RETOUR A LA PAGE D'ACUEIL

CHRONOLOGIE ARIANE

LE DEVELOPPEMENT D' ARIANE 6


2020

Janvier, Arianespace planche pour un premier lancement d'Ariane 6 pour février 2021. Officieusement, on parle de l'été 2021. Lors de la 12e conférence sur la politique spatiale de l'ESA à Bruxelles, l'agence européenne a réservé 4 autres Ariane 6 pour lancer les satellites Galiléo, le 3e lot de 8 satellites en 2022 avec AR62 (Galiléo 31 à 38 actuellement en construction à Brême chez OHB System et à Guilford chez Surey Satellite Technology). Le premier contrat pour AR6 remonte à septembre 2017 pour lancer avec 2 Ariane 62 4 autres Galileo entre 2020 et 2021, le lanceur Soyouz étant en backup.

ZL4, les pylônes 2 et 3 sur la table de lancement, ils ont été peints avec les logos ESA, ArianGroup en janvier et équipés des attaches avant pour le corps central

La maquette de l'étage inférieur dans le BAL

C'est la société "Sentinel" de Kourou qui donne ses merveilles vues aérienne de la Guyane, Kourou et le CSG depuis 2016. Leur fondateurs, Antoine et Guillaume travaillant au CSG sont des passionnées d'images et de vol aérien
. Sur ce cliché en ZL4, grace à un luxmètre embarqué sur leur drone M210RTK, ils ont pu mesurer l'instensité lumineuse qui éclairera le lanceur Ariane 6 quand il sera sur son pas de tir. Sentinel a pu réaliser la vidéo du test du P120C en janvier 2019 au dessus du BEAP, puis des avancées du chantier ELA 4 depuis avril 2019 (une dizaine suivront)

Janvier, mise en place du P120C pour le tir QM1 sur le BEAP

20 février, le pylône 1, maquette représentant un propulseur ESR d'Ariane 6 est amené au port de Pariacabo pour valiser les procédures au sol lors de son transport. Ce pylône, dont les exemplaires 2 et 3 sont posés sur la table de l'ELA 4 depuis juillet 2019 pèse 66 tonnes à vide et 165 remplis. Ces pylônes participeront aussi à l'essai de mise à feu de l'étage de base dans quelques mois.

Système de manutention par grue pour l'assemblage des ESR dans le BIP

Réception mi février de la tuyère du P120C A6 pour un tir QM2. Le tir est programmé pour le 17 mai au BEAP. Début de campagne en Mars.

ERES (Esr REar Skirt), la jupe arrière des boosters A6. Celle-ci servira au tir au banc QM2

3 mars, afin de limiter la propagation du Coronavirus, la direction du Centre spatial guyanais a pris les mesures de précaution suivantes :
- les sites d'observation du CSG resteront fermés pour le lancement Soyouz VS24, prévu le 5 mars 2020.
- les visites des installations du CSG sont suspendues et le Musée de l'Espace est fermé à partir d'aujourd'hui 3 mars, et ce jusqu'à nouvel ordre.

15 mars, sur directives ministérielles, les activités du CSG sont suspendues et les campagnes en cour à l'arrêt.

UEBS
Centre spatial Guyanais
DESTINATAIRES IN FINE
Kourou, le 15-03-2020 UEBS/20.004
INSTRUCTION UEBS 20/ N° 004
Objet : : COVID 19 Mesures d’endiguement du coronavirus au CSG
Compte tenu de l’évolution très rapide de la situation concernant l’épidémie de coronavirus et en application des allocutions du Président de la République et du Premier Ministre, le CNES a pris la décision de placer l’ensemble des installations, lanceurs et charge utiles en sécurité, et ainsi permettre le déploiement généralisé du télétravail partout où cela est possible au CSG.
En conséquence le déroulé́ des activités de préparation des lancements sont suspendues ainsi que la réalisation des chantiers en cours (ELA4, installation Amazonie1...)
Seules doivent se dérouler en pré́sentiel les activités de mise en sécurité́ des lanceurs, des satellites et des infrastructures de la Base ainsi que leur surveillance au titre des installations classées pour la protection de l’environnement.
Nous vous remercions d’avance de votre mobilisation pour la bonne mis en œuvre de ces mesures.
Diffusion : Toutes socié́tés UEBS, ESA, DLA/D, DLA/SDS/G, SDP/SP, Organisations Syndicales Base, Sec CIE
Instructions COVID 19
- UEBS 2020 001D Zones à risques Mission et voyages
- UEBS 2020 002 Fermetures établissements scolaires et garde d’enfants - UEBS 2020 003 Mesures barrières / premier cas coronavirus au CSG
- UEBS 2020 004 Mesures au CSG pour endiguer le coronavirus au CSG
La Présidente
Marie Anne CLAIR

Le chantier Ariane 6 est mis en sommeil. Le premier tir déjà repoussé à la fin 2020 est reporté à début 2021. Avant cela, il est prévu une campagne MDPH - Maquette Déploiement Partie Haute puis DPET pour la logique d’essai combiné ( Dummy Payload Encapsulation Test. Il est également prévu un Combined Test hot firing, une campagne de tir à feu du LLPM (EPC).

