Le 19 avril 1971 à 1 h 40 TU une fusée D1 Proton
décolle de Baikonour et place
DOS-1 sur une orbite 200-222 km, inclinée à 51,6° et la station reçoit alors son nom de
baptême : Saliout 1.
Des images sont montrés dans un film intitulé "A steep road into
space" mais faisant voir uniquement la partie supérieure du lanceur.
SALIOUT 1 est une station orbitale, un
vaisseau d'un type nouveau, conçue pour des vols de longue durée dans l'espace
avec des relèves périodiques. A bord de Saliout, un confort relatif existe, le
local est en effet spacieux et divisé en secteurs spécialisés pour le
travail, la détente et la miantenance. Plusieurs postes de travail permettent de
réaliser plusieurs taches en parrallèle.
La longueur de la station est de 14 m pour une
masse de 18,9 tonnes avec un volume de 90 m3 pour l'équipage.
4 cylindres la constituent avec à l'avant le compartiment de passage (2,7 m de
long pour 2 m de diamètre) servant aussi pour les sorties dans l'espace EVA.
Suit le compartiment de travail plus gros (4 m de long et 2,9 m de diamètre),
le compartiment expérience (4,15 m de diamètre) et le compartiment moteur (2 m
sur 2).
Le compartiment de passage contient une partie
des équipements appareillage astrophysique, le système thermorégulateur, de
survie et des tableaux de commande. Les cosmonautes y réalisent des études
scientifiques. Sur la coque sont exposés une caméra TV, une antenne de RV, des
capteurs ioniques, deux panneaux solaires, des ballons d'air comprimé, les feux
de position et le télescope "Orion".
Séparé par une claison avec écoutille à
ouverture manuelle, le compartiment de travail abrite le système de surbvie, la
radio, la TV, divers équipements de bord, l'alimentation et la télémétrie.
Sur la coque sont exposés des antennes, des senseurs, l'appareillage visuer et
les radiateurs de chaleur. En entrant dans ce compartiment on trouve un pupitre
avec deux fauteuils. De part et d'autre des blocs de commande et la
signalisation. Au fond le poste n°2.
Vient ensuite le coin repas avec sa table, les postes 6 (astroposte) et 7
(plasma) à droite et à gauche.Sur les parois sont disposés des armoires de
rangement pour la documentation, la pharmacie et les appareillages.
La partie tronconique relaint les cylindres 2
et 3 abritent le fauteuil médical et l'équipement clinique.
Dans le cylindre n°3 une colonne centrale
d'appareils scientifique traverse la station de part en part et obstrut
partiellement la passage. On y trouve aussi des étagères de rangement, la
serra, le mini stade, les réfrigérateurs et les toilettes.
Le dernier compartiment abritent le système
moteur, deux panneaux solaire, des capteurs et des antennes.
Sur la station, on ne compte pas moins de 21
hublots.
Le vaisseau Soyouz est expérimenté
pour la première fois le 23 avril 1967 avec à son bord Vladimir Komarov
dont c'est le second vol. Au terme d'un vol de 24 heures mouvementé,
Soyouz entame son retour sur terre. La rentrée s'effectue sans problème
jusqu'à l'ouverture du parachute. Ce dernier se met en torche et ne peut
ralenti la cabine, qui telle une pierre tombe sur le sol tuant son
occupant.
L'accident est du aux systèmes assurant
l'atterrissage de la cabine. Il est réétudié en 1967-68 et testé. Les
vols pilotés ne reprennent qu'en octobre 1968. Soyouz est profondément
modifié par rapport au projet de 1964: De 5800 kg, sa masse passe à 6800
et le compartiment orbital devient sphérique.
Alors que les Soyouz partent pour l'espace,
les ingénieurs procèdent aux essais du vaisseau lunaire Soyouz rebaptisé
Zond. Les cosmonautes Elliseiv , Koubassov et d'autres s'entraînent à la
cité des Etoiles pour cette mission. En 1969, après un dernier vol
automatique, le programme est abandonné. La conception du Soyouz semble
en être l'origine.
Le 24 octobre 1969, Mstilav Keldysh, le président de l'Académie des
sciences de l'URSS annonce que les soviétiques renoncent à la lune.
Fin 1969, le programme spatial soviétique
se trouve à la croisée des chemins : alors que les astronautes américains
foulent le sol lunaire, les efforts déployés pour qualifier la
gigantesque fusée lunaire N-1 se soldent par deux explosions désastreuses
qui retarde le programme d'exploration lunaire de plusieurs années. Dans
ce climat, les ingénieurs du bureau d'études de Korolev sont à la
recherche d'un nouveau projet.
