LE PLATEAU D'ALBION AUJOURD'HUI Une fois démantelées, les installations du plateau d'Albion ont été rendu à la nature. Les portes ont été verrouillées et soudées et les zones de lancement recouvertes par un mètre de terre. Le manque de financement, les problèmes techniques et géographiques ont laissé en plan tous les projets de reconversion du site en musée pour l'histoire. L'Armée de l'Air et la DGA ont alors décidé de donner au Musée de l'Air et de l'Espace à Paris quelques équipements comme le local opérationnel du PCT, un missile SSBS coupé mis à l'horizontale, un SSBS et un MSBS à la verticale (ceux exposé à l'entrée de la BA 200), les véhicules spéciaux VTE et VTPH chargés du transport des missiles et des têtes sur les sites. VISITE DU LSBB (ex PTC 1) Le PCT 1 de Rustrel, au Sud est devenu le Laboratoire Souterrain à Bas Bruit (LSBB) où sont conduites des expériences scientifiques, comme l'écoute des ondes séismiques de la terre et l'étude des particules venant de l'espace. Le silence magnétique absolu qui y règne permet d'éviter tout bruit de fond qui brouillerait les résultats. Seul exemple de conversion d'une installation militaire en un laboratoire de recherches civiles, la création du LSBB à été rendue possible par les concours de l'Armée de l'Air, de la communauté des communes du pays d'Apt, de la région Provence Alpes Côte d'Azur de l'université Paris VII , de l'ensemble des universités de la région PACA ainsi que le CEA, la DASE, l'INSU et le CNRS. D'abord associé à l'université d'Avignon et des Pays de vaucluse, le laboratoire est ensuite rattaché à l'université de Nice Sophia Antipolis en 2004, puis intégre l'UMS (unité mixte de service) Galilée de l'observatoire de Nice en 2008. Depuis 2012, le LSBB est une UMS sous la co tutelle de l'université de Nice – Sophia-Antipolis, l'université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, le CNRS, Aix-Marseille Université et l'OCA. Le parvis devant le laboratoire mesure près de 41,5 mètres. A l'occasion des journées du patrimoine, le laboratoire souterrain à bas bruit ouvrait ses portes le WE du 17-18 septembre 2016. Chance unique de visiter une partie de ce lieu mythique de la guerre froide.
L'entrée du site est à 471 mètres au dessus de la mer. La conciergerie, sorte de hall est restée tel quel débarrassé de ces équipements superflus. Il y a toujours la porte blindée pour l'entrée mais les portes intermédiaires en fer ont été enlevées. La porte coulissante menant au tunnel reste désormais ouverte. Le tunnel de 4 mètres de large est long de 1500 m jusqu'à la "capsule" avec un cheminement en zig zag, angle droit destiné à limiter le souffle d'une explosion nucléaire devant le PTC. Au niveau de la "capsule", le haut de la montagne est 518 m au dessus, soit à 1062 m d'altitude. Le hall de la conciergerie, grand comme une salle de squash (41 x 17 m sur 6 m de hauteur avec des murs épais de 1 mètre). A coté se trouvent également le local EDF, des labos, une salle de réunion et de cuisine repos pour les ingénieurs. On ne descend pas dans les galerie du laboratoire, mais on monte avec une légère pente de 2% pour que l'eau qui arrive à s'infiltrer dans la montagne ressorte naturellement du site. Un sas avec 3 portes hermétiques a été placé dans les premiers 50 mètres du tunnel, la galerie A. Il permet d'isoler l'installation du bruit externe et aussi de limiter la concentration de Radon, cet isotope de l'Uranium particulièrement importante pendant l'été. Au bout de 230 mètres, un petit virage à gauche et on se retrouve face à la galerie des gaz brûlés GGB, la galerie B1 longue de 250 mètres ainsi nommé car elle permettait l'évacuation des gaz consécutif à une explosion nucléaire devant le PCT. Nous sommes à 300 m de l'entrée dans la montagne. Elle a été creusée dans la roche. C'est un cul de sac, elle est fermée sur 40 mètres. Sa sortie sur le flanc ouest de la montagne est fermée par un mur en béton de plusieurs mètres d'épaisseur qui évite toute intrusion mais qui tel un bouchon de champagne devait sauter en cas de surpression. Au dessus, juste avant, se trouve le tuyau d'évacuation des d'échappement des groupes électrogènes. A 300 mètres de