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CHRONOLOGIE ARIANE

LES FUSEES SONDES FRANCAISES

Au lendemain de la seconde guerre mondiale et pendant les années 50, la connaissance de l'environnement terrestre attire l'attention de nombreux organismes désireux d'en connaître plus.  Les observations faites depuis le sol sont rapidement complétées par des expériences embarquées dans des ballons sondes puis des fusées sondes. A l'instar de l'Amérique qui lance ses premières fusées sondes (Wac-Corporal) dès 1945, l'Europe parmi laquelle la France et le Royaume uni développe des études de fusées sondes (Véronique et Skylark). D'autres pays comme la RFA et l'Italie participent eux à des campagnes avec les USA.  

A la veille de la seconde guerre mondiale, l'Allemagne met au point les premières grosses fusées militaires dont plusieurs versions sont testées, la A1 (Aggregate), la A2, A3 et A4. Le premier lancement de A4 est réussit le 3 octobre 1942 depuis les bords de la Baltique à Peememunde. capable d'emporter 1000 kg sur 30 km de distance, c'est l'arme absolue. Entre 1944 et 1945, plus de 5000 A4 devenus V2 (Vergeltungswaffe, arme de représailles 2) seront construites.

Ces fusées sont lancées par centaines sur l'Europe, 79 en France, 1100 sur Londres (GB) et 1500 sur Anvers (Belgique).

En août 1943, la RAF Royal Air Force bombardent des installations de Peenemüde, cinq cents quatre-vingt-dix-huit bombardiers anglais larguent 2000 tonnes de bombes sur la base. Deux semaines après, la production en série des fusées est transférée à Niedersachswerfen, près de Nordhausen, dans une gigantesque usine souterraine creusée sous le mont Konhsteim dans le massif du Hartz. Les tirs d'essai reprennent à Peenemünde, sept semaines seulement après le raid anglais et la production démarre en décembre.

Juin 1944, un missile V2 testé par les Allemands sort de sa trajectoire prévue et tombe en Suède. Le royaume récupère les débris et les donne aux Britaniques pour analyse. A la vue de ces éléments, il s' avère que l' Allemagne développe de nouvelles armes

Septembre 1944, deux V2 sont tirés sur Paris mais un seul atteindra sa cible. L'impact aura lieu quatre minutes et demie après son départ, à 11 heures, à Charentonneau, quartier de Maisons-Alfort, dans la banlieue sud-est de Paris après un vol de trois cents vingt kilomètres. On dénombrera une vingtaine de morts et de blessés ainsi que d'importants dégâts matériels. Le même jour, les premiers V2 sont tirés sur Londres.

L' avancé des Allemands est évidente. C' est ce que les Américains découvriront le 11 avril 1945 dans les usines de Peenemude. Une centaine de fusée V2 sont chargées dans 300 wagons puis assemblé à l' intérieur de 16 Liberty ships prêts à quitter le port d' Anvers pour la Nouvelle Orléans. Malgré un blockus de l' armée anglaise, les bateaux gagneront rapidement les cotes US. 

28 mars 1945, les Allemands tirent leur dernier missile V2 qui tombera sur Opington, au sud-est de Londres. Le missile fut lancé de La Haye. Le V2 était pour les hommes de l' époque un engin terriblement efficace et une fusée très moderne. Plus de 1500 V2 touchèrent Londres et ses environs causant la mort de 2500 civils. Volant à 5500 km-h, il était équipé d' un moteur à turbo pompes de 25 tonnes de poussée, ce qui pour une fusée de 12 tonnes permettait de gagner 80 km d' altitude. 

Mai 1945, l'Allemagne capitule. Les Alliés prennent connaissance de l'ampleur des travaux allemands concernant les fusées. En effet, une vingtaine de rapports concernant les V1 et V2 ont déjà étés rédigés. Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une mission en Allemagne. Ils sont chargée d'aller examiner la station expérimentale de contrôle et de réception des V2 de Ober-Raderach située près du Lac de Constance et de Friedrischshafen, en zone d'occupation française.

Juin 1945, après avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités américaines, les membres de la mission dirigée par le professeur Henri Moureu visitent les installations de Nordhausen. L'objectif essentiel du Professeur Moureu est de ramener en France des matériels, ce qu'il obtint de la part du commandement américain. Ainsi, neuf wagons de pièces diverses prendront le chemin de la France parmi lesquelles quatre V1 et un quadruple jeu de pièces de V2 (tuyères, groupes générateurs de gaz pour turbines, servo-moteurs). Au cours de cette mission, les représentants français ont assistés à des essais de moteurs et procédés à l'interrogatoire de prisonniers allemands. Les experts en armements français commencent à découvrirent ce que sont les missiles balistiques. Comme les États-Unis et l'Union Soviétique, la France va s'engager dans l'étude de ce nouveaux système d'arme.

Le 16 avril 1946, le premier V2 capturé par les américains décolle de White Sands au Nouveau Mexique. Ils procéderont à 64 tirs de A4 entre 1946 et fin 1952. Deux versions modifiées verront le jour, le Hermes B (4 tirs entre mai 1947 et novembre 1950, 24 échecs) et le Bumper (8 tirs entre mai 1948 et juillet 1950, 5 échecs). A noter que 30 fusées ramenées d'Allemagne ne seront jamais assemblées.

