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CHRONOLOGIE ARIANE

L’ ELDO ET EUROPA

Octobre 1957, l'onde de choc de Spoutnik secoue le monde entier. En France, de nombreux physiciens envisage la création d'un organisme vouait à la recherche spatiale à l'image du CERN Centre Européen de Recherche Nucléaire crée en 1952 sur une idée du professeur Rabi, un délégué américain de l'UNESCO.
Ce sera chose faite en 1958 avec la création du Comité pour les recherches spatiales le COSPAR. Sa tache: 
Coordonner et favoriser les recherches entreprises par la communauté scientifique dans le domaine spatial.      

1960 

Janvier, lors des premières réunions du COSPAR, l'idée d'une véritable organisation européenne de l'espace se fait plus précise. De réunions en réunions, l'idée se concrétise et donne naissance les 23 et 24 juin du GEERS Groupe européen d'études et de recherches spatiales à Paris. Présidé par le Britannique Henrie Massey, il se fixe pour objectif la création d'une structure plus élaborée.

Parallèlement le 24 février, après avoir dépensé plus de 100 millions de livres sterling, le gouvernement britannique annonce l'abandon officiel du programme Blue Streak.

 

En 1957, Grande-Bretagne, le Royal Aircraft Establishment avait développé la fusée Black Knight qui permettait d'étudier la rentrée dans l'atmosphère des tête nucléaires (comme les "pierres précieuses" françaises). Il est développé par Saunders Roe qui l' équipe d' un moteur à kérosène et peroxyde d' hydrogène de 8550 kg de poussée, le gamma MK 201. Son premier tir depuis Womera en Australie a lieu en septembre 1958, le lanceur atteint 564 km d' altitude. Le programme s' achève en 1960. 22 lancements couronnés de succès ont lieu de 1958 à 1965.

Le développement du lanceur spatial Black Arrow commença en 1964 sous la maîtrise d'oeuvre du Royal Aircraft Establishment. Il utilise la technologie du Black Knight avec deux étages à propergols liquides et le troisième à poudre. Sa capacité de charge utile en orbite basse est légèrement inférieure à 100 kg. Après 4 tirs et une satellisation, le programme est abandonné en juillet 1971.

LE BLACK ARROW

Dès 1955, la société De Havilland étudie pour l'armement nucléaire Britannique un missile mono-étage de portée intermédiaire, Blue Streak, dont Rolls Royce met au point les deux moteurs à propergols liquides RZ 2 (licence de Rocketdyne) de 67 tonnes de poussée. Mais les coûts trop élevés du projet (100 millions de Livres Sterling) le font capoter en avril 1960. Le moteur Rolls Royce RZ 2 développé sous licence avec Rocketdyne a été essayé en 1958 à Wescott puis à Spadeadamm ou Rolls Royce possède 4 banc d' essai et 2 pouvant recevoir l' étage complet. Quelques 400 mises à feu ont ainsi été réalisé par le RZ 2 seul, 100 pour les deux moteurs en configuration Blue Streack et 17 tirs statique de l' étage (dernier le 20 novembre 1963).

En Mai 1959 Grande-Bretagne, des études, commencées en mai 1959 en Grande-Bretagne, montrent qu'il est possible de réaliser un lanceur civil composé d'un 1er étage, la fusée Blue Streak et d'un 2ème étage la fusée Black Knight.
Le gouvernement Britannique s'interroge sur la nécessité d'un tel effort financier compte tenu de ses faibles moyens comparés à ceux des Etats-Unis ou de l'Union soviétique.

Le Blue Streak était pour le gouvernement un engin obsolète avec l'apparition des missiles à poudre Polaris et Minuteman américains. La décision d'offrir aux Britanniques des missiles US Skybolt rend inéducable la décision d'abandon, leur fournissant une force de frappe à moindre coût.

En Juillet 1960, le premier ministre Britannique Harold Macmillan estime nécessaire, pour des raisons de politique intérieur, d'utiliser le missile Blue Streak à d'autres applications que militaires afin de justifier les fortes sommes engagées dans son développement.

En septembre, le ministre anglais de l'aviation, Peter Thoneycroft entreprend en Europe une tournée afin de persuader les européens de ne pas laisser le monopole des lanceurs de satellites aux États-Unis et à l' Union-soviétique. Au cours de cette visite, le gouvernement Britannique propose une coopération pour la mise au point d'un lanceur ayant comme 1er étage la fusée Blue Streak, comme 2ème étage la fusée Black Knight et un 3ème étage restant à définir.

