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CHRONOLOGIE ARIANE

LES INSTALLATIONS DE LANCEMENT EUROPA

WOOMERA

Bien que l'Australie n'ai jamais construit de lanceur spatial proprement dit, elle est une des premières à avoir conçu et lancé un satellite avec succès dans les années 1960 depuis son territoire. L'Australie a su développer d'importantes installations et services d'ingénierie dans les fusées et l'accès à l'espace. Mais cet effort n'a pas été suivit et l'Australie s'est contenté d'un second rôle dans les communications en soutien des opérations spatiales. Les installations de lancement construites dans les années 1960 sont périodiquement proposées par des entreprises commerciales comme emplacement possible d'un port spatial.

Après la seconde guerre mondiale, le besoin d’une zone d’essais des fusées pour les Anglais devenait urgent et nécessaire alors que l’Angleterre ne pouvait pas envisager de tirs de missiles sur son île qui était trop peuplée et trop étroite, elle recherchait dans son ancien empire (le Commonwealth) un territoire adéquat. Le choix a été fait entre la toundra du Canada et le désert de l'Australie. Au final, des terres au Sud du pays sont choisit le 24 avril 1947 parce que la densité de population y était très basse, la population se concentrant près des cotés essentiellement. A la suite de l’accord signé entre la Grande Bretagne et l’Australie afin d’assurer leur défense respective, le site de Woomera a été découvert et fondé par le Long Range Weapons Establishment (LRWE), Woomera rocket range, qui a commencé ses opérations à Salisbury en Australie méridionale, à 30 km d'Adelaide.

La Grande-Bretagne n'est pas bien située géographiquement pour lancer des satellites. La masse des charges utiles peut être augmentées en tirant le lanceur dans la même direction que la rotation de la Terre : vers l’est. Mais cela signifierait que les étages vides du lanceur tomberaient sur l’Europe. La seule voie claire impliquerait des lancements presque plein nord, en orbite polaire, et deux sites ont été considérés. L'un était l'existant site d'essais de fusées sur les îles de North et South Uist, dans les Hébrides, l'autre se trouvait sur la côte nord de Norfolk. Uist a été exclu pour des raisons d'inaccessibilité et l'absence d'infrastructures. Les trajectoires de vol sont indiquées ci-contre - le deuxième étage aurait un impact près du pôle Nord : au nord du 85e parallèle.

Norfolk avait l’air plutôt prometteur jusqu’à ce que l’argent tombe avec quelqu’un. Dans les fichiers du Public Record Office, vous pouvez voir que les gens semblent être assez rapidement intéressé par le site de Norfolk, jusqu'à tomber sur une grosse enveloppe marron marqué : "Urgent - par courrier" du ministère de l'Énergie. A l'intérieur se trouvait un carte de la mer du Nord avec tous les sites de plates-formes pétrolières marqués... Les chances de la chute du premier étage sur une plate-forme pétrolière a été infime - mais étant donné les conséquences si c’était le cas, la proposition était abandonnée. C'était de retour à Woomera.

 

C’est le général Evetts qui décida de son emplacement avec Léonard Beadell, un arpenteur qui a été choisi pour localiser un site approprié en mars 1947. La zone était parfaite parce que les lacs à proximité étaient pleins. L’immensité du territoire et l’isolement de la région était idéals pour tester des fusées. Les premières fusées furent testées à Woomera en mars 1949. Le village de Woomera avait été créé le 1er avril 1947 en plein milieu du désert à 500 km au nord d’Adelaïde.

La construction du site ne fut pas sans controverse à cause des interférence avec les pacifistes et les communistes. A cela s'est ajouté l'embargo des Américains en 1948-49 pour transfert sensible d'informations. Les raisons de cette « embargo » comprenaient la politique apparemment aveugle du gouvernement travailliste de gauche australien face à la menace du communisme en Asie et une « situation de sécurité instable » au sein du gouvernement avec des fuites d’informations secrètes à Moscou liées à un réseau d’espionnage soviétique secret. La situation s’est améliorée avec le temps, notamment après l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement sous la direction de Robert Menzies en 1949, et l’introduction de procédures de sécurité plus efficaces dans la recherche et le développement de la défense dans les années 1950.L'histoire de Woomera se partage entre les tests d' armes, les satellites lancés, le réseaux de poursuite des engins spatiaux comme dans le programme US Mercury. Le 22 mars 1949 est lancé le premier missile. Le premier Black Knight l'est le 7 septembre 1958.