L'UCT Upper Composite Trailer est le véhicule qui assurera sur l'ELA4 le transport des charges utiles dans leur coiffe des salles blanches S5 vers la ZL4 distant de 8,5 km. L'UCT affiche 6 m de large, 26 m de long et 160 tonnes à vide. Le camion et la remoruqe sont d'un seul et même élément avec 2 cabines de pilotages avant et arrière. Alimenté par 3 groupes électrogènes, il se déplace à 9,5 km/h et assure son parcours de 8,5 km en 1h30. L'UCT dispose de tout un système assurant la ventilation et la climatisation des CU.

31 mars, 2 satellites Galileo (FM23 et 24) qui devait voler sur Ariane 6 voleront sur un Soyouz depuis le CSG annonce l'agence soviétique RIA Novosti.

"Premier vol" d'une demi-coque de la seconde coiffe pour Ariane 6 sur le site de RUAGSpace à Emmen. Après un démoulage réussi, la demi-coque de 14 m de long de la première coiffe courte d'Ariane 6 est désormais placée en station NDI (Contrôle Non Destructif) pour être testée.

Mai, les 6 nouveaux conteneurs pour l'Ariane acheté par ArianeGroup sont livrés sur les sites des Mureaux et en Allemagne. Les deux énormes conteneurs qui renfermeront les 2 étages d'Ariane 6 ont été spécialement conçus pour les contenir en toute sécurité. Ils ont été fabriqués par APCO Technologies en étroite collaboration avec les équipes d'ArianeGroup. Leur voyage a commencé en mars dans le nord de l'Espagne. De là, les deux conteneurs ont été transportés sur le fleuve jusqu'au port du Havre en France, où ils ont été récupérés par les salariés d'ArianeGroup. Ils ont été séparés et envoyés vers leurs destinations respectives.

Un conteneur a été chargé sur une grue de fret sur laquelle il a été transporté sur la Seine jusqu'au site d'ArianeGroup aux Mureaux où est assemblé l'étage inférieur. L'autre conteneur a continué son chemin à travers la mer jusqu'à l'usine de Brême, où l'étage supérieur est assemblé. Des tests ont été réalisés pour positionner les container devant les portes de chaque bâtiment en france et en Allemagne. Après avoir chargés leur étage respectif, les containers seront acheminées au Havre et chargé sur le bateau qui les acheminera en Guyane.

Mai, après le confinement du au Covid19, le chantier de l'ELA 4 reprend timidement au CSG. Arianespace repousse officiellement le lancement d'Ariane 6 en 2021, probablement au second semestre. 2021 va être une année dure pour AE avec peu de lancement Ariane 5, il en reste 8 à faire.

10 juin, Mureaux, usine ArianeGroup, la première baie moteur VAB, Vulcain Aft Bay destinée au premier vol FM1 arrive par la Seine en bateau en provenance d'Airbus Defence & Space à Oegstgeest aux Pays-Bas où il a été réalisé.

   

Vues de la baie moteur Ariane 6 VAB, Vulcain Aft Bay, du vol FM1, avec à gauche, le coté MANG Hydrogène et à droite le coté MANG Oxygène.

   

 La structure carré violette est l'emplacement des trônions pour la manutention de l'étage au sol. Au dessous se trouvent les connexions élec/opto pour les ordres des ESR. Au dessus, les 2 gros trou sont la PRCPH, la platine de pressurisation H2 et contrôle du roulis, remplaçant du SCR (Système de Contrôle en Roulis) et PPH (plaque LH2) d'Ariane 5. A droite, vue opposée.


   

28 juin, sortie du BIP du booster P120 destiné à l'essai QM2 prévu au BEAP cet été.

Juillet, Ariane group admet officiellement un retard pour le premier vol d'Ariane 6, repoussé au second semestre de 2021. Arianespace a seulement 4 vols en commande pour Ariane 6, le premier devant déployer des satellites de la constellation OneWeb. le lanceur devrait aussi lancer des satellites Galiléo, Eutelsat et un satellite militaire pour le CNES. La pandémie du au Covid 19 est une des raisons pour ce retard selon Ariane Group, le CSG a été fermé de mars à mai, ce qui a contraint à réduire les équipes de construction sur le pad ELA 4 et de nombreuses sociétés travaillant sur le programme en Europe sont encore en basse production. La mise à feu du P120C sur le BEAP a été repoussé de plusieurs mois. Ariane 6 remplacera Ariane 5 avec un cout de lancement de 75 et 115 millions d'euros selon la version AR62 ou 64.

Baie moteur Ariane 6 dans les stand d'ArianeGroup aux Mureaux, modèle de vol FM1, MANG Hydrogène

Les réservoirs du second étage d'Ariane 6 ULPM CTM en préparation à Brême chez ArianeGroup. Au fond, le réservoir d'oxygène liquide de l'étage du premier vol FM1 est également visible.

Juillet, banc P5 du site de la DLR à Lampoldshausen, le moteur Vulcain 2.1 destiné au premier vol Ariane 6 réalise un essai de réception. Cet essai est le premier essai « de production » du moteur Vulcain®2.1. Le moteur et le banc d’essais ont été équipés de plus de 80 mesures spécifiques pour caractériser l’ambiance acoustique permettant de prévoir les niveaux qui seront observés sur le pas de tir à Kourou, en particulier lors des essais étage prévus en 2021. 

Essais M504-01 réalisé à 14h52.

24 juillet, départ du premier container ESR UP des usines LoiretTech.

