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CHRONOLOGIE ARIANE

L’ ELDO ET EUROPA

1966

Janvier, afin de pouvoir satelliser des charges en orbite GEO, l'ELDO étudie d'autres versions du lanceur ELDO A en dotant notamment la charge utile d'un moteur d'apogée (version ELDO-AS). Un autre projet , dit  ELDO B permettra de lancer vers l' orbite géostationnaire les satellites de télécommunication de l' ESRO. L'étage Blue Streak sera surmonté d'un étage cryogénique H 5,5 équipé d'un moteur de 6 tonnes, version ELDO B-1 et d'un étage H 14 + H5 pour la version B-2. Le moteur cryogénique de 6 tonnes qui équiperait tous les étages est en étude à la SEPR depuis 1960.  

L' étage Coralie Français sera remplacé par un cryogénique. Deux configurations sont étudiées:
_ ELDO B1 avec un étage H5,5 et un moteur de 6 tonnes;
_ ELDO B2 avec un étage H14 et H5,5

1966 projet ELDO B.jpg (103967 octets)

17 février, seconde crise à l' ELDO, le gouvernement Britannique remet en question l'existence de l' agence et se propose de développer son propre lanceur basé sur le Blue Streak et le Black Arow. Dès la création d' Europa, on s' aperçut rapidement que les coûts avaient été sous estimé dès le départ (196 millions $). Le lanceur s' engouffre dans les délais et les surcoûts. Le projet ELDO B est mis au second plan, l' ELDO se contentant de terminer ELDO A "Europa 1" et le moderniser pour atteindre l' orbite GO. Une nouvelle base de lancement devra être construite près de l' équateur afin d' atteindre directement une inclinaison zéro. Trois sites sont proposés à Port Darwin (12°) en Australie, en Guyane (5°N) et sur une plateforme maritime Santa Rita (0°) au large des cotes africaines.

Mars, l'ELDO annonce que le coût d'Europa s'établit à 425 millions de $, dont 216 ont été déjà dépensés. Le projet ELDO A ne permettant pas d'atteindre l'orbite GEO, une version ELDO A améliorée est proposée avec un étage Blue Streak remplit de 83 tonnes d'ergols, un second étage plus performant, allongée 40 cm et alimenté par de l'aérozine et un 3e étage allégé. La charge utile serait de 100 kg en GTO dont 50 pour le satellite finalement placé en GEO à 36 000 km. En dotant le satellite d'un moteur périgée et apogée, on augmenterait la charge utile à 140 kg pour ELDO A et 195 kg pour ELDO A amélioré, équivalent de la classe des satellites Intelsat 3.

   

Maquette au 1/40 d'ELDO A en soufflerie au NRL (Netherlands Aerospace Centre) d'Amsterdam

Avril, le dossier ELDO est un dossier complexe comme on put le constater les ministres des pays membre de l'organisation lors de la réunion du 27 avril. La grande Bretagne qui participe à hauteur de 39% au financement du lanceur, dont le prix a doublé pour atteindre 200 millions de F, demande à ce que l'avenir de l'Europe spatiale soit redéfinit. Cet avenir étant maintenant en orbite GEO, il serait temps de redéfinir l'utilisation du lanceur ELDO. La fusion ESRO et ELDO doit être aussi mise sur le tapis.
A la création de l'ELDO ESRO en 1960, le projet de lanceur spatial se concentre autour de l'étage britannique Blue Streak, développé par l'armée avec l'aide des Américains. A cela s'ajoutait un étage Français Coralie et Allemand, le tout capable de placer en 1966 1200 kg en orbite LEO avec un cout global de 1 milliard de F. La grande Bretagne participe à 38,7%, la France à 23,99%, l'Allemagne à 22,01%, l'Italie à 9,78%, la Belgique à 2,85% et la Hollande à 2,64%. L'Australie apporte par l'intermédiaire des anglais le site de lancement de Woomera. ELDO A est ratifié le 21 novembre 1963 par l'Assemblée Nationale, "l'Europe spatiale vient de naitre". La phase 1 du programme pouvait commencer, le premier tir du missile Blue Streak, vol F1 depuis Woomera a lieu le 5 juin 1964. Etait prévus avant la fin de l'année les vols F2 et 3 avec des maquettes pour les étages supérieurs remplie d'eau, puis en 1965 3 vols, F4, F5 et F6 avec des maquettes d'étages pour la phase 2. 1966 devait marquer le vol lanceur complet, débutant la phase 3 avec les vols F7, F8 et F9.
La mise au point du Blue Streak a engloutit tous les crédits initiaux et on attend le vol F4 cet été. Janvier 1965, le cout du programme a doublé passant à 2 milliards de F. On s'aperçoit alors que le lanceur n'aura pas satellite à lancer correspondant à sa capacité. Le marché va désormais vers l'orbite GEO et les télécommunications, ce qu'on d'ailleurs compris les USA avec la création de l'organisation COMSAT. Cette dernière agit en véritable monopole sur les télécommunications du monde; l'Europe veut sa part. On décide alors d'ajouter au lanceur ELDO un ou des étages supplémentaires pour placer des satellites en orbite à 36 000 km, projet ELDO AS, B1 et B2. A l'aube du tir F4, le programme accuse beaucoup de retard et le lanceur ne volera pas en phase opérationnelle avant 1969, date à laquelle les Britanniques pourraient se retirer du jeu. La seule option qui ressort est ELDO AS. Ce qui soulève une autre question: le site de lancement. Woomera à 26° d'inclinaison ne permet pas de gagner l'orbite GEO de façon économique. Ainsi 3 autres sites sont proposés: Port Darwin, Australie, plus vers l'équateur, le centre spatial Français de Guyane à 5° ou la plateforme flottante San Rita sur l'équateur.
A l'issue de cette réunion, même si la crise ELDO n'est pas résolue, les ministres se sont dit confiant et près à étudier certains points essentiels comme la définition des objectifs spatiaux européens, la coordination de la politique spatiale européenne, les améliorations d'ELDO A et la nécessité d'avoir une nouvelle base de lancement. en se donnant rendez vous le 9 juin.

