1998
29 janvier 1998, l'accord Space Station IGA (Intergovernmental Agreement) qui remplace celui signé en septembre 1993 est signé par les 14 partenaires d'ISS (United States, Canada, Japon, la fédération de Russie, les 7 états de l'ESA (Belgique, Danemark, France, Allemagne, Italie, Pays Bas, Norvège, Espagne, Suède, Suisse et Grande Bretagne). Cet accord précise les responsabilités des différents partenaires, les droits d'utilisation de la station, les droits en termes d'astronautes, le transport d'équipage et de fret, les télécommunications, le financement, les réglementations douanières, les échanges de données et de biens, les juridictions pénales applicables, les règles de propriété intellectuelles et les règles de constatation en cas de litige. 45 missions seront nécessaire pour assembler ISS dont 33 vols Shuttle. S'y ajouteront 9 Soyouz TM et 21 Progress. La France participe à 27,6% dans le cadre de l'engagement européen.
Le module FGB est arrivée à Baikonour transporter par rail depuis l'usine de Krunichev à Moscou. Le module photovoltaïque n° 1 a été livré au centre spatial Kennedy en vue de son intégration. Il devrait être installé sur la station internationale le 8 avril 1999 au cours de la mission STS97. Le segment américain (Boeing) comprend le module de jonction Node 1, un laboratoire habité, un module d'habitation et la poutre sur laquelle sera fixée 8 panneaux solaires (33 x 11,5 m). La Russie fournit la tour NPP, le module de service avec à l'avant le module FGB. Entre les deux, le module d'amarrage sur lequel viendront se joindre trois modules de recherche, le module de support vie et un module logistique. La partie japonaise comprend les modules JEM et le HTV. L'Europe réalise le module COF, le bras ERA, fournit le système de gestion des données du module de service russe, les cargo ATV pour les ravitaillements, les noeud NODE 2 et 3 (en échange du lancement du COF), la boite à gants Glovebox, le système de pointage Hexapod, 4 congélateurs et un logiciel de base de données de mission. La Canada enfin
fournira le MSS sur lequel se déplacera le bras SSRMS. Février 1998, le congrée émet des doutes sur le lancement du module de service en décembre. Il est proposé de repoussé le lancement du FGB pour éviter de "gaspiller" sa durée de vie en orbite! Comme le module est prêt cela ne changera pas beaucoup le calendrier d'assemblage. Le FGB sera lancé en août, Node 1 en septembre, le SM en février 1999 , le premier équipage en mars 1999 et le US Lab en juillet 1999. Le coût de la station est maintenant estimée à 21 milliards $, soit de plus que les 17 prévus. Une rallonge de 130-250 millions $ par an est demandé pour supporter les retards. Chaque mois de retard coûte 120 millions $ à la NASA. En fait les russes semblent jouer sur deux tableaux ISS et MIR qu'ils rechignent à abandonner. La désorbitation de cette dernière demandant l'utilisation de 4 Progress que devront payer les russes en plus de leur participation au programme US. Avril, Le node-1, premier élément américain d'ISS est officiellement baptisé "Unity" (Unité). Il doit prendre la route de l'espace le 3 septembre, ou plus vraisemblablement le 17 septembre prochain dans la soute de la navette Endeavour et rejoindre le FGB russe. Mai 1998, le nouveau plan d'assemblage (révision D) donne un lancement du FGB pas avant le 20 novembre, US Lab sera envoyé le 3 décembre sur STS 88 et le module de service sera lancé au plus tôt le 29 mars 1999 (avec 4 mois de retards en plus des 8 déjà pris). Il manque 45 millions $ du budget 1997 dont la moitié devait être versée en avril et l'autre partie en mai. A cela s'ajoute un retard avec le module US Lab. Du coté russe, l'agence spatiale d'Ukraine NSAU regarde deux options pour le module de recherche qu'elle doit construire, soit le faire elle même soit utiliser un module dérivé du Progress M1 de RKK (Rocket Space Corporation) Energia. De son coté, Khrunichev propose un module basé sur le TKS lancé par un Proton. Juin, le lancement du module FGB, baptisé
