Centre Spatial Guyanais E.L.A 1
Juillet 1975, le CNES démarre les travaux
de modification de la BEC, pad de tir Europa 2 pour Ariane.
Le CNES va mettre le CSG en sommeil
(maintenance active configuration B) après le lancement de la dernière Diamant BP4 en septembre. 168
emplois sont supprimés sur les 600 (420 personnes dont 94
appartenant au CNES, moitié métropolitains, moitié guyanais). Un arrêt d'activité qui va être
mis à profit pour moderniser et rénover le centre. Le parc
d'ordinateurs va être entièrement changé. La construction de
l'ensemble de lancement Ariane va permettre d'employer une centaine
de personnes. Les travaux de génie civil qui démarre se termineront
en fin 1976. . En octobre 1977, les équipes commenceront la
réactivation du centre , menant la recette des installations en
février 1978.
Dans un souci d' économie, l'agence
française pensait
réutiliser
les installations Europa 2 d'où une seule fusée
Europa avait décollé en 1971. La solution de 1973, de construire un nouveau pas de tir à 1 km au nord du pad
de tir Diamant a été abandonnée. Au 500 millions de F de coût de la base, 250 millions
avait été rajouté. Pour Ariane, quelques modifications s' imposait:
Après le dernier tir du Diamant BP4 fin 1975, le CSG se retrouve en période d' attente jusqu' en 1978-79. Quelques 168 emploies sont supprimés sur les 600 travaillant en Guyane. Le pad Diamant est mis sous "cocon". Le centre est en outre modernisé (informatique, télémesure, radar), et quelques infrastructures réparés (toitures, routes). Le nouvel ELA, ensemble de lancement réalisé à partir des installations d'Europa. En noir, les stockage N2O4, azote liquide, hydrogène et oxygène liquide, déflecteurs, table de lancement... A gauche, l'ensemble de lancement Europa en juillet 1975. Au centre et à droite, l'ELA 1 prend forme avec le déshabillage de la tour de montage en vue de sa rehausse et le creusement des fouilles pour réaliser les carneaux Ariane. Autour du pad, les travaux de terrassement débutent pour les installations de stockage des carburants.
1977, le chantier avance avec le coulage des murs des carneaux Ariane 1. On voit bien le massif d'Europa 2 rebouché et l'extension pour Ariane 1.
La tour rehaussée et les carneaux en cours de finition
Les carneaux sont terminés
La tour rehaussée qu'il va falloir rééquipée et rhabillée. Le nouvel ELA 1 avec un pad pratiquement terminé: mat ombilical, tour de montage et installation de stockage des ergols.
La BLA, Base de Lancement Ariane La base de lancement Ariane 1 est à 18 km de la ville de Kourou, sur le CSG. Pour se rendre au centre spatial en partant de Kourou, il faut prendre la route nationale 1, vers le N-O (qui va jusqu' à St Laurent de Maroni). Quelques kilomètre et l' on découvre le centre technique. En remontant la RN1, on découvre la station météo et à 7 km le complexe de lancement des fusées sondes, avec ses 4 pads, puis encore à 6 km en tournant à droite, le chemin de 1200 m menant aux anciennes installations de tir Diamant. Le site est fermé depuis le 1er janvier 1976 et sert d' entrepôts pour les déchets industriels. Encore à 3 km, soit à 17 km du centre technique se trouve l' ELA 1. Il permet d'effectuer 4 à 5 lancements Ariane 1 par an. Elle comprend essentiellement trois sous-systèmes: l' Ensemble de Lancement Ariane (ELA), l'Ensemble de Préparation Charges Utiles (EPCU) qui désigne les moyens mis à la disposition des utilisateurs pour la préparation des satellites et les Moyens Complémentaires Ariane (MCA) qui désignent les moyens du CSG et les stations aval nécessaires pour assurer la mission demandée. L'ELA et l'EPCU, comme par ailleurs les autres installations et équipements financés et réalisés dans le cadre du programme Ariane, sont la propriété de l'Agence Spatiale Européenne. Un accord garantissant le libre accès et la libre utilisation de l'Ensemble de Lancement et des installations associées de l'Agence à Kourou, pour les besoins des programmes de l'ESA et de ses Etats membres, a été conclu en mai 1976 entre l'Agence et le Gouvernement français. L'ELA 1, l'Ensemble de Lancement Ariane
L'ELA 1 comprend quatre zones distinctes, la zone de lancement qui regroupe les installations de l'aire de lancement et le centre de lancement, la zone d'assemblage, la zone support ergols et l'usine de production d'azote et oxygène liquides. Jusqu' en 1981, l' accès à l' ELA 1 se
faisait par un carrefour sur la RN 1 en venant du Centre Technique: à droite, l' ELA 1, à gauche l' ensemble
de préparation des charges utiles et si l' on continué tout droit, la ville de
Sinnamari. Un second poste de garde suit le premier à quelques dizaines de mètres, juste après le bâtiment des services généraux. Sur le devant un parking et à droite le centre de contrôle enterré renfermant la salle de tir. Passé ce second poste, le périmètre intérieur de l' ELA avec à gauche la zone de stockage de l' UDMH, la château d' eau, la zone de stockage LH2, la rampe d' accès à la tour de montage et à droite la centrale d' eau glacé. En longeant la rampe de lancement, on arrive devant les deux carneaux d' évacuation des gaz du premier étage. Au fond à la limite de la zone intérieure, la zone de stockage du N2O4.