Les stations spatiales étaient au centre
de la vision de l'exploration spatiale qu'avait Constantin Tsiolkovski.
Les stations orbitales pourraient permettre d'observer la Terre, les planètes
éloignées et les étoiles mais aussi servir de bases pour des voyages
vers la Lune et les planètes. En 1962, l'OKB n°1 (ex TsKBEM), le bureau
d'études dirigé par Serguei Korolev, à l'époque des
premières ébauches du complexe Soyouz destiné au vol lunaire, conçoit le
projet d'une station spatiale habitée en orbite terrestre appelée Siber
autour de deux vaisseaux de type Vostok amarrés ensemble.
Trois ans plus tard, il dessine une station
spatiale de 75 tonnes, OS-1, qui pouvait être lancée par une version de
la fusée lunaire N-1. Cette station posséde des pièces d'amarrage pour six
vaisseaux Soyouz, des panneaux solaires et des sas de sortie extra-véhiculaire.
OS-1 a quatre niveaux pour accueillir les quartiers de l'équipage,
des unités de stockage et des équipements scientifiques. Elle mesure
six mètres de haut pour un diamètre de 2.9 mètres. OS-1 n'est pas développée
plus loin, la course à la Lune devenant la priorité première de tout le
programme spatial.
Le rival de Korolev, Vladimir Tchelomei, du
bureau n°52 (OKB 52) produit ses premières ébauches de station spatiale au cours de la même
période. En octobre 1964, Tchelomei fait des propositions pour une station
spatiale capable d'accueillir deux à trois cosmonautes pendant deux ans.
Son bureau d'étude conçoit alors Almaz ("Diamant") et Tchelomei
vante son projet aux militaires comme un moyen pour l'Union Soviétique de
surveiller les porte-avions américains en mer. Ce projet ultra-secret
consiste en un poste d'observation militaire en orbite, équipé de caméras
haute-résolution, de radars et même de canons pour se protéger d'éventuelles
attaques d'avions spatiaux américains !. Son ravitaillement doit être
assuré par de lourds vaisseaux-cargos, tandis que des capsules de rentrée
doivent permettre de récupérer les bandes de données enregistrées en
vol.
L'origine des stations Saliout, initiés en 1964,
est le projet de station orbitale habitée Almaz. Il s'agit d'un projet
militaire, destiné à l'observation. En effet, un télescope de 1 mètre
de diamètre équipe Almaz. Les images acquises sont retransmises par
ondes hertziennes ou par largage de capsules contenant des fils.
L'observation n'est pas le seul rôle de la
station. Celle-ci comporte en effet des canons à tir rapide. L'objectif :
les missiles d'interception et les satellites américains. L'époque est
à la guerre froide, ne l'oublions pas. C'est pourquoi ce projet est alors
resté secret.
Le programme est ambitieux : l'objectif est
de 20 stations opérationnelles pour 1975, occupant 90 cosmonautes et
demandant 50 tirs annuels !
La station Almaz est constituée de l'OPS (Orbitalnaya Pilotirouyemaya
Stantsiya), un module qui doit peser 20 tonnes, et du TKS (Transportny Korabl
Snabjena), un vaisseau de même masse, qui doit rejoindre l'OPS en
transportant hommes et fret.
Le TKS est lui-même constitué de deux éléments
principaux la capsule VA qui sert à la rentrée atmosphérique (3 tonnes
réutilisable 5 fois) et le
bloc cargo fonctionnel FGB qui dispose des servitudes. Le parallèle civil du programme Almaz est la réalisation
d'une station non militaire DOS (Dolgovremenaya Orbitalnaya Stantsiya). Ce
sera Saliout, initialement nommée Zarya (l'Aube). Notons que ce nom sera
repris à pour le premier module de la station internationale Alpha,
module russe envoyé en orbite le 20 novembre 1998.
Almaz et son vaisseau de soutien devaient
tous deux être lancés par la fusée Proton. Mais ce programme complexe
est victime des dissensions et des antagonismes qui minent l'industrie de
la défense. Tchelomei, dont l'influence a grandi sous le règne de Nikita
Krouchtchev, voit son étoile pâlir avec l'installation d'un nouveau
gouvernement au milieu des années 60. Depuis lors, le programme Almaz
accumule les retards.
