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CHRONOLOGIE ARIANE

2023


L'autonomie de l'Europe en ce début d'année est menacée, faute de lanceurs, après l'échec du Vega C et le retard d'un an pour le premier vol d'Ariane 6. Il ne reste que 2 Ariane 5 à lancer en 2023, jusqu'en avril. Arianespace, qui gère leur commercialisation va se trouver pendant plusieurs mois sans lanceur. Des clients privés risquent de se tourner vers des lanceurs américains ou indiens. Si cette absence prolongée de solution européenne perdure, la tache des gouvernements en serait compliquée, eux qui ne veulent pas confier la mise en orbite de satellites militaires à des firmes étrangères. L’ambition Européenne de  rester dans la course face aux Américains et aux Chinois est sérieusement remise en cause. Son modèle de fonctionnement aussi, depuis que l’espace, domaine longtemps réservé aux grandes agences nationales, a été bousculé par SpaceX et ses Falcon, depuis 10 ans. Tout est plus rapide, moins cher, et ses fusées sont réutilisables avec 61 tirs en 2022 !.

L'espace Européen est donc en suspend et plein d'interrogation sur le processus des décisions stratégiques prises en son temps. Si les compétences industrielles ne sont pas à remettre en cause, celle de la mise à l'écart  des Directions des lanceurs de l'ESA et des Etats sont à reconsidérées. La nouvelle vague spatiale, le "New Space" a promis beaucoup de choses, tant sur le calendrier que sur les coûts. Malheureusement, le Covid et d'autres difficultés sont passés par là, mais n'expliquent pas tout. "Arrêter Ariane 5 avant même le décollage de la première Ariane 6 est de loin la pire des décisions, mais pas aussi pire que de chercher à économiser de l'argent au point de recycler/modifier les moyens d'Ariane 5 pour Ariane 6". 2014, est l'époque de la prise en main du développement du nouveau lanceur AR6 avec la JV (Joint Venture) avec validation de l'accord de cession des parts du CNES dans Arianespace. "Une offensive du privé pour tuer dans l’œuf la PPH proposée par la DLA à l'époque. Cette cession des parts a amené à la livraison à H0, responsabilité de la préparation du lanceur jusqu’au décollage H0 puis le versement des équipes Opérations d'AE chez ArianeGroup (ex- ASL, ex-JV, ...). La livraison à H0 est intervenue la première fois lors du vol VA241. Auparavant, jusqu'à V171, Arianespace achetait le lanceur à son prix en sortie du BIL. Les équipes Opérations de EADS Astrium (puis celle de la JV, dès VA212, puis ASL, VA222, puis ArianeGroup) donnaient ainsi la main aux équipes Arianespace qui réalisaient les opérations BAF et ZL. Depuis VA241, Arianespace achète son lanceur au moment précis du décollage. On pourrait y voir de gros avantages en faveur de l'opérateur de lancement historique, notamment en cas de soucis en phase BAF ou ZL. Malheureusement, cela s'est accompagné de la fonte drastique de ses effectifs orientés techniques : suppressions des autorités techniques qui ont été littéralement mis à la porte, transfert de la quasi totalité des effectifs opérationnels vers ArianeGroup. Il ne reste aujourd'hui qu'un CPAP, un AT partie haute et une qualité pour prendre la décision d'acceptation ou non du lanceur... Il s'est passé pour Arianespace avec cette livraison à H0 ce qu'il s'est passé en 2014 avec la DLA : récupération des responsabilités détenues par une entité publique ou semi-publique par une unique entité privée... A cela s'ajoute la fameuse règle du "retour géographique" initiée depuis les années 1970 pour Ariane 1, après l'échec d'Europa, une pratique qui consiste à réaffecter une charge industrielle à chaque Etat équivalente à sa contribution financière au sein du programme de l'ESA. Un pays peut ainsi obtenir que l’une de ses entreprises participe à un projet, même si elle n’est pas la plus performante dans son domaine. Cela lui permet aussi d’acquérir des technologies, comme ce fut le cas pour l’Allemagne et l’Italie face à la France. Une règle qui a "vécu et devient pesante face aux multiples projets des start-up et surtout des milliardaires américains Elon Musk et Jeff Bezos. D’autant que les initiatives se multiplient, imposant des réactions rapides. L'Europe devrait, à l'image du réseau Starlink de Space X proposer son réseau de communication Internet ultra rapide, IRIS et s'abrogeant de cette fameuse règle du retour industriel, privilégiant la compétence technique des industriels, l’innovation et l’efficacité.