En Novembre, le premier ministre français, Michel Debré, préside un comité qui jette les bases d'une association franco-britannique dans le but de proposer aux autres pays européens la réalisation d'un lanceur de satellites de télécommunication. Le gouvernement français souhaite en contrepartie que la réalisation du 2ème étage de ce lanceur soit française (à partir de l'étage Emeraude).
Le 28 novembre, la conférence de Meyrin en Suisse
s'ouvre et permet aux 11 pays qui y viennent de signer la convention intergouvernementale qui institue la Commission préparatoire européenne pour la recherche spatiale le COPERS.

 

Le 12 décembre, le premier ministre de la Grande-Bretagne accepte la demande française concernant la réalisation du 2ème étage du lanceur Europa à condition que la participation financière de la France soit égale à celle de la grande-bretagne. Cette demande pose problème au gouvernement français, car de son côté, il a déjà envisagé de développer un lanceur de satellites civil, Diamant, à partir de réalisations militaires.
17 décembre, Pierre Messmer informe le ministre de la défense Britannique Watkinson que, pour obtenir les crédits demandé pour la réalisation du lanceur Europa, il serait nécessaire que les Britanniques aient un geste envers la France.
La demande française concernait le savoir-faire de la Grande-Bretagne sur les systèmes de guidage inertiels et de rentrée dans l'atmosphère des têtes nucléaires.

1961

26 janvier, à la suite d'une conversation en tête à tête avec le premier ministre Britannique dans le parc de Rambouillet, le général de Gaule, contre l'avis de ses conseillers, donne son accord de principe au projet de lanceur ELDO. La conférence de Strasbourg réunissant les 12 pays intéressés officialise l'acte. La Grande Bretagne et la France proposent à leurs partenaires un programme quinquennal d'un coût de 196 millions de $ devant permettre la création d'un lanceur trois étages  de 100 tonnes capable de placer un petit satellite sur orbite. La Grande Bretagne propose de payer 33% des coûts et met à disposition la base de lancement de Woomera en Australie (déjà équipé pour le Blue Streak).

Les mois qui suivent permettent de faire le "tour des capitales" pour présenter le projet qui il faut bien le dire ne convint pas tout le monde. Pour l'Allemagne, exclut par le traité de 1954 du développement des grands lanceurs ce projet permettrait de renouer avec un grand dessein technologique. La Belgique tout comme l'Italie se montraient intéressés eux aussi. 

Septembre, la conférence de Londres crée le CECLES-ELDO (European Launcher Developement Organisation) et son lanceur ELDO A. La répartition des tâches étant ainsi définie :
_ Grande Bretagne, 37%, le premier étage Blue Streak (de Haviland puis Hawker Siddeley) et les moteurs (Rolls Royce);
_ France, 25%, le second étage Coralie (Nord Aviation puis SNIAS) et la propulsion (LRBA puis SEP) ;
_ Allemagne, 22%, le troisième étage ASAT (MBB et Erno) ;
_ Italie, 11% la coiffe et le satellite Fiat (Aeritalia) ;
_ Belgique, 3% les stations de poursuite ;
_ Les Pays Bas, 3% la télémétrie ;
_ L’ Australie, le champ de tir ;
le coût initial de développement s' élève à 196 million d' ECU débloqués sur 5 ans. Neuf lanceurs seront construits dont les trois derniers pour lancer un satellite sur orbite.
De part la même la structure de l'ELDO, les décisions et la lenteur bureaucratique pénalisent déja le programme. Du fait de la dualité ESRO-ELDO, les mêmes responsables se retrouvent ensemble mais sous la "casquette" de ministères différents et contrairement à l'ESRO, les pouvoirs des responsables sont trop limités. Les contrats sont donc passés après accord du gouvernement de l'état sur lequel le travail doit être effectué.  

Le lanceur ELDO A devra lancer des satellites de 100 kg sur une orbite basse à 300 km d'altitude à partir de 1966. De vagues études de marché menées par les Britanniques permettent d'espérer 3 à 4 tirs par an sur des orbites hautes.

1962

Seule la France et la Grande Bretagne ont à ce moment une petite expérience dans le domaine de la conduite de la recherche en technologie nouvelles en en R&D. Comme tout le monde voulait participer au projet, chaque industriel se mit à envoyer par l'intermédiaire de son gouvernement ses propres doléances aux dirigeants de l'ELDO. la principale conséquence fut que l'on se retrouva avec un premier étage presque opérationnel avant même que ne soit définit sur les planches à dessin l'étage supérieur allemand. Le gouvernement Allemand avait confié l'étude de cet étage à ASAT (Arbeit Gemeinschaft Satelliten Tragersystem) association de  ERNO et  MBB.  