       

Septembre, il y a 4 ans, le conseil de l'ESA validait Ariane 6. Comme pour Ariane 5, ArianeSpace procède à sa commercialisation pour un premier lancement initialement espéré en 2020. L'ESA et ASL (Airbus Safran Launchers) se sont engagés sur une dépense globale de 2,4 milliards d'euros pour le développement de la fusée, dont 680 millions pour la première étape. Ariane 6 doit être moins chère qu'Ariane 5, l'objectif est de réduire les coûts de 40 à 50%. Les 22 pays membres de l’ESA financent Ariane 6 ensemble et en retour obtiennent en échange des contrats industriels. Pour qu'Ariane 6 soit moins chère de 50%, toute l'organisation industrielle a donc été revue, en limitant le nombre d'acteurs et en choisissant la production en série de certains éléments clés. Le lanceur existera en deux versions pour s'adapter à la masse des satellites. Le projet Ariane 6 a été validé au moment où l'un de ses concurrents SpaceX a du faire face à un revers sérieux, l'explosion d'un lanceur Falcon 9 sur le pas de tir du Kennedy Space Center en Floride lors d'un test de moteurs. Depuis, il s'en ai remis avançant à grand pas dans ces différents programmes, lanceurs réutilisable, lanceurs lourds et constellations de satellites. Ariane 6 ne devrait pas voler avant 2020 au plus tôt et nécessitera une rallonge financière de l'ESA, de 500 millions à 1 milliards d'euros, portant le programme à 5 milliards.
 

Cet hiver ou au début de 2021 auront lieu au CSG une répétition générale d'un lancement Ariane 6, dernière étape avant la mise en service. Une opération grandeur nature qui consistera à assembler et à faire fonctionner ensemble pour la première fois le lanceur et l'ELA 4, depuis l’arrivée en Guyane des différents éléments jusqu’à la mise à feu du moteur Vulcain.
Les essais combinés auront pour objectif de valider l’ensemble des procédures et opérations d’intégration, de transport, de contrôle, de remplissage et de préparation au décollage, avec des éléments d’un lanceur spécialement fabriqués pour cela. Les étages seront assemblés dans le bâtiment d’assemblage lanceur, le composite supérieur intégré dans le bâtiment d’assemblage final, avec des maquettes de satellites encapsulées sous la coiffe. Puis le lanceur sera transporté et verticalisé en zone de lancement, avant que le composite supérieur soit hissé à son sommet afin de vérifier toutes les inerfaces entre le lanceur et le sol. Au programme, remplissage des réservoirs, vidange, compte à rebours et mises à feu du moteur Vulcain sur le pad.

Les essais mobiliseront environ 200 personnes, équipes opérationnelles du CNES et des industriels. Le programme prévoit plus de 1000 mesures en temps réel : acoustique, vibrations, températures, hygrométrie, vitesse d’air sous la coiffe, chocs et accélération durant les transferts… Il est aussi l’occasion de roder l’organisation humaine, semblable à celle d’une campagne opérationnelle, et de chronométrer toutes les opérations. En fonction des résultats, certaines corrections ou modification pourront être apportées et la qualification du système de lancement pourra être prononcée. 

Septembre, Arianespace lancera Galaxy 37 avec une Ariane 6 en 2023. Les satcoms Galaxy 35 et 36 seront lancés en 2022 par une Ariane 5.

Arianespace renégocie les contrats de lancement avec OneWeb, après la mise en faillite de la société US et sa mise sous protection dans le cadre du chapitre 11. Arianespace ne lancera pas la constellation de satellite internet prévue, mais réalisera 16 lancements de Soyouz pour placer 34 à 36 satellites en orbite d'ici fin 2020. Le contrat révisé a annulé 2 tirs Soyouz et retiré OneWeb sur le premier lancement d'Ariane 6. Arianespace devra donc trouver un autre client pour son premier vol. Le contrat originel de juin 2015 prévoyait 21 Soyouz, 5 Soyouz supplémentaires en option et 3 Ariane 6 en option. Le retour en vol de OneWeb en décembre portera la flotte en orbite à 110 satellites. Le lancement sera fait depuis Vostochny en Russie, par une Soyouz.

7 octobre, 3e tir du propulseur P120C sur le BEAP du CSG. Cet essai QM2 pour Qualification Motor a eu lieu à 12h30, locale. Deux autres essais au banc avaient déjà été menés, les 16 juillet 2018 (DM, pour Demonstration Motor) et 28 janvier 2019 (QM1) en version P120C pour Véga. Cet essai était réalisé en configuration ESR Ariane 6, avec la jupe arrière, le système de pilotage, l’avionique et les systèmes d’accrochage spécifiques au futur lanceur. L’essai, mis en œuvre par le CNES avec les partenaires industriels qui ont développé le moteur, Europropulsion, ArianeGroup et Avio, consiste à faire fonctionner le moteur pendant environ 2 minutes et à activer le pilotage en orientant la tuyère. L’essai QM2 avait pour objectif de mesurer plus de 600 paramètres et de contrôler le bon fonctionnement du moteur et de son environnement. Pour l’essentiel, ces mesures concernent des températures, des pressions, des jauges de contrainte pour vérifier les déformations des pièces, mais également les chocs et vibrations et l’environnement acoustique. Après vérification de la bonne acquisition des mesures et de leur conformité aux prévisions, le moteur a ensuite été démonté pour une première expertise visuelle.

 

   

   

Assemblage de l’étage supérieur ULPM CTM, destiné aux essais combinés sur l'ELA4,) à Brême, en Allemagne, la partie basse de l'étage avec son moteur Vinci et le réservoir LOX est boulonnée à la structure inter-réservoir ITS abritant le réservoir LH2.

