1969
Janvier, la société SNIAS
(société nationale industrielle aérospatiale) ou Aerospatiale est crée par
fusion de la SEREB, Nord Aviation et Sud Aviation.
Février, quatre pays de l'
ELDO (France, Allemagne, Belgique et Pays Bas) réaffirment leur cohésion sur
le programme Europa 2 et 3 vers 1970. La grande Bretagne est maintenant hors jeu
ayant réduit sa participation à 17 millions de $ tout comme l'Italie.
Avril, la France, la RFA et
la Belgique continue sur leur lancé et augmentent leur participation, le budget
de 1969 est finalement approuvé. Il est
également décidé d'entreprendre les études relatives à un nouveau lanceur Europa
3.
Mai, le CNES présente le
nouveau pad de tir de l' ELDO en Guyane. C' est la société SERETE qui
réalise le pad pour le compte de l' ELDO sous la maîtrise du CNES. Le pad dont
l' axe est orienté N-S comprend une aire bétonnée surélevée où repose la
table de lancement et sur laquelle se déplace la tour de montage. Une rampe
latérale permet l' accès des véhicules sur la plateforme sans difficulté.
Celle ci recouvre les locaux techniques des bunkers en béton où sont installés
les systèmes de pressurisation, de contrôle de propulsion, la distribution d'
énergie, les équipements de contrôle lanceur. La tour de montage comprend
7 passerelles auxquelles on accède par un escalier et un ascenseur, le dispositif de mise en tension du premier étage, un pont roulant de 10 tonnes.
Le mat ombilical de 30,5 m de haut est à 10 m du lanceur. Le système d'accrochage des pièces ombilicales est un simple bras rigide.
Mai, le salon du Bourget, à Paris, France montre les différents projets des
organismes spatiaux dans le monde. L'ELDO présente les futures versions d'Europa
destinées à succéder à Europa 1 dans les années 1970-80. Avec l'envol des
télécommunications et des satellites sur l'orbite géostationnaire à 36 000 km
d'altitude, les lanceurs doivent évoluer pour pouvoir lancer des charges de 700
à 2000 kg selon les applications. La version Europa 3 de l'ELDO se déclinerait
en plusieurs modèles avec en étage de base le Blue Streak (Europa 2B avec 2 BS,
Europa 3A avec un BS + un H14 ou Europa 4 avec 2 L95 accolés au BS et un H14) un
étage neuf, comme le L120 du CNES. Ainsi serait crée Europa 3B de 3,6 m de
diamètre avec un étage L120 (UDMH et N2O4) et H 20 ou 25 cryogénique capable de
satelliser 600 à 700 kg.
Juin, le tir F8 d'Europa emportera un satellite d'essai à structure légère
utilisée en vol pour la première fois lors du vol F7 avec 460 kg de lest. Seule
une partie de cette charge utile sera séparé du lanceur. L'étage Blue Streak
emportera un modèle du système de télémesure PCM-FM amélioré, Coralie sera
amélioré suite aux problèmes du vol 6-2 et Astris sera en version opérationnelle
(version allégée avec réservoir en titane).
Le vol F9 sera le dernier depuis Woomera. L'étage Blue Streak sera remplit à son
maximum pour une satellisation en orbite elliptique haute.
Après 2 reports sur 3
jours, lâchage accidentel du
système de verrouillage entre le 2 éme et 3 éme étage et nuages bas présents
empêchant la poursuite correcte des 1éres phases du vol, le lanceur Europa F8
décolle de Woomera le 3 juillet à 8h 24 locale.Le vol propulsé des deux premiers
étages est nominal ainsi que le largage de la coiffe. mais le troisième étage
Astris ne s'allume pas , ce qui a pour conséquence la perte du satellite STV 2
italien ainsi que le second et troisième étages qui tombent dans l'océan
pacifique à 500 miles au nord ouest de la Nouvelle-Guinée occidentale.
Le satellite STV 2Satellite
Test Vehicle est le second d'une série destiné à qualifier le lanceur Europa 1.
Le satellite hexagonal de 214 kg a été construit par Fiat Aviazione pour mesurer
l'environnement autour du lanceur. Le premier STV a été lancé sur Europa F7,
mais n'a pu être mis sur orbite après l'explosion de l'étage Astris à
l'allumage.