Les pads de tir de Woomera, le LA6A pour Europa et le LA8 pour le staellite WREsat

En 1955 le gouvernement britannique s’est doté d’un missile balistique à moyenne portée en partenariat avec les USA. Ce missile Blue Streak sera construit au Royaume Uni sous licence américaine (Rocketdyne). Ce n’est qu’en 1957 que l’aire de lancement 6A a été prospectée puis construite en 1959 par l’Australie sur le modèle partiel de la base de Spadeadam en Angleterre qui opérait des tests statiques pour les moteurs Rolls Royce RZ-2 et les missiles Blue Streak.

En 1960, le parlement britannique décidait d’abandonner au plan militaire le missile Blue Streak et de le reconvertir civilement en tant que premier étage d’un lanceur de satellites dans le cadre du programme de lanceur de l'ELDO, la nouvelle organisation spatiale de l'Europe. Sur le missile s'ajoutaient un étage Français Coralie et Allemand, Astris.

L’Australie en effet avait beaucoup investi pour la construction des aires de lancement destinées au missile Blue Streak et était inquiète de n’avoir plus de projets pour pouvoir les exploiter. L’annonce du projet de lanceur européen Europa a été bienvenue à Woomera. Le LRWE a aménagé les escarpements au nord du lac salé asséché Hart au sud-ouest de Woomera. les gaz et les flammes produites par la fusée pouvaient s’échapper par un déflecteur de jet recouvert de tuiles réfractaires et s’écoulaient directement dans le ravinement en contrebas dans le lac sans que l’on soit obligé d’arroser trop abondamment le pas de tir comme c’était le cas sur une autre aire de lancement à Woomera des fusées Black Knight, ce qui coutait extrêmement cher en production d’eau.

Le programme de l' ELDO se divisait en trois phases:
_ Phase 1 tir d' essais depuis Talgano à l' Ouest de l' Australie avec trois tirs de l' étage Blue Streack F 1 à F 3 entre 1965 et 65.
_ Phase 2 avec des tirs depuis le désert de Simpso, dans les territoires du Nord. Trois tirs y ont été également réalise F 4 à F 6-2 entre 1966 et 67. Des éléments du lanceur récupéré en 1994 (chambre de combustion, canalisation du moteur) sont maintenant visibles dans un parc au centre du village de Woomera.
_ Phase 3 avec des tirs toujours depuis le Nord dans l' espoir de mettre des satellites en orbites. Les tirs F 7 à F 9 ont été réalisé depuis le site entre 1967 et 70. Le dernier tir F 10 n' a jamais eu lieu en Australie.

Trajectoire de vol d'Europa 1, phase 3

10 lancements ont été réalisé depuis le 5 juin 1964 sans que jamais aucun satellites ne soit mis en orbite.

 

Deux pads de tir ont été construit au bord du lac asséché Lake Hart. Le pad 6A, au premier plan est le seul terminé pour des lancements de fusée. Le 6 B est visible au loin. La tour de service mobile est ici en position retiré sur son parking. Aujourd'hui seul reste le béton.

Le site de Lake Hart


Pad 6A


Azimut de tir depuis Woomera

La table de lancement de Woomera après le tir F9

Le premier cliché photographique du pad 6a de Woomera est publié le 31 juillet 1963 par le ministre Britannique Allen Fairhall

   

Sur ce cliché, on voit l'étendue du complexe de lancement avec au fond le pad 6B, jamais utilisé

   

    

La tour de montage mesure 39,6 m de hauteur et comporte 10 plateformes de service

   

La tour de montage d'Europa du 6A roulé en bordure du massif de tir

   

