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CHRONOLOGIE ARIANE

ARIANE 1, NAISSANCE D' UNE FUSEE

1978

 

   

Les étages L140 M1 et M3 destinés aux essais sur banc à Vernon en intégration au SIL

Site de l'ESTEC, case à équipement d'Ariane 1

Mars, les décisions du conseil de l'ESA sur la production en série du lanceur Ariane ne font attendre. Concernant le programme de satellites de télécommunication ECS (104 millions ECU) et Marots B (34 millions ECU),il est approuvé. Un accord avec l'organisation Eutelsat pour réunir les utilisateurs potentiels des satellites ECS et Marots doit intervenir dans l'année.
Des améliorations pour Ariane sont en études par le CNES pour concurrencer les Titan 3, Atlas Centaur et Delta US. La première étapes sera le développement du système de lancement double, le SYLDA. La capacité orbitale devra être porter à 1950 kg dès 1981 en lancement double, puis en 1982 à 2300 kg en GTO. Le SYLDA ressemblera à une grosse coquille de 150 kg réalisée en fibre de verre enfermant le satellite inférieur, le principal et au dessus le satellite secondaire. A la mise en orbite, l'ensemble sera une première fois orienté pour libérer le satellite supérieur puis réorienté pour, après éjection de la coquille du dessus libérer le satellite inférieur. La performance de 1950 kg en GTO sera possible en allongeant l'étage H8 d'un mètre et en augmentant la poussée du moteur HM7. La poussée des moteurs Viking 5 du L140 et des Viking 4 du L33 sera également augmentée en passant la pression de combustion de 54 à 58 bars. Pour lancer les 2300 kg en GTO, le CNES pense ajouter des propulseurs à poudre au niveau du L140, solution préférable à l'augmentation de longueur de l'étage, l'ELA 1 n'ayant pas été conçue pour un lanceur aussi grand. 2 constructeurs sont sur les rangs, MAN et SNIA (6 boosters), le CNES ayant en projet 2 propulseurs montés de chaque coté du L140 au niveau de l'inter-étage. Tout ceci devrait aussi contribuer à baisser les coûts de production et à améliorer la fiabilité et la souplesse opérationnelle du lanceur. Cette réduction des coûts unitaire impliquera une révision complète des spécifications et procédés de fabrication. L'ESA espère une réduction de 4 à 5% des coûts actuels. Enfin, le CNES envisage la récupération du L140 en fin de vol, après descente en parachute. Le premier étage d'Ariane coûte à peu près 44% du lanceur.

       

Les essais de séparation de la coiffe se déroule dans le bâtiment 25 de l'ESTEC jusqu'en fin de l'été

Le 7 avril, le Conseil de l'ESA décide la fabrication d'une première série de 5 lanceurs Ariane faisant suite aux 4 modèles expérimentaux déjà prévus L01 à 04. Ces lanceurs sont dits de promotion car sous la responsabilité de l' ESA. Dans le cadre de la série de promotion sont également réalisées les installations pour la préparation des Charges Utiles EPCU à Kourou (bâtiments S1) et le dispositif de lancement double SYLDA. La réalisation de cette série est assurée par les participants de la phase du développement du lanceur et l' Irlande qui a rejoint le programme pour la phase de production. L' ESA négocie et conclut les contrats de lancement avec les utilisateurs d' Ariane. Les contrats industriels pour la fabrication de ces lanceurs sont passés par le CNES qui effectue pour l' ESA les opérations de lancement. Ces lanceurs mettront en orbite les satellites Exosat en février 1981, ECS 1 en octobre 1981, Marots B en avril 1982 et Spot en février 1984. Les lanceurs L01 à 04 emporteront une capsule technologique CAT, le satellite de radio amateur Amsat et Firewel (L02), Meteosat 2 et le satellite indien APPLE pour L03 et Marots A pour L04. Le 6e lanceur prévu pour le satellite de télédiffusion "H-Sat" reste en suspend, dépendant de l'avenir du programme en fin d'année. L'ESA espère la commande de 6 autres lanceurs pour lancer 3 satellites Intelsat et Anick C.
Cela représente au total entre 12 et 15 satellites à lancer avec 11 Ariane en 40 mois, à raison de 5 tirs par an. Selon une étude de marché faite pour l'ESA, Ariane pourrait lancer en 12 ans, de 1980 à 92, 16 à 32 satellites parmi les 200 satellites à mettre en orbite GEO. 62 satellites paraient impossible avec un seul pad de tir car il faudrait augmenter la cadence à 8 tirs par an.
Le 25 avril, la commande est officialisé pour un cout de 201 millions ECU (1,1 millions FF), ce qui porte le prix de chaque lanceur à 32 millions  d' UC (5,55 F en 1973). Le même jour, l'organisation de télécommunication Intelsat passe commande pour un second lancement d'Ariane.

