LE VAISSEAU APOLLO
LE DEVELOPPEMENT DU LEM Avec ses longues pattes grêles articulées, ses nombreuses antennes, sa silhouette étranglée à la taille, le LM ressemble davantage à un insecte venu d'ailleurs qu'à un vaisseau spatial. Les premiers astronautes à le tester dans le cadre de la mission Apollo 9, Jim McDivitt et Rusty Schweickart, ne s'y trompèrent pas et le baptisèrent Spider, L'Araignée. Et ils ne cachèrent pas leur scepticisme. A en croire Jim McDivitt, "j'ai cru que c'était une blague !!". Il s'agissait d'un fragile vaisseau en papier de soie, à travers lequel on aurait vite fait de passer les pieds. Pourtant l'engin en imposait. 18 moteurs, 14 réservoirs de carburants, 8 systèmes radio, il affichait des dimensions impressionnantes, équivalentes à celles d'une maison à deux étages : sept mètres de haut, quatre mètres de large. Il était plus volumineux que le vaisseau Apollo proprement dit. Le Lunar Module se décompose en deux parties : l'étage de descente, chargé de freiner pendant l'alunissage, et l'étage de remontée qui ramenait l'équipage en orbite où l'attendait le vaisseau Apollo. COMMENT ALLER SUR LA LUNE ? Le voyage vers la lune n'a été , pendant longtemps que le terrain de jeu des écrivains. Lorsqu'en 1957, l'URSS lance le premier Spoutnik, tout change. A partir de ce moment, ce n'était plus de la science fiction; mais il restait une question: Comment faire pour y aller. Début 1958, Verner von Braun suggère deux méthodes pour atteindre la lune, l'ascension directe utilisant une grosse fusée et le rendez vous en orbite terrestre nécessitant plusieurs lanceurs moyens pour assembler tout le matériel en orbite basse avant le l'envoyer vers la lune. Le véhicule de retour lunaire envisagé au Army Ballistic Missile Agency début 1960 dessiné par Wernher von Braun's "A Lunar Exploration Program Based upon Saturn-Boosted Systems." Tom Dolan un ingénieur de chez Vought Cie soumet une troisième possibilité en utilisant un véhicule plus léger pour "alunir" sur la lune ce qui impose un rendez vous en orbite lunaire, du jamais vu ! Cette idée qui faillit passer aux oubliettes est reprise par John Houbolt du centre Langley qui la propose à la NASA. Tel un prêcheur, Houbolt va tenter de convaincre les différents responsables de l'agence du bien fondé de son concept. Au début des années 1960, la firme aérospatiale Grumman se retrouve associée à un groupe de travail de la NASA afin de fixer les plans pour amener des hommes sur la lune. Dans le domaine spatial, la société Californienne a réalisé le satellite astronomique OAO, l'ancêtre du télescope Huble. Lors des appels d'offre pour le premier programme de vol habité Mercury à la fin des années 1950, elle a participé aux sélections, mais c'est Mc Donnel qui remporta le contrat (pour la Navy Grumman était suffisamment occupée avec la développement des avions A6 Intruder et le E2 Hawkeye). Projet de module lunaire de General Electric en janvier 1960 Projet de General Dynamic Mai 1961, le président Kennedy annonce que l'Amérique enverra d'ici la fin de la décennie un homme sur la lune et le ramènera sain et sauf sur terre. Grumman est alors prêt à relever le défi. Elle travaille alors comme sous traitant de Général Electric dans les premières études du compartiment équipage du module de commande Apollo. Mais le contrat du CSM Apollo est donné à North American Aviation. Grumman décide alors de rebondir, espérant que la NASA résoudra son problème de savoir comment aller sur la lune, en développant le concept du LOR (Lunar Orbiting Rendez-vous), le rendez vous en orbite lunaire. Les études de Grumman se concentrent donc sur les différents aspects de la mission et principalement sur l'unique vaisseau requit pour attendre la lune, le module lunaire. La compagnie autorise une équipe de 50 personne placée sous la direction de Joe Gavin et Tom Kelly à poursuivre les études pendant quelques temps. En janvier 1962, une première étude est proposée sur le LEM et le LOR. Elle est présenté aux responsables de la NASA, Joe Shea en tête en juin avec toutefois de nombreuses réserves et