29 octobre, le conseil de l'ESA officialise un nouveau gros report pour le premier vol d'Ariane 6, repoussé désormais au second trimestre 2020. Un retard de 15 mois, un an et 3 mois par rapport aux objectifs initiaux fixés en 2017. C'est le second retard annoncé par l'ESA (mai 2020) avec un vol initialement prévu pour 2020. La faute à la crise sanitaire qui ralentit les travaux sur l'ELA4, mais aussi des retards dans la conception des bras cryogéniques de la table actuellement en test à Fos sur mer (13), une perte d’efficacité industrielle et des surcoûts qui se sont accumulés. La restructuration du travail après le printemps ont entamés les minces marges du développement d'ArianeGroup. En décembre, l'ESA devra décider d'une rallonge budgétaire de 230 millions d'euros pour Ariane 6. La première AR62 devrait emporter 30 satellites OneWeb, une partie du paiement a été versé avec la mise en banque route de la société; des négociations sont en cours. Le second vol avec une AR62 emportera 2 satellites Galileo. Le 3e vol, AR64 n'a pas officiellement de charges utiles (Eutelsat Hotbird 13 F ou G sont pressentis).

Prévisionnel de l'ESA pour Ariane 6: assemblage des P120 début 2021 suivit des tests de mise à feu de l'Upper stage en Allemagne et des essais de validation de l'ELA 4 avec des maquettes d'étages. Les éléments du premiers vols seront acheminés et testé sur le pad fin 2021. Pourra alors débuter la campagne du premier vol espéré en juin 2022.

5 novembre fin des campagnes MECA 2 et CCDZ (Central Core Deployment in ZL) sur l'ELA4. Début octobre a lieu une nouvelle présentation de la maquette du CC Ariane 6 sur la table en ZL4. Cette campagne MECA 2 fait suite à celle de décembre 2019. MECA 1. Du 20 octobre au 5 novembre a lieu la campagne CCDZ qui permet l'assemblage mécanique de la maquette CC Ariane 6 avec les 2 ESR.

   

2021

Ariane 6 ne volera pas avant 2022 en raison de la pandémie de Covid 19. Ariane 6 coutera 77 millions de dollars par lancement (selon la configuration), bien moins cher que les 177 millions de dollars qu'il en coûte pour l'Ariane 5. Mais, le lanceur ne sera pas réutilisable et cela la met à un désavantage de coût immédiat par rapport aux 62 millions de dollars par lancement pour le Falcon 9 de SpaceX. Le fait qu'Ariane 6 ne soit pas réutilisable est un handicap pour l'Europe face à l'Américain Space X comme l'avait dit le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, en septembre 2019 «L’aventure spatiale européenne est magnifique, mais en 2014 il y a eu une bifurcation et nous n’avons pas pris le bon chemin."Nous aurions dû faire le choix du lanceur réutilisable. Nous aurions dû avoir cette audace.
Ariane 5 devient obsolète et depuis 10 ans, la donne a changé: les satellites de télécommunication en orbite géostationnaire sont de plus en plus gros et de moins en moins nombreux, impliquant une quasi disparition des lancements doubles, clé de voute commerciale d’Ariane 5. Les constellations en orbite basse portées par SpaceX et OneWeb nécessitent des lanceurs à l’architecture plus modulaire. Enfin,  l’arrivée de SpaceX, avec son modèle économique basé sur la réutilisation des lanceurs, ne permet plus à Ariane 5 d’être compétitive.
Ariane 6 sera toujours aussi fiable qu’Ariane 5, en adoptant une architecture plus simple et plus modulable, tout en étant moins chère. Mais la réutilisation des étages a été mis de coté. En 2014, au moment du développement d'Ariane 6, les européens ont estimé qu'il leur faut plus d'expérience avec des études sur le réutilisable avant de tenter cette technique sur le fleuron européen.

Ariane 6 sera donc un lanceur de transition vers de nouveaux concept aujourd'hui en études en Europe. Il devrait logiquement être améliorée au fil des années afin d’introduire de nouvelles ruptures technologiques. Avant de finalement céder sa place à une nouvelle génération de fusées, potentiellement réutilisables, dès les années 2030. En raison de l’évolution très rapide du secteur spatial, Ariane 6 n’aura probablement pas la longue carrière d’Ariane 5. Alors qu’une phase de transition de 3 ans était initialement prévue, Ariane 6 devrait finalement remplacer Ariane 5 en moins de 18 mois. A ce jour, il en reste 8.

En 2023, le nouveau moteur Prometheus devrait terminer ses essais de qualification. Fonctionnant au méthane et faisant un grand usage de l’impression 3D, ce nouveau moteur doit pouvoir offrir des performances similaires au Vulcain tout en étant dix fois moins cher que celui d'Ariane 5 et réutilisable.
Plutôt qu'un unique moteur lourd, Prometheus devrait être constitué d'une multitude de petits moteurs pouvant être regroupés en grappe sur le premier étage, ou intégrés dans des étages supérieurs voire des boosters.

La fin 2023 pourrait également voir les premiers vols du démonstrateur de lanceur réutilisable Callisto. Développé par les agences spatiales françaises, allemandes et japonaises, Callisto devrait permettre de tester les modes de récupération déjà bien rodés sur les Falcon de SpaceX…

Un petit troisième étage, dénommé « kick stage », pourrait voler sur Ariane 6 en 2024. Placé sous la charge utile, il devrait permettre de réaliser une vingtaine de manœuvres orbitales, et rester actif durant plusieurs jours. Idéal pour les constellations de satellites, il devrait être disponible dans une variante optimisée pour le déploiement de charges multiples autour de la Lune.

