ARIANE 6
Le développement d'Ariane 6 a été long à démarrer car après avoir longtemps soutenu une évolution d'Ariane 5, avec une version ME, la France, par l'intermédiaire du CNES s’est rendu compte qu’il serait peut-être plus judicieux de développer un nouveau lanceur. Ariane 5 avec sa capacité de 10 tonnes en GTO est obligé de faire du lancement double. Cet avantage dans les années 2000 est aujourd'hui un inconvénient, car la masse des satcoms augmente et mettre ensemble 2 satellites de 6 et 4 tonnes devient difficile. Ariane 5 n'est compétitive qu'avec un lancement double. Cette capacité de lancement ne peut être modulé, Ariane 5 n'est pas modulable comme les Delta 4 ou Atlas 5 US. D'autre part, l'étage supérieur d'Ariane 5 n'est pas rallumable en vol, contrairement aux proton et Zenith. Les concurrents d'Ariane 5 viennent de l'Est, non plus de la Russie mais de la Chine (CZ 5) mais aussi de l'est avec des lanceurs développés par le privée, Antares et Falcon 9. Dernier point, Ariane 5 est subventionné par l'ESA avec 120 millions d'euros par an. Si le nombre de lancement se réduit, cette subventions pourrait augmenter pour contrer un prix de vente faible, ce qui ne satisferait pas tout le monde au sein de l'ESA. 2009, le CNES préconise de développer Ariane 6 pour
s'adapter aux évolution du marché des lanceurs. Ariane 6 sera consommable, il
n'aura pas vocation aux vols habités. Les lancements double devront être
abandonnés, limitant la capacité à 6 tonnes en GTO. L'étage supérieur sera
cryogénique et utilisera le moteur Vinci. Pour l'étage de base, il sera soit
cryogénique soit conventionnel (LOX-RP1). Sa configuration sera du type
"parallèle" à l'image du Delta 4. Enfin, il devra être modulable pour s'adapter
au marché. Pour l'ESA, l'évolution d'Ariane 5 fait l'unanimité. Là où cela blesse, ce sont les scénarios: Le CNES veut mettre en chantier Ariane 6 le plus tôt possible tandis que l'Allemagne veut privilégier l'évolution d'Ariane 5 en modernisant l'étage ECA et l'équipant du moteur Vinci, à l'étude depuis 10 ans. La capacité d'Ariane 5 serait alors portée à 11 tonnes en GTO. Le CNES a déjà analysé un grand nombre de configurations de lanceur et préférait une configuration PPH, c'est à dire avec 2 étages de base à poudre et un étage supérieur cryogénique. C’était peut-être la meilleure solution au niveau des coûts et permettait aussi à l'industrie qui fabrique les moteurs fusées à poudre de perdurer après le développement du missile M51. Lors de la ministérielle de 2012, la France fait le forcing pour imposer la configuration PPH. De son coté, , l’Allemagne réussi à imposer que l’on termine le développement de l’étage supérieur pour Ariane 5 ME qui partage de nombreuses parties avec celui d’Ariane 6 PPH. Les développements des deux programmes ont eu lieu en parallèle avec des revues régulières soumises à l’ESA. Le chat noir à ce moment, ce n'est pas le concurrent Space X, mais le EGAS (European Guaranteed Access to Space) un programme de subvention pour garantir un accès européen indépendant à l’espace. Les états membres de l’ESA et la France en particulier faisait depuis longtemps pression pour l’arrêter. Cela ne pouvait se faire sans nouvelle fusée. Fin 2013, sans doute poussé par le lobbyiste français à l’ESA (le CNES et l’ESA sont depuis environ 2012 dans le même bâtiment à Paris), le projet Ariane 5 ME n’était plus qu’un lanceur transitoire qui devait faire la liaison entre Ariane 5 ECA et Ariane 6 PPH pendant 4 à 5 ans. La configuration PPH ne plait pas aux Allemands de la DLR, mais aussi aux français d'Astrium qui sur ce coup là rate le développement d'un corps central et Snecma qui ne fournira plus que quelques moteurs Vinci pour l'étage supérieur d'Ariane 6. Dans l'été 2014, Airbus et Safran, regroupés dans le "joint Venture" ASL propose une Ariane 6 PHH, avec une architecture Ariane 5, mais avec des boosters plus petits. Selon la version proposée, la charge utile mise en orbite peut aller jusqu'à 8500 kg en GTO, soit 2 tonnes de plus que la version PPH. Cette architecture sera évolutives permettant de se coller au mieux aux marchés des opérateurs de satellites. Au niveau industriel, l'architecture PHH permettait de garder le savoir faire de chacun, aussi bien en France qu'en Allemagne. Fin 2014, la configuration finale est proposée au conseil des ministres. Le projet Ariane 5 ME est définitivement abandonné et les versions Ariane 6 combinent le premier étage d'AR5 raccourci et des boosters à poudre dérivé du lanceur Vega. 2 versions à 2 ou 4 boosters sont proposées avec une capacité de 5 à 10 tonnes. Le but est de réduire les couts de fabrication avec notamment un moteur Vinci plus simple pour l'étage supérieur, un corps central avec réservoirs sans fonds communs et des boosters plus petits. Le prix annoncé est de 70 millions d'euros pour la version 62 et 115 millions pour la version 64. La finalisation d'Ariane 6 se fait avec en ligne de fond la pression de Space X et ses lanceurs réutilisables Falcon 9. Même si le concept de réutilisation n'est pas neuf, Space X est pour le moment le seul à l'avoir réalisé avec la récupération du premier étage du Falcon. Est ce que cette solution est économiquement viable, seul l'avenir le dira. Ariane 5 et 6 ne sont pas réutilisable. Le CNES étudie avec ses partenaires un moteur réutilisable, le Prométhéus qui équipera les nouveaux lanceurs successeur d'Ariane 6. Des travaux de recherches sont également menés sur la récupération d'étages avec le projet Calipso. Le carnet de commande de Space X est très différents de celui d'ArianeSpace. SpaceX fait beaucoup plus régulièrement des vols institutionnels en LEO, Falcon 9 a d’ailleurs été construites pour ça, à l’origine. Ariane 6 doit continuer à faire du lancement en GTO. Mais, il lui faudra une part de lancements institutionnels pour être "rentable". La configuration d'Ariane 6 est validé par ASL en juin 2016: elle utilisera un premier étage dérivé de l'EPC d'AR5 avec un moteur Vulcian, 2 ou 4 boosters, dérivé du P120 du Vega C (moteur monobloc à enveloppe composite) et un étage supérieur cryogénique propulsé par le moteur Vinci à tuyère fixe. Décembre 2017, ArianeGroup (fusion de Airbus et Safran) lance la production du lanceur.
L'architecture d’Ariane 6 retenue est très proche de celle d’Ariane 5 ME. On a simplement divisé la taille de propulseur par deux et essayé partout où c’est possible de devenir plus efficace en simplifiant et en ne cherchant plus forcément la performance pure.
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