Les Soviétiques ont pu récupérer des morceaux de V2 eux aussi en Pologne, sur la base de Blizna, mais le butin est très inférieur à celui des Américains. D' autant que les Américains dans le camp d' internement de Garmish-Partenkirchen commencent leur sélection parmi les centaines d' ingénieurs allemands capturés. A leur tête, Verner Von Braun, avec ses 122 collègues qui quitteront l' Allemagne le 12 septembre 1945 pour l' Amérique. Du coté russes, ce sont quelques 6000 ingénieurs qui seront contraint de les suivre à Moscou, mais les cerveau ont rallié la bannière étoilée. Ainsi l' Amérique s' est taillée la part du lion. 
La première V2 "soviétique" une A4 est lancé un an et demi après celle des américain le 30 octobre 1947. Un an plus tard, les soviétiques testent la R1, dérivée des V2 qui sera le premier d'une longue lignée de fusées puis de lanceur spatiaux.

Les Britanniques eux s' attachèrent les services d' une vingtaine d' ingénieurs, dont 12 de Peenemude, mais à cette époque l' espace ne les intéressent pas.

Les français eux récupèrent 250 ingénieurs, dont la moitié participeront plus tard aux programme de fusées sonde Véronique. Parmi eux, Heinz Bringer, qui inventera le moteur Viking des Ariane, Helmert Haberman, spécialiste des paliers magnétiques ou encore Otto Muller, spécialiste du guidage.

Pour l' Allemagne, le rêve spatial devient un véritable tabou. Jusqu' en 1955 les écoles d' ingénieurs seront fermées. Ce n' est qu' avec le ministre de la recherche atomique Helmuth Dederra que le pays retrouvera son savoir faire. L' Allemagne n' ayant plus d' ingénieurs, de mémoires ancestrales, c' est sur le tas qu' il faut maintenant apprendre.

EA-1941, la première fusée à ergol liquide française. 

Le 15 novembre 1941, le colonel Barré procède, au camp du Larzac, à un essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol. C'est un succès mais l'engin explose après quarante-deux secondes de combustion. Au départ il était prévu que la durée de l'essai serait de dix-huit secondes. La première fusée à liquide française prend le nom de EA-1941.

mars 1942, une allocation de 200000 francs supplémentaire est accordée à la poursuite des travaux du colonel Barré.
Le même jour il procède, au camp du Larzac, à un deuxième essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol. Cette version est légèrement modifiée elle portera le nom de EA-1941-B. Le moteur développe une poussée de sept cent dix-neuf kilogrammes force mais l'engin explose après cinq secondes de combustion.
Le 18 mars, le colonel Barré procède, au camp du Larzac, à un troisième essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol. Le moteur développe une poussée de six cents cinquante kilogrammes force mais l'engin explose après quatre secondes de combustion. Les échecs des deux dernier essais sont imputés à l'organisation même du banc d'essai, le jet propulsif faisant trop chauffer la structure de l'engin.

Juillet, le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un quatrième essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol. Le moteur développe une poussée de six cent huit kilogrammes force pendant 0,6 seconde. Les échecs des deux derniers essais effectués au camp du Larzac les dix-sept et dix-huit mars étant imputés à l'organisation même du banc d'essai. Il est alors décidé de poursuivre les essais dans un autre lieu. Le nouveau point fixe est installé dans l'ouvrage de Vancia, qui est situé la banlieue lyonnaise. Il est plus dégagé permettant donc au jet propulsif de moins chauffer la structure de l'engin. Rappelons qu'à cette époque le Larzac et l'ouvrage de Vancia sont situés en zone libre.
Le 23 juillet, le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un cinquième essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol. Cet essai n'est pas significatif.

Août, le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un sixième essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol. Le moteur développe une poussée de huit cents soixante kilogrammes force pendant 2.8 secondes.

Septembre, le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un septième essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol. Le moteur développe une poussée de 654.5 kilogrammes force pendant 10.9 secondes, c'est un succès complet.

Octobre, après ces sept essais au banc et plus particulièrement après le dernier essai réussi, l'équipe de Barré décide d'effectuer des essais en vol. Pour des raisons évidentes de discrétion les essais ne peuvent se dérouler en France métropolitaine. Le choix se porte alors sur l'Algérie où la France dispose de vastes territoires. Une mission est donc effectuée par Barré à Beni-Ounif dans le sud oranais du 3 au 16 octobre 1942.

Septembre 1944, alors que la libération de la France commencée en 1944 se poursuit par la libération de Lyon, les essais en vol de la fusée EA 1941 sont à nouveau envisagés. Le matériel de l'équipe de Barré est rapidement rassemblé. Il est décidé que les premiers tirs auront lieu à la Renardière, dans la presqu'île de Saint-Mandrier qui ferme la rade de Toulon. La rampe de lancement est aussitôt mise en confection et une reconnaissance est effectuée à Toulon pour prendre liaison avec la Marine et organiser les premiers tirs.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

Mars 1945, après maints incidents, le premier tir de la fusée EA 1941 a lieu le quinze mars 1945. La fusée EA 1941 a été conçu pour emporter une charge tile de 25 kilogrammes à 100 kilomètres. Elle fonctionne à l'oxygène liquide, son moteur a une poussée voisine d'une tonne-force. La Marine a fait un effort considérable pour jalonner la ligne de tir : deux hydravions, deux destroyers d'escorte et huit chasseurs et vedettes. L'engin franchit rapidement la rampe, mais il se met rapidement à "précessionner" et explose après cinq secondes de course. Une vedette de la Marine recueille plusieurs fragments qui flottent, dont la bouteille d'azote. La cause de l'explosion ne fut jamais bien établie. Elle peut être attribuée à la précession, cette dernière ayant pu être provoquée par la perte possible d'un aileron de l'empennage.