       

24 mai, phase 2 du programme, le tir F-4 voit le décollage d'un lanceur Europa 1 complet avec le premier étage Blue streak actif surmonté d'étages supérieurs inertes et d'une coiffe renfermant un satellite d'essais. Une demi  heure avant le décollage prévu un signal sonore se fait entendre signifiant qu'une valve à oxygène liquide est en train de fuir du lanceur. C'est alors que deux techniciens australiens sont obligés de quitter la salle de contrôle (de l'Equipment-center-6) pour aller réparer la valve défaillante sous le lanceur plein d'oxygène liquide. la réparation est faite rapidement mais le tir est retardé d'une heure. Le compte à rebours est repris et quelques nuages menaçants après 8 h 30 arrivent mais ne gênent pas la mise à feu qui se fait à 9 h 06 (heure de Woomera). La trajectoire est bonne, mais une erreur de la station du radar de Red Lake fait croire à tort que le lanceur dévie de sa trajectoire au bout de 135 secondes de vol.

Cela suffit pour que le technicien en charge de la sécurité du vol, Jack Evans ordonne de couper les moteurs du Blue Streak 20 secondes plus tôt que prévu. Le lanceur finira sa course dans le sud du désert de Simpson, 152 miles plus près du centre de lancement que le point d'impact prévu. La destruction d'Europa fut télécommandée alors que le vol ne se poursuivait que depuis 2 mn et 15 s.  2 minutes après le décollage, la flamme du Blue Streak était perdue de vue au dessus des nuages.  Le rapport qui a suivi à Paris et à Salisbury a révélé un certain nombre de causes contributives qui venaient aussi bien de la part du véhicule que du centre de lancement, la principale cause venant du type et de l’emplacement de l’antenne de transpondeur radar sur le lanceur lui-même, associée à une réaction un peu prématurée de l’agent de sécurité de vol. Différentes voies de recours, comprenant la modification de l’antenne et l’élargissement du couloir de vol substantiellement seront mis en place pour empêcher que la situation ne se reproduise.

Expéditions de 1994 pour la récupération des éléments de la fusée Europa F-4 ...


Dans le but de témoigner des lancements des fusées du CECLES-ELDO dans le musée de Woomera, une équipe spécialisée de récupération qui avait déjà eu une expérience positive dans la récupération du satellite australien Wresat en 1990, a décidé de se lancer à la recherche du site de l'impact d'Europa F-4 de 1966. Deux groupes d'expéditions terrestres s'étaient lancés sans succès en septembre - octobre 1991, en raison d'une très grande difficulté de franchissement de la partie sud du désert de Simpson qui comporte pas mal de dunes assez hautes de 25 mètres très proches les unes des autres. Même en l'analysant par ordinateur, la zone supposée de l'impact restait introuvable. Il fallait attendre qu'un pilote de l'US air force volontaire avec trois observateurs expérimentés de l'équipe de récupération terrestre survolent la partie sud du Désert à une altitude de 500 pieds, le 13 Aout 1993 pour qu'ils repèrent un reflet du soleil sur des objets métalliques. Ensuite en Mai 1994 une première expédition terrestre a fait l'inventaire des objets très dispersés de la fusée Europa en raison de l'auto destruction qui avait été déclenchée à tort à l'époque par l'officier en charge de la sécurité. On a retrouvé entre autres, le satellite STV encore fixé au 3éme étage Astris qui s'était enfoncé  à 1,2 mètres dans le sol  . Enfin en octobre 1994 avec l'aide de l'armée australienne, tous les éléments qui avaient été repérés lors de l'expédition précédente ont été ramenés à Woomera : un des moteurs RZ-2 du 1er étage Blue Streak, des turbo pompes, le satellite STV, des modules électroniques  et un ordinateur de guidage. depuis cette date, l'épave de F-4 est exposée au Woomera héritage centre avec la fusée SPARTA lanceur du satellite WRESAT.  

 

25 mai, premier tir de qualification Q1 de l' étage Coralie. Le second a lieu le 5 juin. 

Juin, avec la construction de sa base de lancement en Guyane, la France a un atout majeur dans l'évolution du programme Europa de l'ELDO. En effet, le CNES a décidé de consacrer 330 millions de F pour sa construction, soit le budget qu'elle donne à l'ELDO et l'ESRO. Le centre de Guyane a de nombreux particularités: possibilité de lancer sur 120°, pas de retombés d'étage sur la population,  champ de tir civil, utilisation plus économique pour l'Europa et infrastructure entièrement financée par la France. Le CNES mettra sa base à disposition pour l'ELDO qui ne payera que ces installations ELDO.

