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CHRONOLOGIE APOLLO

1968

1968, l' Amérique vit l' euphorie de la course à la lune, avec 6 missions programmées pour cette année : 
_ AS 204, test du LM 1 en orbite, Apollo 5 ; 
_ AS 502, second vol de Saturn 5, Apollo 6 avec CM 020 SM 014, activation de la HB 3 du VAB, du LUT 2 et de la Firing Room 2; 
_ AS 503, troisième vol Saturn 5 avec CSM, Apollo 8 ; 
_ AS 206, second vol du LM ; 
_ AS 205, premier vol habité de 10 jours pour qualifier le CSM 101 depuis le LC 34, Apollo 7 ; 
_ AS 504, premier vol habité de Saturn 5 avec un CSM et un LM et arrimage des deux, Apollo 9 ;

Malheureusement le budget de la NASA a été adjugée à 4 721 000 000 $ au lieu des 5 100 000 000 $ espéré. Pour l' administration Johnson seule compte désormais la guerre du Vietnam. Les 400 000 000 $ manquant vont suffire à licencier 50 000 personnes. La NASA compte 35 000 employés, mais l' effectif réel est de 380 000 personnes réparties en 25 000 sociétés qui travaillent pour l' agence et le programme à plein temps. (Au printemps, l' effectif de la NASA est tombé à 240 000 personnes réparties en 15 000 sociétés. 5000 licenciements par mois pour toute l' année fiscale 1968).

Janvier, la dernière sonde Surveyor est lancé et atterrit sur le sol lunaire. Depuis mai 1966, 7 Surveyor ont tenté de se poser sur la lune, 2 seulement ayant échoués (Surveyor 2 et 4). Le programme Surveyor clôt l' envoie de sondes automatique sur notre satellite pour les Américains. 29 engins ont été envoyé avec 45% de succès (les soviétiques comptent 31 sondes avec 29% de succès).

Le 17 janvier, la NASA repousse le lancement du vol AS204 Apollo 5 au 22 janvier afin de terminer des opérations au sol avec le lanceur comme le chargement des ergols hypergoliques. La date est assujettit à la bonne marche du "Countdown Demonstration Test" du 19. Le booster, initialement prévu pour le vol habité Apollo 1 a été déplacé du LC34 au 37B.

APOLLO 5

Le LM 1 est installé sur le lanceur AS 204 à la fin de 1967, avec plusieurs mois de retards du à des fuites sur l' étage de remonté. Apollo 5 décolle du pad 37 B le 22 janvier peu avant 6 heure du soir. Le S4B met le LM en orbite à 961 km où il effectue 4 révolutions. Après séparation avec le S4B, le LM est testé en allumant le moteur de l' étage de descente.
Le HQ de la NASA avait proposé d'utiliser l'idée du MSC de Houston le "LEM Enclosure" pour protéger le module lunaire sur l'étage S4B du Saturn 1B 204. Ce LEM enclosure est en fait un SLA avec un cône au sommet. La décision fut motivée afin de réduire les changements d'interfaces entre le sol et le vaisseau.

LE MODULE LUNAIRE LM

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En ce début d'année, les équipes sol du KSC testent avec le LUT 3 sur le pad 39B le "slide wire" système de tyrolienne capable d'embarquer les astronautes et les équipes de lancement du sommet du LUT jusqu'au sol à distance garantissant leur survie en cas d'anomalie sur le pad. Plusieurs mannequins font ainsi la traversée. le LUT 3 sera ensuite ramener dans le VAB pour finition et la préparation d'Apollo 10.

6 février, VAB baie 1, après un dernier test sur les bras d' alimentation de la tour de lancement, le rollout de Saturn 502 Apollo 6 peut avoir lieu finalement. Le transport vers le Pad 39A se fait sous un ciel nuageux. Après un arrêt du à un orage qui coupe les liaisons avec le centre de contrôle, le voyage reprend sous la pluie et se termine en soirée vers 19 h, la pluie ayant cessée. La tour de service MSS n' est déplacé que deux jours après, à cause du vent.

