LES NOUVEAUX LANCEURS US
Le marché des lancements commerciaux est en surcapacité depuis 1998 et devrait le rester encore quelques temps. Un marché principalement destiné aux satellites de télécommunication en orbite géostationnaire le marché des petits satellites en orbite basse n' étant pas au rendez vous malgré les lancements des constellations Iridium et Globalstar. Certes, le marché des petits satellites a favorisé l' apparition d' un certains nombres de projets de lanceurs dont certains sont ou seront abandonné comme Aurora à l' île Christmas, Soyouz à Kourou, Cyclone 4 à Alcantara, Vega à Kourou, Angara à Plessetk, Air Launch de Boeing, Vozdouchnie Start russe, J2 japonais, Kaituozhz 1 chinois, ... Le nombre de lancement par an qui se situait entre 75 et 90 entre 1995 et 2000 a connu pour 2001 une régression majeure avec seulement 65 à 70 lancements et à peine plus sont prévu cette année.
En 2001, il n' y a eu que 67 lancements dont 19 commerciaux, ces derniers ayant placé 16 satellites en GTO et 8 en LEO. On ne compte que 8 Ariane, 5 Atlas, et Proton (plus 8 pour les tirs gouvernementaux) et deux Sea Launch. Le marché des satellites selon une étude de Furtron Corp se divise en quatre catégories: _ Les satellites jusqu' à 1000 kg, les petits
qui dans la période 1990 2000 n' ont représenté que quelques pourcents. L'année 2002 marque l' arrivée en force de trois nouveaux lanceurs lourds dont deux américains et un européen. Ce sont l' Atlas 5, le Delta 4M et l' Ariane 5 ESC A qui rentrent en concurrence frontale. UN PEU D' HISTOIRE... L' histoire des lanceurs américain remonte au milieu des années 1950. Depuis le 1er avril 1950, les spécialistes allemands récupérés à la fin de la seconde guerre et envoyés aux Etats Unis sont affectés à Huntsville dans l' Alabama où à coté de l' arsenal Redstone s' implante le ABMA Army Ballistic Missile Agency. Von Braun est nommé chef de la section des projectiles guidés avec comme charge de réaliser un missile Redstone de 300 km de portée. Ce Redstone n' est qu' une V2 améliorée dont le premier tir couronné de succès a lieu le 20 août 1953. Le mois suivant Von Braun propose d' ajouter trois étages à poudre sur son missile et de lancer un satellite autour de la terre. En 1954, le 25 juillet, il
propose son projet de satellite Orbiter lors d' une réunion à Washington mais
sans succès. Von Braun se voit confier la mise au point d' un autre missile le
Jupiter dont la portée sera de 2400 km. 1956, le général Medaris du ABMA de
Huntsville propose de préparer en parallèle un missile Redstone en secours du
Vanguard, mais l' idée est rejetée par le Pentagone. L' équipe de Von Braun
passe outre et prépare en secret une fusée Jupiter C, non pas le missile en
cours d' étude mais un Redstone doté d' étages supérieurs. Cette Jupiter C
est lancé avec un dernier étage inerte le 20 septembre pour étudier la haute
atmosphère. Sans les soupçons du DoD, la fusée aurait permis de lancer le
premier satellite artificiel de la terre un an avant les soviétiques. 1957, le 4 octobre à la stupéfaction du monde, l'URSS lance le premier satellite artificiel de la terre Spoutnik 1. Le 7 décembre, les yeux de l' Amérique sont rivés sur la base de Cap Canaveral en Floride où se dresse les 22 m de haut du lanceur Vanguard. Développé par l' US Navy, le Vanguard est dérivé des fusées Viking qui ont réalisé 14 vols du cap et 57 de White Sands Nouveau mexique depuis 1949. A l' heure dite devant des millions de téléspectateurs, le Vanguard décolle ... et explose sur sa table de lancement. C 'est la consternation. Le programme Vanguard ne sera pas un réel succès puisque sur 12 lanceurs lancés jusqu' en septembre 1959 il n' y aura que 3 succès (premier, quatrième et neuvième tir). L' équipe de Von Braun vient à la rescousse
au lendemain de cet échec et promet de lancer un satellite américain sous 90
jours. Le 24 janvier 1958, le lanceur Jupiter C arrive au cap Canaveral. Ce dernier développé dans un coin a
