environ 30
minutes après la séparation du second satellite.
Côté Kourou, on se prépare à accueillir ATV et ses presque 300 tonnes de matériel
et à supporter le suivi du vol A5ES/ATV. La campagne de lancement va durer plus
de trois mois, et le vol proprement dit presque 10000 secondes (jusqu'à la désorbitation
de l'EPS).
Le réseau de stations télémesure va être très original, avec en plus de
Kourou, un bateau dans l'Atlantique nord, une station aux Açores, deux stations
en Australie et une station en Nouvelle-Zélande.
ATV va également être la première opportunité d'opérer au CSG des systèmes
d'ergols russes (le ReFueling System), avant les mises en oeuvre des étages
Fregat (Soyuz) et AVUM (Vega) à partir de 2008.
Mi mars, il s'acère que le lancement de
l'ATV sera repoussé à la fenêtre de novembre. Au cours des mois
écoulés, le défi principal posé par les essais de qualification de
l'ATV a été la conduite de campagnes parallèles impliquant différents
types d'interfaces avec différents partenaires. Cette stratégie
complexe, dont la mise en œuvre a pris du temps, a pour objectif premier
d'assurer que le matériel et les logiciels de l'ATV sont capables de
gérer tous les scénarios nominaux et non-nominaux auxquels le « Jules
Verne » pourrait avoir à faire face durant son vol.
La technique 'rendez-vous' de Jules
Verne a été testé avec succès en France Ainsi, près de Moscou, dans
les installations de RKK Energiya - le site de fabrication des systèmes
d'arrimage et de ravitaillement en ergols ainsi que de leur électronique
associée - d'importantes simulations par ordinateur ont été réalisées
de décembre à mars au GDC (Ground Debugging Complex). Un puissant
simulateur y est utilisé pour introduire volontairement plusieurs
scénarios de défaillances et créer artificiellement des situations
dégradées auxquelles l'architecture de l'ATV doit répondre tout en
respectant les contraintes de sécurités très strictes imposées aux
vols habités.
L'objectif est de tester la version
finale des logiciels utilisés d'une part pour la liaison entre l'ATV et
le module russe lors des opérations de rendez-vous et d'arrimage, d'autre
part après l'arrimage pour permettre au module russe de prendre le
contrôle du système propulsif de l'ATV pour assurer la remontée en
orbite et le contrôle d'attitude du complexe orbital de 220 tonnes que
constitue l'ISS. Des équipement de communications réels et des
simulateurs de GPS ont été utilisés au cours de ces essais.
Cette campagne, qui touche actuellement
à sa fin, a connu quelques retards importants du fait de difficultés
inattendues rencontrées lors de la validation du GPS sur le segment
russe. Celui-ci doit servir au système de navigation relatif de l'ATV.
Des opérations de correction, dont une amélioration des logiciels, ont
finalement permis de remplir les objectifs avec succès.
Sur le même site russe, une autre
campagne d'essais de deux mois, prévue pour ce printemps, testera des
interfaces réelles avec la réplique grandeur nature du module russe de
12,6 m de long dans les installations du KIS (Station de commande et
d'essais). Grâces à ces interfaces physiques, il est possible de tester
les systèmes d'arrimage et de ravitaillement en ergols avec de vrais
fluides et des réservoirs pressurisés. Le « Jules Verne », à l'instar
des vaisseaux russes Progress, a la capacité de ravitailler la station
avec 860 kg d'ergols et d'évacuer 840 kg de déchets liquides.
La dernière ligne droite
Plusieurs scénarios de mission vont
nécessiter des interactions complexes et un partage de responsabilités
entre le Centre de contrôle de l'ATV (ATV-CC) à Toulouse, en France, et
les centres de contrôle de mission russes et américains à Moscou et
Houston. Ce sera la première fois dans l'histoire des activités
spatiales que trois centres de contrôle spatiaux répartis autour de la
planète devront travailler de concert. Pour ces activités conjointes
liées au vol orbital de l'ATV, des procédures spécifiques de haut
niveau - les Procédures Multi-Eléments - ont été développées. Elles
attribuent successivement des tâches à accomplir aux centres concernés.
Une douzaine de simulations impliquant les trois centres de contrôle sont
toujours en cours afin de raffiner les procédures pour les scénarios
nominaux et non-nominaux auxquels le « Jules Verne » pourrait être
confronté.
Dans le même temps, l'équipage de
l'expédition 16 de l'ISS, Youri Malenchenko et Peggy Whitson, a entamé
son entraînement sur l'ATV au Centre des astronautes européens (EAC) à
Cologne,en Allemagne. « Leur rôle durant le rendez-vous sera similaire
à celui de l'équipage d'un avion surveillant un atterrissage automatique
impliquant 14 paramètres différents, sans contrôle manuel de secours à
part la possibilité de commander une manœuvre automatique pour éviter
de se poser pour de bon.