Mars, la convention créant l' ELDO est ratifiée. 

ELDO A sera un un lanceur à trois étages haut de près de 32 mètres, d'un diamètre maximal de 3,69 mètres et d'une masse au décollage de près de 105 tonnes. Il doit être capable de placer environ 1 tonne sur une orbite circulaire à 500 km d'altitude. Le premier étage sera constitué de l'ex-missile stratégique anglais Blue Streak. Le deuxième étage sera construit par la France à partir des études des fusées-sondes Véronique et Vesta. Le troisième étage sera construit par l'Allemagne. La coiffe sera étudié par l'Italie. 

Juin, le COPERS est mort, vive l'ESRO, European Space Research Organisation. Le 14 est signé la convention crée cet organisme qui officialise la recherche spatiale en Europe. 9 gouvernements la signent (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays Bas, Suède et la Suisse).

10 nations Européennes ont fondé une organisation internationale avec l'intention de poursuivre conjointement un programme de recherches scientifiques dans l'espace. La Belgique, le Danemark, la France, L'Allemagne, Les pays bas, l'Espagne, le Suède, la Suisse et le Royaume Unis ont signé la convention en mars créant l'ESRO. 2 autres nations ont été engagé à l'origine dans les délibérations sur la naissance de l'ESRO, l'Australie et la Norvège, restant en stratus d'observateur.

Décembre, le Danemark adhère à l'ESRO.

1963

Sentant venir les problèmes, certains états européen refusent de signer la convention ELDO. La France, la Grande Bretagne et l'Allemagne doivent donc augmenter leur participation à 24, 38,8 et 22 millions de $.

Mai, la France présente le second étage du lanceur ELDO A Coralie. Crée sur la base d' un projet de 1961 de la SEREB, puis de la SEREB/ LRBA, Coralie pèse 1750 kg à vide (11500 kg avec ergols) pour 2 m de diamètre et 5,5 m de hauteur. Il utilise 6380 kg de N2O4 et 3370 kg d' UDMH alimentant 4 moteurs de 24 tonnes de poussée. Un générateur de gaz est chargé de la pressurisation des réservoirs. 

Le Dimethyldrazine Dissimétrique UDMH est un liquide incolore de densité 0,79 qui bout à 63°C, et dont les qualité de stabilité et d' insensibilité aux chocs sont apprécies pour le stockage. L' UDMH est produit industriellement aux USA, et le sera dès l' an prochain en France par le service des poudres. Le Péroxyde d' azote N2O4 est un liquide qui bout à 21°C et de densité 1,45 facile à stocker, mais très toxique, il est préparé en France par oxydation catalytique de NH3. Ces deux corps sont hypergoliques entre eux, allumage spontané).

1963 dessin coralie.jpg (210776 octets)

A réservoirs UDMH du générateur
B chambre de combustion du générateur
C réservoir de N2O4 du générateur
D réservoir de gaz comprimé
E réservoir d' eau
F dispositif à membrane
G bati du générateur
H mise sous pression du réservoir UDMH
I réservoir principal N2O4
J alimentation des tuyère en N2O4
K réservoir principal UDMH
L bâti moteur
M vanne principale UDMH
N alimentation des tuyère en UDMH
O vanne principale N2O4
P articulation d' éjecteur
Q  tuyère
CORALIE 
Moteur: Ergols: N2O4 et UDMH
             Chambre: 4
             Refroidissement: Par film
             Poussée: 6,9 tonnes
             Durée: 97 s
             Imp:277 s
             Pressurisation réservoirs: Générateur à gaz
Structures: Réservoirs ergols: Vascojet 1000
                 Jupes inter: Acier inox
Pilotages: Articulations: 4 axes
               Vérins: 4 hydrauliques
Poids: Total: 11600 kg
          Ergols: 9850 kg
          Vide: 1750 kg
Dimensions: Hauteur: 5,5 m
                   Diamètre: 2 m     

  