Deux engins EA 1941 doivent être tirés le 16 mars 1945, mais un seul est mis à feu. Pour une cause indéterminée, la télévalve ne s'ouvre pas et la combustion a lieu sans pression. L'engin, reste au bas de la rampe. Il explose au bout d'une dizaine de secondes, rendant la glissière inutilisable pour le tir du deuxième engin.

Juillet, à nouveau, les circonstances retardent les opérations la "monnaie matière" est rare et délivrée au compte-goutte, des affectations diverses dissocient en partie l'équipe de Barré, et le montage des engins restants est confié à la Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM) à Argenteuil. Mr. Pinard, le forgeron-soudeur est d'ailleurs détaché à cette société. Finalement, le tir n'a lieu que le six juillet 1945, toujours à la Renardière, la rampe de lancement ayant été remise en état. La Marine de Toulon a bien voulu mettre à la disposition des expérimentateurs un hydravion, un escorteur et deux vedettes de port. Trois engins furent tirés ce jour-là:
_ Le premier, animé d'une vitesse insuffisante au sortir de la rampe, par défaut manifeste de pression, est couché par une rafale et tombe en mer, combustion achevée, à une dizaine de kilomètres de la Renardière.
_ Le second, au contraire, animé d'une vitesse excessive, explose 1,2 secondes après avoir franchi la rampe.
_ En raison des retards accumulés au cours des tirs précédents, le troisième engin n'est tiré qu'à 19h 45mn alors que la flottille d'observation est déjà sur le chemin du retour.
Après un très bon départ, la combustion prend fin au bout de 7.5 secondes au lieu des 13 prévues, ce qui semble imputable à un excès de pression. L'engin peut être suivi jusqu'à l'horizon (distant de trente-quatre kilomètres de la rampe de lancement) et certains observateurs affirment l'avoir vu disparaître derrière la ligne d'horizon. La lecture des films permit ultérieurement d'évaluer à 1400 mètres par secondes environ la vitesse de l'engin en fin de combustion son coefficient balistique étant mal déterminé, on n'a pu qu'évaluer grossièrement la portée qui a dû être de l'ordre de 60 kilomètres.

Août, un marché est passé avec la société Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM) pour réaliser un prototype d'un engin plus puissant que la fusée EA-1941 qui doit pouvoir transporter une charge de 300 kilogrammes à une distance de l'ordre de 500 à 1000 kilomètres. Cet engin d'abord appelé EA 1946 prend rapidement le nom d'Eole (Engin fonctionnant à l'Oxygène Liquide et à l'Ether de pétrole). Eole est en fait une réplique à échelle accrue de EA 1941.

Juillet 1946, les mois qui suivent les essais du six juillet 1945 de la EA-1941, sont consacrés en particulier à des études sur un manodétendeur à pression-pilote et divers dispositifs de régulateur de consommation. Ces études s'exécutent à la Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM), un contrat ayant été passé avec cette société par la Direction des Etudes et Fabrications d'Armement (DEFA) à la demande de la Section Technique de l'Armée (STA). Un petit point fixe zénithal est également monté à Satory, sur l'emplacement de l'ancien point fixe REP (Robert Esnault-Pelterie) qui avait été démantelé durant l'occupation. Il s'avère très difficile de coordonner l'arrivé des deux liquides dans le foyer qui est noyé par celui qui arrive le premier. Le professeur Roccard fait étudier dans son laboratoire un émetteur "Mesny" devant servir à une localisation balistique de l'engin cela conduit à étudier une ogive en deux parties isolées électriquement. Un dernier tir de deux fusées à lieu à Toulon le dix-huit juillet 1946; il se solde par un échec complet, les deux engins brûlant en bas de la rampe sans pression ni poussée. La rampe ayant été détériorée, un troisième engin ne peut être tiré. Essayé quelque temps après au point fixe du Mont-Valérien, il fonctionnera parfaitement.

La cause de ces incidents ne fut découverte que près d'une année après au cours d'un essai en atelier, une écaille détachée de la paroi interne de la bouteille en alliage léger étant venue obturer presque complètement l'orifice de sortie situé au bas de la bouteille, les "chuintements" et "miaulements", analogues à ceux entendus à Toulon, sont nettement perçus un examen endoscopique des bouteilles montre, d'ailleurs, que les parois internes de la plupart d'entre elles sont parsemées d'écailles prêtes à tomber. Cet échec a des conséquences psychologiques déplorables à une époque où l'on n'est pas encore habitué au pourcentage élevé des incidents propres à ce genre d'engin. Un essai de modification de l'EA-1941 conduit à un projet d'engin "ONM" (Office National Météorologique). Après quelques essais au point fixe du Mont-Valérien, essais décevants quoique riches d'enseignements, ce projet fut abandonné, les efforts s'étant concentrés sur l'engin "Eole" depuis plusieurs mois déjà.

