LES ASTRONAUTES EUROPEENS
L’ESA débute ses activités dans le domaine des vols habités avec le
programme Spacelab, laboratoire scientifique conçu pour voler à l’intérieur
de la soute de la navette spatiale américaine, le Shuttle décidé lors de la conférence
ministérielle du 31 juillet 1973, à Bruxelles. Plus de 2200 candidatures sont recus par l’ESA.La France propose 401 dossiers. 113 sont soumis à étude et le 10 mai 1977, 53 sont retenue: 5 belges (2 Flamands, 2 Walons et un Bruxelois), 5 Anglais, 5 Allemand, 5 Français, 5 Italiens, 5 Hollandais, 5 Autrichiens, 5 Suisses, 4 Espagnols, 2 Irlandais, 2 Suédois, un Danois et 4 candidats de l’ESA. La sélection européenne se
déroule en 4 temps. La première se passe en Hollande, à l’ESTEC European Space
Technology Center pour l’évaluation générale avec une interview scientifique
générale. Cette épreuve élimine la moitié des candidats, il en reste 24. Ils se
présentent devant la commission scientifique, celle la même qui décidera des
expériences embarques sur le vol Spacelab. parmi eux il y a 5 français Anny Chantal Levasseur Regours, du CNRS née en avril 1965, Jean Jacques Dordain,
de l'ONERA né en avril 1946, Philippe Guillebon, de la Marine né en octobre
1934, Laurent Stieljes, né en juin 1946 et Jacques Susplugas, Matra, né en février 1940. L’ESA retient seulement un tiers des 12 candidats finalistes, l’Allemand Ulf Merbold, le Hollandais Wubbo Occkels et le Suisse Claude Nicolier. L’ESA met en « réserve » le reste des finalistes pour ces prochaines missions. Parmi eux se trouvent notamment le Belge Dirk Frimout et l’Italien Franco Merbella.Cela n’empêchera pas l’un des candidats français, Jean-Jacques Dordain, alors coordinateur des affaires spatiales à l’Onera, de poursuivre quelques années plus tard sa carrière au sein de l’ESA dont il a été nommé directeur général en juillet 2003. Le premier groupe de l'ESA, Claude Nicolier, Ulf Merbolt, Wubbo Ockels et Franco Marbela.
La France est le premier pays occidental à s’engager dans l’aventure des vols habités après les USA. N’ayant pas de moyen propre d’accès à l’espace, elle établit des coopérations avec les Soviétiques et les Américains. La France se voit offrir l’opportunité de faire voler ses astronautes sur des missions soviétiques. Parallèlement, des ressortissants des pays membres du Pacte de Varsovie voyagent dès 1978 à bord de vaisseaux soviétiques. Valdimir Remek, république de Tchécoslovaquie qui vole sur Soyouz 28 en mars 1978 et Sigmund Jahn qui vole en août de la même année sur Soyouz 31 sont comptabilisé comme des vols européens. En octobre 1979, la France et l’URSS signent un accord de coopération à un vol commun à bord d’un Soyouz. La sélection finale sera présentée en avril 1980, 2 cosmonautes ou spationautes selon la nouvelle terminologie du CNES du même sexe pour faciliter l’interchangeabilité de dernière minute. Le CNES envoie 400 dossiers
et reçoit environ 193 réponses, dont 26 de femmes. Les critères ont les
suivants : être de nationalité française, être âgé de 25 à 45 ans, avoir une
taille assise inférieure à 95 cm (pour rentrer dans le Soyouz) , soit une taille
de 1,81 m debout, posséder un diplôme d’ingénieur ou universitaire de niveau
équivalent et avoir une expérience professionnelle d’au moins 2 ans. La commission médicale du CPEMPM de l’armée qui fait passer aussi des visites médicales aux navigants, militaires ou civils examine les dossiers et en garde 176 qui sont passés au groupe CNES. Ce dernier examine la compétence technique, la familiarité avec le matériel scientifique, la capacité à accomplir des taches opérationnelles exigeant des décisions instantanées, les capacités linguistiques et la pratique des sports. 72 dossiers sont retenus, 45% sont des pilotes. Ces 72 candidats sont envoyés au laboratoire de médecine aéronautique et spatiale (le LAMAS) de Brétigny pour des tests vestibulaires sur le tabouret tournant. 