Dérivé du missile balistique intercontinental R-7, le lanceur
Soyouz ou Zemiorka (la 7eme) est la fusée la plus utilisée et l'une des plus fiables au
monde, avec à son actif plus de 1.700 lancements de satellites ou de missions
habitées depuis le premier Spoutnik, en 1957. Ce lanceur est le fer de lance
des russes en matière de vols habités. Il a lancé en effet tous les vaisseaux
habités, du Vostok au Soyouz TMA qui amène les actuels occupants vers la station ISS.
Depuis 1996, le lanceur est commercialisée également
par la société franco-russe Starsem,
dont les actionnaires sont le constructeur aéronautique européen EADS (35%),
Arianespace (15%), l'agence aérospatiale russe (25%) et le centre spatial russe
de Samara (25%), à partir du cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. L'idée de
tirs depuis Kourou a pris forme après la constitution de cette société en
1999, afin de faire profiter à ce lanceur de l'acquis considérable que représente
la position équatoriale du CSG dans la charge embarquée. Au
plan technique, l'idée n'a pas d'opposition notable sauf en ce qui concerne la
financement de la nouvelle plateforme en Guyane.
Les Soyouz devraient combler le vide laissé vacant par l'arrêt de
l'exploitation des Ariane-4 pour emporter (dans la version modernisée Soyouz-ST) des charges utiles géostationnaires allant jusqu'à 3,2 tonnes,
charges utiles impossibles à embarquer à Baïkonour (situé par 45 degrés de
latitude nord). Au milieu des années 1990, des projets de Proton et de Cyclon
à Kourou avaient aussi été étudié, mais sans aboutir.
En 1998, Starsem, nouvellement crée étudie
la possibilité d'implanter le Soyouz à Kourou. Mais le 6 juin 2000, Arianespace abandonne le projet de
lancement de fusées Soyouz depuis Kourou. Le consortium avance les coûteux
investissements nécessaires pour adapter les installations (200 MF). Le risque
de voir concurrencer Ariane 5 explique aussi cette décision et le site de
Kourou restera exclusivement consacré au lanceur européen.
2001
Devant le refus des européens, les russes
menacent de ne pas renouveler les accords Starsem et de s'associer à Boeing
pour lancer le Soyouz depuis les îles Christmas. En avril, la Russie demande
officiellement d'utiliser la base spatiale du CSG pour des lancements
équatoriaux.
Le 15 novembre, l'Europe spatiale se réunit pendant deux
jours à Edimbourg (Ecosse). Sur la
table, les propositions de l'Agence pour les années 2002-2006. Elles se situent
pour l'essentiel dans la continuité. A côté des programmes liés à
l'évolution d'Ariane 5 et à l'exploitation du centre de Kourou, les principaux
thèmes sont l'exploration de l'univers, l'observation de la Terre, les
télécoms, la navigation par satellites et la participation à la station
spatiale internationale.
La fusée russe Soyouz devra encore patienter
un petit peu avant de décoller depuis Kourou, le jardin équatorial d'Ariane,
en Guyane. Réuni pour passer en revue les différents programmes scientifiques
des cinq prochaines années, le Conseil ministériel de l'Agence spatiale
européenne (ESA) ne tranchera pas tout de suite le dossier «Soyouz à
Kourou». «Sauf coup de théâtre, on devrait simplement donner mandat au
directeur de l'ESA de continuer les négociations avec les Russes pour arriver
à une signature définitive en juin 2002», explique Roger-Gérard
Schwartzenberg, ministre français de la Recherche. Mais les Russes pourront-ils
attendre longtemps avant de savoir si Arianespace sera autorisé à acheter
leurs fusées pour les commercialiser ? Le feuilleton franco-russe devrait
encore tenir en haleine toute la petite famille du spatial européen. Et
fatalement relancer une jolie foire d'empoigne entre industriels et pouvoirs
publics. Car ni Arianespace (opérateur d'Ariane), ni EADS (fabricant de la
fusée et actionnaire d'Arianespace), ni la Snecma (fabricant des moteurs) ne
sont sur la même orbite.