Jean Yves Henrion.

 

La fusée Eole 

Août 1945, un marché est passé avec la société Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM) pour réaliser un prototype d'un engin plus puissant que la fusée EA-1941 qui doit pouvoir transporter une charge de 300 kilogrammes à une distance de l'ordre de 500 à 1000 kilomètres. Cet engin d'abord appelé EA 1946 prend rapidement le nom d'Eole (Engin fonctionnant à l'Oxygène Liquide et à l'Ether de pétrole). Eole est en fait une réplique à échelle accrue de EA-1941.

Octobre 1946, début de la réalisation de l'EA-1946-A. La tuyère de ce nouvel engin doit être refroidie par circulation entre ses parois, d'éther de pétrole refroidi lui-même à une température voisine de celle de l'oxygène liquide; l'alimentation du moteur en ergols étant réalisée en pressurisant les réservoirs à l'azote; Comme la fusée EA-1941; 1946-A est une fusée non guidée.

Février 1949, premier essai au banc de la fusée EA 1946 A au Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA) de Vernon, qui participe aussi à l'étude. Cet essai dure 13,5 secondes au lieu des 18 secondes prévues, le moteur s'arrêtant par manque d'oxygène. C'est malgré tout un succès.

Janvier 1950, le second au banc de la fusée EA 1946 A n'est pas aussi satisfaisant. Après vingt secondes de combustion normale, trois petites détonations suivies d'une combustion pulsatoire apparaissent et à la trente-quatrièmes secondes une détonation violente se produit. Une lueur intense éclaire le paysage. Elle est même visible à quarante kilomètres de Vernon. L'engin est complètement détruit et le banc d'essai gravement endommagé. L'explosion a aussi fait trois blessés légers. Après analyse, on s'aperçoit que l'origine de l'explosion, comme celle d'ailleurs des deux EA-1941 essayés en 1945, était due à l'hypergolicité de l'essence et de l'oxygène liquide. Il est alors décidé d'abandonner l'éther de pétrole au profit de l'alcool éthylique plus ou moins hydraté qui a donné satisfaction avec le V2 et de procéder à diverses autres modifications.

Décembre, une seconde version d'EA 1946 est réalisée au cours de l'année 1950. Elle prend le nom d'Eole 1951 (Engin utilisant Oxygène Liquide et alcool Ethylique). Un premier essai à feu du moteur est réalisé. C'est un échec, pas de mise à feu du moteur. 

décembre,  second essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. C'est un échec, mise à feu mais pas de poussée développée par le moteur. 

Février 1952, troisième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. C'est un succès, le moteur développant une poussée de 2,3 à 2,5 tonnes. La vitesse d'éjection des gaz est de 542 mètres par seconde.

Mars, quatrième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. C'est un succès, le moteur développant une poussée de 3,5 à 4,3 tonnes. La vitesse d'éjection des gaz est de quatre cent quatre vingt deux mètres par seconde.

Avril, cinquième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. C'est un succès, le moteur développant une poussée de 4,2 à 5,9 tonnes. La vitesse d'éjection des gaz est comprise entre cinq cents et sept cents mètres par seconde.

Mai, sixième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. Le moteur explose. C'est un échec.

Septembre, septième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. C'est un succès, le moteur développant une poussée de 8,7 à 9,59 tonnes. La vitesse d'éjection des gaz est de 2110 mètres par seconde.

Mars 1952, essais au banc PF1 d'une fusée Eole 1952 N°1 complète. C'est un échec car le moteur ne développe pas de poussée.

Avril, essais au banc PF1 d'une fusée Eole 1952 N°2 complète. C'est un succès, le moteur développant une poussée de 7,4 tonnes. La vitesse d'éjection des gaz est de 2110 mètres par seconde.

Octobre, essais au banc PF1 d'une fusée Eole 1952 complète. C'est un échec arrêt du moteur après sept secondes de fonctionnement suite à la fusion du fond de la chambre. 

Pendant les années 1951 et 1952, alors que les essais au point fixe du moteur de la fusée Eole se déroulent sur le banc du Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA), on prépare les essais en vol de la fusée Eole 1952. Ces essais devront avoir lieu à Hammaguir au Sahara, tout nouveau champ de tir d'où commencent à être lancées les fusées-sondes Véronique. La fusée Eole n'étant pas guidée elle doit être lancée à partir d'une rampe dont la longueur est raisonnablement fixée à vingt et un mètres mais qui reste insuffisante. En effet, avec une vitesse en fin de rampe de vingt-cinq mètres par seconde, l'engin reste très sensible à une éventuelle rafale de vent. Il est donc envisagé d'augmenter la vitesse de l'engin à cinquante mètres par seconde au moyen d'un propulseur auxiliaire à poudre.