Les ingénieurs du bureau d'études de
Korolev proposent alors au gouvernement d'emprunter à Tchelomei le
concept Almaz pour réaliser une station spatiale civile. Celles-ci,
avancent-ils, pourrait être lancée moins d'un an après approbation du
projet et, donc, bien avant le projet américain Skylab, annoncé pour la
mi-1972. Un tel calendrier peut être tenu, selon les ingénieurs, en équipant
la structure de la station Almaz avec les "tripes" du vaisseau
Soyouz, notamment son système de propulsion et ses panneaux solaires.
Fin
1969, Dimitri Oustinov, membre puissant du Comité Central du PCUS et
coordinateur du programme spatial, un ennemi personnel de Tchelomei,
approuve le projet.
Le 9 février 1970, le gouvernement soviétique entérine
à son tour le projet, sous le nom de code DOS-7K en transférant chez
Michine, le successeur de Korolev mort en 1966 six exemplaires de la station
Almaz en construction chez Chelomei.
Le lancement de la première station DOS 1 Almaz
est prévu le 22 avril 1970, à l'occasion de l'anniversaire de Lénine.
Mais le TKS n'est pas prêt. Il est décidé d'utiliser le Soyouz de
Michine le concurrent pour les amarrages et le transport des équipages.
Mais compte tenu des difficultés avec l'amarrages des Soyouz entre eux, le
lancement de la station est repoussé.
Début 1971, DOS-1 (Dolgovremenaya
Orbitalnaya Stantsiya) Saliout 1, la première station spatiale au monde est prête au
lancement.
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La construction de Saliout 1 occupe l'année
1970. Conséquence, les soviétiques modifient aussi le Soyouz pour en faire un
vaisseau de transport. De même forme que le Soyouz de base, il comporte
quelques modifications. Sa masse a augmentée de 6646 kg à 6790 kg. Le
réservoir torique de carburant est enlevé, réduisant l'emport en carburant de
755 à 500 kg. Mais la modification la plus importante concerne le système
d'amarrage. Les premiers Soyouz amarrés ne permettaient pas de transfert
d'équipage en interne. Le nouveau système baptisé "tige-cône"
permet des amarrages en douceur.
Sur le Soyouz, la pièce d'amarrage est du type "male" avec une tige.
Sur le Saliout, la pièce est du type "femelle" avec un entonnoir. La
tige du Soyouz vient, guidée par la pente de l'entonnoir se mettre au fond d'un
logement où elle est ensuite bloquée. La tige est vissée rapprochant les deux
vaisseaux jusqu'à la jonction finale qui est vérouillé par des liaisons
pneumatiques, électrique et mécaniques.
Les pièces d'amarrages sont ensuite escamotées et basculé dans chaque
vaisseau libérant le tunnel de passage.
Un simulateur dénommé Volga est installé à
la Cité des Etoiles à Moscou pour entrainner les cosmonautes aux opérations
d'amarrage. Il se compose d'une maquette du module de descente pouvant circuler
sur des rails et venir s'amarrer à une maquette de Saliout. Un système de
télévision permet de contrôler les opérations comme dans un vrai vol.
Le nouveau Soyouz n'est pas testé en vol
automatique avant les opérations d'avril 1970.
Pour ces vols, un groupe de 9 cosmonautes a
été sélectionné pour réaliser deux vistes. ce sont Dobrovolsky, Kubassov,
Leonov, Patsaiev, Rukavishkov, Shatalov, Volkov et Yeliseiev. Le 9eme est un
militaire Petr I Kolodin (révèlé en 1987). Les équipages sont assignés avec
pour Soyouz 10 Shatalov, Yeliseiev et ukavishnikov, Soyouz 11 Leonov, Kubassov
et Kolodin et en réserve Dobrovolsky, Volkov et Parsaiev.
Soyouz 10 est lancé le 22 avril de baikonour
à 23 h 54 TU et gagne une orbite à 208-245 km. A bord les cosmonautes
Vladimir Chatalov, Alexeï Yeliseyev et Nikolai
Roukavichnikov. Le lendemain, il approche de la station. Le 24, il s'amarre à 1
h 47 TU à Saliout 1. Malheureusement l'équipage ne peut pénétrer dans la
station. Les raisons invoquées mettent en cause le mécanisme d'accouplement du Soyouz
endommagé au cours de l'opération. D'autres évoquent un problème
d'équilibre avec les pressions dans les deux vaisseaux. Au cours du vol de conserve, Soyouz réalise un programme
d'expériences techniques durant près de 5 h 30 avec transmission d'images TV.
Selon les américains, le Soyouz s'ammare deux fois à Saliout 1.
La cabine retourne sur terre de nuit pour la première fois après un vol de 1 jour 23 h 46 min.
