 |
LA STATION SALIOUT 6
|
Alors que l'occident a divisé les stations Saliout en 3 groupes, Saliout 1, Saliout militaire et Saliout civil, les soviétiques annonce le lancement d'une seconde génération de Saliout avec Saliout 6. La première génération était lancé déja équipé sur une orbite variant entre 250 et 350 km. L'altitude de 250 km permet de rester 20 jours sur orbite tandis que une altitude de 350 km permet de rester un an. A 250 km, il faut 4700 kg de carburant pour continuellement rehausser l'orbite contre 600 kg à 350 km. La seconde génération de Saliout doit
permettre des vols de durée très supérieure au 60 jours de Saliout 4-Soyouz
18. Une première modification est l'ajout d'un secoind port d'amarrage à
l'arrière de la station. Les concepteurs planchent sur l'utilisation d'un
vaisseau de transport automatique dérivé des Soyouz. Ce Progress est en
outre équipé de deux caméras extérieures pour les RV. Il transporte dans son
module orbital des équipements pour les cosmonautes et dans son module de
descente redessiné du carburant pour les réhausse d'orbite. Le
développement de ce vaisseau démarre en 1973 (référence 11F615A15) et se
termine en février 1974. Michine à la tête du nbureau d'étude TsKBEM était
contre ce projet d'utilisation pour la station. Le gouvernement autorise le
programme en 1974. Le premier vaisseau 101 est terminé en novembre 1977.
Une nouvelle station militaire Almaz devait être lancé dès 1978 avec deux dock d'amarrage, un pour le TKS et l'autre pour les Soyouz. Depuis 1974 et l'abandon du programme lunaire, le TsKBEM de Michine dirigé par Glouchko, un rival, est transféré au NPO. La guerre des bureaux d'étude est terminée. Le 22 septembre 1977, à 6 h 50 TU une nouvelle station Saliout 6 DOS 5 est placée sur orbite (201-252 km). Bien que très semblable en apparence aux stations DOS et Almaz précédentes, Saliout-6 constitue une véritable révolution dans la technologie des stations orbitales. En premier lieu, elle est dotée d'une deuxième pièce de jonction, à l'arrière, permettant à un deuxième vaisseau de venir s'amarrer, en particulier le nouveau vaisseau inhabité Progress, destiné au ravitaillement en vivres et en carburant. Dès lors, la durée des séjours va pouvoir être considérablement augmentée. Une douche améliore nettement la qualité de vie à bord.
Soyouz 25 décolle deux jours seulement après la mise sur orbite de la nouvelle station orbitale soviétique, le 29 septembre à 2 h 40 TU emmenant l'équipage Vladimir V. Kovalyonok et Valeri V. Ryoumine chargé de la première occupation. La poursuite et le rendez-vous se déroulent à merveille. Lors de la 17e révolution, Kovalenov annonce que la vitesse d'approche est passée de 3 à 2 m/s. Mais, au passage suivant, on apprend que l'amarrage n'a pas eu lieu. De la 18eme à la 24eme révolution, les deux vaisseaux volent de concert, Soyouz tentant à quatre reprise de s'amarrer, mais en vain. Après 14 heures de manoeuvre, la mission est annulée et l'équipage rentre sur Terre, il atterrit à 195 kilomètres au NO de Tselinograd. Une mission d'évaluation et, éventuellement, de réparation, doit être désormais envisagée.
Pour cette mission délicate, c'est un équipage composé du commandant de bord Youri Romanenko et de l'expérimenté ingénieur de vol Gueorgui Gretchko (Soyouz 17) qui est envoyé à bord de Soyouz 26 le 10 décembre 1977 à 1 h 18 TU et vient s'amarrer sur la pièce de jonction arrière de la station le lendemain à 3 h 02 TU (révélation des soviétiques).
Après avoir ranimé la station et installé leur quartiers, Romanenko et Gretchko vont procéder à divers tests du système de navigation Delta et de positionnement de la station suivant diverses attitudes. Une sortie dans l'espace est demandée afin de contrôler la pièce d'amarrage avant peut être endommagé par Soyouz 25. Les deux cosmonautes vêtus de leur scaphandre sortent le 19 décembre durant 88 mn et constate aucun dommage. A la fin de la sortie, Romanenko, qui a oublié d'attacher son câble de retenue, est rattrapé de justesse par son équipier alors qu'il commence à dériver dans l'espace. C'était la premier EVA soviétique depuis 9 ans. Ayant récupéré de leur sortie, Romanenko et Gretchko entament le travail de routine. Ils font régulièrement de l'exercice et assurent leur surveillance médicale mutuelle. Ils observèrent des incendies de forêt en Afrique, ainsi que la collision de deux supertankers et la marée noire qui s'en suit. Ils travaillent six jours par semaines et se reposent le dimanche. Ils procèdent diverses expériences de biologie et font pousser des plantes. Un vol Intercosmos avec la Tchécoslovaquie était prévu comme visiteur de l'équipage EO 1, mais le fait que Soyouz 26 soit amarré à l'arrière de la station inquiète les contrôleurs au sol. Il ne veulent pas que le Soyouz Intercosmos s'amarre à l'avant de Saliout 6. Conséquence, une visite d'un équipage soviétique est intercalé avant celle de l'équipage Intercosmos. Il s'amarrera à l'avant de la station, puis après sa mission reviendra au sol avec Soyouz 26, laissant Soyouz 27 à l'avant et la place libre pour le vol Intercosmos. Le 10 janvier 1978 à 12 h 26 TU s'envole Soyouz 27 emportant Vladimir Djanibekov et Oleg Makarov pour une nouvelle première spatiale : un double amarrage en orbite. La poursuite finale se déroule dans l'obscurité. Djanibekov acquêt visuellement la station à 1 500 de distance et aperçoit son feu clignotant à 300 m. Il poursuit en mode automatique et les deux vaisseaux s'accouplent sans problème, alors que Romanenko et Gretchko s'était réfugiés dans le vaisseau Soyouz 26 pour parer à toute éventualité.