Octobre 1952, le matériel nécessaire aux essais en vol de la fusée Eole 1952 est transporté à Hammaguir. Alors que les essais en vol de la fusée Eole 1952 vont commencer, le propulseur auxiliaire à poudre permettant d'augmenter la vitesse de la fusée Eole 1952 en fin de rampe, n'a pas encore été réalisé. Il est décidé d'effectuer les premiers lancements d'Eole sans ce dernier mais avec des engins allégés de capacité égale aux deux cinquièmes de leur capacité normale, c'est-à-dire avec une masse d'ergols semblable à celle utilisée lors des essais au banc. Incontestablement ce fut la mise en oeuvre de l'oxygène liquide qui causa le plus de problèmes lors des lancements de la fusée Eole 1952 comme le relata Jean-Jacques Barré lui-même. "Un groupe de production d'oxygène liquide provenant de la station d'essai d'Oberraderach en Bavière, avait été remonté à Bidon II, près de Çolomb-Béchar. L'usine, reliée par un épi au Méditerranée-Niger, disposait de deux wagons-citernes allemands de 32000 litres provenant également d'Oberraderach. La consigne était de remplir un wagon et de l'envoyer à Abadla, terminus provisoire du Méditerranée-Niger. Arrivé là, le liquide devait être transvasé dans la citerne routière de 3000 litres normalement utilisée à Vernon. Il restait à parcourir une quarantaine de kilomètres de piste en tôle ondulée pour atteindre la base de lancement. Malheureusement, cette citerne qui avait donné toute satisfaction sur les routes de France était de construction légère, la citerne proprement dite étant constituée par d'anciens réservoirs de V2 dans lesquels on avait riveté des cloisons de tranquilisation. Pour comble de malchance, un sous-ordre prit l'initiative désastreuse de charger la citerne routière à Bidon II et de l'expédier directement par piste à Hammaguir, soit sur quelque cent vingt kilomètres de tôle ondulée. A trente-cinq kilomètres de l'usine, le convoyeur s'aperçut d'une fuite importante et il fit vidanger la citerne sur place puis lui fit gagner Hammaguir pour examen et réparation ; il eut certainement été plus expédient de la ramener à l'usine, à proximité des moyens importants du Centre Interarmées d'Expérimentation des Engins Spéciaux (CIEES). Quoiqu'il en soit, il fallut attendre deux jours pour que le reliquat de la citerne s'évapore, le siphon de vidange n'atteignant pas le point bas de la citerne. Durant ce temps, l'on s'apercevait que le wagon-citerne parvenu enfin à Abadla était mal calorifugé et devait être envoyé à Bidon II pour rechargement; sur les entre faits, le transformateur de l'usine grillait; il était heureusement très vite remis en état. Par ailleurs, l'ingénieur militaire principal Corbeau prenait l'heureuse initiative de faire transformer deux citernes d'acide nitrique en acier inoxydable en citernes pour oxygène liquide. Simultanément, la citerne de Vernon était remise en état par retrait de la cloison de tranquilisation et obturation des trous de rivet, tandis que le colonel Michaud, Commandant du Centre Interarmées d'Expérimentation des Engins Spéciaux se proposait d'acheminer par avion l'une des citernes transformées par Corbeau. Deux jours après, enfin, le transvasement s'effectuait à Abadla dans la citerne de Vernon réparée, qui, après une menace de crue du Guir, put regagner, sans incident cette fois, son poste de remplissage.".

22 novembre, à 11h30, l'ordre de remplissage de la fusée Eole 1952 vient d'être donné, un affreux craquement se fait entendre et la citerne s'entoure de vapeur. L'ingénieur responsable de l'étude comprend de suite qu'il s'agit d'un incident analogue à celui qui s'était produit précédemment au cours d'un essai à Vernon : rupture du coude supérieur du siphon. Effectivement, la réparation faite à l'époque vient de céder.
Après modification et réparation, le plein peut être effectué et l'engin prend son essor à 16h30 ; sept secondes plus tard, l'on aperçoit une pluie de débris et l'engin désemparé, sans queue ni tête, tombe, tournant comme un bâton, à deux kilomètres de la rampe où son résidu d'alcool continue à brûler durant une bonne partie de la nuit. La tuyère ne porte aucune trace de cloquage et son poli se discerne encore à travers les flammes. Les débris déchiquetés de l'empennage jalonnent la ligne de tir. Cette détérioration de l'empennage peut-être attribué à la chaleur dégagée par les traceurs qui avaient été fixés en bout d'ailes afin d'apprécier le roulis de l'engin et de permettre de suivre ce dernier après la fin de combustion. Il est décidé de tirer le deuxième engin sans traceur.

Le second tir de la fusée Eole 1952 a lieu le 24. Cet engin ne comporte ni télémesure, ni appareil de la Société Française d'Équipement pour la Navigation Aérienne (SFENA), ni ogive largable mais est muni d'un enregistreur de la Société de Fabrication d'Instruments de Mesure (SFIM). Les pleins s'effectuent sans incident. A la mise à feu, l'engin hésite à démarrer. La combustion irrégulière manifeste un manque de pression. En fin de rampe la fusée est larguée à la très faible vitesse de dix-huit mètres par seconde. Lors du tir précédent elle avait atteint 30,5 mètres par seconde, valeur elle-même inférieure à ce qui a été prévu, à savoir quarante-six mètres par seconde. Redressé par une rafale opportune, l'engin poursuit son trajet cahin-caha et perd à son tour son empennage vingt-cinq secondes après la mise à feu. Après avoir atteint une altitude de 2950 mètres, il tombe à 4000 mètres de la rampe.
Au dépouillement des films des cinéthéodolites, on s'aperçoit que les deux engins ont perdu leur empennage à des vitesses très voisines : 335 et 315 mètres par seconde ; les responsables ne sont donc pas les traceurs mais... le mur du son.