Maintenant que les nombreux défis des
essais et des campagnes sont en passe d'être relevés, le « Jules Verne
» devrait être prêt pour son transfert vers le site de lancement à
l'été 2007. Le transport de l'ATV et de ses 400 tonnes d'équipement de
soutien au sol, du centre d'essais de l'ESA aux Pays-Bas vers Kourou en
Guyane Française, prendra deux semaines par mer à bord du navire de
transport d'Ariane 5, le « Toucan ».
Comme l'ATV est le plus gros et le plus
complexe de tous les engins spatiaux jamais développés en Europe, et en
raison du cahier des charges très exigeant imposé par les règles de
sécurité liées au vol habité, la campagne de lancement au Centre
spatial guyanais (CSG) en Guyane Française s'étendra sur près de quatre
mois avant la mise en orbite.
En attendant, d'avril jusqu'au milieu de
l'été, une revue étendue se déroulera avec la NASA et les Russes en
Europe, pour s'assurer que le « Jules Verne », les installations qui lui
sont associées et les procédures trilatérales sont fins prêts pour la
mission inaugurale de l'ATV. La qualification du Centre de contrôle de
l'ATV est presque finalisée, une grande partie du programme d'essais de
validation des systèmes a été accomplie. Le programme de qualification
des opérations normales a démarré et se poursuit selon le calendrier
prévu pour être prêt au lancement à la fin juillet de cette année.
Au-delà de la disponibilité du « Jules Verne » et de son centre de
contrôle, de nombreuses contraintes externes limitent considérablement
les dates possibles pour un arrimage du « Jules Verne », ce qui
restreint également les dates possibles pour son lancement. Une
contrainte naturelle importante est fournie par l'angle formé par le
Soleil et la ligne de visée entre l'ATV et l'ISS lors de l'approche
finale. Cet angle doit être suffisamment faible pour assurer une bonne
alimentation électrique de l'ISS et suffisamment large pour éviter que
le Soleil n'éblouisse les capteurs de rendez-vous. Cette contrainte
délimite deux fenêtres de lancement, une en septembre, l'autre en
novembre. D'autres contraintes importantes découlent du trafic des autres
vaisseaux spatiaux à destination et en provenance de la Station spatiale,
ainsi que de la disponibilité de la baie d'arrimage habituellement
utilisée par un vaisseau cargo russe Progress.
14 juin, l'ESA annonce que le premier
vol de l'ATV "Jules Verne" est repoussé à janvier 2008, à
cause des retards accumulé dans le programme STS. L'ATV quittera l'ESTEC
au Pay Bas à la mi juillet par bateau pour rejoindre la Guyane. Le
bateau transportant les quelques 400 tonnes de matériels dont l'ATV
quittera Rotterdam le 17 juillet pour arriver à Kourou le 29 juillet. Les
30, 31 juillet et 1er août auront lieu les déchargement et le
déploiement au S5C. Suivront huit à neuf semaines de validation
électrique et mécanique de l'ATV (en deux morceaux : spacecraft -SC- et
integrated cargo carrier -ICC). La campagne s'arrêtera fin septembre pour
reprendre début octobre avec les opérations de chargement du cargo et de
l'eau et l'assemblage de l'ATV en une seule entité. Viendront ensuite les
opérations de remplissage du cargo en ergols pour ravitailler le module
Zvezda ISS et en ergols pour les opérations de rendez-vous, la remonté
de la station et la désorbitation. Après la pause de Noël, l'ATV sera
intégré à Ariane 5 le 3 janvier pour un lancement en fin de mois.
13 juillet, les trois
containers de l'ATV quitte l'ESTEC par camion. Arrivé à Katwijk, ils
sont chargés dans deux barges. Le chemin vers Rotterdam passe par le
cité allemande de Leiden.
17 juillet, 13h 30 TU, le
MN Toucan quitte le port du Havre pour la Guyane.
28 juillet, le MN Toucan
arrive à Kourou. Les containers sont déchargés et amenés vers le EPCU
S5C.
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Le module de propulsion de l'ATV
avec ses moteurs dans le S5C |
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Déchargement de la
structure porteuse de l'ATV. Elle sera sur l'étage EPS du lanceur |
La charge utile du premier vaisseau de
ravitaillement automatique est en phase de préparation finale à Turin,
avant d'être expédiée au site de lancement de Kourou, en Guyane
française. Parmi ce matériel, figurent des pièces de rechange pour la
station, mais aussi pour l'ATV lui-même, tels des raccords destinés à
son successeur, dont certains systèmes de joints ne peuvent servir qu'une
seule fois. Mais l'Europe de l'Espace a voulu commémorer ce lancement
d'un genre un peu particulier d'une façon originale en plaçant à bord
de Jules Verne plusieurs manuscrits sur l'espace et l'astronomie de son
homonyme et universellement célèbre visionnaire du XIXème siècle,
prêtés par la bibliothèque de la Ville d'Amiens (France), telle une
note sur les distances en astronomie mentionnant entre autres "Terre
à Lune (384 300 km) - À pied = 8 ans 282 jours" et une carte du
ciel tracée de sa propre main, ainsi qu'une édition de luxe originale du
livre "De la Terre à la Lune" paru chez Hetzel en 1865.
