L’ ELDO ET EUROPA
Octobre 1957, l'onde de choc de Spoutnik secoue le monde
entier. En France, de nombreux physiciens envisage la création d'un organisme
vouait à la recherche spatiale à l'image du CERN Centre Européen de
Recherche Nucléaire crée en 1952 sur une idée du professeur Rabi, un
délégué américain de l'UNESCO. 1960 Parallèlement le 24 février, après avoir dépensé plus de 100 millions de livres sterling, le gouvernement britannique annonce l'abandon officiel du programme Blue Streak.
Le Blue Streak était pour le gouvernement un engin obsolète avec l'apparition des missiles à poudre Polaris et Minuteman américains. La décision d'offrir aux Britanniques des missiles US Skybolt rend inéducable la décision d'abandon, leur fournissant une force de frappe à moindre coût.
En Juillet 1960, le premier ministre Britannique Harold Macmillan
estime nécessaire, pour des raisons de politique intérieur, d'utiliser le
missile Blue Streak à d'autres applications que militaires afin de justifier les fortes sommes
engagées dans son développement. En septembre, le ministre anglais de l'aviation, Peter Thoneycroft entreprend en Europe une tournée afin de persuader les européens de ne pas laisser le monopole des lanceurs de satellites aux États-Unis et à l' Union-soviétique. Au cours de cette visite, le gouvernement Britannique propose une coopération pour la mise au point d'un lanceur ayant comme 1er étage la fusée Blue Streak, comme 2ème étage la fusée Black Knight et un 3ème étage restant à définir. En Novembre, le
premier ministre français, Michel Debré, préside un comité qui jette les
bases d'une association franco-britannique dans le but de proposer aux autres pays
européens la réalisation d'un lanceur de satellites de télécommunication. Le
gouvernement français souhaite en contrepartie que la réalisation du 2ème étage
de ce lanceur soit française (à partir de l'étage Emeraude).
Le 12 décembre, le premier ministre de la Grande-Bretagne accepte la demande française
concernant la réalisation du 2ème étage du lanceur Europa à condition que la
participation financière de la France soit égale à celle de la
grande-bretagne. Cette demande pose problème au gouvernement français, car de
son côté, il a déjà envisagé de développer un lanceur de satellites civil,
Diamant, à partir de réalisations militaires. 1961 26 janvier, à la suite d'une conversation en tête à tête avec le premier ministre Britannique dans le parc de Rambouillet, le général de Gaule, contre l'avis de ses conseillers, donne son accord de principe au projet de lanceur ELDO. La conférence de Strasbourg réunissant les 12 pays intéressés officialise l'acte. La Grande Bretagne et la France proposent à leurs partenaires un programme quinquennal d'un coût de 196 millions de $ devant permettre la création d'un lanceur trois étages de 100 tonnes capable de placer un petit satellite sur orbite. La Grande Bretagne propose de payer 33% des coûts et met à disposition la base de lancement de Woomera en Australie (déjà équipé pour le Blue Streak). Les mois qui suivent permettent de faire le "tour des capitales" pour présenter le projet qui il faut bien le dire ne convint pas tout le monde. Pour l'Allemagne, exclut par le traité de 1954 du développement des grands lanceurs ce projet permettrait de renouer avec un grand dessein technologique. La Belgique tout comme l'Italie se montraient intéressés eux aussi. Septembre, la conférence de
Londres crée le CECLES-ELDO (European Launcher Developement
Organisation) et son lanceur ELDO A. La répartition des tâches
étant ainsi définie : Le lanceur ELDO A devra lancer des satellites de 100 kg sur une orbite basse à 300 km d'altitude à partir de 1966. De vagues études de marché menées par les Britanniques permettent d'espérer 3 à 4 tirs par an sur des orbites hautes. 1962 Seule la France et la Grande Bretagne ont à ce moment une petite expérience dans le domaine de la conduite de la recherche en technologie nouvelles en en R&D. Comme tout le monde voulait participer au projet, chaque industriel se mit à envoyer par l'intermédiaire de son gouvernement ses propres doléances aux dirigeants de l'ELDO. la principale conséquence fut que l'on se retrouva avec un premier étage presque opérationnel avant même que ne soit définit sur les planches à dessin l'étage supérieur allemand. Le gouvernement Allemand avait confié l'étude de cet étage à ASAT (Arbeit Gemeinschaft Satelliten Tragersystem) association de ERNO et MBB. Mars, la convention créant l' ELDO est ratifiée. ELDO A sera un un lanceur à trois étages haut de près de 32 mètres, d'un diamètre maximal de 3,69 mètres et d'une masse au décollage de près de 105 tonnes. Il doit être capable de placer environ 1 tonne sur une orbite circulaire à 500 km d'altitude. Le premier étage sera constitué de l'ex-missile stratégique anglais Blue Streak. Le deuxième étage sera construit par la France à partir des études des fusées-sondes Véronique et Vesta. Le troisième étage sera construit par l'Allemagne. La coiffe sera étudié par l'Italie. Juin, le COPERS est mort, vive l'ESRO, European Space Research Organisation. Le 14 est signé la convention crée cet organisme qui officialise la recherche spatiale en Europe. 