1er février, 8 h 59 heure du
matin au dessus du Texas, Columbia effectue sa
rentrée dans l'atmosphère et effectue son premier virage en "S"
destiné à ralentir sa vitesse. Au sol, à Houston, le capcom Charles Hobaugh
converse avec l'équipage normalement:
MCC: "And Columbia, Houston, we see your tire pressure messages and we
did not copy your last." (A vous Columbia, ici Houston. Nous avons reçu
vos derniers messages sur la pression des pneus. Nous n'avons pas capté le
dernier (message)... ".
Columbia: "Roger, ah, ba (unintelligable)"(Bien reçu,
mm..." non intelligible).
Le contact vient d'être perdu, Columbia survole le Texas à Mach 18 et
se trouve à 61712 m d'altitude en direction de la Floride.
A Houston, les techniciens
attendent les liaisons de télémesures en bande C et vocales en UHF avec
l'Orbiter depuis les stations du MILA en Floride.
Le capcom Charles Hobaugh
9 h 14, le responsable
"rentrée" du MCC de Houston Leroy Cain lance le plan de récupération
d'urgence.
9 h 15, l'officier dynamique n'a plus de liaisons télémesures avec Columbia.
9 h 16, normalement Columbia aurait du atterrir en Floride, mais des témoins au
sol au Texas déclarent avoir entendu un grand "boom" et vu des éclairs dans
le ciel comme une explosion.
9 h 19, le plan d'urgence est en route au MCC. Columbia volait à 200 000 pieds
d'altitude et à 1500 mile par heure au moment de la perte de contact. Il
devient clair que Columbia s'est désintégrée au dessus du Texas.
9 h 36, la NASA demande aux personnes qui trouveraient des débris de l'Orbiter
par terre de ne pas les toucher ni les ramasser à cause de leur toxicité.
9 h 40, lors d'une conférence tenue la veille à Houston, le
responsable de la rentrée Leroy Cain se demandait si le détachement d'un
morceau de la protection thermique du réservoir pendant le décollage aurait pu
influer sur la sécurité du retour. Dans le film du lancement, un morceau de la protection
thermique du réservoir externe se serait détaché et aurait heurté le bord
d'attaque de l'aile gauche. Mais la NASA n'a pas pris cet élément trop en
considération.
10 h 02; le Pt Georges W Bush est
informé de la situation. Il est prévu qu'il retourne à Washington dans les
heures qui suivent.
10 h 26, des débris fumants sont repérés au sol dans l'état du Texas, mais la
NASA ne confirme pas qu'il s'agisse de Columbia.
Les premiers témoignages et images de vidéos amateurs montrent clairement que
des parties de l'Orbiter se détachent et partent en gerbe de fumée.
Normalement la rentrée des navettes se caractérise par les deux booms
supersoniques, mais aujourd'hui, c'est un énorme boom qu'on entendu les
témoins suivit de petit moins fort.
Photo Scott Lieberman
Image TV WFAA (Dallas)
11 h 30, la première conférence de
presse de la NASA est repoussée à plus tard.
11 h 45, la NASA demande aux personnels du KSC d'arrêter les travaux en cours.
Atlantis est actuellement dans le VAB assemblé au stack de propulsion STS 114.
12 h 25, les
écrans radars de satellite météo montrent la zone de retombée des débris
de Columbia au dessus du Texas.
13 h 20, au KSC, l'administrateur
Sean O'Keefe déclare aux journalistes: "This is indeed a tragic day",
c'est une profonde tragédie. Toutes les données du vol sont verrouillées pour
l'enquête qui suivra. Une commission externe sera nommée prochainement. Une
autre conférence est prévue à 15 h au centre Johnson.
14 00, le Pt Bush annonce officiellement la perte de Columbia et la mort des sept astronautes. "Nous
continuerons" lance t'il.
DISCOURS DU PRESIDENT BUSH
My fellow Americans, this day has brought
terrible news and great sadness to our country. At 9:00 a.m. this
morning, Mission Control in Houston lost contact with our Space Shuttle
Columbia. A short time later, debris was seen falling from the skies
above Texas. The Columbia is lost; there are no survivors.
On board was a crew of seven: Colonel
Rick Husband; Lt. Colonel Michael Anderson; Commander Laurel Clark;
Captain David Brown; Commander William McCool; Dr. Kalpana Chawla; and
Ilan Ramon, a Colonel in the Israeli Air Force. These men and women
assumed great risk in the service to all humanity.
In an age when space flight has come to
seem almost routine, it is easy to overlook the dangers of travel by
rocket, and the difficulties of navigating the fierce outer atmosphere
of the Earth. These astronauts knew the dangers, and they faced them
willingly, knowing they had a high and noble purpose in life. Because of
their courage and daring and idealism, we will miss them all the more.
All Americans today are thinking, as
well, of the families of these men and women who have been given this
sudden shock and grief. You're not alone. Our entire nation grieves with
you. And those you loved will always have the respect and gratitude of
this country.
The cause in which they died will
continue. Mankind is led into the darkness beyond our world by the
inspiration of discovery and the longing to understand. Our journey into
space will go on.
In the skies today we saw destruction and
tragedy. Yet farther than we can see there is comfort and hope. In the
words of the prophet Isaiah, "Lift your eyes and look to the
heavens. Who created all these? He who brings out the starry hosts one
by one and calls them each by name. Because of His great power and
mighty strength, not one of them is missing."
The same Creator who names the stars also
knows the names of the seven souls we mourn today. The crew of the
shuttle Columbia did not return safely to Earth; yet we can pray that
all are safely home.
May God bless the grieving families, and
may God continue to bless America. |
15 h, la conférence au JSC est retardée de
quelques minutes. La vidéo du lancement montre bien qu'un morceau de la
protection thermique du réservoir extérieur situé à l'avant entre les
"pods" d'attache se détache et vient heurter le bord d'attaque de
l'aile gauche à la 80eme seconde de vol.
Le directeur du programme STS Ron
Dittemore parle à la presse. Le drame se serait joué quelques minutes avant 9
h avec la perte de données sur les capteurs de température du système
hydraulique sur les élevons de l'aile gauche. Il suit une perte de pression
dans les pneus du train principal gauche (logé dans l'aile) et des capteurs de
structure.
Ron Dittemore, NASA
15 h 50, les russes confirment le
lancement du vaisseau cargo Progress dimanche 2 février vers la station ISS
occupée par trois astronautes depuis novembre 2002. Dittemore annonce ne pas
savoir quand les vols STS reprendront.
16h, Dittemore confirme la chute
d'un morceau de la protection thermique du réservoir pendant l'ascension le 16
janvier dernier. Mais cet évènement n'a pas été jugé pouvant compromettre
la sécurité de l'équipage. De toute façon, la NASA n'est pas équipée de
matériel pouvant réparer les tuiles thermiques des Orbiters en orbite.
Les dernières données
télémétriques sont arrivées à 8 h 59 mn 22 a.m. EST au temps MET (mission
elapsed time) de 15 jours, 22 heures, 20 minutes, 22 secondes, l'altitude était
de 207135 pied et la vitesse M 18.3.