Le tir F9 le dernier de Woomera reste prévu pour novembre. L'ELDO pense selon la
rapide reprise des vols Europa repousser le tir F9 au CSG, ce dernier servant
alors pour roder les installations avant le tir F11, premier tir expérimental.
L'ELDO prévoit 2 tirs d'essais pour Europa 2, F11 et 12 puis 2 tirs commerciaux
pour lancer les 2 satellites Symphonie.
Septembre, l' ELDO repousse
le tir F9 à avril 1970, les équipes Allemandes devant élucider la
défaillance de l' étage Astris lors des tirs F7 et 8. Les premiers éléments
montrent que le déclenchement intempestif du système de sauvegarde de l'
étage l' aurait détruit en vol.
Les différentes
versions du lanceur Europa 3 avec Europa 2/TA (Thrust Augmented) avec 2 P16 (SSBS)
ou 2 L17 (Diamant), 290 à 300 kg en GEO, Europa 3 (Blue Streak + H14) 450 à 500
kg en GEO, Europa 3/TA (2P16 ou 2 L17) 760 à 800 kg en GEO, Europa 3B avec un
L120 (UDMH+N2O4) et un H25, Europa 3C (L140 avec 4 moteurs) et un H17 860
kg en GEO et Europa 3D avec un H55 et un Astris puis un H20.
L'exposition ''Moon Travel 69''
organisée par le International Congress Centre (RAI) à Amsterdam se
tient du 9 au 19 octobre 1969. Elle réunit la NASA, l'ELDO
et l'ESRO, tenu par Philips N.V. en coopération avec le NASA,
Smithsonian Institute, US National Air and Space Museum, US Information
Agency. L'exposition a ouvert ses portes avec les 3 astronautes d'Apollo
11 (Neil Armstrong, Michael Collins and Edwin Aldrin), revenus de la
lune il y a quelques mois Pendant l'exposition il a été inauguré la
présence de la cabine Apollo 8 et une maquette de 13 métres de long du
Satrun 5. ESTEC présentait une maquette du satellite Boreas, l'ELDO, une
maquette du pad de tir Europa en Guyane.
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1970
Janvier,
la SEREB fusionne avec Sud et Nord Aviation pour créer la SNIAS, Société
nationale Industrielle Aerospatiale.
Janvier, le programme Europa accuse 6 mois de retard selon les plans
prévisionnels de 1969, le plan T11. Le lanceur F11 sera lancé de Kourou en
octobre 1971 et F12 suivra en mars 1972. Le satellite Symphonie pourrait être
lancé en 1973. L'ELDO affirme que les lanceurs F11 et 12 sont construits,
les contrats de fabrication
des lanceurs F13 et 14 ont été passé en 1968 pour lancer 2 satellites Symphonie,
2 autres lanceurs sont
en construction.
11 février, Woomera, érection du premier
étage du lanceur F9. Le tir prévu en juin prévoit le lancement d'un 3e
satellite d' essai "STV-3" de 214 kg construit par l' Italie (Fiat
Aviazone) et qui servira à
déterminer les performances du lanceur. Le satellite STV 3, avec ses faces
octogonale et prismatique transportera à son bord des équipements de
télécommunication développé et fabriqués par Ericson (Suéde) en coopération avec
le Danemark, la Norvège, la Belgique et l'Italie. 3
expériences seront été réalisées. La première sera une balise de repérage VHF
fabriquée en Belgique. La seconde, par l'Italie, sera un système aérien et un
système de commutation nécessaire aux expériences. La 3e, réalisée avec le
Danemark, la Norvège et la Suède, sera un transpondeur UHF pesant 25 kg et
capable de relayer une chaîne de télévision. 3 stations au sol, Fucino (Italie),
Råö (Suède) et Tromso (Norvège) devaient être impliquées avec ces expériences.
Lors des échec F7 et 8 des
déclenchements intempestifs de charges explosives du système d' auto
destruction avaient causé l' explosion du 3 me étage en
vol. Le lanceur embarquera en outre la première centrale inertielle
fabriquée par Elliott. Le guidage sera fait par radio, mais elle fonctionnera
comme si elle conduisait un véritable vol.