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Avant la fin du mois de février 1968, quelques 18 astronautes se retrouvent au JSC et au KSC pour des exercices dans le bâtiment d' entraînement des équipages de vol. Parmi eux, l' équipage principal et de secours des deux premiers vols habités Apollo. A bord de simulateurs, ils simulent les procédures d' urgence et apprennent le fonctionnement de tous les aspects de leur vaisseau spatial. Les simulateurs sont de véritables copies des vaisseaux Apollo, avec tous l' intérieur, les commandes, les interrupteurs, les alarmes, les cadrans et les manettes. Chaque simulateur comportent un instructeur station, une équipe station, des ordinateurs et des projecteurs qui simulent les différentes étapes du vol. A l' intérieur, les astronautes peuvent apercevoir à travers les hublots, grâce à des fibres optiques des scènes du ciel, de l' espace, les étoiles pour les simulations de rendez vous orbital avec visualisation des trajectoires et des cibles. Deux ans plus tard, un autre simulateur sera joint, celui permettant d' atterrir sur la lune (plusieurs personnalité en visite au KSC, l' utiliseront comme le Pt français Pompidou et le chancelier allemand Brandt).

Centrifugeuse

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Salle des simulateurs Houston (K Teague)

Pendant que les astronautes s' entraînent dans les simulateurs, les équipage des premiers vols préparent les deux chambres d' altitude dans le Manned Spacecraft Operation Building, juste à coté. Une des chambre sert pour le CSM, l' autre pour le LM. Le programme comprend un test au niveau de la mer, avec l' équipage à bord ,un test en altitude sans et deux tests en altitude avec, un avec l' équipage principal Schirra, Cunningham et Eisele, l' autre avec l' équipage de secours Stafford, Young, et Cernan. Durant les 90 jours précédents leur vol, les astronautes vivent en permanence au quartier des équipages au quatrième étage du building MSOB, équipé avec des appartements pour trois hommes, comprenant petit gymnase, salon et cuisine.

   

Simulateur LM et CM

Le 28 mars, le S1B AS 205 arrive au Cape Canaveral pour être hissé sur le pad 34. Il sera placé sur le pad 34 en avril.

APOLLO 6

La revue d' aptitude a lieu le 8 mars, pour un lancement le 28. Des problèmes mineurs décalent à nouveau le lancement au 1 avril, puis au 3. Finalement, Saturn 502 Apollo 6 décolle le 4 avril, à 7 h 00 mn du matin locale par un temps chaud et humide avec des nuages éparpillés.

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Si le vol 501 s' est déroulé sans problèmes, ce n' est pas le cas pour le 502. A la fin du vol propulsé du S1C, le lanceur est pris de sévères oscillations longitudinales. Ces vibrations, le fameux effet POGO, se sont produites 30 secondes après avoir passer le niveau de pression maximal, le Max Q à environ T+ 110, à 140 secondes. Ses conséquences sont l' application de charges énormes sur le vaisseau spatial. Simultanément, l' adaptateur du LM subit quelques ennuis. Réalisé en nid d' abeille d' aluminium, cette structure tronconique protège le module durant l' ascension et se connecte au niveau du module de service. A T+ 133 secondes, des morceaux s' en détachent sans compromettre malgré tout la mission. Le S1C se détache et le S2 prend le relais. Entre T+ 206 et T+ 319 secondes, les performances du moteur n° 2 fluctuent. A T + 408 secondes, le moteur 1 s' éteint et deux secondes après le n° 3. Le système de contrôle commande alors aux autres moteurs de fonctionner 58 secondes de plus que la normale, ce qui a pour résultat une déviation de l' étage obligeant le S4B a fonctionné 29 secondes de plus. Les 2740 points de mesure enregistrés durant le vol vont être dépouillés par les ingénieurs du centre Marshall. Les caméras récupérées confirment la bonne séparation du premier étage avec le second. Malgré tout ces problèmes, la mise en orbite peut avoir lieu. Le S4B refuse de se rallumer, c' est le moteur du module de service, SPS qui se charge d' amener le CM 020 à 22209 km d' altitude, avant d' entamer sa rentrée dans l' atmosphère (le moteur SPS sera allumé 8 fois de une seconde à plus d' une minute). L'étage S4B se brise sur orbite le 5 avril.