9 gouvernements la signent (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays Bas, Suède et la Suisse). 10 nations Européennes ont fondé une organisation internationale avec l'intention de poursuivre conjointement un programme de recherches scientifiques dans l'espace. La Belgique, le Danemark, la France, L'Allemagne, Les pays bas, l'Espagne, le Suède, la Suisse et le Royaume Unis ont signé la convention en mars créant l'ESRO. 2 autres nations ont été engagé à l'origine dans les délibérations sur la naissance de l'ESRO, l'Australie et la Norvège, restant en stratus d'observateur. Décembre, le Danemark adhère à l'ESRO. 1963 Sentant venir les problèmes, certains états européen refusent de signer la convention ELDO. La France, la Grande Bretagne et l'Allemagne doivent donc augmenter leur participation à 24, 38,8 et 22 millions de $. Mai, la France présente le second étage du lanceur ELDO A Coralie. Crée sur la base d' un projet de 1961 de la SEREB, puis de la SEREB/ LRBA, Coralie pèse 1750 kg à vide (11500 kg avec ergols) pour 2 m de diamètre et 5,5 m de hauteur. Il utilise 6380 kg de N2O4 et 3370 kg d' UDMH alimentant 4 moteurs de 24 tonnes de poussée. Un générateur de gaz est chargé de la pressurisation des réservoirs. Le Dimethyldrazine Dissimétrique UDMH est un liquide incolore de densité 0,79 qui bout à 63°C, et dont les qualité de stabilité et d' insensibilité aux chocs sont apprécies pour le stockage. L' UDMH est produit industriellement aux USA, et le sera dès l' an prochain en France par le service des poudres. Le Péroxyde d' azote N2O4 est un liquide qui bout à 21°C et de densité 1,45 facile à stocker, mais très toxique, il est préparé en France par oxydation catalytique de NH3. Ces deux corps sont hypergoliques entre eux, allumage spontané).
Juin, 25e salon international de l'aéronautique et de l'espace à Munich, l'ELDO expose son lanceur ELDO A Europa 1, le moteur du Blue Streak et de Coralie La convention de l' ELDO est ratifié par le parlement Français le 21 novembre. Décembre, deux exemplaires
de l' étage Blue Streack quittent l' Europe pour l' Australie. Le DA, (Development
Australia) destiné
aux tir statiques est expérimenté le 10 au centre Lake Hart. Le 23, l' étage
F1 quitte l' Europe pour Woomera. Le lanceur DB (Development Britain) dans la tour LTT, Grande Bretagne. 1964 Le lanceur ELDO A est
renommé Europa 1. Les essais prévoit un test à Woomera en avril avec le
premier exemplaire F1 arrivé en Australie le 18 janvier dernier. Le F1 est un
premier étage simple de 90 tonnes (32 tonnes de carburant) haut de 18,8 m. Lancé en direction N-O, il
procurera 1370 km avant de s' écraser dans le
désert. la phase propulsive durera 155 secondes, la vitesse atteinte sera de
18 800 km-h. Suivront les tirs F2 et F3 avec des lests d' eau comme étages
supérieurs. Puis en 1965, FA, F5 et F6 devraient permettre de tester les
maquettes des second et troisième étages. F7 sera la première fusée opérationnelle fin 1966. Deux autres vols suivront en 1967 F8 et F9, F10 étant
en réserve. Mis à quai le 19 janvier à port Adelaïde, le Blue Streak F1 est transporté par route à Woomera le 24 janvier. Du 26 janvier au 10 mars, le lanceur reste dans le hall des préparations. Pendant ce temps, des modifications et un contrôle préliminaire du site de lancement ont été effectués. En raison des travaux sur le pad 6 A du lake Hart , la mise en place du Blue Streak a finalement lieu le 10 mars. Après d'autres reports dus à des tests sur le matériel, l'alimentation est reliée au lanceur le 19 mars et la préparation finale pour le tir F-1 débute le lendemain. L'essai préliminaire abouti à un test de simulation avec des allumeurs factices le 15 et 16 mars. Spadeadam, Grande Bretagne et Woomera, Australie, des véhicules de mise au point sont essayés. Le lanceur DA (Développement Australie) a déjà été mis à feu plusieurs fois à Woomera sur les bancs A1 (depuis 1961) et C3 avant de tester le pad 6A tandis que le lanceur DB (Développement Britain) réalise des essais de moteur RZ 2 poussée à 150 tonnes.
