ENSEMBLE DE LANCEMENT DES
FUSEES SONDES
C'est en 1968 que les premiers techniciens qui
lanceront les fusées arrivent à Kourou.
Le 9 avril, l'Ensemble de Lancement de
Fusées Sondes est opérationnel, même si le centre de contrôle et la salle
sauvegarde, non achevés, obligent le directeur d'opérations et le responsable
sauvegarde à cohabiter dans le bâtiment météorologique. Une fusée Veronique
est lancé à cette date marquant le premier lancement depuis Kourou.
Pour le premier lancement du CSG, il s’agissait d’une
fusée-sonde Véronique AGI (Année Géophysique
Internationale) dont il fallait récupérer la pointe avec
sa charge utile après sa retombée en mer au-delà des îles du Salut.
Le lancement doit également permettre de tester les nouveaux moyens
opérationnels du Centre Spatial (météo, localisation, sauvegarde). Pour
ce premier lancement avait-on entraîné les équipages d’une vedette des
douanes appelée « Alizé » et d’un avion Piper Navajo.
Le système de récupération comprenait un répondeur radar et une balise radio
contenus dans la pointe de la fusée Véronique ainsi qu’un système de
flottaison, enfin un système de levage dans la vedette Alizé. Tout se passa
bien et la charge utile fut effectivement récupérée en mer, ce qui était une
grande première par rapport aux lancements d’Hammaguir effectués dans le désert
au sud de l’Algérie.
L'Ensemble de Lancement Fusées-Sondes, implanté à environ 7 km du Centre Technique, est
composé d'un centre de lancement CDL, de deux halls d'assemblage et de
quatre rampes de lancement, une pour les fusées liquide Véronique et 3
pour les fusées à poudre, Centaure, Fragon, Dauphin, Eridan, et Rubis, constituant l'essentiel des moyens
nécessaires à la préparation des fusées-sondes et au déroulement
des chronologies. La première fusée sonde,
une Véronique a été tiré du CSG le 9 avril 1968. Ce jour là, à 9h55,
Véronique AGI62 décolle pour un vol destiné à tester les équipements installés
au centre spatial, ainsi que le système de récupération en mer des pointes de
fusées sondes. La fusée est tirée vers l'Est au dessus de l'océan, où retombe le
caisson contenant l'appareillage scientifique. une bouée, gonflée lors de la
descente en parachute assure la flottabilité du caisson qui est localisée par
avion, un Piper Navarro et un bateau spécialement équipé, l'alizée, le bateau se
charge de récupère le caisson.
Témoignage de Jean Pierre Morin, du CNES, chargé de diriger
ce tir. "En tant qu'expérimentateur (ici, au centre), je teste sur une
Véronique AGI un compartiment de récupération en mer par parachute développé par
la société Latécoère. Jupiter n'étant pas terminé, le centre de contrôle est
provisoirement implanté dans la station Météo. J'ai accompli de fréquentes
missions au Sahara, sur la base militaire d'Hammaguir (près de Colomb-Béchar) et
participé activement à deux bonnes douzaines de lancements, dans l'ensemble
réussis, de Véronique 61, dans sa version la plus moderne. J'ai été responsable
de la conception et de la mise au point, avec deux ingénieurs de la mythique
société Latécoère, Jean-Claude Le Stang et Henri Hollander, d'un système
original de récupération par aérofreins et parachutes des ogives de fusées
revenant de l'espace. En mars 1967, trois ans après mon entrée au CNES, je
récupère, vivantes et en parfaites conditions physiques, deux guenons, Martine
et Pierrette, à qui le CNES a offert un séjour studieux dans l'Espace de six
minutes, en apesanteur, sur une trajectoire culminant à 233 kilomètres
d'altitude.
Chaque pad de fusées sonde à poudre est équipé
d'une rampe de lancement orientable en site et gisement, télécommandée depuis le
PC de lancement, le CDL. Elles sont protèges par des abris mobiles à l'intérieur
desquels peuvent s'effectuer les opérations d'assemblage des étages et de la
pointe. ces rampes sont de 2 types: une rampe SFAC récupérée à Hammaguir et 2
nouvelles rampes très modernes, les F1 construites par l'Atelier de trabes ATS.