Zarya (Aube) est prévu pour le 20 novembre. STS 88 le rejoindra le 3 décembre
avec le Node 1, baptisé Unity. Le module de service prêt à 90% partira en
avril 1999. Le premier équipage prendra possession des lieux en juillet. Le développement
du ICM est toujours d'actualité au cas ou le lancement du SM échouerait. Le
COF européen sera lancé en février 2003. 11 juin, le Shuttle Discovery atterrit au KSC. LA mission STS 91 termine la 11eme mission Shuttle-MIR. Onze astronautes américains ont totalisé 975 jours de présence à bord de la station Mir. A neuf reprises depuis 4 ans, neuf missions de navettes se sont amarrés et ont ravitaillé Mir en hommes, vivres et matériels. 31 juillet, le premier MPLM - Multi-Purpose Logistic Module destiné à ISS est livré au Kennedy Space Center par Airbus Beluga. Ce premier élément, nommé Leonardo, est fourni par Alenia Aerospazio et l'ASI (Agence Spatiale Italienne). Il sera satellisé au cours du vol STS-100 en décembre 1999. Le second module - Raphaello - et le troisième - Donatello - sont prévus pour octobre 2000 et janvier 2001. Septembre, la NASA obtient du congrès 600 millions $ pour payer Rosaviacosmos afin de fournir 2 Soyouz et 3 Progress par an à ISS jusqu'en 2002. Le congrès débloque aussi 660 millions pour divers matériels embarqués, 450 millions pour le module de propulsion PM (Boeing), 90 millions pour modifier les Shuttle et 60 millions d'avance pour Zvezda. Octobre, le lancement du module FBG Zarya est prévu pour le 20 novembre (révision D). Le module de service sera lancé avec deux mois de retard, en juillet 1999. La NASA a du financer à hauteur de 30 millions $ la finition du module. En échange, elle pourra utiliser la partie russe de la station à des fins scientifiques jusqu'en 2003. L'agence US demandera 600 millions $ pour acheter aux russes du matériel pour terminer l'assemblage de la station. Le 17 novembre, la NASA annonce la composition des quatre premiers équipages destinés à vivre à
bord de la station spatiale internationale. Ces équipages de trois personnes,
désignés comme des «Expéditions», seront alternativement commandés par un
Américain puis par un Russe. Malgré les retards, la NASA
continue de développer le module ICM pour rebooster la station. De plus elle pourrait
acheter des Progress à la Russie. La Russie doit fournir deux Soyouz TM et 4
Progress par an. Deux Soyouz TM devront aussi servir de chaloupe de secours en
attendant le CRV, dérivé du X38 opérationnel en 2003. En cas de soucis avec
le SM, l'ATV européen pourra servir de remorqueur en s'amarrant au Node 3. ZARYA EN ORBITE Le programme d'assemblage débute
réellement le
20 novembre 1998, avec le lancement du module de contrôle Zarya par une fusée
russe Proton (vol 1A-R) depuis le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan à 6 h 40.
Construit par la Russie sous contrat avec les Etats-Unis, Zarya fournit la
logistique et les communications durant la première partie de l'existence de la
station. Pour cette raison, cet élément clé devait être le premier à
prendre la route de l'espace. D'une masse de 23 tonnes, il est dérivé des
modules TKS du programme russe de stations militaire Almaz. Il servira de
remorqueur en attendant l'arrivée du module de service dans 8 mois. Ses panneaux
solaire ne fournissent que 3kW d'électricité. Il sera ravitailler par des
Progress Avec ce lancement débute la construction
d'ISS après des années de retard. Aux 11,2 milliards $ investit dans Freedom
depuis 1984, la NASA a du ajouter 42 milliards (au lieu de 17,4) pour
l'assemblage et 42 pour l'exploitation (93 vols Shuttle au lieu de 79). Il
manque 2,4 milliards $ pour terminer l'assemblage en raison de l'effondrement
des finances de la Russie. La NASA pensait qu'en coopérant avec les russes,
elle économiserait 1,6 milliards $ et 15 mois. Il a fallu verser 60 millions $
à la RSA pour terminer le module de service, 600 millions pour modifier les
Orbiters et autant pour acheter des Soyouz TM et Progress. Cette somme
comptabilise le développement de deux ICM et deux véhicules de sauvetage