   

Récupération du CM Apollo 6 dans l'océan Pacifique à 21h 56 TU, soit près de 12 heures après son envol. Contrairement aux autres mission, la cabine a amerrit avec un écart assez considérable (400 km) ce qui a nécessité le déplacement de tous les moyens navals du dispositif de récupération, le porte avion "Okinawa". L'abordage s'est fait avec quelques heures de retard, les hommes grenouilles trouvant une cabine tête en dessous. Des ballons sont alors gonflés pour la redresser. plus tard, d'autres CM amerriront la tête en bas (Apollo 7,8, 11, 12 et 16)

Quelques semaines après le vol, des solutions sont apportées. Pour éviter l' effet POGO sur le S1C, les techniciens installent des amortisseurs sur les propulseurs du S2. Le problème sur l' adaptateur du LM est due apparemment à un défaut de fabrication. Le problème sur les moteurs du S2 est plus grave. Après des recherches, on trouva un défaut de conception dans une conduite d' alimentation à hydrogène liquide. Lors des essais au sol, de la glace se forme sur la conduite, ce qui amortissent les vibrations. Mais dans l' espace, aucune glace se forme et la conduite vibre, ce qui fini par la détruire. Une nouvelle conduite est réalisée, avec un nouveau dessin pour amortir les vibrations. Toutes ces mesures sont approuvées et répercutées sur le lanceur Saturn 503. 

Mai, la NASA n'a pas pris de décision de faire de la mission Apollo 7 un vol automatique sans équipage. Le BP30 mis en place sur le Saturn 5 AS203 a été retiré pour modifications. La livraison du premier CM habité prévu le 17 avril a été retardé. Le roll out du AS503 a été également retardé. Si Apollo 8, AS 208 est la première mission habité, elle pourra avoir lieu à l'automne après livraison du CSM et la qualification des stations de poursuite au sol.

Le 6 mai, le LLRV n° 1 s' écrase au sol à Ellington AFB. Ce véhicule ressemblant à une sauterelle est  destiné à l' entraînement des astronautes pour l' alunissage. Il est piloté par l' astronaute Armstrong. Ce dernier s' éjecte à temps. 
Mai, les problèmes de moteur sur l' étage de monté du LM sont résolus par Rocketdyne.

Juin, pour la première fois le bâtiment d' assemblage VAB accueille les trois Mobil Launcher en même temps. Le planning du milieu de l' année dernière est un peu chamboulé, les travaux au centre ayant pris du retard. Le ML 1 supportera le lanceur Saturn 503 assemblé dans la baie n° 1 et le ML 2 Saturn 504 dans la baie n° 3. Le ML 3 sera opérationnel en novembre prochain pour assembler le Saturn 505 dans la baie n° 2, qui sera lancé du LC 39 B en 1969 puisque le Saturn 500 F 2 a été annulé.