La coiffe d'Ariane 1 exposé à Hanovre sur le stand de l'ESA lors du salon spatial qui se tient fin avril, début mai. Cette exemplaire a été testé en octobre 1977 à l'ESTEC.

   

       

Octobre, le CNES va soumettre à l'ESA un plan de modernisation d'Ariane pour 1979 permettant de porter la capacité de lancement à 1950 et 2300 kg en orbite GTO. Ariane peut actuellement lancer 1766 kg en GTO, 66 kg de plus que prévu en enlevant le correcteur d'effet POGO du H8 , de la protection thermique et en augmentant la pression dans la chambre de combustion des Viking. En 1973, la capacité d'Ariane était de 1300 kg. Cette améliorations de la capacité de lancement serait réaliser en ajoutant au premier étage 2 propulseurs à poudre.

Novembre, le lancement de la première Ariane est repoussé à juillet 1979 au lieu de juin. Quatre éléments critiques restent à qualifier, comme la centrale inertielle, l' étage H8 (suite à l' échec de l' essai du 28 avec les réservoirs de vol), la protection thermique des cols des tuyère des moteurs Viking et la mise en opérationnel de l' ELA 1 à Kourou (validation électriques avec des étages simulateur et essai de la maquette d' ergols pour décembre).   

L'étage "Drakkar" L140 M4 au SIL avant son envoie à Vernon pour un premier essai statique, le 5 décembre.

Le 7 décembre, l' organisation de télécommunication Intelsat (USA) passe commande d'une fusée Ariane, c'est le premier succès à l'exportation pour l'Europe spatiale.

ARIANE MR

Avant le premier lancement toutes les opérations de préparation sont répétées sur un exemplaire de la fusée qui n'est pas destiné à voler. Cet exemplaire est désigné " maquette ergols " ou MR maquette de remplissage. Il est constitué d'éléments qui ont servit pour les essais de la maquette dynamique. Il n'est équipé que des matériels nécessaires aux opérations de préparation et en particulier de remplissage en ergols. Cette maquette a été intégré dans le SIL afin de vérifier que tous les éléments s’assemblent bien ensemble. Cette opération sera également effectuée sur les lanceurs de qualification (L01 à L04). Par la suite, le deuxième étage, réalisé par MBB-Erno à Brême, en Allemagne, évitera l’étape des Mureaux et sera embarqué directement sur place. 

Les trois étages d’Ariane MR ainsi que les deux demi-coiffes ont été douillettement installés dans cinq conteneurs blancs, eux-mêmes montés sur des trains de roulement, et c’est un convoi réellement exceptionnel qui va parcourir les 2 km jusqu’au port public des Mureaux, où les conteneurs sont chargés sur barge à destination du Havre. Les éléments plus légers, comme la jupe et la case, rejoindront le port par la route.

Container d'une demi coiffe

La descente de la Seine du L140.

Alors que l’essentiel du lanceur rejoint le Havre à bord de deux barges, une grève des mariniers impose de transporter l’un des étages par la route, le H8, afin de démontrer que la logistique du programme Ariane est à l’abri des mouvements sociaux. Le convoi prend la route sous la protection de 600 policiers. C’est « l’opération Thésée ». Les services d’EDF, de la voirie et des PTT accompagnent également le convoi pour ôter les éventuels obstacles (lignes électriques, panneaux et câbles téléphoniques) et les réinstaller après le passage du convoi, le tout au milieu d’un incessant ballet de motards. Le convoi emprunte les petites routes pour éviter ponts et tunnels et l’opération semble se dérouler sans anicroche jusqu’au moment où, vers 1h du matin, le convoi reste bloqué en plein centre de Rouen – rue du Contrat Social, ça ne s’invente pas - et doit manœuvrer pendant plus d’une heure pour négocier un virage difficile. Une fois parvenu au Havre, l’embarquement à bord du cargo "Carbet" de la CGM est un moment délicat. Le container du premier étage est trop long pour être hisser sans bouger, on devra utiliser une seconde grue pour terminer l'opération.

La traversée sera homérique également car les capteurs du système de pressurisation qui contrôle l’environnement des étages à l’intérieur des conteneurs ont été réglé avec une trop grande sensibilité et les alarmes se déclenchent à la moindre variation de pression ou de température. A l’arrivée au port Degrad Des Cannes, à Cayenne, le 6 juillet, il s’avère beaucoup plus difficile que prévu de réinstaller les conteneurs sur leurs trains de roulement. La longue chenille blanche des containers prends alors la route pour Kourou et le CSG à 65 km de là. Le plus gros container est celui du L140; si il passe, le reste aussi. Depuis l'arrivée du CNES en Guyane, la direction de l'équipement, la DDE a beaucoup travailler pour mettre le pays aux normes. Ainsi, un pont en dur enjambe le Cayenne sur 1700 mètres. La RN1 a été élargie avec moins de virages. La progression du convoi est lente, il faut en dernière minutes couper des branches, soulever des lignes électriques et des câbles Pa téléphoniques. Certains virages nécessitent de s'y reprendre à plusieurs fois. Parti à l'aube, le convoie arrive le soir au CSG, sur l'ELA 1. Les container sont alors placés dans le HA, le hall d'assemblage, hérité d'Europa.