Columbia a passé 300 jours, 17 heures
39 mn et 23 s en vol depuis le 12 avril 1981 en 28 missions.
16 h 40, Dittemore déclare que
des morceaux de protection thermique du réservoir se sont aussi détachés lors
du vol STS 112 en octobre dernier sans conséquence sur le retour. Une
enquête va être mené pour savoir si d'autres missions ont connu pareil
problème.
L'armée US est entièrement
mobilisée pour assurer le quadrillage et la récupération des débris de
Columbia sur le Texas avec l'Air Force (avions A C-141 de McGuire Air Force
Base, N.J) pour le transport rapide d'équipe NASA du KSC, l'Air Force Reserve
(6 F-16 Fighting Falcons du Naval Air Station Joint Reserve Base, Fort Worth,
Texas), les gardes ccôtes du Naval Air Station New Orleans, de St. Petersburg,
en Floride et des patrouilles dans le Golfe du mexique pour la récupération
des débris, l'Army avec 4 hélicoptères UH-60 de Fort Hood, Texas, la Navy
avec les hélicoptères Dauphin du Naval Air Station New Orleans et la garde
nationale du Texas (A C-130 Hercules du NASJRB, Fort Worth).
21 h 30, les données de Columbia
montrent que dans les minutes précédents le drame, les contrôleurs de vol
commencèrent à voir les indications de problèmes "majeurs" sur l'aile
gauche de l'Orbiter. Un nouveau point sera fait dimanche 2.
LES
DERNIERES MINUTES DE COLUMBIA STS 107
- 8h15 (13h15 GMT): Columbia allume ses rétrofusées
pour sortir d'orbite et entamer sa phase de retour sur Terre.
- 8h53 (13h53 GMT): la NASA ne reçoit plus les mesures des températures
du système hydraulique gauche de la navette.
- 8h58 (13h58 GMT): la NASA ne reçoit plus les mesures de trois capteurs
de températures sur la partie gauche de la navette.
- 8h59 (13h59 GMT): la NASA perd huit indicateurs de température supplémentaire
et les mesures des pressions des pneus intérieurs et extérieurs
gauche. L'un des indicateurs reste visible à l'équipage sur un tableau
d'affichage, ce que l'équipage confirme.
- 8h59 (13h59 GMT): Dernière transmission. Message radio de la Mission
de contrôle: "Columbia, Houston, nous voyons vos messages sur la
pression des pneus et nous n'avons pas bien reçu le dernier".
Columbia répond: "Roger (bien reçu, NDLR), euh..."
- 9h00 (14h00 GMT): la NASA perd tout contact avec Columbia, qui disparaît
des écrans de contrôle alors qu'elle se trouve à 62.140m d'altitude.
- 9h00 (14h00 GMT): les habitants du Texas, de l'Arkansas et de la
Louisiane signalent avoir entendu "un énorme bang" et vu des
flammes dans le ciel.
- 9h16 (14h16 GMT): heure prévue de l'atterrissage de Columbia.
- 9h29 (14h29): la NASA décrète l'urgence. |
2 février
Des
restes humains provenant probablement de la navette spatiale américaine
Columbia sont découverts à Hemphill dans l'Etat du Texas, tandis que des
débris de l'engin spatial sont retrouvés dans plusieurs comtés du Texas
et de la Louisiane. A Hemphill, au
Texas, un membre du personnel hospitalier fait état de la découverte de ce
qui semblait être un torse humain carbonisé, d'un fémur et d'un crâne humain sur une route de campagne.
Des habitants de Nacogdoches, localité située à 217km au nord-est de Houston,
au Texas, ont trouvé un débris présumé de la navette spatiale, un barreau
métallique avec des boulons argenté découvert dans la cour d'une maison. La
population s'est rendue en grand nombre sur les lieux pour photographier les
débris.
"Il y en a partout à Nacogdoches", a déclaré James Milford, patron
d'un salon de coiffure. "Il y a plusieurs petits morceaux, des parties de
la mécanique."
Une pièce de la taille d'une voiture compacte est tombée à la frontière
entre le Texas et la Louisiane, selon Tom Maddox, shérif du comté de Sabine.
Le président américain George W. Bush a invoqué samedi soir les pouvoirs
extraordinaires dont il est investi pour autoriser la FEMA (Federal Emergency
Management Agency) à consacrer tous les fonds fédéraux nécessaires aux opérations
de recherche et de ramassage des débris de la navette spatiale Columbia et au
paiement des dépenses liées au drame dans les Etats de Louisiane et du Texas.
Une commission d'investigation
indépendante est nommée pour enquêter sur le désastre de la navette
spatiale américaine Columbia, tandis que la NASA et la chambre des représentants
mèneront leurs propres investigations. Cette commission
d'enquête indépendante sera composée d'experts de l'armée de l'air et de la
marine américaine et d'enquêteurs du département américain des Transports et
d'autres agences fédérales américaines, a précisé l'administrateur de la
NASA Sean O'Keefe.
L'agence spatiale américaine va également mener
sa propre enquête. La NASA a établi une cellule de crise sur la base aérienne
de Barksdale, en Louisiane. La commission scientifique de la Chambre des représentants
se penchera également sur les circonstances de la tragédie, a déclaré son président
Sherwood Boehlert, précisant que la commission d'enquête indépendante avait
commencé à travailler dès samedi matin.
M. Boehlert s'est dit confiant sur la fait que le panel d'experts parviendrait
à trouver l'origine du désastre.
Les enquêteurs vont revoir toutes les
informations collectées par la NASA dès le début du processus d'atterrissage
de Columbia, à savoir les transmissions radio de l'équipage de la navette, les
données fournies par les capteurs de l'appareil, l'analyse des débris retrouvés
au Texas et dans les Etats environnants ainsi que les informations provenant de
l'armée, du gouvernement et des satellites commerciaux.
Les satellites militaires avec des détecteurs infrarouges ont relevé plusieurs
éclairs de lumière lorsque la navette s'est désintégré, selon un
responsable de la Défense, ayant requis l'anonymat. Il n'est pas clair dans
l'immédiat si ces "éclairs" de chaleur indiquait une explosion, la
combustion de débris de la navette entrant dans l'atmosphère ou d'autre phénomènes.
Les responsables de la NASA et du FBI ont écarté
d'entrée l'hypothèse d'un acte terroriste.
Harold Gehman
|
La NASA annonce la
nomination d'une commission d'enquête "the Gehman boad"
présidé par l'amiral Harold W Gehman, un ancien de la Navy. A ses
cotés:
_ L'amiral Stephen Turcotte, Commandant de l'US Naval Safety Center,
Norfolk, en Va.