Vue de l'arrière du massif et devant

Le mess de l'ELDO, devenu après Europa un hotel

En 1967, le 29 novembre l' Australie lance WRESAT 1, le premier satellite Australien avec un Redstone Américain et le place sur une orbite 193-1 259 km avec une inclinaison de 83,2°. L'Australie devient la 4e nation à mettre en orbite un satellite lancé depuis son propre territoire après l'Union soviétique (Spoutnik depuis ce qui allait devenir le cosomdrome de Baïkonour au Kazakhstan soviétique en octobre 1957), les États-Unis États-Unis (Explorer 1 depuis Cap Canaveral, Floride en janvier 1958) et France (Astérix en novembre 1965 depuis Hammaguir, Algérie. Il s'agissait du dernier lancement du Redstone qui avait non seulement propulsé les États-Unis dans l'espace, mais désormais également l'Australie. Le lanceur Redtone, retiré du service aux USA en 1964, après avoir lancé le premier stellite US en janvier 1958 et le premier saut de puce "Mercury" en mai 1961, a migré en Australie dans le cadre du  Projet SPARTA (SPecial Antimissile Research Tests, Australia). 10 exemplaires ont été lancé depuis le pad LA-8 avec en second étage Antares (Scout) et BE3. Le lanceur ainsi reconstitué mesurait 20 m de haut pour une masse de 30 tonnes. WREsat bénéficia du dernier Redstone du programme.

Bien que WRESAT ait connu un succès retentissant, le gouvernement australien n’était malheureusement pas intéressé à élargir le rôle de son programme spatial naissant. Même après un demi-siècle, WRESAT reste le seul satellite australien lancé depuis le territoire australien. Dans un post-scriptum intéressant de cette mission presque oubliée, les restes du premier étage Redstone de WRESAT ont été récupérés dans le désert australien de Simpson en avril 1990 et ensuite exposés au Woomera National Aerospace and Missile Park où ils demeurent un témoignage silencieux de cet accomplissement historique. VRESAT a montré à l'ELDO que l'Australie savait lancer des fusées depuis son sol.

   

Les zones interdites en rouge sont sous contrôle du Woomera rocket range. les zones se sont considérablement réduire maintenant autour de la base.

       

Après le départ du CECLES-ELDO en 1970 pour la Guyane française, l’activité de la base spatiale de Woomera a commencé à décliner d’autant que le programme national anglais Black Arrow a été stoppé net en novembre 1971 après la satellisation réussie du satellite Prospero.

 

Voici ce qui reste du LC 6 de Woomera aujourd'hui. Jaques Van Oene un passionné hollandais a visité les ruines des deux pads en septembre 2001.

woomera LC6A 2001 04.jpg (81920 octets)     woomera LC6B 2001 03.jpg (65536 octets)

Le pad B ci dessus et A au dessous.

woomera LC6A 2001 02.jpg (65536 octets)    woomera LC6A 2001 04.jpg (81920 octets)

Une des 6 tours d'observation du pad de tir pour couvrir sous tous les angles le décollage d'Europa

   

Sur le site du musée de Woomera, on peut voir les restes du lanceur F4 retombé dans le désert en mai 1966 et retrouvés lors d'une expédition en 1994

Woomera pad 6A en 2007, depuis cette date, aucune photographie n'a pu être prise dans la zone rouge qui est sous l'autorité de l'armée royale de l'air australienne. A l'intérieur de la "Woomera Prohibited area", la zone interdite de Woomera, il existe quatre zones d'accès différentes , chacune ayant un niveau différent d’accessibilité. L'accès à la Zone rouge n'est pas autorisé, car celle-ci est décrite comme « zone de défense d'utilisation continue ”dans laquelle l'armée de l'air australienne se livre à des exercices de tirs de missiles et d'explosifs ( règlements du 1er Septembre 2014),  ce qui fait que le ministère de la défense ne délivre jamais aucun permis pour la zone rouge. Aucune phots n'est permise, les rares visites du site, avec arrivée en avion à la RAFF de Woomera, se font après la mise en coffre des appareils photos et Smartphones à l'hotel ELDO, ex mess des équipes ELDO dans les années 60-70. 

 

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