Les succès d'Ariane 5 n'occultent pas pour
autant ses faiblesses dans un marché qui est en pleine évolution. Conçue dans
les années 1990 pour lancer l'avion spatial Hermes, par la suite abandonné, le
lanceur Ariane 5 a poursuivit la carrière d'Ariane 4 avec pour mission lancer
des satcoms de plus en plus lourd en orbite GEO. Le lancement double, initialisé
par Arianespace avec Ariane 4 est en train de montrer ses faiblesse. Ariane
lance une dizaine de satcoms par an, soit la moitié du marché. Avec une capacité
de 10 tonnes en GTO, il devient très difficile pour Arianespace d'appareiller un
gros satcoms qui dépasse les 5 tonnes avec un petit. Jusqu'alors compétitif, le
lancement double devient un problème quand l'opérateur du plus gros satellite
doit payer pour le second. Les opérateurs se retournent alors vers un lanceur de
moindre capacité comme le lanceur Russe Proton d'ILS et le Zenith.
Ariane 5 n'a pas d'étage supérieur rallumable en vol, contrairement aux Proton et
Zenith, ce qui limite certaines missions. Arianespace voit arriver en face
d'elle la concurrence des lanceurs étrangers, notamment chinois, mais aussi les
lanceurs d'entreprise privées US, comme Antares d'ATK et le Falcon de Space X.
Cette concurrence est mieux organiser que celle des années 1990-2000. A terme,
elle fera chuter le prix du lancement à un niveau que les Européens ne pourront
pas garantir.
2009
En janvier, un rapport est commandé par le
gouvernement Français au CNES sur l'évolution des lanceurs en Europe. Le CNES
préconise le développement d'un nouveau lanceur baptisé Ariane 6 pour s'adapter
à l'évolution probable du marché des lanceurs.
Mars,
le CNES propose un premier étage
EPC amélioré équipé d'un Vulcain nouvelle génération. Les boosters sont nouveaux
avec un diamètre de 1,3 m, ceux d'Ariane 4 avaient 1 m et ceux d'Ariane 5 ont 2
m. L'étage supérieur est
cryogénique équipé du moteur Vinci. La capacité serait celle d'un Atlas 5 ou
Delta 4. Cette nouvelle génération de lanceurs ne viendrait pas en plus d'Ariane 5, Soyouz et
Vega mais en remplacement d'Ariane 5. En effet, Arianespace a du mal à trouver 2
satellites pour un même vol à cause de leur masse et de leur orbite. Le nouveau
lanceur serait modulable. Les améliorations d'Ariane 5 sont en bout de course.
La raison invoquée pour le développement de ce lanceur de moyenne classe est
l'éventuelle fin de l'utilisation des Soyouz (que les Russes songe à remplacer
aussi bien pour les vols "utilitaires" que habités), et aussi le maintien des
compétences.
LES MUREAUX, France -
EADS Astrium officials are urging that Europe
begin preparing a design for a medium-lift launch vehicle that could
provide an eventual replacement for the Russian-built Soyuz.
For the
medium term at least, it is clear that European's medium-lift fortunes
will continue to ride on the improved Soyuz 2, which will begin
operating at the end of this year from a new 344 million euro ($450
million) launch pad that is nearing completion in Kourou, French Guiana.
Thanks to the extra lift afforded by this near-equatorial location,
Soyuz 2 will be capable of orbiting most of the European Space Agency's
Earth observation satellites, as well as small telecom spacecraft up to
3.2 metric tons.
Soyuz will complement Europe's heavy-lift Ariane 5 ECA and its new
Vega light launch vehicle, due to enter service early next year.
"But in the long run, it would be surprising if Europe didn't have
its own [midsize] launcher, Astrium Space Transportation Division CEO
Alain Charmeau said recently at the division's main development and
production facility here. For one thing, he said, Russia is already
working on a two-stage follow-on to Soyuz, for which contractors were
selected early this month, and there's no guarantee that Russia will be
willing to share this capability indefinitely (AW&ST April 13, p. 39).
Other countries are developing new medium-lift launch vehicles, too,
notably India with its Geosynchronous Satellite Launch Vehicle Mk III,
due to make its first flight in 2010, and China with its modular Long
March 5, targeted for introduction in 2014. "Our competitors are moving,
we have to react," Charmeau says.
Another motivation is maintaining Europe's launcher engineering
capability. The French government is studying the possibility of funding
future launch vehicle design work through a 2.4 billion euro aerospace
and defense economic stimulus package approved at the end of last year.
However, other projects will also be competing for scarce funding,
including technology programs to prepare the eventual successor to
Ariane 5.
The CEO did not mention specific designs, but Astrium engineers have
been exploring various concepts that could draw partially on new
technological building blocks currently in development. One features a
two-stage liquid propulsion rocket with a liquid oxygen/methane first
stage, a liquid oxygen/hydrogen second stage and two to four solid
boosters. Another would use a three-stage design with two solid fuel
first stages and an upper cryogenic stage.
LOX/LH technology would utilize the Vinci cryogenic engine and
variable nozzle being designed for the Ariane 5 ME, a more powerful
reignitable version of the Ariane 5 that is expected to be introduced
after 2016. The solid boosters would be derived from the new P80 solid
rocket motor developed for Vega. However, the 340 metric ton thrust LOX/methane
engines would have to be designed from scratch, although proposed upper
stage designs for a future Vega upgrade could serve as a starting point
(AW&ST Oct. 15, 2007, p. 34).
A notional schedule, Charmeau suggests, would see preliminary
definition kicked off at the next ESA ministerial summit in 2011 so risk
reduction and demonstration work can be approved at the following summit
in 2014. The objective would be to have the new rocket ready for service
in the 2020-2025 time frame, about the time Russia's Soyuz replacement
is expected to be ready.
|
Avril, ASTRIUM fait des propositions pour cette gamme de
lanceurs moyens pouvant remplacer les Soyouz en 2020-2025. Il y a un tri-étage
avec un étage à poudre type EAP, un second également à poudre et un 3eme cryogénique
avec moteur Vinci et 2 bi-étage. Le 1er avec un étage cryogénique et 2 petits
boosters à poudre et un étage supérieur cryogénique avec le moteur
Vinci, le second avec un étage à liquide, 2 petits boosters à poudre et un étage
supérieur cryogénique avec le moteur Vinci.
Mai, le rapport demandé par le Premier Ministre Fillon ne ferait pas consensus.
Yannick d'Escatha, le président du CNES et le délégué général pour l'armement
Laurent Collet-Billon sont d'accord pour que Ariane se
retire du marché commercial et se focalise sur les lancements institutionnels.
Le représentant du CEA (Commissariat à l'énergie atomique), Bigot n'est pas d'accord,
de même qu'EADS.
La seule évidence, le seul point concordant est qu'il faut remplacer Ariane 5 par une Ariane 6 basée sur la
propulsion à poudre moins chère que la propulsion cryogénique. Des divergences
se font sentir entre les différents acteurs du spatial et chacun a remis un
rapport.
La Défense et le CNES veulent revenir à ce qu'on a besoin (lancements
institutionnels, 6 tirs par an), le CEA s'y oppose et
la DGA se rallie au CNES.
Le premier ministre
Fillon veut poser les bases de l'après Ariane 5, au alentours de 2020-2025.
Pour tout le monde, la propulsion d'Ariane 6 doit passer à des carburant
solide, pour des raisons de coûts, en se rapprochant de la technologie des
missiles. Le CNES considère le lancement de satellites commerciaux aberrante et non
rentable. "Plus on produit de fusée plus cela coûte cher. Ariane ne peut survivre
sans subventions.
Il faut revenir a ce qui est utile pour nos besoins".
Le CEA n'est pas d'accord, tandis que EADS n'a pas intérêt a remettre en question la
politique actuelle.
Il est nécessaire de remplacer Ariane 5 et Soyouz par un lanceur
consommable de la gamme 6 tonnes en orbite GTO pour les besoins institutionnels
et commerciaux, pour cause de concurrence exacerbée et de cadences minimum. Ce
rapport ce limite à répondre aux nécessités d’un « service minimum » pour
assurer l’indépendance de l’Europe.
Les spécifications de la nouvelle Ariane 6 reste à définir, le seul consensus
est l'utilisation du moteur Vinci pour l’étage supérieur. Le rapport reste dans la ligne
des propositions de lanceurs consommables présenté par le CNES.
Juin, L'ESA et les industriels Avio, Astrium et Snecma signent un contrat pour
les premières études d'un démonstrateur de moteur. C'est un moteur cryogénique (LH2
et LOX) avec
combustion étagé d'une poussée de 2,5 millions de Newton. Pour le second étage, il y a un moteur
cryogénique avec cycle expandeur d'une poussée de 180 kN. Cette NGLHH-SC est une Ariane 5 ECB qui a un étage principal
de quelque mètres plus court mais avec le même diamètre, un moteur plus puissant et efficient que le vulcain 2, plus ou moins le même
second étage, des plus petits boosters pour le faire plus versatile et la la
possibilité d'avoir des grand boosters liquide similaire a l'étage principal.
Juin, le rapport du CNES préconise de
poursuivre dans la lignée des lanceurs consommables, car le développement d'un
lanceur entièrement réutilisable serait bien trop coûteux (entre 13 et
19 milliards d'euros) et la maintenance d'un tel
lanceur coûterait aussi cher que l'actuelle Ariane 5, L'Europe doit renoncer aux
vols habités autonome et continuer le vol d'astronautes avec les américains et
les Russes. Arianespace doit, selon le CNES abandonner le lancement double. Du
coté développement, il faut continuer les études sur un étage cryogénique
propulsé par le moteur Vinci. Pour le premier étage, étudier une propulsion
"classique LOX-RP1. Pour le CNES, la configuration en "fagots" ou en parallèle
est le mieux adapté à l'image du lanceur Delta Heavy US. Le rapport conclut
d'orienter les travaux vers la réalisation d'un lanceur « extrêmement
modulable »,
Le président Sarkozy souhaite que des premières
décisions concernant Ariane 6 puissent être prises à la conférence ministérielle
de 2011
de l'ESA.