Vers 2025, Ariane 6 devrait recevoir un nouveau second étage développé en composite de carbone. De couleur noire, Icarus doit être plus léger et offrir de meilleures performances pour gagner jusqu'à 2 tonnes d'emport supplémentaire. Cependant, son calendrier de développement se base sur la réalisation d’un démonstrateur Phoebus, initialement prévu en 2021 mais très certainement retardé…
Il est probable que la mise en place d'Icarus ne soit pas décidée avant le conseil de l'ESA de 2022.

En Guyane, le premier vol de Themis est attendu pour 2025. Succédant à Callisto, Themis doit être représentatif d’un premier étage réutilisable au moins 5 fois pour des vols orbitaux, propulsé par le nouveau moteur Prometheus.
La petite structure innovante ArianeWorks, portée par ArianeGroup et le CNES, a déjà mis en place un réservoir de test cet automne.

Si Themis tient ses promesses, il pourrait ouvrir la voie à une future Ariane 7 ou Ariane Next.

Ariane 6 doit réduire les coûts de lancement de 40% par rapport à Ariane 5. Mais cela ne permettra pas à Arianespace de s’aligner sur les prix commerciaux de SpaceX. Dès le lancement du programme Ariane 6, l’ESA prépare donc sa remplaçante Ariane Next grâce à Prometheus, Callisto et Themis.

Ariane Next ambitionne de diviser par deux les coûts d’Ariane 6 en recourant à l’impression 3D des moteurs, à la propulsion au méthane mais aussi à la réutilisation des lanceurs. Pour l’heure, la configuration d’Ariane Next n’est pas figée. Il pourrait s’agir d’une Ariane 6 modifiée avec un premier étage réutilisable, ou bien une toute nouvelle fusée plus ambitieuse reprenant une configuration similaire à la Falcon Heavy.

Tout est encore possible, et les choix faits d’ici 2025 détermineront si Ariane 6 est un lanceur de transition ou une fusée évoluant dans la durée.

Janvier, l'établissement d'ArianeGroup de Brême en Allemagne livre le premier étage supérieur d'Ariane 6 pour les essais de mise à feu au banc à Lampoldshausen. Baptisé Hot Firing Model (HFM), l'étage sera transporté par bateau par la mer du Nord puis par route. Tous les aspects du vol sont simulés à l’intérieur de cette installation, y compris la préparation de l’étage, comme le remplissage ou la vidange des réservoirs. Le HFM fera 4 allumages sur le banc d'essais. Pendant ce temps, deux autres étages supérieurs complets d’Ariane 6 sont en cours d’intégration par ArianeGroup : le CTM (Combined Tests Model), dédié aux essais du lanceur et du pas de tir au Port spatial de l’Europe en Guyane, et le FM1 (Flight Model 1), dédié au vol inaugural d’Ariane 6.

 


       

   

Le centre de Lampoldshausen, à 70 km au Nord de Stuggart, en Allemagne est prêt à recevoir le moteur Vinci et l'étage supérieur d'Ariane 6 Upper Liquid Propulsion Module (ULPM) au complet sur le banc P5.2 Upper Stage Test Facility pour les essais de la campagne Hot Firing Model (HFM). Le banc a été inauguré en février 2019 après 5 ans de travail.

   

Vue aérienne du site en 2002 avec le banc P4 au premier plan, en bordure de la route du professeur Sanger. L'installation comprend le banc P4.2 pour les essais en simulation d'altitude du moteur Aestus de l'étage EPS d'Ariane 5, puis modifié pour le moteur Vinci de l'étage ECB d'Ariane 5. Le site de Lampoldshausen a été crée en 1959 par la DLR, l'agence spatiale Allemande pour tester les moteurs à propergols liquides. Il a testé les moteurs pour le lanceur Europa dans les années 1960 (moteur Astris sur P4) et Ariane en 1973 (moteurs Viking sur les P4.1 et P4.2). Il comprend , à coté du P4, 6 bancs de tir principaux.

7 bancs de tir répartis sur 35 hectares avec :
P1 pour les simulations en altitude de petits moteurs
P2 pour les moteurs hypergoliques jusqu'à 10 tonnes
P3 pour tester les composants des moteurs Vulcain et Vinci
P4.1 et 4.2 pour les tests des moteurs Vinci d'Ariane 6 et Aestus d'Ariane 5
P5 pour les tests des Vulcain 1 et 2
P6 pour simuler un environnement de haute altitude, et pour les propulseurs à gaz froid
P8 permet de tester des moteurs à hydrogène/oxygène à combustion à haute pression.

P3

P4

   

P4 et P5

Vue en 2002 d'un moteur Aestus sur le banc P4.2 pour des essais de mise à feu en altitude en chambre à vide. Le banc a été modifié en 2001 pour le moteur de l'étage EPS d'Ariane 5 avec l'ajout de 4 réservoirs tampon (les structures cylindriques).

   

Le banc P5, inauguré en 1990 a été utilisé pour le moteur Vulcain d'Ariane 5 et la version 2.1 d'Ariane 6



Le P8 sert pour la R&D sur la combustion cryogénique haute pression.