CRV. Les retards dans la livraison des modules russes ont occasionné une dérive des coûts américains qui a fait l'objet d'un rapport du GAO. Au départ, il était prévu 17,4 Md$ au rythme de 2,1 Md$ par an jusqu'à achèvement de la construction. D'avril 1996 à juillet 1997, le dépassement de coût était de 355 M$ (2,1 MdF) et le coût estimé pour rester dans les délais initiaux était de 135 M$ (810 MF). Pour cela, la NASA a transféré 300 M$ (1,8 MdF) d'autres programmes vers la station orbitale (200 M$ en 1997 et 100 M$ en 1998). Mais le maître d'oeuvre Boeing n'a pas été capable de stopper cette hémorragie qui, selon une étude interne, pourrait atteindre 600 M$ (3,6 MdF). Il a donc été décidé d'appliquer une pénalité de 40 M$ (240 MF) sur le contrat de Boeing. En 1993, lorsque la NASA a modifié son projet en prenant la Russie comme partenaire, il était prévu que la station serait terminée quinze mois plus tôt que prévu faisant ainsi économiser 1,6 Md$ (9,6 MdF). A cette époque, il était envisagé des aléas de 3 Md$ (18 MdF) dont il ne restait que 2,2 Md$ (13,2 MdF) en juin 1997 et environ 1 Md$ (6 MdF) à la fin de l'année fiscale 1997. Cette situation est très inquiétante car le programme est à peine commencé. Parmi les mesures prises pour faire des économies, la NASA a confié la réalisation de la centrifugeuse au Japon, la plate-forme externe TEF, le système d'attache EXPRESS, le support WORF et la palette de transport ULC au Brésil, et elle a emprunté 462 M$ (2,7 MdF) sur les crédits alloués à la science de 1996 à 1998 (350 M$ seront remboursés jusqu'en 2002), un supplément de 70 M$ (420 MF) étant envisagé en 1999. Mais la NASA a dû lancer par ailleurs de nouveaux développements pour 250 M$ (1,5 MdF) dont 113 M$ (678 MF) pour l'Interim Control Module (1CM). Et le module d'habitation pourrait bien être remplacé par le TransHab, prototype de module destiné au vol humain vers Mars. Au final, la réduction du coût justifiée par l'avancement du programme semble caduque. La phase préparatoire de la station orbitale aurait coûté 10 milliards de $ entre 1984 et 1992 (époque Freedom et Alpha). Le coût de ISS est évalué selon diverses sources à plus de 50 milliards de $, dont un quart pour les études américaines, un quart pour les contributions extérieures (Russie, Europe, japon et canada), un quart pour les opérations d' assemblage et le dernier quart pour les 35 vols du Shuttle associés. Le 21 novembre, le module Zarya complète sa première journée de vol orbital. Les contrôleurs de vol continuent de vérifier l'état des systèmes de bord et ils commencent à accroître l'altitude de l'engin.
Le module de contrôle Zarya Le 23 novembre, à deux occasions, les contrôleurs russes d'ISS procèdent à l'élévation de l'orbite du module Zarya. Le 24, le module Zarya complète sans problème les manœuvres qui le placent sur l'orbite prévue pour le rendez-vous avec Endeavour. Le 25, les contrôleurs continuent de surveiller l'état des systèmes de bord de Zarya. Ils ont ainsi procédé à la vérification des équipements de communications et ceux-ci fonctionnent bien. Enfin, le 27, Zarya complète sa première semaine de vol dans l'espace avec brio. Les contrôleurs ont terminé le programme de tests post-lancements en répétant avec succès les manœuvres de positionnement qui seront réalisées lors de l'accostage du module Unity dans une semaine. STS 88 (vol 2A), première mission d' assemblage.
Le 4 décembre est lancé du KSC la navette Endeavour STS 88,
mission 2A vers ISS à 8 h 36. A bord un équipage de 6 astronautes;
Dans la soute, le module Node-1, baptisé Unity. "Node" signifie "nœud", et il porte
bien son nom puisque sa fonction est de réunir différents éléments tout en
les interconnectant entre eux et en autorisant le passage d'un module à
l'autre. Plus petit que Zarya, Unity n'en n'est pas moins équipé de six éléments
d'amarrage qui sont autant de connecteurs (module PMA 1 et 2). Le Node-1 Unity et Zarya La NASA va ouvrir ISS aux
secteur commercial. Spacehab sera la première société à y recourir.
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