3 juin, la grande Bretagne annonce qu'elle se retire de l'ELDO. Cela devrait signifier plus d'étage Bleu Streak pour Europa. Qui pour remplacer le Blue Streak ? Pour la France, une étude a été faite d'un étage "Catherine", en faisceau dérivé de l'étage Emeraude de Diamant avec 4 moteurs Vexins produisant 140 tonnes de poussée. Concernant les étages supérieur, 3 choix: l'étage Allemand actuel, un étage à poudre P4 ou un étage cryogénique.

8 juillet, l'ELDO continue ! A l'issue de la dernière conférence, la 3e après mai et juin, l'organisation européenne sauve son programme et devrait repartir sur un bon pied. La nouvelle résolution dite CSE Conférence Spatiale Européenne, va permettre d'achever le programme initial (ELDO A) et de construire un satellite de télécommunication géostationnaire (développement d' un système de guidage inertiel, base équatoriale opérationnelle et système de moteur périgée apogée PAS). Se réunissant 2 fois l' an, elle va permettre de coordonner les efforts et les activités spatiale de l' Europe.  
Une nouvelle redistribution des pays membres est faite avec:
_ Réduction de la contribution Britannique de 38% à 27% 
_ L’ Allemagne prend 27 % (22,01%) ;
_ La France prend 25 % (23,93%) ;
_ L’ Italie prend 12% (9,78%) ;
_ La Belgique prend 9% (5,49%) ;
_ Les Pays Bas prennent également 9% ;
L'ELDO décide du démarrage du programme ELDO PAS, Europa 2, le budget passant à 626 M$ dont 25 pour l'établissement d'une base sur l'équateur en choisissant le centre spatial de Kourou du CNES. Le centre de Woomera continue à exercer pour les tirs de développement et les tests. D'autre part, les ministres adoptent un train de mesure visant à transformer le fonctionnement interne de l'organisation. Prochaine réunion en décembre...

5 août, l' étage Blue Streak du F5 arrive par bateau à Woomera. Les étages supérieurs Coralie et l'étage Allemand arriveront en fin de mois par le nouvel avion avion Lockheed C 141 qui réalise une tournée mondiale de promotion. Les transports précédents avaient été réalisé par des Transall français, mais l' armée ne veut plus mettre cet avion à disposition de l' ELDO. L'étage Allemand est partie en premier dans le Starlifter pour l'aéroport du Bourget. L'étage Coralie est partie lui des usines de Nord-Aviation aux Mureaux vers le Bourget, les 2 voyageant 22 heures vers Woomera avec escale à Colombo (Ceylan).

Cliché publicitaire du test de lancement F5

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Tir statique du F5 à Woomera

14 novembre, après 2 reports, le lancement d'Europa F5, second tir de la phase 2 avec les étages supérieurs inertes permet de tester le système de séparation des étages Blue Streak et Coralie. Le lanceur décolle à 21 h 39 heure de Paris du pad 6A de Woomera et 410 secondes plus tard s' écrasait dans le désert australien à 820 km de là. Le test de la séparation des étages 1/2 s' est bien déroulé. Le système utilise un petit propulseur à poudre de 4 tonnes de poussée, monté au centre de la base de l'étage Coralie. Son allumage est commandé 1,5 secondes après la réception d'un signal fournit par le premier étage en fin de vol, soit à T+144 secondes. La pression exercée dans la jupe inter-étage et la poussée du moteur rend la séparation effective des étages, aidé par l'allumage simultanée des boulons explosifs les reliant. Les étages Français Coralie et Allemand Astris étaient inertes tout comme la coiffe non largable et son satellite. Mais divers équipements additionnels avaient été ajoutés le tir F-5 devant permettre:
-de contrôler le fonctionnement de la centrale d'altitude ELDO (transportée dans le 3éme étage et de divers éléments de sécurité nouveaux ou déplacés).
-d'essayer en vol les éléments du système de séparation du troisième étage, de la coiffe et du satellite en vue des tirs ultérieurs au cours desquels ils seront réellement utilisés. 
-de contrôler le fonctionnement du répondeur et des antennes de guidage ( transportés dans le troisième étage)
-de vérifier l'intégration dans l'équipement de contrôle au sol de ces mêmes éléments. Les prochains tirs seront F6/1 et F6/2 prévus l'an prochain.

D'après les premiers renseignements obtenus, la durée de combustion des moteurs Rolls Royce a été de 143 secondes. le système de séparation (celle-ci étant observée par des caméras et des postes d'observation optique) des 1er et 2éme étages a fonctionné correctement et les performances de l'impulseur à poudre de ce système ont été satisfaisantes. Le système de sécurité et le dispositif de destruction (actionné par un accéléromètre détectant le retour dans l'atmosphère) ont fonctionné aussi comme prévu. Le système  de référence du programmeur d'altitude placé sur le 3éme étage inerte a fonctionné pendant tout le vol; la plateforme a donné des indications correctes sur l'altitude du lanceur et sur les signaux de sortie du répondeur de guidage. Les premières évaluations indiquent également que le satellite expérimental, la coiffe et les équipements ajoutés à ces derniers ont bien fonctionné. Quant aux équipements de contrôle au sol, aux systèmes de poursuite radar et aux systèmes de télémesure du champ de tir, ils ont donnés satisfaction. Environ 200 personnes avaient participé à la préparation et au lancement; 200 autres ont assuré la mise en œuvre des installations du champs de tir, et comme le souligne le CECLES-ELDO, la coopération entre les équipes nationales a été fructueuse et encourageante.