1963 blue streak.jpg (224195 octets)
PREMIER ETAGE 
Moteur: Ergols: O2 liquide et kérosène
             Chambre: 2
             Refroidissement: double paroi
             Poussée: 67 tonnes
             Durée: 150 s
             Imp: 285 s
             Pressurisation réservoirs: Turbopompes
Structures: Réservoirs ergols: Acier inox
                 Jupes inter: Acier inox
Pilotages: Articulations: 2 cardans
               Vérins: 4 hydrauliques
Poids: Total: 89000 kg
          Ergols: 62000 à 65000 kg
          Vide: 6560 kg
Dimensions: Hauteur: 18,4 m
                   Diamètre: 3,06 m     

 

TROISIEME ETAGE 
Moteur: Ergols: N2O4 et aérozine (50% UDMH, 50% hydrazine)
             Chambre: 1 centrale et 2 latérales
             Refroidissement: double paroi
             Poussée: 2,5 tonnes et 60 kg
             Durée: 363 s
             Imp:294 s
             Pressurisation réservoirs: Générateur à hélium
Structures: Réservoirs ergols: Titane
                 Jupes inter: Acier inox
Pilotages: Articulations: par les 2 petites chambres montés sur les cardans
               Vérins: vérins hydrauliques
Poids: Total: 3300 kg
          Ergols: 2850 kg
          Vide: 450 kg
Dimensions: Hauteur: 3,8 m
                   Diamètre: 2 m     

Juin, 25e salon international de l'aéronautique et de l'espace à Munich, l'ELDO expose son lanceur ELDO A Europa 1, le moteur du Blue Streak et de Coralie

La convention de l' ELDO est ratifié par le parlement Français le 21 novembre.

Décembre, deux exemplaires de l' étage Blue Streack quittent l' Europe pour l' Australie. Le DA, (Development Australia) destiné aux tir statiques est expérimenté le 10 au centre Lake Hart. Le 23, l' étage F1 quitte l' Europe pour Woomera. 
Parallèlement, un lanceur complet représentant un modèle de vol est assemblé dans la tour de vibration LTT (Launch Tests Tower) à Hatfield, à 450 km au Nord de Londres. Le premier étage venant de Steevanage, le second de de Nord Aviation et le troisième de Bolkow ERNO se sont retrouvés assemblé dans cette tour construite en 1962 pour le seul Blue Streak et modifié pour Europa. Le toit notamment a du être percé pour pouvoir passer la coiffe. Les réservoirs sont des vrais, les moteurs des tubes en acier simulant les vrais et le remplissage se fera avec de l' eau ou des fluides représentant les ergols réels. le lanceur est retenu au sol par les mêmes systèmes qui retiennent le lanceur à Woomera. 

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Le lanceur DB (Development Britain) dans la tour LTT, Grande Bretagne.

1964

Le lanceur ELDO A est renommé Europa 1. Les essais prévoit un test à Woomera en avril avec le premier exemplaire F1 arrivé en Australie le 18 janvier dernier. Le F1 est un premier étage simple de 90 tonnes (32 tonnes de carburant) haut de 18,8 m. Lancé en direction N-O, il procurera 1370 km avant de s' écraser dans le désert. la phase propulsive durera 155 secondes, la vitesse atteinte sera de 18 800 km-h. Suivront les tirs F2 et F3 avec des lests d' eau comme étages supérieurs. Puis en 1965, FA, F5 et F6 devraient permettre de tester les maquettes des second et troisième étages. F7 sera la première fusée opérationnelle fin 1966. Deux autres vols suivront en 1967 F8 et F9, F10 étant en réserve.
La convention créant l'ELDO CECLES a été signé par les états membres en mars 1962. ratifié en décembre 1963 par le parlement Français, le dépôt des instruments de ratification a lieu fin janvier. Sa première mission, le lanceur ELDO, mesurant 31,7 m de hauteur et pesant 104,67 tonnes qui pourrait entrer en service en 1967 pour la mise en orbite d'un satellite de 900 kg à 500 km d'altitude depuis la base de Woomera. Avec une mise en orbite basse et une injection en orbite à 10 000 km, la charge passera à  seulement 230 kg.

Mis à quai le 19 janvier à port Adelaïde, le Blue Streak F1 est transporté par route à Woomera le 24 janvier. Du 26 janvier au 10 mars, le lanceur reste dans le hall des préparations. Pendant ce temps, des modifications et un contrôle préliminaire du site de lancement ont été effectués. En raison des travaux sur le pad 6 A du lake Hart , la mise en place du Blue Streak a finalement lieu le 10 mars. Après d'autres reports dus à des tests sur le matériel, l'alimentation est reliée au lanceur le 19 mars et la préparation finale pour le tir F-1  débute le lendemain. L'essai préliminaire abouti à un test de simulation avec des allumeurs factices le 15 et 16 mars.