32 en sortent, dont 74% de pilotes. Suivent alors les tests psychologiques et l’épreuve de la centrifugeuse avec les 18 candidats restants. 7 seulement survivront. 5 finalistes sont retenus à la fin février 1980, Patrick Baudry, Jean Loup Chrétien (pilote de l’armée), Gérard Juin (pilote à Air France), Jean Pierre Job (pilote), et Françoise Varnier. La sélection a duré 4 mois. Pour les départager, les 5 candidats devront apprendre le russe, se familiariser avec les techniques spatiales et le programme scientifique sur lequel travaillaient les chercheurs du CNES et s’adonner aux joies du parachutisme. Lors de ces sauts, Varnier et Chrétien se cassent une jambe et Juin se fait une entorse. La commission médicale venue
de Moscou élimine dans un premier temps Françoise Varnier. Les 4 autres partent
pour Moscou pour des examens médicaux finaux et sont déclarés aptes par la
Grande Commission. De retour à Paris, il faut en choisir deux, Job et Juin sont
éliminés, Chrétien et Baudry sont sélectionnés le 11 juin 1980. En septembre,
les deux hommes partent pour Moscou enfin de commencer leur entraînement pour le
vol PVH. Jean Loup Chrétien devient le premier Français dans l’espace avec un vol de 8 jours à bord de Soyouz T6 et la station orbitale Saliout 7 (24 juin au 2 juillet 1982). Baudry est sa doublure.
Le premier astronaute de l'ESA vole en décembre 1983 à bord du Spacelab 1. Ulf Merbolt passe une semaine en orbite à bord de Columbia. Ockels est sa doublure.
Entre temps, la DLR, l'agence spatiale Allemande, équivalent du CNES français sélectionne un premier groupe d'astronaute pour les missions allemande du Spacelab. Deux physiciens sont retenus Reinhard A. Furrer 44 ans et Ernst W. Messerschmid 40 ans. En 1978, un cosmonaute de la RDA (ex Allemagne de l'Est) avait volé sur Soyouz 31-Saliout 6 dans le cadre d'une mission Intercosmos. L'Italie fait de même en sélectionnant 3 astronautes en novembre, Cristiano Batalli-Cosmovici, 42 ans (issue de la première sélection ESA de 1977), Andrea Lorenzoni, 39 ans et Franco Rossitto Physicist 45 ans. Aucun ne volera dans l'espace, Rossito sera spécialiste charges utile pour la mission du Shuttle avec TSS 1. Il sera chef du centre des astronautes EAC jusqu'en 1995. La Grande Bretagne suit avec la sélection par Skynet de 5 astronautes, Anthony H. Boyle 43 ans, Richard A. Farrimond 36ans, Christopher J. Holmes 33 ans, Peter H. Longhurst 40 ans 05 Maj. Nigel R. Wood, 33 ans. Farrimond sera backup pour la mission 61H devant placer sur orbite un satcom Skynet et Holmes sur 71H. Wood sera lui assigné au vol 61H. Ces missions seront annulées après l'explosion de Challenger en janvier 1986. CNES 2 En septembre 1984, le CNES lance sa seconde sélection d’astronautes en vue de vols avec les américains et les soviétiques mais aussi de la préparation des programmes d’avion spatial Hermès et du laboratoire Columbus de la future station spatiale internationale.. Elle dure un an avec plusieurs étapes, chacune agissant comme un filtre qui ne laisse passer au stade suivant qu’une fraction des candidats. La première étape est administrative avec comme dans chaque administration beaucoup de papiers à remplir. 700 sont retenus. Viennent ensuite les examens médicaux préliminaires, les tests psychotechniques (QI, logique, mémoire, calcul mental,…) pour mesurer la capacité intellectuelles des candidats et les tests psychomoteurs. Les tests en vue de la sélection pour être astronaute commencent avec une visite médicale approfondi qui dure 5 jours et les tests physiologiques « spatiaux » comme le test de vomissement, de centrifugeuse, caisson hypobare, le test de Low body negative pressure. Un entretien avec un jury final permet de terminer la sélection. Juillet 1985, 10 noms sont établit, 5 personnes selon les critères soviétiques et 5 selon les critères