27 novembre, premier tir de l' étage Coralie en version Cora pour tester l' étage d' Europa 1. La fusée décolle à 10 h 21 d' Hammaguir puis 62 s plus tard, la défaillance d' un circuit empêche de poursuivre l' expérience néanmoins qualifié de succès par le CNES. Le second tir G2 est prévu en novembre et la qualification est nécessaire avant les tirs F6 d' Europa en 1967.

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11-13 décembre, première réunion de la CSE, Commission Spatiale Européenne à Paris, qui réunira une fois par an les membres de l'ESRO et de l'ELDO et la CETS. La principale  décision prise au cours de cette session, à l'initiative du premier ministre Belge, est la création d'un groupe ad hoc chargé, sous la direction de Michel Bignier, de dresser un inventaire détaillé des programmes, ainsi que des besoins et des ressources de l'Europe dans le domaine spatial.

18 décembre, tir G2 de l' étage Cora d' Hammaguir. La fusée a décollé à  9 h 15 TU et culminé à 55 km d' altitude avant de retomber comme prévu à 50 km du pad.  

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Le moteur périgée du système PAS d'Europa qui permettra de rejoindre l'orbite GEO va être développé par la SEREB. Il sera chargé de faire passer la vitesse la vitesse d'injection du 3e étage de 7725 m/s à 10 200 m/s nécessaire à l'injection en géostationnaire vers 36 000 km. Le PAS (périgée Apogée Stage) pèsera 1000 kg, dont 540 de poudre et pourra injecter une charge de 306 kg, soit un satellite de 150 kg en orbite GEO. L'étage de périgée (photo) est un moteur à poudre de 80 cm de diamètre à enveloppe de fibre de verre. il contient 540 kg de poudre qui brûle durant 45 secondes. Le transfert durera 5 heures. L'étage d'apogée est composé essentiellement du satellite et son moteur placé à l'intérieur. C'est un moteur à poudre de 40 cm de diamètre destiné à la circularisation de l'orbite à 36 000 km.

1967

L’ ELDO redémarre le 1er janvier sur de nouvelles bases. Le développement du système PAS va démarrer dans le cadre du programme complémentaire Europa. Le troisième étage du lanceur ne fournissant que 8000 m-s à l' injection, il est nécessaire d' avoir un petit étage pour communiquer au satellite les 10200 m-s nécessaire pour l' envoyer sur une orbite de transfert géostationnaire avec 200 km de périgée et 36000 km d' apogée. Ce PAS pèsera 1000 kg dont la moitié de poudre. Il permettra l' envoie de 300 kg en GTO et 150 kg en GO. Les études permettront de développer le moteur de périgée-apogée, le système de mise en rotation du PAS et le guidage inertiel du lanceur.

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L'ELDO lancera son lanceur Europa 2 depuis le centre spatial de Guyane. En cours de construction, le centre accueillera au nord du village de Kourou, le centre technique et industriel et le centre administratif au pied du mont Paracaibo. A 7 km, le premier des 3 ensemble de lancement, celui des fusées sondes à poudre, Belier, Centaure, Dragon, Dauphin, Eridan, tacite et Titus avec leurs plateformes orientables et celui des véronique AGI et61 avec son portique mobile. Suit, à 13 km, le site de stockage des propulseurs. A  17 km, la nouvelle station météo remplaçant celle de l'aéroport de Rochambeau. A 18 km, le pad des Diamant, près de la crique de Carouabo. Enfin, à 20 km, le pad de tir de l'ELDO pour Europa, entre Karoubo et Malmanoury. Le site comprendra le pad avec la plateforme de lancement, son mat haut de 30 m et sa tour de montage mobile et climatisée. La zone d'assemblage à 100 groupera le hall d'assemblage, centrale et essais, les magasins et ateliers, les bureaux et un restaurant. le stockage des carburants comburants se fera juste à coté. Une usine de production d'oxygène et d'azote sera implantée par la suite. La poursuite et la localisation du lanceur se fera à partir de stations réparties autour du centre (monts Carapas, montagne des Pères et mont Barduel) et sur les îles du Salut, au large. C'est la société SERETTE qui sera chargé de la maitrise d'oeuvre des installations ELDO. Cout du pad 120 millions de F.

Avec le tir F6-1 prévu le 11 juillet, l'ELDO s'apprête à tester une autre étape du programme Europa, l'étage Coralie. Ce dernier n'a jamais volé dans l'espace, juste au sommet du lanceur Cora, lors des vols G1 et G2 depuis le champs de tir français Hammaguir. Pour F6-1, Coralie sera séparé du Blue Streak et après allumage de ses 4 moteurs continuera sa course avant de retomber dans le Pacifique à 4500 km, vers la Nouvelle Guinée. Le tir F6-2 permettra en octobre de tester la séparation de l'étage Coralie et du 3e étage. Pour le suivant, F7, le lanceur tentera une satellisation d'un satellite de 250 kg sur une orbite 150-600 km. F8 satellisera une charge encore plus lourde sur orbite basse et F9, en mars 1969, avec des réservoirs du Blue Streak remplis au maximum un satellite de d'essai sur une orbite 400-4000 km.