3 janvier, arrivée du MN Toucan à Kourou, dernier voyage avec Ariane 5. Il livre le lanceur 5120, destiné au dernier vol d'Ariane 5 avril avec la sonde JUICE. Cette dernière doit être lancé entre le 5 et le 30 avril.

   

13 janvier, VA260, arrivée du satellite Sycaruse 4B par bateau à bord du nouveau navire Canopée qui sera chargé de transporter les éléments d'Ariane 6.

       

Mi janvier, Ariane 6 prend encore du retard ! C'est ce qu'annonce entre les lignes le CNES en présentant ses voeux par le biais de son président Philipe Baptiste: le premier vol d'Ariane 6 est encore conditionné au fait que nous ne découvrions pas de problèmes techniques majeurs lors des essais combinés qui se déroule actuellement au CSG. Il y a encore des aléas possibles dans les mois qui viennent. il ne sert à rien de tenir un autre discours que celui de la vérité." Le CNES avoue à demi-mots que l'annonce du premier retard à l'automne 2022 était du à des problèmes sur l'ELA 4 trouvés lors des essais combinés. Problèmes notamment avec les bras cryo, l'APU, les infrastructures au sol, pilotées par des logiciels, nécessitant d'analyser des flux gigantesques de données. Le carnet de commande d'Ariane 6 est bien garni avec 28 contrats signés, dont 18 pour le déploiement de Kuipers, la constellation de Bezos. "La crise des lanceurs doit inciter l'ESA à revoir les règles du retour géographique, o^chaque état reçoit une charge de travail alignée sur sur le budget qu'il engage dans le programme, source de doublons, de surcoûts et de perte de compétitivité. Nous ne pourrons jamais développer un lanceur pas cher avec de telles règles."

12 janvier, le lancement de la sonde JUICE ne sera pas finalement le dernier vol d'Ariane 5, mais l'avant dernier, VA260 avec le lanceur L5120. Le dernier vol sera VA261 avec Syracuse 4 et Heinrich Hertz sur le lanceur L5119.

   

   

Un dernier coup d'œil sur la sonde JUICE avant son départ en Guyane française. Après 1,5 ans à Toulouse, il est bientôt temps pour le vaisseau spatial de quitter les locaux d'Airbus pour son lancement prochain (avril 2023) sur une fusée Ariane 5. Voici un bref résumé de ce qui s'est passé pendant son séjour en salle blanche chez Airbus Space:
Intégration et tests des instruments, intégration et déploiement de panneaux solaires, tests électromagnétiques, mécaniques et de propulsion, test de vide thermique et préparatifs de lancement.

3 février, l'opérateur satellite Ovzon, qui a perdu son créneau sur l'un des derniers lancements d'Ariane 5 en raison de retards dans la production de satellites, indique que son satellite Ovzon 3 GEO sera désormais lancé sur un Falcon 9 au 3e trimestre de l'année. Le dernier lancement d'Ariane 5 en juin embarquera Sycaruse 4B et le satellite allemand Heinrich Hertz (H2Sat). Le dernier accuse un énorme retard dû notamment à la mise en service du segment sol chargé de contrôler le satellite.

   

Le satellite Heinrich Hertz en avril 2002 à IABG pour subir 11 mois de tests dans la chambre à vide thermique, la chambre de mesure d'antenne et sur le stand de vibration. Le satellite validera en orbite d'une tonne de nouvelles technologies. Notamment : - Propulseurs HEMPT, pour remplacer le SPT-100 russe - Nouvelle conception d'antenne multicouche - Processeurs et répéteurs programmables. Le satellite devait initialement être lancé en 2016 a pris 7 ans de retard

13 février, le lancement VA260 avec la sonde JUICE est prévu pour le 13 avril. Elle vient d'arriver au CSG en salle blanche du S5 le 10 février.

16 février, le dernier EAP d'Ariane 5 attend dans le BIP d'Europropulsion son transfert dans le BSE, une longue histoire, 234 EAPs de vol, 13 de banc...

Les lanceurs ne sont rien sans les équipes passionnées d'Europropulsion qui les assemblent. Sécurité avant tout : cette image de l'EAP 5117-2 est un montage de 8 photos car l'accès autour d'un propulseur chargé de 250 tonnes de poudre est limité à 8 personnes. Photo CSG Monia Zamor.