américains. En septembre, le CNES annonce la sélection de 4 astronautes scientifiques pour voler dans le Shuttle, Michel Viso, vétérinaire, Frédéric Patat, médecin, Claudie Andre-Deshays, médecin et Jean jacques Favier, physicien. Du coté russes, 3 astronautes sont sélectionnés, 2 pilotes, Michel Tognini et Jean Pierre Haigneré et Jean François Clervoy, ingénieur. La doublure de Chrétien, Patrick Baudry effectue pour sa part un vol de 7 jours à bord de la navette Discovery lors de la mission STS-51G (17 au 24 juin 1985). Chrétien est sa doublure. Le 23 Mars 1984, Patrick Baudry a rejoint le corps des Astronautes de la N.A.S.A., basé à Houston au Texas, afin de préparer le premier vol spatial franco-américain. Au terme d’une année d’entraînement, il est affecté à la mission 51-E sur Challenger qui est annulée à la suite de problèmes techniques graves, puis à la mission 51-G sur Discovery. Le lancement a lieu – après 13 reports de tir - le 17 Juin 1985. A l’issue de son vol, Patrick Baudry est nommé Conseiller pour les vols habités auprès du Président d’Aerospatiale (maintenant EADS). Il participe au programme d’avion spatial HERMES en tant que Pilote d’Essais de l’avion spatial européen, jusqu’à l’arrêt de ce programme en 1992. De 1986 à 2003, il est également Pilote d’Essais à Aérospatiale puis à Airbus Industrie et passe toutes sortes de qualifications sur différents types d’avions, dont Concorde, et d’hélicoptères. En tant que pilote d’essais, il fait partie de l’équipe qui a mené Airbus au rang qui est le sien aujourd’hui, présentant les différents prototypes de la famille Airbus ( A340, A 340-600, A319, A320, A330, Beluga) dans tous les grands salons aéronautiques internationaux, Paris Le Bourget, Farnborough, Dubaï, Santiago du Chili, Djakarta, Berlin, Moscou, Acapulco, etc...
Wubbo Ockels, Reinhard Furrer et Ernst Messerchmid volent sur STS 61A qui embarque le module Spacelab pour la mission Spacelab D1. Ce sera leur seul et unique vol spatial. Merbolt est la doublure des trois scientifiques.
L'Allemagne avec la DLR sélection en août 1987
un second groupe d'astronautes pour les vols Spacelab. Jean Loup Chrétien effectue un deuxième vol, cette fois à bord de Mir, avec la mission Aragatz (Soyouz TM7), d’une durée de quatre semaines (26 novembre au 21 décembre 1988) au cours de laquelle il devient le premier astronaute ni Soviétique ni Américain à effectuer une sortie extravéhiculaire. Tognini est sa doublure.
La Grande Bretagne sélection en 1989 deux astronautes pour voler avec les Soviétique, Timothy K.C. Mace et Helen Sherman. En Autriche, deux candidats sont sélectionnés Clemens Lothaller et Franz A. Viehböck, tous les deux scientifiques. L'Italie suit avec la sélection d'un second groupe composé de 3 astronautes Cristiano Batalli-Cosmovici 49 ans, Umberto Guidoni, 43 ans et Franco E. Malerba 45 ans. Deux seulement voleront, Guidoni (2 fois) et Marbella (une fois). Un troisième groupe, composé exclusivement de pilotes en vue
du programme Hermès, est sélectionné en 1990 par le CNES (Léopold Eyharts, Jean-Marc
Gasparini, Philippe Perrin et Benoît Sylve). Le 18 mai 1991, la britannique Helen Sherman s'envole à bord du Soyouz TM12 vers la station MIR. Au programme de ce vol de 7 jours des expériences scientifiques avec l'équipage MIR 8. Mace est sa doublure.
Le 2 octobre suivant, Soyouz TM12 emporte le premier cosmonaute autrichien Franz A. Viehböck vers la station MIR. Il y passera 7 jours.
ESA-2 En 1990, l’Agence spatiale européenne lance à
son tour une campagne de sélection, dans le cadre de l’ambitieux projet européen
de participation à la Station spatiale internationale. Ce projet comprend la
construction de l’avion orbital Hermès ainsi que de la
plate-forme scientifique expérimentale Eureka et du laboratoire européen
Columbus. L'annonce est passée le 22 septembre dans la presse européenne.
