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CHRONOLOGIE ARIANE

E.L.A 3 La table de lancement AR5

La table de lancement AR 5 est totalement mobile puisque la préparation du lanceur se déroule sur trois zones distinctes et éloignées les unes des autres. De part sa conception, elle est capable d'aller en zone de lancement et procéder au décollage en moins de 48 heures. En conséquence, elle intègre à l'intérieur toutes les interfaces bord sol. Lorsque le lanceur arrive au BIL, le bâtiment d'intégration lanceur, il est immédiatement raccordé sur la table et ces raccordements sont définitifs, contrairement au concept précédent d'Ariane 4. A chaque étape, BAF et ZL, la table reste raccordée au sol
La table renferme toutes les fonctions allant  de l'énergie à l'informatique en passant par la climatisation, l'éclairage, les systèmes d'alarme, la vidéo. La table sert a supporter le lanceur et est capable de résister au flammes du décollage protégeant ainsi l'ensemble des systèmes embarqués. La table est une structure blindée, comme ses portes qui sont cadenassées pour le lancement afin d'éviter une éventuelle ouverture au moment du décollage à cause des vibrations. A l'intérieur se trouvent des compartiments, appelés des locaux techniques qui accueillent les fluides, le contrôle de commande, l'énergie, la climatisation nécessaire au lanceur depuis le BIL jusqu'en ZL. certains locaux techniques sont climatisés, ou pressurisés ou placés sous gaz inerte à l'azote afin de prévenir toute inflammation accidentelle. Comme les autres bâtiments du centre, la table est sous contrôle permanent, détection incendie, extinction d'incendie, contrôle d'oxygène et alarmes diverses.
La table embarque et assure les liaisons fluides vitales pour le lanceur, comme les lignes d'ergols de remplissage (H2, O2 et He) composés d'une double enveloppe sous vide assurant le maintenant en température des ergols cryogéniques et les lignes gaz (He et n2) pour la pressurisation et dépressurisation, reliés aux réservoirs. Elle assure aussi les fonctions électriques et de commande comme celle de sécurité (détection de gaz ou incendie, extinction de feu, inertage des locaux.
La table embarque enfin différents moyens de communication, comme les liaisons de télémesure et de télécommunication, les équipements vidéo, optiques pour l'analyse du lancement. Le client peut à tout moment dialoguer avec son satellite dans la coiffe grâce à une liaison optique qui suit la table lors de ces déplacements.

La table AR 5 est une énorme structure métallique posée sur boggies de chemin de fer. La base mesure 25,5 mètres sur 20,9 mètres pour 5 m de hauteur. Sa masse à vide est de 870 tonnes (1715 avec le lanceur rempli). Elle est équipée d'un mât ombilical de 58 m de haut composé de deux parties qui abrite toutes les installations nécessaires à l'alimentation (fluide et électrique) et au contrôle du lanceur. Elle comporte trois niveaux : un premier pour l’interface fluidique, un second pour les fonctions de contrôle / commande, et un troisième pour les ressources de puissance et de conditionnement d’air. Un système hydraulique assure les mouvements de levage et de descente de la table.

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A l'intérieur de la table, on trouve donc:

_ l'ensemble des systèmes fluides pour les remplissages en hydrogène et oxygène liquide de l'étage EPC et la mise en froid du moteur Vulcain;

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Plomberie de la table de lancement à l'arrière, les liaisons LBS H2 et O2 et vue de l'intérieur

_ les interfaces des systèmes de contrôle commande CCO et CCX permettant de communiquer avec les unités centrales qui se trouvent au CDL 3, ainsi qu'avec le lanceur et les interfaces process;
_ les baies clients, fournies par Arianespace et remplies par le client satellite, permettant de communiquer avec le satellite installé sous la coiffe;