Pourtant, sur le papier, l'arrivée de la
fusée russe à Kourou a de quoi réjouir les équipes d'Arianespace. Jusqu'à
présent les Européens s'étaient laissé déborder par les Américains, partis
avant eux faire ami ami avec l'industrie spatiale russe. Avant de lancer chacun
de son côté en 2002 un concurrent direct d'Ariane 5, Lockheed Martin et Boeing
ont tous deux assuré leur base arrière en signant des programmes de
coopération avec les Russes. Une nouvelle concurrence qui a fait un mal de
chien à Ariane. Au point qu'il lui a fallu, en début d'année, décréter en
urgence un violent plan de réduction des coûts de fabrication d'Ariane 5 de 50
% d'ici à 2005. Dans ce contexte, faire venir Soyouz à Kourou a deux avantages
: éviter que les Américains mettent la main dessus et surtout disposer d'un
lanceur déjà bien amorti et donc largement compétitif que pourra proposer
Arianespace à ses clients. La Soyouz viendrait remplacer Ariane 4 après 2003,
date prévue de sa retraite. Cette vieille fusée française ne pouvant de toute
façon pas rivaliser avec ces niveaux de prix. Arianespace s'est donc laissé
convaincre qu'avoir deux fusées sous un même feu (Soyouz d'une capacité de 3
tonnes et Ariane 5 de 12 tonnes) lui offrirait une plus grande flexibilité
commerciale.
Restent de vulgaires questions d'argent. Et
là, l'affaire se complique. Car faire décoller Soyouz depuis Kourou nécessite
la construction d'un pas de tir adapté à ses mensurations. Soit environ 250
millions d'euros. Les gouvernements européens ont dit d'accord pour prendre à
leur charge un tiers de l'investissement, et les industriels un deuxième tiers.
Reste la part des Russes. «Vladimir Poutine est très favorable à cet accord,
mais le problème c'est que l'Agence spatiale russe n'a pas un sou en poche pour
financer les travaux», explique un négociateur français. Les Européens ont
bien tenté de faire un geste en proposant un paiement en nature (des
équipements livrés depuis la Russie) plutôt que du liquide. Mais, pour
l'instant, ça coince.
L'autre condition est le prix d'acquisition de
la fusée Soyouz. «Aujourd'hui, les Russes en proposent 20 millions de dollars
par unité (22,6 millions d'euros). Et, à ce prix-là, aucun business plan ne
permet de rentabiliser l'opération», assure-t-on dans l'entourage de
Roger-Gérard Schwartzenberg. Habiles, les Russes agitent la menace de vendre la
fusée aux Australiens si les Européens continuent à faire la fine bouche.
Ces marchandages redonnent des couleurs aux
opposants de Soyouz. Et en particuliers à la Snecma, le fabricant des moteurs
d'Ariane 5. Le constat de l'entreprise publique est simple : l'arrivée de la
fusée russe à Kourou signifie moins de lancements d'Ariane, donc moins de
chiffre d'affaires pour la Snecma. Par ailleurs, le ralentissement du marché
des satellites de télécommunications et la future concurrence des deux
lanceurs américains lui font craindre le pire. «Ce projet n'a pas de sens en
matière de rentabilité économique, assure Joël Barre, le directeur de la
division Espace de la Snecma. L'offre mondiale des lanceurs est aujourd'hui bien
supérieure à la demande. On devrait utiliser l'argent prévu pour Soyouz à
renforcer le programme Ariane.» Chez Arianespace, on estime que son partenaire
est juste mal luné. «Personne ne peut dire ce que sera le marché des
satellites de télécommunication en 2005, répond Françoise Bouzitat, la
secrétaire générale d'Arianespace. Il ne faut pas se contenter de regarder le
plan de charge de ses usines aujourd'hui pour juger de la portée de cet
accord.»
Pas besoin? C'est grosso modo le discours des
stratèges d'EADS, à la fois fabricant d'Ariane 5 et actionnaire d'Arianespace.
Pour le géant européen, l'arrivée de Soyouz est une façon habile de mettre
un pied dans l'embrasure de la porte de la grande maison de Russie. «On a
beaucoup plus à gagner qu'à perdre dans cette affaire. D'abord parce que cela
ouvre de nouveaux programmes de coopération dans le spatial avec les Russes»,
assure un dirigeant d'EADS. Ce à quoi la Snecma répond que l'industrie
européenne n'a pas besoin de Soyouz pour nouer des alliances. «La preuve,
c'est ce que l'on est en train de faire à la Snecma», assure Joël Barre.
Ambiance ! En réalité, EADS réfléchit déjà à après-demain et rêve d'un
coup à plusieurs bandes qui finirait par faire entrer l'industrie aéronautique
russe civile dans le programme Airbus. Ce qui lui permettrait d'occuper le
terrain avant les Américains de Boeing. Soyouz ne serait alors qu'un petit
encas. A 250 millions d'euros la bouchée, il est normal que ça ait du mal à
passer.
Le 19 novembre le conseil ministériel de
l'ESA d'Edimbourg se réunie mais aucune avancés sur le dossier est
présentée. Bien qu'il soit acquis que Arianespace assurera la
commercialisation du lanceur, d'autres points sont en discution, la
participation des russes à la construction du pad de tir, le prix des lanceurs
et l'exclusivité du Soyouz aux européens. Le dossier est remis au prochain
conseil en juin 2002.