11-13 juillet, seconde réunion de la CSE ELDO à Rome. 15 pays participent (ESRO-ELDO plus la Norvège et le Vatican). Trois résolutions sont formulées concernant le financement de l' agence pour les 6 ans à venir, la constitution d' une agence spatiale européenne et les statuts d' Intelsat vis à vis de l' EuropeIl est ainsi  créer un comité consultatif des programmes(CCP) placé sous la présidence de Jean Pierre Causse, directeur du centre technique du CNES à Brétigny. Il a pour mission de faire des propositions pour l'établissement d'une politique  spatiale européenne, prenant en considération les intérêts scientifiques, technologiques et économiques des activités retenues.

4 août, après 10 reports dont 6 dus aux conditions météo et aux aléas techniques, Europa F6-1 décolle de Woomera à 13h 23, locale avec pour mission tester les deux premiers étages actifs, Blue Streak et Coralie.

Le premier étage Blue Streak donne satisfaction avant de s'écraser à 1030 kms de Woomera après avoir culminé à 200 kms environ. La centrale d'altitude d'Europa fonctionne normalement ainsi que le répondeur de guidage, le satellite d'essais Italien et la station aval de Gove. Pour Coralie, cela ne se passe pas aussi bien: bien que la séparation entre le premier et le second étage se soit déroulée correctement , les moteurs de Coralie ne s'allumèrent pas. Si les émetteurs de télémesures Ajax de l'étage ont assuré leur travail sans interruption, le dispositif commandant l'ouverture des vannes de propergols et transmettant l'ordre d'allumage n'a pas fonctionné et le système d'autodestruction a dut jouer son rôle lors de la rentrée atmosphérique. Coralie est commandée au moyen d'un séquenceur, initialisé par un signal électrique issu du Blue Streak. Mais des problèmes d'alimentation électrique perturbèrent le fonctionnement de ce séquenceur, empêchant un allumage ponctuel. Cet essais devait aussi tester la séparation de la coiffe. Le prochain lancement F-6/2, répétition du précédent reste prévu pour la mi-novembre 1967. Lors de ce tir , le 1er étage était muni de nouveaux moteurs RZ 12 MK développant plus de 60 tonnes de poussée.

   

Septembre, l'étage Coralie 2 adapté pour les lancements depuis la Guyane équipera Europa 2 après le tir F11. L'étage sera modernisé avec un nouvel acier, un système de télémesure PCM (modulations par impulsions codées et une modification du système de contrôle automatique au sol. 5 étages seront construits pour les tirs F14 et 15 (Symphonie), F11, premier tir depuis la Guyane et F12 et13, tirs d'essais du système PAS.

3 octobre, Woomera, après la mise en place de l' étage Blue Streak pour le vol F6-2, il est mis à feu pour un tir statique.  
25 octobre, tir G3 de Cora de puis le centre de Minizan dans les Landes (France). La fusée décolle à 16 h 34 puis suit sa trajectoire nominale vers la mer pendant 76 s avant d' être détruite.

4 décembre, le lancement du F6/2 est repoussé à 12 s du décollage suite à une défaillance dans un système électrique. Le 5, le décompte est mené jusqu' au bout, les moteurs s' allument mais Europa ne décolle pas, les crochets n' ont pas libéré le lanceur. Nouveau report et Europa F6-2 décolle à 22 h 01 heure Française. Ce tir est la répétition du vol F6-1, avec la séparation du premier et du second étage ainsi que son allumage et la séparartion du 3e étage et du satellite STV de 275 kg. Le premier étage fonctionne normalement, mais le second ne se sépare pas et ne s' allume pas non plus comme lors du F6-1. La séparation du second et 3e étage ne se fait pas également, tout comme la coiffe. Après le programmeur, ce serait la faute d'une prise ombilicale sur le 2e étage qui au décollage ne se serait pas bien déconnecter. Cet échec clôt la phase 2 du programme de développement d'Europa 1.

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Le tir F7 avec 3 étages et une éventuelle satellisation semble bel et bien compromis. Le vol suivant, F8 est programmé à Woomera pour 1968 et F9 et 10 pour 1969. Ils permettront la mise au point des moteurs de périgée et apogée d'Europa 2, parallèlement aux tirs de Diamant B-Vempa à Kourou. Les vols suivant seront réalisés depuis la Guyane, F11 mettra le satellite Symphonie sur orbite. .

Décembre, les problèmes de l'étage Coralie font réagir le CNES qui vient d'appeler la SEREB en consultation pour les régler.

