LA MISSION STS 122
Après avoir corrigé les problèmes dans la connectique des capteurs de niveau du réservoir d'hydrogène, la NASA planifie le lancement d'Atlantis STS 122 pour le 7 février 2008. Le décompte débute le 4 dans l'après midi. Les conditions météo sont a priori bonne pour le 7, meilleure les jours suivants; la NASA se donne trois jours pour lancer. Les responsables de l'ESA présents au centre spatial sont confiant. Cette fois ci, ce sera la bonne. Le 6, les prévisions météo donne 30% de chance de lancer, mais le remplissage en carburant et comburant commencera comme prévu au petit matin du 7. Les astronautes sont réveilles à 4h 15. Après un petit déjeuner et la séance d'habillage, ils sont amenés au pied du pad 39A à 11h 02. A 12h 20, le décompte reprend à T- 1h 30. Sur les tribunes du centre Apollo Saturn, en bordure de la Banana River, les invités et les proches des familles de l'équipage commencent à arriver. Le décompte s'arrêtera à T- 20 mn et T-9 pour un lancement à 14h 45 mn 30s. 13h 30, T-20 mn. Le décompte fait une pause de 10 minutes et reprend. Les prévisions météo sont bonne pour 14h 45. 13h 51, T-9 mn. Le décompte s'arrête pour 45 minutes. Les services météo font un dernier point. Un orage est en formation à l'ouest du centre. Il devrait passer au nord. Les hélicoptères survolent la zone du pad de tir pour signaler tout danger. 14h 36 mn 30, le décompte reprend à T- 9 minutes, Atlantis est "GO" pour son envol. Les dernières minutes s'écoulent puis les dernières secondes. Allumage des moteurs SSME, puis des boosters, Atlantis s'arrache du sol tel une chandelle sous les cris de milliers de personnes venues assistés au lancement depuis les nombreux point de vue autour du centre. Au plus près, elles sont à 6 km du pad. 20 à 30 secondes sont nécessaire pour que le son leur arrive. D'abord un grondement qui s'amplifie, un crépitement caractéristique des boosters avec des pics, telle une pétarade de pétard de fête. Le bruit masque les commentaires officiels retransmit par les haut parleurs sur chaque site. Au bruit du Shuttle, s'ajoutent les cris et les applaudissement de la foule qui suit les yeux ébahie l'ascension d'Atlantis entre les nuages. On aperçoit à l'oiel nu la séparation des SRB au bout de 2 mn 10 s. La mise en orbite est "nominale" après 8 mn 30 s de vol. Le réservoir externe est séparé, STS 122 est sur orbite. Une orbite qui sera finalisée 20 minutes plus tard grâce aux moteurs de manœuvre OMS. Le
décollage d'Atlantis vue de Banana creek (photo Didier Capdevila)
L'équipage d'Atlantis est commandé par Steve Frick, dont c'est le seconde vol (STS 110) et Alan Poindexter est le pilote. A leur coté les MS Leland Melvin, Rex Walheim (STS110), Hans Schlegel (STS 55), Stanley Love et l'astronaute français de l'ESA Leopold Eyharts (ESA, MIR 98). La mission, désigné 1E va permettre la mise en place du module européen Columbus, la contribution majeure de l'Europe à ISS. Premier travail de ce premier jour de vol avant l'ouverture des portes de la soute, photographier le réservoir externe après son détachement et avant sa désintégration dans l'atmosphère au dessus de l'Océan indien. Rien d'anormal est observé, les films du lancement montrant seulement 3 petits débris se détachant près de la conduite LH1 juste derrière le tripod support avant, à T+ 2mn 13, au moment de la séparation des boosters. Aucun n'a apparemment heurté l'Orbiter. 8 février, FD 2, les astronautes commencent l'inspection de la protection thermique de l'Orbiter avec les caméras du bras OBSS. Pendant ce temps là, Atlantis gagne de l'altitude et s'approche d'ISS. Le docking est avancé à 17h 17 TU le lendemain. 9 février, FD 3, la manoeuvre de "pitch" permet aux occupants de la station de photographier en détail la carlingue d'Atlantis dans l'approche finale. A 17h 17 TU, les deux vaisseau entre en contact. La liaison mécanique est instaurée 20 minutes plus tard. Le sas est ouvert à 18h 41, l'équipage STS 122 rejoint celui d'ISS 16. L'astronaute français Leopold Eyharts et le module Columbus dans la soute d'Atlantis. L'astronaute de l'ESA a officiellement rejoint l'équipage permanent de l'ISS quand son siège anatomique a été transféré de la navette au vaisseau Soyouz. Une fois son siège échangé avec celui de L. Eyharts, l'astronaute Daniel Tani de la NASA a rejoint l'équipage de la mission STS-122.