déjà réalisé fin 1957 9 vols
et 21 en version Jupiter A. Associé à ses trois étages supérieurs à poudre
Sergent, le Redstone devient le Juno 1. Le 31 janvier après un report de à
cause du temps, la Jupiter C décolle à 2 h 48 locale et met en orbite le premier satellite
américain Explorer 1. La Navy, l' arsenal Redstone et l' USAF ayant essayé chacun de leur coté de développer des missiles et lanceurs de satellite sans gros succès, il fallait la création d' une entité nationale en octobre 1960 pour résoudre la crise, c' est la NASA National Aeronautic & Space Administration. Le missile Atlas construit par Convair (General Dynamics) pour l' USAF a réalisé un premier vol depuis le Cap en juillet 1957 et d' autres versions plus puissantes sont en développement. C' est lui qui des le début des années 60 propulse la frêle cabine habité Mercury dans l' espace et permet à John Glenn d' être le premier américain en orbite. Avec un étage développé par l' USAF Agena, l' Atlas lance quelques sondes spatiale vers la lune, mais il faudra attendre le milieu de la décénie pour qu' un étage cryogénique lui soit associé pour lancer les sondes Surveyor vers la lune et d' autres sondes à travers le système solaire. L' Atlas Centaur, un des fer de lance des lanceurs US ne cessera d' évoluer pour arriver aux dernières versions encore en service l' Atlas 2, 3 et 5. Le missile balistique de moyenne portée IRBM
Thor construit par Douglas (aujourd' hui Boeing après le rachat de Mc Donnel Douglas)
devenu priorité national en 1955 a lui aussi réalisé son premier vol depuis
le Cap en janvier 1957. Il va lentement évolué pour devenir au fil des temps, le Thor Able, Thor Agena et
le Thor Delta à partir de 1970 pour aboutir à l' actuelle versions la Delta 3. Du début des années 1960 au début des années 1980, tous ces types de lanceurs sont utilisés pour mettre en orbite toutes sortes de satellites scientifiques et commerciaux. La NASA utilise trois familles de lanceurs les Scout, Atlas et Delta et les militaires le Titan. L' arrivée du Shuttle en 1981 doit permettre l' arrêt des chaines de production de ces lanceurs dits "classique" et de soulager l' industrie des constructeurs avec un engin mi fusée, mi avion capable de transporter quelques 25 tonnes en orbite basse et 10 tonnes en GTO et qui doit à terme remplacer tous les lanceurs du marché. 1981, la NASA lance 11 ELV, un Scout, 5 Delta, 4 Atlas Centaur et une Atlas F avec succès. Les ELV continue de servir de "secours" à la navette durant les premières années de développement et de transition. 1982, la NASA lance 9 ELV 7 Delta et 2 Atlas Centaur avec succès. 1983, ce sont 11 ELV que lance la NASA 8 Delta, une Atlas E, une Atlas Centaur et une Scout. En mai, le président Reagan autorise la commercialisation des lanceurs gouvernementaux par l' industrie privée. 1984, la NASA lance 7 ELV 4 Delta, Une Scout, une Atlas Centaur et une Atlas E avec un seul échec (Atlas Centaur). Avec la loi sur l' utilisation privé des lanceurs gouvernementaux, la NASA et TCI Transpace Carriers Inc signent un accord de commercialisation du Delta et négocie un accord similaire avec General Dynamics pour l' Atlas Centaur. Dans le même temps, une dizaine de compagnie se montre intéressée pour la commercialisation du Scout. En août, le président Reagan encourage les opérations commerciales avec les ELV en minimisant leur contrôle. 1985, les ELV continuent leur lancement pendant la phase de transition avec le Shuttle. Cinq lancements sont réalisés dans l' année, 2 Scout et 3 Atlas Centaur. 1986, 28 janvier la navette Challenger explose
en plein vol tuant les 7 astronautes de l' équipage. Les chaînes de montage étant presque toutes arrêtées, il reste
à ce moment à Mc Donnel Douglas
4 lanceurs Delta, un sur le pad 17B (delta 3920 n°180 avec la charge SDI), une 3914, une
3920, une 3910 et une 3920, la 183 eme Delta.