questions. Malgré cela, la NASA accepte le LOR en juillet. Aussitôt les appels d'offre pour le développement du module lunaire sont lancés, Grumman partant en tête. L'appel d'offre met en compétition Grumman avec 7 autres firmes et en novembre elle obtient le contrat pour un montant de 345 millions $. De quelques douzaines de personnes, les équipes d'ingénierie vont alors passées à près de 3000 au plus fort de l'activité en 1967 aboutissant à la fabrication des premiers modules et aux premiers tests. A ce moment, quelques 900 personnes travaillent pour Grumman, 1400 au KSC, 450 au centre Johnson et 300 à White Sands pour les essais moteurs. Des 700 techniciens, ingénieurs et ouvriers travaillant à l'usine de Bethpage, 2400 étaient assignés au programme, 1800 aux véhicules de vol et 600 pour la gestion des systèmes sol. A ceci s'ajoutent quelques 140 sous traitants au travers les Etats Unis. De LEM, Lunar Excurtion Module, le véhicule deviendra le LM, Lunar Module en 1967, la NASA estimant que les astronautes n'allait pas se "balader " sur la lune comme des touristes mais travailler et réaliser des expériences scientifiques.
Entre mai 1960 et juillet 1962, Grumman avait étudié pas moins de cinq configurations de module. Avec la NASA, la firme commence les études sur un premier modèle de LEM, les requêtes de l'agence étant soumises aux estimations du constructeur et inversement. Un module en deux parties se dessine dès les premiers coup de crayon, avec un étage inférieur dit de descente et un supérieur dit de remonté. Le premier contiendra tous les réservoirs, le moteur pour la descente et le second abrite l'équipage avec leur oxygène, réserves d'eau, système de communication et de navigation GNC, électrique EPS, de contrôle environnemental ECS, de contrôle d'attitude RCS et le moteur de remonté. Deux sas permettent l'amarrage avec le CSM, le sas avant permettant les sorties sur le sol lunaire. L'étage ressemble à un cockpit d'hélicoptère, les astronautes étant assis devant de larges hublots avec tout une série de panneau de contrôle disposés de part et d'autre. L'étage de descente comporte 5 jambes pour l'atterrissage se logeant dans le cylindre de la jupe de l'adaptateur SLA du troisième étage du Saturn 5, le S4B. Ce module là ne pèse seulement que 8800 kg, la NASA le baptise "Bug", la puce. De nombreuses questions restent néanmoins en suspens, tel que le mode de propulsion liquide ou solide, le système de guidage, la nature du sol et l'influence de la poussière lunaire sur les équipements comme le radar. Le membre du congrée George Miller (à gauche) examine un module lunaire au 1-8 eme montré par les officiels de Grumman Joseph Gavin et Robert Mullaney. LE LM CHANGE DE CONFIGURATION Janvier 1963, la NASA et Grumman sélectionne
les quatre sous traitant principaux pour le programme du LM: Rocketdyne pour le
moteur de descente, Bell Aerosystems Company pour celui de remonté, Marquardt
Corporation pour le système RCS et Hamilton Standard pour le système ECS
environmental control system. Février, l'équipe chargée du
développement du LM déménage dans un nouveau bâtiment, le Plant 25 juste à
coté au Nord (LM Engineering Buildind). La structure de l'étage de descente cylindrique devient cruciforme et augmente en taille vue que les jambes du train peuvent être repliées. Ce nouvel aménagement permet de loger 4 réservoirs cylindriques de carburant-comburant au lieu de 6 sphériques. Les 4 coins de cette structure permettent aussi d'attacher le LM au SLA de l'étage S4B du Saturn par l'intermédiaire des tubes supportant les jambes du train. Les zones triangulaire entre les carré serviront pour placer le matériel scientifique. Le changement de dessin de l'étage de
remonté est plus compliqué. La petite taille de la cabine du LM proposée
ne permettait pas de placer les scaphandres et sacs à dos de survie des
astronautes ainsi que les échantillons lunaire à bord. Il faut donc redessiner
la cabine. Les quatre larges hublots en verre sont trop lourd implantés dans une
cabine redessinée, il faut réduire leur nombre et leur taille. La solution