Les trois vaisseaux (Soyouz 26-Saliout 6-Soyouz 27) forment désormais un complexe orbital de 32 tonnes et de 30 mètres de long. Ce qui ne va pas sans inquiéter les ingénieurs qui redoutent des contraintes structurelles excessives. L'expérience technologique Résonance, qui voit l'équipage sauter à un rythme régulier, permet de rassurer tout le monde. L'équipage prend plus de 2 500 photos multispectrales, près de 2 000 photos avec la caméra Kate-140, et environ 120 000 spectrogrammes. Il transmet 95 rapports opérationnels pour la géologie, l'agriculture, la pêche et la météorologie. Il utilise le four Magma pendant 70 h, réalise de nombreuses expériences médicales et procède à 35 h d'enregistrement sur bandes magnétiques. Le 15 janvier, Soyouz 26 est réactivé pour le retour, tandis que Djanibekov et Makarov récupèrent leurs sièges laissés à bord de Soyouz 27. Le lendemain Soyouz 26 se sépare de Saliout 6 et les deux hommes regagnent la terre ferme après un vol de 5 jours 22 h 59 min. Leur mission a prouvé que l'on pouvait exploiter les stations orbitales, y envoyer des équipages et les récupérer avec la précision d'un horaire de chemins de fer. A bord de Saliout 6, Romanenko et Gretko continuent leur activités.
Le 25 janvier, après avoir déchargé le cargo, commence la manoeuvre de pompage du carburant du Progress vers la station. Le 1er février, tout le carburant a été pompé dans la station. Il servira à réhausser son orbite. Le 6 février, Progress 1 se détache de la station rempli des "poubelles" et déchets des cosmonautes. Il s'éloigne de 10-15 m et expérimente une approche avec le système de rendez vous de secours. Le 8, le cargo se désintègre dans l'atmosphère. Mission Intercosmos 1 (Tchécoslovaquie) Soyouz 28 est lancé le 2 mars
1978 à 15 h 28 TU avec à bord Alexeï Goubarev et Vladimir Remek, le premier
cosmonaute Intercosmos. Le 3, il s'amarre à l'arrière de Saliout 6. Durant
une semaine, les équipages réalisent une série d'expériences commune
(Moravia)
Le 16 mars, Romanenko et Grechko retourne sur terre atterrissant à bord de Soyouz 27 à 265 kilomètres à l'ouest de Tselinograd. L'équipage battent le nouveau record de séjour dans l'espace avec 96 jours 10 h. Soyouz 29 est lancé le 15 juin 1978 à 20 h 16 TU avec à bord Vladimir V. Kovalyonok, Alexander S. Ivantchenkov. Le lendemain, il s'amarre à l'avant de Saliout 6. Ce second équipage EO 2 doit rester 120 à 140 jours dans l'espace.
Mission Intercosmos 2 (Pologne) Soyouz
30 est lancé le 27 juin 1978 à 15 h 27 TU avec à
bord Pyotr I. Klimouk et Miroslaw
Hermaszewski, cosmonaute polonais. Il s'amarre le lendemain à l'arrière
de la station.
29 juillet, Kovalyonok et Ivanchenkev réalisent une EVA de 2 h 5 mn. Ils récupèrent des échantillons montés sur la station avant le lancement et exposé au vide depuis. La sortie est filmé pour la première fois en couleur par Kovalyonok.
Mission Intercosmos 3 (RDA) Soyouz 31 est lancé le 26 août 1978 à 14 h 51 TU avec à bord Valeri F. Bykovsky et Sigmund Jahn, cosmonaute de la RDA. L'équipage retourne à bord de Soyouz 29, laissant Soyouz 31 à la disposition de l'équipage d'origine de Soyouz 29 après un vol de 7 jours 20 h 49 min.
Le 7 septembre, l'équipage détache leur Soyouz et l'éloigne de 100 m. Saliout réalise une rotation de 180° pour présenter son port d'amarrage avant. Soyouz s'y amarre.