Décembre, les deux échecs successifs survenant après les péripéties de la citerne à oxygène liquide causent une impression très défavorable aux assistants qui, pour la plupart, ignorent sans doute que les deux premiers lancements réussis du V2 avaient été suivis de treize échecs successifs. Quoi qu'il en soit, le premier décembre 1952 l'étude de la fusée Eole est suspendue "sine die". À cette date s'arrêtent les expérimentations concernant les fusées de Jean-Jacques Barré. A cette époque aucun programme de missile balistique n'est à l'étude. Seuls, les missiles tactiques et en particulier les systèmes sol-air sont l'objet de multiples recherches mais l'utilisation de l'oxygène liquide est incompatible avec la souplesse d'emploi et la capacité de départ rapide requis par ces systèmes.

Par ailleurs, une autre voie plus satisfaisante de ce point de vue, celle de l'acide nitrique, est prise par les équipes du Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA) depuis quelques mois avec la fusée-sonde Véronique et aussi par la Société pour l'Etude de la Propulsion par Réaction (SEPR). Si, pour l'heure, l'arrêt des études françaises concernant l'oxygène liquide est très décevant pour Jean-Jacques Barré et le laissa quelque peu amer, l'avenir ne devait pas tarder à lui donner raison. Au début des années 1960, les études françaises sur la propulsion à oxygène liquide seront reprises pour un lanceur Diamant amélioré et conduiront directement à la réalisation du troisième étage du lanceur européen Ariane. Les idées d'Esnault-Pelterie et de Jean-Jacques Barré ont donc été particulièrement pertinentes.

 

 

LES FUSEES DE L'ONERA

 

L'office national d'études et de recherches aérospatiales (ONERA) lance la première fusée à propergol solide à étage. Cette fusée baptisée Antarès permet l'étude des phénomènes accompagnant le retour des charges utiles dans les couches dense de l'atmosphère. Ses trois premiers étage lui permettent d'atteindre 150 Km d'altitude. Le quatrième étage allumé pendant la descente, accélère l'ogive de rentrée jusqu'à 8000 Km/h, presque Mach 7.A chaque tir 180000 mesures sont faites.

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Avec ses quatre étages, la fusée Bérénice est une "cousine" des 5 constellations de Sud Aviation. En 1962,  quatre lancements de fusée Bérénice sont effectués. Lancée de l' île du Levant, sur la Cote d' Azur, elle traverse l' atmosphère à Mach 12. D'une masse au départ de 3385 Kg, d'une hauteur de 12,25 m et d'un diamètre maximal de 950 mm Bérénice est essentiellement une fusée de recherche aéronautique portant sur les phénomènes aérodynamiques et thermiques qui accompagnent la rentrée dans l'atmosphère d'un mobile rapide. Lancé sans autre précaution que l'assurance d'une bonne stabilité aérodynamique, Bérénice lancé presque à la verticale accuse quand même, sous l'effet des perturbations inévitables, une dispersion trop grande pour le champs de tir méditerranéen (CERES). La fusée culminant à l'altitude de 270 Km, la dispersion probable de l'impact peut atteindre 120 Km. Aussi il est nécessaire d'équiper Bérénice d'un dispositif de stabilisation automatique destiné à ramener la dispersion de l'impact à 20 km, c'est à dire à limiter la dispersion angulaire à 1 degré lors de la trajectoire de montée.

Caractéristique de Bérénice par étage :

Le 1er étage est équipé d'un propulseur P-739 de la SEPR, d'une longueur total de 4.69 m, d'un diamètre de 580 mm, d'une masse au départ de 1900 Kg pour 1240 Kg de poudre, sa stabilisation est assurée par quatre propulseurs SEPR-67, sa durée de fonctionnement est de 20.6 s.

Le 2ème étage est équipé d'un propulseur P-740 de la SEPR, d'une longueur total de 3.28 m, d'un diamètre de 580 mm, d'une masse au départ de 1057 Kg pour 738 Kg de poudre, sa stabilisation est assurée par un tambour d'empennage, sa durée de fonctionnement est de 15.5 s.

Le 3ème étage est équipé d'un propulseur P-200 de la SEPR, d'une longueur total de 2.35 m, d'un diamètre de 350 mm, d'une masse au départ de 281 Kg pour 156 Kg de poudre, sa stabilisation est assurée par une jupe, sa durée de fonctionnement est de 5.8 s.

Le 4ème étage est équipé d'un propulseur ONERA, d'une longueur total de 2.95 m, d'un diamètre de 220 mm, d'une masse au départ de 135 Kg pour 22 Kg de poudre, sa durée de fonctionnement est de 3.9 s. La spécialisation des étage, deux étages allumés à la monté et deux étages allumés à la retombée, réduit l'altitude de culmination à 270 Km. Pour un angle de tir de 85 degrés la portée est d'environ 120 Km.