_ Le major général John L. Barry, directeur de programmes au
Headquarters Air Force Materiel Command, Wright-Patterson Air Force Base
dans l' Ohio;
_ Le major général Kenneth W. Hess, Commandant de l' US Air Force chef
de la sécurité à Kirtland Air Force Base au Nouveau Mexique;
_ Le Dr. James N. Hallock, chef de la division sécurité aviation au
ministère des transport US à Cambridge, Mass;
_ Steven B. Wallace, directeur des recherches sur les accident à la FAA
Federal Aviation Administration à Washington;
_ Le brigadier général Duane Deal, commandant de la 21st Space Wing,
Peterson Air Foce Base dans le Colorado;
D'autres personnes de la NASA
participent également à cette commission G. Scott Hubbard, directeur
au Ames Research Center, Moffett Field en Californie, Bryan D. O'Connor,
administrateur associé de la NASA et ancien astronaute et Theron
Bradley, Jr., chef ingénieur au HQ de la NASA comme secrétaire. |
Des débris de la navette Columbia sont
découverts en plus de 800 endroits, ont annoncé des responsables du comté de
Nacogdoches (est du Texas, sud), l'un des comtés où semblent s'être
concentrés ces débris. Ces débris, a précisé le shérif Tom Maddox, sont de
nature très différentes selon les endroits. "Parfois il y a un seul
débris, de 10 cm de diamètre en un endroit. Un autre site peut couvrir 400
mètres, et compter plus de 200 débris". Certains dépassent les 2 mètres.
Des bâtiments, des véhicules ont été frappés" par ces débris en
plusieurs endroits, mais personne n'a été blessé. Parmi ces débris figurent
des composants d'ordinateur. Une responsable locale, Sue Kennedy, a précisé
que personne pour l'instant n'était censé les ramasser, en insistant sur leur
caractère dangereux. Elle a ajouté que quelque 70 personnes à Nacogdoches
s'étaient présentées aux services des urgences, après avoir touché des
débris, inquiètes d'une éventuelle contamination par des produits toxiques
provenant de la navette.
La NASA annonce qu'elle réalisera deux
conférences par jour à partir de lundi à 11h 30 depuis Washington et à 16 h
30 depuis Houston.
Des sources NASA racontent qu'une section
importante de ce qui peut être le fuselage avant de Columbia a été trouvé
près de Lufkin-Nocogdoches au SE de Dallas. Les équipes de récupération
continue de chercher le reste des corps des membres de l'équipage alors que
certaines sources affirment qu'ils ont été retrouvé. Aucun détails sur les
astronautes n'a été révélés par décence pour les familles. Les éléments
récupérés seront déposés sur la base de Barksdale en Louisiane.
Les premiers éléments de l'enquête de la NASA font état d'un échauffement anormal sur son flanc gauche, quelques
minutes avant la désintégration au-dessus du Texas. Les premières hausses de
températures constatées par les contrôleurs de Houston sont survenues en
quatre points du "circuit hydraulique du puits du train d'atterrissage
gauche", indique le directeur du programme navette Ron Dittemore, en
détaillant la séquence des évènements à bord dans les six minutes
précédant la catastrophe.
Ces premières hausses de températures sont
survenues à 08H53 (heure de la côte est, 13H53 GMT), alors que la navette
survolait la Californie.
A 08H54 (13H58 GMT) au-dessus de l'est de la Californie et l'ouest du Nevada (ouest), les
températures dans la partie centrale du fuselage, au-dessus de l'aile, ont
également commencé à grimper.
Elles ont augmenté "de 15 degrés en cinq minutes" sur le côté
gauche externe du fuselage, ce qui est relativement significatif. Toutefois,
dans la soute, près des réservoirs cryogéniques de comburant, les
températures étaient normales.
A 08H58, alors que la navette était toujours en pilotage
automatique au-dessus de l'ouest du Texas, elle est partie en roulis sur la
gauche. La "stabilisation automatique de roulis" a augmenté, montrant
que la navette subissait une friction accrue de l'air sur son côté gauche et
que le pilote automatique essayait donc de compenser vers la droite. Sans être
sur, il s'agirait d'une perte de tuiles.
Peu après 08H59, le contact est perdu. Après ce silence radio, la NASA dispose de 32 secondes de données télémétriques fragmentaires en
provenance du véhicule qui doivent encore être analysées. Ron Dittemore a
souligné qu'il ne pensait pas à ce stade que cet incident ait eu des
conséquences structurelles "significatives" sur la navette, autrement
dit que les tuiles du bouclier thermique aient été endommagées. Même si
c'était le cas, la perte d'une tuile en soi ne signifierait pas la perte de la
navette. Plusieurs navettes ont en effet réussi à se poser sans problèmes
dans le passé, malgré la perte de plusieurs tuiles thermoprotectrices en
plusieurs endroits. "Les indices que nous collections nous conduisent à
penser qu'il y a eu un problème thermique plutôt qu'une anomalie structurelle.
Reste à savoir ce qui s'est passé:
court-circuit dans le câblage électrique
de l'aile ?
Porte du compartiment du train d'atterrissage qui s'est détachée ?
Eclatement d'un pneu ?
La Nasa en est pour l'instant au stade des hypothèses.
3 février
Un ingénieur de la NASA avait déjà averti les
responsables du programme spatial américain et le président des Etats-Unis de
l'existence de graves lacunes de sécurité sur la navette Columbia.
"Lorsque la prochaine navette explosera, car
oui, cela se produira (...) nous assisterons, horrifiés et honteux, à la mort
certaine de nos astronautes," avertissait Don Nelson le 25 août 2002, dans
une lettre. Pendant 11 ans, Don Nelson a participé aux contrôles de sécurité
sur les navettes américaines, jusqu'à son départ en janvier 1999. "J'ai
commencé à m'inquiéter après l'explosion de Challenger, les choix
budgétaires allaient dans le mauvais sens. L'infrastructure et les équipes
étaient vieillissantes et rien n'était fait pour améliorer la situation. La
catastrophe est le résultat de cette lente glissade vers le n'importe
quoi".
A deux reprises, il rédige une mise en garde très claire à ses supérieurs
directs. Ne voyant rien venir, il décide de s'adresser directement à la
direction de la NASA. "Mes initiatives m'ont valu deux réprimandes
officielles", affirme M. Nelson. "Et aucune réponse sur le
fond". Il insiste notamment sur la nécessité de prévoir un moyen
d'éjection pour les astronautes, "mais la NASA, essentiellement pour des
raisons de coûts mais aussi de philosophie, n'a jamais voulu donner suite à
cette option, qui est pourtant réalisable".
Le 25 août 2002, il écrit directement au président George W. Bush, pour
demander un moratoire sur les vols spatiaux et dresser la liste des incidents
survenus sur les programmes Gemini, Apollo mais aussi des navettes. "Notre
direction a échoué à reconnaître l'éminent danger auquel s'expose la
navette spatiale", écrit-il alors, affirmant que Columbia "ne sera
jamais sûre pour transporter sans risque un équipage humain". une
réponse aurait été reçu du cabinet présidentiel affirmant qu'il n'est pas
nécessaire que le président ordonne un moratoire sur les futurs lancements de
navette".