       

28 février, l'EPC d'Ariane 5 VA260 L5120 pour JUICE, arrivé au CSG en janvier est déchargé de son container n°1, début de l'assemblage avec les EAP.

3 mars, la commission d'enquête remet son rapport sur l'échec du vol Vega VV22 fin 2022. Un défaut au niveau du col de tuyère du Zefiro 40 est à l'origine de l'échec du vol. Cette tuyère a été fabriqué par un fournisseur Ukrainien préféré pour des raisons de cout à ArianeGroup. Stéphane Israel, PDG d'AE et  président de l'ESA annonce un lancement d'un Vega avant la fin de l'été, car la version de base, dont de sera l'avant dernier vol n'est pas affecté avec un étage Zefiro 23. Vega C reprendra ces vols en fin d'année avec le satellite Sentinel 1C. De son coté 2 Ariane 5 seront lancés, VA260 avec la sonde Juice vers le 13  avril et VA261 (dernière Ariane 5) avec Heinrich Hertz (ou H2Sat) et Syracuse 4B fin juin.

15 mars, Stéphane Israel d'Arianespace, annonce que le dernier vol d'Ariane 5 est prévu le 21 juin, emportant deux charges utiles gouvernementales européennes.


       

   

20 mars, pose des stickers sur la coiffe d'Ariane VA260. ArianeGroup a confié l'importante tâche de décorer le lanceur à une jeune fille. Yarina, 8 ans, est la gagnante du concours "JUICE up your rocket" de l'ESA !. Et maintenant son dessin part dans l'espace !

   

28 mars, VA260, transfert vers le BAF

   

La sonde JUICE dans la salle d'encapsulation du BAF, noter le CCU3 à l'entrée du sas. A l'aide d'un pont roulant de 30 tonnes, elle est hissée dans la "cheminée" à 50 m de hauteur vers le hall composite supérieur.

   

Dans le hall composite supérieur, la sonde est délicatement déposé sur l'étage ECA au travers des plateformes entourant le lanceur.

   

La coiffe suit le même chemin, du sas, vers le hall composite supérieur.

   

       

AR5ECA VA260   

   

Après un report de 24 heures (à H-8mn20) du aux mauvaises conditions météo en altitude avec des risques de foudroiement, Ariane 5 quitte son pad de tir le 14 avril à 9h14 locale et place sur orbite la sonde JUICE destiné à visiter les lunes de Jupiter dans 8 ans. Le satellite construit par Airbus Defence and Space pour l'ESA est la première mission européenne vers Jupiter. Il passera au moins trois ans à effectuer des observations détaillées des lunes glacées de la planète : Europe, Ganymède et Callisto en juillet 2031. JUICE étudiera les lunes en tant qu'habitats potentiels pour la vie, en abordant deux questions clés : quelles sont les conditions pour la formation des planètes et l'émergence de la vie, et comment fonctionne le système solaire ? Durant sa carrière, Ariane a lancé de nombreuses sondes en dehors de l'orbite terrestre, la sonde Giotto en 1985 pour survoler la comète de Halley, la sonde SMART en 2003 pour se placer en orbite lunaire, la sonde Rosetta en 2004 pour explorer la comète 67P/Churyumov–Gerasimenko, les télescopes Herschel et Planck au point Lagrange L2 pour faire de l'astronomie, la sonde Bepicolombo en 2018 pour se placer en orbite autour de Mercure et le télescope Webb de la NASA au point L2.

Le système de propulsion de JUICE a été développé, construit et intégré en Allemagne par les équipes de propulsion orbitale d'ArianeGroup, et comprend le moteur principal de 400 N qui sera utilisé pour l'injection en orbite de Jupiter, 20 petits propulseurs et deux réservoirs d'ergols en titane.

Les énormes panneaux solaires de la sonde se sont déployés comme prévu, tel une boîte à origami qui s'ouvre, s'étendant sur 85 mètres carrés et conçus pour capter la lumière du soleil des bords sombres du système solaire. JUICE a d'énormes batteries qui le maintiendront alimenté pendant 11 heures. 11 heures, c'est plus que la plupart des missions ne peuvent s'alimenter sans lumière du soleil, car la mission devra faire face à de fréquentes périodes dans l'obscurité, car le Soleil est fréquemment éclipsé par Jupiter et ses lunes.

