LES CENTRES DE LANCEMENT FRANCAIS
Le Centre Inter-armées d'Essais d'Engins Spéciaux CIEES
Créé à Colomb-Béchar le 24 avril 1947, en
Algérie dans la partie ouest du Sahara, près de
la frontière marocaine, le
Centre d'Essais d'Engins Spéciaux (CEES) devient inter-armées - Terre et Air -
en 1948. Les essais sont réalisés depuis deux sites désignés B0 et B1, le
second étant plus particulièrement aménagé pour les essais de missiles
importants à partir de décembre 1949. Le développement des missiles balistiques
destinés à la force de dissuasion nécessite, à la fin des années 50,
implique la
mise en place de nouveaux moyens d'essai. Au vu de la situation politique et
militaire en Algérie, il est décidé d'aménager le site d'Hammaguir plutôt
que d'investir dans un nouveau champ de tir qui, selon toute vraisemblance,
devrait être abandonné à terme.
Pad de tir Brigitte qui lança Asterix en orbite en 1965 Le CIEES comprend donc, au milieu des années 1960, deux polygones d'essais de missiles comportant en tout quatre champs de tir (trois à Hammaguir et un à Béchar) articulés autour de trois postes de contrôle. Le 1er juillet 1967, le CIEES est évacué et remis aux autorités algériennes, comme le prévoyaient les accords d'Evian signés en mars 1962. Bien que le site soit inhabité depuis 45 ans, les installations sont toujours en place et notamment le pas de tir de la fusée Diamant. Situé par 30.9° Nord et 3.07° Ouest, la base permettait de lancer des satellites sous une inclinaison de 34.0° au minimum et 40.0° au maximum. Il fut lancé plus de 271 fusées depuis ce site. Le CIEES de Colomb Bechar et des ergoliers en 1966 L' écuisson porté par les ouvriers du CIEES
Ile du Levant (41.0°N / 6.4°E) Les essais de missiles que menait la CEPA (Commission d'Etudes Pratiques d'Aéronautique), depuis 1948 à partir de la plage de Pampelone sur la Côte d'Azur, nécessitèrent rapidement un domaine plus étendu et plus isolé. En octobre 1950 fut créée sur l'île du Levant à 10 km de la côte, une station de lancement d'engins spéciaux, qui allait devenir en 1952 le CERES (Centre d'Essais et de Recherches d'Engins Spéciaux). Cette base de l'aéronautique navale fut utilisée, tout au long des années 1950 pour tester, non seulement les engins destinés à la Marine, mais aussi différents types de missiles pour les autres armes. En 1963, le GTES (Groupe Technique d'Engins Spéciaux) de Toulon, prit en charge l'exploitation du polygone de tir de la Renardière sur la presqu'île de St Mandrier. C'est depuis la Renardière qu'avait été testée en 1945 la fusée EA 41, première fusée française à ergols liquides (oxygène liquide et kérosène). Le 1er septembre 1968, le CEM (Centre d'Essais de la Méditerranée) naquit du regroupement du CERES, du GTES et du polygone de la Renardière, placés sous l'autorité de la DRME (Direction des Recherches et Moyens d'Essais). Le 1er juin 1977, le CEM passa sous le contrôle de la DTEn (Direction Technique des Engins). Le CERES, puis le CEM, ont été utilisés pour les essais de la plupart des missiles tactiques utilisés en France, mais aussi de quelques fusées-sondes (pour le compte du CNES et de l'ESRO) et d'engins expérimentaux de l'ONERA et de la SEREB.