Le satellite Italien STV 3, 249 kg emporte
3 expériences de
télécommunications sont embarquées à bord du satellite. La première est une
balise VHF suivi par la Belgique. La seconde, par l’Italie, est un système
d’antenne aérienne, un transpondeur UHF et le système de commutation nécessaire
pour les expériences. Le dernier, conjointement par le Danemark, la Norvège et
la Suède, est un transpondeur UHF pesant 25kg et capable de relayer une chaîne
de télévision. Intégration de l’équipement dans la structure du satellite se
fera par l’Italie.
1er mars, Alexandre Hocker remplace Herman
Bondi à la tête de l'ESRO.
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27-28 avril, 42 eme session
de l' ESRO présidée par le général Aubinières. L' ESRO annonce le tir F9
pour début juin depuis Woomera. Suivront les F11 et 12 depuis la BEC en Guyane
en 1971. L'ESRO propose aussi un
dérivé d' Europa 2, plus apte à gagner l' orbite géostationnaire. Europa 3 B sera capable de placer
900 kg en GTO grâce à deux étages utilisant des ergols classiques et
cryogéniques (étage H 20); Cette version a été préféré à la version
A (basé sur le Blue Streack) et C (étage avec 4 moteur RZ 2 détarés) et D
(lanceur entièrement cryogénique).
Ce programme financé par la France, l' Allemagne et l' Italie repose sur un
étage à ergols stockables de 120-140 tonnes équipé de 4 à 5 moteurs
M40 ou 55 à turbopompes de la LRBA et un étage cryogénique de 17
tonnes.
Le programme prévoit 2 tirs pour tester le premier étage surmonté de maquette
et 3 tirs lanceur complet pour une mise en opérationnel en 1979.
Le coût global sera de 475 millions $ sur 7 ans.
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Au même moment, l' ESRO est appelé par la NASA
pour participer à la construction du remorqueur spatiale dans le cadre du
programme Space Shuttle. Ce "tug" permettra depuis l' orbite basse d'
amener les satellites vers l' orbite GO à 36000 km.
9 mai, Spadeadam, l'étage
Blue Streak DG, pour Development Guyana réalise son tir statique durant 154
secondes. il sera envoyer au CSG pour être assemblé avec des étages fictifs
supérieur Coralie et Astris à l'automne, courant novembre.
Le lancement d'Europa F9 est initialement prévu pour le 19 mai
mais en raison de problèmes techniques avec différents étages du lanceur, le
lancement est reporté au 10 juin. Sur ce jour-là, la phase finale du compte à
rebours a commencé à 03h00, heure locale (9 juin à 17h30 TU) mais a dû être
interrompu par quelques problème dans l'équipement au sol. Il n'a pas été
possible de résoudre le problème jour, il a donc été décidé de réessayer le
lendemain. Le jeudi 11 juin à 03h00 (10 juin 17h30 TU), le compte à rebours
reprend. Tout se passe bien jusqu'à T moins 2 min 59 sec avec un arrêt du
à une
horloge de station non synchronisée, le problème est rapidement résolu. Le
compte à rebours reprend mais est bientôt de nouveau interrompu lorsqu'un
satellite américain jusqu'alors passé inaperçu apparait à l’horizon. Ce
satellite transmettait sur la même fréquences que le satellite à bord du lanceur
et interférait considérablement avec les stations sol utilisées lors du
lancement. Quand le satellite américain s'est éloigné, le compte à rebours peut
reprendre, mais un autre arrêt intervient, cette fois à cause d'un ordinateur
défectueux au sol. Il est maintenant 11 heures (11 juin 0130 TU) et l'élévation
du soleil sur l'horizon empêche d'autres tentatives de lancement en interférant
avec les trackers optiques utilisés pour suivre le mouvement initial de la phase
du vol.
Vendredi 12 juin, le compte à rebours reprend à la même heure matinale, soit
03h00 (11 juin 17h30 TU). Après une attente d'une heure pour laisser passer le
satellite américain, le compte à rebours se déroule jusqu'à T moins 2 minutes
lorsque le séquenceur de compte à rebours automatique ordonne un autre arrêt.