Mars, entrée en vigueur de la convention de l'ESRO-CERS deux ans après sa signature à Paris. Woomera, la préparation pour un tir statique du F1 commence le 20 avril avec un essai satisfaisant le 30. Avril, la France décide de construire un champs de tir en Guyane en remplacement du site de Colomnb-Bechar qui sera abandonné en 1967 en application des accords d' Evian. Stand du CECLES ELDO lors du salon aéronautique de la foire internationale de Hanovre du 26 avril au 5 mai 1964 : Maquette à l'échelle 1/2 d'Europa 1 1 mai, l' ELDO rentre en fonction avec la nomination de l' ambassadeur italien Renzo Carrobio Di Carrobio comme premier directeur. La première réunion du conseil a lieu les 5 et 6 mai à Paris pour la nomination des responsables..
Woomera, après un test triple transfert le 12 et 13 mai, la préparation pour le lancement du F1 débute le 25 mai. Avant cette date les problèmes de sécurité au sol et de poursuite radar ont été résolus avec le personnel du site du lac Hart. Compte tenu de la météo incertaine à Woomera en mai et juin, il était nécessaire de pouvoir profiter de toutes les fenêtres de météo favorables et ainsi de se tenir prêt à tirer à tous moments. Ainsi la préparation du tir se poursuit le 25 mai en visant une fenêtre de tir entre 13 et 15 heures ce jour- là avec un indice de confiance de 50 % de météo favorable. Malheureusement, les conditions météorologiques se dégradent le matin du lundi 25 mai obligeant à un arrêt du compte à rebours à H- 2H30. Sur la base des prévisions météo, une nouvelle fenêtre de tir est organisée entre le 28 et le 29 mai. Cependant pendant les contrôles de routine dans la nuit précédant le tir, une erreur est détectée dans l'équipement du gyroscope spatial. Après remplacement de ce composant, la compte à rebours reprend pour un tir le 29 mai entre 13 et 15 heures et après remplissage des réservoirs à H-2h30 jusqu'à 13 h15, la décision de reporter le tir est prise compte tenu des nuages menaçants et des vents violents. Après changement des batteries et vérifications des équipements du booster et du site de lancement, la nouvelle tentative est maintenant prévue le 2 juin avec prévisions météos favorables le matin. La tentative est stoppée à moins 2,6 secondes après allumage des moteurs à 9 h 48. Cet arrêt est du à la mise en route du système automatique de sécurité. Après nouvelles vérifications du lanceur, le tir est reporté au 5 juin. Les prévisions météos étant bonnes, une longue fenêtre de tir est prévue entre 9 h à 15 heures. Finalement, le tir a lieu à 9 h 11 après un compte à rebours fluide et efficace tant en ce qui concerne le lanceur qu'au niveau du centre de lancement. Les conditions météos sont optimales ainsi que la visibilité, le vol est dit "nominal". Cependant à 130 secondes, les données de la télémétrie indiquent un début d'instabilité qui devient marqué à 140 secondes puis carrément en tire-bouchon à 145 secondes. A 147,5 secondes, les moteurs se sont interrompus 6 secondes avant l' arrêt programmé. Le diagnostic de la fin prématurée du l'allumage des moteurs est une panne de carburant due à l'instabilité du vol du lanceur. La télémétrie a établi que l'instabilité du lanceur avant coupure des moteurs résulte d'un mode de ballottement du carburant mal amorti. Les données ont été enregistrées pour empêcher que ce problème ne se reproduise lors des autres essais de la Phase 1. Les données recueillies par le centre de contrôle sont excellentes et conformes aux données théoriques avec de bons enregistrements télémétriques et des instruments optiques . Le repérage radar était excellent. L'excellente visibilité a permis de suivre le lanceur jusqu'à son apogée à + 4 minutes au moment de la coupure des moteurs. L'étage est lancé en direction de l' Ouest selon une trajectoire balistique de 1300 km au lieu des 1600 km espérés. Trois autres tirs sont programmés en 1965 avec des maquettes des étages supérieurs et dès 1966, les vols opérationnels avec les trois étages actifs.