A l'occasion du salon du Bourget, le chef de l'Etat réaffirme "son soutien à
l'ensemble de l'industrie spatiale française, secteur stratégique pour la
France et l'Europe. Ariane 6 devra être un lanceur modulable, d'une très grande robustesse, et
optimisé en termes de coût afin de répondre au mieux tant aux besoins
gouvernementaux qu'aux besoins commerciaux, dans un contexte de concurrence
accrue".
2010
Janvier, le CNES va recevoir 500 millions
d'euros pour mettre au point le successeur
d'Ariane 5, dont la vaste capacité n'est pas toujours adaptée à la demande du
marché mais qui continuera à voler.
Le grand emprunt de 35 milliards d’euros du gouvernement français, dont 22
milliards seront levés auprès des marchés financiers, servira à financer des
secteurs stratégiques avec une priorité forte pour la recherche et
l’enseignement qui recevront 11 milliards d’euros. 500 millions seront affectés
au CNES pour préparer notamment le lanceur
Ariane 6 (2025-2030).
Il est bien trop tôt pour se prononcer sur l’utilisation de ces 500 millions. On
sait juste que parmi les propositions faites par les acteurs de l’industrie au
Ministre chargé de l’Industrie auprès du Ministre de l’Economie, de l’Industrie
et de l’Emploi et soumises à la Commission Juppé Rocard, deux concernent Ariane
6. Astrium et le think tank Cercle de l’industrie ont fait la proposition de les
utiliser pour un démonstrateur de hautes technologies pour Ariane 6 sans aucune
autre précision. On peut raisonnablement penser qu’ils vont servir à définir le
cahier des charges du lanceur et établir un plan de développement en identifiant
les technologies existantes réutilisables et celles qu'il faut améliorer ou
développer.
Cette année l’ESA et Arianespace devraient caractériser Ariane 6, ce qui
permettra de définir les démonstrateurs et les technologies qui permettront de
faire les bons choix finaux de façon à minimiser les risques inhérents au
développement d'un nouveau lanceur. Pour Guy Pilchen, chef du Programme préparatoire
des lanceurs futurs à l’ESA « les exigences prises en compte dans les études
systèmes s'appuient sur un lanceur en ligne capable de lancer en lancement
simple 5 tonnes, ce qui représente l'essentiel des missions dites
institutionnelles et jusqu'à 8 tonnes ce qui correspond au maximum des missions
commerciales que l'on peut avoir ». Ariane 6 sera un lanceur dit bi-étage, comprenant un étage principal, voire des propulseurs d'appoint, et un
étage cryotechnique utilisé pour des lancements simples.
Avec ce lanceur de nouvelle génération, on abandonne le lancement double et on
revient au concept modulaire d’Ariane 4, bien mieux adapté pour lancer des
satellites de taille moyenne (3 tonnes). En faisant cela on garde la possibilité
de lancer des satellites plus lourds mais, « avec des objectifs de coûts
complètement différents » explique Jean-Yves le Gall.
La raison d’être d’Ariane 6 n’est pas seulement de répondre aux besoins de ses
clients institutionnels que sont les Etats membres de l’ESA. En filigrane, il
s'agit de préserver la garantie de l'accès à l'espace de l'Europe, la
compétitivité des lanceurs européens et de pérenniser l'activité d'Arianespace
et de l'industrie spatiale européenne sur le marché des lanceurs civils. Il faut
garder à l’esprit qu’en ce qui concerne les télécommunications, tous les
opérateurs n'ont peut-être pas les moyens de s'offrir ces super plateformes que
l'on nous prédit et, la miniaturisation aidant, les plateformes de taille
moyenne gardent leur intérêt.
La taille des satellites
dépend des performances des lanceurs. En poussant le raisonnement à son excès,
on peut penser que les énormes capacités de lancement d’Ariane 5 ont
probablement freiné, en les rendant en quelque sorte superflus, les efforts
d'allègement des charges utiles.
Février, Ariane 6
s'insérerait dans la
gamme pour lancer des charges d'environ 6t en GTO, permettre une plus grande souplesse de calendrier, avoir un coût
maîtrisé si possible équivalent à celui payé par le client
pour un lancement double d'Ariane 5 et remplacer le Soyouz (à terme) si sa fabrication venait à cesser (nouvelles
gammes Angara et Rus-M).
Du côté d'Ariane 5, il sera nécessaire de monter en puissance avec une
version ME (12 t) pour des
satellites plus lourds ou des appariements moins casse-tête.
Il faut cependant des décisions fermes de l'Europe, et une re-ventilation
des charges du budget lanceurs entre les états.
Juillet, l'ESA confie à Astrium un
contrat d’avant projet du lanceur européen de nouvelle génération, le NGL: Next
Generation of Launcher.
Le contrat, d’une valeur de 8,5 millions d’euros pour une durée de 15 mois,
est cofinancé par Astrium à hauteur de 1,5 millions d’euros.
Ce contrat va permettre à Astrium d’étudier les concepts les plus
prometteurs pour ce lanceur européen de nouvelle génération en y associant 9
pays industriels européens déjà impliqués dans le projet Ariane.
Le projet NGL s’inscrit dans le cadre du programme préparatoire de lanceurs
futurs (FLPP: Future Launchers Preparatory Programme) de l’ESA. L’objectif
principal de cette étude est de fournir l’ensemble des éléments techniques
et programmatiques afin de permettre à l’ESA de proposer un dossier de
programme préparatoire lors du prochain conseil ministériel.
L’ESA et Astrium souhaitent mettre en avant les facteurs de compétitivité à
atteindre à l’horizon 2025 en axant principalement sur la fiabilité, la
disponibilité et la minimisation des coûts, principalement en exploitation.
Il s’agit d’étudier des concepts modulaires devant couvrir la gamme de
performance intermédiaire.
Ce projet s’articule autour de 3 volets: la définition du lanceur, les
ruptures technologiques à trouver et les coûts associés à ce nouveau
lanceur:
- des études conceptuelles d’architectures lanceurs présélectionnées à
l’issue de la phase 1 en 2007/2008:
* le concept de lanceur bi-étage dénommé HH (propulsion cryogénique
d’Oxygène liquide/ Hydrogène liquide pour l’étage principal et l’étage
supérieur). Le moteur principal est un moteur de très forte poussée (HTE:
High Thrust Engine) basé soit sur la technologie générateur de gaz identique
à Vulcain II, soit sur la technologie de combustion étagée plus performante
mais non encore opérationnelle en Europe.
* le concept de lanceur bi-étage dénommé CH (propulsion méthane/oxygène
liquide pour l’étage principal et propulsion cryogénique pour l’étage
supérieur).
* le concept de lanceur tri-étage dénommé PPH (propulsion solide pour
l’étage principal ainsi que le 2ième étage et propulsion cryogénique pour
l’étage supérieur).
* s’agissant du moteur cryogénique de l’étage supérieur, il sera dérivé du
moteur VINCI développé dans le cadre du programme A5 ME.
* la modularité sera assurée par des boosters solides d’appoint.
- l’identification des ruptures technologiques pour l’ensemble des domaines
(propulsion, matériaux, structures, avionique, pyrotechnie…). Ces ruptures
devront être appréhendées sous l’angle de leurs performances intrinsèques
mais plus encore sous l’angle du coût de possession et leur robustesse au
cycle de vie.
- l’établissement des dossiers de coût pour chacun des concepts à la fois
pour le développement et la phase de vie d’exploitation
Octobre, l'ESA travaille sur son
programme préparatoire des lanceurs futurs. Les successeurs des Ariane 5,
qui pourraient voler vers 2025, visent les missions institutionnelles
couvrant une plage de performance à partir d’un équivalent à 3 tonnes en
orbite géostationnaire (incluant ainsi le segment 4 tonnes en
orbite
héliosynchrone), jusqu’à un équivalent de près de 8 tonnes en
orbite de transfert géostationnaire. Sur la trentaine de concepts de lanceurs à l’étude,
l’ESA en a retenu 4 et travaille à préciser la sélection. Parmi les lanceurs
retenus, trois sont des concepts de lanceurs bi-étage, un est à trois
étages. Ce dernier, dénommé PPH (propulsion solide pour l’étage principal et
le 2e étage) utilisera pour l’étage supérieur un moteur
cryogénique dérivé du
moteur Vinci, développé dans le cadre du programme Ariane 5 ME.
Quant aux concepts bi-étage, deux s’appuient sur une
propulsion cryogénique d’oxygène
liquide/ hydrogène liquide pour l’étage principal et l’étage supérieur. La
différence se fait au niveau de la motorisation principale qui utilise un moteur
de très forte poussée (HTE,
High Thrust Engine) basé soit sur la technologie de générateur de gaz
identique à
Vulcain 2, soit sur la technologie de
combustion étagée, plus performante mais non encore opérationnelle en
Europe.
L’autre concept bi-étage, dénommé CH, utilise une propulsion
méthane-oxygène liquide pour l’étage principal et une propulsion cryogénique
pour l’étage supérieur. Dans tous les cas,
la modularité sera assurée par des
boosters solides d’appoint. Autrement dit, il ne s'agit pas de faire
évoluer un lanceur ou l'autre de la gamme européenne
mais bien d’en préparer un nouveau qui cumulera des technologies existantes et
nouvelles qui devront être appréhendées sous
l'angle de leurs performances intrinsèques mais plus encore sous l'angle du coût
de possession et leur robustesse au cycle de vie.