Le 1er novembre, l'équipage Ivanchenkov-Kovalenok retourne sur terre à bord de Soyouz 31 et atterrissent à 180 kilomètres au SE de Dzhezhkazgan battant le record de durée dans l'espace avec 149 j 14 h 48 mn (3360 h). Leur santé est excellente, l'équipage ayant pu marcher normalement dès le 4 novembre. EO 3 Soyouz 32 est lancé le 25 février
1979 à 11 h 54 TU avec à bord Vladimir Lyakhov (Soyouz 25) et Valeri V. Ryoumine. La mission
est prévu pour une durée de 6 mois. Il est prévu des ravitaillements de
Progress ainsi que la viste d'équipage Intercosmos (Bulgarie et Hongrie). Le 1er mars, le Soyouz utilise ses propres moteurs pour réhausser l'orbite de la station. Certains y voient une panne du système de bord. Le 5 mars, l'équipage répare un enregistreur de bord et change quelques lapes et ventilateurs. Le 7 mars, la station est mise en position "gradient de gravité" permettant d'économiser du carburant, le port avant étant vers la terre et le Soyouz vers l'espace.
Le 16 mars, l'équipage répare une fuite de carburant dans l'un des réservoirs de la station, confirmant un porblème de moteurs. Une dérivation est mis en place pour vider les réservoirs de la station et les préparer à un transfert avec Progress 5. Le 24 mars, l'équipage installe la télévision dans la station. Un poste NB apporté par Progress leur permettra de voir les programmes soviétiques mais aussi de parler aux contrôleurs sol. Le 30 mars, les opérations de transfert de carburant avec Progress sont terminée. Le cargo allume ses moteurs et réhausse l'orbite à 284-357 km. Mission Intercosmos 4 (Bulgarie) Soyouz 33 est lancé le 10 avril 1979
à 14 h 33 TU avec à
bord Nikolai N. Roukavichnikov (premier civil commandant, recyclé depuis Soyouz
28) et Georgi I. Ivanov, cosmonaute bulgare. Le
vaisseau échoue lors de son amarrage à cause d'un défaut de son moteur
principal. C'est la première fois que le moteur du vaisseau est mis en cause.
Lyakhov et Ryoumine retournent à leur occupation. Au sol, le prochain Soyouz ne sera pas prêt avant juin et Soyouz 32 ne peut "tenir" que trois mois dans l'espace. Le programme prévoyait de lancer un équipage Intercosmos en juin avec Soyouz 34 qui serait revenu avec Soyouz 33. La mission Intercosmos de l'année est donc annulé et le Soyouz 34 sera lancé inhabité. De plus, il s'avère que Soyouz 32, amarré à la station possède un moteur du même lot, potentiellement défectueux. Décision est prise de ne pas rapatrier l'équipage avec ce Soyouz et d'envoyer un Soyouz inhabité rejoindre Saliout 6 à vide pour récupérer l'équipage.
Soyouz 34 est lancé le 6 juin à 18 h 12 TU inhabité. Il s'amarre le lendemain à l'arrière de la station. L'équipage transfère les couchettes du Soyouz 32 au Soyouz 34. Le 13 juin, Soyouz 32 se détache de la station inhabité et revient sur terre de façon automatique atterrissant à 295 kilomètres au SE de Dzhezhkazgan. Dans la cabine des matériaux traités dans le four Kristall de la station Saliout. Le 14, Soyouz 34 se détache. L'équipage resté dans la station font tourner la station de 180° afin d'amarrer Soyouz sur l'avant. Cette procédure fait maintenant partie des opérations "classiques" du vol.
Le 4 juillet, Progress 7 réhausse l'orbite de la station à 399-411 km, une altitude jamais atteinte. Vue qu'il n'y aura plus de mission Progress dans l'année et que le système moteur de la station est indisponible, il est décidé de "booster" la station le plus haut possible avant le retour de Soyouz 32. Le 18 juillet, Progress 7 se détache afin de permettre le déploiement de l'antenne du radio-télescope de 10 m de diamètre à l'arrière de la station. Elle avait été installé dans le tunnel de liaison par l'équipage. L'opération est filmée par le Progress volant de conserve pendant 7 orbites. Le 9 août, l'antenne du radio-télescope est larguée mais reste accroché à la protection thermique de la station. Selon plusieurs sources, l'expérience n'a pas donné satisfaction. L'antenne ne se serait pas complètement déployée. Le 15 août, Ryoumine et Lyatkov réalisent une sortie dans l'espace de 1 h 23 afin de couper les câbles coincés de l'antenne du radio-télescope. Le 19 août, Ryoumine et Lyatkov atterrissent avec Soyouz 34 à 12 h 30 établissant un nouveau reccord de durée dans l'espace avec 175 jours (4200 h 36). L'équipage de Soyouz 32 revient sur terre le 25 août à bord de Soyouz 34 sans problème après un vol record de 175 jours 36 min atterrissant à 170 kilomètres au SE de Dzhezhkazgan.
|