Les russes, de leur coté joue au "bluff"
en essayant de proposer le lanceur Aurora, un dérivé du Soyouz aux
Australiens. Un accord est signé le 14 décembre pour un premier tir en 2004.
2002
Février, le dossier "Soyouz à
Kourou" sera présenté au conseil de l'ESA qui se réunira à Montréal en
juin. Arianespace plaide pour le Soyouz qui remplacera les Ariane 4 en 2003.
Printemps
2002 Gérard BRACHET, Directeur Général du CNES Propos recueillis
par Théo Pirard
Dans l'exploration de
l'espace, la France a très tôt joué la carte de la coopération avec la
Russie... Que dire d'une présence russe au Centre spatial guyanais de
Kourou ?
J'ai parfois des doutes
sur le fait que la Russie ait réellement envie que l'opération Soyouz à
Kourou se fasse. Ce n'est pas si clair. Comment concilier d'un côté
l'implantation du Soyouz de Kourou, affaire importante pour le
rapprochement de l'Europe avec la Russie, et de l'autre l'optimisation de
l'exploitation du lanceur européen Ariane 5 ? Telle est la vraie
question. C'est pourquoi, depuis un an, on tourne en rond sans arriver à
des conclusions. Chez Arianespace, c'est clair : on a besoin d'un lanceur
bon marché qu'on peut rapidement mettre en oeuvre pour les lancements de
satellites moyens qui sont aujourd'hui confiés à des Ariane 4. Mais,
dans un an, il n'y aura plus d'Ariane 4. Ce souci de flexibilité ne doit
pas se traduire par une cannibalisation du marché d'Ariane 5. De ce
risque, les industriels qui construisent Ariane 5 sont conscients et ils
sont inquiets.
Combien de fusées Soyouz peut-on lancer
de Kourou, sans le risque de gêner Ariane 5 ?
Quand on essaie de
chiffrer ce souci, on voit qu'autoriser chaque année deux lancements de
Soyouz en Guyane n'a pas d'effet négatif sur le marché d'Ariane 5. Cette
possibilité a plutôt un impact positif sur la réactivité d'Arianespace
par rapport au client. Deux Soyouz par an, ce n'est pas beaucoup. Est-ce
qu'une telle cadence peut justifier l'investissement de centaines de
millions de dollars pour réaliser un complexe de lancement Soyouz à
Kourou ? D'où cette proposition que j'ai faite au gouvernement :
convaincre les Russes de lancer depuis Kourou vers la station spatiale
internationale leurs fusées avec les vaisseaux Soyouz, quand ils sont
habités par des astronautes européens. Ainsi on pourrait imaginer un
accord entre l'ESA et la RAKA, l'Agence aérospatiale russe, pour au moins
une mission par année au départ de Kourou. En 2002, depuis Baïkonour,
deux astronautes de l'ESA iront visiter la station à bord de Soyouz : un
Italien en avril et un Belge en novembre
Quel avantage voyez-vous à faire partir
des équipages de la Guyane vers la station spatiale ?
Sur le plan technique,
c'est la même chose de lancer vers la station un vaisseau Soyouz de
Kourou ou de Baïkonour. Pas de différence pour les performances. Au
Centre spatial guyanais, il faudrait des installations supplémentaires
pour préparer les vaisseaux Soyouz et leurs équipages. Les Européens
disposeraient ainsi à Kourou d'une base pour des vols habités dans
l'espace. Politiquement parlant, la présence du Soyouz en Guyane
deviendrait plus intéressante. Elle donnerait une belle impulsion à une
entente spatiale russo-européenne pour développer en commun les lanceurs
réutilisables du futur. |
Le 12 juin s'ouvre le conseil
de l'ESA à Montréal. Soyouz à Kourou coûtera 275 millions d'euro, dont 145
millions pour l'industrie européenne, 110 millions pour l'industrie russe,
ainsi que 20 millions de taxes versées à la Guyane. La somme sera payé soit
par les états membres, la Russie, les industriels, ou encore la Commission
européenne... Malgré tout, l'ESA. décide d'adopter la résolution lançant le
programme. Des négociations entre les différents partenaires sont engagées
devant aboutir à un accord avant la fin de l'année. Malgré l'invitation du Président
POUTINE, l'Union européenne refuse catégoriquement de participer au
financement.
Dans l'été, la Commission
européenne se dit prête à participer au financement. Elle pourrait lever des
fonds sur les budgets du développement de la Guyane française, de la coopération
avec la Russie et des programmes technologiques. Les Européens s'occuperont des
travaux de terrassement et les Russes fourniront la plate-forme. D'ailleurs, ces
derniers s'engagent à ne pas dépasser les coûts préalablement définis.