Le massif qui supporte la table de lancement sur laquelle est posé le lanceur est en avant. Un déflecteur de jet du type sec, à deux versants revêtus de béton réfractaire, est intégré au massif et deux carneaux semi-enterrés canalisent le jet des moteurs du premier étage au décollage. Le pad Ariane 1. Vue rapproché des carneaux sous le lanceur. On voit bien la table de lancement métallique rouge avec les 4 plots de maintien du lanceur
La plate-forme située en arrière du massif, permet d'une part
l'accès principal à la tour de montage, et d'autre part sert de chemin de
roulement à celle-ci, lorsqu'il est nécessaire de procéder au retrait de la
tour; La tour de montage est posée sur la plate-forme de lancement et s'y déplace pour recouvrir entièrement Ariane. Si l'extérieur parait lisse, seulement "taché" par un escalier de secours sur le coté ouest et les tuyaux blanc du système de ventilation et de climatisation, l'intérieur est plus complexe. Dans la tour, la zone de travail autour du lanceur est desservie par sept passerelles fixes, judicieusement placées pour accéder à tous les niveaux du lanceur et par une passerelle mobile, la PF8 permettant d'accéder à la charge utile. Un escalier de service assure la desserte courante. Sur la partie arrière de la tour, la fameuse "chaussette" pour l'évacuation générale et l'ascenseur monte charge, d'une capacité de 1000 kg, hérité d'Europa.
Une enceinte intérieure à la tour de montage située entre la
passerelle mobile (Plate-forme 8) et le pont roulant constitue la zone propre
(classe 100 000) où sont amenées les charges utiles pour l'assemblage
mécanique au lanceur. Un pont roulant de 25 t permet toutes les manutentions. Plateforme 8, hissage des charges utiles La tour de montage de l'ELA 1. Les modifications réalisées par rapport à Europa sont en noir. La salle blanche" en PF8 au sommet de la tour avec le haut du 3e étage, le SYLDA (système de lancement double) et le satellite. A partir du vol L04, le haut de la tour est couvert protégeant le lanceur des intempéries. On voit très bien les portes sur le devant qui isoleront le lanceur pour sa préparation finale. La zone d'érection, située à l'avant du massif, permet l'accès des différents étages et charges utiles du lanceur et leur manutention pour être ériger sur la plateforme, à l'aide du pont roulant de la tour de montage. Le mat ombilical, situé en arrière du massif et à 6,20 m de l'axe du lanceur, est constitué d'une robuste structure métallique capable de supporter les effets de souffle au moment du lancement. Il sert de support aux liaisons et bras ombilicaux ainsi qu'aux gaines de cibles, aux tuyauteries et coffrets ombilicaux.