Sa Majesté Philippe, roi des belges a assisté au lancement de JUICE sur l’invitation de Mr Thierry Quefellec, Préfet de Guyane, la Présidente de la CMAR (chambre de métiers et de l’artisanat) Vernita Blacodon. La délégation de Belgique avec le Prince Gabriel et le Secrétaire d’Etat Thomas Dermine a passé deux jours sur le territoire.
 

LE LANCEMENT EN UN COUP D'ŒIL

346ème lancement opéré par Arianespace

Plus de 1 150 satellites lancés par Arianespace

1er lancement opéré par Arianespace en 2023

116e lancement d'Ariane 5 depuis le CSG

6 058 kg, c'est la charge utile totale emportée par le lancé pour cette mission

90ème lancement consécutif avec fonctionnement nominal du moteur de l'étage principal Vulcain 2

116ème lancement consécutif avec fonctionnement nominal des boosters solides

156e lancement consécutif avec fonctionnement nominal du moteur de l'étage supérieur HM7B
 

ArianeGroup est maître d'œuvre du développement et de la production d'Ariane 5, ainsi que des opérations de préparation du lanceur jusqu'au décollage. Maître d'œuvre d'Ariane 5 et d'Ariane 6, en charge du développement et de la production, ArianeGroup est à la tête d'un vaste réseau industriel de plus de 600 entreprises, dont 350 petites et moyennes entreprises (PME). ArianeGroup livre un lanceur prêt à voler sur le pas de tir à sa filiale Arianespace, qui commercialise et exploite Ariane 5 depuis le port spatial européen de Guyane française. Lors des campagnes de lancement, Arianespace travaille en étroite collaboration avec l'agence spatiale française (CNES), autorité de conception d'Ariane 5 et responsable des installations de préparation des satellites et de la base de lancement.


21 avril 2023, le 3e Régiment Etranger d'Infanterie (REI) se rend au Centre spatial guyanais pour célébrer ses 50 ans en Guyane. A l'occasion de ce cinquantenaire, le logo du 3eme REI a rejoint celui du CNES, de l'ESA et d'Arianespace sur la maquette d'Ariane 5. Un moment symbolique et surtout une première, puisqu'aucune autre entité non-spatiale n'avait jamais eu son logo sur cette maquette ! Cette distinction marque l'histoire commune entre le CSG et le 3e REI qui est arrivé sur le territoire guyanais en 1973.
- Ils assurent la protection d'un territoire de plus de 660 km², un site unique et stratégique en Guyane, pour la France et pour l'Europe depuis 50 ans maintenant.
- Marie-Anne Clair, la Directrice du CSG, s'est exprimée lors d'un discours de commémoration. A ses côtés, Daniel de Chambure, représentant de l’ESA et le général de division aérienne Xavier Buisson, commandant des Forces Armées en Guyane.

24 avril, le dernier vol Ariane 5 VA261 L5119 est avancé au 16 juin. Au CSG, débute la dernière campagne de lancement avec la mise en place de l'étage EPC sur la table dans le BIL, le transfert des EAP du BIP le 3 mai.

   

   

5 mai, la cour des comptes a rendu public son rapport du 9 janvier 2023 sur le CNES. Pertes sèches en Guyane, vieillissement des effectifs, politique commerciale douteuse... Les magistrats ont décidé de taper fort tout en notant la qualité et les connaissances uniques du CNES. La fin d'Ariane 5, les retards d'Ariane 6, le retrait du lanceur Soyouz et les échecs de Vega ont des répercussions sur les cadences de tir. Comme le CNES est rémunéré au lancement, par Arianespace depuis 2017, moins de lancement, moins de rentrée d'argent.  Le centre “doit assurer des coûts de sous traitance calculés sur une base forfaitaire (négociés tous les cinq ans", pointe la cour des comptes. Il en résulte un manque à gagner qui s'élève à 3,2 millions d'euros en 2022. "À l'avenir, il paraît indispensable de prévoir un montage contractuel permettant un partage du risque lié à une diminution des lancements et de ne pas le faire porter essentiellement sur le Cnes”, prône le rapporteur. Par ailleurs, l'étude du temps de travail effectif des employés, envisagée depuis 2017, n'a toujours pas été menée. Le CSG souhaite engager des négociations sur ce thème d'ici à la fin de l'année avec les syndicats. Une information confirmée par des membres du personnel de la base.