En septembre, la
sous-direction sol du C.N.E.S. commence une étude de faisabilité technique.
Le 10 décembre, une dizaine de techniciens
russes du centre de Baïkonour (Kazakhstan) se rendent à Kourou (Guyane)
pour étudier les critères techniques de l'implantation et l'exploitation du
lanceur russe Soyouz depuis le Centre spatial guyanais (CSG).
La
construction d'un pas de tir à Kourou destiné aux Soyouz et la mise en place
de l'infrastructure nécessaire doit coûter entre 250 et 300 millions de
dollars (autant d'euros) et l'Agence spatiale européenne (ESA) voudrait que la
Russie assume un tiers de cette somme, ce que Moscou n'est pour l'instant pas
prêt à accepter. La délégation est encadrée par la
Starcem.
En attendant une décision politique,
entérinant la venue de Soyouz à Kourou, le lieu d'implantation du pas de tir a
déjà été choisi et sera situé à la Malmanoury, à dix kilomètres du site
de lancement de la fusée européenne Ariane 5.
La construction d'un pas de tir à Kourou
destiné aux Soyouz et la mise en place de l'infrastructure nécessaire doit
coûter entre 250 et 300 millions de dollars (autant d'euros) et l'Agence
spatiale européenne (ESA) voudrait que la Russie assume un tiers de cette
somme, ce que Moscou n'est pour l'instant pas prêt à accepter. Selon les
industriels français, il faudra environ trois ans à partir de
la conclusion d'un accord pour "être techniquement prêt" à
procéder à des lancements de fusées Soyouz à partir de la base Kourou.
Le feu vert pour le lancement de fusées
russes Soyouz depuis le centre spatial guyanais (CSG) à Kourou devrait en
principe être donné lors du conseil de l'agence spatiale européenne (ESA) en
mars et l'accord avec la Russie être signé en avril, pour une pose de la
première pierre du pas de tir réservé à ce lanceur en mai.
En novembre à Toulouse, le Premier ministre
français, Jean-Pierre Raffarin, laisse entendre que le volet financier du
projet devrait être signé "au tout début 2003". La part russe
devrait prendre la forme d'un emprunt qui sera remboursé grâce aux bénéfices
tirés de l'exploitation des lancements, mais aucune répartition financière précise n'a encore été décidée
2003
Janvier, le
feu vert pour l'implantation d'un pas de tir propre aux fusées russes Soyouz au
sein du Centre spatial guyanais à Kourou devrait en principe être donné lors
du prochain Conseil de l'Agence spatiale européenne en mars 2003. Selon l'ESA,
l'accord avec la Russie interviendrait en avril 2003.
La dizaine de techniciens russes présents à
Kourou en décembre 2002 pour étudier les critères techniques de
l'implantation et l'exploitation du lanceur russe Soyouz depuis le CSG n'a
relevé aucune difficulté majeure susceptible d'entraver l'implantation. Pour
Starsem, la société qui assure la commercialisation et l'exploitation du
lanceur Soyouz, la position équatoriale du CSG permet de réduire la
consommation d'ergols en profitant de la rotation de la Terre et offre des
avantages enthousiasmants. Sans aucune modification, son lanceur serait alors
capable de viser des orbites élevées avec des charges utiles d'autant plus
lourdes que l'économie de masse générée par un moindre emport d'ergols sera
importante (en fonction des missions).
En particulier, expliquent les experts, les
fusées Soyouz pourraient combler le vide laissé vacant par l'arrêt de
l'exploitation des fusées Ariane-4 (dont l'ultime vol est prévu le 12
février) pour emporter des charges utiles géostationnaires allant jusqu'à 2,8
tonnes, missions impossibles à envisager depuis Baïkonour.
Reste que si sur le plan technique tout semble
idyllique, le volet financier de l'implantation est plus problématique.
L'arrivée de Soyouz à Kourou nécessite la construction d'un nouvel ensemble
de lancement, d'un coût estimé entre 250 et 300 millions d'euros. Or, les
négociations de la répartition financière entre l'ESA et la Russie seront
d'autant plus âpres que la situation économique n'est guère florissante pour
les deux puissances spatiales.
30 janvier, le
rapport de la Commission de réflexion sur la politique spatiale française
affiche son scepticisme quant à l'opportunité du projet d'implantation du
Soyouz à Kourou aujourd'hui. Ne disposant pas d'étude de marché
géographique et argumentée croisant un éventuel produit composé de trois
lanceurs (Vega, Soyouz et Ariane 5 ECA) et la gamme des prix de vente-objectifs
réalistes correspondants, la Commission juge qu'il n'est guère raisonnable de
prendre, en l'état actuel des choses, la décision de construire un ensemble de
lancement Soyouz à Kourou.