Une reproduction d'une dédicace de
l'écrivain en page de garde de l'ouvrage Voyage au centre de la Terre
datant du 6 mars 1881 a été prêtée par le collectionneur italien Piero
Gondolo della Riva, qui a toutefois refusé que l'original soit embarqué,
par crainte de le perdre. L'idée de cet hommage à Jules Verne a été
émise par l'astronaute français Jean-François Clervoy et Robert Laine,
un des responsables du projet ATV.
Une dernière vérification de
l'ensemble a eu lieu le 3 octobre chez Thales Alenia Space, à Turin
(Italie), sous le regard attentif des astronautes de la NASA Marsha Ivins
et de l'ESA Roberto Vittori, qui ont particulièrement veillé à
l'empaquetage des nombreux éléments et à leur identification
éventuelle en vue d'une maintenance de dernière minute. L'équipe
responsable de l'expédition prépare actuellement la mise en condition de
la charge utile en vue de son transfert à Kourou à bord d'un avion
cargo. Elle sera ensuite intégrée à l'ATV Jules Verne dans le courant
du mois de novembre. Le reste du matériel, préparé et conditionné au
Johnson Space Center de la Nasa, a été également réceptionné et
transféré début octobre à Kourou.
Vue générale de la salle
blanche avec l'ATV en intégration.
Le cargo sec ICC Integrated Cargo Carier est à gauche couché
horizontalement. Il est chargé par le trou sur son arrière, d'un
diamètre de 2 métres à l'aide de l'échafaudage plongeoir, nommé REPA.
Il sera ensuite fermé avec l'AAC (Aft Access Closure). L'eau est
également chargé dans le S5C. L'ICC est hissé sur le SC à droite
entouré d'échafaudage avant d'être amené dans le S5B pour le
remplissage en ergols et en gaz
Novembre, la préparation
de l'ATV prends beaucoup de temps aux ingénieurs du CSG. Le travail se
fait avec deux rotation d'équipes au minimum, quelque fois trois, 6 jours
par semaine. Certains composants ont du être remplacé, comme des
éléments du système d'amarrage russe. Il a du être démonté et un
interrupteur remplacé (mauvais contact d'un millimètre). Le tout a pris
deux semaines. Des valves dans le sous système de propulsion ont été
échangé et des composants dans le réflecteur du système d'approche
finale ont été remplacé à cause de problèmes de condensation. L'ATV
n'a pas encore ses panneaux solaire attaché. Les batteries doivent être
installées, le plein de carburant devra être fait d'ici mi-décembre
avant l'assemblage sur le lanceur en janvier.
Fin
novembre, les équipes se sont concentrées sur les essais d'étanchéité
de toutes les systèmes fluides (propulsion et refueling) et du vaisseau pressurisé.
Les mécanisme permettant la rotation des panneaux solaires ont été
installé. Les panneaux ont été placé par les équipes d'Astrium. Le
système d'amarrage a été vérifié, mais un défaut a été trouvé qui
devra être réparé par les industriels russes (RSC Energia), ce qui nécessitera
un démontage d'une partie du système. Tous les senseurs optiques ont
été remplacé à la suite d'alertes lors du transport à Kourou. Des
problèmes ont été rencontré pendant des essais de joint du système de
propulsion, impliquant le remplacement de quelques systèmes fluides et de
nouveaux tests d'étanchéité. Début
décembre, le chargement de 268 litres d'eau dans les réservoirs de l'ATV
est effectué. Cette eau, destinée à la consommation de l'équipage de
la station spatiale internationale (ISS), a été traitée selon les critères
russes et sera transférée dans les réservoirs russes de la station. Le
chargement de la cargaison solide a lieu en parallèle dans le module
pressurisé, ce qui représente quelques 1300 kg de matériel divers
destinés à l'équipage, dont 550 kg de nourriture, 80 kg de vêtements
ainsi que des pièces de rechange. Ces matériels, qui avaient été
acheminés en Guyane en octobre dernier, ont été préparés
essentiellement par les équipes NASA et ESA. Ce chargement de la
cargaison a été précédé par la désinfection du module pressurisé.
Les procédures et les tenues des personnels ont été adaptées en conséquence,
pour ne pas risquer la contamination de l'équipage. Ces activités sont
les dernières avant la fermeture définitive du module pressurisé de
l’ATV prévue le 13 décembre. Une fois en orbite et lorsque l’ATV
sera arrimé à l’ISS, les astronautes pourront à nouveau accéder à
ce module pressurisé par le sas reliant les deux véhicules. En plus, les
batteries rechargeables et les piles ont été intégrées et connectées
au système électrique, tandis que la version finale du logiciel de vol
était chargée.
La semaine qui vient sera consacrée aux
derniers contrôles avant l'assemblage définitif du Jules Verne (module
propulsif et module pressurisé). C’est une nouvelle semaine clé pour
le programme ATV puisque se tiendra en même temps aux Mureaux la revue de
recette finale du segment vol.
15 décembre, les deux modules de l'ATV
Jules Verne sont assemblés.
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