Longtemps rêver par les grands constructeurs, Von Braun, Korolev, les stations spatiales orbitales sont depuis la décennie 1970 devenues réalité. Les Saliout, Skylab et Mir nous ont habitué à voir l'homme occuper en permanence l'espace depuis le milieu des années 1980. L'effondrement des pays du bloc de l'est, la nouvelle donne économique qui a suivit ont obliger les responsables de chaque pays à imaginer une station orbitale internationale en coopération. Ainsi est né ce concept à la fin des années 1990. Malgré des débuts difficile, ISS est aujourd'hui une réalité. Depuis 1998, les éléments de chaque pays s'assemblent au gré des lancements de navettes et de fusées Proton. Régulièrement relevés, des équipages assurent désormais une occupation permanente de l'espace circumterrestre. Imaginé comme le départ vers la conquête d'autres mondes, ISS ne sera peut être qu'un laboratoire test ou un gouffre financier pour l'humanité. Les premiers projets de station orbitale remontent aux années 1960, à la naissance de la NASA. Occupée en permanence par un équipage de dix à vingt astronautes, elle serait la base de départ à de nombreuses applications : laboratoires, observatoires astronomique, ateliers de montage, dépôts de pièces et de matériel, station-service, nœud et base de transport et de relais. De 1963 à 1966, les plans d'une station orbitale s'inspirent directement du matériel mis en œuvre pour les missions Apollo, dans le cadre du programme Post Apollo. Malheureusement les restrictions de budget font s'effondrer le doux rêve d'une station occupée en permanence par des astronautes. Récupérant le matériel délaissé d'Apollo, les américains lancent le 14 mai 1973 leur première station spatiale Skylab. De conception primaire, les trois occupations de la station montrent néanmoins que cela est possible. Avec l'ère du Space Shuttle se profile un projet encore plus ambitieux. De leur coté, les soviétiques ne sont pas en reste. En 1971, ils lancent la toute première station orbitale Saliout 1. Même si sa première occupation se termine par un drame, elle restera le départ d'une lignée de station toute plus complexe les unes des autres qui aboutiront à Mir en 1986, le premier véritable complexe orbital du monde. LES STATIONS DE REAGAN C'est le 24 janvier 1984 que le Pt Ronald Reagan
annonce son intention de construire une grande station orbitale. La NASA reçoit
l'autorisation de mettre en chantier "la station orbitale" baptisée (officieusement) Freedom (liberté). Les plans originaux prévoit que la mise en
œuvre du programme coûtera quelque 8 milliards $ et que la station sera
disponible à partir de 1992. Celle-ci est alors présentée comme une base
spatiale habitée en permanence par huit astronautes. Elle est basée sur les
travaux de Grumman (Power Tower)
composée de modules compacts associés en cluster avec deux panneaux solaires,
pour une longueur hors tout de 120 mètres. Mais ce concept est jugé dangereux pour la sécurité des
astronautes en cas d'avarie. De plus la rigidité de l'ensemble n'est pas jugée
satisfaisante. Février 1987, diverses études successives, menées par la NASA et le Conseil de la Recherche américain, rehausse l'estimation du coût de la station à 14 milliards de dollars 1984 soit 21 milliards de dollars 1987. Le doute s'installe parmi les membres du congrée sur l'utilité d'un tel projet. En mars, le Pt Reagan et la NASA tablent sur un budget de 12 milliards pour la phase 1 qui nécessitera 11 vols Shuttle. Il manque 3,4 milliards pour la structure principale et une partie des panneaux solaires. Pendant cette première période, le programme de station orbitale est la cible de nombreux conflits pendant la phase dite de définition. La NASA et l'ESA ne peuvent se mettre d'accord sur le rôle de l'Europe dans le programme, l'agence européenne ayant refusé l'interdiction du congrée d'utiliser leur module pour la recherche des matériaux. De plus l'ESA ne veut pas avoir une simple participation de 15% mais un véritable partenariat. De leur coté, les militaires US veulent avoir un accès sans limite à la station ce que la NASA et ses partenaires ont toujours refusé. Pour l'année fiscale 1988, la congrée
réduit le budget de 767 à 525 millions $. Seulement une partie sera disponible,
l'autre étant assujetti à une "cure d'amaigrissement" du programme.