Aujourd'hui, face à un contexte économique
dégradé, on assiste à une surcapacité de l'offre des services de lancement,
des répéteurs en orbite (ce qui provoque une chute des prix de leur location).
Cet effet conjoncturel est amplifié par l'allongement de la durée de vie des
satellites en orbite, la concentration des opérateurs de satellites entraînant
une rationalisation des flottes et un démarrage lent de l'utilisation des
satellites dans le domaine de l'Internet large bande.
A cette incertitude économique, viennent
s'ajouter les problèmes de fiabilité qui affectent Ariane 5, comme en
témoigne le récent échec de la première Ariane 5 ECA (10 tonnes). Pour la
Commission il serait plus approprié que les ressources humaines et financières
d'Arianespace soient consacrées en priorité à la réussite de la
qualification d'Ariane 5 ECA et sa fiabilisation pour atteindre au minimum le
niveau de fiabilité d'Ariane 4 dans sa phase opérationnelle.
Cependant, si aujourd'hui il n'est guère
opportun d'implanter Soyouz à Kourou, il sera intéressant d'aborder cette
question lorsque Ariane 5 ECA inspirera confiance et qu'il apparaîtra que le
marché mondial des lanceurs commerciaux est suffisamment viable pour une telle
offre commerciale. N'oublions pas qu'Arianespace est actionnaire à hauteur de
15 % de Starsem, la société qui assure la commercialisation et l'exploitation
du lanceur Soyouz sur le marché international, en particulier concernant les
versions Soyouz-Fregat et Soyouz/ST.
11 février,
L'ESA propose un plan de financement pour le Soyouz à Kourou. La part russe de
100 millions d'euros nécessaire à la construction de la table de lancement et
des bars d'alimentation et les liaisons fluides seront financé par des banques
ou par l'ESA elle même avec un remboursement de 17 millions d'euros par an de
2006 à 2015. La décision finale sera prise le 27 mai par une réunion de
conseil interministériel.
Le site de
construction du pad est situé à Malmanoury à 12 km au Nord Ouest de l'ELA 3.
Les travaux de génie civil devraient débuter en mai et la construction en
octobre. Le premier lancement est programmé pour 2005. Les installations seront
prévues pour les lanceurs Soyouz Fregat et Soyouz ST ainsi que les versions
habités du Soyouz U.
22 février,
l'ESA, le CNES et Arianespace ont demandé 4 millions d'Euros de budget auprès
du Regional Fund for Jobs Development afin de construire le complexe de
lancement du Soyouz à Kourou. La décision est prévue le 7 mars. 60 millions
d'Euros avaient déjà été refusé par le conseil général de Guyane en
décembre dernier.
Les grandes étapes du
chantier Soyouz :
Revue de Conception Système (RCS) = décembre 2002
Revue de définition Préliminaire (RDP) = mars/avril 2003
Consultations industrielles = mai 2003
Choix des industriels = juillet 2003 pour les mandataires tous corps d’état
Terrassements généraux = démarrage des travaux en fin de saison des
pluies soit juin/juillet 2003
Début des travaux tous corps d’état = septembre 2003
Fin des travaux de terrassement = saison sèche 2004
Essais et validation des systèmes sol = fin 2005
Un nouveau chemin de fer au CSG. Lorsque le lanceur Soyouz aura été intégré dans le bâtiment MIK
prévu à cet effet, il sera acheminé vers le pas de tir sur le chariot
érecteur, circulant sur une voie ferrée de 1,52 m de large. Cette voie
ferrée sera constituée par des rails posés sur traverses et sur ballast
et dimensionnée pour reprendre une charge d’environ 160 tonnes.
Et les hommes dans tout ça ?
Les campagnes de lancement Soyouz devraient nécessiter la présence de
180 personnes sur place (permanents et missionnaires) parmi lesquelles 150
Russes et 30 agents CNES et Arianespace.
|
27 mai, à la
suite d'une réunion avec les ministres de l'espace de l'ESA à Paris, une série
d'engagements en faveur de l'avenir de l'espace européen sont prises. Les
ministres donnent le feu vert à l'utilisation, probablement à partir de 2007,
du lanceur russe Soyouz depuis Kourou, ce qui nécessitera un investissement de
314 millions d'euros.