Spadeadam, Grande Bretagne et Woomera, Australie, des véhicules de mise au point sont essayés. Le lanceur DA (Développement Australie) a déjà été mis à feu plusieurs fois à Woomera sur les bancs A1 (depuis 1961) et C3 avant de tester le pad 6A tandis que le lanceur DB (Développement Britain) réalise des essais de moteur RZ 2 poussée à 150 tonnes.

LES INSTALLATIONS DE LANCEMENT EUROPA A WOOMERA
LE CENTRE DE TEST DE SPADEADAM

Mars, entrée en vigueur de la convention de l'ESRO-CERS deux ans après sa signature à Paris. 

Woomera, la préparation pour un tir statique du F1 commence le 20 avril avec un essai satisfaisant le 30.

Avril, la France décide de construire un champs de tir en Guyane en remplacement du site de Colomnb-Bechar qui sera abandonné en 1967 en application des accords d' Evian.

Stand du CECLES ELDO lors du salon aéronautique de la foire internationale de Hanovre du 26 avril au 5 mai 1964 : Maquette à l'échelle 1/2 d'Europa 1

1 mai, l' ELDO rentre en fonction avec la nomination de l' ambassadeur italien Renzo Carrobio Di Carrobio comme premier directeur. La première réunion du conseil a lieu les 5 et 6 mai à Paris pour la nomination des responsables.. 

Woomera, après un test triple transfert le 12 et 13 mai, la préparation pour le lancement du F1 débute le 25 mai. Avant cette date les problèmes de sécurité au sol et de poursuite radar ont été résolus avec le personnel du site du lac Hart. Compte tenu de la météo incertaine à Woomera en mai et juin, il était nécessaire de pouvoir profiter de toutes les fenêtres de météo favorables et ainsi de se tenir prêt à tirer à tous moments. Ainsi la préparation du tir se poursuit le 25 mai en visant une fenêtre de tir entre 13 et 15 heures ce jour- là avec un indice de confiance de 50 % de météo favorable. Malheureusement, les conditions météorologiques se dégradent le matin du lundi 25 mai obligeant à un arrêt du compte à rebours à H- 2H30. Sur la base des prévisions météo, une nouvelle fenêtre de tir est organisée entre le 28 et le 29 mai. Cependant pendant les contrôles de routine dans la nuit précédant le tir, une erreur est détectée dans l'équipement du gyroscope spatial. Après remplacement  de ce composant, la compte à rebours reprend pour un tir le 29 mai entre 13 et 15 heures et après remplissage des réservoirs à H-2h30 jusqu'à 13 h15, la décision de reporter le tir est prise compte tenu des nuages menaçants et des vents violents. Après changement des batteries et vérifications des équipements du booster et du site de lancement, la nouvelle tentative est maintenant prévue le 2 juin avec prévisions météos favorables le matin. La tentative est stoppée à moins 2,6 secondes après allumage des moteurs à 9 h 48. Cet arrêt est du à la mise en route du système automatique de sécurité. Après nouvelles vérifications du lanceur, le tir est reporté au 5 juin. Les prévisions météos étant bonnes, une longue fenêtre de tir est prévue entre 9 h à 15 heures. Finalement, le tir a lieu  à 9 h 11 après un compte à rebours fluide et efficace tant en ce qui concerne le lanceur qu'au niveau du centre de lancement. Les conditions météos sont optimales ainsi que la visibilité, le vol est dit "nominal". Cependant à 130 secondes, les données de la télémétrie indiquent un début d'instabilité qui devient marqué à 140 secondes puis carrément en tire-bouchon à 145 secondes. A 147,5 secondes, les moteurs se sont interrompus 6 secondes avant l' arrêt programmé. Le diagnostic de la fin prématurée du l'allumage des moteurs est une panne de carburant due à l'instabilité du vol du lanceur. La télémétrie a établi que l'instabilité du lanceur avant coupure des moteurs résulte d'un mode de ballottement du carburant mal amorti. Les données ont été enregistrées pour empêcher que ce problème ne se reproduise lors des autres essais de la Phase 1. Les données recueillies par le centre de contrôle sont excellentes et conformes aux données théoriques avec de bons enregistrements télémétriques et des instruments optiques . Le repérage radar était excellent. L'excellente visibilité a permis de suivre le lanceur jusqu'à son apogée  à + 4 minutes au moment de la coupure des moteurs. L'étage est lancé en direction de l' Ouest selon une trajectoire balistique de 1300 km au lieu des 1600 km espérés. Trois autres tirs sont programmés en 1965 avec des maquettes des étages supérieurs et dès 1966, les vols opérationnels avec les trois étages actifs. 