En attendant les élections présidentielles US, le programme est en suspend, il
reprendra à l'élection de Georges Bush. FREEDOM Le 16 juillet 1988, le Président Reagan baptise la station du nom de Freedom (Liberté). Les accords avec les partenaires étrangers sont conclus. Les Américains s'engagent à construire l'infrastructure principale (dont les quartiers de vie de l'équipage et un module scientifique) alors que les Européens et les Japonais fourniront chacun un module pour la recherche scientifique et technologique. Quant au Canada, il concevra un système robotique spécialisé (en fait un bras robotisé) pour les travaux à l'extérieur de la station orbitale. Le projet Freedom est présenté comme la plus grande entreprise de coopération internationale jamais instituée. Il doit s'agir d'un "centre de haute technologie" opéré par des astronautes chercheurs provenant de différentes nations. La station sera "le pivot de l'exploration spatiale tout au long des prochaines décennies". Elle servira d'observatoire de la Terre et de l'Univers ainsi que de port où transiteront satellites et équipements de toute nature. Elle sera spécialisée dans les travaux scientifiques et le développement industriel. Outre la grande structure habitée, le programme comprendra une série de satellites porte-instruments placés sur différentes orbites, certains d'entre eux survoleront la surface terrestre d'un pôle à l'autre dans le but précisément d'ausculter notre monde. Fin 1989, le programme est encore modifié. De nouvelles réductions de budget, 250 millions pour l'année fiscale 1990 oblige à simplifier le système de contrôle d'attitude et les radiateurs. Les panneaux solaires sont remplacés par des générateurs solaires thermodynamiques, plus économiques mais nécessitant de nouvelles études de développement estimées à 50-100 millions $. Le premier lancement est repoussé d'un an à mars 1995. La mise opérationnelle avec un équipage est prévu pour juin 1997, la station étant terminée en février 1998. Du coté des partenaires étrangers, le lancement des modules est repoussé d'une année aussi. La puissance électrique est réduite à 30kW. La NASA développera de nouveaux scaphandres (contrat de 320 millions $) pour permettre l'assemblage et l'entretien de la station. Le programme coûte maintenant 19 milliards $. Afin d'assembler les éléments les plus lourds, le Shuttle sera doté de nouveaux boosters SRB, les Advanced SRB. Le 21 juillet 1989, le Pt Bush lance le SEI
Space Exploration Initiative à l'occasion du 20eme anniversaire du premier pas
sur la lune. Ce plan prévoit la reconquête de la lune et l'exploration de
Mars. Le rôle de la station Freedom est mis en avant comme port spatial avec
l'introduction de hangar de préparation du véhicule de transport lunaire. La
puissance électrique est augmentée par l'ajout de deux générateurs
thermodynamiques. Freedom pourra accueillir 14 astronautes dont les futurs
voyageurs vers la lune. LES ANNEES 1990 Au fil des ans, le programme va connaître encore de nombreux bouleversements, consécutif à l'augmentation successive des coûts. La facture va doubler pratiquement tous les deux ans et chaque fois, le projet diminue d'envergure et prend du retard. En 1990, le programme s'effondre sur lui même, l'augmentation des coûts atteignant 23%. On estime que 2500-3000 heures de sorties EVA seront nécessaire pour assembler la station. Le congrée demande un nouveau plan suite au coupe dans le budget de 1991 (moins 600 millions $) et les années suivantes (6 milliards $ sur 5 ans). Mars 1991, la NASA présente sa "nouvelle station" rapetissée baptisée "Fred" par les critiques. L'assemblage ne nécessitera que 23 vols Shuttle contre 29 sur le projet précédent et 500 heures d'EVA, les structures étant livrées pré-montées en orbite. Un jeu de panneaux solaires est enlevé réduisant la puissance de 75 à 56 kW. Le coût total est réduit de 1,6 milliards $. Le premier vol est programmé pour novembre 1995 avec une occupation permanente en septembre 1999. Les 4 modules d'habitation mesure 8 m de long et offrent 880 m3 en volume. Alors que le le projet de station spatiale semble être sur le point d'aboutir, il n'en reste pas moins très populaire parmi les politiciens et les scientifiques. Une nouvelle réduction du budget fait glisser le premier lancement de 4 mois en 1996 et la première occupation de 6 mois. La fin de la guerre froide a réduit les besoins en programme de défense et spatial. 