Au début des années 50,
les autorités Françaises avaient mesuré le caractère indispensable de posséder
une force de frappe dissuasive autonome. En 1951, le gouvernement
Bourgès-Maunoury se prononça en faveur des missiles stratégiques. Puis en
1954, c' est Pierre Mendès France qui lance le programme atomique Français
militaire. Le refus des deux grands a renoncer à la course au armement avait
fait pencher la décision de la France pour une force dissuasive.
En 1958, le général de Gaule arrive à l' Elysée et sur la lancé de ses
prédécesseurs lance la création d' un organisme qui sera la clef de voûte de
l' aventure spatiale la SEREB, Société pour l' Etude et la Réalisation d'
Engins Balistiques. Devant le refus de coopération avec Boeing et Lockheed, la
jeune société se met en quête de développer ses propres
missiles.
Financée à l' origine par le ministère de la défense, la SEREB va resté
jusqu' en 1970 avant la fusion avec Nord et Sud Aviation pour créer l'
Aérospatiale, le fer de lance de la réflexion française en matière
balistique. Outre les programmes de missiles sol-sol et sol-mer, elle explorera
les avantages et les inconvénients de la propulsion liquide et à poudre, tout
en améliorant les techniques de guidage et de pilotage des lanceurs.
Travaillant dans un premier temps pour le militaire et et en "cachette
" pour le spatial, la SEREB "officialise" son activité spatiale
en 1961.
Quand le général de Gaule
décidera de quitter l' OTAN en 1964, la SEREB sera obligée de développer
toute seule de nouveaux missiles ainsi que leur système de guidage auparavant
fournit sous licence par les Américains.
Septembre 1961, la France
décide de réaliser un lanceur spatial. Dans ce but, la SEREB avait développé des véhicules d' essai
dits VE qui portaient un numéro à trois
chiffres, le premier indiquant le nombre d' étages, le second le mode de
propulsion à poudre ou liquide et le dernier la présence ou non d' un système
de guidage. A ces véhicules des noms de pierres précieuses ont été donné, Agate, Topaze,
Rubis, Emeraude et Saphir.
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NOM: Agate VE 110
HAUTEUR: 8,56 m
DIAMETRE:
MASSE: 3400 kg
CHARGES: 100 kg à 200 km
1er VOL: juin 1961.
Successeur du VE Aigle, il
expérimente la mise au point
d'une ogive de mesures qui doit être montée sur tous les véhicules
d'essai suivant, d'une case à équipement récupérable et des moyens
d'essais et de mise en oeuvre du champ de tir d'Hammaguir. 8 tirs sont
réalisés entre 1961 et 63 avec succès. Les quatre autres tirs
suivants en version 110RR verront trois échecs en 1963-64.
Listing
des lancements
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Topaze 112 n°2 en mars 1964
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NOM: Topaze VE 111
HAUTEUR:
DIAMETRE:
MASSE:
CHARGES:
1er VOL: décembre 1962Topaze
est la première fusée à poudre française pilotée, grâce à quatre
tuyères orientables monté sur le fond du propulseur à poudre. Elle est
stabilisée aérodynamiquement non plus par des empennages, mais par une
jupe, sorte de tronc de cône, dont la traînée la maintient sur sa
trajectoire. Elle s' est rendu
célèbre le 19 novembre 1962 en expérimentant pour la première fois le
système de pilotage automatique. Elle est lancée au total 14 fois dont 13 avec
succès jusqu' en mai 1965. Les résultats très satisfaisants obtenus
avec les VE-110 Agate et VE-111 Topaze permettent de passer à la phase
suivante, celle de la validation du premier étage du VE-231 Saphir.
Listing
des lancements
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NOM: Rubis VE 210
HAUTEUR: 9,61 m
DIAMETRE:
MASSE: 3360 kg
CHARGES: 30 kg à 2000 km
1er VOL: juin 1964.
Le VE 210 réalise 6 tirs d' Hammaguir avec Agate comme
premier étage, Turquoise comme second pour étudier le
troisième du lanceur Diamant (largage de la coiffe, la séparation et la mise
en rotation).