1964 Europa F1 launch team.jpg (44002 octets)    1964 Europa F1 launch team 02.jpg (23098 octets)

   

EUROPA I

FLIGHT TRIAL OF F1 - 5TH JUNE, 1961

Report by Officer in Scientific Charge - H.G.R. Robinson
Report prepared In conjunction with Mr C.R. Hume, Hawker Siddeley Dynamics - Deputy Officer in Scientific Charge.

F1, a test vehicle for the first stage of the ELDO satellite launcher vehicle Europe I, and the first vehicle to be launched in Phase I of the development program, reached Australia on 18th January, 1964. It was unloaded at Adelaide in the 19th and transported to Woomera at the 24th January.

From the period 26th January to 10th March the vehicle remained in the preparation area, Lake Hart, Woomera. During this period a number of modifications at the vehicle were completed and a preliminary checking of the vehicle undertaken.

Some delay in erecting of the vehicle and the launcher occurred whilst outstanding work at the launch site was completed, end the vehicle was finally erected on Launcher 6A on the 11th March.

After some further delays due to site equipment testing, ground supplies were connected to the vehicle on the 19th March and the final preparation of F1 for launching was commenced on the following day.

The preliminary testing and proving of the vehicle culminated in a successful Triple Transfer test on the 15th and 16th April. The "Triple Transfer" test simulates a firing except that dummy igniters were fitted. Propellents are loaded ant all events, including range participation, are carried out to the preplanned launch time scale, as for an actual firing.

Preparation for the Static Firing commenced en the 20th April and a very satisfactory trial was carried out on the 30th April after delays on the previous day due to a minor plug fault.

A further Triple Transfer teat was conducted on the 12th and 13th May as a joint vehicle/range system training exercise, and preparation for launch on the 25th May commenced.

During the period immediately prior to 25th May outstanding problems concerning range safety and instrumental coverage were resolved with the Range Authorities.

In view of the unsettled weather at Woomera in May - June, it was necessary to take advantage of every chance of fine weather if undue delays in firing were to be avoided. For this reason a decision was taken on the 24th May to continue with preparation for a firing on the 25th, aiming at a firing slot between I and 3 pm, based on a forecast giving a 50% chance of acceptable weather during that period. However, deterioration in the weather during the morning of Monday, 25th May, forced a postponement of the trial after holding the sequence at minus 2 1/2 hours (pre-liquid oxygen filling).

On the basis of further weather forecasts, firing slot allocations for Thursday 28th and Friday 29th May were arranged with the Range. However, during the overnight pre-firing routine checks of 27th - 28th May, a fault was detected in the space gyroscope package. This component was replaced, its alignment checked, and preparation continued for firirng between 1 and 3 pm on Friday, 29th May. The sequence was held at minus 2 1/2 hours (pre-loxfill) until 1.15 p.m. when the decision was made to again postpone the trial due to excessive cloud cover and high winds.

Examining the weather pattern actually experienced during the week 24th - 30th May, it was decided, in conjunction with the Range, to attempt to rescheme the firing slot times to allow some flexibility in choice between morning or afternoon firings, and where possible, to considerably extend the duration of the slot, This was found possible, though it entailed very extensive reorganisation of operations, staff movements, and logistic support; both as regards vehicle and range personnel.

Following battery changes and rechecking of vehicle and range systems, the 3rd firing attempt was made on Tuesday 2nd June, after a weather forecast indicated that suitable weather could be expected during tnt morning. The attempt was aborted at minus 2.6 ascends, after engine light up, at 9.48 a.m. The abort was diagnosed as due to automatic stop action initiated by the Safety Interim Checkout Equipment located in E.C. 6. This equipment automatically detected a momentary failure of one of the four vehicle WREBUS command break up receivers to recive a 'prohibit' signal.

After exhaustive rechecking of the vehicle and ground command break up system, and revaluation of the vehicle following the operation of the engines, the firing day was rescheduled for Friday, June 5th. As as result of weather forecasts, a decision was taken to wait for a long slot, of nominal duration 9 a.m. to 3 p.m. At dawn the weather trends were excellent, and following satisfactory progress of the count down overnight, preparation was continued for a target launch time of 9.15 am.