proposé est évidente, les sièges sont supprimés, les astronautes seront
debout. Conséquence, les astronautes étant plus près des hublots, on peut alors réduire
leur taille. Outre l'économie de masse, on gagne du volume. De toute
façon, le LM ne sera habité que durant 2 jours. Après discutions, les hublots
deviennent de petits triangles offrant pour les pilotes une excellente vue dans
toutes les directions pour l'atterrissage. Le nombre de réservoirs de carburant ne changera pas jusqu'à l'été 1963. De quatre, il passe à deux, le moteur étant du type hypergolique sans système de pompe et d'allumage. Afin de garder la symétrie et le centre de gravité, les réservoirs sphériques en titanium sont placés plus ou moins près du moteur selon la masse d'ergols qu'ils contiennent. Septembre 1963, cette nouvelle configuration est présenté sur la maquette M1. Elle est approuvé en décembre par la NASA. En ce début des années 1960, l'électronique n'a pas encore fait d'énormes progrès et bien sur n'a pas le niveau d'aujourd'hui. Les circuits intégrés IC commencent à remplacer les transistors. L'électronique du LM fait donc appel à ces IC même si leur application récente dans le commerce et le militaire ne donne pas de statiques sur leur performance, malgré leur faible masse, encombrement et grande puissance. Un important programme de tests de cette "nouvelle électronique" est mis sur pied jusqu'en 1965. On peut dire que fin 1963, le LM a à peu près la tête que nous lui connaissons aujourd'hui. Depuis 4 mois, les principaux contrats ont été lancé aux sous traitants, Pratt & Witney pour les piles à combustible, Hamilton pour le système ECS et Marquadt pour le système RCS en juillet et RCA pour le radar en novembre. Fin 1963, le centre des vols habités demande à Grumman d'arrêter son travail sur le LTA 9. Conséquence, la démonstration de vol couplé avec un hélicoptère Skycrane est annulée.
Pour le train d'atterrissage, afin d'éviter d'éventuelles fuites et gagner encore de la masse, Grumman propose à la place de suspension pneumatique ou hydraulique d'utiliser de nouveaux matériaux absorbant capable de supporter le choc d'un contact avec un sol dur. De l'aluminium en nid d'abeille est alors proposé. En coulissant dans son logement, la jambe du train écrase un cylindre en nid d'abeille d'aluminium qui absorbe l'énergie de l'impact. Afin de tester la "souplesse" du train, des études assistées par ordinateur sont réalisées afin de trouver le meilleur compromis masse, efficacité et des essais grandeur nature sont réalisés à Langley avec un étage de descente grandeur réelle lâché d'une hauteur conséquente. Concernant la sécurité pour éviter un replie accidentel des jambes, un système de
verrouillage est mis au point qui
empêche le replie une fois les jambes dépliées. Ne connaissant pas la nature du sol lunaire, de nombreux essais sont réalisés pour définir au mieux les caractéristiques de l' engin à l'atterrissage. Ainsi il est décidé de définir des tolérances de vitesse de 3 m-s en verticale, zéro en horizontal et 2 m-s en vertical avec 1,2 m- en horizontal avec une attitude de 6° par rapport à l'horizontale. Janvier 1964, le LM pèse 11800 kg chargé sans équipage. Le but est de réduire cette masse à 10000 kg. Ce problème de masse va occuper les équipes tout le long de l'année 1964 jusqu'en 1965. Premier programme minceur, il est décidé de ne pas emporter de pièces de rechange dans le LM et le CSM. Cette décision évite par la même de développer toute une série de matériels interchangeables avec la connectique associées ce qui réduit la masse du matériel embarqué en libérant de la place dans la cabine. De plus il s'avère que les astronautes n'auront pas le temps de réparer et changer les équipements lors de la préparation de l'alunissage. La procédure de réparation en vol dite IFM est rejeté en 1963 du vaisseau Apollo. A la place, l'équipage disposera d'écrans de signalisation, d'un système de prévention et d'alarme, et l'assistance du centre de vol MCC à Houston pour détecter les défaillances. l'électronique de bords est alors