Lors d'un briefing, la NASA montre une vidéo
rapprochée prise par les caméras longue distance lors du lancement du 16
janvier. 80 secondes après le décollage, un morceau de la protection thermique
se détache de l'avant du réservoir externe et heurte le dessous de l'aile
gauche de Columbia dans un nuage de vapeur avant de se mêler aux gaz
d'échappement des boosters. Après la mise en orbite, une première analyse a
montré que même si cet impact avait cassé quelques tuiles du bouclier, l'
Orbiter n'aurait pas pu se désintégrer comme çà lors de la rentrée. Cet
analyse a montré aussi que même si des tuiles étaient endommagées sur une
région de 60 cm, cela n'aurait pas eu de conséquence pour la rentrée.
Chaque objet est étiqueté
puis emporté vers la base aérienne de Barksdale en Louisiane, à la frontière
du Texas, où les enquêteurs de la Nasa et d'autres services chargés de
l'enquête pourront les examiner et tenter de reconstituer certaines parties de
la navette
Outre les films et photos, la première piste
d'enquête susceptible de fournir de précieuses indications concerne les
données de bord disponibles sur les minutes précédant la catastrophe. Hormis
deux petits enregistreurs des conversations de bord non protégés et
certainement désintégrés, les navettes spatiales n'emportent pas de
"boîtes noires". Elles n'en ont pas besoin: toutes les données de
bord sont en effet retransmises par télémesures vers la Terre. Sur les
consoles du centre de contrôle de Houston, les ingénieurs peuvent en effet
contrôler en temps réel tout ce qui se passe à bord: instruments d'avionique
et systèmes de vol, systèmes électriques et hydrauliques, paramètres vitaux
(oxygène, pression), ainsi que les données physiologiques transmises par les
scaphandres de chaque astronaute (rythme cardiaque, pression artérielle, etc.).
L'analyse de ces données télémétriques soigneusement enregistrées révèle déjà
d'importants indices, les signes d'un échauffement anormal sur le flanc gauche de la
navette et qu'au moment de la perte du contact radio avec
Columbia, celle-ci était partie en roulis sur la gauche, signe d'une possible
perte de contrôle.
La prochaine étape va consister à cartographier le champ des débris, tombés
sur le Texas et l'ouest de la Louisiane. Cette opération qui promet d'être
longue - le champ des débris s'étend sur 1.300 km2 - permettra de savoir quelles
parties de la navette se sont détachées en premier et donc de reconstituer la
séquence de la désintégration.
Un astronome amateur qui suivait la rentrée
de la navette dans l'atmosphère samedi matin a affirmé ainsi avoir vu des
pièces se détacher de Columbia dès son passage au-dessus de la Californie. Au
fur et à mesure qu'ils sont récupérés, les débris de Columbia seront
transportés dans un hangar sur la base aérienne de Barksdale, à Boissier City
(Louisiane). Même s'ils risquent d'être complètement
carbonisés, leur analyse par des experts métallurgistes fournira d'importants
éléments, notamment les températures auxquelles le métal a été soumis. Les
déformations et fractures du métal permettront de savoir si une explosion a eu
lieu et si elle a une origine interne ou externe (météorite, par exemple).
La
Nasa pourrait décider aussi une reconstruction de l'épave de la navette, à
l'instar de ce qui avait été fait pour le Boeing 747 de la TWA, qui avait
explosé au large de New York en juillet 1996. Mais ce sera une tâche ardue et
gigantesque: avec 2,5 millions de pièces pour 90 tonnes, la navette est l'une des
machines les plus complexes jamais construites de la main de l'homme. Enfin,
l'analyse des restes humains peut permette de savoir si les astronautes,
protégés par leur combinaison et sanglés dans leur siège, ont été
immédiatement vaporisés ou si l'habitacle a conservé son intégrité
structurelle, les protégeant le plus longtemps possible.
La
protection
thermique de Columbia |
coté
droit (pdf) |
vue
de dessus (pdf) |
vue
de dessous (pdf) |
(jpeg) |
(jpeg) |
(jpeg) |
Morceau
de 2 m tombé à l'Ouest de Rusk TEXAS et une tuile thermique.
Débris
trouvé à Hemphill dans la conté de Sabine et à Bronson, conté de San
Augustine.
4 février
La NASA cherche "le chaînon
manquant" qui pourrait expliquer le drame complètement. Un certain nombre
d'éléments troublants ont été mis à jour mais la NASA n'arrive pas encore
à les relier entre eux pour fournir une explication plausible.
Selon Dittemore,
"nous sommes face à un mystère et il apparaît que nous avons des
informations contradictoires, nous avons déjà fait des progrès significatifs.
Mais si nous pouvions mettre la main sur des morceaux de débris qui nous aident
à dire où est l'origine du problème... C'est le lien manquant que nous
essayons de trouver, comme des tuiles qui seraient tombées au sol avant la désintégration
complète de la navette".
Pour la logique de l'enquête, Ron Dittemore a indiqué que les enquêteurs
allaient "prendre comme hypothèse de départ que le réservoir extérieur
est la cause principale". Les techniciens vont analysés les possibles éventualités
qui en découlent et reprendre tous les calculs et voir si une erreur a été
commise.
Depuis 48 heures, la NASA reconnaît qu'une pièce de mousse isolante très dense
s'est détachée du réservoir central 80 secondes après le décollage de
Columbia le 16 janvier dernier. Ce débris est venu frapper le dessous de l'aile
gauche de Columbia, et s'est disloqué sous le choc. Selon les estimations des
ingénieurs, cette pièce faisait 50 cm de long sur 40 cm et 15 cm d'épaisseur.
Son poids a été estimée à 1,2 kg.
Du 20 au 27 janvier, alors que la navette
était sur orbite, les responsables du vol ont tenu plusieurs réunions pour déterminer
la nature des possibles dégâts causés par ce débris volant à grande
vitesse. Lors de vols précédents, comme STS 112 et 50, des tuiles manquaient
au retour des navettes. Pour STS 50, on a noté des entailles et des dégâts sous l'aile
de plusieurs centimètres
de long, trois à quatre cm de large et à peine 2,5 cm de profondeur. Pour
Columbia, parce que le degré d'incidence de l'impact a été jugé faible, les
ingénieurs de la NASA ont conclu que le choc n'avait pas représenté de danger
pour la navette.
La seconde pièce du puzzle, ce sont les élévations anormales de températures
constatées sur le flanc gauche de la navette, quelques minutes avant sa désintégration.
Les données télémétriques indiquent un échauffement provenant des capteurs
thermiques à l'intérieur du compartiment du train d'atterrissage gauche. Ces
augmentations de température, de 8 à 15 degrés Celsius, sont relativement
faibles, si l'on considère que la température extérieure sur le bord avant de
l'aile est de 1.100 degrés lors de la rentrée affirme Dittemore. "Cela
reflète donc autre chose. Nous essayons toujours de savoir quoi".
La première monté en température dans la région du train d'atterrissage
gauche est signalée à 8 h 52, soit un peu plus tôt qu'envisagé au départ.