The vehicle was successfully launched at 9.11am. after an extremely smooth and efficient final count down, both as regards vehicle and range.

Weather conditions were excellent and visibility exceptional.

The vehicle lifted off and programmed downrange according to plan, its flight path and walking impact point following closely to nominal. At about 130 seconds, however, telemetry records indicated the commencement of incipient instability, This became marked at 140 seconds, developing into an uncontrolled corkscrew at 145 seconds. At 147.5 seconds the engine ceased thrusting, some six seconds before the planned time for engine cut. The termination of powered flight has been diagnosed as arising from fuel starvation caused by the maneuvers of the vehicle during its final period of instability. An analogue simulation of the control system related to detailed examination of the telemetered in-flight data has established that the dynamic instability of the vehicle before engine cut arose from a negatively damped fuel slosh mode. Steps are in land to avoid this effect in the next Phase I firing.

Except for somewhat inadequate behaviour camera coverage around the region of engine cut-off, due to the long ranges involved, the records obtained by range instrumentation are excellent, and well up to theoretical expectations.

Telemetry records of good quality were obtained from all three senders throughout powered flight, and high quality data obtained from the majority of optical equipment. Radar tracking was excellent.

The extremely good visibility enabled observers to obtain behaviour data up to apogee, at about 4 minutes, when break-up was observed. This is supported by telemetry and radar data gathered at this time.

This summary was followed by a more detailed report. Of interest is the section about the loss of control of the vehicle near the end of the flight due to fuel sloshing:

A lateral transient was observed at 54 seconds, this has been attributed to wind shear, and was handled satisfactorily by the control system.

A lateral oscillation of the vehicle between 96 and 106 seconds at between 1.9 and 2 c/s growing in amplitude, but suddenly ceasing at the operation of the programmed gain change has also been analysed and found to be due to "rigid body" instability.

The catastrophic instability resulting in premature engine cut commenced at about 130 secs, as an oscillation in both pitch and yaw planes, at about 1.6 c/s. This eventually resulted in saturation of the hydraulic actuator system and loss of roll control. The engines cut some two seconds after the violent uncontrolled motion became readily apparent on behaviour film records. Combined analogue and digital simulation of this instability has verified the time of onset of the phenomena, and shown that the negative damping of the fuel slosh mode becomes increasingly large from 130 seconds to engine cut. As a result of the analyses of the instability H.S.D. and R.A.E. have been able to recommend steps to avoid this effect occurring in the F2 and F3 flights. A reduction of gain, whilst not changing the sign of the damping term in the fuel slosh mode, enables the onset of unacceptable oscillation to be postponed to after the nominal engine cut time of 154 seconds. This analysis is described in more detail in further notes now in preparation.

The lateral motion at engine cut continued throughout free fall up to about 240 seconds from launch, as the vehicle approached apogee. At this time, the re-entry accelerometers, operated by the centripetal acceleration resulting from tumbling were armed according to programme. Evidence from telemetry and visual observers indicates that at this time the break up charges operated, but did not ignite the residual propellent which would be expected to be remote from the central break up charges at this time due to the tumbling motion of the vehicle.

The flight plan may be summarised as follows:

Velocity at engine cut 9625 ft/sec (best information at 20/7/64.)
Height at engine cut 38.9 n.m.
Distance downrange 51.8 n.m.
Impact range 548 n.m.
Impact time 850 secs
Apogee height 85 n.m.v
Apogee range 270 n.m.

 

20 aout, le lanceur F2 est installé sur le pad 6A de Woomera.

Octobre, de nouvelles versions d'Europa sont à l'étude par l'ELDO en modernisant l'étage Blue Streak (mélange de LOX et fluor) ou en le rallongeant avec au sommet l'ajout d'étages supérieur haute énergie capable de placer un satellite de 6 à 10 tonnes en LEO ou 1700 kg vers la lune.

20 octobre, le tir F2 est réalisé avec succès depuis Woomera avec 24 heures de retard. Le lanceur a décollé comme prévu à 8 h 31 locale et a suivit une trajectoire balistique le menant à 248 km d' altitude et à 1575 km de distance. Les tirs F1, F2 et F3 seront tirés selon un angle de 50° avec le Nord, vers l'ouest. Pour F4, le Blue Streak sera lancé vers l'Est, 5° par rapport au Nord, son second étage, Coralie devant s'écraser par 4600 km du point de départ.