l'entrée, première intersection avec la galerie B1, la sortie ouest La sortie de la galerie des gaz brûlés et celle des groupes électrogènes sur la montagne On tourne à droite à 90° et quelques dizaines de mètres plus loin, on trouve le système de ventilation et les servitudes générales qui abrite aussi une salle blanche pour les expériences de 10 mètres sur 6. Encore quelques centaines de mètres dans la galerie C, nous voila face à la galerie anti souffle GAS, longue de 273 mètres creusée dans la roche. Elle devait réduire et absorber le souffle d'une explosion nucléaire devant le PTC. Nous sommes à 690 mètres de l'entrée. La galerie C menant à la galerie anti souffle. Cette galerie a été creusé dans la roche et simplement recouverte de béton brut. Elle sert maintenant pour mener à bien des expériences. A droite, la galerie C continue sur une centaine de mètre puis après un virage à gauche à 90° sur 700 mètres vers la capsule, la salle où était le poste de contrôle des missiles. Nous sommes à 1500 mètres de l'entrée. 3 derniers petits virages à 90° permettent d'y accéder. Au dessus, à 518 mètres plus haut, le V1. Ce poste de 26 mètres de long et d’un volume de 1 250 m3, est suspendu par 8 points au plafond de la galerie et repose sur d’énormes amortisseurs. Il est enveloppé par un centimètre d’acier puis deux mètres de béton. Il a été conçu pour résister à l’impact sismique et électromagnétique d’un bombardement nucléaire. Un véritable bunker dissimulé sous 518 m de roche karstique dont la radioactivité est faible, et ou même les boussoles classiques sont inopérantes, car elles ne sont pas capables de détecter le champ magnétique terrestre qui, dans la capsule, est divisé par six. Cette cage de faraday élimine tout bruit électromagnétique ce qui permet une écoute des phénomènes naturels avec une qualité de bruit environnemental extrêmement favorable. « C’est comme si on se trouvait au calme à 1 500 mètres sous l’eau avec un niveau de bruit électromagnétique 100 fois inférieur à celui d’un cerveau dans sa phase de sommeil profond » explique Stéphane Gaffet, directeur du LSBB. Une tranquillité idéale pour mener à bien toute sorte d’expériences sensibles aux bruits parasites d’origine sismique, acoustique, mécanique et même cosmique. L’équipe de Stéphane Gaffet a placé des stations sismiques dans toute l’infrastructure et au sommet de la grande montagne, partie intégrante du laboratoire, pour disposer en continu d’une image tridimensionnelle des remous terrestres. Grâce à cet outil exceptionnel, les chercheurs espèrent comprendre les mécanismes de propagation et d’amplification des ondes sismiques, autrement dit, étudier les effets de site des tremblements de terre. Le séisme du Japon du 11 mars 2011, a d’ailleurs été enregistré 20 minutes après le choc principal, il a été observé avec une amplitude de 4 mm sur le site.
Après la capsule, une longue galerie relie le centre de la montagne au dehors à 1700 mètres de là. Le puits de secours EGS (Extrémité Galerie de Secours) sert à sortir du site en cas de feu. Il est situé sur le flanc Ouest de la montagne à la Buissonnière. Cette sortie fonctionne avec un système de trappes recouvertes de terre pour empêcher tout intrus de rentrer. Les personnes arrivent dans la cheminée d'évacuation et montent à une première trappe par l'intermédiaire d'une échelle. Ensuite, il faut ouvrir une trappe faisant tomber une première couche de terre dans un récipient prévu à cet effet, et accède à l'aide d'une passerelle à une échelle permettant de lui faire accéder à la seconde trappe. Il y reproduit la même manipulation et après avoir remonter une troisième échelle, ils accèdent à la sortie. La sortie EGS Sur l'ensemble des 3700 m de galerie, un repérage géodésique a été implanté tous les 100 mètres. Le réseau informatique, câbles et fibre optique qui court le long des tunnels est raccordés au réseau SHERPAA et Internet avec un débit de 100 Mb/s. L'ensemble des données est accessibles par tout le monde pour les observations et les mesures. Le site est alimenté par une ligne EDF de 20 kV, un groupe électrogène (dans les servitudes) assure une alimentation de secours (340 kVA).