28 mai, les
ingénieurs russes vont moderniser les lanceurs Soyouz qui décolleront depuis
le Centre spatial guyanais (CSG) à Kourou (Guyane française). Les nouveaux
Soyouz seront plus puissants et capables de transporter des satellites plus
lourds. Le projet technique est achevé et tout est prêt pour lancer la
production des Soyouz modernisés à l'usine Progress à Samara (Volga). Le
directeur de Rosaviakosmos Iouri Koptev a estimé que l'accès des lanceurs
russes à Kourou permettra à la Russie de "gagner entre 40 et 45% du marché
mondial des lancements commerciaux de satellites dans les dix prochaines années"
et d'obtenir jusqu'à 80.000 emplois pour les spécialistes russes.
Le premier vol de Soyouz, dont l'arrivée en Guyane nécessitera la construction
d'un pas de tir entièrement neuf, était en principe prévu en 2006, mais
l'Agence spatiale européenne (ESA) a laissé entendre que cet événement
serait vraisemblablement retardé.
18 juin, la Russie souhaite utiliser le camp
de tir de Kourou dès 2006 pour les missions commerciales notamment le lancement
du satellite français Carot. Selon Youri Koptev, directeur de l'agence spatiale
russe les travaux devraient commencer en septembre. Le site choisit par le CSG
est situé à Malmanoury au Nord de la commune de Sinnamary. La zone de
préparation du lanceur où se situera le MIK est éloigné de 600 m de la zone
de lancement ZL. Comme à Baikonour, le Soyouz sera assemblé à l'horizontale
et transporté sur le pad sur un train avant d'être érigé sur la plateforme.
La plateforme reprendra la structure en "pétale" caractéristique des
fusées A2 mais modernisé sans les bras de servitude. Une tour de montage
attenante permettra le montage du composite supérieur (coiffe et CU) sur le
lanceur en ZL.
Juillet, Kourou, commence l'abattage des arbres
pour dégager le terrain où sera construit le pas de tir destiné aux lanceurs
russes Soyouz. La partie russe fournira les équipements pour le pas de tir et
en assure le montage et l'exploitation. Les équipements russes arriveront à
Kourou par bateau et seront ensuite transportés sur des remorques spéciales
pouvant transporter des charges entre 60 et 80 tonnes. Ces remorques seront
fournies par la partie française.
Selon les estimations de
l'agence aérospatiale russe, l'accès des lanceurs russes à Kourou permettra
à la Russie de gagner entre 40 et 45% du marché mondial des lancements
commerciaux de satellites dans les dix prochaines années et d'obtenir jusqu'à
80.000 emplois pour les spécialistes russes.
Selon les
dires de Viktor Nikolaev,
n° 2 de Starsem, la fusée qui sera lancé de Kourou est un Soyouz amélioré dit Soyouz 2,
connu sous le nom de FG. La version 2-1A qui volera en 2004 pour la
première fois est équipé d'un système de guidage digital. La version
2-1B est équipé de moteur RD 0124 sur le troisième étage et sera
opérationnel en 2005. Le lanceur est équipé d'une coiffe de 4,11 m de
diamètre réalisé par le TsSKB à Samara.
Le Soyouz 2-1A placera 2800 tonnes en GTO,
contre 1800 de Baikonour.. La version 2-1B placera elle 3100 tonnes en
GTO. Les lanceurs Soyouz seront acheminé par
bateau jusqu'à Kourou comme les Ariane. Elles utiliseront les mêmes
navires Toucan et Collibri. Le lanceur sera assemblé horizontalement,
mais la partie haute le sera verticalement après érection sur le pad. Le
pad comprendra en plus une tour de service pour ces opérations.
L'intégration se fera dans un bâtiment situé à 600 m du pad. |
|
Quelques dessins
représentant le pad de tir des Soyouz sur le site de Malmanoury au Nord de la commune de
Sinnamary. Photos CNES 2003/Illustration David DUCROS. |
|
|
9 octobre, lors du séminaire gouvernemental
franco-russe à Moscou, la France et la Russie signent l'accord pour la construction du
pad de tir Soyouz en Guyane. La déclaration est faite par le premier les
premiers ministres russe Mikhaïl Kassianov et Français Jean Pierre Raffarin en
visite en Russie.
7 novembre, le Premier ministre français
Jean-Pierre Raffarin et le vice-Premier ministre russe Boris Aliochine signent
l'accord fixant le cadre juridique et réglementaire du lancement de fusées
Soyouz-ST de la base de Kourou, en Guyane française. Cet accord est la
première étape d'une nouvelle coopération entre la Russie et l'Union
européenne dans le domaine des lanceurs spatiaux commerciaux.
L'étape suivante consistera, dans les
semaines qui viennent, en une "déclaration de programme" de l'Agence
spatiale européenne (ESA). C'est sur cette base que l'agence procédera le 18
décembre à un tour de table pour le financement du nouveau pas de tir de
Kourou destiné à Soyouz. Le coût de la plate-forme est évalué à 314
millions d'euros "hors aléas", dont 50% sera financé par la France.