les candidatures sont à adresser avant le 22 octobre aux représentants de chaque
pays membre de l'ESA. Les critères de base sont mesurer entre 1,53 et 1,90 m,
parler couramment l'anglais, être âgé entre 27 et 37 ans et être en très bonne
santé. Niveau diplômes, il est demandé de sortir d'université ou d'avoir 1000
heures de vol en tant que pilote d'avion. Plus de 22 000 candidatures sont alors enregistrées, témoignant de
l’intérêt croissant pour les vols habités en Europe. Chaque pays membre va ainsi
organiser une sélection nationale qui va ensuite être proposé à l'ESA. 62
candidats sélectionnés dans les 13 pays de l'agence sont en lice. Après les
premiers tests, 25 restent en "réserve". Finalement, l'ESA en retiendra 6
présentés le 15 mai 1992: l’allemand Thomas Reiter, l’espagnol Pedro Duque, le
suédois Christer Fuglesang, l’italien Maurizio Cheli et la belge Marianne
Merchez, ainsi que le français Jean-François Clervoy, qui faisait déjà partie du
corps français des astronautes du CNES (seconde sélection de 1985).
Janvier, second vol pour Ulf Merbolt avec la mission STS 42 Spacelab IML 1 consacrée aux expériences en micro gravité. Il passe 8 jours dans l'espace.
Mars, l'allemand Klaus Flade passe 7 jours dans MIR s'envolant sur Soyouz TM 14 pour la mission Euromir 92. Ewald est sa doublure.
Mars, l'astronaute belge Dirk Frimout s'envole sur STS 45 pour la mission ATLAS consacrée à l'étude de l'atmosphère. Il passe 8j 22het 9 mn dans l'espace.
Du coté français, les vols habités en coopération se poursuivent avec Michel Tognini qui passe 13 jours à bord la station Mir pour la mission Antarès-Soyouz TM15 (27 juillet au 10 août 1992). Haigneré est sa doublure. Malheureusement, fin 1992, le programme de navette Hermès est annulé.
Juillet, le suisse Claude Nicolier vole sur STS 46 avec la mission européenne Eureka. A ses coté l'italien Franco Marbela, sélectionné en 1978 dans le premier groupe ESA. Guidoni est sa doublure.
Août, Jean François Clervoy rejoint le groupe 14 des astronautes NASA sélectionné en début d'année. Il subit une année d'entraînement à Houston en vue d'être spécialiste de mission sur le Shuttle.
Jean-Pierre Haigneré succède à Tognini à bord de Mir pour la mission Altaïr de trois semaines (1er au 22 juillet 1993). Claudie Andre Deshays est sa doublure.
Claude Nicolier vole sur STS 61 en décembre pour réparer le télescope Hubble.
1994, l'astronaute français scientifique Jean
Jacques Favier est doublure pour la mission STS 65 en juillet.
En novembre, le français Jean François Clervoy passe 10 jours dans l'espace pour la mission STS 66 avec la mission ATLAS 3.
1995, Jean Loup Chrétien est envoyé par le CNES au centre Johnson pour subir un entraînement à la NASA. En septembre, l'Allemand Thomas Reiter vole sur Soyouz TM22 et rejoint MIR (Euromir 94). Il y restera 180 jours. Fluglesang est sa doublure.
L'Italie sélectionne un astronaute pour voler dans le Shuttle, Luca urbani, 39 ans. Il faisait partie de la sélection italienne du groupe ESA de 1991. Il sera Backup pour STS 78 LMS 1 avec l'espagnol Duque.
Un astronaute du CNES, Jean-Jacques Favier, participe également à la
mission Spacelab LMS-1 consacrée à la physique des matériaux, à bord de la
navette Columbia (STS-78, 20 juin au 7 juillet 1996). Duque et Urbani sont ses
doublures.
Le Suédois Chris Fluglesang devient astronaute NASA comme le fera Pedro Duque après son vol sur Soyouz en 1998. 1997, la mission Euromir 97 permet à l'astronaute allemand Reinhold Ewald de passer 19 jours dans MIR. Il s'envole sur Soyouz TM 25 le 10 février. Schlegel est sa doublure.
En mai, l’astronaute français de l’ESA Jean-François Clervoy rejoint la station Mir à bord de la navette américaine Atlantis (STS-84, 15 au 24 mai 1997, 4eme RV avec Mir). Il y est suivi quatre mois plus tard par un spationaute du CNES, Jean-Loup Chrétien, à bord de la navette Atlantis (STS-86, 25 septembre au 10 octobre 1997).
|
LES ASTRONAUTES EUROPEENS, 1998 |
Octobre 2010. Patch et photos d'équipages, Spacefacts