Chez Arianespace comme au
sein de l’Agence spatiale européenne, on remarque que la masse
moyenne des satellites tend à se stabiliser autour des 5 tonnes. En définissant
une plage de performance de 3 à 8 tonnes, ce lanceur à la configuration
modulaire devra avoir une certaine
flexibilité dans cette plage de performance. En fonction de la masse du
satellite, la configuration du lanceur devra être suffisamment modulable pour
s’adapter à la mission. Cette flexibilité sera apportée par des
propulseurs d’appoint solides, de sorte qu’en fonction de la masse à
lancer, on utilisera plus ou moins de
propulseurs. Enfin, l’architecture de ce lanceur sera adaptable, avec
une capacité d’évolution facile à mettre en œuvre et qui peut concerner, par
exemple, l’augmentation de la poussée d’un moteur ou la taille d’un réservoir.
Pour l’industriel comme l’opérateur, il s’agit de ne pas se faire surprendre par
une évolution de la masse des satellites après la mise en service du NGL.
Cette stratégie impose
d’abandonner le lancement double. Le lancement simple correspond mieux aux
besoins du marché pour les charges utiles institutionnelles. De plus, les études
d'Arianespace montrent une
stabilisation de l’augmentation de la masse moyenne des satellites dans les
années à venir. La
capacité d’Arianespace à répondre aux besoins du marché n’est pas pour
autant menacée. Elle sera même préservée avec « Ariane 5ME, un lanceur en cours de préparation
qui utilisera un nouvel étage supérieur (moteur
Vinci) et dont la capacité d'emport sera de 12 tonnes de charge utile
en GTO. Cette fusée pourra lancer 2 satellites de 5,5 à 6 tonnes. Un
premier vol est prévu en 2016 et restera en service au-delà de 2025.
Décembre, Nicolas Sarkozy confirme que "dans
le cadre du grand emprunt, nous mettrons 250 millions d'euros pour travailler
sur le nouveau lanceur". "Nous allons signer, juste après cette table ronde, le
déblocage d'une première somme de 82 millions et demi d'euros pour lancer les
premières études sur le successeur d'Ariane 5", a-t-il ajouté.
Selon l'Elysée, cette convention signée avec le CNES doit permettre la
"réalisation de travaux préparatoires" sur la structure, l'avionique et la
propulsion de la future fusée européenne, dont l'entrée en service est
programmée à l'horizon 2020-2025.
La loi de finance rectificative de mars 2010 avait attribué un montant de 500
millions d'euros sur les 35 milliards d'euros du grand emprunt au secteur
spatial. Outre les 250 millions affectés à l'étude d'"Ariane 6", l'autre moitié
de cette enveloppe sera consacrée à des "projets satellitaires innovants".
2011
Arianespace mise sur Ariane 6, plus adaptée au
marché actuel et décide de mettre Ariane 5 ME "au placard".
Le NGL de l'ESA, Next Generation
Launcher étudié dans le cadre du programme FLPP (Future
Launchers Preparatory Programme) destiné aux
développement de nouveaux lanceurs
Octobre, parmi les 4 propositions de l'ESA, NGL PPH, NGL-HHSC, NGL-HHGG et NGL-CH, il semble en rester plus que
2 en compétition, le NGL-HHSC tout cryogénique avec nouveau moteur Vulcain d'environ 250
tonnes de poussée et un second équipé du moteur Vinci se trouvant sous la coiffe
et le NGL-PPH avec un premier étage a poudre dérivé des EAP d'Ariane 5, le
second étage du
P80 de VEGA et un étage supérieur avec le moteur Vinci. La seconde proposition
serait la moins chère.
La nouvelle version d'Ariane aura une capacité de 6-7 tonnes (comme les Ariane
5GS) pour l'orbite de transfert géostationnaire et cette capacité serait
utilisée en lancement simple mais pour un coût raisonnable.
Ariane 5 est le lanceur le plus cher du marché et il est "trop cher"
pour survivre en lancement simple. L'idée est d'avoir un
lanceur d'une capacité équivalente à celle de Proton ou Sea-Launch avec un coût
d'exploitation dans le même ordre de grandeur mais sans lancement double. Avec
le Soyouz, l'Europe est bloqué, la Russie ne fournisse que 4 lanceurs par
an. Ariane 6 semble couvrir l'ensemble des mission effectuer par Soyouz et par
Ariane 5.
Novembre, les allemands sont pour la modernisation d'Ariane 5 plutôt que pour un nouveau lanceur. Cette position est soutenu par l'Allemagne depuis
déjà un moment. En effet la modernisation d'Ariane 5 est principalement
construit autour du développement de l'ESC-B, ce qui se fera sans doute
majoritairement à Brème chez Astrium. De son coté, Arianespace est contre AR5 ME,
ainsi qu'une bonne
partie d'Astrium "France".
Le lancement double sur Ariane est une question de survie. Ariane est chère,
très chère même par rapport à la concurrence. En faisant des lancements doubles,
Arianespace répercute le coût d'un lancement sur 2 clients et au final chacun
d'eux ne paie pas plus cher que s'il avait été chez la concurrence. Un lancement
avec
Ariane 5ECA (10 tonnes en GTO) coûte 140 millions $, avec
Proton (6 tonnes en GTO) 75 millions $ et avec
Sea-Launch (6 tonnes en GTO) 85 millions $.
Pour la prochaine génération Ariane, il faudra absolument, si on vise le
lancement simple, un lanceur nettement moins cher et tout aussi fiable que les
précédentes générations.
Sans oublier que ce sont les satellites qui s'adaptent à la capacité orbitale
maximale du lanceur et non l'inverse. Pour la simple raison qu'un client veut
que son satellite soit opérationnel à une période prédéterminée. Ariane 5,
qui est un très beau
lanceur a été créé a l'origine pour Hermés, mais pas il n'est pas adapté aux différentes mission
qu'on lui demande, la mise à poste d'un seul satellite en GTO ou SSO (trop
cher). De plus, il n'est pas modulable.
2012
Janvier, le maître d'œuvre du lanceur européen,
Astrium juge suicidaire de lancer un modèle totalement nouveau, sans étape
intermédiaire. Le projet comporte trop de risques financiers et
industriels. Il milite plutôt pour un programme de lanceur de génération
intermédiaire. L'Europe doit-elle se lancer dans un programme de nouvelle fusée pour
succéder à Ariane 5 ou au contraire passer par une étape intermédiaire, en
travaillant sur une évolution du lanceur actuel ? La question pourrait être
tranchée en novembre 2012 lors de grande réunion des ministres européens en
charge de l'Espace pour définir le carnet de route des quatre prochaines années.
A coût identique au lanceur actuel, le lanceur
intermédiaire sera
capable d'emporter 20% de charge en plus en orbite géostationnaire. Ariane 5 ME pourrait en effet emporter 12 tonnes au lieu
des 10 tonnes pour la fusée actuelle. Le coût du programme est de l'ordre de 1,5 milliard d'euros dont près de 300
à 400 millions ont déjà été engagés, pour un premier lancement possible en 2017.
Selon Astrium, cette approche a au moins deux vertues.
"Ariane 5 ME
permettrait d'équilibrer les comptes d'Arianespace
sans aucun soutien de la part des pays membres de l'Agence spatiale européenne".
Mai,
plus de 100 concepts d'Ariane 6 ont été étudié, le choix se précise et se
resserre. La
propulsion solide semble tenir la corde avec un concept à deux étages P180 et
P110 (+boosters P39), mais aussi une version utilisant des modules identiques
P150 ou P135 (3 comme 1er étage et un comme second étage). Dans tous les cas
l'étage supérieur est cryogénique.
Face à la poudre sont proposés des lanceurs à 1er étage cryogénique LH2/LO2 mais soit en
utilisant un moteur Vulcain 2 (H140 et 2 boosters P45 minimum), soit avec un
moteur "vulcain 3" sur un étage H165. Là aussi les étages supérieurs sont à moteur Vinci et
la capacité maximale est de 8 tonnes en GTO avec 6 boosters.
La propulsion principale par hydrocarbure (méthane) semble délaissée.
Les coûts et délais minimum paraissent être la priorité; cela pourrait favoriser un
passage à Ariane 6 sans Ariane 5ME, surtout avec l'arrivée de satcoms tout
électriques qui modifient les paramètres (Ariane 5 ECA ferait encore l'affaire et
Ariane 6 ne signifierait pas forcément l'abandon des lancements doubles).
Août, Ariane 5 assure son 50eme succès
consécutif et le record de charge emportée, plus de
10 tonnes. 82 satellites ont été ainsi satellisés. Arianespace considère que
la concurrence doit faire ses preuves avac de s'attaquer au marché des
Satcoms. Les Chinois n'ont pas encore signé de contrat, Space X n'a
envoyé aucun satellite sur orbite. 10 ans
sont nécessaire pour développer un lanceur, et l'Europe a peut-être un
peu trop tardé pour décider du successeur d’Ariane 5. On évalue des
projets. Si l'Europe fait une super Ariane 5, elle risquera de se laisser
distancer. Avec Ariane 6, il y a le risque d’avoir des
difficultés pour l’introduire sur le marché. De plus, il est difficile
d’évaluer les besoins à l’horizon 2020-2040. Un débat qui n’est pas
facile à trancher. Le choix doit être fait les 20 et 21 novembre
prochains. L'Allemagne propose une
version intermédiaire plus puissante baptisée Ariane 5 ME disponible dès 2016,
le CNES souhaite le passage direct à une version Ariane 6, prête vers 2025.
Cette nouvelle version, conçue au départ pour réduire les coûts de lancements
d'environ 20%, serait plus compétitive avec les lanceurs russes, chinois ou
indiens futurs ou existants, et notoirement moins coûteux. La ministre de la
Recherche, Geneviève Fioraso, en charge de l'espace, estime, pour sa part, qu'il
est possible de poursuivre ces deux options en parallèle, malgré les contraintes
budgétaires très fortes.