1993, LA DERNIERE DONNE 1993, la nouvelle administration du Pt Clinton demande une nouvelle redéfinition du programme de station spatiale "fred" au printemps. Le but est une réduction des coûts dans le cadre de l'effort gouvernemental d'économies visant à réduire les dépenses publiques de 253 milliards $ en 4 ans. La station est réaménagée sur le même budget, 2,3 milliards pour 1994, puis 1,8 milliards pour les années suivantes. Elle sera "plus petite et moins chère". En 10 ans, la station a déjà coûté 8 milliards $ en études avec un lancement sans cesse repoussé de 1992 à 1996. Dans les cartons de l'agence, Freedom est une station de 180 tonnes occupée par 4 astronautes dans 4 modules pressurisés amarrés à une poutre de 100 m. La NASA a trois mois pour proposer un nouveau projet. Les russes ainsi que le Japon, l'Europe et le Canada sont invités à s'associer au projet. Trois options sont en course. L'Option A qui nécessitera 16 vols Shuttle, réduira la taille de la station considérablement par rapport à la configuration de base dite "phase D", mais assurera la livraison des modules de tous les partenaires, Europe, japon et Canada. L'option B reprend la station Freedom avec un segment de structure en moins. Elle nécessitera 32 vols Shuttle. L'option C réduit la partie américaine en utilisant comme corps central le fuselage modifié de l'Orbiter Columbia et 10 vols pour livrés les composants des partenaires. toutes ses options dépassent les 9 milliards $ de budget alloué. Le 7 juin, la NASA soumet trois options. L'option "A" est basée sur du matériel éprouvé et comporte des systèmes développés pour Freedom. L'option "B" reprend la station "fred" de 1991 avec sa structure de base. La dernière option est en fait une station cylindrique de 28 m de long et 7 m de diamètre lancée tout en un par le Shuttle C. Le 17 juin, la Maison Blanche retient l'option "A" avec des éléments de la "B". La station disposera de trois modules pressurisés (USA, Europe et Japon) et de vaisseaux de sauvetage de type Soyouz. Le coût sera de 16,5 milliards $ avec un budget de 2,1 milliards $ par an. Le nouveau projet ne prévoit plus qu'un seul maître d'oeuvre industriel et un seul centre de programme. Il devra être "fignolé" dans les trois mois par la NASA notamment sur la participation des russes. Le 24 juin, la chambre des représentants sauve le projet avec le vote du budget de la NASA pour 1994 et 1995. La station devient la station "Alpha".
Boeing est nommé contractant principal au mois d'août. En septembre, le projet est finalisé. La Russie devient un partenaire comme l'Europe, le Japon et le Canada. L'administration US pense qu'il sera préférable d'occuper les ingénieurs et techniciens russes dans des projets industriels avec les américains que de développer des missiles et autres véhicules pour les autres nations. La venue de la Russie va aussi donner de l'oxygène dans le budget. Ils ont une logue expérience dans le spatial et dans le développement des stations spatiales, comme avec le projet MIR 2. La Russie fera ainsi économiser 2 milliards $ aux américains. Elle apportera 25% de matériels en plus et 42 kW de puissance électrique supplémentaires. Un accord préliminaire est signé entre le vice
président américain Al Gore et le premier ministre russe Viktor Chernomyrdin, le
2 septembre,
la Russie payera 2,5 des 7 milliards $. Trois phases sont définies. La
première permettra de réaliser des vols de préparation avec échange
d'astronautes entre le Shuttle et la station russe MIR entre 1995 et 1997 (10
vols programmés). La
phase 2 permettra de commencer la construction de la station dès 1998. La
dernière phase terminera la station en 2002. DE MIR 2 VERS ISS Le premier meeting de l'équipe
internationale se tient le 24 mars 1994 avec Boeing et ses sous traitants. En
juin, Al Gore et Chernomyrdin signent l'accord de coopération pour construire
la station internationale Alpha. En réponse aux critiques des membres du
congrée US, qui doutaient que les russes soient capable de livrer leur matériel
en temps voulu, Chernomyrdin leur déclare que la Russie sera capable de pousser
le projet même si la NASA se retire !