Planning d' utilisation du matériel Apollo :

Apollo 7   SA-205 (IB) CSM-101 
Apollo 8   SA-503        CSM-103    LTA-B 
Apollo 9   SA-504        CSM-104     LM-3 
Apollo 10 SA-505        CSM-106     LM-4, premier débarquement lunaire possible 
Apollo 11 SA-506        CSM-107     LM-5 
Apollo 12 SA-507        CSM-108     LM-6 
Apollo 13 SA-508        CSM-109     LM-7 
Apollo 14 SA-509        CSM-110     LM-8 
Apollo 15 SA-510        CSM-111     LM-9 
Apollo 16 SA-511        CSM-112     LM-10 
Apollo 17 SA-512        CSM-113     LM-11 
Apollo 18 SA-513        CSM-114     LM-12 
Apollo 19 SA-514        CSM-115     LM-13 
Apollo 20 SA-515        CSM-115 A LM-14 

Le CSM-102 sert pour les vérification sur le pad 
Le CSM-105 est retiré de la chaîne de vol pour des tests acoustiques 
Le LM-15 devient un modèle de test mais il sera probablement annulé

Programme Post Apollo AAP CSM 116 à 119. Saturn 1B SA 206 à 212.

Le 16 juin, début de la mission Apollo 2TV1 au centre de Houston. Joe Kerwin accompagné de Vance Brand  et de Joe Engle vêtu de leur nouveau scaphandre, modifié après Apollo 1, le AL 6 pénètre dans la chambre A du simulateur de vide spatial et s'installent dans le CSM pour une simulation réelle d' un véritable vol en, gravité terrestre. Les 177 heures de simulation permettent de réaliser un véritable vol vers la lune en "bras de chemise", leur vaisseau simulant une lente rotation façon "barbecue" afin que toute ses faces soit chauffé par le soleil pareillement. Le 24 juin l' équipage sort du SES en pleine forme. Trois autres tests sont réalisé en juillet, août et septembre.
Auparavant, le
27 mai les astronautes Irwin et Gibson avaient réalisé un tests similaire dans la seconde chambre de simulation du centre de Houston avec une maquette du Lm, le LTA 8. Ils réalisent 12 heures de simulation testant les nouveaux scaphandres AL 7 qui seront utilisés pour la véritable marche lunaire. 
Fin mai, un second tests permet de simuler l' allumage des moteurs de de l' étage de monté et de descente du LM comme pour la mission Apollo 9. Un troisième et quatrième tests ont lieu quelques jours plus tard avec l'équipage de réserve. 

LA MISSION 2TV1 LTA 8

 

APOLLO 7 

 

Originellement prévu pour 1966, le vol Apollo 7, première mission habitée du programme, est donc retardé de 20 mois à cause de l' incendie de 1967 et de ses répercussions. A la mi 1967, la NASA qui se bat pour se sortir du désastre, prévoit une mission pour mars 1968. A la veille d' Apollo 501, elle prévoit le vol pour octobre 1968. Si Apollo 5 avec un LM à bord se passe bien, le vol pourra être avancé à juillet. Apollo 5 réalise ses objectifs, mais les modifications sur le CSM retardent la livraison de ce dernier au KSC de deux mois, le 30 mai, trois semaines après que le lanceur Saturn 1B est été érigé sur le Pad 34. Prévu pour le 3 juin, ces opérations sont planifiées pour le 19 juillet avec un lancement à la mi septembre. Les astronautes et les techniciens en profitent pour finaliser les tests en chambre à vide, et sur le Pad à valider le système d' évacuation d' urgence à l' aide de mannequins, puis avec des hommes ensuite. Le système est opérationnel pour Apollo 7. Début août 1968, on révise le calendrier, avec l' érection du vaisseau spatial le 10, le CDT, simulation de compte à rebours pour le 11 septembre et le lancement pour le 7 octobre.

Mise en place du SLA 5, récupéré du lanceur AS204 Apollo 1 et du SM d'Apollo 7 le 17 avril. Le 21, une fuite d'azote sur le module de commande factice endommage le SLA du lanceur et le pad.

Test du bras d'accès de l'équipage du LC34

   

Juin 1968, alors que les 2 premiers étages du AS205 sont sur le pad 34, apparait une photo montrant la partie haute du lanceur uniquement avec le SLA-5A, prise  le 27 juin. L'autre photo du 30 juillet montre la partie haute avec le BP30, ex BP18 utilisé pour des essais de qualification de structure.