Octobre, la DLA a fait le choix
de la version PPH.
A priori, ce serait la variante P1B qui l'emporterait avec
un
premier étage P180 avec boosters P39, un second étage P110 et un étage H31.
Novembre,
l’office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst)
préconise dans un rapport «d’aller le plus vite possible» vers le
développement d’un lanceur européen de nouvelle génération, dit «Ariane 6».
L’avenir du lanceur européen Ariane sera au cœur de la réunion du
Conseil de l’Agence spatiale européenne (ESA) au niveau ministériel,
prévue les 20 et 21 novembre à Naples.
Le rapport préconise cependant qu’un «projet de développement
complet de ce lanceur de nouvelle génération» soit présenté au plus tard en
2014 et qu'à la même échéance soit prise «une décision définitive concernant
Ariane 5 ME», afin de ne pas continuer à financer deux projets.
Le rapport de l’Opecst insiste sur la nécessité de préserver
durablement l’indépendance d’accès de l’Europe à l’espace. Il aborde par
ailleurs la question des débris spatiaux, dont le nombre s’accroit en
permanence. «Pourquoi ne pas rendre les mises en orbite payantes ?»,
s’est interrogée Catherine Procaccia, les fonds ainsi récoltés servant à
financer la recherche sur l'élimination des débris.
Le Conseil Ministériel de l'ESA des 20 et 21 novembre
se réunit avec pour ordre du jour la poursuite du programme Ariane 5 ME et la décision de
compléter les études de choix d'un successeur d'Ariane 5 (NGL) à l'horizon
2025. Les enjeux sont très importants dans l'attente d'une décision sur le
futur lanceur. - Arianespace souhaite maintenir sa position commerciale répondant aux
besoins en évolution dans un environnement de concurrence renforcée - les états membres de l'ESA , Allemagne, France , Italie en particulier
souhaitent répondre aux besoins de lancement institutionnels (sécurité,
observation, sciences) - Les Etats membres souhaitent aussi renforcer leurs industries respectives
sans financer le lanceur au delà des coûts de développement - les industriels souhaitent optimiser l'outil industriel et les processus
de décision pour réduire les coûts , les choix conditionnent le maintien ,
le renforcement ou la suppression d'équipes industrielles dans toute
l'Europe.
A l'issue de la réunion, les ministres européens ont approuvé ce principe et
appuyé une architecture de référence, dite PPH, à savoir du propergols
solide pour les 2 premiers étages et du liquide pour le 3eme. Le marché des
lancements double va progressivement ralentir au profit des lancements
simples, les charges utiles devenant moins lourdes. La concurrence "à bas
coût" va alors croître faisant baisser les cadences de tir du lanceur
européen. Un soutien financier sera alors nécessaire de la part des états
contributeurs se qui posera à terme la question de la viabilité de la
filière. Ariane 6 devrait répondre à cette nouvelle offre avec une cadence
de 8 à 9 tirs par an avec une charge unique.
Libe 19 novembre 2012
Une affaire d’un milliard et demi d’euros
Faut-il ou non finir le développement d’Ariane 5 ME (pour «mid-life evolution
»), avec le moteur cryogénique Vinci du troisième étage, réallumable? Il
permettrait enfin d’obéir à la loi spatiale française en pilotant le suicide
dans l’atmosphère du troisième étage après sa mission afin d’éviter de générer
un débris dangereux de plus. Et autoriserait des manoeuvres plus agiles lorsque
la fusée largue les satellites. Une affaire d’un milliard et demi d’euros. Une
capacité d’emport en orbite géostationnaire passant de 10 à 12 tonnes. Et une
assurance contre un éventuel retard ou échec dans le programme Ariane 6. Ou, au
contraire, faut-il se lancer illico dans une Ariane 6, moins chère mais moins
puissante, afin d’en disposer le plus vite possible?
La première stratégie était défendue par le patron d’Astrium,
François Auque, qui pense aussi à sa technologie cryogénique (oxygène
et hydrogène liquides qui propulsent l’étage principal d’Ariane 5) fabriquée en
France. Tandis que Yannick d’Escatha, le patron du Cnes,
défendait le développement rapide d’une Ariane 6 moins puissante et à poudre,
utilisant la technologie des propulseurs d’appoints d’Ariane 5, de la petite
fusée Vega et des missiles. Geneviève Fioraso a fait appel à Jean-Jacques
Dordain, le directeur général de l’ESA (l’Agence spatiale européenne), et à
Jean-Yves le Gall (le PDG d’Arianespace) pour faire émerger un accord qui sera
soumis au conseil des ministres : finir Vinci, qui servira aussi de troisième
étage à Ariane 6, et mettre en service cette dernière dès 2021. Une stratégie
qui permet de renoncer in fine à Ariane 5ME et de continuer avec l’actuelle
Ariane 5, ou d’y recourir si (hypothèse jugée improbable par les ingénieurs du
Cnes) le projet Ariane 6 tombait sur un os.
L’avenir d’Ariane devrait être moins prestigieux: calé sur le marché des
satellites commerciaux, insiste Geneviève Fioraso, et assurant le tir des
satellites gouvernementaux civils et militaires. Avec la petite fusée Vega et
Ariane 6, l’Europe pourrait lancer des satellites de 100 kilos à 6 tonnes en
orbite géostationnaire, ce qui signe une stratégie modeste. Elle vise surtout
l’adaptation aux concurrents russes, chinois et américains dont les coûts sont
complètement fictifs, en raison des subventions gouvernementales et militaires
massives.
Cette stratégie réaliste suppose de renoncer à fonder la coopération
internationale dans les vols habités et l’exploration robotique lointaine du
système solaire sur l’apport d’une fusée puissante. Les industriels qui appuient
cette dernière conception ne sont pas plus amateurs de science-fiction que
les ministres. Ils savent surtout que cette exploration garantit des programmes
sur fonds publics pour leurs entreprises. Ce n’est donc pas une raison
suffisante pour la justifier.
De leur côté, les Russes et les Américains affichent des projets de fusées
lourdes capables de lancer des vaisseaux habités ou automatiques vers une
station orbitale – l’actuelle doit durer au moins jusqu’en 2020 – ou des cibles
lointaines, comme un astéroïde. Faut-il disposer d’une fusée afin de participer
à cette exploration? Ou peut-on se limiter à des contributions scientifiques,
des instruments, des briques technologiques compatibles avec les ressources
financières que l’Europe y consacre, très inférieures à celles que la Nasa peut
mobiliser? C’est la stratégie défendue désormais par Genviève Fioraso. Réaliste
ou frileuse? L’histoire jugera.
La version P7C est mise en avant avec 3 ou 4 étages P135 capable de placer
3,5 ou 6,4 tonnes en GTO.
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La Tribune, 21 novembre 2012
Espace : la ministre française Geneviève Fioraso fait
décoller Ariane 6
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso,
a réussi le tour de force de mettre sur orbite le futur lanceur Ariane 6 face
aux réticences allemandes. Elle a toutefois accepté un compromis en validant la
poursuite du développement d'Ariane 5 ME, souhaitée par Berlin.
Difficile de départager les partisans d'Ariane 5 ME (Allemagne et les
industriels Astrium et
Safran) et ceux d'Ariane 6 (France, Agence spatiale
européenne et Arianespace) après la conférence ministérielle des 20 Etats
membres de l'Agence spatiale européenne (ESA)... Alors, tous gagnants
? Sûrement, mais Paris a toutefois réussi un joli tour de force en imposant dans
le calendrier de l'ESA, face à une Allemagne très réticente, le programme Ariane
6. "Avant la ministérielle, l'Allemagne voulait Ariane 5 ME et une forte
contribution à la Station spatiale internationale (ISS), explique un très bon
observateur du dossier. Après, il y a donc Ariane 6 dotée d'un budget, Ariane 5
ME, qui finalement reste et, enfin, un accord plus équilibré sur l'ISS". Du
coup, l'ESA se retrouve avec deux programmes de lanceurs en développement.
"Après des discussions intenses, la France et l'Allemagne sont aujourd'hui unies
dans une vision commune de l'espace pour les 10 ans à venir, avec des
engagements précis, de moyen et long terme", a expliqué le ministère dans un
communiqué publié mercredi.
Le mérite de cet accord avec l'Allemagne revient en grande partie à la
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, en
charge des questions spatiales, qui a su imposer cette décision à Paris - ce qui
n'était pas gagné à son arrivée en juin au ministère tant les Français étaient
désunis -, puis, avec l'aide du ministre italien, Francesco Profumo, a réussi à
convertir Berlin au lancement d'Ariane 6. "Nous avons un texte commun avec nos
partenaires allemands, qui s'élargit naturellement à nos autres partenaires
d'Ariane", a annoncé mercredi Geneviève Fioraso à la presse. "L'évolution vers
Ariane 6 a été actée, avec l'objectif d'un lanceur plus robuste et mieux adapté
à l'évolution du marché, tout en optimisant la transition pour garantir les
emplois et les compétences industrielles", a précisé le ministère.
Ariane 5 ME puis Ariane 6 doté du moteur
Vinci
"Le leadership d'Ariane 5 durant cette période (de transition, ndlr) fera
l'objet d'un soin particulier, avec un programme d'évolution adapté et
détaillé", a expliqué le ministère. "Des synergies vont être recherchées dans
Ariane 5 étape intermédiaire avec un horizon de mise en vol en 2017", a ajouté
la ministre, en précisant que la mise en service d'Ariane 6 était "envisagée
pour 2021, 2022". Sur une période de deux ans, les deux programmes se
partageront un budget de 600 millions d'euros jusqu'en 2014, date à laquelle la
prochaine conférence ministérielle aura lieu. Soit un tiers pour Ariane 5 ME, un
tiers pour Ariane 6 et un tiers pour les développements communs aux deux
lanceurs. Selon nos informations, on s'orienterait pour le futur lanceur
modulable vers une configuration PPH avec boosters à propergol solide en nombre
variable (deux étages à propergols solides et un troisième étage à propulsion
liquide - hydrogène-oxygène). Il serait doté du moteur rallumable Vinci
(développé par Safran), commun avec Ariane 5 ME.