LA TRIBUNE, MAI

La Cour des comptes a appuyé là où cela fait vraiment mal au sein du CNES, le programme Taranis. Car la perte en novembre 2020 de ce satellite, qui devait explorer la face cachée des orages, huit minutes après le décollage du lanceur léger italien Vega a été vécu à l'époque comme une énorme déception par le CNES. Initialement, il était pourtant prévu sur Soyuz. Près de trois ans après cet échec, les Sages de la rue Cambon n'ont pas été tendres avec ce programme. « Le fait qu'un successeur au programme Taranis ait été envisagé pendant un temps avant d'être abandonné interroge sur l'opportunité même du développement du programme initial », écrit la Cour des comptes en marge d'une mission de contrôle ayant fait l'objet d'un référé publié jeudi. Le programme a été définitivement abandonné par le CNES faute de ressources suffisante. Ce que regrette le Comité des programmes scientifiques (CPS) du CES.

Le projet Taranis a été proposé en avril 2001 par le CEA. Une étude phase 0 menée en 2001 a démontré la faisabilité technique de cette mission. Puis, la revue de fin de phase A qui s'est tenue en mai 2006 a permis de valider le projet, qui a été recommandé par le CPS en avril 2007. Après la revue de fin de phase B les 11 et 12 mai 2009, la phase C a démarré formellement en janvier 2011. Le conseil d'administration du CNES a décidé le 10 décembre 2010 l'engagement des phases C/D/E1 de Taranis. Ensuite, ce programme a connu différents aléas techniques, qui ont retardé l'intégration de la charge utile de trois ans. Pour son lancement, le CNES a signé un contrat de service de lancement avec Arianespace en juillet 2012. Le coût complet du programme s'est élevé à 113,1 millions d'euros.

Difficultés du CNES à capitaliser sur les développements

Ce qui ne plaît pas à la Cour des comptes, c'est que cet échec révèle « les difficultés que rencontre l'organisme pour capitaliser sur les développements accomplis dans le cadre de programmes de haute technologie ». Ce constat risque de faire grincer les dents au sein du CNES, qui s'enflammait peu de temps avant le lancement de Taranis, qui est intervenu dans la nuit du 16 au 17 novembre 2020, en affirmant que ce programme était « exceptionnel à plus d'un titre. Outre son intérêt pour la recherche fondamentale, la mission illustre la qualité de la coopération entre le CNES et les laboratoires scientifiques ».

Pionnière sur le plan scientifique, cette mission était également, selon le CNES, remarquable par son organisation : il s'agissait alors d'un programme essentiellement français développé entièrement sous maîtrise d'œuvre CNES. « Ce type de configuration devient très rare : nous contribuons régulièrement à des missions internationales en coopération, mais réaliser entièrement un satellite aussi abouti, cela constitue aujourd'hui l'exception », avait alors précisé Kader Amsif, responsable du programme Soleil, héliosphère et magnétosphère du CNES. Baptisé du nom du dieu de la foudre chez les Celtes, ce satellite de 180 kg aurait dû être placé en orbite héliosynchrone à, 670 km de la Terre, pour observer pendant deux ans les gigantesques flashs lumineux de 30 à 90 km de haut qui explosent au-dessus des orages.

Une perte nette pour le CNES

Au-delà des critiques de cette décision programmatique, la Cour des comptes dévoile également les conséquences financières de cet échec. Le résultat net du CNES est passé de 26,7 millions d'euros en 2018 à - 55,5 millions en 2020 (1,5 million en 2019). En 2021, le résultat net s'élevait à 13,7 millions d'euros. Cet échec a eu pour conséquence « de faire sortir la totalité des coûts d'investissement du projet (56,8 millions d'euros) de l'actif immobilisé du CNES, l'établissement estimant que les investissements consentis dans le cadre du projet n'étaient plus réutilisables », a constaté la Cour des comptes. Hors échec du lancement, le résultat aurait été de 1,3 million d'euros.

A hauteur de 25 millions d'euros en 2018 et 2019, le fonds de roulement a chuté de 44% en 2020 pour atteindre son niveau le plus bas au cours de la période sous revue, soit 14,3 millions d'euros. Cette baisse de 11 millions d'euros par rapport à 2019 s'explique essentiellement par le déficit causé par la perte du satellite Taranis. En dehors de l'exercice 2020, le contrôle de la Cour des comptes a révélé une situation financière stable et une gouvernance satisfaisante, même si des marges de progrès demeurent et que des retards d'investissement ont été constatés dans les domaines de l'immobilier et des systèmes d'information.