Ces 3 plateformes sont orientées selon l'axe N-E.
Un Centaur 133 prêt à être lancé en 1971
Le pad des Véronique est perpendiculaire aux
autres. Il est constituée d'une table de lancement orientable en site et
gisement par télécommande. Une tour de montage mobile avec passerelles et palan
permet de travailler sur la fusée, tirée verticalement.
Un mat météo de 100 mètres mesure la vitesse
et la direction du vent et transmet ses informations à la station météo du CSG
afin de calculer l'orientation des fusées.
Les fusées sondes sont équipées de
nombreux capteurs de pression, température, vitesse du vent et
permettent de mesurer le milieu thermodynamique rencontré par le
lanceur au cours de sa traversée de l'atmosphère..... De 1968 à 1981,
ce sont 412 fusées et ballons qui se sont élancés de ce site.
De 1968 à 1993, 353 fusées sondes
sont lancées de Kourou. L'activité est principalement centrée entre
1968 et 1981. On compte ainsi 5 lancements de Belier (3 en 1969 et 2 en
1970), 7 Centaure (4 en 1971 et 3 en 1974), 2 Dragon en 1969, 2 Dauphin
en 1971 et 1979, 13 Eridan de 1968 à 1980), 2 Veronique AGI (1968-69),
9 Veronique 61 (3 en 1968, 3 en 1971 et une en 1972-73 et 1975), une
Vesta en 1969, 30 fusées russes M 100 A et b (en 1971, 73 et 1977), 21
fusées US Nike-CAjun (17 en 1971 et 4 en 1974), 12 fusées britanniques
Skua en 1973, 36 fusées US Super Loki-Dart (en 1973-74) et 213 Super
Arkas entre 1972 et 1992. Le
lancement de 16 fusées Super-Arcas entre 1983 et 1992 avait pour
but l'accompagnement des lancements Ariane (notamment après
le lancement de chaque nouvelle version d'Ariane 4). Des fusées sondes super-loky
ont
également été utilisées dans le programme Ariane 5 afin de connaître la
densité et la direction des vents à une altitude de 60 km, niveau de
séparation des deux gros boosters d'Ariane 5, pour les vols de
qualification.
10 Véronique 61M et AGI seront lancés du CSG
jusqu'en mai 1975
Au moment du démarrage des opérations
sur le CSG, les calculs d’orientation de la rampe étaient effectués
entièrement à la main. Les services de la météo lâchaient un ballon
gonflé à l’hydrogène que suivait un radar COTAL situé dans une
semi-remorque à proximité du bâtiment Météo, l’opérateur du
radar communiquant au téléphone le site, le gisement de son
antenne radar et la distance au ballon de minute en minute.
Les données relevées, aidé d'une planche à dessin et d'une règle à
calcul, on déterminais la valeur du vent en fonction de l’altitude et
l’orientation à donner à la rampe de lancement. Depuis, l'ensemble de lancement Fusée
sondes est utilisé par les équipes EPCU (Ensemble de Préparation des
Charges Utiles) sous la configuration de bureaux, ateliers et
laboratoires. En parallèle, le site peut être prêté à des
associations ou clubs scientifiques à l'occasion d'expériences de
lancements de mini-fusées (par exemple le GAREF AEROSPATIAL pour le
lancement de la fusée Atalante le 13 février 1998).
Le site est
toujours bien entretenu par une équipe d'anciens de Kourou. Une visite en
septembre 2006, après les journées du patrimoines a permit de prendre quelques
clichés souvenirs.
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Le
Centre De Lancement avec ses consoles. La lucarne du CDL mesure 60 cm de
long sur 10 cm de large.
Elle est unique |
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Hall
des fusées Centaure et Dragon |
Hall
des fusées Eridan et Véronique. |
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Rampe
F1 |
Rampe
F2 |
Rampe
F3 |
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La
rampe F4 utilisée notamment pour les fusées Veronique et Vesta |
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