Encore une fois, un ordinateur au sol en est le coupable. Le problème est résolu
et le compte à rebours reprend. Cette fois, tous les sous-systèmes fonctionnent
et le lanceur de 105 tonnes décolle lentement à 10 h 40, heure locale (01 h 10).
UTAH).
Même si les 3 étages du lanceur fonctionnent sans problème, la mise en orbite ne
peut avoir lieu à cause de 2 problèmes.
La télémétrie a montré qu'un connecteur à l'étage supérieur Astris s'était
détaché à T+79 secondes lorsque Europa passait le Q maximum. Ce connecteur
servait à passer l'ordre libérant la coiffe à T+122 secondes. Le 3e étage devait
donc transporter un charge supplémentaire de 300 kg, la coiffe qui l'a ralenti.
De plus, la poussée du moteur de ce même étage a diminué et est devenu instable
vers la fin du temps de combustion. Ainsi, au lieu d'entrer en orbite, le 3e
étage et le satellite s'est désintégré dans l'Atlantique à proximité du
Antilles. L'enquête conclura à une erreur humaine de la part d'un ouvrier
Italien chargé de réaliser le câblage reliant la coiffe à l'étage Astris. Le
plan prévoyait d'utiliser une prise éjectable non spatial, l'ouvrier décida de
monter une prise éjectable spatiale étanche. Dès que le lanceur a pris de
l'altitude, la pression de l'air enfermé dans la prise, au niveau du sol, a été
suffisante pour déclencher son éjection, empêchant l'ordre de séparation de la
coiffe d'arriver.
L’expérience belgo-scandinave des télécommunications n’a donc pas pu être
réalisée en orbite via des stations au sol à Tromsö (Norvège), Fucino (Italie)
et Råö en Suède. Cependant, l'expérience acquise dans la conception et les tests
de les systèmes qualifiés pour l'espace seront très importants pour le futur
espace projets..."
Pour l' ESRO, ce
vol est un succès car pour la première fois, le lanceur a fonctionner en
entier. Le prochain tir en Guyane F11 (avec un étage PAS et un autre satellite STV)
devrait permettre de corriger le problème de la coiffe (déplacement de la
prise ombilicale).
Le lanceur Europa-1 est optimisé pour placer des charges utiles lourdes en
orbite basse, ce qui ne correspond à aucun besoin prioritaire. Les
satellites dit d' application se trouve sur l' orbite géostationnaire à 36000
km d' altitude. l' ESRO décide de corriger cette faiblesse par l'adjonction d'un quatrième étage, qui
n'est autre que le troisième étage à poudre du lanceur français Diamant-B,
et d'un moteur d'apogée. Moyennant ce bricolage baptisé PAS (Périgée Apogée
Système) l'Europa-1 rebaptisé Europa-PAS ou Europa-2 acquière la capacité
géostationnaire ; il devient en particulier capable de placer en orbite les
satellites de télécommunication Symphonie développés dans le cadre d'une
coopération bilatérale franco-allemande. Encore fallut-il qu'il puisse être
lancé d'un site proche de l'équateur et non du site australien de Woomera,
exclusivement adapté aux lancements en orbite polaire. Les Australiens ont
pensé construire une base au Nord du pays équivalente à Kourou mais la France s'
y oppose et convainquant les autres pays embarque Europa à Kourou
(pour un coût de 25 millions d' ECU plus 15 pour les routes et les accès).
Le tir F10 a été annulé pour
des raisons financières l'an passé, F11, première utilisation d' Europa 2 permettra de
lancer un satellite de 360 kg simulant Symphonie qui sera lancé sur F13 en mars
1973. Le moteur d' apogée ne sera pas utilisé pour circulariser l' orbite à
36000 km. Un tir d' essai avec un véhicule VRME (Véhicule de Référence Multi
Etage) est prévu en novembre à Kourou sur la base BEC de l' ELDO. Le lanceur
Europa 2 sera mise à feu pendant 8 secondes retenu au sol par le système de mâchoire.