En outre, Ariane 5 a une nouvelle fois obtenu une aide pour son exploitation
à Kourou dans le prolongement du programme ARTA. Les pays ont souscrit à plus de
90 % à ce programme. Il s'agit d'un élément essentiel couvrant des activités
d'échantillonnage et d'essai, l'analyse des vols, le traitement des anomalies et
des obsolescences du matériel de vol et une contribution au maintien en
conditions opérationnelles (coûts MCO) des installations d'essai au sol Ariane.
Enfin, la France a confirmé sa contribution aux programmes satellites Metop
(météorologie), Neosat, une nouvelle plateforme pour les satellites télécoms du
futur, et a pris un ticket sur le futur programme de navigation (EGEP), qui fera
suite à Galileo et Egnos. Paris réaffirme "des engagements qui renforcent la
compétitivité de ce secteur d'activité très porteur pour notre pays, a expliqué
le ministère. Par ailleurs, les programmes scientifiques, dont les résultats
contribuent au rayonnement de la science spatiale française et européenne dans
de nombreux domaines (univers, sciences de la terre...), ont été maintenus et
amplifiés".
Une contribution totale de 10 milliards d'euros pour l'ESA
L'Europe spatiale s'est dotée d'un budget de 10 milliards d'euros lors de la
conférence ministérielle des Etats membres de l'ESA, qui s'est achevée ce
mercredi à Naples (Italie), a annoncé son directeur général, Jean-Jacques
Dordain. "C'est un gros succès malgré la situation économique", a-t-il estimé au
cours d'une conférence de presse. "Cela a été un conseil très difficile, mais un
conseil couronné de succès, a-t-il souligné. Il s'agit d'une enveloppe globale,
sur une moyenne de trois ans, certains programmes étant plus courts et d'autres
plus longs. La somme précise est de 10,119 milliards d'euros". Après l'Union
européenne, l'Allemagne est le premier contributeur (2,6 milliards d'euros),
suivie de la France (2,3 milliards) et de l'Italie (1,2 milliard). A noter que
la Grande-Bretagne a augmenté de 25 % sa contribution par rapport à celle de
2008.
Le directeur général de l'ESA avait proposé un budget de 12 milliards d'euros
sur trois ans, mais avait déclaré la semaine dernière qu'il s'estimerait
satisfait avec un montant de l'ordre de 10 milliards d'euros, soit un budget
stable par rapport au niveau actuel. Ce budget inclut le financement d'une
version améliorée du lanceur européen Ariane 5, appelé Ariane 5 ME, qui devrait
être opérationnelle en 2017 et préparer le développement d'une nouvelle
génération de lanceurs, dite Ariane 6, qui pourrait voler en 2021 ou 2022, un
programme que Jean-Jacques Dordain a porté avec la ministre Geneviève Fioraso.
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19 décembre, le CNES et l'ESA
présente à
la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso,
une maquette d'Ariane 6 mais aussi le plan et une vue d'artiste des
modifications qui seront faites sur le Centre spatial guyanais pour
l'accueillir. Réalisée en impression 3D,
elle propose une configuration "PPH" pour le lanceur, c'est à dire avec trois
boosters à poudre à l'étage inférieur, un booster à poudre identique au dessus
et un étage cryogénique supérieur. Selon Michel Eymard du CNES, c'est la
solution la moins chère : réaliser quatre système à poudre
identiques permet de réduire les coûts. La
concurrence de Space X nous pousse à faire ces développements. Ariane 6 c'est
Falcon à l'européenne." L'objectif : des lancements de 7 tonnes de charge
utile, à 70 millions d'euros d'ici 7 ans. Le tout pour 4 milliards d'euros, pad
de tir compris.
2013
Concept ESA d'Ariane 6 et celle du
CNES avec Ariane 5 en comparaison
Astrium remporte le contrat ESA pour la conception d'Ariane 6 et la
poursuite du développement d'Ariane 5ME". Astrium s'est donné 6 mois pour identifier l'architecture
d'Ariane 6 PPH.
Ariane 6 pourra se doter d’un 1er étage avec 2 ou 3 moteurs à
propergol solide et ainsi mettre en orbite des satellites plus ou moins
lourds. Ce concept de
lanceur multi-P, élaboré avec les partenaires industriels Astrium, Herakles et Snecma, est complètement nouveau.
Le 1er vol d’Ariane 6 est prévu en 2021. D’ici là, les ingénieurs
vont développer un dernier étage réallumable particulièrement puissant pour
faire évoluer la fusée Ariane 5 à l’horizon 2018
et, in fine,
équiper la nouvelle fusée européenne Ariane 6 en 2021.
Ce futur lanceur aura une capacité d’emport de 3 à 6,5
tonnes en
orbite de transfert géostationnaire et de 4 tonnes en
orbite héliosynchrone (SSO). Cette plage de performance a été resserrée.
Initialement, les études portaient sur un lanceur capable de lancer
jusqu’à 8 tonnes. L’abandon de ces 8 tonnes s’est fait sur des
considérations de coûts de développement et d’exploitation, ainsi que sur la
vision du marché des lancements de satellites ouverts à la concurrence
qu’ont l’ESA et ses partenaires. Cela dit, Ariane 6 gardera un potentiel de
performance. Le nombre d'étage, 2 ou 3 n'est pas encore figé. Cela dépendra du
chargement des propulseurs à poudre. Parmi les concepts à l’étude,
les ingénieurs travaillent
sur un lanceur à trois étages avec un premier étage chargé à 180 tonnes et un
deuxième à 110 tonnes. Le lanceur sera modulaire, par l'ajout des boosters de 30 à 40 tonnes pour atteindre les 6,5
tonnes en GTO. Cela dit, quelles que soient les configurations retenues, l’étage
supérieur sera basé sur le
moteur Vinci d’Ariane ME adaptée. En
raison d’un objectif de coût d’exploitation du lanceur
inférieur à celui d’Ariane 5, Ariane 6 ne sera guère innovante. Pas de case à
équipement, l’aménagement des équipements
électriques se fera de manière différente sans avoir une structure dédiée comme
sur Ariane 5. Le cerveau d’Ariane 6 sera très différent de celui d’Ariane 5
en raison « d’un programme de vol différent, et de l’obsolescence en 2020
des systèmes utilisés sur Ariane 5.
Mai, pour Arianespace, les temps changent. Ariane 5, leader
mondial sur le marché des satellites de télécommunications, qui assure une
dizaine de lancements chaque année, devra laisser sa place à Ariane 6 en 2020.
Concurrence oblige, l'Europe doit remettre en question son système de lancement
pour rester dans la course. Le succès technique et commercial d'Ariane 5 est incontestable, mais, au regard
de l'évolution du marché, il reste fragile. La concurrence avec le Proton des Russes, le Zenit des
Ukrainiens et, surtout, le très compétitif Falcon 9 des Américains, développé
par SpaceX (avec un prix est presque deux fois moins élevé que celui
d”Ariane 5) sont autant de menaces pour la pérennité du lanceur européen. D'ici
une décennie, d'autres pays pourraient offrir des systèmes de lancement
performants, à l'instar de la Chine aujourd'hui absente du marché commercial
pour des raisons politiques), du Brésil, du Japon et de l'Inde dont les lanceurs
rencontrent momentanément quelques difficultés sur l'orbite de transfert
géostationnaire). Ce qui faisait la force d'Ariane 5, avec son
lancement double, pourrait s'avérer à terme une faiblesse. Trouver deux
satellites, un gros et un petit, prêts en même temps et compatibles avec les
performances du lanceur demeure et demeurera très
contraignant. Un défi qu'Arianespace a toujours su
relever, mais qui sera de plus dur à réaliser dans l'avenir.
Le marché institutionnel n'est pas de taille suffisante pour assurer une cadence
minimale d'Ariane 5. Il représente un lancement par an et s'avère surdimensionné
pour des missions de taille réduite. C'est d'ailleurs pour cette raison que
Soyouz a été implanté en Guyane. Résultat, le marché institutionnel repose
essentiellement sur un lanceur produit hors d'Europe. Le marché
commercial des lancements de satellites de télécommunications sur l'orbite de
transfert géostationnaire représente lui une vingtaine de contrats par an, dont
un tiers (6 à 7) sont des petits satellites. L'objectif
d'Ariane 5 est d'assurer tous les ans leur lancement. Mais, au regard de sa
double charge, il est tenu d'embarquer simultanément un gros et un petit
satellite. Pour y parvenir, Arianespace devra être très performants sur le secteur
des petits satellites pour les attirer quasi tous. Certes, la société a les arguments pour y parvenir:
fiabilité, disponibilité, qualité de service...néanmoins, la concurrence risque
a l'avenir de prendre des parts de marché sur ce segment. Avec un lanceur
double, il y a le risque de ne pas pouvoir répondre à des clients par
manque de flexibilité. Avec Ariane
6, l'Europe va se doter d'un lanceur capable
de mettre en orbite, soit un
satellite commercial de 3 à 6,5 tonnes, soit des satellites gouvernementaux plus
petits au nombre de 3 à 4 par an, le tout à un prix très compétitif.