 

Mars, CSG, ELA 4, mise en place du premier caisson MANG LOX, Manchette d'Avitaillement Nouvelle Génération sur la table de lancement. Haut de 10 m et pesant 100 tonnes, ils remplacent les LBS et PCP d'Ariane 5 sur l'ELA 3. Le caisson est en 2 parties, une "bord" boulonnée sur l'étage et une sol qui se déconnecte au décollage. Parallèlement, RUAGSpace livre par bateau la première coiffe Ariane 6 qui servira aux essais combinés du lanceur.

   

Début avril, les 2 demis coiffe Ariane 6 arrive par bateau à Kourou.

3 mai, ArianeGroup signe un contrat avec MT Aerospace, filiale d’OHB, pour la production des lanceurs à partir du rang 16, pour des vols qui devraient débuter en 2025. Cet production suit le lanceur de qualification, payé par l'ESA et les 15 lanceurs de vol commandés par AE. Désormais, le lanceur Ariane ne sera plus produit en lots mais en série. Cette industrialisation de la filière des lanceurs est essentielle pour réduire les coûts, mais elle témoigne aussi d’une certaine confiance des partenaires dans la capacité d’Arianespace de commercialiser les missions.


ArianeGroup vient d’achever la qualification dans l'usine de Vernon, en Normadie, d’un dispositif inédit qui équipera l’étage supérieur d’Ariane 6, l'APU (Auxiliary Power Unit). L'APU assurera la pressurisation des réservoirs et permettra d’alléger l’étage tout en facilitant ses manœuvres. Il a subit plus de 53 essais pour une durée de fonctionnement cumulé de 137 601 secondes (38 h 13 m 21 s). L'APU fournira la pressurisation des réservoirs et des impulsions de faible poussée sur l’étage ULPM (Upper Liquid Propulsion Module). Elles permettront d’élargir le domaine de vol pour effectuer des manœuvres complexes lors du déploiement des charges utiles sur orbite. Le premier APU, livré à Brème en octobre 2020 a été intégré sur l'étage HFM, Hot Firing Model, transféré sur le banc P5 2 du centre de la DLR à Lampoldshauden pour une campagne de mises à feu statiques..

Juin, Ariane 6 ne volera pas avant la fin de 2022. Les commentaires du directeur de l'ESA laissent comprendre que avril 2022 n'est plus la date visée pour le vol inaugural d'Ariane 6, mais que avant novembre 2022 serait déjà bien.

90 millions d'euro ont été donné à ArianeGroup pour développer l'étage "Astris" pour Ariane 6Astris devrait voler d'ici la mi 2024 en tant qu'extension optionnelle à l'étage supérieur d'Ariane 6 et s'interfacera directement avec la charge utile. Cela permettra à Ariane 6 d'offrir une gamme de nouveaux services de transport spatial en permettant des transferts orbitaux complexes.

Etude d'une Ariane 6 en version habité

Usine des Mureaux, à 30 km de Paris, une partie de l’étage LLPM (Lower Liquid Propulsion Module) du modèle destiné aux essais combinés entre le lanceur et les moyens au sol (CTM : Combined Test Model), de gauche à droite, la jupe avant, le réservoir LOX et la jupe inter-étage où sont fixés les ESR, ITS (Inter Tank Structure). L'ensemble sera assemblé, à l’horizontale, avant la fin du mois. L'étage sera ensuite mis dans son container blanc et embarqué par bateau pour le  CSG. L'étage supérieur suivra.

Juillet, La France et l'Allemagne signent un document sur la politique spatiale et les lanceurs, qui « va donner à Ariane 6 un avenir institutionnel et commercial » Cet accord doit encore obtenir le feu vert de l'Italie, promoteur de la fusée Vega, et surtout de l'Agence spatiale européenne (ESA).
 
Les Echos, 26 juillet 2021

L'accord franco-allemand annoncé la semaine dernière sur la politique spatiale européenne par les ministres de l'Economie Bruno Le Maire et Peter Altmaier, doit encore obtenir le feu vert de l'Italie, promoteur de la fusée Vega, et surtout de l'Agence spatiale européenne (ESA). L'agence intergouvernementale devrait se prononcer cette semaine, mais les compromis envisagés sont sans doute encore loin de faire l'unanimité.

Pour les salariés d'ArianeGroup, confrontés à un nouveau plan d'économies de 100 millions d'euros et à l'ouverture de négociations sur des réductions d'effectifs en septembre prochain, il est encore trop tôt pour se réjouir. La bonne nouvelle est que l'accord propose de donner un coup de main vital à la fusée Ariane 6 pendant six ans. La remplaçante d'Ariane 5 a été mise sur les rails en 2014 sur la base d'une perspective commerciale d'au moins dix à douze tirs par an. Un objectif inatteignable aujourd'hui au vu des évolutions du marché, avec une concurrence de plus en plus agressive et bon marché, et de moins en moins de grands satellites à mettre en orbite.

Financement supplémentaire annuel de 140 millions

Le compromis franco-allemand porte donc sur un financement supplémentaire d'Ariane 6 de l'ordre de 140 millions d'euros par an, de façon à permettre à la fusée d'équilibrer son bilan avec seulement sept tirs par an en moyenne, soit en moyenne quatre tirs institutionnels et trois commerciaux.

L'accord prend donc acte du changement complet de paradigme entre le moment où le projet Ariane 6 a été lancé, à une époque où SpaceX ne pesait encore pas grand-chose sur le marché international, et aujourd'hui, où les projets de nouvelles fusées se multiplient comme des petits pains. De fait, après une année 2020 tout juste bénéficiaire, la situation financière d'ArianeGroup (environ 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires) se dégrade.