L'opération s'achèvera en février-mars 1971, mettra en oeuvre la base ELDO de
Guyane de façon similaire à celle d'un tir réel, mais sur une durée supérieure,
4 à 5 mois au lieu de 2 mois.
Dans l' été, la France, la
Belgique et la RFA présente ses futurs projets de lanceur étudié depuis 1968:
un lanceur capable de placer 700 à 800 kg en GTO avec un étage de base Blue
Streak, un étage cryogénique au dessus et des boosters liquides dérivé du
Diamant accolés au premier, Europa 3.
43e session du conseil ELDO, le plan prévisionnel T11 est décalé de 6 mois, il
devra être approuvé en décembre au cours de la 47e session.
Ce plan prévoit la
qualification des installations Europa à Kourou avec une série d’essai dont le
tir statique du VRME à la mi-1971. Le lancement F11 est prévu pour pour
l’automne 1971 et F12 au printemps 1972. A Kourou, les travaux de génie civil
sur la BEC sont achevés, ainsi que la tour de montage, le mat et stockage ergols
et équipements de contrôle. Les tests des équipements reçus du CNES sont presque
terminés. Ils doivent couvrir les interfaces entre les divers éléments se
poursuivront courant début 1971. En novembre, débutera la 3e série
d’essais, la campagne VRME avec un tir statique en avril ou mai 1971. Suivra la
campagne du vol F11 dans l'été pour un lancement en automne.
31 Juillet, arrivée de l'étage Blue Streak au CSG, il servira au test statique
du VRME.
Pleine activité pour le
chantier de Kourou, les travaux sont en phase de finition et les essais de
validation ont commencé.
22-24 juillet, 4eme réunion des
13 de la Commission Spatiale Européenne à Bruxelles au cours de laquelle 4 résolutions sont prises:
_ Développement de programme de satellite d' application (télécommunication,
navigation et météo);
_ Achèvement du lanceur Europa 2 et fabrication des Europa 1-2;
_ Développement d' Europa 3;
_ Coopération avec les scientifiques pour la réalisation de satellites;
_ Mise en place des statuts de la future agence spatiale;
_ Participation au programme Post Apollo Américain;
_ Négociation avec Intelsat;
Septembre et octobre, les
étages du VRME sont expédiés au CSG.
3 novembre, Spedeadam,
l'étage Blue Streak du vol F11 réalise son premier tir statique, interrompu au
bout de 3 secondes suite à une perte d'hydraulique. Il est repoussé au 17 et
dure 30 secondes. 2 autres essais auront lieu le 16 décembre et le 16 mars 1971,
chacun d'une durée de 30 secondes avant l'envoie de l'étage au CSG.
Les équipes de Hawker
Siddeley Dynamics à Spedeadam en Angleterre devant le Blue Streak Europa F11,
l'étage subira un dernier test statique au banc le 16 mars 1971
4 novembre, réunion de la
CSE à Bruxelles. L' Europe spatiale vole en éclat, la France, l' Allemagne et
la Belgique décide de partir seule, laissant le soin aux autres de venir les
soutenir s' il le désirent dans la construction d' Europa et le développement
des satellites d' application.
La campagne VRME
commence en ce début de novembre et s'achèvera en février-mars 1971. Elle mettra
en oeuvre la base de l'ELDO de façon similaire à celle d'un tir réel, mais
durera 4 à 5 mois au lieu de 2 mois.
CSG, à gauche, vue du hall d'assemblage de l'Ensemble de Lancement Europa avec
les étages du VRME, Astris au premier plan
avec les jupes médiane et inférieure, Coralie au fond avec l'étage Blue Streak.
Détail des éatges Blue Streak et Coralie.
Mise en place de
l'étage Blue Streak
Mise en place de l'étage
Coralie
Mise place de l'étage Astris
Mise en place de la coiffe
15 et 22 décembre, premier
essai de la turbopompe du moteur M55 sur le banc PF2 de Vernon. Huit autres
essais devraient suivre.
1971
Le plan
prévisionnel T11 de l'ELDO espérait un lancement F11 cet l’automne et le vol F12
au printemps 1972 avec une option pour le vol F13 en cas de problèmes. Si le
lanceur F13 est utilisé pour le programme de développement, les autres lanceurs
seront affectés aux lancements des satellites Symphonie.