enfermé dans des boites avec leur connectique et le câblage puis scellé afin d'éviter les contaminations et le pourrissement. Les techniciens s'emploient aussi à calculer la taille des équipements de bord. Quelles tailles devront avoir les sacs à échantillons, les containers ? Quelle sera la capacité du systèmes ECS ? Où seront placés les antennes du système de communication, quelles fréquences utiliseront elles ? La simulation au sol d'une mission lunaire complète avec pour but la récupération de 160 kg d'échantillons lunaire est proposée, baptisé DRM. Elles permettra aussi de rechercher les éventuelles défaillances dans les procédures et déterminer les réponses à apporter dans la planification et les besoins sur les vaisseaux. Quatre mois de travaux intenses, de planification, d'analyses sont réalisées par des douzaines d'ingénieurs de la NASA et les principaux contractants. Afin de rendre possible un lancement précis en tenant compte des positions célestes de la terre et de la lune une date est sélectionnée, le 6 mai 1968. Chaque phase du vol est ainsi décortiquée, analysée, simulée et éventuellement corrigée. Un des résultats de cette revue de vol fut de définir la fonction "chaloupe de sauvetage" pour le LM. En fonction des pannes rencontrées au cours d'une mission, le LM pourra servir de de canot de sauvetage en utilisant son moteur, son système de guidage, son système de support vie et les autres systèmes destinés à assurer la survie de l'équipage jusqu'au retour sur terre avec le CSM. Afin de satisfaire à ce cahier des charges, les consommables de bord du LM (eau, vivres, oxygène, électricité) sont augmentés de 15%. Six ans après cette décision, la méthode se révèlera très utile lors de la mission Apollo 13 ! D'autres changements significatifs ont lieu en fin 1964 début 1965. L' étage de remonté possède deux sas
d'amarrage, un sur le dessus et l' autre sur le coté à 90°. Le premier sans
hublot sert pour l' amarrage avec le CSM pendant le voyage terre-lune et le
second pour l' amarrage au retour de la lune.
Comment l'astronaute descendra t'il du LM ? Une petite plateforme, un porche est ajouté devant l’écoutille. Un système de palans avec des cordes permet à l’astronaute de se balancer jusqu'à l’échelle fixée sur le coté tel un Peter Pan. Après des tests réalisé par Pete Conrad, ce système est jugé trop compliqué et abandonné. Mars 1965, l’échelle est déplacée et positionnée sur la jambe devant l'écoutille. Plate et fine, elle s'intègre au dessin de la jambe, deux barreaux supplémentaires sont rajoutés pour atteindre le porche. La masse du LM peut encore augmenter en novembre 1964 passant à 12800 kg au lancement sans l'équipage. Les réservoirs sont redessinés en conséquence. Cette augmentation de masse est due à l'optimisation de la trajectoire du trajet terre-lune et à la réduction du carburant utilisé par le CSM pour les rendez vous en orbite. Le temps de vol plané du LM se réduit d'une minute à 90 secondes. En fait la limite de masse est imposée par les capacités d'emport du lanceur Saturn 5. Malheureusement la masse du LM n'a fait qu'augmenter à fur et à mesure que les mois s'écoulaient causant les pires difficultés aux équipes de Grumman. En juillet 1965, le LM pèse 14515 kg, mais elle pourra atteindre 14877 kg la limite de charge pour le Saturn 5. Maquette du LM exposée à NY en 1964
LES MAQUETTES AU SOL, M1, TM1 ET M5 Après avoir construit et tester les différents éléments du LM à des échelles différentes, Grumman commence à réaliser des maquettes grandeur nature afin de vérifier les formes complexes du LM ainsi que que leur assemblages nécessaire pour déterminer si les astronautes pourront réaliser toutes leur fonctions pendant leur mission et lors de la préparation du vol. Avec le centre de Houston, différentes maquettes sont alors proposées et trois finalement retenues durant les premières années d'étude, le M1 (Mockups), une maquette en bois de l'étage de remonté et du compartiment des astronautes, le TM1 (Test Model), une maquette complète en bois et le M5, un modèle détaillé en métal du LM entier.