Selon le compromis noué pour sauver le lanceur lourd européen, Berlin et Paris s'accordent aussi sur la nécessité d'appliquer la préférence européenne, en envoyant les satellites institutionnels européens sur des lanceurs européens. Enfin, conformément au souhait allemand de développer ses propres fusées, le compromis acte la possibilité pour toute société privée de développer des petits lanceurs sans restriction et sur un marché ouvert à la concurrence. En contrepartie, l'Allemagne s'engage à ne pas développer de lanceurs lourds concurrents d'Ariane 6. « L'accord est bon car il donne de la visibilité à Ariane 6 sur les financements et le volume d'activité », explique-t-on du côté du gouvernement français.

L'Allemagne veut le moteur à propulsion liquide

Toutefois, en échange, l'Allemagne réclame le rapatriement de l'usine française de Vernon au site allemand de Lampoldshausen de la production du moteur Vinci, le moteur à propulsion liquide réallumable. Une exigence qui risque de décourager les équipes françaises d'Ariane 6, car, depuis le début des programmes Ariane, l'usine de Vernon dans l'Eure a toujours été le berceau des moteurs de fusées, notamment à propulsion liquide, un savoir-faire unique. Selon un syndicaliste, ce transfert équivaudrait à 40.000 heures de travail ou l'équivalent de trente emplois à temps plein, et mettrait rapidement en péril le site de Vernon, en l'absence d'autres activités compensatoires.

Membre de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, le député Bastien Lachaud (Seine-Saint-Denis, LFI) dénonce pour sa part un accord qui, selon lui, « envoie le secteur spatial français au tapis. Si l'Etat allemand a cédé sur les lanceurs lourds après des mois d'opposition, c'est en réalité la France qui sort affaiblie… avec un accord ruineux qui sacrifie le tissu industriel français au profit de l'Allemagne par de nombreux transferts industriels (moteurs Vinci, nouvel étage propulsif Astris) ».

Pour rappel, la France participe pour 52 % à Ariane 6, l'Allemagne pour 22 %, l'Italie pour 6 %, l'Espagne pour 5 % ; la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse pour 3 % chacun environ, la Suède pour 2 %, selon la clé de répartition imposée par l'ESA, en fonction de la participation financière de chacun au programme.


Intégration des baies arrières du premier étage d'Ariane 6 aux Mureaux avec à gauche, la baie pour les essais combinés CTML et à droite le premier modèle de vol FM1. On aperçoit les MANG hydrogène.

17 septembre, bâtiment d'assemblage d'Ariane 6 aux Mureaux, près de Paris, début d'assemblage du modèle CTM "Combined Test Model" par ArianeGroup. Il sera envoyé au CSG et mis en place sur l'ELA 4 pour les tests combinés en 2022.

28 septembre, inauguration de l'ELA 4, 4e ensemble de lancement Ariane en présence de Philippe Baptiste, PDG du CNES, Marie-Anne Clair, Directrice du CSG, Sébastien Lecornu, Ministre des Outremers, Daniel Neuenschwander, Directeur du transport spatial de l'ESA, European Space Agency et Gabriel Serville, Président de la CTG Collectivité Territoriale de Guyane.

Après 8 années de travaux, ce chantier colossal qui a mobilisé plus de 600 personnes dont 75% de personnel local, est maintenant terminé. Ce nouveau pas de tir est le huitième construit par le CNES et ses partenaires industriels en Guyane, après Diamant, Europa, Ariane 1,4,5, Vega et Soyouz.

Octobre, le groupe ArianeGroup annonce qu'il va supprimer près de 600 emplois liés à Ariane 6 en France et transférer la production du moteur Vinci réallumable d'Ariane 6 de l'usine Vernon à Lampoldshausen en Allemagne. L'accord sur Ariane 6, noué mi-juillet entre la France et l'Allemagne, le laissait présager. C'est désormais confirmé : la production du moteur Vinci est transférée de la France à l'Allemagne. Le site de Vernon (Eure), qui emploie 860 salariés, va en faire les frais, comme les syndicats le craignaient. Selon un syndicaliste, "ce transfert équivaudrait à 40.000 heures de travail ou l'équivalent de trente emplois à temps plein, et mettrait rapidement en péril le site de Vernon, en l'absence d'autres activités compensatoires." Ce transfert progressif (qui doit prendre plusieurs années) a été annoncé en même temps qu'un plan de réorganisation et de réduction de coûts plus large, qui se traduira par un plan de 600 départs volontaires en France.

Début 2021, en visite sur le site normand, Emmanuel Macron avait annoncé un investissement de 30 millions d’euros pour accélérer le programme du développement du moteur réutilisable low-cost Prometheus et soutenir les travaux du site d’ArianeGroup dans le cadre du développement d’une filière hydrogène française. Depuis le début des programmes Ariane, l'usine de Vernon dans l'Eure a toujours été le berceau des moteurs de fusées, notamment à propulsion liquide, un savoir-faire unique. Les moteurs d'Ariane 6 seront assemblés à Ottobrunn (dans la région de Bavière, en Allemagne). Soit l'équivalent de 40 000 heures de travail par an perdus pour le site français. L'annonce du transfert a été faite aux salariés le 23 septembre, ArianeGroup, qui compte 7500 salariés, doit faire face à la concurrence des américains SpaceX et ULA. L'entreprise est confrontée à une baisse de charge de 30% de son activité d’ici 2025.