1994 En avril, la Canada réduit sa participation, en limitant l'utilisation de son bras robot pour assembler la station. En juin, le module centrifugeuse CAM est ajouté au programme. Prévu sur Freedom, il a été enlevé dans les premiers projets. Dans l'été, il apparaît que les russes auront des problèmes financiers pour construire les deux modules centraux de la station. La NASA propose d'aider financièrement la réalisation du premier, le FGB, (Functional Energy Block). La fabrication du modèle structurel du Node 1 est retardé par des défauts dans les soudures. La première occupation est repoussé de 6 mois à novembre 1998, sans décaler le début de l'assemblage prévu en décembre 1997 (révision A). Le US Lab sera installé en novembre 1998, suivit du module européen en janvier 2001. En octobre, Lockheed et Khrunichev
signent l'accord pour la construction du module FGB d'ici septembre 1995. C'est
un module de 23 tonnes dérivé du Krystall de la station MIR. Il mesure 13 m de
long et offre 55 m3 de volume habitable. Deux panneaux solaires assurent
l'énergie électrique de 6 kW. Pour les amarrages, il est équipé de 4 pièces
de jonction APAS 89, trois à l'avant dont deux radiales et une à l'arrière. A
l'arrière se joindra MIR 2 et à l'avant le Node 1 US. La séquence d'assemblage prévoit 44 vols d'ici juillet 2002 pour assembler ISS, dont 27 vols américains, 15 russes et 2 vols européens. 1995 La NASA confirme Boeing comme contractant principal d'Alpha pour un montant de 5,6 milliards $ jusqu'en 2003. Ce dernier passe ses premiers contrats de sous traitant. Lockheed qui est associé avec Khrunichev sur le lanceur Proton achète le module FGB pour 215 millions $. Khrunichev construit aussi le module de service SM (MIR 2) sous contrat avec l'agence spatiale russe RSA. Les modules européens et japonais sont eux développés sous la responsabilité de leur propres industriels. Le module européen COF sera lui retardé suite aux baisses de crédit sur les vols habités à l'ESA. L'Europe devrait aussi fournir des cargos ravitailleurs ATV, lancés par Ariane 5. L'assemblage d'Alpha nécessitera 29 vols Shuttle et 44 lancements russes. Le coût global pour la NASA est estimé à 72 milliards $ depuis 1984 (12 milliards depuis 1984 sur Freedom, 17 milliards sur Alpha de 1994 à 2002, 13 milliards pour la phase d'exploitation et 29 milliards pour les vols STS). Pour les russes, le coût est de 10 milliards $ dont 3 pour l'assemblage, le reste pour l'exploitation. Pour les européens, le COF et l'ATV devraient coûter 16 milliards de FF. Enfin le Japon devrait investir 15 milliards de FF pour le JEM, le Canada 900 millions pour le bras robotique et l'Italie 300 millions pour les MPLM. Un premier plan de révision
d'assemblage est proposé sans de changement majeur. Le calendrier prévoit de lancer le FGB en novembre
1997, le module de service en janvier 1998, le module US Lab en novembre
1998, le bras canadien en décembre 1998 et le module japonais JEM en mars 2000.
La plateforme énergétique est repoussé à début 1999. L'Europe s'engage officiellement dans la station à l'issue de la réunion des membres de l'ESA à Toulouse fin octobre. Après 4 ans d'incertitude, l'ESA a donné son feu vert pour le module COF et l'ATV. L'ATV avait été proposé à la fin des années 1980 pour la station Freedom avec le même rôle logistique que les Progress russe (rehausse d'orbite, livraison de fret et poubelle). L'ATV sera équipé d'un système de jonction pouvant accoster les module russe. l'ATV sera lancé par le lanceur européen Ariane 5 en cours de développement à partir de 2002. 9 ATV seront construit par l'ESA. L'agence spatiale japonais NASDA développera un véhicule similaire le HTV H-2 Transfer Vehicle qui ne s'amarrera pas automatiquement à ISS mais sera agripper par le bras de la station SS RMS et attaché aux modules US. Il transportera des racks aux formats ISPR. Le HTV ne fera pas de rehausse d'orbite. Deux HTV seront lancé vers ISS par an, dès 2001. Le fait que chaque agence développe son propre véhicule logistique est de ne pas devenir dépendant des Shuttle US. L'agence spatiale européenne est aussi intéressé pour développer avec la NASA le Crew Return Vehicle CRV. A la fin de l'année, les
problèmes financier de la Russie l'oblige à annuler le Docking & Stowage
Module SSM. Le module Universal Docking Module (UDM) est retardé de deux ans. En dépit
de ses engagements, la
RSA déclare ne pas posséder les fonds nécessaire à la construction du module
de service. La NASA envisage de développer le Control Module pour le remplacer.