Le 6 décembre, le premier étage est mis en place sur l' ELA 1 suivit du second le 12. Sur le portique de l'ELA1 se trouvent un système d'accroche situé à 2 niveaux différents. Ils servent pour verrouiller les container des étages une fois mis à la verticale devant le pad. Comme le portique n'a qu'une seule grue à son sommet, cela permet ensuite de la libérer pour y attacher l'étage et le positionner sur la table de lancement. L'accroche du bas sert pour le L140 et celle du milieu pour le L33 et le H8. 

1979

Le troisième étage H8 est mis en place en janvier après la pause de noël avec la coiffe le 1er février.

Erection des 2 demi-coiffe de la maquette MR.

Le montage d' Ariane MR s' effectue comme avec un exemplaire de vol. Ci dessous érection du L33 et de la coiffe.
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Le 5 février, la tour est retirée et Ariane est présentée à la presse internationale. Aussitôt ont lieu des essais dits de "lâcher" destinés à mesurer les premiers modes de vibration en flexion du lanceur sur la table de lancement. Une journée "portes ouvertes" est organisée le 4 mars, sous un délure de pluie pour les familles des techniciens, ingénieurs et ouvriers du centre ainsi que les Guyanais. Juste avant
cette journée, on signale que la peinture du lanceur avait été abimé, sur la coiffe. Pour Alexandre Merdrignac, le COEL, ce n'est pas un soucis, "c'est nous qui avons le pot de peinture blanche", le raccord a été fait par un artisan local.

 

Vue en plongée d'Ariane MR encore dans son portique. Les étages la constituant sont les éléments ayant servis lors des essais dynamique au SIL des Mureaux en 1977-78. La coiffe est le modèle SM2 destinés aux essais de qualification

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4 mars, Ariane est présentée aux guyanais à l'occasion de la journée "portes ouvertes", une initiative qui remporte un franc succès aussi bien auprès des familles d'agents que des visiteurs. Quelques jours plus tard, les techniciens procèdent à un premier remplissage partiel en oxygène du troisième étage suivi d'un remplissage complet en oxygène et hydrogène.

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Recouvert de sa housse de protection, Ariane MR débute ses essais de plein en carburant

7 des acteurs principaux de l'opération Ariane MR après un essai de chronologie: Alexandre Merdrignac, Jean Gruau, Roger Vignelles, Frédéric d'Allest, Hubert Palmieri, Jean-Pierre Rouzeval et Bernard Paris, le photographe qui a suivit l'épopée spatiale de l'Europe depuis 20 ans. Derrière eux, les 2 tables traçantes qui suivront le vol après le décollage et le panneau d'état des moyens extérieur: stations aval. Au dessus, 3 écrans montrant des images de l'ELA et au dessus, 3 autres écrans montrant l'état des moyens, 12 fonctions qui doivent s'afficher en vert au H 0. De chaque coté, 2 écrans qui relaieront les images prises par les ciné-télescopes de l'île royale et de la montagne des Pères.

En avril, l'opération est renouvelée. Ensuite, les pleins en UDMH des deux premiers étages sont menés à bien. Après vidange ils sont suivis par les pleins N204.
Les 16 et 17 mai, a lieu une répétition complète de chronologie de lancement (19 heures) avec remplissage de tous les étages et mise en condition de tir. Deux séquences de lancement sont déroulées jusqu'à sept secondes de l'instant d'allumage.
La campagne d'essai ayant atteint ses objectifs, le démontage commence le 25 mai et les étages sont renvoyés en Europe en juillet pendant que continuent des essais de validation électrique au Centre spatial Guyanais. Dernière mission de la maquette, un retour du lanceur aux Mureaux par la route. Une opération qui prendra trois jours pour effectuer 175 km. Plus de 200 câbles EDF ou PTT seront relevés ou coupés. Cette opération ne sera renouvelée qu’une seule fois, en 1985, mais dans le sens inverse.

Ariane MR sert de couverture au brochure de presse du vol L01

 

LES CARACTERISTIQUES D' ARIANE 1
NAISSANCE D'UNE FUSEE, ARIANE
NAISSANCE D' ARIANE, TEST GRANDEUR NATURE
NAISSANCE D' ARIANE, ESSAIS DES ENSEMBLES PROPULSIFS
ARIANE 1, LES PREMIERS VOLS