Quand en 2014, Ariane 6 a été lancé, la privatisation du programme était dans les esprits, même si on n'osait pas se l'avouer. "Le but était de remettre les clés du programme à l'industrie (privée) et d'évincer le CNES, en faisant croire qu'aucune subvention étatique ne serait nécessaire pour faire vivre le programme. Il aurait fallu pour cela 3 à 4 tirs institutionnels par an en plus des lancements commerciaux."
Ariane 6 est né alors que le "New Space" faisait sa percée, les satellites GEO diminuaient en taille et en nombre et les constellations de petits satellites en orbite LEO/MEO pointaient leur nez, dans la continuité d'Ariane 5. "Les négociations ont été dures pour valider le concept du lanceur: la France a accepté de renoncer au design proposé par le CNES (utilisant des étages à poudre) pour accéder au désir allemand qui souhaitait dans son approche initiale une Ariane 5 ECA évolution, puis a consenti finalement à Ariane 6 si la propulsion cryogénique LH2-LOX + boosters était conservée, avec un étage supérieur ré-allumable lui aussi cryogénique, le Vinci. Ariane 6 sera prête à accoucher d'ici un à 2 ans, selon les prévisions avec un premier tir fin 2022. Il semble qu'à de moment on puisse exploiter Ariane 6 avec ses béquilles financières, pendant 6 ans, mais il est fort à parier que les  industriels demanderont une nouvelle rallonge d'ici un ou 2 ans."
Ariane 6 aurait du être une super Ariane 5, mais on en a décidé autrement:" Le concept de départ cumule les difficultés techniques et le manque de performance; le moteur Vulcain est bridé en performance, les propulseurs EAP P120 souffrent de leur communalité avec le lanceur Vega, qui a obligé à redéfinir leur structure, l'étage supérieur est trop lourd, comme l'étage de base avec une jupe inter réservoirs au lieu d'un fond commun. Industriellement, les relations d'ArianeGroup avec les fournisseurs sont plus que tendues, N'est pas le CNES qui veut !"

17 novembre, Ariane 6 va lancer Optus 11 pour l'opérateur Australien SinTel optus, ce sera le 7e stacom lancé par Arianespace. Optus 11 sera lancé le second semestre 2023 avec une Ariane 64.

Les 2 nez, "noise cone" des boosters ESR du premier lanceur Ariane 6 chez APCO Technologies, à Aigles, en Suisse. La société fabrique pour ArianeGroup les attaches inféreiures avec les systèmes anti-tangage. Cet équipement permet d'éjecter les propulseurs d'Ariane 6 sans influencer la trajectoire de séparation du lanceur.

Prévu pour 2020, repoussé à 2022, le premier vol d'Ariane 6 se fait toujours attendre. L'industrie du lancement a radicalement changé depuis le début des travaux sur Ariane 6 en 2014, apportant de nouvelles demandes des opérateurs de constellation ainsi que la concurrence des sociétés de fusées existantes et émergentes. Aussi bien en Europe qu'en Guyane, il reste beaucoup de travail à faire d'ici ce premier lancement. En Allemagne, on attend avec impatience le démarrage des essais de l'étage supérieur ULPM, y compris son moteur et tous les systèmes associés. "C'est presque aussi complexe qu'un lancement" assure t'on chez ArianeGroup. En parallèle, se déroulera les essais  combinés à Kourou entre le lanceur et l'ELA4. ArianeGroup vise le second trimestre 2020 pour voir s'élancer la première Ariane 62. Pas de client annoncé pour ce vol, mais vue qu'il s'agit d' un lancement de qualification, il n'y a généralement pas de client pour cela. "Certains de nos concurrents lanceraient des voitures ou du fromage dans l'espace…" L'ESA s'apprête à publier un appel à opportunités de lancement destiné à des projets académiques. Le second lancement sera pour Galileo, qui n'est pas commercial. Arianespace vient d'annoncer un contrat avec Viasat, qui est aujourd'hui le premier client commercial d'Ariane 64.

Pour ArianeGroup, Ariane 6 très polyvalente qui s'adapte également parfaitement aux besoins des clients de constellation. "Arianespace indique régulièrement recevoir de fortes manifestations d'intérêt et ses équipes sont en discussions avancées avec des clients potentiels." L'une des principales évolutions entre Ariane 5 et Ariane 6 est l'étage supérieur. Ariane 6 a le moteur ré-allumable Vinci nommé Vinci; Ariane 5 ne le fait pas. "Cela ouvre la porte à un éventail beaucoup plus large de missions sur n'importe quelle orbite. Et nous avons ajouté un APU, une unité d'alimentation auxiliaire, qui offre une capacité supplémentaire pour s'adapter à des profils de mission plus complexes. Avec l'APU, Ariane 6 est capable de déployer des constellations et de peupler un plan complet de satellites en un seul lancement. L'APU a été rendu possible grâce à la fabrication additive arrivée à maturité au moment où nous avons commencé à développer Ariane 6, et ne faisait pas partie du plan initial."

28 décembre, Brème, Allemagne, l'étage supérieur d'Ariane 6 qui servira l'an prochain aux essais combinés CTM (Conbined Test Model) sur l'ELA 4 est amené au port de Brème dans sa remorque de 55 m de long par route sur 8 km. Il sera chargé dans un navire et rejoindra la Guyane avec l'étage principal. Depuis février, un autre ULPM

Dans le hall 111 de l'usine ArianeGroup de Brème, l'étage ULPM CTM est levé pour être mis en container

 

DEVELOPPEMENT ARIANE 6, 2022