LLBS 2020 Déjà concerné par deux tranches de travaux, ces dernières années, qui ont visé à améliorer, préserver et pérenniser l'environnement bas bruit, une troisième tranche est prévue. Elle concernera l'optimisation de la capacité expérimentale et instrumentale avec le creusement de deux nouvelles galeries de 300 mètres destinées à accueillir un nouveau prototype (un gravimètre) permettant de mesurer les ondes gravitationnelles. Un projet d'avant-garde et une vitrine de pointe pour le département. Des retombées locales pour un rayonnement internationalComme pour les deux premières tranches, l'État, la Région, les collectivités locales et les tutelles universitaires régionales (Aix-Marseille, Avignon et des Pays de Vaucluse et Nice Sophia-Antipolis), soutiennent ce chantier de 4,6 M€. Le Conseil départemental du Vaucluse fait partie intégrante du dispositif et vient de voter, le 20 avril dernier, une participation financière d'un montant de300 000 €. Les activités de recherche du LSBB connaissent une forte croissance grâce aux qualités et propriétés uniques du laboratoire. Ce ne sont pas moins de 250 chercheurs de 10 nationalités différentes et issus de 50 laboratoires qui transitent chaque année au LSBB. L'enjeu pour le territoire d'Apt et par extension pour tout le Vaucluse est un rayonnement international. À moyen terme, il s'agira d'assurer la consolidation du tissu économique et de renforcer l'attractivité pour l'accueil d'entreprises nouvelles et d'emplois pour le Vaucluse. Le LSBB intensifie également son partenariat auprès des structures de valorisation de la recherche régionale avec les pôles de compétitivités qui rassemblent des entreprises EPIC (établissements publics à caractère industriel), PME et TPE (petites et très petites entreprises), des laboratoires de recherche (académiques nationaux et internationaux) et des services d'observations nationaux. Le futur s'écrit en lettres capitales pour le LSBB. Son ambition est d'aller au bout de la reconversion. Cela passera, en plus des travaux déjà faits, engagés et prévus, par l'optimisation de la capsule (la chambre blindée unique au monde de 1250 m3 qui servait de poste de lancement des missiles nucléaires sol-sol) et par la construction d'un bâtiment en surface pour améliorer la qualité d'accueil des intervenants extérieurs et limiter encore le bruit. Enfin, le LSBB a la volonté de s'investir avec l'université d'Avignon et des Pays de Vaucluse dans la création d'un BTS hydrogéologie appliquée, à Apt. Il s'agit aujourd'hui de le moderniser. Ces travaux, d'un montant de 9,35 millions d'euros, se diviseront en deux phases :
La première phase consiste à positionner le LSBB au plus haut niveau de la compétition internationale comme grande infrastructure de recherche européenne. Le percement de deux axes souterrains perpendiculaires horizontaux de 300 m de long chacun permettra l’implantation et le test d’instrumentations couplées astrophysiques et géophysiques, et de positionner le LSBB comme une infrastructure de recherche majeure au niveau international, permettant l’accueil de projets européens liés notamment à la métrologie à très haute sensibilité et à la compréhension des couplages entre les processus géologiques thermo-hydro-mécaniques en souterrain et la mesure physique de la gravitation et de la déformation physique et relativiste. Le fonctionnement, la maintenance de la plate-forme LSBB et les amenées et replis des équipes et matériels sur les différentes implantations expérimentales souterraines doivent respecter les qualités bas bruit de l’infrastructure. L’acquisition d’outils de transport souterrain a pour objectif de respecter cette contrainte en limitant les nuisances sonores et vibratoires dues aux déplacements, tractant des équipements jusqu’à 2 tonnes et emmenant 12 personnes sur 2 remorques. La dynamique temporelle et spatiale des processus thermo-hydro-mécaniques, vibratoires et électromagnétiques est au cœur des études de plusieurs programmes de recherche développés au LSBB. Ces processus représentent également soit une source de perturbations, soit un enjeu métrologique pour d’autres programmes, nécessitant la mise en œuvre ou le développement d’instrumentations innovantes. La caractérisation de l’environnement physique dans lequel se déroulent les activités est donc l’un des objectifs majeurs du projet, nécessitant le renforcement de l’instrumentation du LSBB pour fournir aux utilisateurs un référentiel identifiant, localisant et caractérisant les déplacements de masses et le rayonnement électromagnétique à différentes échelles de temps. Cette phase 1 du projet est évaluée à 5,55 millions d’euros (2.775.000 euros de fonds européens, 1,4 million d’euros ANR*, 1 million d’euros Région Paca, 300.000 euros Département de Vaucluse, 75.000 euros d’autofinancement).
La seconde phase consiste à favoriser et assurer le transfert
d’innovation vers les communautés académiques et industrielles. Coût de
cette phase : 3,8 millions d’euros. D’autre part, l’aménagement de volume souterrain spécifique renforcera la compétitivité des qualités bas bruit uniques du LSBB : équipement d’une salle d’instrumentation et de validation des protocoles expérimentaux (600 m3), renforcement de l’ergonomie et du conditionnement de l’environnement de la capsule blindée pour les expériences et développements instrumentaux aux résolutions ultimes (1.200 m3).
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