La salle charges utiles, "payload room" dans la table, du coté des liaisons LOX  permet d'accueillir 4 slots de rack 19 pouces antisismique pour chaque clients, appelé le COTE Check-Out Terminal Equipment. La mise en place de ses baies clients dans la table A5 se fait à la verticale au BAF à partir de la fosse sous table avec un palan dans le local baie, au travers d'une porte de 1m sur 80 cm,  Pour pouvoir évacuer les baies clients au plus tôt afin qu'ils puissent repartir le plus rapidement possible, Arianespace a fait développer un outillage pour les sortir en zone de lancement à l'horizontal par la porte latérale, 1,7 m sur 1, celle du personnel, ce qui a permis le retour anticipé d'une partie des équipes clients au moins 2 jours plus tôt. Les équipements installés dans le COTE sont qualifiés pour supporter des niveaux acoustiques de 137 dB. table AR5 baies clients.jpg (156186 octets)
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table AR5 ombilical coiffe 02.jpg (125014 octets) table AR5 launch config.jpg (340839 octets)   

_ les systèmes courant faibles pour l'alimentation en énergie et climatisation, mais également pour les systèmes de détection incendie, anoxie et autres systèmes de sécurité;
_ les systèmes AMEF, allumeur de mise en froid, système pyrotechnique utiliser pour enflammer, en sortie de moteur, l'hydrogène ayant servit à la mise en froid du Vulcain. 

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table AR5 allumage vulcain.JPG (29533 octets) Au moment du démarrage du moteur, il faut que tous ces organes soient à la bonne température pour ne pas subir de choc thermique quand les ergols (22° K pour l'Hydrogène, 90° K pour l'Oxygène) circuleront. Pour cela, on fait circuler dans tous les organes à refroidir, notamment les roulements, la chambre, les vannes, de l'hydrogène liquide dans des petits canaux ad-hoc extrêmement complexes.
Cet Hydrogène se réchauffe et sort du moteur à l'état gazeux, avec un risque d'accumulation sous le moteur. Pour éviter cela, on le brûle via ces deux torchères, les AMEF, petits blocs de poudre allumés dès la mise en froid finale. Le système est complété par le "tore-azote" qui aspire les flammes générées par le brûlage de l'hydrogène, vers le carneau pour éviter qu'elles ne remontent le long du lanceur.

Dans le mat de la table, sont également installés:

_ les systèmes de ventilation lanceur par air froid et sec , notamment pour la jupe avant de l'EPC, la JAVE et la charge utile;
_ les interfaces clients, constituées par de très nombreux câbles;
_les systèmes de largage et de pendulage des ombilicaux et leurs contrepoids;
_les systèmes permettant d'ouvrier et de fermer les bras cryogéniques enfermés dans deux nouveaux caissons situés de chaque coté du mat;

LES INTERFACES AR5-SOL

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Ariane 5 sur sa table. La fosse d'évacuation des gaz du moteur Vulcain. 
Détail des pipettes du système d'aspiration de l'azote et du divergeant Vulcain, baptisé la "queue de langouste".

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Les deux EAP sont posés sur des palettes elles même roulées par dessus leur fosse d'évacuation des flammes. 
Au centre, vue du caisson LBS hydrogène sur la table. 

La table de lancement réalisée par la firme allemande MAN Gutehoffnungshutte AG est tractée par un camion MAN auquel 16 vitesses permettent d' atteindre 4 km/h en pleine charge. La table de 1700 tonnes avec le lanceur parcourt les 4 km de voies ferrées et fait la navette entre le Bâtiment d’Intégration Lanceur, le Bâtiment d’Assemblage Final  et la zone de lancement. Les deux voies sont parallèles (au standard SNCF). La table est posée sur des bogies réunis par des sommiers ou châssis intermédiaires, à la manière des affuts-trucks des canons d'ALVF (style grosse Bertha) ou des wagons spéciaux de la STSI, mais quadruplés : un ensemble de bogies aux 4 coins, soit 16 x 4 roues. La traction est assurée par un tracteur 6x6 Saviem doté d'une transmission hydraulique spéciale, qui roule sur une piste entre les 2 voies. Pour Ariane 4, la plateforme a des bogies DIAMOND (des Y11M de récupération, sans doute). Pour Ariane 5, les bogies sont de type spécial, genre Arbel, avec un voile plein en guise de châssis, mais toujours du même principe : pas de suspension primaire, et la secondaire constituée de ressorts hélicoïdaux supportant la traverse pivot (2 par longeron sur les Diamond, 3 sur les bogies Ariane 5).

L’ensemble table de lancement / lanceur pendant son transfert est alimenté par le Groupe Servitude Table, assurant la fourniture en énergie, la ventilation et le conditionnement d’air. Le transfert du Bâtiment d’Assemblage Final vers la zone de lancement s’effectue sur une distance d’environ 4 à 5 km.

