L'ESPACE SOVIETIQUE

Cap Canaveral et Houston aux USA, Baikonour et la Cité des Etoiles en URSS, chacune des deux grandes puissances spatiale a son propre système pour l'entraînement de ces astro-cosmonautes.

La Cité des Etoiles est dans la banlieue de Moscou dans la forêt la ceinturant. L'URSS, maintenant la CEI Communauté des Etats Indépendant depuis décembre 1991 utilise trois bases de lancement Plesetsk, Volgograd (Kapustin Yar) et Baikonour, au Kazakstan. Seule cette dernière permet l'envoie d'hommes dans l'espace. Le centre de contrôle s'appelle le TSOUP, il est situé à Kaliningrad, au Nord de Moscou.

Alors que les USA sélectionnent leur premier groupes de pilotes astronautes, l'URSS fait de même en 1960 en recrutant 20 pilotes militaires. Le 11 janvier 1960, il est décidé de créer un centre d'entraînement à l'écart de la capitale à 40 km au N-E (autoroute A103, près de l'aérodrome de Tchkalovkiy, au bord de la forêt de Shchelkovo (55°52'39 N et 38°06'47 E). Le site retenu, un terrain militaire au milieu d'une forêt de pins et de bouleaux, ne compte qu'un ou deux bâtiments, Tout est à construire. Il borde la ligne de chemin de fer reliant Moscou à Monino. La construction des premiers bâtiment commence au début des années 1960 avec le quartier général et le bâtiment des cosmonaute. Suivent en 1962 la librairie technique et le gymnase. Suivront le bâtiment des simulateurs "Korpus D, une petite piscine en 1965 pour entraîner les cosmonautes des missions Voskhod 2 et Soyouz 4-5 à réaliser leur EVA (en complément des vols paraboliques en TU 104). Avec la venue de nouveaux cosmonautes, un gymnase plus grand est construit au dessus de la piscine. A la fin des années 1960, une centrifugeuse est construite. Après l'accident qui coûte la vie au cosmonaute Gagarine le 27 mars 1968, le centre d'entraînement est rebaptisé Centre de recherche et de tests pour les vols habités.

En rouge, les immeuble d'habitation, les tirets jaune marquent la limite de la cité et le trait noir la limite du CPK. 1 Bâtiment de direction 2 Piscine, salle de sport 3 Restaurant des cosmonautes, bibliothèque 4 Stade 5 Centrifugeuse 6 Laboratoires et entraînement vestibulaire 7 Salles de cours médicaux 8 Salles de cours, laboratoires, planétarium 9 Simulateurs Soyouz Korpus 1A 10 Simulateurs MIR Korpus 1 11 Salles de cours 12 Piscine hydrolab 13 Bâtiment Buran 14 Prophylactarium 15 Complexe sportif 16 Tenis couverts.

Le planétarium (8) juste à coté de l'Hydrolab, Salles de cours (11)

Après les premiers vols soviétiques, le centre est baptisée Cité des étoiles ou Zviezdni Gorodok. Avec plus de 5000 habitants, elle se divise en deux secteurs, la zone d'habitation où vivent les cosmonautes actifs et retirés et la zone de travail le centre de préparation des cosmonautes CPK. Tous les cosmonautes russes et même étrangers (depuis 1976) ont été formé ici. L'entrée de la cité se fait le long d'une longue aller traversant la forêt.

La zone résidentielle comporte une quinzaine d'immeuble, de 10 à 15 étages. Quelques boutiques ont pris racine au pied de ces tours, comme la poste et un groupe scolaire.

La statue de Gagarine orne un carrefour devant le CPK. Haute de 2,5 m, elle est toujours fleurie. Les cosmonautes s'y arrêtent après leur vol dans l'espace. Un musée est ouvert depuis 1967 retraçant les grandes étapes de la conquête spatiale soviétique.

La vrai vie est au centre d'entraînement où travaillent près de 800 personnes ingénieurs, contrôleurs, médecins, techniciens, psychologue, employés administratifs, ...
L'entraînement du cosmonaute dure trois ans (5 pour un commandant de mission) et dont 18 de préparation à la mission proprement dit. Tous vivent à la cité des étoiles avec leur famille. L'entraînement comprend:

_ Une préparation générale d'un an avec des cours théoriques en russe sur la mécanique céleste, le Soyouz, la station, l'informatique, la navigation, le pilotage, l'astronomie, les sciences de la vie, la médecine. A cela s'associe une préparation sportive et médicale.