Cette augmentation de température a été associé avec le système de frein du
train gauche. Le système de contrôle d'attitude RCS a fonctionné 1,5 s pour
assister les élevons juste avant la désintégration. Les données
télémétriques indiqueraient que ce serait l'aile qui aurait commencé à
brûlé et non le train en lui même.
Autre élément troublant: un radio-astronome de l'Institut californien de
technologie (Caltech) a affirmé avoir vu "des débris se détacher de la
navette" alors que Columbia passait au-dessus de la Californie samedi
matin. Si la perte d'éléments se confirme cela va être très significatif
pour l'enquête. Le fait même que des tuiles ait été retrouvé dans la région
de Fort Worth (près de Dallas), bien avant le champ de débris principal,
pourrait aussi être significatif.
Les enquêteurs envisagent de reconstruire l'épave de la navette si l'on
retrouve, toutefois, suffisamment de débris. "Sinon, cela va être plus
dur d'identifier le chaînon manquant".
Le nez de la navette Columbia est retrouvé
enterré profondément dans le sol, à proximité de la frontière entre le
Texas et la Louisiane. Il est relativement intact", a déclaré Warren
Zahner, coordinateur de l'Agence américaine de protection de l'environnement.
Selon les responsables sur place, le nez de la navette a été retrouvé enfoui
profondément dans un cratère de six mètres de large dans une forêt de pins,
à quelque 5 kilomètres de la ville de Hemphill (Texas), non loin de la frontière
avec la Louisiane. Une équipe de recherche doit se rendre mardi sur les lieux
de la découverte pour extraire du sol la partie avant de l'engin spatial.
A ce jour, quelque 12.000 débris de la navette désintégrée samedi dans le
ciel du Texas ont été retrouvés et rassemblés pour être ensuite analysés.
En raison de l' hommage aux sept astronautes disparus, la
NASA ne fait pas de point technique aujourd'hui.
La cérémonie d'hommage à Houston a commencé à 13 h locale en présence du Pt Bush, les autorités de
la NASA et les représentants de pays étrangers dont la spationaute Claudie
Haigneré, ministre de la Recherche française. Toutes les grandes chaînes de télévision
américaines retransmettent en direct la cérémonie, depuis l'esplanade centrale
du centre spatial Johnson.
"Leur mission était presque achevée, et nous les avons perdus si près de
chez nous. Notre nation partage le chagrin et la fierté" de leurs
familles, déclare le président Bush. "Notre nation était bénie
d'avoir de tels hommes et femmes", a-t-il ajouté, réitérant que "le
programme spatial américain continuerait" en dépit de la tragédie.
La cérémonie a rassemblé sous un ciel d'azur quelque 10.000 personnes, dont
les familles, amis et proches des sept astronautes, venus pour certains d'Inde
et d'Israël, ainsi que de nombreux membres de la Nasa, parmi lesquels son
patron Sean O'Keefe, l'astronaute Neil Armstrong, premier homme à avoir marché
sur la Lune, et John Glenn, premier Américain à avoir fait une révolution
autour de la Terre.
Voici le
fil de la catastrophe de la navette spatiale Columbia reconstitué à partir des enregistrements de la salle de contrôle de mission
à Houston (Texas) et d'après les données fournies par les enquêteurs:
- 07H00 (heure de la côte est, 12H00 GMT): la navette Columbia est sur
orbite à 280 km d'altitude. L'équipage attend le feu vert du centre de
contrôle de Houston pour la rentrée dans l'atmosphère. Derniers préparatifs.
- 07H49: Accord de Houston pour la réorientation de la navette en prévision
de la descente.
- 08H09: Le directeur de la phase de rentrée, Leroy Cain donne à
Columbia le feu vert pour quitter l'orbite.
- 08H15: Columbia au-dessus de l'océan Indien. Début de la
désorbitation, la navette commence sa
descente vers la Terre, queue la première, inversée sur le dos.
- 08H23: Les ordinateurs de guidage inertiel (pilote automatique)
manoeuvrent la navette pour la renverser sur le ventre et nez en avant,
cabrée à 40°.
- 08H32: Les deux derniers groupes auxiliaires de puissance
générateurs d'électricité APU, sont actionnés pour fournir la pression des systèmes
hydrauliques qui serviront à commander les gouvernes et ailerons de la
navette, ainsi que la sortie du train d'atterrissage.
- 08H42: La navette se trouve au-dessus de l'Océan pacifique à 144 km
d'altitude et file vers la Terre à 27.000 km/h (Mach 25).
- 08H44: Phase dite d'"interface d'entrée": la navette, le
nez cabré à 40 degrés, rencontre les premières couches de la haute
atmosphère. Les tuiles du bouclier thermique qui protègent le ventre
de Columbia commencent à s'échauffer.
- 08H49: Columbia commence une série de virages en enfilement gauche
droite destinés à lui faire perdre de la vitesse. Le premier virage
est sur la droite.
- 08H52: Columbia franchit la côte californienne. Le centre de contrôle
de Houston enregistre un léger écart de température dans le
compartiment du train d'atterrissage gauche. Trois capteurs thermiques
des circuits hydrauliques de freinage indiquent une hausse de température
de 8 à 15 degrés.
- 08H53: Hausse de température signalée sur 4 capteurs associé aux
élevons de l'aile gauche.
- 08H54: Hausses de températures de 15 degrés en cinq minutes dans le
fuselage au-dessus de l'aile gauche. Aucune élévation de température
n'est noté sur le coté droit de Columbia ou dans la soute.
- 08H55: La navette se trouve au-dessus du sud du Nevada. Un 5eme
capteur de pression du circuit de freinage du train gauche est en
surchauffe. Une vidéo amateur prises montrent un "flash"
ainsi qu' un élément éjecté de Columbia.
- 08H56: Columbia survole le nord de l'Arizona.
- 08H57: Au-dessus du Nouveau-Mexique, la navette, toujours en pilotage
automatique, entame un virage sur la gauche pour réduire encore sa
vitesse. Rupture des transmissions vers Houston des mesures de température
dans l'aile gauche.
- 08H58: Columbia part en roulis sur la gauche, sous l'effet d'une résistance
aérodynamique côté gauche, d'origine inexpliquée. Le
"stabilisateur automatique de roulis" tente de compenser. Les
contrôleurs de vol noté la perte d'un capteur de température dans
l'aile gauche une minute plus tôt avec la perte de données sur la
température et la pression des roues du train gauche. La télémétrie
montre que Columbia tire à gauche et que la pression des pneus du train
augmente. Les données suggèrent que les pneus restent intacts.
- 08H59: A 61 km d'altitude, Columbia
file à plus de 21.000 km/h et pénètre au-dessus du Texas. Dernier échange
radio: "Columbia, ici Houston. Nous avons reçu vos derniers
messages sur la pression des pneus. Nous n'avons pas capté le dernier
(message)... ". Réponse du commandant de bord répond: "Bien
reçu, mm...".