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LE FIL A LA PATTE D'ARIANE 5

Ce fil à la patte, au début des lancements Ariane 5, rapatriait les informations sortie de la table à l'aide d'un appareillage de mesure à ultrasons Dassault aviation qui était monté sur l'anneau DAS (dispositif d'accrochage et de séparation, recouvert par des capots dans lequel se trouvaient les batteries pyro, le BcS, le BSA de séparation avec les RMV et l'accrochage des 3 bielles). "Comme il était alimenté par une petite batterie, il fallait le mettre sous tension et contrôler son fonctionnement le plus tard possible avant le lancement car cette batterie n'avait pas grande autonomie "précise le responsable Claude Benito. "Nous étions donc, le chef de SPE séquentiel pyro, la qualité et le photographe les derniers à évoluer sur les palettes EAP, il n'y avait plus de garde fou ni outillage. Au-dessus des carneaux EAP c'etait vertigineux." L'opération se nommait DLST (Déplacement Latéral Sortie de Table).C'est une coopération Jean Claude Beyer et Laurent Renault pour mesurer la marge de la tuyère MPS en sortie de palette pour pouvoir enfin la passer en sigma11 et récupérer de la performance. Cela a permis avec beaucoup de temps de passer de sigma 9.58 à sigma 11 actuel en passant par 10.36 en rapport de diamètre de tuyère. Régulièrement, des mesures ont été réalises pour par exemple consolider les marges et les contraintes au décollage.

Déplacer une fusée, en entier ou par étage, n’est pas manœuvre courante pour un conducteur. Ils ne sont que huit parmi les 20 chauffeurs du service transport du CSG à être affectés à des transferts de grosses masses. Et là encore entre satellite et lanceur, il y a plus qu’une nuance :une énorme différence. Les conduites et compétences diffèrent dans les deux cas. Seuls quatre d’entre eux réalisent les transferts d’Ariane 4 et d’Ariane 5 sur les mises en pivot d’un étage au hall d’assemblage. Dans ce cas précis, la marge d’erreur du chauffeur est de l’ordre de cinq millimètres (pas un de plus). Et même s’il est guidé au sol par un collègue, c’est lui qui, au volant, approche au plus près le camion de l’étage (30 mètres de hauteur) et le dépose ensuite sur les pivots. Cette opération exige une extrême précision, de la souplesse de conduite et de la dextérité. Des appareils installés sur le camion, sortes d’enregistreurs sismiques, mesurent chocs et vibrations. Si des anomalies sont détectées, l’étage est intégralement radiographié pour déceler d’éventuelles fêlures. Là, pas de place au hasard, la moindre faille ne pardonne pas. Conduire dans ces conditions extrêmes demande une parfaite connaissance des véhicules, du matériel et des opérations. La responsabilité en incombe au chauffeur qui doit savoir anticiper tous les cas de pannes éventuels. Sachant que les camions ne sont pas de simples poids lourds mais des engins sophistiqués, informatisés, automatisés. Lors d’une campagne, le lanceur est transporté du port aux bâtiments de stockage sur l’ensemble de lancement, puis sur la zone de lancement. Généralement ces transferts se font à 4 heures du matin ou le soir à 20 heures afin d’éviter grosses chaleurs et blocage de circulation. La table est simplement posée sur des rails. Le camion ne la pousse pas mais la tire. Le transport par rails est obligatoire en raison du poids d’Ariane (environ 1 200 tonnes). Aucun camion ne peut supporter une telle masse. Pour parcourir les 950 mètres entre le hall d’assemblage d’Ariane 4 et la zone de lancement, le camion met une demi-heure en roulant à 2,8 km/heure. Pour Ariane 5,la distance à parcourir est de quatre kilomètres avec une vitesse de 5 km/heure. A la nuance près que si Ariane 4 est attachée par quatre crochets, Ariane 5 ne l’est pas. S’il manque deux millimètres en arrivant à l’accostage, c’est au chauffeur de rectifier le tir. Un jeu d’enfant ! A tel point que pour qu’un jeune chauffeur soit opérationnel dans ce type de transfert, il faut compter au minimum cinq campagnes, soit près d’un an et demi de formation.