Le reste sera à la charge de ses partenaires européens, la participation de la
Russie étant l'apport du lanceur.
Le vice-Premier ministre Boris
Aliochine (G) et Jean-Pierre Raffarin. Derrière, le ministre de la recherche
Claudie Haigneré.
2004
Février, Les crédits nécessaires pour
assurer la garantie d'un accès indépendant de l'Europe à l'espace sur la
période 2005-2009 sont débloqués, ce qui garantit l'avenir de la filière
Ariane et permet de préparer activement le développement des "lanceurs du
futurs". A cette occasion, les 15 pays membres de l'ESA ont débloqué une
enveloppe de 223 millions d'euros pour démarrer le programme Soyouz en Guyane,
pour lequel Arianespace ajoutera 121 millions d'euros. Ce montant global de 344
millions d'euros comprend le développement d'une nouvelle version du Soyouz et
la construction, au Centre Spatial Guyanais de Kourou, du pas de tir de Soyouz.
Les travaux devraient durer deux ans pour un premier décollage en 2006.
La France apportera 58% de l'investissement, l'Italie 8% (qui seront portés à
12% en juin), l'Allemagne 6%, la Belgique 6%, l'Espagne 3%, et la Suisse 2,5%.
Cela couvre 82,7 % des fonds nécessaires pour démarrer le programme, la
commission Européenne devrait ajouter 6,7%.
31 mai, dans le cadre de la réalisation du
projet, d'un coût total de 314 millions d'euros, l'Union européenne attribuera
aux entreprises russes 121 millions d'euros (la première tranche a déjà été
versée et ventilée entre les entreprises russes concernées). Les 193 millions
restants iront aux firmes européennes chargées du développement de
l'infrastructure du pas de tir. L'aménagement de ce dernier est déjà en
cours.
L'Europe lorgne depuis longtemps sur cette
fusée porteuse russe universelle. En 1996, l'entreprise mixte (EM) Starsem
avait été mise sur pied en vue de son exploitation commerciale. Le nom de
cette firme est l'abréviation de Space Technology Alliance based on R-Semyorka
Launch vehicles. Pour les tirs qui seront effectués depuis Kourou
TsSKB-Progress transformera la fusée de nouvelle génération Soyouz-2 en
Soyouz/STK (Starsem-Kourou). Elle sera dotée d'un carénage de nez plus
volumineux de manière à pouvoir y loger des engins spatiaux de grandes
dimensions; de moteurs plus puissants et d'un système de commande numérique
permettant de contrôler de manière plus précise la trajectoire de vol. Les
essais en vol de la Soyouz-STK devraient commencer à la fin de 2004 au
cosmodrome de Baïkonour. Le premier tir depuis Kourou est programmé pour
décembre 2006. A cette date la fusée orbitalisera le satellite astronomique
français Corot (COnvection, ROtation et Transits planétaires).
Des Soyouz/STK ont aussi été
"commandées" pour les missions Smart2 et Bepi Colombo, ainsi que pour
le premier lancement groupé pour le système européen de navigation par
satellite Galileo.
Le pas de tir des Soyouz à Kourou sera
aménagé non loin de la localité de Sinnamary, à une dizaine de kilomètres
au nord du pas de tir des lanceurs Ariane 5. Ce pas sera une combinaison de la
charpente basculante de type "tulipe" qui maintenait la "Semyorka"
avant le départ, et d'une structure fixe avec paliers d'accès à la fusée
escamotables. La fusée Soyouz/STK sera acheminée jusqu'au Centre spatial de
Kourou par voies terrestre et maritime, à bord de convois ferroviaires
spéciaux et dans les cales de cargos européens. Le lancement sera réalisé
par la société Starsem.
La fusée Soyouz tirée depuis Kourou
bénéficiera de certains avantages "énergétiques" par rapport à
Baïkonour et, surtout, à Plessetsk. Ces avantages seront substantiels lors du
placement de charges utiles sur des orbites géostationnaires. A Kourou Soyouz
pourra placer des satellites deux fois et demie à trois fois plus lourds qu'à
Baïkonour. Ce qui accroît d'autant l'attrait déjà grand de ce lanceur.
Des lancements de vaisseaux pilotés Soyouz au
moyen de cette fusée depuis Kourou sont aussi envisagés. Toutefois, du point
de vue du poids de la charge utile acheminée jusqu'à la Station spatiale
internationale (ISS), les tirs effectués depuis Kourou ne présentent aucun
avantage en raison de l'inclinaison spécifique (51,6 degrés) de l'ISS. Ici le
gain procuré par la proximité de l'équateur (la vitesse de rotation de la
Terre s'ajoute à celle de la fusée) est pratiquement annulé par l'orientation
plus septentrionale du tir.