Les équipements et bâtiments périphériques comprennent principalement: Stockage de l'UDMH, à coté du pad
Le Centre de Lancement situé à 200 m du massif est un ouvrage fortement blindé, du type blockhaus, capable d'assurer une protection efficace du personnel et des équipements de contrôle pendant les opérations de préparation finale, remplissage, et de lancement. Cette protection vise à couvrir les risques d'explosion rapprochée, d'impact, en cas de destruction en vol du lanceur, des fragments d'étages et en particulier des moteurs, de présence de gaz toxiques autour de l'ouvrage. Le Centre de Lancement abrite les équipements de contrôle et de commande qui permettent d'assurer la supervision des opérations de préparation du lanceur après érection. Dans cet ouvrage circulaire enterré sont menées les opérations de sécurité, de remplissage et de mise en oeuvre du lanceur avant son décollage. En fond de salle, c'est à dire à l'entrée de la salle, sur l'estrade, on trouve les pupitres du COEL, le chef des opérations de lancement à gauche et et de la sauvegarde à droite. Au dessus de ces pupitres, 8 moniteurs de télévision, 4 pour voir tout se qui se passe au dehors du CDL et 4 autres pour les paramètres des pupitres (un avec déroulement du programme le second pour les résultats). Au dessus l'horloge du décompte de la chronologie.
Alexandre Merdrignac, COEL du vol L01 aux commandes. Sur la 1ère rangée, les pupitres Systèmes Electriques à gauche et les 2 pupitres calculateurs. Le "dialogue" avec Ariane se fait par l'intermédiaire de 2 calculateurs, K1 et K2. K1 avec son clavier et ses boutons poussoirs permet d'appeler tous les programmes du système électrique du lanceur: émetteur, télémesure, centrale inertielle, pilotage, séquentiel, sauvegarde, pyrotechnie... Ces programmes sont automatiques et permettent d'effectuer tous les contrôles que l'on désire ainsi que le décollage. Sur ce tableau de commande se trouve le fameux bouton rouge, qui en fait est vert. Le rouge signifiant danger et le vert autorisé. K2 contrôle les fluides. Il permet le remplissage en ergols du lanceur. La plus grande partie du calculateur contrôle l'étage H8. K2 assure les vidanges, même en cas de tir avorté. 2 groupes de 2 moniteurs TV permettent de suivre les paramètres. Un banc de contrôle Ariane en cours d'intégration chez ETCA avant sa mise en poste dans le CDL1. C'est le K1 équipé de calculateurs Mitra 15, 64 k mémoire. Sur l'image centrale, les pupitres K1 (PESE à gauche) et K2 (PESF à droite). Devant les K1 et K2 se trouvent la seconde rangée avec les 8 pupitres respectifs des différents fluides utilisés par Ariane sur les étages stockables (UDMH et N2O4) L140 et L33 à gauche, pupitre azote au milieu, Hélium et étage Cryo (LOX et LH2) H8-H10 à droite. En chronologie, ils s'animent à tour de rôle afin de suivre à chaque instant sur leurs synoptiques le chemin parcouru et les niveaux atteints par les différents fluides dans le lanceur. Gaston Rabeau devant les pupitres fluides au CDL 1. "J'ai été chargé de faire le suivi et la recette des pupitres Fluides et sols chez la société CASA à Madrid, sous les ordres de Michel Laigre SDS. Nous étions en 1976. Je travaillais chez COMSIP automation et j’ai fait de nombreux voyages entre Evry (siège du CNES) et Madrid. Du très beau travail avec nos amis Espagnols. C'est pour cela que je connaissais aussi bien le banc de contrôle Sol .. le soir du 24 décembre 1979." En première ligne, devant de salle, la 3e rangée pupitres, plus petite, ci dessous, de gauche à droite, les pupitres "sol", servitudes air, ventilation lanceur, énergie, alarme U, N, compresseurs remplissage He... et à droite, le petit, le pupitre "régie", avec les moyens optiques, gestion des conférences audio et caméra. Au dessus, 4 moniteurs TV et les horloges du décompte. La personne debout, c'est l'assistant ELA. Sur le coté de la salle, 2 pupitres sont alloués aux contrôleurs responsables des satellites embarqués. Vue générale du CDL1 avec ses 3 rangés de pupitres, la 4e est devant cachée. Le COEL, chef de l'ELA1 est à droite debout avec le pull rayé, en l'occurrence Jean Marc Agasse, "Sam" pour le vol L5. Pupitre COEL 6951, V12 Au niveau inférieur se trouve une salle de réunion, des chambres, une salle de restauration avec four micro-ondes et frigos.