Fin décembre, le comité consultatif des programmes (CCP) remet son rapport, le "Rapport Causse" qui préconise en substance:
_ d'inclure les satellites d'applications dans le programme du CERS-ESRO jusque-là limité de par la convention aux recherches scientifiques, malgré la première étude demandée par le CETS.
_de prévoir après Europa 2, un lanceur plus puissant pour placer sur orbite géostationnaire des satellites de télévision directe.
_ de fusionner le CERS-ESRO et le CECLES-ELDO au sein d'un organisme unique.
Ce rapport propose également de procéder en deux étapes: La 1 ère Europa 3, ajouterait au Blue Streak un 2éme étage cryogénique et la 2 éme étape, Europa 4 , consisterait à accoler à un étage Blue Streak 4 boosters à propergol liquide dérivés du Diamant B (baptisés Carole). 
Le rapport Causse ne remet pas en cause le projet Europa 2, même si la question de sa survie au-delà de la phase de développement se trouvait posée. Cela donna lieu à un débat intense, à l'issue duquel le CECLES-ELDO décida de mener à son terme cette phase de développement et créa une Direction des activités futures (DAF). Le conseil du CECLES-ELDO, tenant compte des difficultés passées, donne des pouvoirs supplémentaires au Secrétariat pour assurer le développement d'Europa 2. Le Conseil accorde notamment au secrétariat la possibilité de conclure directement des contrats avec les industriels.
 

A) Europa 1
B) Europa 2
C) Europa 1 avec propulsion électrique
D) Blue Streak avec 2 boosters à propergol liquide (2 Blue Streak supplémentaires)
E) Blue Streak avec 4 boosters à propergol liquide de type "Carole" dérivés du diamant B (Europa 4)
F) Europa 3 avec 2éme étage cryogénique
G) Europa 3 avec propulsion électrique
H) Europa 4 avec 2 boosters à propergol liquide (2 Blue Streak)
 I) Europa 4 avec 2 boosters à propergol liquide (Blue Streak) et propulsion électrique

23 décembre, la première version de vol du troisième étage d' Europa est essayé au banc en Allemagne par DVL près de Lampoldshausen. Cet essais conclut 5 ans d 'étude par l' Allemagne de cet étage avec la construction au "frais " de l' ELDO d' un coûteux banc de tir. Conçue au départ comme un étage très haute performance, Astris est un étage qui suit le cahier des charges du programme après maintes révisions. La conception et le moteur de ce 3e étage revient à la société Allemande ERNO et à la SEPR en octobre 1963. Les travaux sont réalisés au centre de Melun-Villaroche. C'est un moteur à ergols stockable, Aérozine ((50% d'UDMH et 50% d'hydrazine N2O4) et N2O4 développant 23 tonnes dans le vide. La chambre de combustion est refroidit grâce à une double paroi et 2 latérale.; La pressurisation des réservoirs est réalisée par de l'hélium (19 bars) sans turbopompe. 2 petits moteurs vernier (fabriqués par ERNO) de 300 kg de poussé assure le pilotage. Le moteur a été testé sur 2 bancs à Villaroche, le H et le L, ce dernier pouvant faire des tests en simulant l'altitude. Début 1967, le moteur comptait 450 essais au banc.

 

Essai de l'étage complet Astris à Trauen, près d'Hanovre sur le banc 3.

1968

Janvier, le CNES confie la responsabilité de l'étage Coralie à la SERB en place de la LRBA, le centre de Vernon. L'ELDO annonce de son coté le report du tir F7 en fin d'année 1968.

Sur une proposition de Charles Cristofini, président de la SEREB, le conseil accepte la constitution d'un groupe industriel intégrateur, chargé d'aider le Secrétariat. Créé officiellement le 1er janvier sous la forme d'une société anonyme, la SETIS ( Société pour l'Etude et l'intégration de systèmes spatiaux) dont le capital est souscrit par plusieurs firmes européennes, est un groupe d'ingénieurs qui exerce un rôle proche de celui d'architecte industriel. Dirigée par un jeune ingénieur de la SEREB, Jean Charles Poggi, la SETIS constitue une première étape vers la rationalisation de l'organisation.

Février, le général Aubiniére est élu président du conseil du CECLES-ELDO

Mars, l' ELDO annonce que le prochain tir Europa sera un tir du lanceur avec ses trois étages actifs en  place d' un tir F6-3 (second étage inerte, 3e étage actif). Ce tir F7 est repoussé de 6 mois le temps pour le LRBA de Vernon travaille sur les modifications de l' étage Coralie maintenant sous la responsabilité de la SEREB. Ce tir remplacera l'essais de l'étage Cora G4. Les vols G5 et G6 ont été réalisé lors des vols Europa F6-1 et F6-2. L'étage Coralie prévu pour F7 sera avec un système séquentiel et fonctionnels améliorés. L'étage pour le vol F8 testera de nouveaux éléments et les étages pour F9 et 10 embarqueront les systèmes fonctionnels et séquentiels améliorés.

20 mars, premier essai au banc du troisième étage d' Europa complet au centre de Lampoldshausen (Allemagne). Cet essai est réalisé avant l' envol de l' étage en Australie pour le vol F7 prévu maintenant en novembre.  

16 avril, Anthony Wedgewood-Benne ministre Britannique de la technologie annonce que son pays quittera l'ELDO en 1971, tout en maintenant sa participation jusque là. 