Le dilemme en fait est que les russes veulent en parallèle
continuer le développement de leur station MIR, alors que les américains
préféreraient qu'elle soit désorbitée. Des retards de deux ans sont
annoncés sur la fabrication des modules support-vie et de recherche. En novembre, les russes proposent
d'amarrer les modules Spectr et Priorda à la nouvelle station. Le 11
décembre, revirement de situation, les russes annoncent qu'il amarreront le
module de service à l'avant de MIR ! Comme compromis, la NASA demande à ce que
la phase 1 soit étendue en 1998 en ajoutant deux missions Shuttle-MIR,
l'assemblage devant toujours commencer fin 1997. Afin d'économiser des fonds
sur les lanceurs proton, la NASA propose aussi de lancer le SPP, la plateforme
solaire russe avec le Shuttle. En
échange, Rosaviacosmos développera un nouveau Soyouz, le TMA, A pour
Anthropometrique, qui permettra d'embarquer des astronautes de plus grande
taille. Le nouveau vaisseau Progress
M2, dérivé du M1 utilisé sur MIR lancera des panneaux solaire supplémentaire
au module Zvezda après l'envoie du sas Pirs. Il enverra également la perche
Strela qui sera installé sur Pirs. Télescopique sur 10 m elle servira aux
cosmonautes lors des EVA pour se rendre à différents endroits de la station. 1996 La NASA refuse les propositions des russes sur l'utilisation de la station MIR avec ISS. Les raisons principales sont d'ordre technique et politique (la NASA n'acceptera jamais de laisser la domination de la station aux russes). En échange, il est proposé d'ajouter deux vols Shuttle-MIR supplémentaires aux neuf prévus. Il est plus "facile" pour la NASA de continuer à payer les russes pour la fabrication du module de service. Du coté US, le Node 1 prend du retard (plus 100 millions $), mais son lancement n'est pas compromis. Les modifications retarderont le lancement du Node 2 de 6 mois. Rosaviacosmos informe la NASA qu'elle ne pourra pas utiliser les lanceurs Zenith pour lancer les éléments d'ISS car avec l'éclatement de l'URSS, l'Ukraine est devenu une république indépendante et fait payer ses lanceurs aux russes. Ces derniers ne veulent pas être dépendant de l'Ukraine. Rosaviacosmos utilisera ses lanceurs Soyouz et Proton et continuera le développement de ses lanceurs Soyouz 2 (Onega) et Angara. L'abandon du Zenith annule le développement du Progress M2. pour le remplacer, la Russie étudie un module basé sur le Logistics Transfer Vehicle (LTV), dérivé des Zarya lancés vers Saliout et MIR. En parallèle à la fabriquant du module Zarya, les russes ont fabriqué un module de secours le FGB 2 qui pourra être transformer en LTV. l'annulation du Progress M2 annule aussi les panneaux solaire additionnel sur Zvezda et la perche Strela. En mai, le gouvernement russe donne 260 millions $ à Khrunichev pour la poursuite de la construction de Zwezda. L'équipage de la première mission d'occupation d'ISS est nommé. L'astronaute américain William Shepard en sera le commandant et le russe Sergei Krikalev le Flight Engineer. Le nom du 3eme homme n'est pas révélé. Le commandement de la station sera en alternance américain et russe. Le 11 juin, un accord russo-américain prévoit la fourniture par la Russie de 11 vaisseau Soyouz TM pour les rotations d'équipage, les américains augmentant le nombre de vols Shuttle de 6 à 11. L'échec du premier vol d'Ariane 5 met le doute sur le lancement dans les temps du module Columbus. Des négociations sont lancées avec la NASA pour le lancer avec le Shuttle. Les discutions sur l'expérience AMS Alpha Magnetic Spectrometer sont en cours entre les USA, la Finlande, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Russie, la Chine, la Roumanie, l'Espace, la Suisse, le Portugal et la Corée du Sud. L'expérience sera installé sur la structure extérieure de la station. AMS 1 volera sur STS 91 en 1998. Dans l'été 1996, un nouvel accord est signé. La station spatiale ne s'appellera plus "Alpha" mais ISS, International Space Station. La capacité de lancement des russes étant en déclin, il devient clair que c'est le Shuttle qui assurera la majeure partie des missions d'assemblage. Le choix d'une orbite inclinée à 51° n'avantage pas le lanceur US, qui voit ainsi ces capacité se réduire