De nouveaux lanceurs vont être développés commandés. Un plan de "récupération" de 2,5 milliards $ sur 5 ans prévoit en effet de stocker les satellites et étages supérieurs destiné à être lancés sur le Shuttle et de modifier les autres satellites pour les rendre compatible avec les lanceurs classiques. A la commande de 10 Titan 34D7 1,7 milliards $), l' USAF rajoute 13 autres lanceurs renommés Titan 4 (3 tirs en 1989 puis 5 par an). Le coût de développement des Titan 4 est estimé à 500 millions $. D' autre part, Martin Marietta convertira 13 missiles Titan 2 sur les 56 récemment mis hors service. Pour General Dynamics, le lancement de l' Atlas Centaur 66 est repoussé à l' automne, le temps d' y voir plus clair. Il reste au constructeur 3 Atlas Centaur à lancer (AC 66 à 68). 28 juin 1986, l' USAF lance un appel d' offre pour le développement du MLV Medium Launch Vehicle dans la phase 1 s' étendant sur 6 mois. Le 8 août, elle passe 4 contrats avec Martin Marietta pour le Titan 3, General Dynamics pour l' Atlas K, Mc Donnel douglas pour le Delta 3920 Improved et Hughes associé à Boeing pour le JARVIS, un lanceur utilisant les éléments du Shuttle et de l' ancienne fusée lunaire Saturn 5. Le MLV permettra de placer 1000 à 4500 kg en GTO. Fin 1986, les américains renouent avec le succès, le 5 septembre, le Delta 3920 et sa charge SDI décolle de Cap Canaveral suivit le 5 décembre de l' Atlas Centaur 66 porteuse du satellite FLTSATCOM 7. La NASA réalise ainsi 5 lancements de ELV un Scout, un Atlas Centaur, un Atlas E et 2 Delta. Le 21 janvier 1987, l' USAF choisit Mc Donnel Douglas et le Delta 2 pour le MLV. Le contrat de 316 millions $ porte sur 7 lanceurs qui seront lancé d' ici 1990. Le contrat initial porte sur 20 MLV à raison de 4 tirs par an sur la période 1989-91 plus 16 autres en options. Le MLV lancera en priorité les Navstar du DoD et des satellites commerciaux à partir de 1988. Les nouvelles Delta 2 sont des dérivés des 3920. Du fait de la pénurie de moteur RS27 pour le premier étage, MDD fabrique une version intermédiaire la Delta 4925 équipé du moteur MB3 moins puissant (78 tonnes) mais flanqué de 9 boosters Castor 4A plus puissant dont les performances sont comparables au 3920. Deux Delta 4925 sont lancés en août 1989 et juin 90 (187 me et 196 eme exemplaire) avec succès. L' année 1987 confirmera la reprise avec le lancement de 26 octobre d' un Titan 34D porteur du satellite KH11 depuis Vandenberg puis d' un mois plus tard le 29 novembre d' un autre 34D depuis Cap Canaveral. la NASA réalisera cette année là, 4 lancements, 2 Delta, une Scout et un Atlas Centaur (AC67) qui échouera. Cet échec (explosion du lanceur au bout de 51 secondes de vol), le 5 eme depuis 1986 est le 7 eme d' une Atlas Centaur. La perte du satellites de télécommunications de l' USAF Fleetsatcom 6 est un préjudice important pour le DoD. Les Fleetsatcom remplacent depuis 1985 les Leasat en attendant les Milstar et DC3 et les futurs Navstar GPS. Il ne reste au Cap qu' un seul exemplaire, l' AC68 avec un Fleetsatcom dans sa coiffe. 1988, après la pénurie de lanceur et la décision de retirer les charges utiles commerciales du Shuttle, la production de lanceurs américains est relancée (la fameuse étude Mixed Fleet de janvier 1987). Sous l' impulsion de l' USAF, et grâce aux ressources dégagées par ses contrats, le développement est relancé ce qui permet aux grands constructeurs de proposer des versions commerciales de leurs lanceurs (Titan commercial, Delta 2, Atlas 2). Mc Donnel Douglas grâce à un contrat passé avec l' UASF pour lancer 20 satellites NAVSTAR lance le programme Delta 2. La Delta 2 est proposé en deux versions de bases, la 6920 avec des réservoirs allongés de 4 m et une coiffe agrandie (3,1 m) et 9 boosters Castors 4A. La 7920 est équipé d' une tuyère avec divergent allongé et de boosters à enveloppe graphite époxy GEM. 1989, le 14 février, MDD lance la première Delta 12 6925 avec dans sa coiffe Navstar 2-1 de l' USAF et le 24 mars, lance la dernière Delta 3920. C 'est le 184 eme tir d' une Delta depuis 1960. Le 27 août, MDD réalise le premier commercial d' un Delta depuis la remise en service des lanceurs US. Un 4925 met en orbite le satellite britannique de TV directe Marco Polo 1 (BSB-1). Les autres constructeurs sont un peu à la traîne avec une Atlas prévu en mars 1990 (eutelsat 2) et un Titan 3 commercial en octobre. Martin Marietta devient le second constructeurs US à lancer des satellites commerciaux avec le lancement de la première Titan 3 Commercial le 31 décembre après 9 reports en un mois pour mettre en orbite Skynet 4A. C' est le 153 eme lancement de la série Titant 3C depuis 1965. 