_ Une préparation spécialisée, en "équipage" de 6 à 8 mois sur la mission prévue. Deux équipages sont ainsi formés, un titulaire et un remplaçant. Cette partie de l'entraînement devient plus concrète avec des séances en simulateur, des vols paraboliques, stages de survie, manipulation des vaisseaux.

Le sport occupe une grande place dans l'entraînement des cosmonautes avec trois fois par semaine deux heures (tennis, natation, musculation, football, gymnastique, ski de fond, footing). La conduite des expériences qu'ils auront à réaliser en orbite est aussi importante, les résultats en dépend. Près de 15% du temps y est consacré. A quelques semaines du vol, l'équipage titulaire est ou pas confirmé pour la mission. La grande visite médicale a lieu 6 semaines avant le lancement. Chaque cosmonaute est examiné par près 60 médecins spécialiste. 

La préparation passe aussi par des séances de "torture" comme le fauteuil tournant pour contrôler l'appareil vestibulaire, la table à bascule pour contrôler le déplacement du sang vers la tête et la centrifugeuse.

Le CPK (Ts PK du russe Tsentr Padgatvky Kosmonavtov, occidentalisé en CPK) a été dédié à Gagarine en 1968, après sa disparition dans un accident d'avion. Il regroupe les salles de cours, les laboratoires, les installations sportives, la centrifugeuse, la piscine d'entraînement aux EVA et les simulateurs de vol.

La centrifugeuse est l'équipement le plus impressionnant du CPK. Sa construction débute en 1971. La firme suédoise ASEA est sélectionnée pour une centrifugeuse avec un bras de 18 m de long TsF 18 capable d'aller jusqu'à 30g et de simuler un retour sur terre du Soyouz. Installé dans un gros bâtiment cylindrique, elle se présente comme un long bras métallique qu'un moteur électrique mets en rotation autour d'un axe vertical. Elle sert à recréer les accélérations du lancement et du retour dans l'atmosphère. Elle n'est utiliser qu'avec parcimonie durant l'entraînement. Les premiers cosmonautes s'y entraînent dès septembre 1981. Auparavant, ils s'entraînaient sur une "petite" centrifugeuse de 7 mètres, TsF 7 capable d'aller à 20g. 

Les simulateurs Soyouz et MIR permettent de préparer l'équipage à vivre ensemble durant de longue période dans leur vaisseau et de simuler certaines parties de leur vol, le lancement, les rendez vous et le retour. En fonction du rôle de chaque cosmonautes dans la mission, ils apprennent diverses procédures du vol. des pannes et des problèmes sont aussi créer afin de familiariser l'équipage avec le vaisseau.

Au début des années 1960 est construit le Korpus D équipé avec les simulateurs de Vostok et Voskhod. L'arrivée du Soyouz obligent les soviétiques a construire un nouveau bâtiment en 1971, avec deux salles Korpus 1 (aile Est) et 1A (aile Ouest). Le déménagement se fait en 1973 juste avant l'arrivée des journalistes US en juin 1973 pour la mission ASTP. Dans le hall Korpus 1 se trouvent les simulateurs de la station Saliout et Volga (pour les docking entre Soyouz, puis avec les Saliout), deux simulateurs Soyouz (TDK 7K et le TDK 7M) équipé du système d'amarrage universel APS 75 ainsi que le module de descente de Soyouz 2 au fond.
Dans les années qui suivent, le simulateur Saliout 1 laisse sa place à celui de Saliout 4, puis Saliout 6-7 en 1976 et 1982. 

Le "vieux" simulateurs Soyouz est remplacé par celui du Soyouz T mis en service en 1979, le TDK 7ST dans la salle 1A, juste à l'entrée. Deux autres simulateurs sont installés, le "Pilot 732", en fait une cabine destinée à l'entraînement au retour sur terre et le Don 732 M. En 1986, le Soyouz T devient TM. Un nouveau simulateur, le TDK 7ST2 est installé au fond de la salle 1A. Quand les vols du Soyouz T s'arrêtent, le Don 732 est modifié en TM, le Don Soyouz TM. Les deux simulateurs assurent l'entraînement des équipages jusqu'en 2002. Le 14 février 2002, le 4000eme entraînement en simulateur est fêté par l'équipage d'ISS 6.