PETITS ET GRANDS MOTEURS Quand Grumman commence à dessiner le LM en
janvier 1963, de nombreux sous-traitants sont au travail comme Bell Aerosystem
et Rocketdyne pour la conception des moteurs de l'étage de remonté et de
descente, Marquardt Corp pour le système de contrôle d'attitude RCS et
Hamilton Standard pour le système de contrôle environnemental ECS. Le moteur de l'étage de descente est probablement le défi le plus important du programme Apollo. De poussée variable, il devait être de conception nouvelle. Rocketdyne propose une injection directe avec de l'hélium afin de contrôler la poussée et importe le marché en janvier 1965 après un an et demi d'étude et de compétition avec d'autres constructeurs. Un injecteur en forme de pommeau douche permet de doser l'injection de gaz dans la chambre et de réduire la poussée. Grumman choisit Marquardt pour développer le système de moteurs de contrôle d'attitude RCS. La firme développe déjà les moteurs RCS du module de service (les moteurs du module de commande noyés dans la protection du bouclier thermique sont fabriqués par Rocketdyne). A double ergols, ils utilisent une chambre de combustion refroidit par rayonnement. Les essais commencent en 1964 chez Bell et Marquardt et apparaît alors un premier problème, le moteur s'emballe à l'allumage, monte en température et finit par exploser (août 1965). Grumman propose de changer de fournisseurs mais les responsables de Houston refusent. Finalement Marquardt résoudra le problème en installant de petits tubes dans la chambres de combustion.
Une maquette complète du LEM est présentée le 16 septembre 1963 UN RADAR POUR LE LM Grumman contracte Aerospace Communications & Controls, une division de RCA à Burlington dans le Massachusetts pour développer le radar de bord, ses composants et le système de stabilisation. Comme pour la motorisation, ce travail s'avère très difficile. Le système très complexe de commande et de stabilisation donne du soucis aux ingénieurs parce qu'il a été conçu avant d'avoir les données réelles de vol. De plus, la fourniture des composants est plus que chaotique pour de nombreux appareils, Grumman préférant acheter directement aux fournisseurs comme RCA ce qui cause de nombreux retard dans l'assemblage suite à des pièces défectueuses. La caméra TV qui devait être fournit par RCA est terminée par le centre de Houston. Quand la NASA a décidé de ne pas mettre de matériels de rechange à bord des vaisseaux et donc enlever la possibilité de réparer en vol, le rôle de RCA s'est vue encore atténué. Le système radar qui sert aussi bien pour la navigation et le guidage donne des soucis aux ingénieurs. Un est utilisé pour les rendez vous l'autre pour pour l'atterrissage. C'est RCA qui se charge de développer le premier et d'acheter le second auprès de Ryan Aeronautical Cie qui avait réalisé le radar des sondes Surveyor. Si la fabrication du radar est facile, son intégration avec le système de navigation et de guidage est délicate. En 1964, chacun des vaisseaux Apollo est équipé d'un radar de rendez vous pour les amarrages. En fin d'année, il s'avère que le programme de radar a des ennuis: Il est trop lourd, pas tout à fait exact, peu fiable, sensible à la température et trop cher !. A Houston, on pense simplement le supprimer, puisque le rendez vous en orbite peut être réaliser par le pilote du CSM avec l'aide des données du sol mais aussi par le pilote du LM en utilisant les données du sol, d'un traceur optique et des liaisons VHF et bande S. Finalement en février 1965, le radar du SM est supprimé, les études se concentrant sur le développement du traceur optique pour le LM, ce qui aura l'avantage de réduire la masse du vaisseau. Un traceur stélaire dans le LM, un stroboscope sur le SM et un sextant pour le pilote du LM LMP, tout cela avec une économie de quelques 30 