1990 Mc Donnel Douglas réalise le premier tir commercial civil d' un Delta 2 le 13 avril en lançant la 8 eme Delta 6925 porteuse du satellite indonésien Palapa B2R (récupéré en 1984 par le Shuttle). 1991, le 7 décembre, la première Atlas 2 de General dynamics rentre en scène en plaçant le satellite Eutelsat 2 sur orbite GO après 5 mois de retard. C 'est le 74 eme tir d' une Atlas Centaur et le 3eme depuis la remise en service des lanceurs US (2 Atlas 1 en juillet 1990 et avril 1991). 1992, le 11 mars, Hughes Aircraft achète les activités missiles de General Dynamics pour 450 millions de dollars . Le 23 novembre, Martin Marietta achète la division Aerospace de General Electric (sauf les moteurs d'avions) pour 3 milliards de dollars 1994, 30 août annonce de la fusion entre Lockheed et Martin Marietta pour former Lockheed Martin : 170 000 salariés General Dynamics est racheté par Martin Marietta, qui lui s' associera à Lockheed. Au milieu des années 1990, l' USAF lance le programme EELV Evolved Expenable Launch Vehicle, les principaux constructeurs américains placent leur différents projets en concurrence. Lockheed et Mc Donnel Douglas sont sélectionné fin 1996 dans l' attente du choix définitif prévu en 1998. La famille EELV comportera trois lanceurs au premier étage commun. Un second étage cryogénique sera ajouté au lanceur "intermédiaire" tandis que la version "lourde" ou "heavy" sera équipé de deux boosters d' appoint dérivé du premier étage. 1996, 1er août Boeing annonce le rachat des activités Espace et défense de Rockwell. Le 15 décembre, annonce de la fusion entre Boeing et McDonnell-Douglas (USA), Boeing devient le premier constructeur aéronautique mondial. Le 16 octobre 1998, le pentagone lance officiellement le programme de la nouvelle génération de lanceurs consommables qui doit succéder aux Titan 2, Delta 2, Atlas 2 et Titan 4. Il confie à Lockheed Martin et Boeing (qui a racheté Mc Donnel Douglas entre temps) le développement du EELV Evolved Expendable Vehicle, qui à l' origine devait être attribué à un seul constructeur. D' un montant initial de 2 milliards $, il devait permettre le développement d' une panoplie de lanceurs, petits, moyen et lourd, permettant de réduire le coût de lancement de 25% par rapport aux prix actuel pour la période 2000-2020. Finalement après deux années d' étude, l' USAF sélectionne les deux constructeurs. Le contrat porte désormais sur 3 milliard $
pour deux familles de lanceurs. Celle de Boeing comprend la Delta 4 doté du
nouveau moteur cryogénique RS 68 de Rocketdyne et des étages supérieurs
dérivés des Delta 2 (moteur AJ10-118K) et 3 (moteur RL10B2). Le lanceur
produit à l' usine de Decatur en Alabama sera doté de boosters GEM 60 (2 à 4)
selon la charge à satelliser (version Delta 4M sans boosters 4200 kg en GTO,
Delta 4M+ avec deux boosters 5800 kg en GTO et le Delta 4M+ avec quatre boosters
6700 kg en GTO). C' est en fait Boeing qui sort le grand vainqueur de ce match avec un contrat de 1,38 milliard $ pour 19 lancements contre 650 millions $ pour Lockheed et 9 lancements (dont deux de Vandenberg). A cela s' ajoute 500 millions $ chacun au titre du développement qui a déja commencé. Le premier vol commercial est prévu en 2001 et les premières charges gouvernementales partiront en 2002. L' USAF prévoit parmi ses charges 6 satellites secrets qui seront lancés de Cap Canveral et Vandenberg. Au Cap, les pad de tir SLC 37 et 41 seront modifiés pour lancer les Delta et les Atlas et à Vandenberg les SLC 6 et 3. La famille des Delta 4 pourra placer de 4140 à 13000 kg en GTO et la famille des Atlas de 8500 kg pour le lanceur MLV "moyen" à 6500 kg pour le lanceur HLV "lourd". 1997, Lockheed Martin achète Northrop Grumman.
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