Le
LRBA fusionne avec la SEP, Société Européenne de Propulsion, elle même crée
en 1969 par regroupement de la SEPR et de Snecma division "espace".
Janvier, le LRBA livre le
3eme moteur M55 Viking dérivé du M40 qui doit propulsé le lanceur Europa 3.
Le premier M55 a été livré en octobre 1970. Ce moteur qui équipera en 4
exemplaire le premier étage d'Europa 3 permettra de placer 800 kg en orbite GEO.
Europa 3 mesurera 36,4 m de hauteur pour 3,6 m de diamètre. Le premier étage
emportera 137 tonnes d'UDMH et N2O4 qui brûleront durant 146 secondes. Le second
étage sera cryogénique avec20 tonnes d'ergols. La capacité de lancement sera de
5500 kg en LEO en orbite équatoriale et 4500 en orbite polaire.
Le M55 et M40,
baptisé Viking, V pour Vernon. 4 Viking équiperont le premier étage d'Europa 3,
le Drakkar.
Le Viking: Poussée 55 tonnes,
pression 55 bars, Masse 580 kg, imp 237 s, Vitesse de la turbine et pompe 9500 t/mn,
débits 228 kg/s (photo) |
27 janvier, la phase
préparatoire d' Europa 3 est approuvée par la réunion du CSE. Quatre des six
pays y participent financièrement dont la France, et l' Allemagne.
Au même moment l' ELDO passe un contrat avec Cryorocket (SEP et MBB) pour la
réalisation d' un moteur LH2-LOX pour le second étage du lanceur Europa 3. Ce
moteur de 20 tonnes de poussée sera un moteur dit haute pression 150 bars à
"flux dérivé" à turbo pompe unique.
Avril, les caractéristiques d'Europa 3 sont
à peu près gelées: Le lanceur mesurera 40 m de hauteur pour une masse de 191
tonnes. il placera 1550 kg en orbite GEO. Le premier étage emportera 150
tonnes d'UDMH et N2O4 qui alimenteront 4 moteurs Viking développant 241
tonnes de poussée. Le second étage sera cryogénique avec un moteur de 20
tonnes actuellement à l'étude par Cryorocket, le H20.
|
Le H20 est le premier moteur
à flux dérivé et haute pression européen. d' une poussée de 20
tonnes, il pèsera 350 kg pour 2,6 m de haut et un diamètre de tuyère
de 1,3 m. La turbo pompe unique comprend une pompe LOX à un étage et
une pompe LH2 à deux étages montés sur le même axe que la turbine et
tournera à 39 000 t-mn. Le débit sera de 45 kg-s (39 kg LO2 et 6,5 kg
LH2) |
Fin avril,
après une campagne de près de 6 mois, le VRME
(véhicule de référence multiétage)
Europa 2 est prêt pour sa mise au feu, sur l'ensemble de lancement ELDO, sur
la BEC (Base Equatoriale du CECLES). La
base terminée depuis la mi 1970 a été recetté récemment. Cette maquette, appelée
DG pour "Développement Guyane",
représentant le lanceur au complet est composée d' éléments non qualifiés pour
le vol. Seul le premier et le troisième étage seront remplit de carburant pour
l' essai statique prévu en mai, le second Coralie sera remplit d' eau et le quatrième
à poudre sera
vide. La charge utile est constituée d'une capsule technologique chargée
d'enregistrer les différents paramètres du lanceur pendant le tir.
Le test statique sera l'occasion de valider l' ensemble de lancement
Europa de Kourou qui a commencé avec l' érection des différents étages, l'assemblage et le
contrôle complet du lanceur, les opérations de décompte aboutissant à l'allumage des moteurs Rolls Royce RZ 2
Mark 2 pendant 20 secondes créant 136 tonnes de poussée.
|
Pour circuler au CSG dans les
années 1970, le véhicule de fonction était la Renault R4L, L pour
limousine rapport à ses 6 vitres latérales. Elle restera en fonction
de nombreuses années remplacée par la suite par des Fiat Uno. |
|
L' essai statique du VRME a
lieu le 8 mai, le premier étage est allumé durant 20 secondes et donne
entière satisfaction. L' ELDO prévoit maintenant le premier lancement, vol F11
entre le 5 et le 28 novembre prochain 10 heures locale. Le second lancement, F12
pourrait intervenir avant la fin mars 1972. Un satellite technologique de l'ESRO
pourrait être lancé à cette occasion. les tirs suivants, F13 et 14 lanceront les
2 satellites Symphonie.