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Préparation du CSM 101, mise en place du S1B et du CSM-SLA5A le 9 aout sur le LC34. Suite à la fuite d'azote d'avril, le SLA a du être modifié. Des petits hublots et des lumières ont ainsi été rajoutés sur la haut de la structure.

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Le compte à rebours débute à 2 h 34 mn pm le 10 octobre 1968, avec un lancement prévu le lendemain à 11 h 00. Le lancement a lieu le 11 octobre 1968 à 11 h 02 mn 45am EST du LC 34 du KSC, sous un soleil radieux, une chaleur tempérée par une plaisante brise. Dés que Saturn 1B dépasse la tour de lancement, c' est le centre de contrôle de Houston qui prend le relais, avec ses 3 directeurs de vol Lunney, Kranz et Griffin.

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Le premier étage fonctionne durant 2 mn 25. Le S4B brûle ses 5 mn 54 s de carburant et au bout de 9 mn le CSM Apollo est sur orbite à 224 x 295 km malgré quelques vibrations ressenties par l' équipage. Le but de la mission Apollo 7 est simple, tester les performances du nouveau CSM Block 2 avec un équipage à bord, finaliser les relations avec le sol, l' équipage, et le vaisseau spatial durant un vol habité et enfin tester les capacités pour les rendez vous en orbite.

Le CSM se détache du S4B, celui ci s' ouvrant en 4 pétales, découvrant une cible virtuelle simulant le LM. Après une rotation de 180°, il simule un arrimage. Cunningham signale au sol que l' un des 4 pétales du S4B ne sait pas complètement ouvert, ressemblant à l' étage Agéna du vol Gemini 9. Le problème sera résolu sur les prochains vols, par l' utilisation d' attaches explosives et de ressorts écartant les pétales loin de l' étage. Le lendemain, Schirra réalisera une autre simulation d' arrimage, alors que les 2 engins seront éloignés de 128 km. Il s' en approchera à 21 cm.

Le moteur SPS du SM, qui sera utilisé pour rentrer et sortir de l' orbite lunaire, fonctionne à la perfection durant les 10 jours de mission, étant allumé et éteint 8 fois ( de quelques seconde à 1 mn 07 ).

Des petits problèmes seront à signaler: 
__ une des trois piles à combustible qui chauffe; 
__ bruit des ventilateurs de la "clim"; 
__ de la suie sur un des hublots de la cabine, due au largage de l' extracteur et de la condensation sur un autre (problème de joint); 
__ les eaux usées ont quelque peu brouillées les observations avec le système de navigation; 
__ il fait froid dans la cabine; 
__ les batteries du CM qui prennent le relais pour la rentrée ne fournissent que 50 à 75 % de la puissance demandée; 
Les 3 astronautes ont ainsi testé le système pour le stockage des eaux usées et matières solides, malgré l' odeur qui s' en dégageait. Les hublots de la cabine ont été déclarés bon et assez grand offrant une bonne visibilité pour les rendez vous et les photographies. Au cours de ce vol sera réalisée la première émission de TV en direct de l' espace, expérience qui sera programmée pour les prochains vols; Le CM amerrit après 163 orbites dans l' Atlantique au Sud des Bermudes, à 2 km du point prévu par 27°32 N et 64° 4 O à 11 h 11 mn. La cabine se retourne et ne peut plus émettre sa position. durant un demi heur, l' équipage attendra l' équipe de récupération la tète en bas. L' équipage est sur le USS Essex à 8 h 20 mn am EST, la cabine étant sur le pont à 9 h 03 mn.

Ce vol a permis de qualifier le nouveau CSM Apollo (en l' occurrence le 101) plus de un an et demi après l' accident d' Apollo 4. Ce vol marque aussi la fin de l' utilisation des lanceurs Saturn 1B pour le programme lunaire. Les Saturn 1B 206 à 211 seront provisoirement stockées au centre de Michoud, à partir de décembre.