pour mettre en orbite les modules entièrement équipés. Dans le projet "Freedom" la NASA avait proposé de développer un mini cargo module logistique qui n'avait pas été retenu dans l'option "A". La décision de l'Italie de construire ce module logistique ravit la NASA qui en échange de trois unités de vol livrera un module "sciences de la vie "équipé d'une centrifugeuse, selon son principe "pas d'échange de fonts". Les Orbiters Atlantis Discovery et Endeavour seront modifiés pour assembler la station, Columbia étant trop "lourde" pour emporter des charges lourde. Un nouveau réservoir extérieur sera aussi développé afin d'augmenter la capacité en orbite. Par contre le concept de booster avancé, étudié en 1987 a été annulé. Novembre, nouvelle révision de la séquence d'assemblage. Le lancement du COF européen est repoussé de 18 mois et terminera l'assemblage en 2003.
Le 3eme homme d'équipage de l'expédition 1, premier équipage d'occupation d'ISS est annoncé. Anatoliy Solovyov (16 EVA) accompagnera Shepard et Krykaliev. Mais quelques temps après, il est remplacé par Yuri Gidzenko. La raison évoquée: Solovyov préfère voler sur MIR. 1997, NOUVEAUX RETARDS La nouvelle tombe le 24 février. A la suite de problèmes financiers, le démarrage de l'assemblage d'ISS est repoussé de 6 mois. Le lancement du FGB prévu en novembre sera lancé en juin 1998 et celui du SM d'avril à décembre 1998. Quelques jours avant, il était prévu que le gouvernement russe débloque 100 millions $ puis 250 en fin d'année pour respecter ses engagements sur ISS. Par précaution, la NASA annonce que si le module n'est pas lancé fin 1998, c'est l'étage ICM qui sera lancé par le Shuttle. Dans le cas contraire, les deux vols Shuttle seront utiliser pour lancer d'autres élements comme des panneaux solaire supplémentaires. Deux autres vols sont rajoutés au calendrier pour lancer le CAM et la coupole et un jeu de panneau solaire. Le développement du LTV russe est annulé, ce seront les Progress Met M1 qui seront utilisé pour ravitailler ISS à raison de 3 à 5 vols par an au lieu de 2. La construction de ces vaisseaux handicape une fois de plus les russes dans la fourniture des éléments pour la station. Un second module de jonction est ajouté. Le premier Pirs DC1 devient un simple module temporaire qui sera remplacé par le DC2 un an après. Rosaviacosmos décide non seulement de retarder le module DSM mais d'en livrer deux à ISS. La RKA double le nombre de modules support-vie LSM, mais élimine le 3eme module de recherche. La NASA et l'ESA lanceront le module Columbus en mars 1997 à bord du Shuttle. En échange, l'agence européenne construira le Node 2 et 3. Ils seront basés sur le même concept que les modules MPLM construits en Italie. Le deal prévoit aussi d'autres droit pour l'ESA. Le Node 3 servira aussi de module d'habitation pour un équipage de 6-7 astronautes lorsque le CTV sera opérationnel. L'ESA voudrait s'associer à la NASA pour le construire depuis l'abandon d'Hermès en 1995. En mai, le calendrier d'assemblage est entièrement remanié (révision C). La NASA a décidé de modifier le FGB pour qu'il puisse être ravitailler en vol par les Progress M et que le Soyouz TM puisse s'y amarrer au cas ou le SM ne serait pas disponible dans les délais. Deux vols Shuttle ont été ajouté pour embarquer l'ICM. Afin de prévenir un problème dans la fourniture des lanceurs Zemiorka chargés de lancer les Progress ravitailleur, la NASA prévoit d'ajouter le ICM sur une mission STS en octobre 1999. Enfin, pour s'assurer que le module laboratoire US Lab sera convenablement alimenté en énergie électrique, une poutre provisoire (ITS Integrated Truss Structure) Z1 sera amenée équipée d'une paire de panneaux solaires. Le US Lab sera lui aussi modifié pour assurer l'occupation de la station en absence du SM. La station pourra être exploité avec les modules FGB, Node 1, US Lab et Soyouz TM. Un vol STS est planifié pour lancer l'ICM en dernier recours. Le premier équipage sera lancé en janvier 1999. A partir de 2002, l'occupation de la station passera 7 astronautes. Toutes ses modifications seront couvertes par la NASA (150 millions $ pour l'ICM plus les vols STS supplémentaires), et la Russie (800 millions pour cette année).