Le Centre d'essai des Landes (CEL) Biscarosse (44.4°N / 1.2°W) En juillet 1962, quatre mois après la signature des accords d'Evian, qui prévoyaient la fermeture du CIEES pour le 1er juillet 1967, le gouvernement français décida de créer un centre d'essais de missiles dans les Landes, près de Biscarosse. Le CEL (Centre d'Essais des Landes) devait permettre de tester à la fois des engins tactiques, des missiles tactiques nucléaires (300 km de portée) et des missiles stratégiques (3000 km de portée). Les
moyens d’essais nécessaires furent rapatriés du CIEES ou lancés en
fabrication. La SEREB réalisa la Base de lancements balistiques (BLB) pour la
préparation et le tir des missiles SSBS et MSBS tirés de terre. D'autres
installations terrestres vinrent compléter celles de l'établissement principal
de Biscarosse. Du fait de l’atténuation des ondes radio-électriques par la
flamme du missile et des risques de perte de trajectographie qui en découlaient,
une station de flanquement fut créée à Hourtin, à 100 km au nord, pour
prendre le relais des moyens de Biscarosse après quelques dizaines de secondes
de vol propulsé. Une station dite de grand flanquement fut créée en Bretagne,
près de Quimper, pour les tirs M4 pour lesquels la station de Hourtin était
insuffisante. La station de Quimper rendait en outre possibles les tirs à très
longue portée à partir de sous-marins en plongée à proximité des côtes
bretonnes. Une station annexe, implantée dans l'île portugaise de Florès,
dans les Açores, avait pour fonction principale la trajectographie des objets
en phase balistique.
Si les essais de missiles tactiques commencèrent dès mars 1964, le premier prototype d'IRBM (S 112 mono-étage) ne fut lancé que le 15 février 1966. Le CEL a permit de tester les différents étages des missiles Français comme le véhicule S112 dont les essais avaient débuté au CIEES, le véhicule S01 de portée réduite, les véhicules M012 et M013, puis MSBS M1, le S02, puis SSBS S2, le MSBS M2 puis M20, le SSBS S3, MSBS M4, puis M45 On peut citer également les essais des missiles nucléaires tactiques : Pluton (propulseur Styx) à partir de 1968, puis Hadès (propulseur Archeron) à partir de 1988. Dans le domaine des fusées civiles, le CEL fut utilisé pour lancer les derniers exemplaires de Rubis et Cora en 1967. Quelques fusées-sondes de Sud Aviation ainsi que deux fusées expérimentales de l'ONERA y ont également été tirées.
De juin
1961 à 2002, depuis le premier tir du programme EBB jusqu’au tir M45 le plus
récent, le nombre total d’opérations balistiques réalisées sous
responsabilité, totale ou partielle, de la DGA est de 277, dont 59 au CIEES, 13
au CEM et 205 au CEL.
Le Centre Spatial Guyanais CSG Peu de temps après la signature des accords d'Evian, qui prévoyaient la fermeture du CIEES pour juillet 1967, le ministère de la Défense décida de créer un champ de tir de missiles dans les Landes (Centre d'Essais des Landes), près de Biscarosse. La position géographique de ce site n'était pas favorable au lancement de satellites puisqu'elle n'autorisait que les lancements en direction de l'ouest, dans le sens inverse de la rotation de la Terre. Après deux ans de réflexions - ou pas moins de quatorze sites furent étudiés - le gouvernement français décida, en avril 1964, d'implanter sa future base de lancement de satellites en Guyane. Le site de Kourou, proche de l'équateur, optimisait la charge satellisable des lanceurs, et permettait un large éventail d'inclinaisons pour l'orbite, entre -100,5 et +361,5 degrés. A la demande du CNES, le gouvernement français accepta, en janvier 1965, que le site puisse être utilisé par des organisations internationales ou des nations étrangères. En juillet 1966, le conseil de l'ELDO choisit le CSG (Centre Spatial Guyanais) pour y lancer la future fusée Europa II. L'ensemble de lancement de fusées-sondes (trois pas de tirs pour fusées à poudre et un pour fusées à liquides) fut achevé en 1968, l'ensemble Diamant en 1969 et l'ensemble Europa II en 1971. L'échec du tir Europa F11, en novembre 1971, aboutit à l'abandon du programme et à la fermeture des installations en 1973. Le programme Diamant fut arrêté à son tour à la fin 1975. Au cours de cette première période (1968 à 1975), 184 fusées-sondes (y compris les fusées météorologiques) et 9 lanceurs spatiaux avaient été lancés depuis le CSG. Le centre spatial fut alors mis en sommeil en attendant la mise en service du nouveau lanceur européen Ariane. L'activité se limita, jusqu'en 1978, au lancements de fusées météorologiques Super Arcas du programme Examenet.
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