Quelques secondes avant 9H, l'ordinateur de bord tente de compenser encore en activant deux
mini-fusées de contrôle directionnel RCS pendant 1,5 secondes. A ce
moment, toutes les communications sont prévues avec Columbia qui vole à
62 928 m d'altitude et à M18. Il reste 32 secondes de données
télémétriques après cette perte de liaison.
- 09H01: Houston perd le contact radio et le suivi radar. La navette se
désintègre dans le ciel, selon des témoins au Texas.
- 09H04: Premiers rapports en provenance du Texas sur la chute de
Columbia après sa désintégration.
- 09H05: Plus de communication avec Columbia, Houston attends les
liaisons avec le MILA (Merritt Island Station) en Floride.
- 09H06, Houston attends les liaisons en bandes C et UHF du MILA. Des
débris sont signalé tombant au Texas.
- 09H10: La liaison avec Columbia est prévu depuis 10 minutes.
- 09H14: Le contrôleur "rentrée" Leroy Cain lance les
équipes de récupération.
- 09H15: L'officier chargé de la dynamique n'a pas de trace de
Columbia.
- 09H16: Heure prévue pour l'atterrissage au centre Kennedy.
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5 février
Les restes des membres d'équipage de la
navette Columbia seront transférés vers une morgue militaire du Delaware à l'Est
des Etats-Unis afin d'y être analysés et identifiés. Un avion cargo C-141, en
provenance de la base de l'armée de l'air américaine de Barksdale (Louisiane),
où les restes déjà retrouvés ont été déposés, doit arriver dans l'après-midi
sur la base de Dover, dans le Delaware, la où il a 17 ans furent amenés les
corps des astronautes de Challenger. Seul 4 corps ont été identifié par les
équipes médicales de la NASA, dont les reste de l'astronaute Ramon qui seront
rapatriés en Israél dans les prochains jour y être inhumés.
La NASA étend ses recherches de débris plus
à l'ouest du pays, en Californie et dans l'Arizona. Des équipes d'enquêteurs
ont quitté le centre spatial de Houston pour ces deux Etats de l'ouest où des
informations font état de la découverte d'éléments au sol pouvant provenir
de la navette. La confirmation de débris dans cette région indiquerait que
Columbia a commencé à perdre des pièces dès le début de son processus de
rentrée dans l'atmosphère, avant de se désintégrer complètement au-dessus
du Texas et de la Louisiane, dans le sud des Etats-Unis. Le gros des débris de
la navette a pour l'instant été localisé en Louisiane et dans la partie
est du Texas. La NASA a commencé à dresser une carte des lieux où sont tombés
ces débris - plus de 10.000 dispersés à travers ces deux Etats - pour mieux
comprendre la logique de leur dispersion et augmenter ses chances de retrouver
l'essentiel des éléments de la navette. Elle étudie aussi les courants marins
au large de la Floride pour localiser des pièces, parmi lesquelles des tuiles
du bouclier thermique qui auraient pu être arrachées de la navette durant son
décollage le 16 janvier du centre spatial Kennedy.
Les ennuis de Columbia semblent avoir débuté
bien avant sa désintégration au-dessus du Texas, comme le suggèrent des
images troublantes d'un vidéaste amateur et la découverte en Californie et en
Arizona de possibles débris de la navette spatiale. Ces débris pourraient
appartenir à une aile de Columbia, a indiqué un responsable de la NASA.
Une vidéo amateur, diffusée mercredi par la
chaîne NBC, montre clairement que la navette Columbia avait commencé à perdre
une ou plusieurs pièces au-dessus de l'Arizona samedi matin, quelques minutes
avant sa désintégration complète au-dessus du Texas. Le vidéaste amateur,
Rick Baldridge, de Flagstaff, a pris des images de la navette,
filant à plus de 21.000 km/h, samedi à l'aube, alors qu'elle avait pénétré
déjà depuis plus d'une dizaine de minutes dans l'atmosphère. Columbia
apparaît très clairement comme une boule de feu incandescente dans la nuit
encore sombre, suivie d'une traînée lumineuse. Jusque-là, tout semble normal.
La "boule de feu" entourant la navette est en fait une enveloppe de
plasma, c'est-à-dire l'air chauffé à plus de 1.650 degrés Celsius et qui
s'enflamme sous l'effet de l'intense friction. "C'est cool", s'exclame
un homme, sans doute celui qui tient la caméra, devant ce magnifique spectacle.
Il zoome alors et la navette apparaît encore plus nettement. Soudain, un point
lumineux incandescent se détache clairement de la boule de feu principale.
"Regarde ce morceau qui se détache d'elle", lance sa compagne.
"Mais, bon sang, qu'est-ce que c'est que ça?", ajoute-t-elle.
VIDEO
AMATEUR réalisée par Jay
Lawson, un volontaire au Fleischmann Planetarium à l'université du
Nevada à Reno vers 8 h 54 mn. Durée 9 secondes (mov)
ou (avi) |
Hormis cette vidéo troublante, d'autres
images pourraient fournir de précieuses indications. D'intéressantes
observations semblent avoir été faites par des astronomes-amateurs en
Californie une dizaine de minutes avant la perte de Columbia. Le journal "San
Francisco Chronicle" rapporte ainsi qu’un observateur local a pris une série
de clichés numériques qui montreraient qu’un «éclair pourpre» aurait
frappé Columbia vers 8h53. Selon une journaliste du quotidien qui a vu ces
photos, «Un brillant jet de lumière pourpre spirale vers la traînée de
plasma qui entoure l'orbiteur, paraissant passer derrière avant de revenir
brusquement par en-dessous. Alors que le jet se confond avec la traînée de
plasma, l’éclair devient brièvement très brillant avant de disparaître».
La NASA a récupéré ces photos ainsi que la caméra des mains de
l’astronome-amateur (qui désire garder l’anonymat). Ces photos, qui n’ont
pas été rendues publiques, seront examinées attentivement par les enquêteurs.
Le passage de Columbia
au-dessus du territoire américain a aussi été filmé par l'armée de l'air
américaine. "Cette imagerie est en train d'être acheminée au centre
spatial Johnson pour y être analysée", a indiqué M. Kostelnik. Outre l'US
Air Force, "il se trouve qu'il y avait aussi un hélicoptère Apache qui
volait au Texas durant la catastrophe et qui a pris des images du vol de la
navette", a-il ajouté.
Dittemore montre un morceau de
l'isolant SOFI du réservoir externe
6 février
L'hypothèse qu'un débris ayant frappé
l'aile gauche de Columbia au décollage ait provoqué à lui seul la catastrophe
est mis en doute par les responsables de la NASA. Il ne serait pas le seul
facteur pris en compte par l'agence. Le jour du lancement, les équipes
"Ice" n'ont pas détecté de glace sur le réservoir. De plus l'examen
du film du lancement ET208 avant et après l'impact du "débris" ne montre
pas de changement "visible" dans l'aile.