Avec l'établissement du premier rapport financier, destiné à approuver le budget de 1965, il s'avère maintenant que le budget réel de développement d'Europa s'élèvera à 300 millions de$ au lieu des 196 prévus. La France décide à ce moment de revoir les caractéristiques d'Europa 1. En place des étages supérieur à ergols stockables, il envisagent l'utilisation d'un étage unique à ergols cryogénique. De plus un tel lanceur pourrait lancer des satellites non plus en orbite basse mais sur l'orbite géostationnaire promue à un avenir certain.  

Décembre, conseil de l'ELDO: révision du programme initial afin de donner à l'Europe la capacité de lancer et opéré des satellites de télécommunication en orbite GEO d'ici aux années 1970. Le développement se fera sur 2 phases, basées sur l'étage Blue Streak. Dans un premier temps, l'ELDO A/S (Apogée Stage) sera développé sur la base de l'ELDO A avec un étage supérieur d'apogée à poudre, un guidage inertiel. Le lanceur placera un satellite test de 20 à 40 kg en orbite polaire.. La version ELDO B verra les étages supérieurs remplacés par des étages hydrolox avec une capacité de 1000 kg en GEO, performance qui pourra être augmentée en lançant depuis une base équatoriale. Le coût de ce programme initial sera doublé par rapport aux coûts estimés au début.

1965

Janvier, la "crise française" est en route. Lors d'une réunion à Paris, l'augmentation de budget de 50% est annoncé tandis que la France présente son projet ELDO B à étages supérieurs hydrolox, et demande l'arrêt des travaux sur ELDO A/S. 

Le programme d' essai de l' étage Coralie prévoit depuis le sol le lancement de 6 fusées Cora (avec tuyères tronquées) en 1965 depuis la base d' Hammaguir. Les trois premiers Cora auront un premier étage actif et un second inerte. Les deux derniers auront un second étage actif et seront utilisé pour la mise au point du troisième étage d' Europa 1.

22 mars, le tir F3 du Europa 1 est un succès. L' étage Blue Streak a culminé à 240 km d' altitude et 1500 km de distance.

Avril, la première crise de l' ELDO est surmontée. Les 6 états membres ont voté ensemble les 420 millions de F nécessaire à la poursuite du programme estimé il ya  trois an à 1 milliard de F. Déjà en janvier, la France avait demandé l' abandon du programme ELDO A souhaitant passer directement au programme ELDO B avec un étage cryogénique supérieur. Mais l' assurance de lancer les études sur ELDO B a fait changer d' avis la France. L'Italie sera chargé de développer le 4eme étage dit "étage d'apogée" pour gagner l'orbite GO tandis que la base de Woomera sera abandonné pour la Guyane à partir de 1969. 

Juin, essai statique du lanceur Europa au complet sur les bancs de Spadeadam après les essais statiques de l'étage BS chez Hawler Siddeley Dynamics. Seul le BS est un étage de vol, le reste, Coralie et Astris ne sont que des maquettes.

23 septembre, la première fusée Europa complète réalise un tir statique de 135 s sur le banc C3 de Spadeadamm chez Hakwley Siddeley après deux autres tentatives en août et en début de mois interrompu prématurément. Seul l' étage Blue Streak était actif, les étages supérieurs étant des maquettes. Le lanceur F4 va être envoyé maintenant à l' usine de Stevenage pour une dernière vérification générale et ensuite par bateau à Woomera pour un tir en mars 1966 après un tests statique de 16 secondes sur le pad. 

        

29 octobre, premier tir de l' étage Coralie sur le banc PF4 de Vernon près de Paris. L'étage atteint une poussée de 23 tonnes durant 100 secondes. Sept autres sont prévu avant les essais de qualification (4 tirs). Les essais en vol d' Hammaguir, étage Cora G1 sont prévu eux dès octobre 1966.

Octobre, les fusées Cora 1, tir G-3 et 4, destinées à la mise au point du second étage "Coralie" d'Europa 1, dont le lancement ne pourra s'effectuer depuis Hammaguir, seront tirés du centre d'essais des Landes. les offres australienne, Woomera et italienne, Salto di Quirra ont été refusées.

 

L' ELDO ET EUROPA 1966-1968
LE LANCEUR EUROPA
CENTRE DE TESTS, HARTFIELD
CENTRE DE TESTS, SPADEADAM
LA BASE DE LANCEMENT DE WOOMERA
LES INSTALLATIONS EUROPA EN GUYANE