Michel Cabriol

7 mai, VA261, arrivée par avion cargo An 124 à Cayenne du satellite H2Sat.

15 mai, VA261, assemblage de l'étage ECA sur Ariane 5.

   

28 mai, VA261 sera lancé le 16 juin, entre entre 18h16 et 20h01 (heure de Guyane), 23h16 et 00h01 heure de Paris. Sous la coiffe, les satellites de télécommunications militaires Heinrich-Hertz et Syracuse-4B.

31 mai, VA261, transfert du lanceur vers le BAF. Le BIL, Bâtiment d'Intégration Lanceur aura assemblé 119 Ariane 5 et le Battle Ship, maquette réservoirs lourd et moteur Vulcain. Le bâtiment devrait servir de stockage temporaire pour un ESR , puis rendu à l’ESA quand le BSB sera prêt l’année prochaine.

   

   

Hissage du satellite Heinrich Hertz (CU1) dans le stand du SYLDA 5, (à gauche, la structure support de la coiffe Ariane 6, à droite, la coiffe Ariane 5)

    

Mise en place des logos sur la carénage du SYLDA 5

Hissage du composite supérieur, coiffe+ SYLDA 5 sur le lanceur

15 juin, VA261, le transfert en ZL est ajournée suite à un problème technique: "un fait technique en production a mis en évidence un risque sur la redondance d’une fonction critique du lanceur Ariane 5. Conformément à ses exigences de fiabilité, Arianespace a décidé d’ajourner le transfert du lanceur VA261. Des analyses sont en cours pour déterminer une nouvelle date de lancement. Le lanceur et les satellites Heinrich-Hertz-Satellit et SYRACUSE 4B sont au bâtiment d’assemblage final en configuration stabilisée et dans toutes les conditions de sécurité requises.

Dans une courte conférence de presse, Arianespace a déclaré avoir reporté le lancement en raison de préoccupations concernant 3 lignes de transmission pyrotechnique (sur les bielles des EAP) après que des lignes similaires aient échoué dans les tests. Les lignes suspectes seront remplacées. La nouvelle date de lancement sera annoncée avant la dernière semaine de juin. Le 9 juin dernier, Arianespace reçoit une information d'une « non-conformité » des lignes de transmission pyrotechnique utilisées sur Ariane 5, les cordeaux détonants en fait, qui s'est produit lors des tests d'acceptation pour un autre programme. La radiographie de ces lignes a soulevé des doutes, une est utilisé dans le système de séparation et 2 autres en "système à distance" sur le lanceur. Les 14 et 15 juin, des tests effectués sur 4 lignes n'ont pas réussi.

23 juin, AE vise le 4 juillet pour le vol VA261, entre 18h30 et 20h05, locale.

 

1er juillet, transfert du lanceur en ZL3. Le 2, le décollage est repoussé de 24 heures suite aux vents en altitude défavorables. Le lancement est prévu entre entre 22h00 et 23h05 UTC.

       

VA261

Le lancement a lieu le 5 juillet à 19h locale et place sur orbite les 2 satellites Heinrich-Hertz-Satellit pour le gouvernement allemand et SYRACUSE 4B pour le ministère français de La défense. Pour sa dernière mission, VA261 , Ariane5 est à la hauteur de sa réputation : périgée : marge acceptable de +/- 4,2 kilomètres, injection à 0,3 kilomètre du centre de la cible, apogée : marge acceptable +/- 240 kilomètres, injection à 2,2 kilomètres du centre de la cible et inclinaison : marge acceptable de +/- 0,06°, injection tout simplement parfaite ! Cette précision augmente la durée de vie attendue des 2 satellites.

Avec ce dernier vol, le décompte final d'Ariane 5 était de 112 missions pleinement réussies en 117 vols, mettant 239 satellites et sondes scientifiques dans l'espace, y compris le télescope spatial James Webb de 10 milliards de dollars de la NASA. "Après 27 ans, la puissante Ariane 5 raccroche les bottes et se retire pour passer le relais à sa jeune sœur, Ariane 6", a déclaré Katy Haswell, animatrice du webstream d'Arianespace. "Des moments très excitants à venir."