millions $. Grumman s'engage alors à réaliser un LM compatible avec un système de rendez vous optique. Le contrat est passé à AC Electronics en août 1965 pour développer un traceur optique. En fin d'année, contredisant les études de RCA, les astronautes montrent une nette préférence pour le radar. Ce dernier étant plus sur dans la phase critique, affichant de nombreux paramètres comme la distance de la cible et sa vitesse. Juin 1966, après de nombreux tests et une bataille entre RCA et Hughes Aircraft Cie, Grumman recommande que soit retenu le radar de RV et élimine le système optique. Bien que plus lourd, il a déjà été testé avec succès sur les vols Gemini Agena sans aucun problèmes. Pour le système de guidage et de navigation G&N, Grumman voulait s'inspirer du système du CSM plutôt que de développer un système nouveau. Associé dans un premier temps au MIT, la collaboration est interrompue sur décision de Washington retardant le développement du système. Ne voulant pas le système du MIT dans le LM, Grumman entre en conflit avec la firme. Ce n'est qu'en juin 1965 que tout le monde tombe d'accord. BATTERIE VS PILES A COMBUSTIBLE Un autre pas important est franchi en mars
1965 quand il
est décidé d'équiper le LM de batteries au lieu de piles à combustible en février 1965. Le
système EPS (Electric Power System) du LM d'origine comportait
des piles à combustible comme le CSM développées par Pratt & Witney
depuis déjà deux ans. Les piles à combustibles génèrent de l'électricité
par électrolyse renversée, combinant de l'oxygène avec de l'hydrogène dans
un catalyseur contenant du nickel pour produire de l'énergie électrique et de
l'eau. Ce système était très intéressant pour le CSM du fait de sa
légèreté et sa grande puissance. De par la durée de la mission, elles
étaient plus "rentable" que des batteries traditionnelles. De plus la
production d'eau permettait d'alimenter le système de refroidissement de bord
ECS et de distribuer de l'eau potable à l'équipage. A ses avantages, un
inconvénient majeur, leur complexité et des capacités de stockage importante
pour les réservoirs d'oxygène et d'hydrogène associé aux différents
systèmes annexes de plomberies, régulation, pressurisation et de contrôle. Ce changement est le dernier gros changement réalisé sur le dessin du LM, avec cependant une exception pour les changements occasionnés par l'augmentation du temps de séjour sur la lune, l'embarquement du Rover lunaire et d'expériences scientifiques sur les 4 derniers modules de vol à partir de 1970. Début 1965, les équipes d'ingénieurs de Grumman ont semble t'il réussit à construire un vaisseau spatial habité capable de voler uniquement dans l'espace et sur la lune. Maintenant il faut le tester, le certifier et le produire. Pour gagner encore du poids, il a fallu creuser des alvéoles dans les parois. ON TESTE LE LM Houston reçoit le programme de test de
Grumman. Il est prévu 10 modèles de vol, les
deux premiers étant inhabités et 6 LM de tests au sol, le LTA
2, à Huntsville
pour des tests de vibration, le LTA 10, à Tulsa chez North American pour des
tests de compatibilité avec le SLA, le LTA 1, un véhicule " maison
" basé à Bethpage servant de test pour la fabrication des futurs modèles,
le LTA 8, à Houston pour des tests en chambre à vide et les
LTA-3 et
LTA 5, pour
des tests de mise à feu moteur (études des vibrations). Le programme d'essais
au sol comprend aussi des "boiler plate" et des tests de propulsion à Bethpage (canalisation de fluides) et White Sands (mise à feu statiques).
En 1965, Grumman commencera la construction du LM 1 dont le premier vol est
prévu en 1967 et livrera le LTA 2 à Huntsville pour des essais au sol. Le programme de
test est présenté par Grumman à Houston. En avril 1965, la firme commence les
essais sur le moteur de l' étage de monté à White Sands NM.