Avril, l'ELDO confirme les tirs F7 pour la fin de cette année et les tirs F8, 9 et 10 pour 1969 depuis la base de Woomera. Avec F7, le lanceur sera lancé en entier sans satellisation. Ce sera F8 qui lancera un satellite en orbite basse en mai 1969. Le vol F9 permettra de mettre une charge lourde en orbite basse en remplissant complètement l'étage Blue Streak.

Mai, la date du vol Europa F7 est fixée eu 11 novembre.

Juin, l'Europe doit proposer des lanceurs pour succéder à Europa capable de placer 350 à 2500 kg en orbite GTO au lieu des 110 à 200 kg actuellement. A la version de base Europa 2, l'Europe doit proposer un lanceur avec un 4e étage électrique et un Europa ayant 4 accélérateurs "Carole" pour 1er étage, un Blue Streak pour 2e étage (modifié pour fonctionner en altitude, un Astris comme 3e étage et un moteur d'apogée pour le satellite. Une version avec 2 Blue Streak accolés est aussi envisagé. Europa 3 et 4, l'Europe vise du "lourd", avec  pour Europa 3, un étage Blue Streak surmonté d'un étage cryotechnique H15 et pour Europa 4, un étage de base formé de boosters, un Blue Streak et un H15. Le booster serait réaliser en groupant 2 étages Blue Streak ou 4 L70 propulsés par des moteurs Valois (Diamant). Dans le cas où la Grande Bretagne quitterait l'ELDO, il faudrait remplacer le Bleu Streak par un autre étage, le L100 (N2O4 et UDMH), ou 7 étages Améthystes ou des étages à poudre.

Juin, la date du vol Europa F7 glisse au 18 novembre. Passé cette date, le lancement sera reporté à février 1969, le champ de tir australien devenant difficilement utilisable en plein été de l'hémisphère austral.

La Conférence des ministres plénipotentiaires du CECLES-ELDO, qui se réunit les 11 et 12 juillet 1968, est un échec. l'Italie et la Grande-Bretagne refusant d'augmenter leur contribution, la Conférence arrête un programme d'économie qui porte principalement sur l'abandon des essais Vempa et la suppression du troisième essai en vol prévu d'Europa 2.

Le 21 juillet 1968, le général De gaulle accepte l'idée du CNES qui prévoit qu'en cas d'echec du CECLES-ELDO, de développer un nouveau lanceur, en collaboration avec d'autres pays européens. Plusieurs projets sont étudiés La Turquoise à poudre ou le Catherine  à liquides, encore au stade d'avant projet. Parallèlement à l'évolution du programme Diamant, dès 1962 l'ingénieur général Pierre Soufflet, directeur du département Engins de la DMA, considérant sur la base des premiers travaux réalisés, que la propulsion cryogénique ( hydrogène et oxygène liquides) avait un bel avenir pour les futurs lanceurs spatiaux, réussit à faire financer par la DMA, donc les Armées, un programme d'études dont la réalisation fut confiée à la SEPR.
Sans attendre la réunion de la Conférence spatiale européenne qui doit statuer sur le rapport Causse, les britanniques indiquent qu'ils ne participeront pas aux futurs programmes de lanceurs du CECLES-ELDO.. Refusant tout nouvel engagement financier, ils acceptent néanmoins de fournir l'étage Blue Streak jusqu'en 1976.
L'ELDO est de nouveau en crise, les désaccords entre les pays qui vont de l'avant (France et RFA) et ceux qui freine et limitent les dépenses (Grande Bretagne) sont maintenant aux grands jours. Un plan d'austérité va être mis en place, plan T/8A visant à réduire la voilure: simplifier le satellite PAS pour rejoindre l'orbite à 36 000 km, supprimer le vol F13 avec le satellite PAS complets et les 4 tirs suborbitaux pour tester le PAS avec le lanceur Diamant, les tirs VEMPA. L'enveloppe totale passe de 725 à 675 millions de $, soit 50 millions de plus que le montant alloué en 1966, 626 millions $. Même si la RFA, la France, l'Italie et le Royaume-Uni restent fideles à l'ELDO, chacun se demande qui payera la différence dans le budget...

10 septembre présentation par Bolkow de l' étage Astris d' Europa 1 qui sera envoyé à Woomera pour le tir F7.

Octobre, le gouvernement britannique refuse de financer le dépassement du programme Europa et menace de quitter l'ELDO dès 1971. La France demande à ce que soit développer la filière Europa avec la Grande Bretagne et autour de l'étage Blue Streak. L'Italie enfin se voit réduire sa participation au programme ce qui rend impossible l'application de la règle du "juste retour", de mise depuis le début.

Novembre, suite à l'annonce du gouvernement Britannique de ne plus financer le dépassement de coût du programme et son intention de se retire du programme Europa, les anglais mettent en balance le fait d' utiliser l' étage Blue Streak hors applications dans des régions échappant au contrôle des états membres, ce qui signifie que le satellite de télécommunication Symphonie ne pourra pas être lancé par Europa. La France demande alors que le programme soit arrêté pour commencer le développement d' Europa 3 avec un nouveau premier étage. A l' issue de la réunion des 7 ministres des pays membres de l'ELDO, la Grande Bretagne annonce que finalement elle fournira le Blue Streak jusqu' en 1976. Pour respecter le plafond financier de 626 millions $, le programme se retrouve encore allégé avec notamment en plus de l' annulation du tir Europa 1 F13, l'annulation du tir F10 et des fusées françaises Diamant Vempa destinés à tester le système PAS en Guyane au grand désespoir des italiens. Europa 2 sera lancé sans le PAS, mais juste avec un moteur dit de périgée. L'Italie récupère le moteur d'apogée du satellite Symphonie.
Le budget pour 1969 est dans l'impasse, des coupes devant être réalisées, mais sans savoir où. 