Pour les spécialistes russes, la principale
carence de Kourou en tant que cosmodrome pour la desserte de l'ISS réside dans
le fait que sa zone n'est pas adaptée à un atterrissage en catastrophe du
vaisseau en cas de pépin (la fusée est d'une très grande fiabilité,
mais...). En effet, les méthodologies russes sont fondées essentiellement sur
les recherches et le sauvetage sur la terre ferme, or à Kourou ces opérations
devraient être effectuées principalement en mer.
Par ailleurs, le Centre spatial de Kourou est
également inutilisable pour les vols guidés sur des orbites équatoriales du
moment que ces dernières offrent un secteur d'observation de la terre limité
et que les postes de mesures terrestres russes se trouvent hors des zones
balayées par les vols guidés. Il convient de souligner que la construction du
pas de tir à Kourou a dans une grande mesure été initiée par les Européens.
Pour le programme spatial russe cette installation ne présente pas un besoin
particulier. Pour la Russie il est bien plus important de développer
l'infrastructure de Plessetsk et d'utiliser les avantages offerts par ce
cosmodrome notamment lors du placement de satellites sur des orbites polaires.
Quoi qu'il en soit, l'espace est un business.
Les lancements de satellites sont lucratifs. Pour la construction du pas de tir
des Soyouz l'Agence spatiale européenne dépensera plus de 300 millions d'euros
qu'elle estime pouvoir rentabiliser en dix ans malgré tous les problèmes
rencontrés aujourd'hui sur le marché des lancements commerciaux. La partie
russe elle aussi sera bénéficiaire.
Lorsque la construction du pas de tir du
lanceur russe sera achevée à Kourou, Soyouz sera la seule fusée au monde à être tirée de
trois pays différents: depuis la Russie (Plessetsk), le Kazakhstan (Baïkonour)
et la Guyane française (Kourou). Nombre
d'incertitudes restent encore à lever sur l'organisation de l'ensemble de
lancement de Soyouz. L'ancien ensemble de préparation aux charges utiles
(les satellites) d'Ariane 4, qui a fini sa carrière, doit être recyclé
pour préparer l'étage Fregat du Soyouz. Comme à Baikonour, le lanceur
sera assemblé à l'horizontale et amené sur le pad tiré par train sur
son support. L'intégration de la charge utile à la verticale oblige à
construire une tour de service annexe
Les
travaux de terrassement ont commencés en janvier 2004 et se sont déroulé sur
une année avec la création de pistes, déboisement, drainage,
préparation du terrain (1 million de m3 sur 120 hectares)… L'appel
d'offre pour le premier lot de ces travaux concerne le génie civil, les
VRD, les réseaux énergie et climatisation a été lancé au début du
mois d'avril. Le
premier coup de pioche a eu lieu en avril devant quelques officiels
comme le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA)
Jean-Jacques Dordain, le directeur général d'Arianespace Jean-Yves Le
Gafl et le directeur général du Cnes Yannick d'Escatha, Igor Barmine,
directeur général de KBOM (responsable des installations au sol de la
base spatiale russe) et Léonard Taput, directeur adjoint du département
infrastructures sol de l'agence spatiale russe Rosaviakosmos. |
|
|
Implantation
du ELS sur la route de Sinnamary. Le CSG est en bas sur les deux images. |
|
|
L'ensemble
de lancement Soyouz avec au premier plan sur le seconde image
l'emplacement du carneau. |
L'ESA
est le maitre d'œuvre du programme avec le CNES, Arianespace est
l'exploitant du système Soyouz en Guyane. Elle est aussi responsable des
prestations russes du programme Soyouz dans le cadre d'un contrat avec le
CNES et de la qualification opérationnelle du SLS. L'organisation
industrielle est constitué d'un groupement conjoint , le groupement
Soyouz Infrastructures, qui comprend le GIE INFRASOYOUZ (Vinci
Construction Grands Projet et NOFRAYANE), mandataire de l'ensemble du
groupement, MT Aerospace (ancien Man Technologie), ACIA regroupant AXIMA Belgique,
CRYSTAL (France), AXIMA FRANCE et CLEMESSY. Vinci
Construction a déjà travaillé sur le CSG en réalisant les ELA, l'usine
de propergols Ariane 5 et les bâtiments de charges utiles S5. Le
choix industriel est réalisé dans l'été et les premiers travaux
démarrent à la rentrée. La partie la plus difficile à faire sera le creusement
du carneau d'évacuation des gaz taillé directement dans le granit, comme
le fut le BEAP d'Ariane 5. Le massif avant et la tour seront aussi
difficile à réaliser.
|
|