La mission initiale devait durer 22-29 jours.
La station désormais seule navigue sur une
orbite 184-240 km. Son altitude est réhaussé à 253-276 km le 26 avril.
Début juin, les médecins découvre que
Kubassov a un problème aux poumons. Il est suspendu une semaine avant le
lancement de Soyouz 11. Normalement il aurait du être remplacé par sa doublure
Volkov, mais à 4 jour du lancement, c'est l'équipage qui est remplacé.
L'équipage de Shatalov est recyclé en réserve pour le vol Soyouz
11.
Dans la première semaine du mois, la station est réhaussé sur son orbite à
210-235 km.
Soyouz 11 est lancé le 6 juin 1971 à 4 h 55
TU de Baikonour et mis sur orbite à 185-217 km avec à bord Georgi T. Dobrovolksy, Vladislav N. Volkov, Viktor I.
Patseyev.
Le lendemain, ils s'amarrent à Saliout 1 à 7 h 55 TU pour un séjour de 23 jours.
Le complexe Saliout 1-Soyouz 11 vole à 212-249 km d'altitude.
Patsayev est le premier à pénétrer dans la
station suivit de Volkov. Les opérations commencent afin d'activer et rendre
opérationelle la station et ses équipements.
Le 8 juin, l'orbite est remonté à 239-265 km grace aux moteurs de la station.
Elle sera à nouveau remonté à 259-282 km les jours suivants.
Malgrè la publication de tables sur les activités de l'équipage et les
quelques annonces qui en découlent, rien ne filtre sur les opérations de vol.
Le journal de bord ne sera publié qu'en 1973.
Le 17 juin est une journée de repos. L'activité se concentre sur le Soyouz
anticipant la préparation du retour.
Le 25 juin, c'est la préparation pour le retour.
Le 29 juin, l'équipage a rejoint le Soyouz
attaché à l'avant de la station. Volkov ferme l'écoutille à 18 h 15 TU. 18 h 28 TU, c'est la séparation filmée par
le commandant de bord. Le freinage est enclenché à 22 h 35 TU.
23 h 02, les parachutes s'ouvrent et à 23 h 17, la cabine touche le sol. Les
équipes au sol rejoingnent le site et s'apprêtent à accueillir les trois
héros après 3 semaines dans l'espace. En ouvrant l'écoutille, ils trouvent
les trois passagers morts sur leur siège. Tout est intact à bord, les
cassettes des appareils scientifiques, les films et pélicules de l'équipage,
les échantillons de bord ainsi que le carnet de vol et le journal de bord.
Au moment de la séparation du module orbital,
une des valves qui devait s'ouvrir à 5500 m
d'altitude s'ouvre sous l'action des 12 boulons explosifs. En 10 secondes, la pression
tombe de 776 à 7 mm de Mercure et l'équipage tombe dans le coma. En 55
secondes, la cabine est vidée de son air et les cosmonautes meurent en quelques
secondes d'hypoxie.
L'équipage de Soyouz 11 a ainsi battu à titre postume le reccord de séjour dans l'espace avec 23 jours 18 h 22 min.
Les vols Soyouz sont suspendus et le programme
va prendre du retard. Le vaisseau est modifié une nouvelle fois. Les concepteurs du vaisseau,
choqués par la catastrophe, engagent alors une refonte majeure des systèmes
afin d'accroître la sécurité de vol.
Désormais, les cosmonautes voleront en
scaphandre. Comme la place à l'intérieur de la cabine est limitée, seul deux
personnes y prendront place. Le troisème siège sera réservé aux équipements
de survie. Le sacrifique du troisième homme va pénaliser
l'exploitation de la station orbitale jusqu'en 1980.
En 1971, 4 équipages sont à
l'entrainement pour occuper Saliout 1. Si tout s'était déroulé correctement,
Soyouz 12 aurait embarquer Leonov, Koubassov et Kolodine vers la station pour un
mois en septembre. En 1972, Leonov et Koubassov sont transférés sur le vol commun Apollo
Soyouz. La station est remise périodiquement sur son orbite et en août, elle
est à 300 km d'altitude.
Vaisseau |
Lancement |
Equipage |
Durée
mission |
Observations |
Soyouz 10 |
23 avril 1971 |
Chatalov
Elisseïev
Roukavichnikov |
/
|
Echec de l'arrimage |
Soyouz 11 |
6 juin 1971 |
Dobrovolsky
Patsaïev
Volkov |
23 jours |
Mort de l'équipage
en phase de rentrée |
|