Le morceau d'isolant part du trépied gauche de l'attache avant du réservoir,
suit le ventre de Columbia et se casse en deux. Un morceau parait passer sous
l'aile gauche sans la toucher tandis que l'autre l'heurte avec
"éclat". La zone d'impact semblerait être l'avant de l'aile entre le
bord recouvert d'isolant en carbone RCC et la trappe du train principal gauche
MLG (main Landing Gear).
Le "chaînon manquant" reste à découvrir, il manque quelque chose.
L'enquête est donc menée "tout azimut" pour découvrir ce qui aurait
fait augmenter la température au niveau de l'aile gauche.
Une station de poursuite située au Nouveau
Mexique a enregistré les dernières secondes de la rentrée dans
l'atmosphère de Columbia avant le drame et notamment les 32 secondes que le
centre de Houton n'avait pu enregistrées correctement. Les milliers de
données sur l'état de santé de Columbia ont été enregistrés sur ces bandes
qui vont être acheminé vers Houston pour analyses. les données du Shuttle sont
envoyées vers 9 satellites lesquels les relayent vers trois antennes vers
Houston.
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La photo montrée par la
TV israélienne ces derniers jours et reprise par de nombreux journaux
et télévisions dans le monde n'est pas une partie de l'aile de
Columbia. Cette vue représente la partie supérieure gauche du
compartiment de l'équipage vue par la caméra dans la soute située à
gauche également. L'objet noir est une "roulette" destinée
à guider la porte de soute au moment de sa fermeture. Les lignes noires
sont en carbones et permettent de conduire l'électricité dans la
soute.
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La recherche de débris se poursuit sous une
pluie battante au Texas et en Louisiane. Jusqu'ici plus de 12.000 fragments ont
été trouvés. Selon Dittemore, les hypothèses sur les causes de la tragédie
sont nombreuses:
_ Déclenchement accidentel de dispositifs explosifs à bord,
_ Collision avec un débris spatial,
_ Problème à l'aile gauche qui aurait entraîné une perte de contrôle de la
navette lors de sa rentrée dans l'atmosphère samedi...
Parmi les pistes étudiées, les enquêteurs
ont noté que durant la phase de descente de Columbia, son système de contrôle
automatique avait du mal à maintenir l'appareil dans l'angle de rentrée dans
l'atmosphère. Il y avait quelque chose sur l'aile gauche, "nous ne savons
pas quoi", qui a causé une résistance au vent et a tiré l'appareil vers
la gauche, a expliqué M. Dittemore.
Les ingénieurs de la NASA explorent également l'hypothèse selon laquelle des
hausses de température dans la partie gauche de la navette ont pu provoquer la
perte de contrôle de Columbia. Quelques minutes avant sa désintégration, une
augmentation de 17 à 22 degrés a été détectée dans le compartiment gauche
qui abrite le train d'atterrissage et une autre de 33 degrés sur le côté
gauche du fuselage, juste au-dessus de l'aile.
La commission indépendante et présidée par un
amiral à la retraite, Harold Gehman, qui avait co-dirigé la commission d'enquête
constituée après l'attentat contre le destroyer USS Cole au Yémen en 2000
débute
son travail à la base militaire de Barksdale en Louisiane, où sont
regroupés les débris de Columbia. La Nasa s'en remettra aux conclusions de
cette commission pour décider des conditions de la reprise des vols de la
navette, quand la sécurité des vols pourra être garantie.
Selon des revues américaines, les photos hautes résolution de
l'USAF prises
d'une base militaire au moment de la rentrée dans l'atmosphère de Columbia
montrent de sérieux dommages structurels sur le devant de l'aile gauche quelques
60 secondes avant la perte de contact au dessus du Texas. La zone se situerait
entre les tuiles thermiques noires et le bord d'attaque de l'aile composée de
renforts en carbone boulonnés sur la structure et jointés ensemble.
TIMILINE
DE LA PERTE DES CAPTEURS DE MESURE
SUR COLUMBIA fichier
power point (K Keller) |
7 février
La NASA confirme détenir des photos
militaires prises au moment de la désintégration de Columbia au-dessus de
l'ouest des Etats-Unis samedi dernier, après la parution d'un article dans la revue aéronautique
"Aviation Week & Space Technology" affirmant que l'agence avait reçu
des clichés pris par l'armée. Rich Garcia, un porte-parole de la base aérienne
de Kirtland, au Nouveau-Mexique, souligne que des images de haute résolution
ont été prises par des caméras militaires à Hawaï et à la base de
Kirtland. Celle-ci abrite le télescope Starfire, qui peut photographier des
satellites en orbite autour de la terre et distinguer des détails de 30 centimètres
sur un satellite situé à 950 kilomètres. Mike Kostelnik, un responsable de la
NASA, souligne que l'armée avait pris des clichés alors que l'aile gauche
de la navette était en train de se briser. Il a précisé que les photos étaient
de "très mauvaise résolution" et a refusé de les décrire.
"On peut tirer beaucoup d'enseignements" de ces photos, qui ont été
prises "au moment où nous recevions (des données révélant) des
anomalies" dans la navette.
Mike Kostelnik a encore précisé qu'un grand morceau de l'une des ailes de
Columbia avait été trouvé au sol près de Fort Worth, mais "on ne sait
pas de quelle aile il s'agit". Pour le moment la NASA n'écarte aucune
hypothèse sur les causes de la catastrophe, aucune piste n'est exclut.
S'ils étaient avérés, les dégâts constatés
sur le bord d'attaque de l'aile gauche pourraient constituer le "chaînon
manquant" évoqué depuis une semaine par les enquêteurs et qui expliquer
la séquence accidentelle ayant mené à la catastrophe. Selon la revue Aviation
Week, de tels dégâts pourraient être le signe d'une défaillance
structurelle, par exemple une fissure du bouclier thermique de l'aile. Une
fissure aurait alors laisser passer la chaleur extrême (plus de 1.400 degrés
Celsius) qui aurait, à la manière d'un chalumeau, fait fondre l'armature de
l'aile, en aluminium et graphite d'époxy de l'aile, qui n'est résistante que
jusqu'à 175 degrés Celsius. Une autre explication possible serait qu'une
petite partie du revêtement thermo-protecteur se serait détaché, soit sous
l'effet d'un choc (l'impact du débris de mousse au décollage, par exemple), ou
d'une usure prématurée des joints. Le bord d'attaque de chacune des ailes est
en effet recouvert de 21 "structures" faites d'un matériau composite
spécial en "carbone-carbone renforcé" (RCC), capable de subir une
température de plus de 1.260 degrés Celsius, pouvant aller jusqu'à 1.650 degrés.
Les enquêteurs recherchent aussi plus
particulièrement la boîte noire secrète de la navette ayant enregistré les
communications entre le centre spatial et le vaisseau. John Ira Petty a ajouté
que trouver cette pièce était une priorité, les autorités craignant que la
technologie ne soit utilisée pour "envoyer de faux signaux" aux
autres navettes à l'occasion des prochains vols. Les autorités n'ont pas précisé
pourquoi elles se focalisaient sur une zone située autour de Bronson, à la
limite sud du principal champ de débris dans l'est du Texas.