Les divers tirs de Bérénice, permettent de contrôler les lois de transfert de chaleur dans un écoulement rapide ainsi que la possibilité de protéger une charge utile à l'aide d'un bouclier ablatif.

Avec ses quatre étages, la fusée Bérénice est une "cousine" des 5 constellations. Lancée de l' île du Levant, sur la Cote d' Azur, elle traverse l' atmosphère à Mach 12. Bérénice a transmit au sol par radio les réactions de sa pointe au fur et à mesure qu' elle s' échauffait. Ces renseignements ont permis de faire avancer l' étude sur les matériaux à haute température.

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1964, dans le monde, d'important travaux concernant la propulsion des fusée ont rendu possible le partage entre deux système de propulsion. L'un basé sur deux ergols liquides, oxydant et combustible stockés séparément et brûlant dans une chambre propulsive, l'autre à poudre, où oxydant et combustible sont les composants d'un même bloc solide, brûlant en couche, également dans une chambre propulsive. Une troisième solution, comportant un ergol liquide et l'autre solide est étudié par l'ONERA. Afin de confirmer en vol les résultats de ses recherches sur la propulsion par fusée hybride, où à "lithergol", l'ONERA a réalisé une petite fusée de 3,60 m de long, de 160 mm de diamètres et d'une masse de 71 Kg sans charge utile. Cette fusée baptisée Lex (Lithergol Expérimental) permet de réaliser les tests.

Réussite partiel du lancement d'une fusée Lex-01 depuis l'Ile du Levant, au Centre d'Essai et de Recherche en Engin Spéciaux (CERES). La charge utile est constitué d'un émetteur de télémesure. Peut avant le tir, un bateau s'engage frauduleusement dans l'espace de tir, il y séjourne deux heures, malgrè toutes les tentatives faites pour le chasser.

Le tir intervient enfin et, après un très beau départ, la fusée décrie une courte parabole avant de retomber à quelques centaines de mètres du rivage. Après récupération de la fusée, l'explication de cet échec partiel tient principalement dans l'attente sur la rampe de lancement de la fusée, entraînant la création de particules (résultant de l'oxydation du réservoir) qui ont obturés un filtre placé devant l'injecteur, causant ainsi un important déficit de poussée.

Juin 1965, pour palier au problème survenu lors du tir du la fusée Lex-01, l'ONERA conçoit le projet de transférer automatiquement l'oxydant et l'azote de pressurisation dans la fusée au moment du tir. La séquence dure 25 secondes au bout desquelles la réaction automatique d'un vérin commande la vanne pyrotechnique de la fusée. Pour obtenir une combustion à forte intensité et à haut rendement, exempte de vibrations à tous les régimes, trois cents tir au banc sont nécessaire pour atteindre un excellent résultat. Trois fusées Lex-02 sont tirées au-cours de cette campagne. Succès des trois tirs depuis l'Ile du Levant, au Centre d'Essai et de Recherche en Engin Spéciaux (CERES). Une des fusées, d'une masse initiale de 78 kg a atteint l'altitude de 68 Km.

Décembre 1965, après l'analyse des résultats de la campagne de juin 1965, l'ONERA arrête le modèle déffinif de la fusée Lex-02-B en décembre 1965.

Novembre 1967, campagne de tir de l'ONERA depuis l'Ile du Levant, au Centre d'Essai et de Recherche en Engin Spéciaux (CERES). Quatre fusées Lex-02-B sont lancée, deux destinés a des essais technologique et deux autres pour une utilisation pratique. Les deux fusées Lex-02-B "technologique" fonctionnent parfaitement malgré des conditions météorologiques difficiles. Les films d'études du premier tir d'une Lex-02-B "utile" montre qu'à la 25ème secondes de vol s'est séparée prématurément.

Le second tir de la Lex-02-B "utile" connaît une réussite totale, la masse initiale de la fusée est de 80,5 Kg avec une charge utile de 9,5 Kg. Elle atteint plus de 100 Km d'altitude. Le parachute assurant une descente correcte pendant 31 minutes permettant ainsi une mesure du vent dans une vaste tranche d'altitude.

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La fusée Titus a été spécialement mise au point par l'ONERA pour l'observation de la couronne et l'analyse spectral des rayons ultra violet du Soleil lors de l'éclipse de novembre 1966 en Argentine. Titus est une fusée a deux étages d'une hauteur d'un peu plus de 11.5 mètres et d'une masse totale sans la charge utile de 3045 Kg et peut lancer 400 kg à 250 km d'altitude. Le Le premier étage, d'une masse de 1935 Kg, est propulsé par un bloc de poudre plastolane de type SEPR 739-2 d'une masse de 1245 Kg et d'une durée de combustion de 20 secondes. Le deuxième étage, d'une masse de 1110 Kg, est propulsé par un bloc de poudre plastolane de type SEPR 740-3 d'une masse de 738 Kg et d'une durée de combustion de 20 secondes. Elle est stabilisé par 4 tuyères orientables disposées autour de la tuyère principal du premier étage, la stabilisation du deuxième étage est obtenu par quatre empennages fixes. La précision de la stabilisation est de l'ordre du degré. Pour un tir sur une rampe à 85 degrés et avec une pointe de 381 Kg et après correction en fonction du vent entraîne une dispersion de 2,5 Km pour le premier étage et de 1,5 Km pour le deuxième étage. Le pilotage de la fusée est assuré par bloc de type "Pascal".