LE VAISSEAU APOLLO BLOCK 2
LES SCAPHANDRES LUNAIRE

A l' issue du vol Apollo 7, le Pt Johnson pense qu' il est souhaitable avant la fin de son mandat, c' est à dire avant la fin de l' année 1968, de réaliser une mission lunaire qu' il y ait ou pas de débarquement. Il le fait savoir à Thomas Paine l' administrateur de la NASA, qui le soutient dans cette voie. Quelques problèmes techniques sont à résoudre auparavant sur Saturn 5, pour décider si oui ou non son prochain vol sera habité et quelle mission lui donner.
En fait dès 1967, on s' interroge de savoir si le troisième vol de Saturn 5 sera habité ou pas. Le quatrième vol a plus de chance, avec une mission autour de la terre. Le directeur du centre de Houston Gilruth pensait que 4 ou 5 vols habités seraient nécessaire avant le débarquement sur la lune, de même, il souhaitait que le troisième vol de Saturn 5 soit inhabité vue les problèmes rencontrés avec Apollo 6.
Le 24 avril 1968, La NASA prépare le troisième vol de Saturn 5 avec un équipage à bord tout en gardant la possibilité d' un vol automatique.
Du 9 au 13 août, des réunions ont lieu à l' initiative de Georges Low, responsable du programme Apollo. La NASA envisage d' annuler la mission " D " dans la configuration AS 503, CSM 103 et LM3. La nouvelle mission sera dénommée " C " avec la configuration AS 503, CSM 103 et le LTA-B, une maquette du LM, pour un vol de test du CSM. L' équipage sera celui des missions " E " à savoir Borman, Lowell et Anders.
Le vol AS 504, CSM 104 et LM 3 est désignée mission " D ". Le lancement est prévu pour début 1969 avec l' équipage des missions " D "(le LM 3 n' étant toujours pas près, il est au KSC depuis le printemps).

Septembre, la NASA confie le développement du Apollo Telescope Mount de la station orbitale Worshop au centre Marshall à partir d' un LM modifié, le LM 2. Dans le cadre du programme AAP, les charges utiles seront lancées exclusivement par des Saturn 1B.

Autre inquiétude, les soviétiques qui avec leur sondes lunaire Zond sont bien décidés à damer le pion aux américains. La CIA confirme qu' un lancement se précise avec un Zond habité autour de la lune pour la fin de l' année. Les responsables de la NASA, Webb et Mueller hésitent, puis se rallient à l' avis de Low. Le vol Saturn 503 sera habité et ira se satelliser autour de la lune. Ce sera la mission Apollo 8, et si Apollo 7 est un succès on l' a programmé pour début 1969. 

En septembre les choses se précipitent. La CIA confirme que le lancement de Zond 5 avec des animaux à bord est l' ultime répétition d' une mission lunaire habité. Low réunit les responsables et propose un vol circumlunaire non pas début 1969, mais le 13 décembre 1968, jour prévu pour le lancement du Zond soviétique. 
10 septembre, John Slight, de la division "équipages de vol" au MSC réalise à bord du C135 "zéro g" une EVA simulant le passage du module de commande Apollo au LEM. L'astronaute Russsel Schweickart essaie à cette occasion le "cale pied" "golden slipper" fixé sur le porche du LEM qu'il utilisera lors de sa mission.

   

Le 14 octobre, la fusée Saturn 503 sort du bâtiment d' assemblage au KSC et gagne le pad 39 A, après avoir en partie résolue les problèmes du vol 502. L' option d' un vol habité se confirme, même si le module lunaire n' est pas encore prés. Malgré le succès du vol Apollo 5, il reste beaucoup de travail à accomplir.

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26 octobre, KSC Open House avec visite du VAB où Apollo 9 est en assemblage. On aperçoit à gauche au fond de l'allée de transfert la salle blanche du LUT 3 qui lancera Apollo 10 en 1969.