La zone d'assemblage constitue la base
"arrière" de l 'aire de lancement. Elle comprend principalement La zone d'assemblage constitue principalement une base arrière logistique. Les moyens de la zone support ergols et l'usine d'azote/oxygène liquides constituent les installations annexes qui complètent l'ensemble de lancement. Le HA, hangar d'assemblage Ariane 1 sert aujourd'hui pour les sous traitants du lanceur Vega. La Zone support ergols comporte deux installations de stockage principales, deux garages pour les remorques d'avitaillement ainsi qu'un laboratoire d'analyse des ergols qui est essentiellement utilisé comme support logistique ( stockage de conteneurs, etc. ). L'usine de production d'azote et d'oxygène liquides, située dans la zone industrielle de Kourou, assure la production de ces deux produits cryogéniques pour les besoins de la base.
L'ELA1 en 1984 avec la zone de lancement, le HA, hangar d'assemblage, le CCU et le CDL1 Avec la construction de l'ELA 2 pour Ariane 4, il a fallu barrer la RN 1 menant vers St Laurent car le complexe se retrouvait à cheval sur la route avec la zone de lancement près de la RN 1, à coté du périmètre extérieur de l' ELA 1 et à l' opposé, intégré avec la zone de préparation CU, la zone de préparation lanceur. La RN 1 bifurque à gauche quelques kilomètres avant l' ELA 1 et contourne l' ELA 2 en passant derrière la zone de préparation CU vers Sinnamary. Le centre spatial a été ainsi complètement isolé avec ses propres routes d' accès.
L' ELA 1 a lancé 11 Ariane 1 entre 1979 et 1986 et 5 des 6 Ariane 2 et 3 des 11 Ariane 3 (dont la dernière V32). A la suite de l'échec de V18, il a y eu 475 jours entre 2 lancements. Pour lancer les Ariane 2 et 2, l' ELA ne subit pas de modification important. Le troisième étage étant plus haut mais sa base reste toujours à la même hauteur pour le remplissage. Les boosters de la version AR 3 ne sont allumés que lorsque le lanceur est à une dizaine de mètres de la table afin de ne pas l' endommager. Les travaux d'aménagements et de modification de la base pour ces versions de lanceur ont démarré fin 1981. _ 1 L-01
Ariane-1 24 décembre 1979 CAT 1 _ 12 V-18 Ariane-2 31 mai 1986 Echec Intelsat V F14 _ 13 V-19 Ariane-2 15 septembre 1987 ECS 4 / Aussat K3 _ 14 V-21 Ariane-3 11 mars 1988 Telecom 1C _ 15 V-24 Ariane-3 17 juin 1988 Insat 1C / ECS 5 _ 16 V-26 Ariane-2 27 octobre 1988 TDF 1 _ 17 V-28 Ariane-2 26 janvier 1989 Intelsat V F15 _ 18 V-30 Ariane-2 1 avril 1989 Tele X _ 19 V-32 Ariane-3 11 juin 1989 Olympus Intégration d'un PAP sur l'ELA1 Après 25 tirs, L'ELA1 a été fermé en juillet 1989 et le portique de montage a été démantelée le 21 juin 1991.
Les vérins utilisés pour faire basculer la tour... Destruction de la tour de service et planche philatélique commémorative. Photos Cnes Pour les 20 ans d'Ariane L01, en décembre 1999 sur l'ELA1 Avec le développement du nouveau lanceur Vega par la France et l' Italie, l' ELA 1 va renaître de ces cendres. En 1999, Arianespace envisageait de lancer le petit lanceur de l' ELA 3, mais l' arrêt des Ariane 4 et la complexité des nouvelles versions du lanceur Ariane 5 a fait reculer ce choix. L' adaptation du Véga sur une table Ariane 5 était trop complexe. L' ELA 2 qui ne servira plus après les Ariane 4 se révèle tout aussi inadaptée (trop grand et servitudes inadaptées). Vega sera donc lancé de l' ELA 1 avec une configuration mat ombilicale fixe et tour de service mobile. le chäteau d' eau et la plateforme en béton sont toujours là, il faudra boucher un des deux carneaux d' évacuation des gaz inadaptés pour un lanceur à poudre. Le centre de lancement par contre sera celui d' Ariane 5, le CDL 3 dont on aménage les bureaux dans cette optique. Le premier lancement est espéré pour 2004-2005. Ce qui reste de l' ELA 1 en 2001 Démantèlement de la table Ariane 1 en 2005 Dans les années 2010, l'ELA 1 est reconfigurée pour le lanceur à poudre Vega et devient l'ELV, l'ensemble de lancement Vega.
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