4 autres tirs en version Rubis fusée ont lieu en 1965-67 pour des
expériences scientifiques. Listing
des lancements
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Le premier étage à ergols liquide
Emeraude VE 121 permet d' étudier la propulsion
(moteur Vexin). 5 sont lancé entre juin 1964 et juillet 1965. Le 15 juin 1964, le
premier véhicule expérimental Emeraude VE-121 numéro 1 échoue suite à un
problème de guidage. Le lancement a lieu depuis depuis Hammaguir près de
Colomb-Béchar en Algérie. La réalisation d'un premier étage à propulsion
par propergols liquide pour le VE-231 Saphir s'impose. D'autant plus que le LRBA
a déjà réalisé un moteur de 16 tonnes de poussée pour la fusée sonde Vesta
et qu'une extrapolation des possibilités de ce moteur à 25 tonnes est
envisageable à court terme. La technologie des propergols solide n'étant pas
suffisament développée pour permettre des poussées aussi importante, le
VE-121 Emeraude doit donc permettre l'étude de la propulsion à partir de
propergols liquide.
Le VE-121 servira de premier étage au VE-231 Saphir. Il mesure 17,93 mètres,
pour un diamètre de 140 centimètres. Le moteur est alimenté en ergols par
pressurisation des réservoirs et fonctionne avec 12,7 tonnes d'acide nitriqe et
d'essence de térébanthine, il développe une poussée de 280 KN pendant 91
secondes. La charge utile est de 395 Kg pour une altitude maximum de 200 Km. Sa
masse est de 18,2 tonnes.
Le VE-121 est stabilisé aérodynamiquement par quatre empennages en croix. Le
pilotage en tangage et en lacet est assuré par la tuyère orientable. Le
pilotage en roulis par des gouvernes de bord de fuite montées sur deux des
quatre empennages et assistées de deux propulseurs auxiliaires à poudre.
Le VE-121 est constitué d'un premier étage à propulsion liquide, d'un second
étage inerte simulant la masse et dimensions du futur VE-231 Saphir et d'une
tête de mesure.
Sur les 5 tirs réalisés, les trois premiers échoueront.
Listing des
lancements.
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Emeraude VE121 n°6
Topaze VE 111 apporte des solutions aux problèmes de
la mobilité des tuyères pour le pilotage en déviant le jet des moteurs.
Placé sur Emeraude, il devient Saphir VE 231. Dans le programme militaire
initial, la fusée VE-231 Saphir doit permettre d'expérimenter les techniques
de pilotages, de séparation entre le premier et le deuxième étage, de guidage
et de rentrée dans l'atmosphère de la tête de mesure. Trois tirs sont
réalisé entre juillet et octobre 1965 avec un échec (second tir).
Le but de la version VE-231G lancé 6 fois en mars 1966 (tir G1-G2), en novembre 1966
(tir G3-G4) et
janvier 1967 (tir G5-G6) est de permettre la mise au point d'un système de guidage inertiel
composé d'une centrale et d'un calculateur, de valider le bon fonctionnement du
système d'arrêt de poussée et de parfaire les études de la précision de
guidage.
Le but de la version VE-231 R lancé 5 fois en 1966 est de permettre l'étude
des problèmes liés à la rentrées dans l'atmosphère et en particulier celle
de l'ablation des matériaux du corps de rentrée.
15 fusées sont lancées de juillet 1965 à janvier 1967 avec seulement deux
échecs (second et 12eme tirs). Listing
des lancements.
La SEREB pense qu' en
associant à Saphir un 3eme étage on pourrait créer un lanceur de satellites
capable de satelliser 50 à 80 kg à 200 km. Cet étage entièrement nouveau
avec une structure en fibre de verre bobinés et à poudre, il fallait le
créer.
Le premier Diamant est
lancé le 26 novembre 1965 avec dans sa coiffe A1, une capsule technologique de
47 kg témoin de la réussite française. Malheureusement la presse ne fut
pas le témoin de l' exploit, la peur d' un échec à la veille des élections
présidentielles ayant inquiété l' Elysée et "militarisé" l'
évènement.
Quatre Diamant sont lancés
d' Hammaguir. La seconde le 17 février 1966 pour satelliser Diapason, la
troisième et quatrième les 8 et 15 février 1967 pour lancer Diadem 1 et 2.
Hammaguir ferme ses portes le 1er juillet suivant et il faudra attendre trois
ans avant qu' une Diamant B ne lance le satellite Allemand Dial de la base
équatoriale de Kourou, en Guyane.
Tableau des lancements fournis par
Jonathan
McDowell
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