Le 10 novembre, les Soviétiques lancent Zond 6. 
Le 12 novembre, l' équipage d' Apollo 10 est nommé avec trois vétérans de Gemini Thomas Stafford, John Young et Eugene Cernan (les remplaçants d' Apollo 7). 
Le 13 novembre, la NASA annonce que l' équipage de la mission Apollo 10, prévu en 1969 sera commandé par Thomas Stafford, John Young et Eugene Cernan avec en remplacement Gordon Cooper, Don Eisele et Edgar Mitchell. Dans l' équipage de Stafford, ce sont tous des vétérans du groupe 2. 
Le 14, la sonde soviétique Zond 6 qui est passé derrière la lune et revient sur terre.
Mais au retour, une dépressurisation de la cabine intervient accidentellement et de plus à cause d' un problème de parachutes, l' engin s' écrase au sol. Les Soviétiques ont perdu le vol circumlunaire. 
Le 19 novembre, la décision est prise d' envoyer Apollo 8 autour de la lune. Apollo 8 partira le 21 décembre avec à bord Borman, Lowel et Anders.

Décembre, la NASA annonce que le reste des 14 lanceurs Saturn 1B (206 à 214) va être stocké dans leur usine respective à Michoud en attendant que l' on en ait besoin. L' utilisation des lanceurs dans le cadre du programme lunaire est terminé, ils seront utilisés en 1971 pour le programme AAP. 
Le 8 décembre, le LLRV n° 2 s' écrase au sol à Ellington AFB. Le pilote Algranti s' éjecte à temps.

Le centre Marshall compte en cette fin d' année 7000 employés et 2700 sous traitants travaillent pour Huntsville.

APOLLO 8 

Apollo 8 est lancé le 21 décembre 1968 du Pad 39A à 12 h 51 mn 05 TU. Le S1C est largué à 12 h 53 mn 25, le S2 à 12 h 59 mn 45 et à 13 h 03 mn 10 le S4b met docilement Apollo en orbite. Après une révolution et demi, le S4B est rallumé à 15 h 51 mn 50 pour l' injection vers la lune. Le 23 décembre à 20 h 29 mn le point neutre est franchit. Le 24 a lieu la première correction vers 4 h. A 8 h 56 mn autorisation est donné pour la mise en orbite lunaire, à 9 h 49 mn, le vaisseau disparaît derrière la lune. Quel spectacle s' écrira l' équipage en voyant pour la première fois la face cachée de la lune. 10 h 24 mn, Apollo réapparaît, satellisation réussit. En ce jour de Noël, 3 hommes tournent autour de la lune, Borman lira au cour d' un émission TV, des passages de la bible. Après 10 révolutions et des milliers de photos prises, Apollo 8 s' arrache de la lune à 6 h 10 mn.

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Le 27 décembre, à 14 h 23 mn le module de service est largué, à 14 h 32 mn le module de commande pénètre dans l' atmosphère à 40000 km/h. 14 h 51 mn Apollo 8 amerrit dans le Pacifique après un vol de 146 h 41 s. 
Du coté des Soviétiques, c' est la tristesse, le vol circumlunaire est raté pour eux, reste le débarquement. Mais il semble très peu probable avant 1970 diront certains responsables.

Transfert en décembre du CSM Apollo 9 du MSOB au VAB

LA NASA prévoit 5 vols Apollo habités pour 1969, AS 504 à AS 508, donc Apollo 9 à 13. Deux vols au minimum réaliseront des essais du LM en orbite terrestre et autour de la lune. Donc Apollo 11 AS 506 en juillet pourrait tenter le débarquement sur la lune. En cas de retard, la NASA disposera encore de 9 Saturn 5 (AS 507 à 515) pour réussir.

Photos  Apollo 7 et 8 avec l' autorisation de Kipp Teague