Du 12 au 14 Novembre, la Conférence spatiale européenne, présidée par le ministre Allemand G. Stoltenberg, se tient à Bad-Godesberg. Bien que toutes les divergences ne puissent être effacées, un fragile consensus est néanmoins acquis sur quelques points. La Grande-Bretagne ayant acceptée de fournir les Blue Streak jusqu'en 1976, les programmes Europa 1 et Europa 2 peuvent continuer. En outre, une solution est trouvée en ce qui concerne la participation de l'Italie. La France avait obtenue satisfaction. L'intérêt du plan proposé était de maintenir un programme spatial comprenant une large gamme d'activités sans obliger tous les états membres à contribuer au coût des lanceurs. Comme condition de sa participation au programme minimum, la Grande-Bretagne demanda à être déchargée d'une partie de ses engagements envers l'ELDO. L'Italie, lésée dans la répartition des contrats industriels, n'accepte la nouvelle solution qu'ad référendum.

15 novembre, l' ELDO repousse le tir F7 au 22 novembre au lieu du 18. Le lanceur sera en version 3 étages actifs, l'anglais Blue Streak, le Français Coralie et l'Allemand "Astris". Les problèmes rencontrées sur Coralie lors des tirs F6-1 et 6-2 semblent résolus, l'enquête a conclut à une fiabilité insuffisante de l'équipement électronique monté sur l'étage. La version avec les modifications profondes sur Coralie ne volera que pour le tir F8. Pour ce vol F7, le Blue Streak sera remplit de carburant au maximum, l'allumage et le fonctionnement des moteurs de Coralie sera testé, comme pour Astris ainsi que la séparation des 3 étages en vol, de la coiffe et du satellite d'essai (250 kg). Au niveau des installations sol, ce sera la station de Gove, en Australie qui prendra la télémesure du 3e étage pour le guider à l'injection sur orbite à la 300e seconde de vol. Le satellite sera placé sur une orbite 1000/350 km, inclinée à 84°. Le vol F7 marque la fin de la phase 2 du programme Europa. Les vols F8 et 9 prévus pour 1969 font partis de la phase 3 avec F10 et 11 en 1970 et des satellisations in fine.

29 novembre, après 4 reports, le lancement d'Europa F7, premier vol de la phase 3 du programme a lieu à 23h 13 mn (GMT). Le but tester le lanceur avec ses 3 étages actifs et un satellite opérationnel italien STV 1. Le premier étage Blue Streak et second Coralie fonctionnent correctement mais le troisième ne fonctionne que 7 secondes au lieu des 180 prévues. Il semble que l'arrêt du 3éme étage fasse suite à une interférence électrique qui a mis en marche le système d'auto destruction. Pour l'ELDO, ce tir est un succès car l'étage Coralie récemment modifié avec de nouveaux équipements électroniques s' est comporté de façon exemplaire après deux échecs sur F6-1 et F6-2. Les prochains tir F8, 9 permettront de lancer un Europa en configuration de vol. Les tirs F11 et 12 auront lieu de Guyane pour tester l' étage de périgée (celui du Diamant Français) permettant de gagner une orbite GTO.

Lors de la réunion du conseil scientifique et technique du CECLES-ELDO à Paris les 10 et 11 décembre, le vol F7 a été considéré comme un succès et même comme un pas en avant considérable qui redonne confiance dans la réalisation du programme de qualification du lanceur Europa. La cause de la perte de poussée du 3éme étage n'est pas connue mais aucun test du système de radio guidage n'était possible et la séparation entre le 3éme étage et le satellite n'a pu avoir lieu. La télémétrie devrait nous en apprendre davantage sur ce vol, toutefois le conseil reste confiant pour le prochain tir F-8 en juin prochain.
La Grande-Bretagne et l'Italie estimèrent que le nouveau programme était un programme ultérieur au sens de l'article 4 de la convention et refusèrent d'y participer. La Grande-Bretagne manifesta également son intention de quitter le CECLES-ELDO en 1972 à l'achèvement du programme en cours. Le sort même de l'organisation était en cause et elle ne fut sauvée que par la détermination des quatre pays membres restant, à savoir la République fédérale d'Allemagne ( RFA), la Belgique, la France et les Pays-Bas, de poursuivre le programme en prenant en charge les sommes correspondant aux diminutions des contributions de la Grande- Bretagne et de l'Italie.

Décembre, la cause de l'arrêt de propulsion du 3éme étage est une rupture brutale du fond commun séparant les 2 réservoirs d'ASTRIS.

 

L' ELDO ET EUROPA 1969-1971
LE LANCEUR EUROPA
CENTRE DE TESTS, HARTFIELD
CENTRE DE TESTS, SPADEADAM
LA BASE DE LANCEMENT DE WOOMERA
LES INSTALLATIONS EUROPA EN GUYANE