20 aout, le lanceur F2 est installé sur le pad 6A de Woomera. Octobre, de nouvelles versions d'Europa sont à l'étude par l'ELDO en modernisant l'étage Blue Streak (mélange de LOX et fluor) ou en le rallongeant avec au sommet l'ajout d'étages supérieur haute énergie capable de placer un satellite de 6 à 10 tonnes en LEO ou 1700 kg vers la lune. 20 octobre, le tir F2 est réalisé avec succès depuis Woomera avec 24 heures de retard. Le lanceur a décollé comme prévu à 8 h 31 locale et a suivit une trajectoire balistique le menant à 248 km d' altitude et à 1575 km de distance. Les tirs F1, F2 et F3 seront tirés selon un angle de 50° avec le Nord, vers l'ouest. Pour F4, le Blue Streak sera lancé vers l'Est, 5° par rapport au Nord, son second étage, Coralie devant s'écraser par 4600 km du point de départ. Avec l'établissement du premier rapport financier, destiné à approuver le budget de 1965, il s'avère maintenant que le budget réel de développement d'Europa s'élèvera à 300 millions de$ au lieu des 196 prévus. La France décide à ce moment de revoir les caractéristiques d'Europa 1. En place des étages supérieur à ergols stockables, il envisagent l'utilisation d'un étage unique à ergols cryogénique. De plus un tel lanceur pourrait lancer des satellites non plus en orbite basse mais sur l'orbite géostationnaire promue à un avenir certain. Décembre, conseil de l'ELDO: révision du programme initial afin de donner à l'Europe la capacité de lancer et opéré des satellites de télécommunication en orbite GEO d'ici aux années 1970. Le développement se fera sur 2 phases, basées sur l'étage Blue Streak. Dans un premier temps, l'ELDO A/S (Apogée Stage) sera développé sur la base de l'ELDO A avec un étage supérieur d'apogée à poudre, un guidage inertiel. Le lanceur placera un satellite test de 20 à 40 kg en orbite polaire.. La version ELDO B verra les étages supérieurs remplacés par des étages hydrolox avec une capacité de 1000 kg en GEO, performance qui pourra être augmentée en lançant depuis une base équatoriale. Le coût de ce programme initial sera doublé par rapport aux coûts estimés au début. 1965 Janvier, la "crise française" est en route. Lors d'une réunion à Paris, l'augmentation de budget de 50% est annoncé tandis que la France présente son projet ELDO B à étages supérieurs hydrolox, et demande l'arrêt des travaux sur ELDO A/S. Le programme d' essai de l' étage Coralie prévoit depuis le sol le lancement de 6 fusées Cora (avec tuyères tronquées) en 1965 depuis la base d' Hammaguir. Les trois premiers Cora auront un premier étage actif et un second inerte. Les deux derniers auront un second étage actif et seront utilisé pour la mise au point du troisième étage d' Europa 1. 22 mars, le tir F3 du Europa 1 est un succès. L' étage Blue Streak a culminé à 240 km d' altitude et 1500 km de distance.
Avril, la première crise de l' ELDO est surmontée. Les 6 états membres ont voté ensemble les 420 millions de F nécessaire à la poursuite du programme estimé il ya trois an à 1 milliard de F. Déjà en janvier, la France avait demandé l' abandon du programme ELDO A souhaitant passer directement au programme ELDO B avec un étage cryogénique supérieur. Mais l' assurance de lancer les études sur ELDO B a fait changer d' avis la France. L'Italie sera chargé de développer le 4eme étage dit "étage d'apogée" pour gagner l'orbite GO tandis que la base de Woomera sera abandonné pour la Guyane à partir de 1969. Juin, essai statique du lanceur Europa au complet sur les bancs de Spadeadam après les essais statiques de l'étage BS chez Hawler Siddeley Dynamics. Seul le BS est un étage de vol, le reste, Coralie et Astris ne sont que des maquettes. 23 septembre, la première fusée Europa complète réalise un tir statique de 135 s sur le banc C3 de Spadeadamm chez Hakwley Siddeley après deux autres tentatives en août et en début de mois interrompu prématurément. Seul l' étage Blue Streak était actif, les étages supérieurs étant des maquettes. Le lanceur F4 va être envoyé maintenant à l' usine de Stevenage pour une dernière vérification générale et ensuite par bateau à Woomera pour un tir en mars 1966 après un tests statique de 16 secondes sur le pad. 29 octobre, premier tir de l' étage Coralie sur le banc PF4 de Vernon près de Paris. L'étage atteint une poussée de 23 tonnes durant 100 secondes. Sept autres sont prévu avant les essais de qualification (4 tirs). Les essais en vol d' Hammaguir, étage Cora G1 sont prévu eux dès octobre 1966. Octobre, les fusées Cora 1, tir G-3 et 4, destinées à la mise au point du second étage "Coralie" d'Europa 1, dont le lancement ne pourra s'effectuer depuis Hammaguir, seront tirés du centre d'essais des Landes. les offres australienne, Woomera et italienne, Salto di Quirra ont été refusées.
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L' ELDO ET EUROPA 1966-1968 |
LE LANCEUR EUROPA |
CENTRE DE TESTS, HARTFIELD |
CENTRE DE TESTS, SPADEADAM |
LA BASE DE LANCEMENT DE WOOMERA |
LES INSTALLATIONS EUROPA EN GUYANE |