Le test statique du VRMEa permis de vérifier entre autres que les
ergols stockables "locaux" ferraient mieux qu'à Woomera. Le kérosène venait de
Trinda, île des caraïbes toute porche et disponible à aéroport de Cayenne chez
Shell, qu'il livrait directement à Kourou. Pour l'étage Astris, l'aérozine,
mélange d'UDMH et d'hydrazine provenait des Etats-Unis, constituant une petite
dérogation dans la recherche d'indépendance européenne vis-a-vis des Etats-Unis.
Cet aérozine était livré du port de Tampa, Floride par chalutier
au port de Cayenne.
Juin, Le LRBA réalise 2 tirs
de courtes durées, 20 secondes du moteur Viking 2 de 60 tonnes destinés à Europa
3. Ce sera en avril 1972 que débuteront les essais longue durée.
Fin juillet, début de la
campagne du vol F11, prévu entre le 5 et le 28 novembre. Le
premier étage a voyagé par bateau alors que le 2eme étage et le 3eme sont
arrivés par avion ainsi que le 4eme étage ( de périgée), la maquette de charge
utile et la coiffe.
15 septembre, l' ELDO
commande à Hawker Siddeley deux étages Blue Streack pour Europa 2 F13 et
14 et à Aerospatiale de deux étages Coralie G (pour Guyane). 2 autres
contrats similaires vont être signés pour 2 étages "Astris" et 2 étage de périgée.
Les étages G seront en acier Maraging Marval (au lieu d'
acier Vascojet 1000) de 1,85 mm d' épaisseur (2 mm auparavant), soit 50 % de
gain sur la masse avec une meilleur résistance aux criques.
L' étage
du F11 est une version "normale " destiné à l' origine pour être
lancé de Woomera. Selon le calendrier ELDO
sont prévu:
_
F11 premier tir technologique en novembre;
_ F12, second tir technologique;
_ F13, Symphonie 1 ou troisième tir d' essai;
_ F14 Symphonie 1 ou 2;
_ F16 COS B ou GEOS;
_ F17 GEOS ou Symphonie B;
_ F18 Symphonie B ou HELOS;
_ F19 HELOS;
Fin septembre, début
d'assemblage du lanceur F11 sur l'ELE de Kourou.
Octobre, J-22, le lanceur
F11 est assemblé sur la table de lancement de la BEC. Europa 2 est un lanceur
pesant 112 tonnes équipé de 2 moteurs Rolls Royce développant 136 tonnes de
poussée. La capacité est de 1000 kg en orbite LEO.
Erection des second étage Coralie et troisième Astris sur le
pad.
STV-4 dans sa coiffe Le STV 4 (Satellite Test Vehicle) simule le satellite Symphonie qui sera lancé sur les autres vols
Europa. Pesant 360 kg, il a été construit par Fiat Aviatione pour l'ELDO afin de
recueillir des données durant le vol. Il sera placé sur orbite de parking à 300
km d'altitude, inclinée à 5°44. L'étage périgée transférera le satellite jusqu'à
36 280 km, avec une inclinaison de 3°30, décrite en 10h42 mn 42s.
27-29 octobre, remplissage des étages et répétition de la chronologie de
lancement.
31 octobre, une première tentative de tir statique est annulé à la dernière
seconde.
Europa 2 F11 sur le pad de tir
de la BEC Guyane
1er novembre, un tir
statique du F11 est réalisé durant 3 secondes.
4 novembre, le décompte peut démarré à 18h locale.
5 novembre,
début du compte à rebours à 18 h locale. H-4 h 45, la tour de montage est retirée,
H- 3 h 45, remplissage en LOX du première étage,
H- 5 mn, séquence automatique.