La durée de la mission est rallongée de 24 heures, l'astronaute allemand Hans Schlegel est en effet malade, il ne participera pas à la première EVA le 10. La sortie sera repoussée de 24 heures , Stan Love remplaçant Schlegel avec Rex Walheim à ses cotés. Si son état s'améliore, il participera à la seconde EVA le 13. La journée du 10, 4eme jour de vol est passée à préparer la première sortie des astronautes. L'analyse des photos prises lors de l'approche montrent qu'un morceau de couverture recouvrant un pod OMS s'est décollé comme sur la mission STS 117 avec d'ailleurs le même Orbiter. Il sera recousu lors de la 3eme EVA par Danny Olivas. 11
février, FD 5, la première EVA permet de fixer sur Colombus une
"poigné" spéciale dite "PDGF" (Power and Data
Grapple Fixture) afin de permettre sa prise "en main" par le
bras robot RMS. Pour cette opération, les astronautes enlèvent les
panneaux anti-débris fabriqués par Astrium à Bordeaux puis les
remettent en place. 12 février, FD 6, Léopold Eyharts pénètre dans le module Columbus avec un masque et des lunettes protectrices pour activer les systèmes de support-vie. Il est le premier humain à pénétrer à bord de Columbus depuis que le module a été scellé sur Terre avant son installation dans la soute d'Atlantis. Même si l'atmosphère a été renouvelée peu avant la fermeture des portes de la navette le 3 février, il y a un risque que certains matériaux et équipements aient dégazé et que l'air présent dans le module soit impropre à la respiration. Par ailleurs, il important de brasser l'air ambiant pour le faire circuler et éviter l'accumulation de bulles de gaz carbonique autour des astronautes (sur terre avec la pesanteur, le CO2 retombe au sol). Une première inspection de l'astronaute se révèle très satisfaisante, ni condensation, ni particules, ni dégazages sont détectés. La mise en service est suivit au sol par le MCC de Houston et le centre de Munich (Allemagne). L'ouverture "officielle" du module a lieu dans la soirée. Columbus n'est pas encore complètement aménagé. Pour des problèmes de centrage de masse au décollage, les racks labos ont été fixé au plafond. Il va falloir les déplacer. 13 février, FD 7, c'est un grand jour pour l'astronaute de l'ESA Hans Schlegel, puisqu'il effectue enfin sa première sortie dans l'espace. Il est accompagné par Rex Walheim. Les astronautes installent un nouveau réservoir d'azote NTA (Nitrogen Tank Assembly) sur la poutre P1. Ce réservoir contient de l'azote sous haute pression pour pressuriser l'ammoniac des circuits de refroidissement de la station. Le réservoir vide est démonté pour être ramené à terre pour y être conditionner. Des protections thermiques sont placés sur les trônions qui fixaient Columbus à la soute.
Léopold
Eyhart, Dan Tani, Peggy Whitson et Youri Malenchenko ont passé la
journée à poser des mains courantes, des cale-pieds et des caméras
dans le laboratoire européen, ainsi qu'à ôter des cales
anti-vibrations. 14
février, FD 8, tous les systèmes centraux de Columbus sont activés
avec succès. Le module est sain mais les astronautes ne pourront y
dormir que dans quelques jours. Trois des quatre baies scientifiques
installées au plafond de Columbus sont déplacées vers leur
emplacement définitif, le laboratoire de physiologie EPM (European
Physiology Modules) qui a été déplacé dès le 5eme jour de vol et
branchés le lendemain, le laboratoire de sciences de la vie BioLoab et
le laboratoire pluridisciplinaire modulaire EDR (European Drawer Rack).