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Les repères de ralentissement pour mise en place de la table A5 en ZL3. A 5 cm (partie en jaune) le tracteur est stoppé (mis en pousseur à environ 25 m, à l'entrée de la ZL, laissant suffisamment de dégagement pour pouvoir faire demi-tour avec le tracteur afin de se mettre en position pousseur coté sud de la table) avec la mise en position finale de la table et la mise en place de la broche de verrouillage au vérin après bien sûr avoir retiré la broche du timon.

Deux tables de lancement ont été construite par Arianespace sur le site de Kourou afin de pouvoir assembler 2 lanceurs en parallèle. Cette flexibilité permet d’effectuer trois lancements d’Ariane 5 en trois mois alors même que chaque campagne dure encore quelque 33 jours. La première table réalise les 6 premiers lancements d'Ariane 5 avant d'être rejointe par la table n°2 en novembre 2002 pour V135. Arianespace a réceptionné cette table le 31 aout 2000. Les tables alternent les tirs avant que la table n°2 soit modifiée en 2002 pour assurer les lancements des Ariane 5 ECA avec leur étage supérieur cryogénique. La table n°1 sera elle modifiée en 2005 pour les Ariane 5 ECA et opérationnelle en octobre 2006 pour V173. A partir de 2010, les 2 tables seront utilisées en alternance. Avec l'arrivée d'Ariane 6, la 2e ne sera plus nécessaire et va être démantelée. Les éléments serviront de pièce de rechange pour la table 1 en attendant la fin de service d'Ariane 5. VA251 est le dernier vol avec la table n°2 en janvier 2020.

Construction de la première table Ariane 5

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Quelques images de la table AR5 première version au gré des vols réalisés

2 caissons abritant le système des bras cryogénique alimentant l'étage ECA d'Ariane 5 ont été monté de chaque coté du mat ombilical de chaque table de lancement. En raison des différences de taille et de conception entre les deux lanceurs, il a fallu adopter une architecture très différente de celle des bras utilisés sur Ariane 4. Les nouveaux bras, porteurs également de "plaques à clapets" pour la connexion à l'étage, ne seront déconnectés de l'étage qu'une fois le moteur Vulcain de l'étage principal cryotechnique (EPC) allumé. Ils se rétracteront en moins de 4,5 secondes, avant l'allumage des accélérateurs à poudre (EAP). Ils ont été munis d'une articulation qui permet de les replier rapidement sous l'effet de puissants contrepoids.

La table n° 2 est utilisée en 2002 pour une campagne d'essais avec la maquette de remplissage de l'ESC-A. La table a reçu à cette fin deux maquettes d'accélérateurs à poudre et une maquette de la jupe avant de l'étage principal destinée à soutenir l'ESC-A. Cet assemblage étonnant a été transféré en zone de lancement le 4 janvier pour démontrer le bon fonctionnement des nouveaux dispositifs de remplissage.

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Quelques images de la table AR5 avec les bras cryogéniques pour la version ECS A

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VA254 en 2021 permettant de voir l'arrière de la table n°1 ainsi que la table n°2, inutilisé depuis 2020.

Lors d'un lancement, la table souffre des vibrations et des gaz d'échappement du moteur Vulcain et des EAP. Ces derniers crachent des résidus corrosifs qui par la suite peuvent se transformer en acides chlorhydrique. Le système de déluge par eau sert principalement à réduire le niveau du bruit et à alourdir les gaz des EAP. Juste après le décollage, il sert à nettoyer l'ensemble des structures afin de préserver les liaisons ombilicales.

Une société Suisse APCO Technologies est chargée de faire le nettoyage de la table de lancement deux jours après. Vêtus de protection, deux hommes ont grimpés au sommet de la tour à 60 m de hauteur. Descendant en rappel, comme des spéléologue, ils lessivent  toute la partie de la tour qui comprend les bras cryogéniques. L'opération prend environ 5 heures avec des brosses et de l'eau.  APCO à Kourou depuis 1997 est chargée aussi de l'entretien des bâtiments S5 (ponts roulants, filtres, climatisation). La revalidation dure une semaine, chaque système est analysé et éventuellement réparé avant d'accueillir un nouveau lanceur.