Ariane 6 sera donc modulaire. Ce lanceur aura la capacité d'assurer les missions
réalisées aujourd'hui par Ariane 5 et même Soyouz. Cette flexibilité permettra
non seulement davantage de réactivité, mais aussi d'optimiser le service clients
en s'adaptant aux éventuelles évolutions des satellites que l'on voit déjà
poindre à l'horizon. De plus en plus de satellites
bénéficient d'une propulsion électrique, c'est un avantage a court terme pour
réaliser des lancements doubles, car le nombre de petits satellites de masse
moyenne devrait augmenter sur le marché. La propulsion électrique offre en effet
un gain en masse de presque 50% faisant passer certains programmes de 4 à 5
tonnes à 3 tonnes. Cet avantage a aussi un inconvénient pour
Ariane 5: les faibles poussée de la propulsion électrique nécessitent une orbite
mieux adaptée, plus énergétique, plus haute que les orbites GTO standards.
Disposer d'un lancement simple avec Ariane 6 est donc incontournable et répondra
mieux aux demandes des clients de la prochaine décennie. Avec un lanceur
double, Arianespace risque à l'avenir de ne pas répondre à des clients par
manque de flexibilité.
Depuis 2 ans, les grandes lignes du cahier des
charges d'Ariane 6 sont définies, 7 ans de développement, 7 tonnes en GTO pour
70 millions d'euros. En 2 ans, pas moins de 120 concepts ont été passé en revue
par les ingénieurs de la DLA à Daumesil, à Paris. Le concept retenu, dit PPH
permet d'associer la souplesse d'une configuration de base identique au niveau
du composite bas avec 3 ou 4 moteurs P135 selon la mission à la puissance et la
performance d'un moteur cryogénique adapté de la version Ariane 5 ME. Le Vinci,
en développement depuis 15 ans est modulable en poussée et rallumable en vol. Le
moteur P135 sera une évolution du P80 de Vega. "D'ici l'été, la configuration
sera définie et dès la fin de l'année, l'appel sera lancé auprès des
industriels". Au second semestre 2014, la conférence ministérielle au Luxembourg
devrait définir les enveloppes budgétaire estimées à 4 milliards d'euros.
L'ESA devra changer d'organisation pour mener à
bien la modernisation d'Ariane 5 et passer à Ariane 6. Une nouvelle gouvernance
s'imposera avec la mise en place d'un partage de responsabilité entre les
industriels et les agences. L'industrie devra devenir un partenaire plutôt qu'un
prestataire. La sélection se fera au meilleur rapport qualité-prix. Une fois la
production lancé en 2020, il faudra mettre en place un système pour garantir les
prix des fournisseurs. Ariane 5 ME, chère aux Allemand assurera la transition
avec Ariane 6 dès 2017 avec 12 tonnes de capacité en GTO. Elle sera équipé du
moteur Vinci, comme Ariane 6. Quid de l'avenir du lanceur Soyouz en Guyane? Les
accords avec les Russes vont jusqu'en 2016.
Nouveau lanceur, nouveau pad de tir. L'ELA 4 sera
conçu pour optimiser les coûts d'exploitation et la flexibilité de la mise en
oeuvre opérationnelle. Au CSG, le choix définitif du concept devrait intervenir
à fin de l'année. Les travaux commenceront en 2014 jusqu'en 2019. Selon le choix
du concept PPH seront définis le nombre et la nature des bâtiments à construire.
Le site de la Roche Nicole, une ancienne carrière datant de l'ELA 2 est
pressenti comme lieu d'installation du pad de tir Ariane 6. En effet, le carneau
est réalisé à 70%. La DLA a dans ses cartons 10 concepts de pad de tir avec des
études sur des bâtiments dédiés au pré-assemblage des lanceurs assurant la
fluidité de l'organisation.
Le CNES et l'ESA a présenté une maquette d'Ariane 6 et le plan d'une des
configurations envisageables sur le Centre spatial guyanais. Comme pour Vega,
l'assemblage final d'Ariane 6 serait réalisé directement sur le pas de tir
(alors qu'Ariane 5 est assemblée dans un bâtiment, puis reçoit les charges
utiles et la coiffe dans un autre, avant de rejoindre le pas de tir.) Le BlCl
(bâtiment d'intégration du composite inférieur) accueillerait tous les étages à
poudre avant qu'ils soient stockés dans le BSE (bâtiment de stockage des
composites inférieurs assemblés). Le dernier étage (cryogénique) ainsi que les
charges utiles seraient assemblés sur le pas de tir. Deux zones de lancement
(ZL4-l et ZL4-2) pourraient être envisagées au regard des fortes cadences
attendues (plus de '12 par an) et des objectifs de disponibilité. Elles seraient
situées au nord de la zone de lancement d'Ariane 5. L'Usine de propergol de
Guyane pourrait être remaniée en profondeur, avec un nouveau procédé de
chargement en continu, ainsi que les usines de production d'hydrogène et
d'oxygène, renouvelées à terme en fonction des besoins de consommation à la
baisse.
Nombre
de pas de tirs envisagé: 2. Emplacement (ancienne carrière remplie d'eau qui avait
été créée lors de la construction de l'ELA 2), nombre de tirs prévus, 8 à 12, sachant que le lanceur est rentable à partir de
douze, méthode d'assemblage (les étages à poudre sont unis à part,
puis l'étage cryogénique et la CU sont montés sur le pas de tir).
Concept Ariane 6 CNES
La configuration
originale du premier étage. Plusieurs concepts de structures d'interfaces
entre le premier et le second étage ont été imaginés pour assurer une
répartition équilibrée de ces charges. Chacun de ces concepts porte un nom
évocateur : jupe, pantalon mais aussi "guèpière". L'un d'entre eux ressemble à
trois ogives sur lesquelles vient s'imbriquer une ogive inversée. Un tel concept
confère à l'ensemble une bonne tenue mécanique et assure une séparation
simultanée des trois propulseurs.
Le groupe de travail sur les lanceurs de
l’Académie de l’Air & de l’Espace a remis une lettre au directeur de l'ESA pour lui demander
d'arrêter Ariane 6 et de se consacrer au améliorations d'Ariane 5 ME. Ces principaux
arguments sont un objectif de coût irréaliste, pas de soutien politique pour le concept PPH
et la préférence à donner à la propulsion cryotechnique qui offre de plus une plus
grande capacité d'évolution.
La Tribune, 5 juin 2013
Espace : le projet Ariane 6 à nouveau sous tension
Selon nos informations, la ministre en charge de l'espace, Geneviève Fioraso,
et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, vont installer le 11 juin un
comité de concertation État-industrie, le Cospace. Ce comité aura pour objectif
principal d'élaborer des feuilles de routes technologiques pour l'industrie
spatiale. Un événement qui va permettre à la ministre de reprendre la main sur
le dossier Ariane 6, qui rencontre une nouvelle fois une forte opposition.
Après une petite éclipse, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche, Geneviève Fioraso, reprend la main sur le dossier spatial. Avec
le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, elle va installer le 11 juin
prochain le comité de concertation État-industrie, le Cospace, à l'image de
celui qui existe dans le domaine de la recherche aéronautique civile, le
Corac. "Ce comité aura pour objectif principal d'élaborer des feuilles de
routes technologiques permettant la convergence des efforts de l'ensemble
des acteurs nationaux", avait expliqué fin mars au Sénat Geneviève Fioraso.
Il n'est que temps qu'elle revienne aux affaires... du spatial, très souvent
animé par des débats idéologiques, qui dérapent en guerre de religion. C'est
aujourd'hui un peu le cas avec à nouveau le dossier Ariane 6, qui agite le
petit monde spatial. Un dossier qui avait été pourtant déjà pacifié l'été
dernier par la ministre lors de la préparation de la conférence
ministérielle de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui s'est tenue en
novembre dernier à Naples.Mais le feu couvait visiblement encore. Signé
par douze anciens hauts responsables dans le domaine spatial, dont Fredrik
Engström, un ancien directeur des lanceurs à l'Agence spatiale européenne
(ESA) et Yves Sillard, qui a été Délégué général pour l'armement (DGA), la
prestigieuse Académie de l'air et de l'espace a adressé le 17 mai dernier un
courrier au directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain, dans lequel
elle expirme de sérieuses inquiétudes sur les "décisions en cours de
préparation pour le développement de la nouvelle génération de lanceurs
Ariane". Selon l'Académie, "une configuration Ariane 6 de type PPH a été
retenue sans prise en considération sérieuse de solutions alternatives. Elle
remplace la propulsion liquide par la propulsion solide pour les deux
premiers étages du lanceur. Ceci ne revient pas seulement à préjuger du
résultat - c'est surtout le mauvais choix". Les auteurs de ce courrier
assurent par ailleurs sur la foi d'une analyse préliminaire que "les coûts
sont similaires" entre une Ariane 6 utilisant la propulsion solide de type
PPH et une Ariane 6 utilisant la propulsion liquide. Les promoteurs,
notamment le CNES, du projet Ariane 6 assurent que la propulsion solide est
la solution la moins chère.
Une Ariane 6 aurait des conséquences industrielles "irréparables"
Les auteurs de ce courrier estiment également qu'une Ariane 6 basée sur
la configuration PPH "n'aura pas la souplesse nécessaire pour desservir à la
fois le marché des satellites de télécommunications moyens et celui des
satellites lourds". Et de regretter "l'idée d'éliminer a priori les
lancements doubles dans les objectifs de conception". Selon eux, c'est "pour
le moins surprenant quand on connait les économies drastiques générées par
cette possibilité, sans parler du fait que tous les concurrents
d'Arianespace entreprennent des développements dans ce sens. Le
bouleversement de l'industrie européenne des lanceurs qui résulterait du
développement d'Ariane 6 sur la base d'une configuration PPH serait
irréparable". Car "il serait extrêmement difficile de maintenir le caractère
européen d'un tel programme et de rassembler autour de lui un large support
des Etats membres".