Bilan des masses
Europe F11, 112, 339 tonnes au décollage
Blue Streak: 94,897 tonnes, dont 5,295
tonnes de structures, 458 kg d'auxiliaires et servitudes et 62,4 de LOX
et 26,7 tonnes de kérosène.
Coralie: 12, 019 tonnes, dont 2,009
tonnes de structure, 160 kg d'auxiliaires et servitudes et 6,4 de N2O4
et 3,4 tonnes d'UDMH.
Astris: 3,960 tonnes, dont 978 kg de
structures, 34 kg d'auxiliaires et servitudes, 1,7 de N2O4 et 1, 2
tonnes d'UDMH.
4eétage: 803 kg dont 118 kg de structures
et 685 kg de poudre Isolane. |
10 h, locale,
Europa 2 F11 décolle de Kourou sous la poussée de 137 tonnes de ses 2 moteurs
Roll Royce. A 1mn 40s, la trajectoire est "nominale" selon le DDO. On attend le
largage du Blue Streak à 68 km d'altitude et la relève de Coralie. Mais à 107
secondes, les stations de réception de mesures de télémétries ne reçoivent plus
la confirmation de la bonne réception des signaux de pilotage du premier, second
et 3e étage, transmis depuis la centrale inertielle d'Astris. Au sol, les
signaux de télémétrie arrivent indiquant que tout va bien, les tables traçantes
montrent que la trajectoire est bonne... A 134 secondes, les tables traçantes
montrent que la vitesse et l'altitude sont légèrement plus élevés que prévues. A
+150 secondes, le radar Cotal enregistre 2 échos de peau. A cet instant, à 3
secondes de l'arrêt du premier étage, une explosion survient au milieu de
l'engin, soit au sommet du Blue Streak, l'altitude est de 54 km et la distance
du CSG 71 km. A +160 secondes, alors que le premier étage poursuit dans sa
lancée, Coralie explose à son tour entrainant la perte des signaux de
retransmission au sol. La capsule satellite et l'étage Astris continuent eux
d'émettre leurs signaux jusqu'à leur impact dans l'océan à +264 secondes. Le
reste du lanceur va continuer sa monté dans le ciel culminant à 65 km avant de
retomber dans l'Atlantique à 487 km des cotés de Guyane.
Explosion d'
Europa F11
Il n'en reste pas moins vrai que cet échec du tir
F11 survient pour l'ELDO au plus mauvais moment, puisque au cours des prochains
mois, des décisions importantes doivent être prises concernant la poursuite du
programme Europa 2 et la réalisation du programme Europa 3. Le directeur
technique de l'ELDO reste
néanmoins optimiste pour le tir F12 prévu en mars 1972 qui sera probablement
reporté suite à l'enquête sur l'échec du F11. 2 vols de qualification sont
prévus avant de confier le satellite Symphonie à Europa fin 1973. Il se pourrait
donc que le vol F14 lance le premier des 2 satellites Symphonie. L'ELDO a passé
commande pour un lanceur F16 et à long terme pour F17 et 18 pour lancer, si l'ESRO
donne son feu vert, un satellite Cos-B ou GEOS. Les 2 satellites Symphonie reste
pour l'instant les 2 seuls clients d'Europa 2.
18
novembre, 53e session du conseil, quelques jours après l’échec du
F11, le tir F12 prévu en avril 1972 est reporté à l’automne, mais probablement à
plus début 1973. La décision finale sera prise en avril 1972, avec celle du tir
F13. Les contrats pour la fabrication des lanceurs F14 et F15 ont été finalisés.
Les ordres pour les lanceurs F15 et 16 sont en cours et les autorisations
initiales pour les lanceurs F17 et 18 aussi. En janvier 1971, l’ELDO prévoyait
la fabrication de 6 lanceurs, de F13 à 18.
Avec la mise en service
de la base de Kourou, le centre spatial a reçu cette année de nombreux
visiteurs . En février, 21 parlementaires européens, en octobre, 32
représentants des Télévisions et magasines européens avant le vol F11 et
en novembre, 43 représentants de la presse, radio et TV pour le
lancement de F11.
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