Le simulateur Pilot 732 et les consoles commandant le "Don Soyouz" et le "Pilot"

Simulateur Don Soyouz en salle 1A avant la rénovation de 2007

Simulateur Don Soyouz en salle 1A en 2008

Le lancement de Mir en 1986 oblige à changer de simulateur. Un simulateur Mir est installé à coté de Saliout 7 dans la hall 1. L'arrivée des éléments Kvant, Kvant 2 et Krystall oblige à faire de la place et à enlever le simulateur de Saliout 7. Quand arrivent les modules Spektr et Priroda, il n'y a plus de place. Ils sont alors installés dans le KTOL tout près, où sont déjà installé les simulateurs de Buran. Dans la hall 1 se trouve aussi le TORU qui permet de simuler l'amarrage des Progress. A la fin du programme MIR, le hall se destine à devenir un musée pour les visiteurs étrangers quand une nouvelle "construction" trouve sa place en 2001. Le Vykhod 2 permet aux cosmonautes vêtus d'un scaphandre Orlan se s'entraîner à sortir et entrer dans la station ISS. Un mur permet d'isoler les cosmonautes des visites du public dans le hall Mir.

Salle 1A simulateur de la station MIR avec Kvant, Kvant 2 attachés et Kristall au fond à droite.

Les simulateurs des modules Zarya et Zvezda qui constituent le corps principal d'ISS ont trouvé place dans le KTOL en 1998 à coté de Specktr et Priroda. La dernière version du Soyouz, le TMA oblige à modifier le simulateur TDK 7ST en TDK 7ST3 une fois de plus en 1998. 

Le simulateur ST3

Les modules russes d'ISS dans le KTOL et ceux de Mir

Simulateur Soyouz TDK 7ST2 en salle 1A avant 2007

Parallèlement, deux simulateurs pour la navette Buran sont construits et installé à la Cité des Etoiles dans le KTOL à partir de 1982 jusqu'en 1991.

La salle 1A est entièrement rénovée en 2007, la lumière du plafond remplacé par des photos spatiales, les murs repeints et le sol refait.

La piscine permet de simuler les sorties dans l'espace EVA. L'hydrobassin 23 m de diamètre et de profondeur modulable jusqu'à 12 m contient 5 millions de litres d'eau. Selon les besoins, on y plonge des maquettes grandeur nature de tel ou tel éléments de station afin de travailler dessus. Aidé par des plongeurs professionnel, ils simulent toutes les activités qu'ils auront à réaliser au cours de la véritable EVA. L'hydrolab a été construit en 1980 près du lac.

Autre élément d'entraînement, l'avion d'impesanteur, un Llyouchine 76 spécialement adapté aux vols paraboliques simulant durant une trentaine de secondes l'absence de pesanteur. Deux appareils basés sur le terrain de Tchkalov permettent de simuler toutes les activités de bord (nourriture, enfilage des scaphandres, mise en route d'expérience).

Dernière partie de l'entraînement, les stages de survie nécessaire au cas où le vaisseau n'atterrirait pas au bon endroit. L'équipage doit pouvoir survivre dans l'attente de secours. Ces stages ont lieu en forêt non loin de la cité et dans l'eau dans un lac près de la cité aussi. Auparavant, ce stage avait lieu en mer Noire. 

Dans les années 80 et 90, des stages de survie en hivers avaient lieu en Artique. Un module de descente du Soyouz était posé dans la neige, l'équipage devant s'organiser durant 2 jours en attendant les secours. Avec ISS, les entraînements de ce type ont lieu durant 3 jours en forêt autour de la cité. Des stages similaires sont organisés dans les déserts en Uzbekhistan où les températures sont supérieures à 40°C. 

Même si le Soyouz atterrit sur terre, il doit pouvoir amerrir en mer. Des stages sont ainsi organisés en mer noire avec une maquette peinte en bleu ou orange du Soyouz, baptisée "Ocean".