Clairement, les auteurs du courrier redoutent que l'Allemagne ne monte
pas à bord in fine d'Ariane 6. Pourquoi ? Parce que les Allemands ont
développé un savoir-faire dans la propulsion liquide, rappelle un
observateur fin connaisseur des affaires spatiales. Cette compétence permet
à Berlin de revendiquer un tiers de la charge de travail environ de la
filière lanceur en Europe. C'est pour cela que l'Académie de l'air et de
l'espace réclame "de toute urgence" la réouverture des "études de
configuration d'Ariane 6". "Les études actuelles d'Ariane 6 ne répondent pas
aux questions qui se posent au niveau technique et au niveau du programme.
Un projet Ariane 6 véritablement européen avec un financement européen
nécessite un accord politique entre les Etats", expliquent-ils.
Un débat déjà tranché par Geneviève Fioraso
En plein coeur de l'été 2012, Geneviève Fioraso avait réussi à remettre
les industriels (Astrium et Safran) et le CNES, qui divergeaient gravement
sur l'avenir de la filière lanceur, autour d'une table pour partir unis à la
conférence ministérielle de l'ESA à Naples. "C'était ma condition. Si on y
allait en ordre dispersé, on s'affaiblissait", avait-elle alors expliqué à
La Tribune. Notamment face aux Allemands. Elle était finalement parvenue à
arracher un accord aux industriels et au CNES avant de partir à Naples. A la
conférence ministérielle de l'ESA, Paris avait ainsi réussi un joli tour de
force en imposant dans le calendrier de l'ESA, face à une Allemagne très
réticente, le programme Ariane 6. "Avant la ministérielle, l'Allemagne
voulait Ariane 5 ME et une forte contribution à la Station spatiale
internationale (ISS), expliquait un très bon observateur du dossier. Après,
il y a Ariane 6 dotée d'un budget, Ariane 5 ME, qui reste et, enfin, un
accord plus équilibré sur l'ISS". Du coup, l'ESA se retrouve avec deux
programmes lanceurs en développement. "Après des discussions intenses, la
France et l'Allemagne sont aujourd'hui unies dans une vision commune de
l'espace pour les 10 ans à venir, avec des engagements précis, de moyen et
long terme", avait expliqué le ministère dans un communiqué.
Après la ministérielle, Geneviève Fioraso n'a pas lâché les industriels.
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a institué des
rendez-vous réguliers avec le CNES et les industriels du spatial afin de
fluidifier les relations entre les grands patrons de cette filière. Elle a
également demandé aux industriels de travailler sur une feuille de route
pour Ariane 6. C'est dans ce contexte qu'elle avait convié le 10 décembre au
ministère pour un déjeuner les grands patrons du CNES et des principaux
industriels de la filière spatiale (Astrium, Safran, Thales Alenia Space,
Air Liquide et Arianespace) pour échanger sur les résultats de Naples et
établir la feuille de route jusqu'au prochain conseil ministériel de 2014.
Elle souhaitait instituer des rendez-vous réguliers tous les semestres
environ avec les mêmes participants. Elle les verra à nouveau le 11 juin.
Création du Cospace
Pour relever les défis industriels dans le domaine spatial, Geneviève
Fioraso a décidé avec l'accord du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian,
"d'instituer un comité de concertation État-industrie, le Cospace, à l'image
de celui qui existe dans le domaine de la recherche aéronautique civile, le
Corac". Une idée qui avait été lancée par son prédécesseur, Laurent Wauquiez,
qui préconisait la création d'un comité de concertation de la politique
spatiale. Il verra finalement le jour sous la responsabilité de Geneviève
Fioraso. Elle a rappelé lors de son discours "à quel point l'espace
représente un objectif stratégique pour la France et pour l'Europe, du fait
des enjeux de défense et de sécurité qu'il recouvre et de la diversité de
ses applications. Ces dernières concernent de nombreux secteurs de la vie du
pays, qu'il s'agisse de l'observation de la Terre et de l'environnement, des
télécommunications ou encore du triptyque : localisation, navigation,
datation par satellite". Et de souligner que "l'espace est à la fois un
outil de développement économique et une composante essentielle de
l'autonomie de décision et d'action de la France et de l'Europe".
Face au "retour en force" de l'industrie américaine dans le domaine des
télécommunications que dans celui des lancements associés "mais aussi, à
terme plus ou moins rapproché, des pays émergents", le Cospace devrait
permettre de resserrer les liens entre les industriels et l'Etat. Car, selon
elle, "la politique spatiale française doit pouvoir s'appuyer sur des
capacités industrielles nationales techniquement performantes et
compétitives. Le modèle économique de notre industrie repose notamment sur
une présence importante du secteur commercial, ce qui conditionne les
emplois". Mais aujourd'hui, Geneviève Fioraso pourrait avoir l'impression
d'avoir reculé de plusieurs cases avec le courrier de l'Académie de l'air et
de l'espace.
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Juillet, La configuration d'Ariane 6 serait décidée,
avec "3 boosters en ligne" (et pas le "fagot"). Le choix s'est
porté sur la configuration en ligne (Multi P Linear) du premier étage avec des 3
P135. Ariane 6 doit pouvoir lancer des satellites de 3 à 6,5 tonnes en GTO.
Prochaine étape en octobre avec les réponses des industriels.
Choix de l'ESA et du CNES
La tribune, 9 juillet 2013
La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en charge de
l'espace, Geneviève Fioraso, dévoile ce mardi en présence du président du CNES
Jean-Yves Le Gall, la configuration retenue pour Ariane 6, le futur lanceur low
cost européen. Car l'Europe veut à tout prix calquer le modèle économique
d'Ariane 6 sur celui développé par SpaceX pour Falcon 9, à la différence que ce
dernier bénéficie d'énormes subventions de la Nasa.
Pour l'Agence spatiale européenne (ESA) et le Centre national d'études
spatiales (CNES), le lanceur américain Falcon 9, développé par SpaceX et
surtout par la Nasa, est un cauchemar, qui a hanté ces derniers mois les
nuits et les jours des responsables de la filière spatiale européenne. Un
cauchemar en passe d'ailleurs de devenir un modèle pour l'Europe spatiale,
qui souhaite à tout prix calquer l'organisation économique d'Ariane 6 sur
celle développée par SpaceX pour le lanceur américain Falcon 9... qui est
pourtant complètement biaisée par les énormes subventions de la Nasa.
C'est le nouveau patron d'Arianespace, Stéphane Israël, qui a vendu la mèche
lors d'une conférence de presse au salon aéronautique du Bourget (17-23
juin). Selon ce dernier, qui s'appuyait sur un rapport secret, le coût de
revient de Falcon 9 s'élève à 140 millions d'euros mais SpaceX du célèbre
milliardaire Elon Musk propose un prix de lancement à... 50 millions de
dollars. Un modèle économique complètement bancal, qui n'est donc possible
que par le soutien inconditionnel et pérenne de la Nasa. Un modèle pas si
vertueux que cela et qui finalement fausse la concurrence.
Fondateur d'une nouvelle Europe spatiale
Et c'est pourtant sur ce modèle économique sur lequel l'Europe veut
s'appuyer... mais sans les subventions de l'Europe, qui sera finalement plus
vertueuse (mais à quel prix ?) que les Etats-Unis. Du coup, l'expression à
la mode chez les responsables européen du spatial, c'est le concept "cost
driven" décliné sur tous les tons. Ce sera le modèle "fondateur d'une
nouvelle Europe spatiale", a assuré lors du salon du Bourget le président du
CNES, Jean-Yves Le Gall. Cela veut surtout dire que la la filière spatiale
européenne, qui emploie environ 10.000 personnes, va être passée à une
paille de fer très décapante. Objectif, faire reculer les coûts
opérationnels de 40 % par rapport à Ariane 5, ce qui est "ambitieux",
fait-on valoir au CNES. Le coût de développement du lanceur est quant à lui
estimé à 4 milliards d'euros, en incluant les coûts de management et 20 % de
marges liées aux éventuels aléas.
Ce sera donc une Ariane 6 dite PPH avec quatre boosters à propergol
solide en nombre variable (deux étages à propergols solides - à poudre - et
le moteur Vinci pour le troisième étage à propulsion liquide -
hydrogène-oxygène). Selon le patron de la direction des lanceurs du CNES,
Michel Eymard, cité dans CNES Mag, "le concept le plus prometteur comporte
quatre moteurs identiques P135 au niveau du composite inférieur, permettant
de bénéficier d'une cadence exceptionnelle". Objectif, assurer une cadence
d'au moins 12 lancements par an "afin de trouver un cycle d'exploitation
vertueux, sans soutien financier des Etats".
Débat au sein de la communauté spatiale
Un choix qui fait d'alleurs débat au sein de la communauté spatiale. La
prestigieuse Académie de l'air et de l'espace a adressé le 17 mai dernier un
courrier au directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain, dans lequel
elle exprime de sérieuses inquiétudes sur les "décisions en cours de
préparation pour le développement de la nouvelle génération de lanceurs
Ariane". "une configuration Ariane 6 de type PPH a été retenue sans prise en
considération sérieuse de solutions alternatives, explique-t-elle. Elle
remplace la propulsion liquide par la propulsion solide pour les deux
premiers étages du lanceur. Ceci ne revient pas seulement à préjuger du
résultat - c'est surtout le mauvais choix". Réponse de Jean-Yves Le Gall :
"la solution PPH n'est pas tombée du ciel. Elle a été choisie parmi une
"short list" de 130 versions différentes. Si on veut réduire le coût
d'exploitation d'Ariane 6, c'est elle qui tient la corde d'assez loin.".