Les 4 premiers équipages sont
nommés: Dans l'été, la Russie et l'Ukraine signent un accord pour développer le module de recherche, un nouveau segment pour ISS. En échange, la Russie fera voler un astronaute Ukrainien dans un Soyouz. Octobre, le Brésil se joint à ISS. La Brazilian Space Agency (AEB - Agéncia Espacial Brasileiria) développera une palette pour les expériences appelé EXPRESS Expedite the Processing of Experiments to Space Station qui seront exposé sur une structure d'ISS. Le Brésil développera aussi deux racks ISPR pour le module US Lab (le Technological Experiment Facility et le Window Observational Research Facility Block 2). En échange, la NASA permettra à un astronaute brésilien de voler dans le Shuttle, lancera 160 kg de charges utiles et permettra d'utiliser 0,5% du temps disponible sur ISS.
A l'automne, la NASA admet que l'assemblage d'ISS ne sera pas terminée
avant décembre 2003 soit avec 18 mois de retard. Une rallonge budgétaire est
demandée. ISS coûte maintenant 23 milliards $, soit 4 milliards de plus que les
17 prévus. Le lancement des modules étrangers est aussi repoussé. Le
COF ne sera lancé qu'en octobre 2002 et le JEM en mai 2001. Les russes devront
fournir en plus des modules, 11 Soyouz et 31 Progress de 1999 à 2003 (3 et 6 en
1999, 2 et 5 en 2000, 2 et 7 en 2001, 2 et 7 en 2002 et 2 et 6 en 2003). La NASA demande à un groupe d'architecte d'étudier un module d'habitation gonflable pour ISS. Baptisé TransHab, il voit ses origines dans des études sur des projets martien au début des années 1990. Plus léger, constitué de couches de Kevlar et de joint en céramique Nextel, il offrira une alternative aux modules pressurisé métalliques. Il pourrait remplacer le US Ahb en développement par l'agence US. La station spatiale internationale ISS est un "mélange" de Freedom et de MIR 2, capable d'accueillir 6 astronautes. Elle reprend le module US Lab et les Node des précédents projets. La puissance électrique est augmentée avec 8 grands panneaux solaires (110 kWh). La masse une fois terminée sera de 370 tonnes pour une longueur de 104 m sur 75. . Elle sera habité dès le début de son assemblage lorsque les modules russes FGB et SM seront assemblés. ISS est constitué de six grands modules habitables, d'une douzaines de modules d'utilité, d'une série de panneaux solaires et de radiateurs, et du système robotique canadien. Placé en orbite à 407 km d' altitude, son inclinaison sur le plan de l' équateur à 51,6° permet les lancements depuis la Russie. Les modules sont réalisés en alliage d'aluminium extrêmement résistant et léger, les parois des modules occidentaux sont aussi minces que le cylindre d'une canette de boisson gazeuse. En dimension, ces modules ressemblent d'ailleurs beaucoup à une canette... en cent fois plus grosses. L'atmosphère à l'intérieur des modules est composée d'oxygène et d'azote sous 101,36 kilopascals (14,7 psi) de pression (comme ici sur la surface de la terrestre). Le volume habitable de 1 200 mètres cubes équivaudra à un logement de 20 x 24 mètres.
|