Mais le retrait de la fusée marque un changement majeur sur le marché international du lancement, laissant l'Europe sans fusée lourde jusqu'à ce qu'Ariane 6 à moindre coût soit disponible, probablement en 2024.

Bilan Ariane 5 par gédeon.

 Au total, en 27 ans de carrière Ariane 5 a mis nominalement en orbite 233 satellites, soit une moyenne de deux satellites par lancement, 925 tonnes de charges utiles mises en orbite, 85% des satellites vers l'orbite GTO (soit 99 lanceurs), 6% en LEO, 5% en MEO et 4% loin d'ici, 178 satcoms (76% des satellites, 12 pour la navigation, 8 pour la météo, science et technologie, 5 ATV, 4 satellites d'observation, 6 satellites militaires dont 4 ELINT et 2 d'alerte

La mission de référence d'Ariane 5, l'orbite de transfert géostationnaire, GTO avec 99 lancements, 85% du total des lancements, 84 lancements avec 2 passagers, il y a eu aussi 6 passagers solitaires, 7 lancements triples et 2 quadruples. Les 8 satellites de météorologie lancés par Ariane 5 avaient également l’orbite GEO comme destination finale. Cela représente 769 tonnes mises en orbite, 83% de la masse satellisée par Ariane 5, dont le plus gros satellite pesait 6910 kg.

Plus près de nous, l’orbite MEO est la seconde destination des missions Ariane 5, avec 12 satellites Galileo. La masse totale est modeste (8,7 tonnes)

Il y a eu aussi 9 missions importantes vers l’orbite basse avec 14 satellites, 4 satellites d'observation de la Terre (Envisat, Helios 2A et 2B, Parasol), 4 satellites Essaim de détection électromagnétique pour la défense française, le démonstrateur de rentrée atmosphérique ARD et les 5 très belles missions des cargos ATV de l’ESA pour ravitailler l’ISS qui représentent 119 tonnes, soit 13% du total.

Enfin sur des orbites plus exotiques, des missions scientifiques qui nous ont fait rêver : XMM-Newton, SMART-1, Rosetta, Herschel et Planck, le James Webb Space Telescope et très récemment la mission JUICE, désormais en route vers Jupiter et ses lunes …

Au total, Ariane 5 a mis en orbite 925 tonnes de charge utile, dont 769 t en GTO, soit 83%.

Sur le podium des meilleurs clients d’Arianespace, les deux principaux opérateurs commerciaux : Intelsat (22 satellites), Eutelsat (19 satellites), l'Inde (17), SES (16 satellites). Parmi les autres abonnés aux lancements sur Ariane 5, on peut également citer Sky Perfect JSAT (8 satellites), B-SAT (7 satellites), DirecTV (6 satellites), Embratel (6 satellites) et l’opérateur australien Optus (5 satellites).

Pour les satellites à usage exclusivement militaire, Airianespace a mis en orbite 17 satellites pour les gouvernements français (4 satellites Syracuse et 2 Spirale), allemands (COMSATBw-1 COMSATBw-2), anglais (2 STRV et 4 SKYNET) et égyptiens (TIBA-1) ou en coopération entre la France et l’Italie (Athena-FIDUS et Sicral).

 

 

LE BILAN ARIANE 5

Retour de la table Ariane 5 au BAF. Le bâtiment sera désormais utilisé pour Ariane 6  avec une nouvelle résine sur la totalité de son sol, un nouveau pont de 45 T, avec également le nouveau dock d’intégration pour les charges utiles Ariane 6. Le HC, hall composite est quant a lui mis en sommeil. Le bâtiment a reçu aussi une nouvelle porte « à la française », qui permet de rehausser l’accès au bâtiment pour être compatible d’une coiffe Ariane 6, plus haute (20m, contre 17m pour celle d’Ariane 5. Le BIL, qui a accueillit 117 Ariane 5, et 234 EAP sera modifié pour intégration VEGA C par AVIO. ( même principe en gros que le dock AR4) Décision ESA de novembre 2023. En ce moment on y stocke un booster AR6 sur fardier car le BSB Bâtiment de Stockage des Boosters n’est pas encore prêt, mais le sera en fin d’année 2024.

 

Date

Vol

Lanceur

Satellites

Commentaires

 
14 avril VA260 L5120 JUICE Dernier lanceur AR5 produit
5 juillet VA261 L5119 Syracuse 4B, Heinrich Hertz 117e et dernier vol AR5