A 13h 42' (TU) le 12 novembre 1966, deux fusées Titus sont lancées avec succès depuis Las Palmas, province de Chaco, en Argentine, avec la collaboration du CNIE Argentin.

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Tacite (Tentative d'Analyse du Contraste Infrarouge Terre-Espace) est une fusée mono-étage à stabilisation aérodynamique par un empennage cruciforme. Elle comporte de petites tuyères d'éjection d'azote pour la mise en rotation. Elle utilise un propulseur Stromboli SEPR 739-2 chargé d'un bloc de poudre Plastolane d'une durée de propulsion de 20 secondes. D'une masse totale au départ de 1738 Kg sans la pointe utile pour une hauteur de presque 8 mètres, elle réalise un essai le 15 juin 1965 depuis l'Ile du Levant, au Centre d'Essai et de Recherche en Engin Spéciaux (CERES). La fusée tacite a permit à la charge utile de 229 Kg, composée de différents télescopes équipés de détecteurs infra-rouges, d'atteindre l'altitude de 180 km.

le 23 novembre 1967, le second tir est un échec, un dispositif de télèdestruction est monté sur le fond du propulseur. Le récepteur de télèdestruction et ses dispositifs de protection et de sécurité sont logé dans le compartiment situé à l'avant du propulseur. Les bords de fuite des empennages reçoivent les antennes de télèdestruction.

La réussite reprend avec le troisième et dernier tir le 15 mai 1968. Les performances de cette fusée ont été établies pour un site de lancement de 85 degrés. Pour conserver en cours de vol une marge statique de stabilité suffisante, la masse de la charge utile doit être supérieur à 220 Kg. Pour un tir sur une rampe à 85 degrés et avec une pointe de 220 Kg l'altitude théorique maximum est de 200 Km avec une dispersion en portée de 50 Km.

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Tibère est une fusée à trois étages développée par l'office national d'études et de recherches aérospatiales (ONERA) dans le cadre de l'opération ELECTRE. Le programme ELECTRE doit permettre l'étude et l'expérimentation sur la rentrée de pointe dans l'atmosphère à des vitesses comprises entre Mach 13 et Mach 16. Dans ces conditions, une onde de choc se crée en avant de la pointe du corps, les gaz qui constituent l'atmosphère, portés à haute température et ionisé, sont le siège d'une émission lumineuse intense. Ces phénomènes entraînant par exemple l'interruption des liaisons radioéléctrique entre le sol et le véhicule hypersonique à la rentrée, partant de sa détectabilité. C'est pour mieux comprendre ces phénomènes et valider les modèles mathématiques que l'ONERA entreprend ce programme

L'aboutissement de ce programme doit être constitué par plusieurs essais en vol avec des fusées Tibère.
Le 1er étage : Ber (pour Bérénice) (1970 Kg)
Le 2ème étage : Tacite (1700 Kg)
La charge utile : Un bloc de re pointage en attitude Cassiopée (120 Kg)
Le 3ème étage : Le P064, l'étage terminal du lanceur Diamant-A (730 Kg)
Le troisième étage, fabriqué par Sud Aviation, est allumé pendant la descente pour obtenir une plus grande vélocité de la tête de rentrée.
Tibère mesure 14,375 m de haut pour une masse total de 4520 Kg.

Le 23 février 1971, le premier tir depuis le centre d'essai des landes de Biscarosse est un succès.

le 18 mars 1972, le second et dernier tir et aussi un succès. Pour un tir sur une rampe à 85 degrés et avec une pointe de 100 Kg l'altitude théorique maximum est de 2000 Km avec une dispersion en portée de 130 Km. Le re pointage lors de la phase de rentrée est assuré par le bloc de pilotage Cassiopée, constitué d'un gyroscope qui assure la détection de l'attitude, un calculateur qui combine les informations fournis par la détection et élabore l'ordre de commande des gouvernes de jet et des gouvernes de jet au nombres de huit qui délivrent les couples de pilotage nécessaires au re pointage de la pointe.

 

 

Le 1er mars 1962, le CNES Centre Natioanal d'Etudes Spatiale nouvellement crée entreprend de poursuivre les programmes de lancements de fusées sondes  prévus par le Comité de recherches spatiales en intensifiant l'étude de la haute atmosphère et les recherches apparentées, télécommunication, biologie...

Fin 1962, le CNES dispose de deux familles d'engins:

_ La première famille à propulsion à poudre avec les Constellations Belier, Centaure, Dragon, puis Dauphin et Eridan. La facilité de stockage, la rapide mise en oeuvre en font un grand avantage. Par contre la "brutale" propulsion et les fortes accélérations au décollage en font un engin dangereux.

_ La seconde famille à propulsion liquide avec les Véronique du LRBA suivit de Vesta. Par rapport aux fusées à poudre, la propulsion liquide procure un réel avantage: La poussée est contrôlable et la performance augmentée.  

Tableau des lancements fournis par Jonathan McDowell