Entrainement des astronautes (ici Borman et See) en juillet 1964 avec le LEM au fond Juin 1964, Grumman teste les conditions de l'atterrissage du LEM sur le sol lunaire avec une maquette de l'étage de descente avec ses 4 jambes déployables. les tests ont lieu en 2 phases, une verticale et l'autre sur plan incliné. Novembre 1964, le centre MSC révise le programme de test du LTA 10. Le modèle reste au programme avec une configuration modifiée. L'étage de descente, sans moteur ni atterrisseurs sera utilisé par NAA à Tusla pour des tests de séparation avec l'adaptateur SLA. Le LTA 10 volera avec AS 501. Assemblage du LTA 3 pour des tests de vibration le 17 octobre 1966
Test du LEM en mai 1966, moteur de descente a Arnold Engineering Development Centre. Assemblage du LTA 8 chez Grumman Maquette M3 au centre MSC durant des essais de descente des astronautes sur le sol lunaire à l'aide d'une poulie. La maquette M3 servira aussi pour des tests en chambre à vide Maquette du LEM au centre MSC de Houston en 1965
Maquette en bois de contre plaqué montée sur un camion utilisée pendant les tests astro géologique en 1965 (test AAT 5 du 27 septembre au 1er octobre 1965)
DE PROBLEMES EN PROBLEMES En 1966, Grumman peut commencer à produire en ligne les LM ayant résolut ses problèmes avec le traceur optique et le moteur de l'étage de remonté. Malheureusement en novembre, au moment où la firme s'apprête à livrer les premiers modèle de vol, des problèmes d'instabilité de combustion apparaissent sur le moteur de l'étage de remonté lors de deux essais fin 1966 à White Sands et chez Bell. Première conséquence, la livraison du LM 1 inhabité prévu pour février 1967 est repoussé ce qui repousse aussi le débarquement sur le lune. Des fuites sur les réservoirs d'hélium de pressurisation du système RCS apparaissent dès mi 1964 quand commence la fabrication du LM. L'engin étant très "mobile" mécaniquement, les problèmes de jointure dans les canalisations sont dur à résoudre. Durant un test de mise en pression en décembre 1967, un hublot du LM 5 se casse. Ils sont immédiatement renforcés. Des traces de corrosion sont aussi trouvées dans la structure en aluminium du LM. Un autre alliage plus résistant est mis à la place sur certaines parties. Août 1967, l'astronaute Don Lind réalise des simulations avec le LM
COMBIEN COUTE LE LM ? Lorsque le Pt Kennedy lance la course à la lune, la question du prix n'a pas vraiment de sens. D'un coût initial de 8 milliards $, Apollo atteindra finalement 20 milliards (prix 2000). Partie sur les chapeaux de roue, le budget donné à la NASA pour Apollo va croître dès 1964 et culminé jusqu'en 1967. Le contrat initial donné à Grumman en novembre 1962 se monte à 350 000 000 $ allant jusqu'à 1 milliards lorsque le programme sera terminé. Le budget ne cessera d'augmenter. De 135 000 000 $ en 1964, il passe à 310 000 $ en 1966. En février 1966, un agrément est voté permettant d'augmenter le budget alloué à Grumman jusqu'en 1969 avec un coût estimé de 1,42 milliards $. Le coût final sera en fait le double.
Le travail du LM a permit de faire travailler les salariés de Grumman mais aussi des centaines de sous traitants réparties dans 46 états, RCA, STL, Bell, Hamilton Standard, Rocketdyne, Marquardt.
|
Sources:
Moon Lander: How we developed the Apollo lunar module de Thomas J Kelly 2001 Chariots for Apollo: A History of Manned Lunar Spacecraft de Courtney G Brooks, James M. Grimwood, Loyd S. Swenson Published NASA SP 4205 1979. Liens: Lunar
Module SpaceCraft Assembly & Test, Grumman Bethpage NY |