Par ailleurs, des milliers d'employés de la
NASA ayant travaillé pour le décollage de Columbia le 16 janvier ont rendu
hommage aux sept astronautes sur la piste du centre spatial Kennedy à Cap
Canaveral (Floride) où la navette aurait dû atterrir. "Les mots ne
peuvent pas dire combien ils nous manquent", a déclaré l'administrateur
de la NASA Sean O'Keefe durant la cérémonie.
La seule photo que montre l'USAF ne permet pas
de voir Columbia avec une bonne définition. On distingue sur l'aile gauche une
ombre effilée semblant "montrer" la perte de quelque chose (gaz,
éléments). Dittemore commente cette image et déclare qu' elle n'apporte rien
de plus à l'enquête. Il commente aussi les dernières données des capteurs de
pression entre 8 h 52 et la désintégration.
_ A 8h 52mn 20s, un premier capteur du le
train gauche note une augmentation de température (2°/mn).
_ A 8h 52mn 39s, un second capteur du le train gauche note une augmentation de
température (6°/mn).
_ A 8h 52mn 48s, un troisième capteur du le train gauche note une augmentation
de température (5°/mn).
_ A 8h 52mn 59s, perte d'un capteur de température sur l'élevon interne de
l'aile.
_ A 8h 53mn 10s, perte d'un capteur hydraulique sur l'élevon externe (verins).
_ A 8h 53mn 10s, perte d'un capteur de température sur l'élevon interne.
_ A 8h 53mn 31s, perte d'un capteur de température sur l'élevon externe.
_ A 8h 53mn 36s, perte d'un second capteur de température sur l'élevon
interne.
_ A 8h 54mn 13s, un quatrième capteur du train gauche note une augmentation de
température (6°/mn).
_ A 8h 54mn 22s, augmentation de température (6°/mn) au niveau de la jonction
aile fuselage.
_ A 8h 54mn 27s, augmentation de température (7°/mn) d'un capteur hydraulique
dans le train gauche.
_ A 8h 54mn 36s, augmentation de température (4°/mn) d'un autre capteur
hydraulique dans le train gauche.
Les astronautes et le sol ne voit rien d'anormal.
_ A 8h 55mn 23s, augmentation de température (5°/mn) d'un autre capteur
hydraulique dans le train gauche.
_ A 8h 55mn 35s, perte d'un capteur de température dans la roue du train
gauche.
_ A 8h 56mn 20s, perte d'un capteur de température sur le milieu de l'aile.
_ A 8h 57mn 54s, augmentation de température (14°/mn) d'un capteur de
température dans le train gauche.
_ A 8h 58mn 33s, perte d'un capteur de pression dans le pneu extérieur et
intérieur.
C'est à ce moment que les liaisons avec l'équipage sont coupées.
_ A 8h 58mn 35s, perte d'un capteur de température dans la roue du train
gauche.
_ A 8h 58mn 39s, perte d'un second capteur de pression dans le pneu extérieur
et intérieur.
VIDEO
DU TIMELINE NASA
Durée 10 minutes (mov) ou (avi)
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Pour résumer les explications de
Dittemore, un
échauffement c'est produit dans la partie haute du logement du train avant de
s'étendre à tout le logement. Il commence par affecter les températures du
système hydraulique dans le train principal gauche (sondes 1et 3 + sondes 9, 13
et 17). Cet échauffement détruit le
câble multibrins raccordé au boîtier multiplexeur 40/J105. Ce câble doit
vraisemblablement passer dans l'arrête supérieure gauche du logement du train
et c'est à ce niveau qu'il se détruit. C'est cette destruction progressive qui
cause la perte successive des mesures des températures placées dans le reste de
l'aile (sondes 4, 8 et 16) L'échauffement détruit les capteurs de pression des pneus
(sondes 14, 18 et 22).
Durant tout ce temps le reste de l'aile est semble rester intact comme en
témoigne les températures 23 à 26 du système hydraulique des élevons
raccordés au boîtier multiplexeur 50/P47. L'échauffement
serait donc bien localisé sur la partie de l'aile proche du fuselage.
Autre élément important, l'élévation de température de la sonde 10 situé
à la jonction de l'aile et du fuselage dont l'augmentation de température
pendant près de 5 mn (dès 8h 54 mn 22 s) ne semble être détecté par
personne ni au sol ni à bord de Columbia.
La perte des sondes dans les pneus n'est pas expliquée. Si le pneu avait
éclaté, tous les autres capteurs seraient passés au rouge et il semble que le
pneu intérieur 6 secondes séparent la perte du capteur 19 et celle du 22
tandis que sur le pneu extérieur plus de 3 minutes séparent la perte de la
sonde de température et celle de la dernière mesure de pression valide. Alors
que presque tous les capteurs sont perdus un à un sur le train tandis ceux qui
restent continuent une mesure nominale. De plus, en général lorsqu'un capteur
est directement agressé chimiquement ou thermiquement il commence presque
toujours par émettre une mesure édulcorée avant de défaillir complètement.
Au contraire lorsque la perte est instantanée c'est le plus souvent le
raccordement électrique qui est en cause. Tout comme les sondes de température
de l'aile, ce ne sont pas les pneus qui ont chauffé mais le câble multibrins de
raccordement de leurs mesures. Celui-ci doit courir le long d'une saignée du
train puis être raccordé à la structure par un mou. Il se pourrait bien que
"l'agression thermique" se soit produite à cet endroit..
Pour l'instant, il semble que deux pistes se
dessinent
1- l'impact du morceau d'isolant du ET sur le dessous de l'aile. On voit
"clairement" sur les films ET208 que l'impact est situé sur le devant
de la trappe du train principal.
2- l'impact d'un objet au retour dans l'atmosphère (satellite, météorite,
débris). Des photos prises par un astronome amateur de San Fransisco
montreraient un objet "traversant " Columbia au passage de la cote
Californienne.
D' autre part, les 32 secondes
d'enregistrement entre le moment où les ordinateurs du Centre spatial Johnson
de Houston ont arrêté de lire les données et le moment où les capteurs se
sont tous éteints n'ont rien révélé, les données étaient trop embrouillées
pour être interprétées et se sont révélées en grande partie inutiles. Sur
ces 32 secondes, 31 étaient du silence suivit d'une seconde de données.
9 février
Les radars de l'USAF ont enregistré le 17
janvier, 24 heures après le lancement le mouvement d'un objet qui se serait
détaché de Columbia à la vitesse de 15 km-h environ. Les données
télémétriques vont être analysées plus précisément afin de savoir si cet
"objet" ne serait pas en fait les éjections du système de vidange
des eaux usées de l'Orbiter qui de temps en temps se transforme en glace ou
quelque chose qui serait éjecté de la soute sans que l'équipage ne s'en
rendent compte et qui n'aurait pas jouer un role primordial dans la rentrée
atmosphérique.
Le shérif de Nacogdoches County
devant un réservoir trouvé dans les bois de Nacogdoches, Texas.
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