La journée de vol rajoutée va permettre d'activer plus rapidement les
modules Biolab et le laboratoire de physique des fluides FSL (Fluid
Science Laboratory) afin que les expériences Waico et Geoflow puissent
être achevées avant le prochain vol de navette. Au sol, une téléconférence
animée par l'astronaute Thomas Reiter a été organisée dans l'après
midi entre Léopold Eyharts, Hans Schlegel, Peggy Whitson et youri
Malenchenko et la chancelière allemande Angela
Merkel au ministère fédéral de l'Economie et de la Technologie à
Berlin, en présence du directeur-géneral de l'ESA, Jean-Jacques
Dordain, du ministre allemand de l'Economie et de la Technologie Michael
Glos, du président du directoire exécutif de du DLR Johann-Dietrich Wörner
et du directeur général d'Astrium GmbH Evert Dudok. 15 février, FD 9, Rex Walheim et Stan Love sortent dans l'espace pour leur 3eme EVA à 14h 07. Walheim installe des mains courantes sur Columbus pour faciliter les déplacements. Accroché au bras RMS de la station, commandé par Léopold Eyharts et Leland Melvin, Stan Love s'est saisit de l'expérience SOLAR dans la soute d'Atlantis et l'a installé à l'arrière du module sur les palettes extérieure vers 16h. Avant d'installer l'autre expérience EuTEF, les astronautes ont récupéré un des gyroscopes défaillants de la station qui avait été placé de coté lors d'un précédent vol. Il sera réparé et remonter vers ISS. A 21h 32, les deux astronautes rentrent dans le sas Quest après avoir travaillé 7h 25 dans l'espace. Deux palettes extérieures restent encore inoccupées sur Columbus, elle recevront ultérieurement des expérimentations de la NASA. Dans
ISS, l'activation du module européen continue: Léo et Hans, comme le
reste de l'équipage travaillent à un rythme qui dépasse les prévisions,
avec le centre de contrôle à Munich. Le 16, au 10 eme jour de vol,
ils travaillent
sur l'équipement du laboratoire pluridisciplinaire modulaire EDR (European
Drawer Rack), du laboratoire de physiologie EPM (European Physiology
Module) et du Biolab. L'équipement technique de ces deux derniers
laboratoires s'est terminé
et le centre de contrôle de Columbus est en train de les vérifier. Devant de gauche à droite:Daniel Tani, Steve Frick, Peggy Whitson, Leland Melvin, etYuri Malenchenko. Derrière, de gauche à droite: Stanley Love, Hans Schlegel, Leopold Eyharts, Rex Walheim, et Alan Poindexter. Atlantis effectue un "reboost" de la station en poussant la station, le module Zvezda à l'avant. La manoeuvre, d'une durée de 36 minutes a permit d'accéléré l'ensemble de 1,3 m/s, soit une hausse d'altitude de 2,3 km. L'orientation normale de la station, c'est: le vecteur vitesse parallèle à l'axe des modules Zvezda-PMA2 et la surface Zvezda-PMA2-poutre parallèle au sol terrestre local. La station tourne autour d'elle-même à la vitesse d'une rotation par orbite. Pas besoin des gyroscopes pour cela, il suffit de lancer le mouvement. Les gyroscopes ne font que de la compensation des variations locales. Le 17 février, l'équipage se prépare pour la séparation avec ISS et le retour sur retour. Daniel Tani rejoint l'équipage de STS 122, laissant Leopold Eyharts sur ISS jusqu'à la fin mars. Tani devait à l'origine resté 2 mois sur ISS et revenir avec STS 122 en décembre 2007. Les report du vol, dus aux problèmes avec les capteurs de niveau ECO du réservoir externe ont rallongé sa mission de deux mois. Il n'a d'ailleurs pas pu assister aux obsèques de sa grand-mère, décédée dans un accident de la route le 19 décembre. 18 février, FD 12, la séparation avec ISS intervient à 4h 24, heure de Houston. Atlantis tourne autour de la station pour prendre une série de photos de la nouvelle configuration avec Columbus. Une dernière inspection de la protection thermique avec le bras RMS et l'OBSS autorise un retour pour le 20. La journée du 19 permet de faire du rangement dans l'Orbiter et préparer le retour. La météo pour le lendemain est excellente sur la Floride. 20 février, dernier jour de vol. A 10h 28 TU, les portes de la soute sont refermées. 12h 32, MCC donne le "GO" pour la désorbitation. A 13h 00, les moteurs OMS sont mis à feu 2 mn 43 s alors qu'Atlantis survole l'océan Indien. L'Orbiter arrive par le Sud traversant le Golfe du Mexique et le Sud de la Floride. Au dessus du cap Canaveral, Atlantis fait une large virage à 180° et s'aligne sur la piste 15. A 14h 07, le train principal touche la piste, Atlantis est de retour. L'avion s'arrête après avoir rouler une minutes. La mission STS 122 a duré 12 jours, 18 heures 22 minutes et 38 secondes. |
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PHOTOS DE LA MISSION JSC HOUSTON |