Réduire les coûts, c'est réduire l'emploi partout
Le CNES veut proposer un lancement Ariane 6 à 70 millions d'euros pour une
charge utile pesant jusqu'à sept tonnes, contre 150/160 millions pour
Ariane 5 dans le cadre d'un lancement double. "Nous avons repris les
fondamentaux de SpaceX (la société qui fabrique le lanceur Falcon 9, ndlr),
souligne-t-on au CNES. On va rationaliser la production qui sera concentrée
sur quelques sites". Comment ? L'ESA souhaite impulser un processus de mise
en compétition des industriels européens afin de sélectionner ses
partenaires "au meilleur rapport qualité-prix", explique le directeur des
lanceurs de l'ESA, Antonio Fabrizi dans CNES Mag. Chez Astrium, on réfléchit
ainsi à localiser la quasi totalité de la réalisation d'Ariane 6 sur un site
unique, c'est-à-dire aux Mureaux (à l'exception des pièces primaires).
L'intégration finale s'effectuerait à Kourou. "Réduire les coûts, c'est
réduire l'emploi chez tout le monde, y compris dans les agences qui ne
bougent pas", explique un grand patron de la filière.
De toute façon, expliquait le président d'Astrium Space Transportation,
Alain Charmeau, au salon du Bourget, "à 100 millions, on ne vendra pas
d'Ariane 6 et de préciser que
pour l'emploi c'est catastrophique". Et e préciser que "s'il faut
réduire les coûts d'Ariane de 40 %, à nombre de lanceurs égal, il faudra
réduire aussi le nombre de personnes, dans la mesure où la main d'?uvre
représente plus de 80 % des coûts dans notre industrie. Tout l'enjeu pour
nous est d'arriver à construire avec nos partenaires industriels un lanceur
suffisamment compétitif pour faire quinze à seize lancements par an au lieu
de six actuellement avec Ariane 5".
Les Etats-Unis ont-ils réussi à tuer l'innovation dans le spatial
en Europe ?
Et pour l'innovation ? C'est sûr que le "cost driven" ne le favorise pas.
Et l'Europe est bien loin du concept "Technology driven" qui avait pourtant
prévalu pour le développement d'Ariane 5. "Pour être compétitif et ne pas
pas dépasser 70 millions d'euros par lancement, la solution n'est pas que
technologique", rappelle Antonio Fabrizi. Les Etats-Unis, qui ont en outre
développé les familles de lanceurs Atlas 5 et Delta 4, ont-ils tué
l'innovation dans le spatial en Europe ? Non, estime-t-on dans l'entourage
de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en charge de
l'espace, Geneviève Fioraso : "on peut faire de l'innovation à moindre
coût". Au CNES, on assure que de nombreuses innovations ont été introduites
sur le concept Ariane 6, avec notamment une nouvelle avionique ainsi que la
miniaturisation et le développement de la puissance de calcul.
Et Geneviève Fioraso, veut aller vite pour concurrencer au plus vite
Falcon 9. "Le plus vite possible", avait-elle expliqué au salon du Bourget.
Soit gagner quelques mois sur le premier tir qui était prévu en
2021. Pourquoi pas en 2020 ? Mais d'ici là, la France devra convaincre
Berlin de l'utilité pour l'Allemagne de lancer le programme Ariane 6... Un
soutien qui devra passer par de la charge de travail aux sites outre-Rhin.
La nouvelle organisation industrielle et les règles de gouvernance seront au
coeur des enjeux de la prochaine conférence ministérielle des pays membres
de l'ESA qui aura lieu en 2014 à Luxembourg.
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Médiapart
L'imposture d'Ariane 6 ,
saborder Ariane 5 L'ESA sous la pression du gouvernement français et du lobby
nucléaire s'apprête à annoncer d'ici fin juillet l'architecture d'Ariane 6 ;
main basse du Nuke Power sur l'espace civil. Peu importe qu'un tel projet ne réponde pas aux besoins futurs , pourvu qu'il
permette de capter des milliards d'euros au profit du complexe militaro
industriel nucléaire. Et s'il faut saborder Ariane 5 , le meilleur lanceur au monde avec 55 succès
d'affilée , il sera sabordé en interdisant sa modernisation pourtant largement
engagée dans le programme A5ME qu'ils étrangleront. Et s'il faut sacrifier la filière française de la propulsion civile liquide
cryogénique, une des meilleures au monde, elle sera bradée à l'Allemagne en
échange de son acceptation d'un lanceur européen contribuant à l'effort
nucléaire militaire.
Le programme de lanceurs européen est désormais sous la pression directe du
lobby. La raison et la rationalité qui fonde l'action des ingénieurs et les
scientifiques semblent submergées par l'acharnement du lobby. Les ingénieurs ont
alerte sans succès depuis des mois sur la précipitation qui prévaut conduisant à
bâcler les études d'Ariane 6 pour éviter de révéler au grand jour que ce projet
est destiné à une prise de contrôle par le Nuke Power et non à préparer en bon
ordre la relève d'Ariane 5 .
Les mois qui viennent devraient être déterminants pour Ariane 5 et l´espace
civil français dont le sort est désormais entre les mains des gouvernements
français , allemands et italiens qui disposent des impôts des citoyens .
Céderont-ils au lobby nucléaire en sabordant Ariane 5 en plein succès au profit
du projet Ariane 6 vicie par les interets militaros industriels ou remettront
- ils de l'ordre et de la raison dans le spatial européen qui mérite mieux qu'un
saccage. Le président Hollande , son premier ministre , la ministre de la recherche Genevieve Fioraso ont encore la possibilité de corriger la trajectoire d'Ariane
, s'ils en ont le courage....
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Octobre, Astrium reçoit de l'ESA 3 contrats pour faire
évoluer la famille Ariane pour un montant de 414 millions d'euros.
Les deux premiers contrats prévoient, jusqu'à fin 2014, la poursuite du
développement du lanceur Ariane 5 Midlife Evolution (ME) et des
sous-ensembles communs avec le lanceur Ariane 6", soit respectivement 106 millions et
278 millions d'euros. Le 3e contrat va permettre
de débuter les études
de développement du lanceur Ariane 6 sur la base du concept sélectionné en
juillet 2013. Astrium va maintenant
poursuivre les études de définition et de faisabilité d'Ariane 6. Ces études
doivent préciser le concept et l'architecture retenus pour le lanceur et
elles permettront de figer les principales caractéristiques du lanceur
avant la mise en œuvre, en 2014, de son développement industriel". "Ces
trois contrats vont permettre aux équipes d'Astrium de poursuivre le travail
déjà accompli sur le développement d'Ariane 5 ME, ainsi que sur l'étude de
faisabilité d'Ariane 6, dont
le design est désormais arrêté »
Pour le président du CNES, Jean-Yves le Gall, Ariane 6 sera mise en service
"au
mieux dans sept ans". "Le premier
vol est prévu en 2019"
La prochaine conférence des ministres en charge de
l'espace des pays membres de l'ESA, le 3 décembre 2014 au Luxembourg,
devrait déboucher sur un accord global. "Tant qu'il n'y a pas d'accord
sur tout, il n'y a d'accord sur rien" Sous-entendu
qu'entre l'Allemagne et le France, il y aurait un "deal" sur la station
spatiale internationale et Ariane 6. L'ESA a retenu en juillet l'architecture d'Ariane 6, avec quatre moteurs
identiques à carburant solide (poudre), et le moteur réallumable Vinci,
carburant à l'oxygène et l'hydrogène liquide. L'agence européenne veut avec
Ariane 6 disposer d'un lanceur compétitif qui permette à l'industrie
européenne de continuer à capter plus de la moitié des lancements
commerciaux de satellites dans le monde, malgré l'émergence d'un nouveau
concurrent américain, SpaceX, qui a fait, selon Jean-Yves Le Gall,
"des
progrès". Pour Astrium, 2019 est un délai trop court, 2021 serait
plus judicieux.
"Si le vrai développement d'Ariane 6 est décidé
fin 2014, ça veut dire que l'industrie démarrera à peu près un an après. C'est
le temps qu'il faut habituellement aux agences (spatiales européennes) pour
notifier les contrats, ça veut dire qu'il faudrait faire le lanceur en quatre
ans!" Actuellement, il faut 3 ans pour produire une Ariane 5.
L'ESA a également décidé de doter Ariane 5 d'une version ME (Midlife
Evolution), attendue en 2018, qui va augmenter la capacité d'emport du
lanceur et le doter d'un moteur réallumable qui permet de mettre
successivement plusieurs satellites sur des orbites différentes. Ariane 6 et
Ariane 5 ME sont donc appelées à cohabiter longtemps. Astrium souhaite se voir
confier rapidement "l'autorité technique et industrielle" du programme Ariane 6,
"de façon à faire rapidement les bons choix sur les matériaux, les processus de
fabrication et l'alimentation en composants" Le numéro un de l'industrie spatiale européenne propose de regrouper
l'intégration du nouveau lanceur en France, sur son site des Mureaux
(Yvelines). La fabrication de l'étage supérieur de la fusée
resterait dans l'usine de Brême, en Allemagne. Eviter les étapes
d'intégration intermédiaire avant l'assemblage, actuellement pratiquées pour la
fabrication d'Ariane 5, permettrait de réduire le nombre de contrats entre
partenaires industriels, source de retards et de complications administratives. Novembre, les études sur le nouveau
site de lancement d'Ariane 6, ELA 4 sont en cours. La nouvelle base pour le
lancement d’Ariane 6 se situera à 4 km de celle d’Ariane 5. Un parc de 200
hectares a été désigné entre Kourou et Sinnamary au niveau de la savane Karouabo.
Sa particularité de ce lieu est d’être constitué d’un socle granitaire
indispensable pour de tels travaux.
Des études écologiques et géologiques sont actuellement réalisées pour mesurer
les impacts d’une telle activité sur l’écosystème. Elles permettront également
d’éviter les erreurs du passé. L’exemple le plus récent est celui des travaux de
terrassement du pas de tir de Soyouz. Des vestiges amérindiens et des plantes
non répertoriées avaient été découverts. Les résultats de ces études vont être
présentés aux autorités mais aussi au public.
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